Laramée se tenait au Café des Deux Mégots, un petit bar où les clients passaient leur temps à boire tout en lisant des livres.
Laramée avait les cheveux ébouriffés, bruns et sales. Sa barbe de quatre jours sentait le tabac humide vendu au noir. Petit, osseux, voire squelettique, Laramée tremblait nerveusement en prenant des notes dans des tas de calepins. Il clignait d'un oeil. Son chandail était mauve. Ses souliers étaient de pointure 8.
Et il griffonnait dans ses calepins, griffonnait et griffonnait encore.
Il portait des lunettes, des lunettes qu'il portait de la bouche à l'occiput, comme s'il cherchait à se sortir quelque chose du crâne pour y voir un peu plus clair.
Et sur tous ses calepins, vrai comme je vous le dis, il n'y avait que la lettre X. X comme dans xylophone. Sauf qu'il n'y avait même pas le mot xylophone. Juste des ixes. Des ixes qui s'étendaient sur des tas de calepins. X-x-x-x-x-x-x-x-x-x. C'était dément.
-J'écris un livre sur la difficulté d'être! racontait Laramée quand quelque ivrogne se risquait à lui poser des questions.
Il n'en disait pas vraiment plus, Laramée. Il était figé sur ses calepins, ses ixes, sa folie.
Puis un beau jour, on ne l'a plus revu.
Le Café des Deux Mégots a fait faillite.
Il y a pourtant plus de bars en ville où les clients lisent des livres ou pianotent sur des claviers. Cela n'explique donc rien sur la disparition de Laramée.
Mais où est donc passé Laramée, hein?
PS:
Le blogueur et noceur Crocomickey me fait l'honneur d'une critique élogieuse. C'est ici et je l'en remercie. Bienvenue aux nouveaux lecteurs et nouvelles lectrices. Je vous promets de ne pas devenir soporifique.
C'est peut-être l'Éternel qui a fait un X sur Laramée ...
RépondreEffacerMoi je dis que Laramée est parti à Paris. C'est bien connu, nul n'est prophète en son pays.
RépondreEffacerEt moi j'arrive tout droit de chez Crocomickey
Il est devenu monocycliste.
RépondreEffacerJ'arrive aussi de chez Crocomickey, il a du flair pour débusquer le talent...
RépondreEffacerVous excellez dans la nouvelle, une fin inattendue, des questions qui se posent, des images qui se heurtent, vous êtes cinéaste. Et conteur.
Merci Zoreilles.
RépondreEffacerÇa fait toujours chaud au coeur de bénéficier d'un lectorat qui vous montre la voie à suivre.