Nietzsche était sur le point de devenir complètement timbré lorsqu'il écrivit Ecce homo, l'un de ses meilleurs livres selon moi. La syphilis s'apprêtait à lui ravager le cerveau. Il ne lui restait plus qu'à parler de lui-même sur un ton tout à fait déjanté.
Les formules de Ecce homo sont à elles seules des sommets: pourquoi je suis un destin, pourquoi j'écris de si bons livres, pourquoi je suis un homme si avisé, peut-être ne suis-je qu'un pitre... C'est de toutes les oeuvres de Nietzsche celle que je préfère le plus. Le ton n'y est plus celui d'un moraliste qui tient à faire de la philosophie à coups de marteau. C'est plutôt celui d'un funambule qui jongle avec des boules de feu, un céleri dans la bouche.
Je ne sais même pas pourquoi je vous parle de ça. Peut-être pour me rappeler que je dois me procurer 666, l'essai sur Nietzsche de Victor-Lévy Beaulieu, le plus prolifique de nos grands écrivains québécois.
Sinon pour vous expliquer ce processus qui mène à l'écriture de mes billets sur mon blogue.
D'abord, toutes sortes de pensées plus folles les unes que les autres tourbillonnent dans ma tête.
Ce matin, il y avait Ecce homo de Nietzsche. Il y avait aussi Method of Modern Love de Hall and Oates... Et We're Not Gonna Take It de Twisted Sisters... Je pensais aussi aux époux des femmes qui portent le niqab. Ils ne sont pas voilés lors des cérémonies d'assermentation et personne ne trouve rien à redire contre eux qui font de leurs femmes des BMO, des Black Moving Objects, comme les désignent entre eux les travailleurs étrangers de l'Arabie Saoudite. Nous nous en prenons aux victimes, les BMO, plutôt qu'à ces foutus barbus infâmes qui perpétuent une tradition d'esclavage, de sexisme et d'intolérance.
Il y a un monde entre Hall and Oates, Nietzsche et le niqab.
Et je n'arrive pas vraiment à en faire la synthèse.
Évidemment, je n'ai pas la syphilis. Et ma philosophie, si simple soit-elle, est profondément organique. Elle n'exclue pas Hall and Oates. N'allez pas croire que je sois un fan de Hall and Oates. Je ne suis pas plus un prosélyte de Nietzsche ou de Twisted Sisters.
Quelque chose me disait que je devais écrire un billet intitulé Pourquoi j'écris de si bons textes.
Je n'ai rien trouvé de mieux que ce fatras d'impressions mal digérées qui vous font perdre votre temps, je le sais bien.
Il vaudrait mieux terminer tout ça sur un air de musique.
En voici un. Savourez-le si cela vous plaît.
J'aime bien Nietzsche. As-tu déjà fouillé dans le Zibaldone de Leopardi en un volume? C'est immense ce livre, c'est le journal qu'il a écrit durant toute sa vie. Sa biographie n'est pas très palpitante, elle se résume à : il est resté enfermé dans sa bibliothèque pendant si longtemps, que quand il est sorti, il connaissait tout, mais il était aussi malade et bossu. On l'appelle, je crois, le roi du pessimisme, après Schopenhauer. Comme Kierkegaard et Pétrarque et Nietzsche, il a eu un seul amour, qui s'est avéré un échec. Un autre genre de journal intéressant, mais pas d'aussi grande qualité: les Cahiers de Cioran.
RépondreEffacerJe n'ai pas lu Zibaldone, Vieux Crisse... Cela mérite que j'y porte attention. Je connais un peu mieux Cioran. J'ai parcouru son premier cahier. Tu me rappelles que j'aurais du plaisir à poursuivre cette lecture. Sa prose est meilleure que bien des textes écrits par des francophones de naissance. Il se lit comme un charme. Cette qualité est rare chez bon nombre d'auteurs qui nous emmerdent avec leur syntaxe malade.
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