C'était l'idole de mon père, le redresseur de torts de ma classe sociale. Y'avait pas peur des boss pis des hosties d'crosseurs. C'était notre grand chef et il ne le savait peut-être pas.
L'anarcho-syndicaliste Michel Chartrand est mort avant hier et j'entendrai toujours sa voix gronder en mon for intérieur.
Il avait de la verve plus que quiconque et son verbe était une source inépuisable d'inspiration, tout comme son sens de l'action pour la justice sociale. Au lieu de philosopher, il montait au front. Au lieu de rester assis, il se tenait debout.
Je l'ai rencontré une fois. C'était pour la sortie du journal de rue Le Vagabond pour lequel j'étais rédacteur en chef. Je l'avais invité pour venir présenter son point de vue sur le revenu minimum garanti. Je lui avais servi du camarade au téléphone et tout de suite il m'avait appelé «mon frère».
Bon, laissons maintenant de côté le «human interest» comme il le disait et revenons tout de suite à l'essentiel.
Nous vivons dans une hostie de société de taouins où le cash détermine la valeur d'une personne, de l'école jusqu'au cimetière, et ça, franchement, ça me met en tabarnak.
Pas besoin d'être marxiste pour savoir que le peuple se fait fourrer par ces pleins d'marde qui s'inventent des lois pour mieux se remplir les poches.
Ce ne sont pas les politiciens qui ont changé le Québec, mais des gens qui marchaient dans la rue avec des pancartes et qui se calissaient d'aller en prison pour des idées qu'ils croyaient justes.
Chartrand a fait de la prison pour améliorer les droits des travailleurs et, par la bande, les droits de tout un chacun.
Ce n'était pas une couille molle. Ni un sacrament d'syndicaliste-corporatiste qui pensait plus à se bourrer les poches de fric qu'à défendre syndiqués et non-syndiqués contre les crapules capitalistes.
On perd le plus grand Québécois des cent dernières années.
Chartrand est mort. Vive la justice sociale! En avant camarades!
PS: Ce texte est assorti de quelques photos de Chartrand prises en septembre 2000 lors de sa défense du revenu minimum garanti au journal de rue Le Vagabond, au 440 de la rue St-Georges, à Trois-Rivières.
PS2: Documentaire de l'ONF sur Michel Chartrand.
Nous sommes si nombreux à lui rendre hommage, chacun à notre manière, avec les mots et les souvenirs qu'on a... Cette reconnaissance « publique » improvisée qui déferle ces jours-ci, elle vient de la base, du monde ordinaire, de ceux et celles qui considéraient Chartrand comme le plus grand et le plus vrai de tous nos monuments.
RépondreEffacerChartrand était un « Homme de Parole », il nous manque déjà cruellement.
Excellent Gaétan! Connaissant l'admiration que tu ressentais pour Chartrand, je surveillais ton blogue de près en étant persuadé que tu en parlerais.
RépondreEffacerJe suis d'ailleurs content que tu parles de ton expérience, c'est-à-dire la visite de Chartrand dans les locaux du "Vagabond" le 28 septembre 2000. J'en sais quelque chose puisque j'y étais moi-même et j'ai pu échanger avec Chartrand durant plusieurs minutes avant qu'il nous quitte, comme en témoigne cette photo de moi et lui même si je ne suis pas trop "photogénique" là-dessus lol:
(Faut copier/coller le lien car je sais pas trop comment insérer directement une image ici)
http://img405.imageshack.us/img405/3732/img0516r.jpg
J'ignore pourquoi la photo apparait de côté (damnée technologie) mais bon, ça donne tout de même un aperçu et c'est en très partie grâce à toi Gaétan alors je profite de l'occasion pour te remercier personnellement de m'avoir donné cette opportunité de pouvoir bavarder en personne avec Chartrand dans une ambiance plutôt intime car j'ai eu l'occasion de le rencontrer à nouveau par la suite mais il y avait tellement plus de gens, c'était tellement plus bruyant que du coup, ça s'était avéré nettement moins agréable.
Quant à la date, si je m'en souviens avec exactitude, c'est parce qu'au même moment où ces photos ont été prises (pratiquement à la minute près) décédait Pierre E. Trudeau.
Les deux bonhommes se connaissaient très bien d'ailleurs, Chartrand et Trudeau avaient manifesté ensemble lors de la grève de l'amiante à Asbestos en 1949, tout ça avant que Trudeau ne vire sur le capot comme on dit (selon mon propre point de vue et celui de Chartrand en tout cas).
Bref, en ce qui concerne Chartrand lui-même, qui vient de nous quitter pour un monde meilleur sans doute (si le paradis existe, d'autant plus que Michel était croyant, il a clairement gagné sa place), mes pensées pour lui se résument bien rapidement: Michel, c'est le plus grand homme de gauche que le Québec a connu, ni plus ni moins selon moi...
En tant que "centriste", je n'étais pas toujours en accord avec ses idées mais s'il y avait une personne de gauche intègre, c'était bien Chartrand! La plupart de nos pseudo-gauchistes actuels ne lui arrivent pas à la cheville.
Des hommes ayant sacrifié une bonne partie de leur vie pour le peuple, la classe ouvrière, la langue française et le Québec libre et ce, sans rien attendre en retour, on peut les compter sur les doigts de la main.
Pour terminer, en hommage à un grand résistant québécois qu'était Chartrand, je vous laisse avec ce lien (à copier/coller de nouveau), un excellent documentaire de l'ONF sur la vie de ce grand homme.
Un homme de parole:
http://www.onf.ca/film/homme_de_parole/
... Je disais "damnée technologie" plus tôt et ça s'applique d'autant plus maintenant puisque le lien pour ma photo de moi et Chartrand n'apparait pas au complet alors qu'il est sensé l'être:
RépondreEffacerhttp://img405.imageshack.us/img405/3732/img0516r.jpg
C'est un texte qui te ressemble que tu publies ici. Comme toujours, pas de sentimentalisme, du vrai, comme tu sais dire. L'essence de cet homme que je ne connaissais pas jusqu'à ce que je tombe sur plusieurs billets, et que j'entende ses mots, sa drôlerie, son bon sens, tout ce qui fait qu'on se sent proche d'un homme comme lui et qu'on souhaite que quelqu'un se décide à prendre la relève.Un homme debout.
RépondreEffacerZoreilles, Chartrand était un homme de parole, oui, mais surtout un homme d'action.
RépondreEffacerPessimiste au plan intellectuel, il était d'un optimisme défiant l'imagination dans le cours d'une action.
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Je n'ai pas tout dit sur ma rencontre avec Chartrand, Cioranqc. Ça viendra en temps et lieux.
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Piedsurterre, normal, je voulais ressembler à Chartrand...
Un jour très triste.
RépondreEffacerOuais !!! C'était le plus grand ! Chapeau de l'avoir eu comme frère de lutte !!!
RépondreEffacerJe l'aurais suivi loin, et longtemps, ce Chartrand.
RépondreEffacerSimplement parce qu'il mettait en action ce qu'il disait.
Tout le contraire d'un politicien, en somme...
Mince, des comme ça il en faudrait partout ! Debout ! Debout, tous !
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