samedi 30 mai 2009
Il vaut mieux prévenir que guérir!
Il y a six mois, Jacques s'est rendu au Centre hospitalier régional de sa pitoyable région pour passer un test de dépistage pour le cancer.
On lui a trouvé des métastases ici et là. En fait, le test était erroné. Comme il l'est dans quinze à trente pourcent des cas. Mais Jacques ne le savait pas. Les pathologistes non plus. Quand tout le monde est dans l'ignorance, il n'y a pas de faute, non?
Bien sûr, Jacques n'avait rien du tout. On n'a pas suivi la bonne méthodologie lors du test de dépistage, que voulez-vous. Ce sont des choses qui arrivent, n'est-ce pas? Donc, Jacques est reparti chez-lui avec un diagnostic de cancer des organes internes, lui qui ne mangeait que des fibres. Jacques faisait du sport régulièrement et buvait toujours deux litres d'eau par jour minimum. Du moins, c'est ce qu'il faisait avant son soi-disant cancer.
Jacques a d'abord dû apprendre à vivre avec l'idée qu'il avait le cancer, test erroné ou pas, ce qui n'est pas de la petite bière en soi. Ça l'a crissé à terre, cette idée-là. Il n'avait plus le goût de rien et, de plus, toutes les pilules et les traitements qu'on lui a fait subir le vidaient de toute son énergie vitale.
Ses cheveux ont blanchis en trois semaines, le pauvre, à l'idée qu'il allait peut-être crever de quelque chose qu'il ne comprenait pas...
Puis ses cheveux sont tombés. La radiothérapie l'a rendu chauve en plus de lui avoir fait vomir toutes ses tripes. Il a perdu trente kilos. Ses visites fréquentes à l'hôpital et le contact avec l'équipement médical pas tout à fait aseptisé lui ont fait contracté sa C-difficile puis ses vilaines bactéries mangeuses de chair.
La semaine dernière, on l'amputait d'une jambe. On l'a guéri de la mangeuse de chair et même de la C-difficile. L'ablation d'un poumon et d'un rein s'est ensuivie. Il y avait deux ou trois tétines bizarres sur ces organes. D'autres erreurs médicales, sait-on jamais. Aussi bien en enlever un de chaque pour ne pas se tromper. Ce n'est pas pour rien qu'ils viennent en double à la naissance. C'est comme pour le supermarché: les piments tout croches, ça ne se vend pas. Aussi bien les jeter. Et hop! On tchoppe.
Cette semaine, Jacques était en beau tabarnak. Il a appris que les tests de dépistage du cancer étaient erronés dans quinze à trente pourcent des cas. Dont le sien. Son cas. Cheveux blancs. Anxiété. Vomir ses tripes. Perdre ses cheveux. Son poumon. Son rein. Sa jambe. Alouette! Un vrai miracle de la médecine...
Jacques était mauve de colère. Il en renversait son café partout sur le plancher.
-Pis i' pensent ces hosties-là que j'vais les appeler à ligne Info-Santé 811 pour me faire dire quoi, hein? «On le sait que ça vous fait d'la peine monsieur mais il va y avoir une étude et blablabla votre-appel-est-important-pour-nous!» I' m'ont tchoppé pour rien calice! C'est c'que j'aurais dû penser dès le début! C'est comme te pogner le bras dans le tordeur, hostie, toutte le corps y passe après... La prochaine fois j'irai voir un sorcier saint-chrême! Ça pourra pas être pire! Tu leu' fais confiance comme un hostie d'con, parce que tu connais rien là-dedans, la médecine, pis hostie tu d'viens leur cobaye!
***
MESSAGE D'INTÉRET PUBLIC...
N'oubliez surtout pas de passer vos tests de dépistage les amis.
On ne le dira jamais assez.
Si tout le monde se faisait passer ces fameux tests de dépistage, que de vies seraient sauvées!
Il vaut mieux prévenir que guérir...
vendredi 29 mai 2009
JE N'ÉCRIRAI RIEN
Je m'écoutais penser ce matin et je ne pensais pas à grand' chose à vrai dire.
J'ai presque failli être con. Un peu plus et je m'abandonnais à écrire que j'aime mieux la pluie que le beau temps, juste pour faire chier. J'aurais pu tout aussi bien m'indigner du fait que des malandrins mutilent les lilas de mes voisins pour leur subtiliser un peu de ce capiteux parfum.
Ou bien vous chier des taques sur la ligne Info-Santé 811, que le ministre Bolduc dédie à tous ceux qui ont passé des tests de dépistage du cancer, erronés presqu'une fois sur trois. Imaginez. Vous composez le 811 et...
-Info-Santé bonjour. (D'une voix terne et monotone.)
-J'ai un bouton su' l'bord du cul...
-Votre nom votre numéro d'assurance sociale? (D'une voix encore terne et moche.)
-Pourquoi faire? J'ai un bouton su' l'bord du cul!
-On ne pourra pas vous aider si vous ne me donnez pas vos identifiants... (D'une voix un peu exaspérée. Elle s'en tape au moins quatre cents par jour...)
-J'veux pas vous donner ça moé bout d'christ! Mon bouton su' l'bord du cul vous fait dire qu'i' s'en calice de vos statistiques! De plus il vous envoie chier. Ok?
Fin de la conversation. Et le pauvre homme continue tout de même à vivre avec un bouton su' l'bord du cul. Peut-être qu'il aura la vie sauve grâce à la voix terne et sèche de Germaine d'Info-Santé. Il ne subira pas de test de dépistage erroné et il ne se fera pas chopper le trou du cul pour rien.
***
Non, non! Je n'écrirai rien sur tout ça. Et moins encore. Oubliez la pluie, les lilas du voisin et la ligne Info-Santé 811.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Quand vous vous manucurez les ongles des doigts et des orteils, il est impératif de garder la bouche fermée.
Par ailleurs, ne déposez pas vos rognures d'ongles dans le fond de votre tasse de café. Quelqu'un croyant bien faire pourrait vous servir encore du café et vous pourriez le boire par inadvertance. Et en boire plusieurs gorgées, même, avant de vous rendre compte de l'incident.
Donc, dans tous les cas, soyez prudents. La témérité n'est pas à la portée de tout le monde.
J'ai presque failli être con. Un peu plus et je m'abandonnais à écrire que j'aime mieux la pluie que le beau temps, juste pour faire chier. J'aurais pu tout aussi bien m'indigner du fait que des malandrins mutilent les lilas de mes voisins pour leur subtiliser un peu de ce capiteux parfum.
Ou bien vous chier des taques sur la ligne Info-Santé 811, que le ministre Bolduc dédie à tous ceux qui ont passé des tests de dépistage du cancer, erronés presqu'une fois sur trois. Imaginez. Vous composez le 811 et...
-Info-Santé bonjour. (D'une voix terne et monotone.)
-J'ai un bouton su' l'bord du cul...
-Votre nom votre numéro d'assurance sociale? (D'une voix encore terne et moche.)
-Pourquoi faire? J'ai un bouton su' l'bord du cul!
-On ne pourra pas vous aider si vous ne me donnez pas vos identifiants... (D'une voix un peu exaspérée. Elle s'en tape au moins quatre cents par jour...)
-J'veux pas vous donner ça moé bout d'christ! Mon bouton su' l'bord du cul vous fait dire qu'i' s'en calice de vos statistiques! De plus il vous envoie chier. Ok?
Fin de la conversation. Et le pauvre homme continue tout de même à vivre avec un bouton su' l'bord du cul. Peut-être qu'il aura la vie sauve grâce à la voix terne et sèche de Germaine d'Info-Santé. Il ne subira pas de test de dépistage erroné et il ne se fera pas chopper le trou du cul pour rien.
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Non, non! Je n'écrirai rien sur tout ça. Et moins encore. Oubliez la pluie, les lilas du voisin et la ligne Info-Santé 811.
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«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Quand vous vous manucurez les ongles des doigts et des orteils, il est impératif de garder la bouche fermée.
Par ailleurs, ne déposez pas vos rognures d'ongles dans le fond de votre tasse de café. Quelqu'un croyant bien faire pourrait vous servir encore du café et vous pourriez le boire par inadvertance. Et en boire plusieurs gorgées, même, avant de vous rendre compte de l'incident.
Donc, dans tous les cas, soyez prudents. La témérité n'est pas à la portée de tout le monde.
jeudi 28 mai 2009
L'ÎLE DU DOCTEUR MORON
Il y aurait au Québec de 15% à 30% de résultats erronés dans les tests de dépistage du cancer du sein, selon une étude menée par le docteur Louis A. Gaboury. Ça veut dire, en gros, que des femmes qui n'avaient pas de cancer du sein ont reçu un traitement...
Par ailleurs, des médecins du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières(CHRTR) se sentent au bout du rouleau et menacent de quitter leur emploi, abandonnant toute la région aux remèdes de nos grands-mères. Bientôt, tout le monde s'arrachera les dents tout seul avec des pinces-grippes. Tout le monde se fera des cataplasmes à la moutarde et au saindoux. On a pas besoin d'arrêter le progrès: il s'arrête tout seul dans le fin fond de cet hôpital de province qui semble tout droit sorti de la nouvelle Salle 6 de Anton Tchékhov, nouvelle qui relate l'histoire d'un directeur d'hôpital qui préfère philosopher plutôt que d'améliorer les conditions de vie de ses patients.
***
Sont-ils plusieurs médecins au CHRTR? Chaque fois que je suis allé à l'urgence, pour quelqu'un d'autre que moi remarquez, eh bien je suis toujours tombé sur le même médecin. J'ai toujours eu cette forte impression qu'il n'y avait qu'un seul médecin à Trois-Rivières pour 135 000 personnes. Et ce médecin est au bout du rouleau. Il n'y a pas assez d'histoire et de culture ici. Il veut juste crisser son camp.
Cela dit, faut savoir mettre ses priorités à la bonne place. Cette année, tout devra aller aux fêtes du 375e anniversaire des conquistadores de Trois-Rivières. 375 ans à effacer 8 000 ans d'histoire aborigène, ça se fête!
Où sont les Algonquins/Anishnabés de Trois-Rivières? Tous partis?
Sont-ils tous morts du cancer du saint?
Peut-être. Je ne sais pas trop.
***
Remarquez que pour le cancer du sein, on ne ratera pas grand' chose au CHRTR.
Peut-être que nous allons récupérer sur les décès... Ou sur les cheveux. Puisqu'il y a des femmes qui ont perdu leurs cheveux pour rien...
Elles sont devenues chauves et elles ont vomi leurs tripes pendant des semaines. Puis un beau matin, Radio-Canada ou Le Devoir leur apprend que le test de dépistage du cancer du sein était erroné presqu'une fois sur trois. Et pour les autres tests de cancer? Je parierais que c'est la même chose. Qui sait, il y a peut-être des tétines sur la prostate qui se sont changées en ablation de la poche...
Tabarnak!
Merci à tous les docteurs Moron du Québec...
***
On devrait dresser une tente de la Croix-Rouge dans le stationnement du CHRTR, puisque notre médecin de ville veut nous quitter.
La médecine de brousse semble moins dommageable que celle qui se fait sur l'île du docteur Moron.
Et puis chaque patient pourrait recevoir une poche de riz avec une bouteille d'eau. Cela permettrait de lutter contre les effets pernicieux de la crise économique.
Au lieu de présenter notre carte d'assurance-maladie, on pourrait offrir un poulet au docteur de Médecins sans frontières. Ça nous changerait de Médecins sans scrupules.
***
Passez tous et toutes une batterie de tests!
Faites-vous enlever toutes vos tétines!
Faites-vous brûler tout ce qui dépasse!
Passez par nos laboratoires et sortez-en encore plus irradiés que d'habitude!
Bienvenue sur l'île du docteur Moron!
mercredi 27 mai 2009
DES CLOWNS DRÔLES PLUTÔT QUE DES MÉDECINS TROP TRISTES QUI VALENT LA PEAU DES FESSES
Les vieux n'ont pas tant besoin de clowns que de soins de santé.
Sauf que les clowns, ça coûte moins cher.
293 000$ sur quatre ans, ce n'est rien.
Ça représente le salaire sur quatre ans de quelqu'un qui déplie des trombones au ministère de la Santé. (Santé avec un grand S comme dans Suçon.)
Pourquoi ne lui ferait-on pas faire le clown dans les foyers pour petits vieux, notre déplieur de trombone, tant qu'à rêver d'économies, hein?
Rien de mieux que de singer Patch Adams pour patcher les trous dans nos soins de santé...
Des clowns, des lapins qui sortent des chapeaux, des balounes! Et tout le monde y l'est heureux. Tout le monde y l'est gentil.
Si j'étais un vieux et qu'un clown viendrait me voir pour me faire des grimaces je le ferai revirer de bord en hostie.
-Décrisse tabarnak j'su's pas un enfant! J'veux mourir en paix. Va faire tes singeries ailleurs, coq! Le pavillon pour les enfants, ça s'appelle pédiatrie, pas gériatrie saint-calice! Pis si j'veux d'la visite, ben j'm'arrangerai ben en avoir sans toé, coq. Ça fait que crisse-moé la paix s'i'-vous-plaît. Merci coq.
Le peuple demande des mesures concrètes qui ne valent pas cher: moins de médecins dispendieux et plus de clowns sur l'aide sociale ou bien sur les travaux compensatoires! Ça guérit tous les bobos, le rire. Ha! Ha! Ha! Gang d'hosties de niaiseux que nous sommes! Ha! Ha! Ha! Ho! Ho! Ho! Et vivent les déplieurs de trombones! Hé! Hé!
Les vrais clowns, au fond, ils siègent toujours à l'Assemblée Nationale, n'est-ce pas?
mardi 26 mai 2009
PAS DE GRATTE-CIELS À TWOIS-WIVIÈWES...
Le rêve de tout politicien ringard des Twois-Wivièwes a toujours été de planter des gratte-ciels au confluent de la rivière Métabéroutin et du fleuve Magtogoek. Ils rêvent tous de voir des grues traversées notre ciel, des grues, signe patent de progrès et de civilisation, des grues avec des tas de gens qui se déplacent pour bâtir des gratte-ciels à défaut de pouvoir se payer des pyramides.
Le hic, c'est que c'est laid, des gratte-ciels. C'est non seulement laid, mais c'est aussi difficile à planter dans le sol argileux des Twois-Wivièwes. Cela expliquerait pourquoi les gratte-ciels sont rares à Twois-Wivièwes: il faut creuser une centaine de mètres avant de trouver du roc. Du coup, on n'en trouve que deux en ville, tous les deux sur le boulevard Royal.
On en voudrait sur le terrain de l'ancienne usine Tripap, des gratte-ciels, ce lieu rebaptisé Trois-Rivières-sur-Saint-Laurent sans qu'il n'y ait eu de consultation populaire, malgré la signature des registres, une mesure démocratique dont on se torche tout à fait, au conseil municipal.
Achalez-les pas avec ça, la démocratie. Ça veut des gratte-ciels, même si le sol est argileux. Et ça bâtirait des beaux quartiers là où il y a eu des affaisements de terrains par le passé, tout près de la rivière... Ou bien un centre d'achat sur un vieux dépotoir. Tout se fait, voyons donc.
D'où les gratte-ciels. Et Twois-Wivièwes n'est pas faite pour les gratte-ciels. Même si elle n'est pas faite aussi pour la démocratie. C'est bon pour les étranges, la démocratie municipale, pas pour les «nous autres». Et pis nous autres on veut être pro-actifs pis toutes sortes d'expressions de morons sous-éduqués.
Le meilleur opposant à la construction de gratte-ciels demeure encore le sol argileux de Twois-Wivièwes.
***
Power to the people à Twois-Wivièwes, hum?
Le hic, c'est que c'est laid, des gratte-ciels. C'est non seulement laid, mais c'est aussi difficile à planter dans le sol argileux des Twois-Wivièwes. Cela expliquerait pourquoi les gratte-ciels sont rares à Twois-Wivièwes: il faut creuser une centaine de mètres avant de trouver du roc. Du coup, on n'en trouve que deux en ville, tous les deux sur le boulevard Royal.
On en voudrait sur le terrain de l'ancienne usine Tripap, des gratte-ciels, ce lieu rebaptisé Trois-Rivières-sur-Saint-Laurent sans qu'il n'y ait eu de consultation populaire, malgré la signature des registres, une mesure démocratique dont on se torche tout à fait, au conseil municipal.
Achalez-les pas avec ça, la démocratie. Ça veut des gratte-ciels, même si le sol est argileux. Et ça bâtirait des beaux quartiers là où il y a eu des affaisements de terrains par le passé, tout près de la rivière... Ou bien un centre d'achat sur un vieux dépotoir. Tout se fait, voyons donc.
D'où les gratte-ciels. Et Twois-Wivièwes n'est pas faite pour les gratte-ciels. Même si elle n'est pas faite aussi pour la démocratie. C'est bon pour les étranges, la démocratie municipale, pas pour les «nous autres». Et pis nous autres on veut être pro-actifs pis toutes sortes d'expressions de morons sous-éduqués.
Le meilleur opposant à la construction de gratte-ciels demeure encore le sol argileux de Twois-Wivièwes.
***
Power to the people à Twois-Wivièwes, hum?
lundi 25 mai 2009
Quand j'tais jeune j'savais pas qu'j'étais pauvre
Quand j't'ais jeune j'savais pas qu'j'étais pauvre. Encore qu'on était pas si pauvres que ça, nous autres. On mangeait nos huit repas par jour comme faut, comme tout l'monde ou presque. Pis quand l'manger s'faisait plus rare, à cause des grèves à shop de mon père pis toutte, ben on trouvait quand même e'l'moyen d'engraisser. Mon père s'trouvait une autre job. Ma mère faisait d'la couture à maison pis des ménages chez des pleins. Pis nous autres, ben on s'en rendait même pas compte qu'on était pauvres, c'est pas mêlant.
Faut dire qu'on faisait partie de la high class sous certains rapports. On était ben habillés. Toujours à la dernière mode. Du ling neuf toé. Pis propre. Pis comme qu'on était beaux bonhommes ma mère 'tait fière d'entendre les commères lui dire qu'i' étaient don' beaux les p'tits Bouchard. En té cas, c'est pas pour nous vanter mais c'était vrai. C'est notre sang indien qui nous rend beaux, j'cré ben. Ou que'ques z'affaires de même. J'sais-tu moé. C'est pas un crime d'être beaux, me semble.
Donc, e'j'me sentais pas pauvre pantoute. C'est sûr qu'mes parents avaient hérité d'une famille de gloutons mais i' sortaient pas souvent pis l'frigidaire était tout l'temps plein. Pis on l'vidait tout l'temps. Pis on d'venait des armoires à glace, l'idéal de mon père: un esprit tenace dans un corps gras.
Rien n'émeuvait autant mon père que de voir mon frère, par exemple, en train de monter un frigidaire tout seul au troisième étage du bloc d'en face... Ce qui fait que j'su's solide aussi. Comme un gars d'Notre-Dame ou ben don' d'la P'tite Pologne ou d'Sainte-Cécile. J'suis capable moé itou d'monter un frigidaire tout seul au troisième étage d'un bloc. Avec un bon diable, on peut tout faire de nos jours. Même se partir une petite business. On cherche toujours un bon diable. Pis ça se loue. Sûr qui y'a du cash à faire 'ec ça, hein.
On était pas tout à fait pauvres, c'est ben certain. On était ben habillés pis on mangeait. On était aimés. Pis c't'ait ben correct pis toutte.
On était chanceux. Nos amis nous enviaient cet univers douillet et ce frigidaire plein. Chez eux, c'était le beurre de pinote pis les deux tourtereaux qui dorment sous la table dans une flaque de vomi. Chez-nous c'était un couple qui s'aimait, chantait et riait avec les enfants. Tu t'y fais assez vite. Et tu veux une toast? Ben tu t'fais une toast. Tu veux deux toasts? Tu t'en fais deux. Pas de restrictions. En autant qu'tu dépenses ta graisse un peu. Et créyez-moi que j'la dépensais ma graisse. Ce beau corps-là des bas quartiers d'Twois-Wivièwes s'est pas faitte tout seul. Wo menute.
Faut dire qu'on faisait partie de la high class sous certains rapports. On était ben habillés. Toujours à la dernière mode. Du ling neuf toé. Pis propre. Pis comme qu'on était beaux bonhommes ma mère 'tait fière d'entendre les commères lui dire qu'i' étaient don' beaux les p'tits Bouchard. En té cas, c'est pas pour nous vanter mais c'était vrai. C'est notre sang indien qui nous rend beaux, j'cré ben. Ou que'ques z'affaires de même. J'sais-tu moé. C'est pas un crime d'être beaux, me semble.
Donc, e'j'me sentais pas pauvre pantoute. C'est sûr qu'mes parents avaient hérité d'une famille de gloutons mais i' sortaient pas souvent pis l'frigidaire était tout l'temps plein. Pis on l'vidait tout l'temps. Pis on d'venait des armoires à glace, l'idéal de mon père: un esprit tenace dans un corps gras.
Rien n'émeuvait autant mon père que de voir mon frère, par exemple, en train de monter un frigidaire tout seul au troisième étage du bloc d'en face... Ce qui fait que j'su's solide aussi. Comme un gars d'Notre-Dame ou ben don' d'la P'tite Pologne ou d'Sainte-Cécile. J'suis capable moé itou d'monter un frigidaire tout seul au troisième étage d'un bloc. Avec un bon diable, on peut tout faire de nos jours. Même se partir une petite business. On cherche toujours un bon diable. Pis ça se loue. Sûr qui y'a du cash à faire 'ec ça, hein.
On était pas tout à fait pauvres, c'est ben certain. On était ben habillés pis on mangeait. On était aimés. Pis c't'ait ben correct pis toutte.
On était chanceux. Nos amis nous enviaient cet univers douillet et ce frigidaire plein. Chez eux, c'était le beurre de pinote pis les deux tourtereaux qui dorment sous la table dans une flaque de vomi. Chez-nous c'était un couple qui s'aimait, chantait et riait avec les enfants. Tu t'y fais assez vite. Et tu veux une toast? Ben tu t'fais une toast. Tu veux deux toasts? Tu t'en fais deux. Pas de restrictions. En autant qu'tu dépenses ta graisse un peu. Et créyez-moi que j'la dépensais ma graisse. Ce beau corps-là des bas quartiers d'Twois-Wivièwes s'est pas faitte tout seul. Wo menute.
dimanche 24 mai 2009
À PROPOS DES PAUVRES
Quand t'es pauvre, t'en arrache, c'est bien certain.
Quand t'es pauvre, d'abord, ça paraît que t'es pauvre.
Ton linge fait pauvre. Ton look aussi. Même si t'essaie de bien paraître, t'as toujours l'air pauvre.
Ta parlure aussi est pauvre. Tes sacres, tes jurons, tes toé pis tes moé: t'es jamais beau, toujours laid, toujours pauvre. Les bourgeois n'aiment pas ça quand tu parles. Ça leur rappelle que t'es pauvre. Et ils n'ont pas envie d'être pauvres. Donc, ils te traitent comme un démuni. Pas un pauvre: un démuni!!!
***
Je dis pauvre plutôt que démuni.
Un pauvre, c'est une victime éternelle de l'injustice sociale. C'est aussi la preuve patente que la lutte des classes se poursuit et se poursuivra toujours, que l'on soit marxiste ou non.
Un démuni, c'est un mot pour ne pas effrayer les bourgeois. C'est une occasion de distribuer des cartes d'affaires et de faire du pi-are* avec d'autres gus qui feront semblant de brailler sur les démunis, vers de terre et autres faibles créatures qui ne comprennent rien à l'ordre social et vous bouleverseraient un organigramme par pur ressentiment, sans faire appel à la raison.
Un pauvre, ça fait Spartacus, 1789, 1917...
Un démuni, eh bien, ça fait rien. C'est gélatineux. Mou. Sans histoire. Sans dignité.
***
Ce ne sont pas des démunis, sacrement! Ce sont des pauvres! DES PAUVRES!
Quand t'es pauvre, tu te sens moins insulter de te faire dire que t'es pauvre plutôt que de t'afficher comme un démuni. Démuni, ça fait malade mental. Pas vite. Pas fin. Et pauvre, ça ne dit que ce que ça dit: pas d'argent, pas un rond, pas une thune. Moi y'en vouloir des sous. That's it, that's all.
Donc, fuck you à tous ceux qui emploient l'expression «démunis» pour désigner les pauvres.
C'est méprisant, hautain et cheap, démuni.
Pauvre, cela se rapproche un peu plus de la poésie, de Charlie Chaplin, Jésus Christ ou Plume Latraverse.
C'était mon opinion et si elle ne vaut rien, toujours bien je l'aurai dite de bon coeur.
*Pi-are: public relationship...
PS: Deux petites chansons comme ça...
samedi 23 mai 2009
Message bilingue pour rien
Le ciel est bleu.
Les feuilles sont vertes.
L'air se réchauffe.
Les lilas sont en fleurs.
Le vent est léger.
Mon vélo me fait signe.
Come on big guy! You're still in good shape. You can do a lot more than being sit down on your butt all day long, just in front of this goddam screen. Well. I'm gonna make some sport this morning, eh. I'm gonna jump on my bike and that'll be great to spend some hours outdoor.
Sky is blue.
Leaves are green.
And all those kind of things.
Have a nice day, folks.
Take care.
Hasta la proxima!
Les feuilles sont vertes.
L'air se réchauffe.
Les lilas sont en fleurs.
Le vent est léger.
Mon vélo me fait signe.
Come on big guy! You're still in good shape. You can do a lot more than being sit down on your butt all day long, just in front of this goddam screen. Well. I'm gonna make some sport this morning, eh. I'm gonna jump on my bike and that'll be great to spend some hours outdoor.
Sky is blue.
Leaves are green.
And all those kind of things.
Have a nice day, folks.
Take care.
Hasta la proxima!
vendredi 22 mai 2009
DU RESPECT POUR LES LAIDS
Georges est laid, édenté, puant et maigrelet.
Ses yeux sont globuleux.
Sa lippe est grosse, craquelée et moche.
Il sent l'ail et la cigarette. Il a les cheveux noirs et luisants de gras. Sa peau est verdâtre. Un teint de créature de film d'horreur.
Ses joues sont collées ensemble comme celles d'un junky.
Les quelques dents qu'il lui reste sont cariées et difformes. Il y a plus de chicots que de dents dans sa bouche, à vrai dire. Mais la palette qu'il lui reste dans la bouche est grosse, croche et brune. Georges porte un manteau d'hiver même l'été parce qu'il n'a pas d'autre manteau. Et ce manteau, eh bien il fait dur en hostie itou. Il perd du duvet synthétique ici et là, ce manteau bleu taché d'essence, de poussière, de bière et de boue. Pour faire un portrait général de Georges, nous ajouterions tous et toutes qu'il était du genre à ne pas l'avoir facile dans la vie.
Eh cet hostie de lette est devenu millionnaire.
Mais oui: millionnaire.
Hier, tout le monde disait qu'il était laid et puait de la poche. Aujourd'hui, tout le monde lui trouve du charme, même s'il porte encore le même manteau d'hiver bleu et dégueulasse.
Hier, il était refusé partout pour l'emploi ou le bénévolat. Maintenant, il est membre du Club des As. Et tout le reste.
Donc, voilà. Georges est un laid riche.
Et il n'y a rien à rajouter. Rien.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
NE VIVEZ PAS DANS LA CRAINTE DES PIRANHAS À CASQUETTE!
La saison de la baignade commence sous peu. Lorsqu'on vous dit qu'il y a des piranhas à casquette dans tel ou tel cour d'eau du Québec, ne craignez rien, c'est probablement une blague. D'abord, les piranhas ne portent pas de casquette. Et puis il n'y a pas de piranhas au Québec, ou si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler. Donc, baignez-vous sans crainte des piranhas à casquette cet été, sur les belles plages du Québec.
mercredi 20 mai 2009
Raymonde
Elle s'appelait Raymonde.
Raymonde quelque chose, j'me souviens plus.
Elle habitait dans la ruelle où nous jouions, moi et les autres voyous, quand j'étais enfant.
On savait d'instinct que nous étions rois et maîtres de cette ruelle. Partout, on faisait ce qu'on voulait. On se crissait des baffes. On remuait de la poussière. On crevait des sacs à ordures. On se lançait des couvercles de poubelle. Partout. Partout sauf chez Raymonde.
Était toffe en sacrement Raymonde.
Elle nous faisait pas la vie facile. Quand elle poignait un de mes amis voyous en train de jouer dans ses poubelles, elle lui caliçait un de ces hosties de bon coup d'pied dans l'cul qui t'donne pas envie de r'venir. Et moi, bien sûr, j'en riais. Mon rôle dans ce monde de fous ayant toujours été d'être bon public. Pendant que mes amis faisaient des mauvais coups, moi je regardais et je riais. C'était pas un rôle difficile à tenir. Et somme toute, je l'aimais bien. Et comme je riais de bon coeur, les autres me trouvaient d'agréable compagnie. Tout le monde y gagnait. Y'a rien comme le travail d'équipe.
Et pour ce qui est de Raymonde, eh bien on n'entrait pas dans sa cour. C'était sa réserve autochtone. On l'avait bien compris.
Raymonde était une Indienne. De quelle tribu, ça je ne pourrais pas vous le dire. Mais c'était du genre armoire à glace, très certainement, puisqu'elle mesurait six pieds et pesait trois cents livres, Raymonde.
Et c'est pas tout. Vrai comme je suis là: Raymonde était doorwoman à la taverne Le Petit Houblon. C'est elle qui sortait les ivrognes à minuit, quand la taverne fermait. Elle en prenait un sous chaque bras pis elle les caliçait su' l'trottoir toé chose.
-Allez dessaoulez ailleurs tabarnak! qu'elle leur disait, mégot au bec, la Raymonde.
Vraiment, c'était une créature mythique de mon enfance.
Et je ne sais vraiment pas ce qu'elle est devenue.
Le Petit Houblon est devenu Le Bar L'Excentrique, un bar un peu gay où il y a de la belle musique.
Peut-être que Raymonde y est encore doorwoman.
Vous irez voir vous-même, tiens.
C'est au coin des rues Tremblay et Saint-Marc, dans la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Sacrifices.
Au coeur de ce pays où coule la rivière Métabéroutin.
Raymonde quelque chose, j'me souviens plus.
Elle habitait dans la ruelle où nous jouions, moi et les autres voyous, quand j'étais enfant.
On savait d'instinct que nous étions rois et maîtres de cette ruelle. Partout, on faisait ce qu'on voulait. On se crissait des baffes. On remuait de la poussière. On crevait des sacs à ordures. On se lançait des couvercles de poubelle. Partout. Partout sauf chez Raymonde.
Était toffe en sacrement Raymonde.
Elle nous faisait pas la vie facile. Quand elle poignait un de mes amis voyous en train de jouer dans ses poubelles, elle lui caliçait un de ces hosties de bon coup d'pied dans l'cul qui t'donne pas envie de r'venir. Et moi, bien sûr, j'en riais. Mon rôle dans ce monde de fous ayant toujours été d'être bon public. Pendant que mes amis faisaient des mauvais coups, moi je regardais et je riais. C'était pas un rôle difficile à tenir. Et somme toute, je l'aimais bien. Et comme je riais de bon coeur, les autres me trouvaient d'agréable compagnie. Tout le monde y gagnait. Y'a rien comme le travail d'équipe.
Et pour ce qui est de Raymonde, eh bien on n'entrait pas dans sa cour. C'était sa réserve autochtone. On l'avait bien compris.
Raymonde était une Indienne. De quelle tribu, ça je ne pourrais pas vous le dire. Mais c'était du genre armoire à glace, très certainement, puisqu'elle mesurait six pieds et pesait trois cents livres, Raymonde.
Et c'est pas tout. Vrai comme je suis là: Raymonde était doorwoman à la taverne Le Petit Houblon. C'est elle qui sortait les ivrognes à minuit, quand la taverne fermait. Elle en prenait un sous chaque bras pis elle les caliçait su' l'trottoir toé chose.
-Allez dessaoulez ailleurs tabarnak! qu'elle leur disait, mégot au bec, la Raymonde.
Vraiment, c'était une créature mythique de mon enfance.
Et je ne sais vraiment pas ce qu'elle est devenue.
Le Petit Houblon est devenu Le Bar L'Excentrique, un bar un peu gay où il y a de la belle musique.
Peut-être que Raymonde y est encore doorwoman.
Vous irez voir vous-même, tiens.
C'est au coin des rues Tremblay et Saint-Marc, dans la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Sacrifices.
Au coeur de ce pays où coule la rivière Métabéroutin.
mardi 19 mai 2009
LES RETROUVAILLES...
On ne peut pas rire de tout. C'est pas moi qui l'ai dit. Voilà pourquoi je ris de tout et de moi-même.
Rire est le propre de l'homme, non? C'est pas Rabelais qui a dit ça, hein? Bien sûr que c'est Rabelais! Et on ne dit pas que le français est la langue de Molière pour rien. Molière était un comique, non?
Donc, je ris de tout. Je ris même de l'émission de télé Les Retrouvailles, animée par Claire Lamarche et diffusée à TVA. En effet, je ris de cette émission mélodramatique et guimauvesque qui regroupe des gens qui souhaitent retrouver leur père, leur mère, leur fils, leur fille.
Un mononcle édenté recherche son neveu qui arrive sur le plateau aussi édenté que lui, pour des retrouvailles à vous fendre la gueule en quatre.
Puis le pochtron qui recherche sa fille... Roger était parti chercher une pinte de lait en 1974 et il est resté accroché au bar d'à côté jusqu'à sa fermeture en 2008.
-Reviens mon p'tit rayon d'soleil! C'est papa qui t'attend et qui est maintenant dans le droit chemin!
***
Il y a aussi Rita qui recherche une ancienne collègue de travail de sa troisième job, Rita qui en est maintenant à sa quatorzième, et qu'on n'aurait pas envie de fréquenter tellement elle a l'air dépendante affective et dépressive.
-Si tu m'entends Johanne, dis-toé qu'Rita a un p'tit coeur plein d'amour pour toé qui t'attend!
-Tabarnak! de dire Johanne qui se fait téléphoner par sa tante qui est en train de regarder Les Retrouvailles. Comment ça Rita m'charche? Ça c'était une hostie d'fatiguante dans l'temps! Hostie d'têteuse de boss! J'veux rien savoir!
Ça, c'est ce qu'on s'imagine, moi pis ma blonde.
Et on rit à se rouler par terre à s'imaginer tous les scénarios hyperréalistes sousjacents à ce freak show.
lundi 18 mai 2009
Paperback Writer
L'imagination... Il n'y a que ça.
Je me revois, tout jeune, toujours les yeux au ciel, la tête dans les nuages.
Pendant que le prof répète pour la centième fois ce que j'avais compris la première, sans efforts, parce que j'ai une mémoire d'éléphant, je laisse se promener mon imagination pour me permettre de survivre à tout ça.
Je dessine dans les marges de mes cahiers. Tout le monde me le reproche. Ça ne fait pas propre. Mais on finit par me laisser tranquille. Il y a pire que moi. Et je suis premier de classe. Sans pour autant être le chouchou.
Je suis le trouble-fête de la classe aux yeux de mes professeurs.
Je ris tout le temps. Je caricature mes professeurs en train de se noyer dans un bol de toilettes. Et je fais passer mes petits dessins à mes camarades qui en rajoutent. À la fin du cycle, le tout est franchement dégoûtant. Peut-être qu'il y a des profs qui ont fait des dépressions nerveuses avec ces petits dessins grotesques où ils se voyaient patauger dans les rebuts et les déjections.
L'imagination, franchement, il n'y avait que ça pour me tenir à l'école.
Ce qui fait que les profs finirent par me laisser tranquille quand je lisais mes Gotlib ou les oeuvres de Nietzsche en classe.
Plus tard, à la faculté de droit de l'université Laval, je me revois en train de lire Trpoique du Capricorne de Henry Miller tandis que le prof me débite ces niaiseries sur l'emphytéose et les immeubles par destination. L'imagination, encore. Entre mes séances de lecture, je caricature mon prof de droit. Je dessine de petits bonshommes qui s'ennuient. Puis je continue à faire mon petit bonhomme de chemin, en gribouillant à gauche et à droite, en authentique paperback writer pour reprendre l'expression consacrée par les Beatles.
En marge, toujours en marge, dans l'imagination. Musique, dessin, écriture: j'ai la chance de tripper comme vous n'avez pas idée. Je ne m'ennuie jamais. J'ai trop de choses à découvrir, tout le temps. Trop de choses à apprendre. Trop de choses que je rêve de faire.
C'est ça qui est ça.
dimanche 17 mai 2009
BON DIXIÈME ANNIVERSAIRE KOLLONTAÏ!
Kollontaï fête son dixième anniversaire. La designer Gabrielle Tousignant et son équipe font un malheur dans le monde de la mode. Le travail bien fait et l'originalité sont toujours récompensés.
J'ai produit cette toile, à gauche, pour souligner l'événement.
Le gentleman assis à gauche, en bas sur la toile, m'a passé la commande.
Bon dixième anniversaire Kollontaï!
samedi 16 mai 2009
Chansons nettes trouvées sur le Net...
Je cliquais sur YouTube à la recherche de chansons pour tester mes nouveaux hauts-parleurs achetés à vil prix dans quelque bazar du centre-ville. Deux piastres pour ce son un peu cacanne qui me convient tout à fait. Quelle aubaine!
Ça ne m'a pas empêché de faire quelques belles découvertes que je partage avec vous illico parce que je n'ai rien trouvé de mieux à dire, comme tant de blogueurs qui s'en tiennent à de pareilles futilités pour faire acte de présence sur le ouèbe. Eh oui, je ne vaux pas mieux que les autres... Je vous envoie moi aussi des chansons, tiens, et c'est gratisse, comme toujours. Pas une christ de token à sortir de vos poches. Gratisse comme dans gratuit. Gratisse comme dans gratte-moé dans l'dos, ça pique.
***
D'abord, cette version en russe de Belle, de notre Plamondon bien de chez-nous qui vit loin de nous autres. Selon ma blonde, c'est encore mieux chanté qu'en version française. Je le crois aussi. Il y a du trémollo, de la texture vocale, quelque chose d'indicible comme l'âme slave. Donnons-leur ça, à défaut de leur laisser l'océan Arctique...
***
J'aime bien la chanson Y'a des jours de Plaine de Daniel Lavoie... Je l'écoutais souvent quand j'étais au Manitoba. Touchant. S'affirmer de langue française au Manitoba est un exploit de tous les jours contrairement à nous, du Québec, qui sommes tout de même dans une zone de confort.
***
Et je vous laisse sur cette chanson, la voix de ma grand-mère paternelle qui vibre jusqu'à moi...
Kwey! Bonne journée!
vendredi 15 mai 2009
Le suroît a soufflé fort et il y avait un arc-en-ciel
Mes obligations quotidiennes peuvent être tellement accaparantes que je finis parfois par oublier de porter mon regard au bon endroit, c'est-à-dire au ciel, vers les nuages et bien au-delà.
J'ai commencé ma journée d'hier par une randonnée à vélo. J'ai pédalé tant bien que mal à contre-vent. J'ai affronté ce suroît qui prédomine aux Trois-Rivières, ce vent qui nous vient du fin fond de l'Arizona, qui souffle sur les prairies étasuniennes puis qui se faufile au nord-est, glisse dans la vallée du fleuve Magtogoek, remue le Lac Saint-Pierre, fait osciller le pont Laviolette et termina brutalement sa course en plein dans ma face cramoisie par l'effort de pédaler en vent contraire...
Le suroît a soufflé fort toute la journée d'hier. On parle même de sept camions renversés sur le pont Champlain. Des rafales de 100 kilomètres heure. Ça brassait fort.
C'est au pire moment de ces rafales de vent, qui atteignaient peut-être 70 kilomètres heure, que je suis rentré du travail, à cheval sur mon vélo, en pleine pluie diluvienne, avec le plein suroît dans le dos cette fois-là.
Oh! que j'ai filé les amis! Jamais je n'étais allé aussi vite sur un vélo! Mes quelques super kilos de muscles ont été transporté par le suroît comme si mon vélo avait des ailes. J'ai bien dû atteindre 70 kilomètres heures au rond-point de la couronne, près du parc Pie-XII. Tout mon corps en tremblait comme une feuille au vent.
Évidemment, j'était trempé jusqu'aux os. J'ai pris une bonne douche puis suis ressorti pour profiter de l'accalmie.
Je vais visiter un de mes amis, trinque avec lui une petite demie heure puis, comme je viens pour m'en aller, la pluie reprend.
-Ciboire! que je dis à mon pote tout en sacrant, parce que je suis un gros hostie de vulgaire qui vient d'un ciboire de quartier pauvre et qui l'assume.
-Re-ciboire! ajouta mon hôte. C'est juste une ondée.
Et comme défaite, la pluie s'arrête d'un coup presque sec.
-J'parierais qu'il va y avoir un arc-en-ciel que je dis spontanément. Y'a toujours des hosties d'beaux arcs-en-ciel dans l'coin. C'est comme si l'soleil flashait entre le fleuve Magotogoek pis la rivière Métabéroutin.
Et comme défaite, dès que je mets le nez dehors je vois l'arc-en-ciel. Pari gagné mais je n'ai rien misé. Je salue mon pote qui me renvoie son salut en tenant dans une de ses mains une bonne bouteille d'alcool à 94% de la SAQ. C'est un coriace, que voulez-vous. Après trois onces de ce liquide à rendre aveugle, j'ai mon compte.
Donc, je marche, sans tituber. La pluie reprend un peu. Elle s'arrête. Elle reprend. Et là, je ne sais pas pourquoi, au lieu de regarder le bout de mes souliers, voilà que je contemple le ciel, les nuages et tout le all-fit.
J'ai comme une illumination, un flash: appelez ça comme vous voulez.
Ça faisait longtemps en ciboire que je n'avais pas contemplé les nuages.
Pis les nuages étaient beaux en tabarnak. De toutes les couleurs que mes yeux de daltonien peuvent décrypter.
Ça m'est revenu comme ça que c'est beau des hosties de nuages. Beau en calvaire.
***
«CONSEILS PRATIQUES» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
PÉTEZ SANS QUE CELA NE PARAISSE !
Les personnes qui souffrent de flatulence se doivent de développer des moyens pour camoufler tant les bruits disgracieux que les mauvaises odeurs. Surtout si elles assistent à une conférence très importante pour leur avancement social et professionnel.
Donc, pour ceux et celles qui pètent beaucoup, il est recommandé de tousser très fort ou bien de violemment s'éclaircir la gorge chaque fois que vous trompettez de l'embouchure.
-Awww-GRA! Ahem! AMMM! EMMM! (PROUT!) OMMM! (PROUT!) Awww-GRA!
Comme vous voyez, on n'entend presque pas le pet.
Pour la mauvaise odeur qui s'ensuit, regardez tout de suite votre voisin d'un air indigné et dites «Franchement!», à haute voix, pour que tout un chacun vous entende.
Ainsi, vous aurez camouflé tant le bruit que la puanteur avec d'habiles procédés qui vous permettront de gravir un échelon de plus dans la société, voire de devenir, qui sait, quelqu'un qui fait beaucoup d'argent et à qui l'on confie de hautes fonctions.
***
AU LIEU DU PAPIER-CUL, DES AUTOCOLLANTS!
Fini les bouts de papier-cul qui vous pendent au visage après vous être virilement coupé en vous rasant!
Il se vend maintenant des autocollants de toutes les couleurs et de tous les modèles pour camoufler une vilaine coupure de rasoir. Cela se trouve à bas prix un peu partout dans les bazars à un dollar.
Ainsi, si vous tombez sur une personne importante qui pourrait vous permettre de réussir et de faire de l'argent, elle croira que vous êtes une personne originale et dynamique, sans se douter que vous vous êtes coupé en vous rasant.
Fini les bouts de papier-cul au visage! Vive les autocollants à vil prix!
***
Musique.
jeudi 14 mai 2009
Y'a pas d'place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier
Y'a pas d'place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier... et du Québec!
Des avocats diplômés lavent des bols de toilette.
Des types avec des maîtrises en physique ou bien en mathématiques sont condamnés au salaire minimum jusqu'à la fin des temps.
Des gens qui savent lire et écrire mieux que quiconque se font bosser par des analphabètes et des illettrés qui leur disent quoi faire et quoi penser.
C'est tout simplement révoltant. On croirait revivre tout le théâtre de Vaclav Havel, révolution de velours en moins. Les brutes au pouvoir. Les esprits fins à la vaisselle.
Le vrai pouvoir est toujours dans la rue mais personne n'est dans la rue. Donc, le faux pouvoir prend toute la place, le pouvoir de la peur, le pouvoir d'un seul qui tire sa force du fait que tout le monde accepte d'être à genoux. Quand la peur va sauter, imaginez le reste... Ça va être laid.
Donc, pour le moment, on continue comme si de rien n'était. Et on laisse les meilleures places à ceux et celles qui les méritent le moins. C'est normal, toutes ces petites injustices. Les meilleurs kapos sont toujours les types les plus vicieux, les esprits les plus lourds, les intelligences les plus rudimentaires.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de la poutine...
Vive l'immigration: mon seul espoir de voir un jour un peu de changement. Sinon un peu de justice.
Intellectuels du Québec: unissez-vous! Diplômés du Québec: révoltez-vous! Prenez la plume, la parole et la rue!
mercredi 13 mai 2009
Capitanal et Kiwiteb: légendes trifluviennes
Les Anishnabés avaient chassé les Haudenosaunee du delta de la rivière Métabéroutin, là où ses eaux se déversent entre de belles plages dorées, sous l'ombre bénéfique de pins majestueux. Le poisson, la volaille et le gibier y étaient abondant. Les plages offraient une vue splendide sur le grand fleuve Magtogoek. C'était un emplacement de choix pour vivre, surtout l'été, loin des moustiques qui rendent la vie insupportable à l'intérieur des forêts humides du Nord-Est de l'Île de la Tortue.
Capitanal, chef des Anishnabés du coin, tirait quelques poffes sur sa pipe en contemplant le fleuve. Les affaires étaient bonnes. Mais elles n'étaient plus aussi faciles qu'avant. Les Haudenosaunee, peuple autrefois si paisible, pour ne pas dire soumis, étaient devenus de vrais démons. Leur art de faire la guerre s'était affiné.
Kiwiteb était à ses côtés. C'était un solide guerrier, ce Kiwiteb. Les Haudenosaunee le craignaient juste à entendre son nom. Il les massacrait tous, à coups de mousquets ou de tomahawk. Et c'était bon pour les affaires. Ça permettait aux fourrures et pelleteries du Nord de la rivière Mattawin de se rendre au delta de la Métabéroutin, puis à Québec où Samuel de Champlain les payait rubis sur l'ongle: des colliers et des miroirs pour leurs femmes, de l'alcool pour leur donner du courage; et puis du sucre, du sel, de la farine et toutes ces petites douceurs de la vie.
-Tu te rappelles le costume que m'a donné Champlain Kiwiteb? N'est-ce pas que j'avais l'air d'un clown? Hé! Hé!
-Ah Capitanal! Ils étaient tous éberlués! Ça c'est certain... Et moi, avec mon chapeau à plumes... Qu'est-ce qu'on a rigolé, hein?
-Méchant pow-wow, mon ami. Méchant pow-wow... répondit le grand chef Capitanal en passant le calumet à Kiwiteb pour lui permettre d'inhaler lui aussi quelques poffes.
-Ouin ben les affaires ne vont plus aussi bien qu'avant, ajouta Kiwiteb, d'un air solennel. Les guerriers font face à de plus en plus d'embuscades et ces serpents à sonnettes d'Iroquois font des incursions jusqu'à nos wigwams, ici-même. Je veux bien leur courir après et les étrangler un à un, mais on ne pourra pas y arriver tout seul. Ça se multiplie comme des lapins dans leurs grandes maisons et ça nous tombe dessus par centaines, par milliers... Et puis les Anglais donnent un fusil pour trois peaux de castor... Et les Français, une vieille pétoire pour quinze... On se fait baiser, je te dis, Grand Chef. Baiser jusqu'au trognon. On n'a pas choisi les bons alliés et on va y goûter...
-Écoute Kiwiteb, tout ce que tu dis est très sage, reprit Capitanal en reprenant le calumet. C'est très sage mais ce n'est pas utile. Pas utile parce que nous ne pouvons pas revenir en arrière. Nous sommes en quelque sorte prisonniers de cette alliance. Les Français vivent parmi nous. Nos filles ont épousé leurs fils. Et nous formons en quelque sorte un nouveau peuple. Regarde-toi, avec ton chapeau à plumes, et moi avec mon manteau de roi cousu par les Français... Le sucre, le sel et tout le reste: c'est le résultat de notre alliance. Les Anglais sont loin et, de plus, mes informateurs me disent que la France est plus puissante que l'Angleterre, une petite île de rien du tout perdue dans l'océan là-bas. Nous devons plutôt demander plus de soutien de la France, un meilleur tarif pour les fourrures, des armes, et pourquoi pas un fort, comme à Québec, avec des canons et tout pour nous protéger des Haudenosaunee. On devrait aller voir Champlain sur le champ, tiens. Et lui faire des demandes bien senties: vous voulez avoir plus de fourrures pour vos dames, en Europe? Eh bien nous on veut plus d'armes pour protéger nos petites dames et vous rapporter des fourrures. Il faut que vous investissiez, comme les Anglais le font avec ceux que vous appelez les Iroquois.
-Ce sont de sages paroles Capitanal, comme toujours. Je fume à ta santé! conclut Kiwiteb.
Puis les deux contemplèrent le coucher du soleil, souhaitant qu'il n'y ait pas de raids iroquois cette nuit-là.
Le lendemain, le grand chef Capitanal et son meilleur guerrier Kiwiteb étaient à Québec.
Samuel de Champlain les reçut dans sa grande maison et il leur fit boire des boissons exquises et enivrantes. Il leur joua un air de flute. Et il leur fit servir un pâté de foie tout à fait délicieux ainsi que du jambon en croûte au sirop d'érable. Miam, miam.
Capitanal, émut, lui dit tout ce qu'il avait prétendu lui dire dans sa discussion avec Kiwiteb. Champlain, un homme somme toute pragmatique, conclut qu'il fallait bâtir un fort aux Trois-Rivières. Il envoya donc un de ses menuisiers en chef, un vieux vicelard du nom de La Violette, pour bâtir le fort, à vrai dire le fortin. Ils commencèrent les travaux le 4 juillet de l'an de grâce 1634. Et le soir même La Violette s'accouplait avec une des filles de Kiwiteb, le chanceux.
Capitanal fit un discours ce soir-là, au pow-wow prévu pour l'occasion.
-Nos filles marieront vos fils et nous ne formerons qu'un seul grand peuple! dit-il avant de s'écrouler près du feu, ivre mort.
***
Trois cent soixante-quinze ans plus tard, les voeux de Capitanal se sont presque réalisés.
Les habitants de Trois-Rivières, les Trifluviens, sont à grande majorité des Métis. Des Métis qui s'ignorent dans la plupart des cas. Parce que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Parce que les vaincus ne savaient ni lire ni écrire.
That's the way it is.
Bon trois cent soixante-quinzième de Trois-Rivières...
mardi 12 mai 2009
À PROPOS DES BÉNI-OUI-OUI CONSTIPÉS
Tout excès de pouvoir me dégoûte. Ce qui fait que je déteste viscéralement le conservatisme, le communisme et le nationalisme. Ce sont tous trois les fruits du même arbre: l'intolérance. L'intolérance qui fait dire des conneries. Et qui en fait faire par d'autres au nom d'une sacro-sainte doctrine de bouchés par les deux bouts. Comme si la vie se résumait à un bréviaire de béni-oui-oui constipés. Comme si tout avait été trouvé pour toujours et à jamais.
Que ce soit chez les catholiques réactionnaires ou les communistes revanchards, on trouve cette même manie de voir le monde par le petit bout de la lorgnette. L'important n'est pas de voir la vie telle qu'elle est, mais telle qu'on doit nécessairement la voir aux yeux fanatiques de ces hypnotisés de la politique. Ouf! C'est qu'ils savent tout, ces lecteurs de formules creuses et ces diseurs de slogans. Tout est écrit. Tout. Dans les oeuvres de tel ou tel pape, dans les divagations de telle baudruche intellectuelle ou les chansons de Jean Ferrat. Tout.
Je ne supporte pas ces pseudo-penseurs qui emmerdent leurs lecteurs avec des chiffres et des lettres: les huit façons de, les dix commandements, les cinq piliers de, l'indépendance dans mille jours, Maurice Barrès ou Marcel Chaput.
Je décroche dès que je sens que j'ai affaire à un perroquet, sinon à un singe: à un type qui imite quelqu'un qui imitait quelqu'un d'autre.
La vie est complexe.
L'univers est infini.
Et trop de questions humaines sont idiotes quand on y réfléchit ne serait-ce qu'un peu, en laissant de côté son bréviaire et son petit livre rouge carotté.
Nous avons l'obligation de vivre ensemble. Humainement. Sans nous foutre des claques sur la gueule à tout bout de champ.
L'homme étant ce qu'il est, la diplomatie est toujours de mise. Il y a plusieurs manières de calmer les brutes. L'hypnose réussit à faire des miracles parfois.
L'hypnose, l'art - la beauté quoi!
De toute façon, les fanatiques sont des hypnotisés. Et l'hypnose, c'est bien certain, est leur talon d'Achille. À moins que ce ne soit l'Argent.
Après tout, je ne sais pas tout.
Je ne lis pas de bréviaires.
Je lance n'importe quoi, comme ça, pour l'amour du sport.
That's it.
lundi 11 mai 2009
T'ES RIEN QU'UNE AUTRE BRIQUE DANS L'MUR
Le mois de mai est le plus beau d'entre tous selon l'avis général. Je ne ferai pas le trouble-fête cette fois-ci. Va pour le plus beau d'entre tous les mois. À cause des fleurs, des feuilles et du foin. Parce qu'il fait plus chaud. Et toutes ces sortes de choses.
Mai 1983. Il fait beau et chaud. Les pissenlits sont en fleurs. Et l'ambiance est à la désobéissance à la polyvalente Sainte-Ursule.
Il est midi et demi. Ça fait une heure que les gars de la radio-étudiante font tourner en boucle Revolution des Beatles et Another Brick in the Wall de Pink Floyd. Qu'est-ce qui se passe?
-C'est la révolution man! me dit Ti-Zef le rouquin.
-La révolution? que je lui demande.
-Ouin. La révolution. Y'aura pas d'cours c't'après-midi pis toutte. Tout l'monde loaf pis crisse son camp d'la poly.
-Ah ouin?
-Ouin.
Il doit bien y avoir cinq ou six cents étudiants sur le campus à se colporter cette rumeur, la révolution, tout l'monde loffe pis crisse son camp pour profiter du soleil et de la belle vie. We don't need no education. All in all, we're just another brick in the wall. Et toutes ces sortes de choses.
Deux agents de sécurité empêchent les étudiants de sortir. Dès que le directeur de la poly a eu vent de la nouvelle, il a cru bon d'embarrer les étudiants à l'intérieur, pour les contenir comme du vulgaire bétail. Les deux loustics ne font pas le poids face à six cents ados survoltés qui se font jouer en boucle Revolution et Just Another Brick in the Wall.
Et cela finit comme ça devait finir. À la cloche qui annonce l'heure de la reprise des cours, tout le monde reste sur le campus et chante We don't need no education. Tout le monde ou presque. Je chante en riant avec mes potes, comme tout le monde ou presque. Et puis, sans que je ne sache trop d'où ça vienne, voilà qu'un groupe d'étudiants se servent d'un banc comme d'un bélier pour faire éclater l'une des portes. Tout arrache et tous les loafeux s'engouffrent dans cette brèche pour profiter du soleil et du beau temps.
Dehors, ça sent la bière et la claque brûlée.
C'est la fête.
Ti-Zef le rouquin a son magnétophone et il nous fait écouter des tounes de Yes.
La vie est belle. J'ai un brin d'herbe dans la bouche et je contemple les nuages.
dimanche 10 mai 2009
LE MEILLEUR DE MON BLOGUE DES DEUX DERNIÈRES ANNÉES
L'égotisme est une maladie très répandue. Tout le monde ou presque en souffre. Dont moi.
Je me lève le matin et je me dis: j'espère que je ne parlerai pas encore de moi!
Je sais bien que je m'intéresse à moi-même, mais je finis par me lasser de parler de ma première personne du singulier. Je m'adresse au pluriel. Et je le fais pour des considérations plutôt nobles. Je dirais même que je le fais pour l'amour de l'art. Simplement.
L'aventure de ce blogue a débuté le 9 avril 2007 avec ce texte. Cela fait déjà deux ans. Je n'ai pas fêté l'anniversaire lorsqu'il est survenu. Peut-être parce que je m'en crissais un peu.
En ce dimanche, il est toujours de bon ton de jouer la carte de la nostalgie. Et, bien sûr, de dire à sa maman qu'on l'aime. Surtout si elle n'est pas du genre à avoir tué tous vos frères et soeurs à grands coups de pic à glace et à vous avoir laissé pour mort avec moultes blessures graves.
C'est la fête des mères aujourd'hui. Une fête que l'on doit à Napoléon pour repeupler la France qu'il avait lui-même dépeuplé en envoyant ses fils à l'abattoir. Le Maréchal Pétain a poursuit la belle tradition. Et pour le reste, allez donc lire ça, ici.
Je t'aime m'man... Tiens.
Mais revenons à moi. Et à mon blogue.
Bon. Ça fait deux ans que je blogue. Peut-être sept ans que j'écris des tas de trucs sur Geocities et autres plate-formes d'hébergement gratuites parce que je suis cheap et que je ne veux pas que ça me coûte un sou.
Je blogue depuis deux ans, mettons, et si je continue c'est parce que j'aime ça. Ça me tient l'esprit en vie. Et la plume toujours alerte.
Pour vous remercier de m'avoir lu, sans que je vous l'aie demandé par ailleurs, je vous livre un palmarès de mes deux dernières années, mois par mois.
S'il pleut et que vous n'avez rien à faire aujourd'hui, allez lire ça tiens.
Mes amis bloggueurs devraient faire comme moi et me singer, tiens. Sortez-moi votre best of, bande de mimétistes!
***
MON PALMARÈS RAPIDO-PRESTO
Avril 2007: Gosses de riches.
Mai 2007: Tchékhov et les soins de santé au Québec
Juin 2007: Les caricatures ne sont plus ce qu'elles étaient
Juillet 2007: Ce qui compte vraiment c'est ce qui ne se compte pas
Août 2007: Entrevue avec Alexis Klimov
Septembre 2007: La période blanche du peintre Jean-Paul Lemieux
Octobre 2007: Che Guevara selon Jacques Lanctôt
Novembre 2007: L'obligation de vivre ensemble
Décembre 2007: The Flying Rabbit
Janvier 2008: Le pinson, le diable, l'Africaine et le vieux sec
Février 2008: À la mémoire du poète Michel-Luc Viviers
Mars 2008: L'art de la chronique
Avril 2008: Les femmes ne sont pas des pieds de cendrier
Mai 2008: Le mystère de la couleur verte: réflexions d'un daltonien
Juin 2008: Rencontre avec un grizzli
Juillet 2008: Gilles le gorille
Août 2008: Le domaine d'or
Septembre 2008: Il s'appelait Planète et il planait en sacrement!
Octobre 2008: Kung Fu Fighting dans la P'tite Pologne à Twois-Wivièwes
Novembre 2008: Tout nu comme les philosophes grecs
Décembre 2008: La conversion de Jos Bine
Janvier 2009: L'homme qui voulait se pendre
Février 2009: La théorie du Bing Bang (sic!)
Mars 2009: Onésime le watchman
Avril 2009: La ceuillette des mégots
Bonne lecture!
samedi 9 mai 2009
UNE HISTOIRE SURVENUE DANS SAINTE-CÉCILE, À TWOIS-WIVIÈWES
Faut que j'vous raconte c'qui est arrivé à Djici la semaine passée. Ah! Une hostie d'histoire pas créyable comme y'en arrive à tous 'es jours dans Sainte-Cécile. C'te quartier-là c'est un hostie d'quartier où c'qui arrive toutes sortes d'affaires tout l'temps. Tiens, prenons juste l'histoire du pharmacien qui vendait de la poudre. Eh ben tu allais chercher ta poudre direct chez le pharmacien dans Sainte-Cécile. Quand qu'i' s'est faitte pogné, e'l'pharmacien, ben ça faitte e'l'tour d'la province, c'est pas mêlant, tout l'monde a entendu parler de d'ça, l'histoire d'la pharmacie où tu pouvais commandé d'la poudre, pis c't'histoire-là, ben ça peut arriver juste dans Sainte-Cécile, comme de raison, parce qu'i' arrive toujours toutes sortes d'affaires dans c'te quartier-là, c'est ben sûr.
En tous 'es cas, on va pas s'emmêler plus dans l'histoire pis on va la r'commencer du début. Une hostie d'affaire qui est arrivée à Djici jeudi matin d'la semaine passée.
D'abord c'est qui Djici? Ben voyons, tout l'monde sait c'est qui. Autrement c'est qu'vous êtes pas du monde de Sainte-Cécile. Z'êtes d'ailleurs pis vous niaisez su' le ouèbe n'importe y'où. On les connaît ces niaiseux-là. Mais c'est pas d'eux autres qu'on parle. Mais de Djici. Djici alias l'Homme-Chat. Le plus honnête des gars qui ont fait dix ans de prison que je connaisse. Tatoué de la tête aux pieds, l'Homme-Chat alias Djici doit son surnom au fait qu'il nourrit au moins une dizaine de chats de ruelle. C'est sa manière de remercier la vie. Et croyez-moi, Djici est un hostie de gars correct pis toutte.
Donc, Djici, jeudi matin passé est chez Ti-Wen en train de partager un café pis une cigarette. Il voit passé un gros bonhomme dans la soixantaine en quoi i' croit r'connaître Mike, un codétenu du temps et ivrogne à ses heures, facilement identifiable à sa carrure d'ours de six pieds trois pouces sinon à sa barbe à la ZZ-Top pis à sa calotte de baseball bleue.
Djici lâche son café ouvre la porte-partio de Ti-Wen pis i' s'met à lui gueuler à peu près ça:
-Salut Mike mon vieux calice de ragoût sale! Comment c'qui va l'vieux christ de sec qui pue la marde?
Le gars r'semble à Mike comme deux gouttes d'eau, la même carrure, la calotte bleue pis la grosse barbe de vieux calice de ragoût sale. Sauf que ce n'est pas Mike. C'est un autre.
-Tu parles-tu à moé? que lui demande l'autre, un peu vexé.
-T'es-tu Mike, toé, ou...
-Tu m'confonds avec un autre toé-là. J'm'appelle pas Mike, répond le sosie sur un ton ferme.
-Youps! réplique Djici. J'viens d'faire un hostie d'ragoût d'boulettes moé-là! Excusez-moé pardon m'sieur! J'pensais qu'vous êtiez Mike! J'voulais pas vous traiter d'hostie d'vieux calice de ragoût sale!
-Y'a pas d'fautes. Ok.
Le sosie est parti. Djici en a ri une christ de shot avec Ti-Wen.
Pis moé, ben, je l'ai écrit, comme si j'étais le greffier de Sainte-Cécile toé chose.
vendredi 8 mai 2009
L'ESPRIT DE SÉRIEUX & LA GAIA SCIENZA
Nietzsche pratiquait le gai savoir, qu'il appelait la gaia scienza, en opposition à l'esprit de sérieux qui, selon le même, gangrénait la vie intellectuelle européenne de son temps.
Cela dit, je ne sais pas si Nietzsche était du genre boute-en-train. Mais je marche dans la même voie quand je m'indigne contre les gens sérieux, qui sont sérieusement ennuyants en plus d'être plus souvent que tout autre dans l'erreur, sur les petites comme sur les grandes choses.
Ça déblatère n'importe quoi sur la vie des humains et ça ne sait même pas s'enivrer, rire ou danser, blaguer, baiser, cracher, sauter, sautiller, gambader, jongler, jurer, divaguer, délirer, halluciner, gueuler, courir, voire reconnaître qu'ils se sont trompés.
Les gens sérieux, c'est vrai, me deviennent vite insupportables.
Leur contenance ne me montre que leurs limites intellectuelles.
Ils se croient fins et brillants. Comme je me crois fin et brillant. On aime ce que l'on est, c'est bien normal de se caresser soi-même un brin. Néanmoins, qu'on ne vienne pas me dire qu'on en sait plus à en faire moins, qu'on goûte à la quintessence du génie en vivant comme un fesse-mathieu, avec la tête remplie de peurs, d'automatismes et de calculs.
J'aime les gens drôles, spontanés, marginaux, hérétiques. Bref, j'aime les gens comme moi. Les gens simples et comiques.
Prenons cette personne contaminée par l'esprit de sérieux. Appelons-la Y. Dans sa bouche, il n'y a jamais que des formules toutes faites, des phrases lourdes et conventionnelles, des expressions de m'as-tu-vu ou de béni-oui-oui, du sérieux, toujours du sérieux.
Et malgré cela un manque de sérieux, une peine incroyable à passer à travers ses tâches, toutes lourdes, compliquées, complexes et demandant toujours mûre réflexion.
Tu dis qu'il fait beau aujourd'hui et Y. te dit «tout à fait» en rappelant qu'il faut faire attention aux rayons UV.
Tu dis j'mangerais bien un smoked meat et Y. te dit que la viande est patati patata et que les boeufs sont nourris à la farine carnée.
Tu dis que tu aimes ça te faire sucer et Y. ajoute que c'est pas beau de dire des gros mots.
Finalement, tu ne dis plus rien. Fuck off. Tu parles à quelqu'un d'autre. Quelqu'un de moins plate. Un fou par exemple. Au moins les fous ont le sens de l'humour.
Donc, je pratique en quelque sorte la gaia scienza dont parlait Nietzsche.
Et j'en suis heureux, c'est bien ça le principal, n'est-ce pas?
***
« N'est-ce pas une chose extrêmement plaisante que de voir les philosophes les plus sérieux, si sévères qu'ils soient le reste du temps avec toute certitude, en appeler sans cesse à des sentences de poètes pour assurer force et crédibilité à leur pensée ? »
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Lorsque vous manipulez de la viande avec les mains, vos mains deviennent vite grasses et tachées de sang. Vous venez ensuite pour vous les laver et, hop, voilà que vous mettez de vilaines bactéries partout, sur les robinets, la distributrice de savon à mains, et tout le reste.
Évidemment, il y a un truc tout simple pour éviter cela: se mettre des gants de latex. Il s'en vend un peu partout à vil prix. C'est rapide, non-écologique et il y a même une petite poudre dans les gants pour qu'ils soient plus faciles à retirer. Une facilité très appréciée pour ceux et celles qui ont des mains poilues.
***
En supplément de programme. Cliquez ici.
Bonne fin de semaine!
jeudi 7 mai 2009
I' s'en passe-tu des z'affaires?
-Qu'est-cé qui s'passe don' là?
-Quoi ça?
-Ben ça, là. Qu'est-cé qui s'passe don' là?
-E'l'sais-tu moé qu'est-cé qui s'passe là!
-Ouin, ben, i' s'en passe-tu des z'affaires hein?
-Çartain.
-Une chose attend pas l'autre.
-C'est ben sûr.
-M'en va's dire comme c'te gars, quand qu'i' s'en passe c'est mieux que quand qu'i' s'en passe pas.
-J'su's ben d'accord.
-En seulement que j'me d'mande ben qu'est-cé qui s'passe don' là pareil...
-Pour moé i' s'passe des z'affaires, là.
-C'est ben ça que j'voés moé tou.
Une goutte de pluie tomba sur le front d'un des deux interlocuteurs de taille moyenne. L'autre l'était aussi, de taille moyenne, et il reçut aussi sa goutte de pluie sur le front. Ils étaient où? Dehors, devant un terrain vague où s'activaient toute une flopée de gars de chantier.
-C'est ben pour dire mais m'en va's dire comme c'te gars: i' va mouiller!
-J'dirais ben ça moé tou.
-On serait peut-êt' mieux d'y aller avant qu'i' mouille.
-Ouin. Ok.
Ils marchèrent, marchèrent et marchèrent. Et parlèrent peu.
Ils arrivèrent à la maison, une maison de chambres qui ne sentait pas bon.
-On s'fait-tu des toasts su' l'support de broche? demanda l'un des deux à son convive.
-Ouin. Ok.
Et ils se firent des toasts sur un cintre de métal plié de manière à former une grille, laquelle était déposée directement sur le rond du poêle. Il fallait les surveiller pour ne pas qu'elles brûlent, les rôties. Mais ça ne demandait tout de même pas la tête à Papineau, ni celle de Durham par ailleurs.
-C'est bon des toasts faites de même, hein?
-Ouin.
-I' s'en passe-tu des z'affaires hein?
-Mets-en qu'i' s'en passe!
Ils se firent d'autres rôties. Ils parlèrent de tout, tout en ne parlant de rien. Et ils regardèrent la télévision qui ne captait que deux postes, la SRC et Télé-Métropole. Ils en arrachaient pour TQS et Télé-Québec. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être les ondes. Ou bien les cibis dans le secteur. Dur à dire.
-Quoi ça?
-Ben ça, là. Qu'est-cé qui s'passe don' là?
-E'l'sais-tu moé qu'est-cé qui s'passe là!
-Ouin, ben, i' s'en passe-tu des z'affaires hein?
-Çartain.
-Une chose attend pas l'autre.
-C'est ben sûr.
-M'en va's dire comme c'te gars, quand qu'i' s'en passe c'est mieux que quand qu'i' s'en passe pas.
-J'su's ben d'accord.
-En seulement que j'me d'mande ben qu'est-cé qui s'passe don' là pareil...
-Pour moé i' s'passe des z'affaires, là.
-C'est ben ça que j'voés moé tou.
Une goutte de pluie tomba sur le front d'un des deux interlocuteurs de taille moyenne. L'autre l'était aussi, de taille moyenne, et il reçut aussi sa goutte de pluie sur le front. Ils étaient où? Dehors, devant un terrain vague où s'activaient toute une flopée de gars de chantier.
-C'est ben pour dire mais m'en va's dire comme c'te gars: i' va mouiller!
-J'dirais ben ça moé tou.
-On serait peut-êt' mieux d'y aller avant qu'i' mouille.
-Ouin. Ok.
Ils marchèrent, marchèrent et marchèrent. Et parlèrent peu.
Ils arrivèrent à la maison, une maison de chambres qui ne sentait pas bon.
-On s'fait-tu des toasts su' l'support de broche? demanda l'un des deux à son convive.
-Ouin. Ok.
Et ils se firent des toasts sur un cintre de métal plié de manière à former une grille, laquelle était déposée directement sur le rond du poêle. Il fallait les surveiller pour ne pas qu'elles brûlent, les rôties. Mais ça ne demandait tout de même pas la tête à Papineau, ni celle de Durham par ailleurs.
-C'est bon des toasts faites de même, hein?
-Ouin.
-I' s'en passe-tu des z'affaires hein?
-Mets-en qu'i' s'en passe!
Ils se firent d'autres rôties. Ils parlèrent de tout, tout en ne parlant de rien. Et ils regardèrent la télévision qui ne captait que deux postes, la SRC et Télé-Métropole. Ils en arrachaient pour TQS et Télé-Québec. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être les ondes. Ou bien les cibis dans le secteur. Dur à dire.
mercredi 6 mai 2009
L'homme de nulle part
Tout le monde connaît les Beatles. Et chacun a sa chanson préférée.
La mienne, c'est Nowhere Man, l'homme de nulle part. Je la chantais sous la douche ce matin. La voici:
He's a real nowhere Man,
Sitting in his Nowhere Land,
Making all his nowhere plans for nobody.
Doesn't have a point of view,
Knows not where he's going to,
Isn't he a bit like you and me?
Nowhere Man, just listen,
You don't know what you're missin',
All the world's at your command.
C'est un vrai homme de nulle part
Assis dans son pays de Nulle Part
Fabriquant pour personne ses plans qui ne mènent nulle part
Il n'a pas d'opinion
Ne sait pas où il s'en va
N'est-il pas un pas comme vous et moi?
Homme de nulle part, écoute,
Tu ne sais pas ce que tu manques
Le monde entier est à tes ordres
***
Évidemment, c'est une traduction libre...
Musique.
mardi 5 mai 2009
Le métier d'éboueur se ramollit de nos jours dans la belle ville de Trois-Rivières
La collecte des ordures n'est plus la job de bras qu'elle était du temps où il n'y avait pas de bacs roulants en plastique.
C'était une job de bras il y a deux ans à peine, à Trois-Rivières.
L'éboueur suait sang et eau pour gaver la bouche d'ombre insatiable avec tous nos déchets domestiques, chimiques et commerciaux.
Il travaillait avec ses bras, pleinement, à soulever des sacs, des boîtes et des sculptures modernes, pour tout envoyer ça au dépotoir de St-Étienne-des-Grès, où il devait aussi affronter les ours noirs à mains nues, surtout au printemps.
Le métier d'éboueur se ramollit de nos jours dans la belle ville de Trois-Rivières.
C'est encore une job de bras, quand on la compare à déplier des trombones ou bien à siéger au Sénat. Cependant, les roues sous les bacs et la possibilité de les soulever mécaniquement pour vidanger le tout, ce n'est pas de l'exercice supplémentaire, loin de là.
Donc, l'éboueur trifluvien se ramollit.
J'en tiens pour preuve celui que j'ai vu tout à l'heure, sur ma rue.
Il avait une clope au bec et il allait d'un bord à l'autre de la rue pour vider nos bacs.
-Comment produire un effort physique tout en fumant une clope? me suis-je demandé sans malice.
Je n'ai pas trouvé la réponse. Et ça n'a pas empêché mon éboueur de vider ses bacs, la clope au bec, avec au moins deux pouces de cendre encore rattachée au filtre.
Pas sûr que l'éboueur d'antan trouvait le temps d'en griller une.
Cela dit, tant mieux si nos éboueurs peuvent faire ce métier un peu plus longtemps que deux ans, parce qu'on aura pensé à leur dos, leurs mains et leurs bras. En plus, ça coûte moins cher. Et Dieu sait que les cigarettes ne cessent d'augmenter!
Au fait, je ne fume pas. Mais c'est sans intérêt ici.
C'était une job de bras il y a deux ans à peine, à Trois-Rivières.
L'éboueur suait sang et eau pour gaver la bouche d'ombre insatiable avec tous nos déchets domestiques, chimiques et commerciaux.
Il travaillait avec ses bras, pleinement, à soulever des sacs, des boîtes et des sculptures modernes, pour tout envoyer ça au dépotoir de St-Étienne-des-Grès, où il devait aussi affronter les ours noirs à mains nues, surtout au printemps.
Le métier d'éboueur se ramollit de nos jours dans la belle ville de Trois-Rivières.
C'est encore une job de bras, quand on la compare à déplier des trombones ou bien à siéger au Sénat. Cependant, les roues sous les bacs et la possibilité de les soulever mécaniquement pour vidanger le tout, ce n'est pas de l'exercice supplémentaire, loin de là.
Donc, l'éboueur trifluvien se ramollit.
J'en tiens pour preuve celui que j'ai vu tout à l'heure, sur ma rue.
Il avait une clope au bec et il allait d'un bord à l'autre de la rue pour vider nos bacs.
-Comment produire un effort physique tout en fumant une clope? me suis-je demandé sans malice.
Je n'ai pas trouvé la réponse. Et ça n'a pas empêché mon éboueur de vider ses bacs, la clope au bec, avec au moins deux pouces de cendre encore rattachée au filtre.
Pas sûr que l'éboueur d'antan trouvait le temps d'en griller une.
Cela dit, tant mieux si nos éboueurs peuvent faire ce métier un peu plus longtemps que deux ans, parce qu'on aura pensé à leur dos, leurs mains et leurs bras. En plus, ça coûte moins cher. Et Dieu sait que les cigarettes ne cessent d'augmenter!
Au fait, je ne fume pas. Mais c'est sans intérêt ici.
Avance-Recule
Avance-Recule est le sobriquet avec lequel l'on désigne Stéphane Marcouiller, un ex-étudiant au doctorat en psychologie qui a sauté les plombs suite à moults badtrips d'acide.
Il demeure au centre-ville, dans une chambre miteuse située en haut d'un casse-croûte. Il y a trois chambres. La chambre de la P'tite Marie, une presque centenaire qui se promène en manteau d'hiver l'été et pisse un peu partout. La chambre de Auger l'Indien, un alcoolique fini qui se peigne encore en crête de coq comme si nous étions dans les années '50. Et la chambre de Avance-Recule.
Ce sont toutes trois de petites chambres aux murs décrépis qui sentent la graisse à patates frites, l'humidité et l'urine, puisque tous les trois contrôlent mal leur vessie.
Avance-Recule doit son surnom au fait qu'il marche d'une bien curieuse manière: deux pas en avant, un pas en arrière.
Et ce n'est pas parce qu'il a lu Lénine ou quelque autre fou.
C'est juste qu'il est demeuré comme ça, après un spectacle de Genesis en 1974, à Montréal. Et les pilules ne pouvaient rien faire pour lui rendre une manière dite normale de marcher.
Il avance et recule dans sa robe de chambre élimée. Traverse les rues et boulevards en exécutant ses pas de danse. Et tout le monde se dit «Hostie! C'est encore Avance-Recule qui bloque le trafic maudit tabarnak!»
Et c'est effectivement Avance-Recule qui congestionne la circulation automobile, le gus aux traits christiques, la barbe et les cheveux longs châtains, le regard perdu, deux pas en avant, un pas en arrière.
Sacré Avance-Recule!
Qu'est-ce qui peut bien se passer dans sa tête, hein?
lundi 4 mai 2009
Couleurs
Elle n'a que trois ans et quand elle peint il faut que ça aille vite. Elle ne passera pas la journée là-dessus c'est certain. Pas comme Tanne-Tanne, le surnom qu'elle me donne, imaginez. Moi je passe, quoi? cinq heures, cinq jours, cinq semaines sur un tableau? Je laisse de côté. Je reprends. Ou je trouve tout d'un coup, mais jamais aussi rapidement qu'elle.
Je lui ai sorti des couleurs et une toile. Elle t'a tout barbouillé ça en vingt-huit coups de pinceau. Du jaune. Du rouge. De l'orange citrouille. Du brun. Une tache de blanc. Une de noir. Et voilà un magnifique bouquet pour sa maman.
C'est sûr qu'il ne faut pas porter un oeil trop sévère sur une première oeuvre. On y trouve pas moins de forts contrastes, ce qui est plutôt rare à cet âge, à mon humble avis. Sa première oeuvre. Pour sa mom. Et signée en plus.
Je voudrais bien vous la montrer mais elle est repartie avec. Elle va faire un vernissage chez sa mom. Une exposition quoi. Succès assuré.
***
Parlant d'exposition, mon ami & artiste-peintre Luc Gaudet affiche de nouvelles oeuvres au Bucafin. Il y tient une rétrospective de ses dernières années d'atelier. Il varie son matériel à chaque mois, d'avril à juin 2009. C'est ici. Et ça s'appelle L'Ex-pot de fleurs.
***
Finalement, je vous quitte sur une petite suggestion de lecture. J'y reviens souvent et ce n'est pas pour rien. C'est une petite nouvelle de Marcel Aymé, pas de quoi vous fendre le cul en quatre. Une lecture légère et profonde à la fois. Ça s'intitule La bonne peinture. Ça se trouve ici. Et c'est tout mon programme en tant qu'artiste-peintre.
***
Musique.
samedi 2 mai 2009
Rocky au Cinéma de Paris
Le Cinéma de Paris n'existe plus depuis un sacré bon bout de temps. Il a été rasé par les flammes en 1990 si je m'en fie au joli blogue de l'historien Mario Bergeron. Ça fait donc dix-neuf ans qu'il n'est plus dans le décor.
Rien au monde ne se comparait à la joie d'aller dans cette salle pour aller voir du cinéma. Le Cinéma de Paris avait du panache, au contraire des cinémas d'aujourd'hui, des rectangles conçus comme l'on conçoit des cages à poules, à la différence qu'on ajoute du plâtre et du béton par-dessus la broche.
Il était situé sur la rue St-Maurice, à Trois-Rivières, en plein coeur du quartier de mon enfance, un quartier pauvre qui avait l'air moins miteux qu'il ne l'est aujourd'hui, le quartier de la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses.
Avant l'avènement du Super Calice, des bazars et des marchés aux puces, il y avait des tas de restaurants, d'épiceries, de dépanneurs.
Et, bien sûr, il y avait le Cinéma de Paris, le temple du septième art, avec sa balustrade, ses boiseries et ses dorures.
On savait en y entrant qu'on allait y vivre une expérience sublime, presque mystique, avec ce grand écran qui nous sauvait des quatre ou cinq postes que l'on captait à la télé en bougeant les oreilles de lapin: CKTM le 13, Télé-Métropole, CFCF, Radio-Québec, peut-être CBC.
Je pourrais vous parler pendant des heures et des heures de ces films que j'y ai vus dans les années soixante-dix, quand j'étais ti-cul. On y allait, moi et mes frères, pour s'y réconcilier. On se partageait de grosses poubelles remplies de pop-corn tout en sirotant de la liqueur blanche ou de la liqueur brune.
Je me prenais aussi une barre de caramel Toffee. Et le caramel Toffee goûtait vraiment le caramel Toffee dans le temps du Cinéma de Paris. Ces maudits-là ont dû égarer la recette. De nos jours, ça ne goûte plus rien. Ça ne s'étire plus comme avant. C'est sec et cassant.
J'allais au Cinéma de Paris pour voir un tas de films. D'abord les western-spaghetti: Il était une fois dans l'Ouest, Mon nom est personne, Le bon, la brute et le truand. Je suivais tous les films de Bruce Lee et de Bud Spencer. Et tous les films de Pierre Richard. Puis les dessins animés: Daisy Town, Astérix et Cléopâtre, Goldorak. Et le must: Star Wars. Le film le plus époustouflant que j'aie jamais vu. Un régal pour les yeux. Des effets spéciaux saississants pour l'époque et encore réussis de nos jours.
Le plus grand film parmi tous les films que j'aie pu voir au Cinéma de Paris? Rocky 1 de Sylvester Stalone. Vous n'avez pas idée combien ce film-là nous a marqués dans le quartier. C'était comme si le Cinéma de Paris s'était mis à nous chanter La Carmagnole.
Rocky, dans Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, c'était chacun d'entre nous. Un type dans un quartier pauvre qui fait un sale boulot. Un type qui, à force d'acharnement et d'entraînement, à force de bûcher dans des tas de viande congelé, en vient à monter sur le ring pour affronter un champion du monde qui remportera la victoire de justesse, avec le visage salement amoché. Rocky perd le combat, mais il s'est rendu si loin dans la bagarre qu'on ne peut que le respecter. Et c'est tout ce que l'on cherche, dans Notre-Dame-des-Sept-Affaires, le respect, hier comme aujourd'hui.
J'ai passé des jours à courir, monter et descendre des marches d'escalier, pédaler, nager et bûcher dans l'espoir moi aussi d'affronter un champion du monde. Juste pour l'amour du sport. Et pour défier l'habitude associée à la misère.
Oui, c'est au Cinéma de Paris que j'ai voulu devenir Rocky.
Rocky Balbao: un type qui se sert de ses poings plutôt que de sa tête. Tout ce qu'il fallait pour survivre dans un quartier pauvre et sale quoi.
vendredi 1 mai 2009
Un parfum de vanille aux cretons
Vanille aux cretons. C'est un parfum fameux que porte avec plus ou moins de grâce certaines femmes qui aiment à sentir bon mais qui n'en sentent pas moins la vanille au jus de swing.
Est-ce dû à une réaction épidermique au parfum? Les glandes s'agitent et plutôt que de sentir la vanille, la dame se met à sentir la marde?
À moins qu'elle ne se lave pas, la madame, et qu'elle camoufle sa malpropreté sous du parfum?
Je ne sais pas trop.
Mais ce que je sais c'est que même l'odeur de marde est moins forte que celle de la vanille à la sueur poignante.
Parfois, trop c'est comme pas assez.
Elle se parfumerait moins, la petite dame, et elle sentirait moins l'aisselle à la vanille.
Donc, un petit conseil rien que pour vous mesdames: mettez-en moins. Votre peau se met à sentir la marde quand vous en mettez trop et ça donne l'envie de dégueuler.
Une peau fraîchement lavée avec un savon doux et subtilement parfumée est bien plus appétissante, foi d'ogre.
Alors, mesdames, ne vous aspergez plus de parfum à la vanille, lavez-vous au savon doux et soyez propres sans excès de fragrance.
Votre homme vous en sera reconnaissant. Il n'aura plus l'impression que vous sentez la vanille aux cretons.
PS: Cette chronique a été proposée aux grands magazines féminins du Québec. Les femmes ont besoin de conseils judicieux provenant d'hommes qui ne souhaitent que leur bonheur. Je vous en redonne des nouvelles très prochainement.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Plusieurs personnes ont l'habitude de se curer les oreilles avec leurs clés. Quand ils viennent ensuite pour entrer leurs clés dans les embouchures, il arrive qu'elles se coincent dû à l'excès de cérumen. Il est donc fortement recommandé de se curer les oreilles soit avec les doigts, soit avec le bout d'une serviette humide ou bien avec ces petits batonnets de boules quiès mieux connues sous l'appellation Q-Tips en territoire nord-américain.
***
Musique.
Est-ce dû à une réaction épidermique au parfum? Les glandes s'agitent et plutôt que de sentir la vanille, la dame se met à sentir la marde?
À moins qu'elle ne se lave pas, la madame, et qu'elle camoufle sa malpropreté sous du parfum?
Je ne sais pas trop.
Mais ce que je sais c'est que même l'odeur de marde est moins forte que celle de la vanille à la sueur poignante.
Parfois, trop c'est comme pas assez.
Elle se parfumerait moins, la petite dame, et elle sentirait moins l'aisselle à la vanille.
Donc, un petit conseil rien que pour vous mesdames: mettez-en moins. Votre peau se met à sentir la marde quand vous en mettez trop et ça donne l'envie de dégueuler.
Une peau fraîchement lavée avec un savon doux et subtilement parfumée est bien plus appétissante, foi d'ogre.
Alors, mesdames, ne vous aspergez plus de parfum à la vanille, lavez-vous au savon doux et soyez propres sans excès de fragrance.
Votre homme vous en sera reconnaissant. Il n'aura plus l'impression que vous sentez la vanille aux cretons.
PS: Cette chronique a été proposée aux grands magazines féminins du Québec. Les femmes ont besoin de conseils judicieux provenant d'hommes qui ne souhaitent que leur bonheur. Je vous en redonne des nouvelles très prochainement.
***
«CONSEIL PRATIQUE» DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.
Plusieurs personnes ont l'habitude de se curer les oreilles avec leurs clés. Quand ils viennent ensuite pour entrer leurs clés dans les embouchures, il arrive qu'elles se coincent dû à l'excès de cérumen. Il est donc fortement recommandé de se curer les oreilles soit avec les doigts, soit avec le bout d'une serviette humide ou bien avec ces petits batonnets de boules quiès mieux connues sous l'appellation Q-Tips en territoire nord-américain.
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Musique.