L'empathie et la compassion sont les moteurs de ma pensée politique. Un ardent désir de justice sociale motive mon vote et mes actions. Je ne supporte d'aucune manière la ségrégation fondée sur la race, le sexe ou bien la situation économique. Je souhaite l'avènement d'un monde meilleur pour tous, même pour mes ennemis politiques. Je les crois prisonniers d'une logique primaire qui évacue trop facilement l'empathie et la compassion. Le monde meilleur pour lequel je milite avec mon âme et mon corps les inclue. Personne ne devrait être laissé-pour-compte dans une communauté humaine digne de ce nom. Personne ne devrait être écrasé sous le rouleau-compresseur d'une théorie économique, qu'elle soit capitaliste ou marxiste. La vie consiste en la recherche du bonheur. Et rien ne me rend plus heureux que des preuves patentes d'entraide et de solidarité.
Malheureusement, il faut se battre becs et ongles pour ne pas sombrer dans le matérialisme primaire qui renie les droits de groupes entiers de la population pour servir l'atavisme, l'avidité et la mesquinerie de quelques voleurs. Il se trouvera même des gens honnêtes pour les soutenir, par habitude, parce qu'ils voient le monde par le petit bout de la lorgnette. Ils croient que le monde a toujours été ainsi et qu'il ne changera jamais.
La crise sociale que traverse le Québec depuis les derniers mois est la conséquence directe d'une prise de conscience provoquée par la grève étudiante. Cette grève a mise en lumière la ségrégation économique pratiquée par les libéraux envers les pauvres. On s'acharne à restreindre l'accès des pauvres aux hôpitaux et aux universités. On favorise les entreprises qui couchent avec le pouvoir politique pour dénaturer sa fonction. La démocratie n'est encore qu'une forme de cleptocratie, un buffet gratuit pour ceux qui volent non seulement nos taxes et nos impôts, mais aussi nos ressources naturelles qui nous permettraient d'offrir à tout un chacun une vie digne de ce nom.
La police politique traque les indignés comme l'on traquait les militants des droits civiques en Afrique du Sud ou bien aux États-Unis. Ce monde meilleur, ce gouvernement par et pour le peuple, eh bien les privilégiés de la cleptocratie n'en veulent pas du tout. Ils craignent tous ces pauvres, toutes ces femmes enragées et toutes ces races qui devraient se sacrifier pour eux ad vitam aeternam. Ils se comportent comme ces barbares blancs des États du Sud qui châtiaient les Noirs sans sourciller.
Et l'on trouve des tas de ces angry white men pour les soutenir à la radio X ou bien dans tel ou tel torchon de droite. Comme on ne peut plus se permettre le luxe d'être ouvertement raciste avec notre constitution, on y va d'allusions et de blagues salaces envers les pauvres, les bs, les étudiants révoltés, les féministes enragées, les homos, les Sauvages et les marginaux... Tout ça pour servir la ségrégation et démolir la solidarité par tous les moyens. On veut laisser le champ libre à ces compagnies qui leur lavent le cerveau et les endoctrinent à détester la justice sociale.
Les libéraux ne viendront pas à bout de l'empathie, de la compassion et de la justice sociale. Ils devront payer des tas de gens pour vomir sur ces valeurs humaines fondamentales. Les indignés trouveront des milliers de bénévoles pour les soutenir parce qu'il est irréaliste de croire que le mensonge et l'hypocrisie peuvent triompher.
La crise sociale que traverse le Québec est une crise de valeurs humaines. C'est le coeur contre l'argent. C'est la société ouverte et libre contre la société fermée et contrôlée. C'est le bien commun contre le vol de nos ressources humaines et naturelles.
Les élections s'en viennent. Il ne me revient pas de vous dire pour qui voter. Il n'en demeure pas moins que les libéraux et les caquistes ne méritent d'aucune manière la confiance de la population. Ils ont soutenu le matraquage de leur propre peuple. Ils sont visés par l'ONU et par la commission des droits de la personne. Il n'y a pas à chercher de midi à quatorze heures. Les ségrégationnistes ont déjà perdu.
lundi 30 juillet 2012
mercredi 25 juillet 2012
Les moyens justifient la fin que l'on poursuit
Panaït Istrati, surnommé le «Gorki des Balkans, est un écrivain roumain qui a vu clair sur la nature totalitaire du régime stalinien à l'instar des anarchistes Victor Serge et Boris Souvarine. Dans un ouvrage intitulé «Vers l'autre flamme», co-écrit avec ces deux derniers semble-t-il, Istrati défait le mythe du paradis des travailleurs en démontrant toutes les injustices commises par la bureaucratie stalinienne.
Je n'ai malheureusement pas le livre devant moi. Je l'ai lu dans mes jeunes années rebelles, alors que j'avais faim et soif de justice sociale. Je ne me suis pas encore rassasié, bien sûr. Ce qui fait que je me rappelle des passages entiers de «Vers l'autre flamme».
Istrati écrivait entre autres qu'il est faux de dire que la fin justifie les moyens, que l'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Les oeufs cassés, on les voit fort bien. Mais où est l'omelette? Il n'y a pas d'omelette...
Cela m'a marqué, bien que je ne sois pas en mesure de vous donner la référence exacte. Vous y arriverez vous-même si cela vous chante. «Vers l'autre flamme» se trouve facilement dans toutes les bibliothèques dignes de ce nom.
Cela dit, j'ai retrouvé substantiellement la même idée chez Martin Luther King que j'ai étudié un peu plus hier.
Lui aussi laissait entendre que les moyens doivent justifier la fin. Si l'on veut un monde sans haine ni violence, nos moyens doivent être l'amour et la paix. Les moyens justifient la fin que l'on poursuit. C'est tellement une évidence que je me demande pourquoi je vous en remets.
Il s'en trouvera des tas pour ridiculiser ces manières de voir. Ils sont à plaindre puisqu'ils sont prisonniers de leur propre logique destructrice. Ils sont des humains dénaturés, éloignés des valeurs propres au Grand Cercle de la Vie: la compassion, la solidarité et l'entraide.
Je ne dirai pas nécessairement aux autres ce qu'ils doivent faire. Néanmoins je trouve chez Istrati et Luther King quelques principes de base pour guider mes actions civiques.
Je ne prône d'aucune façon l'affrontement avec les policiers. Je leur propose plutôt des fleurs.
Par contre, j'approuve la désobéissance civile non-violente: sit-in, boycotts, occupations, bloquer des routes, des ponts, des universités, etc. Si le pouvoir veut m'arrêter pour ces actions, qu'il le fasse. Comme il l'a fait pour Luther King.
S'il le faut, j'irai manger des «toasts frettes» en prison, comme on dit par chez-nous.
Mais je refuserai de frapper qui que ce soit pour défendre mon point de vue.
Je ne me laisserai pas happer par la spirale de la violence, du moins je l'espère.
Et si je casse des oeufs, ce sera chez-moi, pour me faire une vraie omelette, farcie avec de petites échalotes et quelques champignons.
Je n'ai malheureusement pas le livre devant moi. Je l'ai lu dans mes jeunes années rebelles, alors que j'avais faim et soif de justice sociale. Je ne me suis pas encore rassasié, bien sûr. Ce qui fait que je me rappelle des passages entiers de «Vers l'autre flamme».
Istrati écrivait entre autres qu'il est faux de dire que la fin justifie les moyens, que l'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Les oeufs cassés, on les voit fort bien. Mais où est l'omelette? Il n'y a pas d'omelette...
Cela m'a marqué, bien que je ne sois pas en mesure de vous donner la référence exacte. Vous y arriverez vous-même si cela vous chante. «Vers l'autre flamme» se trouve facilement dans toutes les bibliothèques dignes de ce nom.
Cela dit, j'ai retrouvé substantiellement la même idée chez Martin Luther King que j'ai étudié un peu plus hier.
Lui aussi laissait entendre que les moyens doivent justifier la fin. Si l'on veut un monde sans haine ni violence, nos moyens doivent être l'amour et la paix. Les moyens justifient la fin que l'on poursuit. C'est tellement une évidence que je me demande pourquoi je vous en remets.
Il s'en trouvera des tas pour ridiculiser ces manières de voir. Ils sont à plaindre puisqu'ils sont prisonniers de leur propre logique destructrice. Ils sont des humains dénaturés, éloignés des valeurs propres au Grand Cercle de la Vie: la compassion, la solidarité et l'entraide.
Je ne dirai pas nécessairement aux autres ce qu'ils doivent faire. Néanmoins je trouve chez Istrati et Luther King quelques principes de base pour guider mes actions civiques.
Je ne prône d'aucune façon l'affrontement avec les policiers. Je leur propose plutôt des fleurs.
Par contre, j'approuve la désobéissance civile non-violente: sit-in, boycotts, occupations, bloquer des routes, des ponts, des universités, etc. Si le pouvoir veut m'arrêter pour ces actions, qu'il le fasse. Comme il l'a fait pour Luther King.
S'il le faut, j'irai manger des «toasts frettes» en prison, comme on dit par chez-nous.
Mais je refuserai de frapper qui que ce soit pour défendre mon point de vue.
Je ne me laisserai pas happer par la spirale de la violence, du moins je l'espère.
Et si je casse des oeufs, ce sera chez-moi, pour me faire une vraie omelette, farcie avec de petites échalotes et quelques champignons.
mardi 24 juillet 2012
Martin Luther King prenait la population en otage...
« Le propos de […] l'action directe est de créer une situation qui soit
un tel paquet de crises qu'elle ouvre inévitablement la porte à des négociations. »
Martin Luther King
Martin Luther King est l'une des plus grandes figures héroïques des États-Unis.
Il s'est battu pour l'accessibilité à l'éducation de la communauté noire ainsi que pour la fin de la ségrégation raciale. Il s'est battu pour les pauvres.
Évidemment, il a contribué à bloquer la circulation automobile au cours des nombreuses manifestations auxquelles il a participé. Il a pris en otage la population...
Il a néanmoins remporté le prix Nobel de la paix en 1964.
Il y a un jour férié aux États-Unis pour souligner la mémoire de Martin Luther King. Il n'y en aura jamais pour Georges W. Bush.
Le mouvement étudiant québécois combat pour les droits civiques des pauvres.
Tous ceux et celles qui y participent sont potentiellement en voie de devenir des figures héroïques de notre nation.
Toux ceux qui crachent sur ce mouvement crachent aussi sur Martin Luther King.
jeudi 19 juillet 2012
Les rats quittent le navire
Les libéraux vont perdre.
Les ministres libéraux s'évaporent à l'approche des élections: Vallières, McMillan, Courchesne, Gagnon-Tremblay... Seuls les backbenchers resteront.
Plusieurs militants libéraux désertent le parti.
Des tas d'anciens voteurs libéraux sont prêts à voter pour n'importe quoi sauf pour la bande à Jean Charest.
Même les anglophones sont dégoûtés de Charest. Ils vont peut-être voter pour l'Union citoyenne du Québec, un parti de gauche fédéraliste...
Mathématiquement, c'est impossible que les libéraux fassent un meilleur score qu'à la dernière élection.
Les opposants vont faire sortir le vote comme jamais il n'a sorti.
Je vous le dis, camarades, les libéraux s'en vont vers une cuisante défaite.
Tout simplement parce que c'est immoral de soutenir un gouvernement corrompu qui matraque son propre peuple.
Les rats peuvent bien quitter le navire pendant qu'il sombre.
Les ministres libéraux s'évaporent à l'approche des élections: Vallières, McMillan, Courchesne, Gagnon-Tremblay... Seuls les backbenchers resteront.
Plusieurs militants libéraux désertent le parti.
Des tas d'anciens voteurs libéraux sont prêts à voter pour n'importe quoi sauf pour la bande à Jean Charest.
Même les anglophones sont dégoûtés de Charest. Ils vont peut-être voter pour l'Union citoyenne du Québec, un parti de gauche fédéraliste...
Mathématiquement, c'est impossible que les libéraux fassent un meilleur score qu'à la dernière élection.
Les opposants vont faire sortir le vote comme jamais il n'a sorti.
Je vous le dis, camarades, les libéraux s'en vont vers une cuisante défaite.
Tout simplement parce que c'est immoral de soutenir un gouvernement corrompu qui matraque son propre peuple.
Les rats peuvent bien quitter le navire pendant qu'il sombre.
mercredi 18 juillet 2012
Feu mon père et le Grand Prix automobile de Trois-Rivières
Mon père est mort d'un cancer, pendant le Grand Prix automobile de Trois-Rivières. Il est parti un vendredi, en plein orage. Puis tout est redevenu calme. Jusqu'au soir où il y eut le feu d'artifices du Grand Prix. Puis le lendemain, vrrr-oum! On n'entendait que ça partout en ville. Je fixais un point vide dans ma tête pour résister à une douleur viscérale. On l'a enterré au cimetière Saint-Michel pendant la dernière course, un dimanche après-midi. Mon père détestait les automobiles et tout autant le Grand Prix. La mort est ironique...
Je ne veux pas vous jouer le jeu d'un deuil dont je suis depuis longtemps remis. Seulement, il me fallait faire cette entrée en matière. Le Grand Prix de Trois-Rivières revient me décrisser le moral pour une fin de semaine. Je dois fuir ma ville natale lors de ce week-end de pollution sonore et environnementale.
Rien de mieux que de fuir dans les bois pour communier avec mon père et mes ancêtres.
Mon père, Conrad, était le fils de Éloi Bouchard, probable métis micmac de Sainte-Luce-sur-Mer, et de Adrienne Létourneau, Anishnabé née sur la réserve autochtone de Saint-Régis, aujourd'hui appelée Akwasasné.
Il est né à Sayabec le 17 ou 18 août 1933. Il n'a jamais su nous dire le jour exact, même après avoir été chercher son baptistère à l'église du village. On le célébrait le 18 pour faire court.
Éloi était foreman pour la scierie Ferguson. Il avait six enfants avec sa première femme. Trois ou quatre jours après son décès, il était monté à Québec pour marier ma grand-mère, une vieille fille dans la vingtaine avancée. C'était un mariage plus ou moins arrangé par l'église pour ne pas laisser un pauvre veuf dans la misère.
Mon père a été le premier enfant né de ce couple. Il en sortira une quinzaine d'autres. Douze auront survécu au total.
C'était donc une grosse famille. Ils vivaient pauvrement, au seuil de l'indigence, comme bien des familles de cette époque dans la Vallée de la Matapédia.
Ils allaient à l'école à tour de rôle puisqu'ils n'avaient pas de souliers pour chacun. Un jour c'était le groupe numéro un et le lendemain le groupe numéro deux. On refusait la présence des Bouchard sur les photos d'école de fin d'année parce qu'ils avaient l'air trop pauvres.
Son enfance à Sayabec et Sainte-Luce-sur-Mer me revient en mémoire comme de vieilles légendes incomplètes.
Mon père mangeait de la morue pour déjeuner. Pour dîner: de la morue. Et pour souper: encore de la morue. Il y avait aussi la possibilité de se faire une beurrée de mélasse ou de cassonade.
Sa liberté, il la prenait dans les bois. Un vieux bonhomme lui a appris ce qui pouvait se manger dans les bois. Il m'a transmis cet héritage. Peu de mots. Juste des «ça, ça se mange», «ça c'est poison!». Aucune description physique du vieux bonhomme.
Popa me racontait aussi qu'ils gelaient comme l'enfer l'hiver. La baraque n'était pas isolée. Les clous pétaient par grand froid.
Je ne possède que des bribes de l'enfance de mon père.
Et je me remémore tout ça comme des mantras, de temps à autres, quand on approche de la fin de semaine du Grand Prix automobile de Trois-Rivières...
Je ne veux pas vous jouer le jeu d'un deuil dont je suis depuis longtemps remis. Seulement, il me fallait faire cette entrée en matière. Le Grand Prix de Trois-Rivières revient me décrisser le moral pour une fin de semaine. Je dois fuir ma ville natale lors de ce week-end de pollution sonore et environnementale.
Rien de mieux que de fuir dans les bois pour communier avec mon père et mes ancêtres.
Mon père, Conrad, était le fils de Éloi Bouchard, probable métis micmac de Sainte-Luce-sur-Mer, et de Adrienne Létourneau, Anishnabé née sur la réserve autochtone de Saint-Régis, aujourd'hui appelée Akwasasné.
Il est né à Sayabec le 17 ou 18 août 1933. Il n'a jamais su nous dire le jour exact, même après avoir été chercher son baptistère à l'église du village. On le célébrait le 18 pour faire court.
Éloi était foreman pour la scierie Ferguson. Il avait six enfants avec sa première femme. Trois ou quatre jours après son décès, il était monté à Québec pour marier ma grand-mère, une vieille fille dans la vingtaine avancée. C'était un mariage plus ou moins arrangé par l'église pour ne pas laisser un pauvre veuf dans la misère.
Mon père a été le premier enfant né de ce couple. Il en sortira une quinzaine d'autres. Douze auront survécu au total.
C'était donc une grosse famille. Ils vivaient pauvrement, au seuil de l'indigence, comme bien des familles de cette époque dans la Vallée de la Matapédia.
Ils allaient à l'école à tour de rôle puisqu'ils n'avaient pas de souliers pour chacun. Un jour c'était le groupe numéro un et le lendemain le groupe numéro deux. On refusait la présence des Bouchard sur les photos d'école de fin d'année parce qu'ils avaient l'air trop pauvres.
Son enfance à Sayabec et Sainte-Luce-sur-Mer me revient en mémoire comme de vieilles légendes incomplètes.
Mon père mangeait de la morue pour déjeuner. Pour dîner: de la morue. Et pour souper: encore de la morue. Il y avait aussi la possibilité de se faire une beurrée de mélasse ou de cassonade.
Sa liberté, il la prenait dans les bois. Un vieux bonhomme lui a appris ce qui pouvait se manger dans les bois. Il m'a transmis cet héritage. Peu de mots. Juste des «ça, ça se mange», «ça c'est poison!». Aucune description physique du vieux bonhomme.
Popa me racontait aussi qu'ils gelaient comme l'enfer l'hiver. La baraque n'était pas isolée. Les clous pétaient par grand froid.
Je ne possède que des bribes de l'enfance de mon père.
Et je me remémore tout ça comme des mantras, de temps à autres, quand on approche de la fin de semaine du Grand Prix automobile de Trois-Rivières...
mardi 17 juillet 2012
Les pauvres savent faire des sacrifices
Je ne sais pas si c'est la faute du calendrier maya ou bien le résultat de l'injustice sociale exponentielle. Tout le monde semble avoir l'urgence de vivre autour de moi.
Et cette urgence de vivre se traduit en manifestations spontanées et populaires dans toutes les rues du Québec, dans toutes les ruelles du monde.
On ne se fait pas vraiment à l'idée de sacrifier sa vie pour les banquiers.
C'est facile pour un banquier de dire aux autres qu'ils doivent savoir faire des sacrifices. Surtout s'il n'en fait pas lui-même et participe à la dilapidation des fonds publics sans sourciller.
Les pauvres sont prêts à faire des sacrifices, bien entendu. Ils en font tous les jours. Ce n'est pas facile, évidemment, mais cela leur permet d'acquérir de l'expérience en la matière.
Lorsque c'est le temps de se sacrifier, de marcher dans les rues pour dénoncer l'autorité des banquiers et la corruption de nos gouvernements, eh bien ce sont les pauvres qui se sacrifient. Ce sont eux qui montent au front pour parfois se faire tapocher dessus par quelques mercenaires payés pour punir et sévir.
Évidemment, aucun gouvernement sur terre ne détient suffisamment de mercenaires pour faire face à la foule des pauvres prêts à faire des sacrifices.
Un jour ou l'autre, les banquiers devront s'enfuir. Et la terre devient trop petite pour ce genre de voleurs. Le monde entier vire à gauche. Pourquoi? Parce que. Cela ne s'explique même pas. Cela se sent. C'est instinctif. Comme un animal. Comme un pauvre.
Et cette urgence de vivre se traduit en manifestations spontanées et populaires dans toutes les rues du Québec, dans toutes les ruelles du monde.
On ne se fait pas vraiment à l'idée de sacrifier sa vie pour les banquiers.
C'est facile pour un banquier de dire aux autres qu'ils doivent savoir faire des sacrifices. Surtout s'il n'en fait pas lui-même et participe à la dilapidation des fonds publics sans sourciller.
Les pauvres sont prêts à faire des sacrifices, bien entendu. Ils en font tous les jours. Ce n'est pas facile, évidemment, mais cela leur permet d'acquérir de l'expérience en la matière.
Lorsque c'est le temps de se sacrifier, de marcher dans les rues pour dénoncer l'autorité des banquiers et la corruption de nos gouvernements, eh bien ce sont les pauvres qui se sacrifient. Ce sont eux qui montent au front pour parfois se faire tapocher dessus par quelques mercenaires payés pour punir et sévir.
Évidemment, aucun gouvernement sur terre ne détient suffisamment de mercenaires pour faire face à la foule des pauvres prêts à faire des sacrifices.
Un jour ou l'autre, les banquiers devront s'enfuir. Et la terre devient trop petite pour ce genre de voleurs. Le monde entier vire à gauche. Pourquoi? Parce que. Cela ne s'explique même pas. Cela se sent. C'est instinctif. Comme un animal. Comme un pauvre.
lundi 16 juillet 2012
Protestation costumée avec Batman Tremblay
Une protestation costumée avec Batman Tremblay, figure légendaire de la protestation trifluvienne.
Cela se passe dimanche prochain le 22 juillet.
Départ à midi du Parc Laviolette (près du Pont Laviolette) à Trois-Rivières.
Les renseignements sont ici.
...
D'autres ici:
22 JUILLET au Parc Laviolette
- LE COMBAT CONTINUE -
BATMAN TREMBLAY SERA LÀ
et toi aussi mon ami
Soyez déguisés.
Soyez révoltés.
"La révolte ou rébellion est un sentiment d'indignation et de réprobation face à une situation." - Wikipedia
Midi à 14h ::::::: Rassemblement au Parc Laviolette - Micro ouvert - Photos - Bouffe
14 à 18h ::::::::: Marche de santé et de protestation (parcours à venir)
18h à 19h30 :::: Pique-nique au Parc Champlain
19h30 à 22h30 : Marche de santé et de protestation (parcours à venir)
22h30 ::::::::::::: Arrivée à la Basilique Notre-Dame-du-Cap
Cela se passe dimanche prochain le 22 juillet.
Départ à midi du Parc Laviolette (près du Pont Laviolette) à Trois-Rivières.
Les renseignements sont ici.
...
D'autres ici:
22 JUILLET au Parc Laviolette
- LE COMBAT CONTINUE -
BATMAN TREMBLAY SERA LÀ
et toi aussi mon ami
Soyez déguisés.
Soyez révoltés.
"La révolte ou rébellion est un sentiment d'indignation et de réprobation face à une situation." - Wikipedia
Midi à 14h ::::::: Rassemblement au Parc Laviolette - Micro ouvert - Photos - Bouffe
14 à 18h ::::::::: Marche de santé et de protestation (parcours à venir)
18h à 19h30 :::: Pique-nique au Parc Champlain
19h30 à 22h30 : Marche de santé et de protestation (parcours à venir)
22h30 ::::::::::::: Arrivée à la Basilique Notre-Dame-du-Cap
La plus grosse manif de l'histoire des 15 juillet à Trois-Rivières!
Il s'est passé quelque chose d'historique à Trois-Rivières. Et ça s'est passé pas plus tard qu'hier, le 15 juillet 2012. Oh! Vous savez bien que je ne vous lâche pas ça pour rien. J'ai vérifié mes sources auprès du manifestif Batman Tremblay ainsi qu'auprès d'un ancien militant de la CSN que j'ai croisé par hasard. Il a connu mon père du temps qu'il travaillait au Cap-de-la-Madeleine pour la Reynold's Aluminium.
Oui, c'est confirmé. La contre-virée du maire est la plus grosse manif de tous les 15 juillet enregistrés dans la mémoire de tout un chacun. Jamais Trois-Rivières n'a été aussi rebelle pour un 15 juillet, qu'il soit caniculaire ou pas.
Nous étions exactement trente-quatre personnes hier, moins de cinquante selon la loi 78, pour dire notre façon de nous dépenser pour la démocratie à Trois-Rivières. Nous étions là pour péter la balloune d'un maire autocrate qui n'a pas besoin de la démocratie et qui s'en vante de Québec à Saint-Georges-de-Beauce pour nous faire honte.
La contre-virée du maire a été couverte par nos médias locaux ici (propriété de Paul Desmarais), ici et là.
Il faut bien que j'y ajoute quelque chose. D'abord, que c'était la plus grosse manif de toute l'histoire de Trois-Rivières pour un 15 juillet.
Je suis arrivé au Parc portuaire vers onze heures avec mes ballounes. C'était le point de départ de la manif. L'endroit idéal pour caricaturer des tas de maire Yves Lévesque sur des ballounes en écrivant un petit haïku du genre Pétons la balloune du maire.
Steve et ses camarades Unetelle, Val et Dee Jay Lynx sont arrivés avec leur kit de son pour mettre un peu de beat dans la manif.
Il y avait aussi Stéphane et le gars aux rastas de CUTV qui partent un projet de web télé en direct à Trois-Rivières pour brasser la cage de nos chers politiciens locaux. Ouf! Vous n'avez pas fini d'en voir de toutes les couleurs avec ce qui s'en vient. C'est malade!
Jacques ne pouvait pas manquer cette manif contre le maire, lui qui ne doit pas en avoir manquée une seule. Solide comme un chêne, Jacques.
Jacqueline prenait des photos pour immortaliser ce moment historique. Sans elle, vous ne verriez pas ce qui permet d'illustrer ce petit reportage gonzo.
François portait un christie de gros carré rouge. François, le gars qui joue souvent du clavier dans le parc.
Puis il y avait aussi plein de gens dont les noms m'échappent. Dont cette dame de soixante-dix ans qui me demandait si la manif allait partir bientôt. Bientôt elle nous dirait que nous ne marchions pas assez vite alors qu'on s'inquiétait de la voir succomber à un coup de chaleur...
La policière de service pour ouvrir la marche dans son auto-patrouille était toute de noir vêtue. Ces uniformes de constables me semblent faits de fortrel, un produit textile qui n'est pas très bon pour la peau par temps de canicule. Heureusement qu'elle avait l'air climatisé dans son véhicule. Autrement j'aurais manifesté avec elle pour que les policiers obtiennent de meilleures conditions de travail, dont celles de pouvoir dire non à l'idée de devenir la police politique d'un régime corrompu.
Il fallait tout de même partir cette marche parce que la policière s'impatientait.
-Ça fait déjà quinze minutes que j'attends que ça parte! qu'elle m'a dit, comme si elle ne voyait pas que j'étais occupé à dessiner sur des ballounes.
-Pas de problèmes madame! On va annoncer le début de la marche.. que je lui réponds.
Je m'en vais voir Steve OG pour lui dire que la policière s'impatiente puis il me demande si je peux l'annoncer. Pourquoi pas, hein? Alors je grimpe sur un banc et je fais l'annonce.
-La marche va commencer dans quelques instants. Je vous inviterais à prendre une balloune. On va marcher dans les rues du centre-ville pis on va revenir icitte, au Parc portuaire, pour péter la balloune du maire!
Les manifestants me font la politesse de prendre une des ballounes. Chaque balloune est caricaturée à l'image de notre cher maire.
Et puis on marche. Steve et Val tiennent une banderole. Vous la voyiez ici sur la photo. Je suis juste derrière avec ma pancarte.
On scande des slogans plus ou moins improvisés.
-Lévesque, on est là, pour péter ta balloune! Lévesque, on est là, pour péter ta balloune!
Puis on en rajoute.
-L'Hôtel de Ville est corrompu / C'est pour ça qu'on est dans la rue...
Au bout de cinq minutes, ce slogan improvisé se transforme en chanson folklorique. Il tombe juste à point pour le dernier droit sur la rue des Forges, une rue TR-ès achalandée du centre-ville.
Plusieurs badauds et automobilistes nous signifient leur soutien. Une mendiante, assise sur le trottoir à côté des Escomptes, se lève pour crier un moment avec nous.
Batman Tremblay nous rejoint avec un petit retard bien compréhensible. Il porte un uniforme allégé. Sa batcape a été remplacée par une chemise carreautée blanche et bleue. Batman Tremblay est devenu une figure de la contestation à Trois-Rivières, comme nos camarades Anarchopanda et Banane Rebelle, à Montréal et Québec.
Dee Jay Lynx a ajusté les micros pour que Steve prenne la parole. Il nous a lu un texte incisif dénonçant les multiples atteintes à la démocratie du maire Yves Lévesque.
Puis ce fût mon tour de prendre le micro.
J'ai empoigné la pompe à souffler les ballounes.
-Ça, c'est pas une pompe à souffler les ballounes... Ça représente les deniers publics, les deniers publics qui gonflent la balloune Yves Lévesque... Un mandat, deux mandats... Et la balloune gonfle... Puis un jour, pfffuitt! Sky is the limit!
Et là, je lâche la balloune qui s'envole tout en se dégonflant...
Je poursuis mon speech en sacrant un peu. (Chartrand sort de ce corps!)
Pendant que je sacre au micro, des démonteurs de scène s'affairent devant nous. Ils sont plutôt réceptifs à mon speech. Trois d'entre eux nous montrent leurs fesses en gueulant des trucs du genre «Fuck Lévesque!». Quels travailleurs conscientisés! me dis-je. Puis je continue.
-On passera pas toujours pour une ville de tarlais tabarnak! Bon, eh bien je vous invite maintenant à péter la balloune du maire. Prenez-vous de la manière que vous voulez. Moé j'vais la péter avec mon cul.
Je pète la balloune avec mon cul. Paf! Les participants semblent apprécier ce trait d'humour proprement magoua.
Puis d'autres orateurs se succèdent, dont Val, Batman Tremblay, Dee Jay Lynx et Jacques, Jacques qui en a à découdre contre la fluoration de l'eau potable à Trois-Rivières, un moyen de recycler les déchets de l'industrie du nucléaire selon lui et de nous rendre tous légumes.
Deux camelots circulent pour vendre le journal de rue La Galère, qui a succédé au Vagabond, dont j'étais le boss des bécosses en chef.
L'animation musicale de Dee Jay Lynx nous permet de nous remettre d'avoir péter la balloune du maire. Deux pros du breakdance viennent nous faire une petite démonstration époustouflante. Comme quoi l'opposition au maire touche toutes les couches de la population. Yo man! Respect sacrament!
J'ai continué de parler avec ceux qui sont restés sur place.
D'autres discours ont suivi. Dont la lecture du manifeste de la CLASSE.
Puis je suis rentré chez-moi, fier d'avoir participé à ce moment historique, la plus grosse manif qui soit survenue un 15 juillet à Trois-Rivières, en pleine canicule.
Crédits photos: Jacqueline Poirier
dimanche 15 juillet 2012
jeudi 12 juillet 2012
Venez péter la balloune du maire de Trois-Rivières!
Merci de diffuser largement ce petit dessin partout sur l'Internet et sur le territoire trifluvien.
Merci de soutenir la démocratie à Trois-Rivières.
mardi 10 juillet 2012
Le pouvoir populaire de Mascouche à Trois-Rivières
Notre démocratie est largement factice et repose sur le consentement quadriennal ou quinquennal d'une minorité des citoyens en âge de voter. Nos gouvernements se donnent des airs de consentement populaire quand, dans les faits la majorité des citoyens n'ont pas voté pour eux.
Anciennement, le roi pouvait toujours dire que son pouvoir lui venait de Dieu. C'est trompeur mais tout le monde savait que c'était une histoire fumeuse. Pour la démocratie, c'est encore pire. Les députés mentent à tour de bras non seulement pour dire que Dieu leur a donné les pleins pouvoirs. Ils mentent pour faire de la politique. Ils mentent comme des arracheurs de dents, des avocats ou des journalistes, des professions sur-représentées dans nos assemblées populaires.
Au fédéral, les conservateurs sabordent le Canada et les Canadiens comme si c'était une vente de liquidation. Les dollars publics revolent sur des contrats militaires. L'argent est retiré aux organismes qui favorisent la prise de pouvoir et la prise de parole des citoyens. On fait tout pour exclure les citoyens du jeu démocratique en s'inventant des majorités silencieuses qui n'existent ni pour les conservateurs ni pour les marxistes. Tout pays est constitué de minorités physiques et intellectuelles. Dont la minorité qui a élu le gouvernement et l'autre minorité qui croit que la démocratie c'est de la marde. La chicane est prise entre toutes ces minorités et le fédéral surfe sur la vague de l'aboulie généralisée de la communauté.
Au provincial, les libéraux font pareil, sinon pire, puisqu'ils sont là depuis plus longtemps. Leurs stratagèmes dégueulasses n'étonnent plus personne. Au mieux l'on entend parfois un gérant d'estrade dire que ça prend des corrompus comme Untel ou Untello pour donner de la job au monde. Même ceux qui soutiennent les libéraux admettent qu'ils sont corrompus, mafieux et tout le reste. Donc, cela ne sert plus à rien de camoufler ce jeu-là. Les plus réalistes d'entre les libéraux défendent fermement le mensonge, la corruption et les matraques.
Pour ce qui est de la politique municipale, eh bien ça brassait hier à Mascouche où le maire fait face à la justice dans des affaires de fraude et de corruption. Ils étaient trois cents personnes dans la rue, dimanche dernier, pour demander sa destitution. Le maire s'est présenté au conseil de ville sous escorte policière hier tandis que la foule lui criait «Dehors! Dehors!» et autres surnoms évoquant la pourriture ou les déjections humaines.
Dimanche prochain à midi, pour donner du corps et de l'âme à la démocratie, je serai au Parc portuaire de Trois-Rivières pour me joindre aux manifestants qui réclament la démission du maire Yves Lévesque.
Ai-je besoin de m'expliquer encore? Après le Printemps Érable, c'est l'été des petites douceurs. Une petite marche au soleil, dimanche, avec une pancarte en faveur du rétablissement du pouvoir populaire à Mascouche, Laval, Trois-Rivières, Québec, Alouette... eh bien ça me semble une bonne action.
Le jour approche où nous le ferons tous en même temps devant chaque hôtel de ville, chaque parlement corrompus du pays. Pour l'entraînement, il y en a qui sont devenus pas mal solides après plus de soixante-dix jours de manifestations nocturnes. Ça promet.
samedi 7 juillet 2012
Juillet, les manifs, les chats, le vélo, le boson de Higgs...
Le mois de juillet est étonnamment calme. La tension sociale est palpable. Elle sera à son comble à la mi-août. Puis ce sera l'inévitable révolution. Aucun gouvernement sur la planète ne peut résister à la pression de la rue. La rue demeure la plus haute instance constitutionnelle, autant au Québec qu'en Russie ou bien en Syrie.
Le régime libéral est mort et les libéraux ne le savent pas encore. Ils ont beau se parfumer que c'est l'odeur du cadavre qui prend le dessus.
Chaque minute, chaque seconde vécues sous ce gouvernement nous réconcilie avec le truc des ambulanciers qui consiste à se mettre de l'essence d'eucalyptus sous le nez pour déjouer l'odorat.
Le nez se trouble quand il respire la charogne. Et cela finit par empuantir tout le corps social. Tout le monde se retrouve en situation de crise permanente. Tout le monde se sert avant que cela ne s'effondre sur tout le monde. L'un se sauve avec l'argenterie. L'autre avec le pétrole et les mines. Tout ça dans le plus grand mépris du peuple, pour servir les intérêts cupides de quelques promoteurs sans âme, avides de nos biens et de nos ressources.
Le combat est loin d'être terminé. Il devra aussi se jouer au plan des valeurs et de l'éthique. Ce sera un combat épique entre la vérité et le mensonge, entre la solidarité et l'avidité, entre le respect d'autrui et les matraques. C'est du moins ma prédiction, pour ce qu'elle vaut. Personne ne m'a payé pour écrire ça. Je ne suis pas un professionnel. Je ne suis pas objectif. Pour l'objectivité lisez Le Torchon ou bien La Paresse. Ils ont du métier dans le ventre même s'ils sont sans coeur.
***
Subjectivement parlant, je me suis étonné d'un rien ce matin. Un nuage formait une mince ligne rose saumon au soleil levant. Pendant ce temps, un chat de ruelle plutôt maigrelet marchait sur la clôture qui nous sépare de nos voisins de l'ouest. Il perdait patte de temps à autre sur ce corridor étroit d'une largeur d'un pouce. Pourtant, son corps tanguait mieux que n'importe quel équilibriste humanoïde ne l'aurait fait. C'était tout un ballet de chat, ça...
En vélo, hier matin, j'ai aussi pris conscience du transfert de poids qui nous permet de garder l'équilibre sur deux roues. Je filais à vive allure et me penchais dans les courbes pour mieux y mordre avec les pneus neufs de mon vélo de montagne. Le poids passait à gauche, puis à droite, comme si des bosons de Higgs conféraient de la masse à mes articulations musculaires. C'était une sensation étrange, dans la mesure où la plupart du temps je m'en fous totalement et n'y vois aucune raison d'y réfléchir et encore moins d'écrire à ce sujet.
Pour ce qui est de la physique quantique, eh bien on aurait tort de ne pas s'y intéresser. Faut faire un peu de gymnastique intellectuelle en prévision du méga combat électoral qui s'amène au Québec. Le monde bouge vite dans ce coin-ci. Vous n'avez pas idée...
Le régime libéral est mort et les libéraux ne le savent pas encore. Ils ont beau se parfumer que c'est l'odeur du cadavre qui prend le dessus.
Chaque minute, chaque seconde vécues sous ce gouvernement nous réconcilie avec le truc des ambulanciers qui consiste à se mettre de l'essence d'eucalyptus sous le nez pour déjouer l'odorat.
Le nez se trouble quand il respire la charogne. Et cela finit par empuantir tout le corps social. Tout le monde se retrouve en situation de crise permanente. Tout le monde se sert avant que cela ne s'effondre sur tout le monde. L'un se sauve avec l'argenterie. L'autre avec le pétrole et les mines. Tout ça dans le plus grand mépris du peuple, pour servir les intérêts cupides de quelques promoteurs sans âme, avides de nos biens et de nos ressources.
Le combat est loin d'être terminé. Il devra aussi se jouer au plan des valeurs et de l'éthique. Ce sera un combat épique entre la vérité et le mensonge, entre la solidarité et l'avidité, entre le respect d'autrui et les matraques. C'est du moins ma prédiction, pour ce qu'elle vaut. Personne ne m'a payé pour écrire ça. Je ne suis pas un professionnel. Je ne suis pas objectif. Pour l'objectivité lisez Le Torchon ou bien La Paresse. Ils ont du métier dans le ventre même s'ils sont sans coeur.
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Subjectivement parlant, je me suis étonné d'un rien ce matin. Un nuage formait une mince ligne rose saumon au soleil levant. Pendant ce temps, un chat de ruelle plutôt maigrelet marchait sur la clôture qui nous sépare de nos voisins de l'ouest. Il perdait patte de temps à autre sur ce corridor étroit d'une largeur d'un pouce. Pourtant, son corps tanguait mieux que n'importe quel équilibriste humanoïde ne l'aurait fait. C'était tout un ballet de chat, ça...
En vélo, hier matin, j'ai aussi pris conscience du transfert de poids qui nous permet de garder l'équilibre sur deux roues. Je filais à vive allure et me penchais dans les courbes pour mieux y mordre avec les pneus neufs de mon vélo de montagne. Le poids passait à gauche, puis à droite, comme si des bosons de Higgs conféraient de la masse à mes articulations musculaires. C'était une sensation étrange, dans la mesure où la plupart du temps je m'en fous totalement et n'y vois aucune raison d'y réfléchir et encore moins d'écrire à ce sujet.
Pour ce qui est de la physique quantique, eh bien on aurait tort de ne pas s'y intéresser. Faut faire un peu de gymnastique intellectuelle en prévision du méga combat électoral qui s'amène au Québec. Le monde bouge vite dans ce coin-ci. Vous n'avez pas idée...
jeudi 5 juillet 2012
Le reptile qui récupéra une sonde d'origine humaine aux confins du système solaire N-87490391
Micromégas avait perçu un objet volant non identifié aux confins du système solaire N-87490391, quelque part dans la Galaxie Blanche. Il y avait deux bipèdes à mamelles dessinés sur l'objet, probablement une sonde provenant d'une quelconque tribu de ce système. À bien y regarder, les dessins semblaient même indiqués que la sonde provenait de la troisième planète de ce petit soleil. C'était sans doute ces humains dont parlaient les légendes de Sirius.
Hunkletomme les avaient visité il y a des siècles de cela. C'est dans Les chroniques de Sirius de l'année 23 789 de l'ère sidérale. Hunkletomme rapporte, sur une vieille cellule mémorielle conservée aux Archives siriusiennes, que les humains sont des êtres chicaniers, difficilement disposés à développer leur cerveau, bien qu'il y ait quelques bons résultats parmi eux.
Hunkletomme recommande aux voyageurs galactiques d'éviter cette planète bleue, d'autant plus qu'ils s'autodétruisent avec une complaisance dégoûtante. Ils ne portent aucun respect envers les reptiles et risqueraient de ne pas apprécier notre apparence plus reptilienne qu'humaine.
Le reptile, sur terre, n'est pas encore très évolué et c'est tant mieux. Il s'adapte à tous les environnements ou presque, bien qu'on n'en retrouve pas trop aux deux pôles gelés de cette planète. Sur cette planète, les humains, des mammifères, dominent en quelque sorte sur toutes les créatures, même les reptiles.
Les humains sont des cannibales. Ils se font la guerre entre eux. L'instinct de survie n'est pas tout à fait grégaire. Ils sont imprévisibles. Bons un jour et méchants le lendemain. Solitaires le matin et en meute le soir. On ne peut jamais leur faire confiance. Ce ne sont pas des reptiles, bien entendu, et c'est un caprice de la Création que ce monde soit dominé par ces gros mammifères pas très raffinés d'esprit.
C'est une désolation que les reptiles y soient si effacés. Comme s'il y avait eu une grande catastrophe. Une collision avec un astéroïde. Quelque chose qui aurait profondément modifié le cours naturel du développement reptilien au profit de ces mammifères qui, sur toutes les autres planètes, sont toujours parmi les créatures les plus misérables qui ne se nourrissent que de boue et de déjections.
Vous comprenez que Micromégas ne se soit pas aventuré de ce côté-là. Il s'est seulement contenté de récupérer l'objet d'origine humaine qui sonde la présence de créatures dans l'univers infini. Ce n'est pas bon de forcer le savoir chez des primitifs. Pas bon de leur faire croire que nous existons, nous les Reptiles.
C'est ce que Micromégas a retenu de Hunkletomme. Et il ne va rien signaler sur son rapport. Seulement récupérer l'objet et l'envoyer aux Archives, pour le bénéfice des étudiants en rituels tribaux primaires. S'il fallait enquêter sur toutes ces tribus qui lancent des sondes dans l'univers, pour voir si nous y sommes, eh bien on n'en finirait plus.
Hunkletomme les avaient visité il y a des siècles de cela. C'est dans Les chroniques de Sirius de l'année 23 789 de l'ère sidérale. Hunkletomme rapporte, sur une vieille cellule mémorielle conservée aux Archives siriusiennes, que les humains sont des êtres chicaniers, difficilement disposés à développer leur cerveau, bien qu'il y ait quelques bons résultats parmi eux.
Hunkletomme recommande aux voyageurs galactiques d'éviter cette planète bleue, d'autant plus qu'ils s'autodétruisent avec une complaisance dégoûtante. Ils ne portent aucun respect envers les reptiles et risqueraient de ne pas apprécier notre apparence plus reptilienne qu'humaine.
Le reptile, sur terre, n'est pas encore très évolué et c'est tant mieux. Il s'adapte à tous les environnements ou presque, bien qu'on n'en retrouve pas trop aux deux pôles gelés de cette planète. Sur cette planète, les humains, des mammifères, dominent en quelque sorte sur toutes les créatures, même les reptiles.
Les humains sont des cannibales. Ils se font la guerre entre eux. L'instinct de survie n'est pas tout à fait grégaire. Ils sont imprévisibles. Bons un jour et méchants le lendemain. Solitaires le matin et en meute le soir. On ne peut jamais leur faire confiance. Ce ne sont pas des reptiles, bien entendu, et c'est un caprice de la Création que ce monde soit dominé par ces gros mammifères pas très raffinés d'esprit.
C'est une désolation que les reptiles y soient si effacés. Comme s'il y avait eu une grande catastrophe. Une collision avec un astéroïde. Quelque chose qui aurait profondément modifié le cours naturel du développement reptilien au profit de ces mammifères qui, sur toutes les autres planètes, sont toujours parmi les créatures les plus misérables qui ne se nourrissent que de boue et de déjections.
Vous comprenez que Micromégas ne se soit pas aventuré de ce côté-là. Il s'est seulement contenté de récupérer l'objet d'origine humaine qui sonde la présence de créatures dans l'univers infini. Ce n'est pas bon de forcer le savoir chez des primitifs. Pas bon de leur faire croire que nous existons, nous les Reptiles.
C'est ce que Micromégas a retenu de Hunkletomme. Et il ne va rien signaler sur son rapport. Seulement récupérer l'objet et l'envoyer aux Archives, pour le bénéfice des étudiants en rituels tribaux primaires. S'il fallait enquêter sur toutes ces tribus qui lancent des sondes dans l'univers, pour voir si nous y sommes, eh bien on n'en finirait plus.
mercredi 4 juillet 2012
Le Torchon est distribué gratuitement à Trois-Rivières
Cela fera bientôt quatre mois que cet imbécile s'en prend au mouvement étudiant en le diabolisant dans le journal qui le paie pour publier des opinions dignes d'un torchon. Et ça tombe bien puisque ce journal est un vrai torchon.
Hier, fatigué de se faire traiter de fasciste dans les rues de Montréal, Marde-Dino est allé se promener en région pour voir s'il allait recevoir de la marde.
Dans les régions comme la mienne, on ne lit pas trop Le Torchon. Même qu'ils m'ont proposé de me le donner deux fois par semaine pendant quatre mois, l'édition du lundi puis celle de mercredi. Un test pour me permettre d'apprécier Le Torchon dans le but de m'abonner, qui sait, si je ne peux plus me passer du Torchon suite à cette offre à couper le souffle.
-J'lis pas l'Torchon madame, que j'ai répondu à la pauvrette qui colportait pour Le Torchon, lundi soir dernier.
-Il y a la chronique de Fécal et celle de Marde-Dino...
-J'lis pas ça, madame... J'ai l'Internet.
Donc, elle est partie avec sa pile d'exemplaires gratuits du journal Le Torchon sous le bras.
Quand Marde-Dino passe dans une région comme la mienne, personne ne le reconnaît. Et personne ne va le tirer par la manche pour lui dire qu'il jouit en le lisant. Je suis représentatif de ma région: gardez-le votre Torchon! Je n'en voudrais même pas pour emballer le poisson.
Ça, ça se passe dans la tête de Marde-Dino, l'idée que l'on est sa majorité silencieuse.
En vérité, tout le monde se calisse du Torchon et de Marde-Dino. C'est pas pour rien qu'on veut nous le donner gratisse pendant quatre mois, jusqu'aux élections, pour satisfaire l'avidité sale des spin doctors de la politique et autres licheux de cul à la solde de PPPP (profits privés, pertes publiques). En région, on se calisse de toutte. Nous sommes plutôt nonchalants et anarchiques. Difficilement mobilisables pour qui que ce soit, même pour les libéraux.
Marde-Dino peut marcher en Mauricie sans crainte. Il tombera sur un carré rouge de temps en temps. Juste ce qu'il faut pour lui donner un peu de boost pour écrire sur le péril rouge, jaune, juif ou arabe comme un hostie d'maillet. Personne ne va lui tomber sur la cravate. Pas parce qu'on l'aime. Juste parce qu'on se calisse de lui. Vis ta vie pis écoeure-nous pas mon oncle. Fais tremper tes pieds si tu marches trop longtemps. Mets un foulard. Mouche ton nez...
Le Torchon va le crisser dehors quand ils vont se rendre compte que même gratisse on ne veut rien savoir de Marde-Dino, Fécal et autres fientes du journalisme jaune.
Non, je ne lis pas ça Le Torchon. Ni La Paresse.
Je n'en veux même pas gratisse! C'est-y assez fort, hein?
Hier, fatigué de se faire traiter de fasciste dans les rues de Montréal, Marde-Dino est allé se promener en région pour voir s'il allait recevoir de la marde.
Dans les régions comme la mienne, on ne lit pas trop Le Torchon. Même qu'ils m'ont proposé de me le donner deux fois par semaine pendant quatre mois, l'édition du lundi puis celle de mercredi. Un test pour me permettre d'apprécier Le Torchon dans le but de m'abonner, qui sait, si je ne peux plus me passer du Torchon suite à cette offre à couper le souffle.
-J'lis pas l'Torchon madame, que j'ai répondu à la pauvrette qui colportait pour Le Torchon, lundi soir dernier.
-Il y a la chronique de Fécal et celle de Marde-Dino...
-J'lis pas ça, madame... J'ai l'Internet.
Donc, elle est partie avec sa pile d'exemplaires gratuits du journal Le Torchon sous le bras.
Quand Marde-Dino passe dans une région comme la mienne, personne ne le reconnaît. Et personne ne va le tirer par la manche pour lui dire qu'il jouit en le lisant. Je suis représentatif de ma région: gardez-le votre Torchon! Je n'en voudrais même pas pour emballer le poisson.
Ça, ça se passe dans la tête de Marde-Dino, l'idée que l'on est sa majorité silencieuse.
En vérité, tout le monde se calisse du Torchon et de Marde-Dino. C'est pas pour rien qu'on veut nous le donner gratisse pendant quatre mois, jusqu'aux élections, pour satisfaire l'avidité sale des spin doctors de la politique et autres licheux de cul à la solde de PPPP (profits privés, pertes publiques). En région, on se calisse de toutte. Nous sommes plutôt nonchalants et anarchiques. Difficilement mobilisables pour qui que ce soit, même pour les libéraux.
Marde-Dino peut marcher en Mauricie sans crainte. Il tombera sur un carré rouge de temps en temps. Juste ce qu'il faut pour lui donner un peu de boost pour écrire sur le péril rouge, jaune, juif ou arabe comme un hostie d'maillet. Personne ne va lui tomber sur la cravate. Pas parce qu'on l'aime. Juste parce qu'on se calisse de lui. Vis ta vie pis écoeure-nous pas mon oncle. Fais tremper tes pieds si tu marches trop longtemps. Mets un foulard. Mouche ton nez...
Le Torchon va le crisser dehors quand ils vont se rendre compte que même gratisse on ne veut rien savoir de Marde-Dino, Fécal et autres fientes du journalisme jaune.
Non, je ne lis pas ça Le Torchon. Ni La Paresse.
Je n'en veux même pas gratisse! C'est-y assez fort, hein?
mardi 3 juillet 2012
Monsieur le député du comté de Charogne-sur-Saint-Laurent
Il gérait le Québec. Ce n'était pas une mince affaire. Certainement pas un film de Walt Disney. Non, c'était plutôt comme dans un film de Francis Ford Coppola. Le monde est encore le monde. On n'allait pas réinventer la roue de la fortune.
Il ne se préoccupait pas trop des milliers de nains qui pensaient instaurer le bonheur commun sur la Terre. Tout le monde souhaite fourrer son prochain, lui le premier, un type parti de rien, une crotte de nez qui passait le café aux réunions du parti, et qu'on avait propulsé au pouvoir parce qu'il avait une tronche de con sympathique en plus de ne savoir parler que de chiffres devant l'électorat. Le bonheur commun, les droits sociaux et tout le reste le faisaient chier de travers. Il était là pour améliorer sa situation, comme n'importe qui le ferait à sa place, ce qui lui permettait de voter sans sourciller des lois allant à l'encontre des intérêts du peuple. Après lui, le déluge. Allez rêver ailleurs bande de béhesses!
Il avait appris à ne pas mordre la main qui le nourrit. Les amis du pouvoir lui rapportaient bien plus que ce misérable salaire que l'État lui versait. Moins qu'un chirurgien, imaginez-vous, avec toute cette pression, ces poignées de main, ces soupers-bénéfices et ces enterrements...
Et on voudrait qu'un député ne se serve pas? No way. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Il ne serait pas plus fou que les autres. Il aurait bientôt lui aussi son hélicoptère en plus de son chalet à Saint-Alexis-des-Rocs.
En attendant, il avait une maison, une piscine, une tondeuse, une femme, des enfants et un chien, Gumbo, un berger allemand pour camoufler ses instincts de peureux. Le député du comté de Charogne-sur-Saint-Laurent était promu à un avenir prometteur. Et sapristi qu'il aimait son chien Gumbo. Si doux. Si affectueux...
Son gazon était impeccable. Personne ne tapait sur des chaudrons dans son quartier. D'abord, l'autobus ne passait pas dans le secteur. Pas question que Gumbo ne se fasse frapper par du transport en commun! Et puis il fallait zigzaguer longtemps sur une route en gravier avant d'arriver à ce petit paradis de cinoche. Il n'y avait que des gens en moyens dans ce nouveau secteur qui rappelait un peu La croisière s'amuse ou bien une émission d'été avec des animateurs plates qui ricanent dans leur bermudas fleuris.
Ce n'est pas en vivant parmi des trous du cul qu'on devient quelqu'un.
Cette maxime était toute la morale du député du comté Charogne-sur-Saint-Laurent qui se faisait réélire tous les quatre ans par à peu près 51% des vieux en âge de se déplacer. Ce qui représentait à peu près 19% des électeurs. La grande majorité ne se déplaçait plus pour voter. Comme si plus personne ne voulait jouer à ce jeu-là.
-Qu'i' mangent d'la marde s'i' veulent pas voter! Nous autres on fait bouger el'Québec sacrament! qu'il disait, tout en se curant les dents et en se pétant les bretelles.
Évidemment, toute mauvaise chose a une fin. Il est un peu plus nerveux ces temps-ci. Ses cheveux ont blanchi. Ses traits sont tirés. Il n'a plus la belle faconde d'avant la crise.
Ses bas instincts d'opportunistes le portent à croire qu'il n'est plus dans le coup et que la roue de la fortune va tourner d'un autre bord.
C'est rare dans le monde qu'il y ait autant de monde dans les rues sans que cela ne finisse par la fuite ou la défaite du gouvernement. Il lit un peu, tout de même. On a beau vouloir le beurre et l'argent du beurre qu'on trouve les moyens de s'informer un peu, comme tout le monde.
Aussi bien tout crisser ça là et laisser passer la tempête... Mouais... C'est sûr que le Cheuf ne verrait pas ça d'un bon oeil... Hum... Calice de politique sale!
Il ne se préoccupait pas trop des milliers de nains qui pensaient instaurer le bonheur commun sur la Terre. Tout le monde souhaite fourrer son prochain, lui le premier, un type parti de rien, une crotte de nez qui passait le café aux réunions du parti, et qu'on avait propulsé au pouvoir parce qu'il avait une tronche de con sympathique en plus de ne savoir parler que de chiffres devant l'électorat. Le bonheur commun, les droits sociaux et tout le reste le faisaient chier de travers. Il était là pour améliorer sa situation, comme n'importe qui le ferait à sa place, ce qui lui permettait de voter sans sourciller des lois allant à l'encontre des intérêts du peuple. Après lui, le déluge. Allez rêver ailleurs bande de béhesses!
Il avait appris à ne pas mordre la main qui le nourrit. Les amis du pouvoir lui rapportaient bien plus que ce misérable salaire que l'État lui versait. Moins qu'un chirurgien, imaginez-vous, avec toute cette pression, ces poignées de main, ces soupers-bénéfices et ces enterrements...
Et on voudrait qu'un député ne se serve pas? No way. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Il ne serait pas plus fou que les autres. Il aurait bientôt lui aussi son hélicoptère en plus de son chalet à Saint-Alexis-des-Rocs.
En attendant, il avait une maison, une piscine, une tondeuse, une femme, des enfants et un chien, Gumbo, un berger allemand pour camoufler ses instincts de peureux. Le député du comté de Charogne-sur-Saint-Laurent était promu à un avenir prometteur. Et sapristi qu'il aimait son chien Gumbo. Si doux. Si affectueux...
Son gazon était impeccable. Personne ne tapait sur des chaudrons dans son quartier. D'abord, l'autobus ne passait pas dans le secteur. Pas question que Gumbo ne se fasse frapper par du transport en commun! Et puis il fallait zigzaguer longtemps sur une route en gravier avant d'arriver à ce petit paradis de cinoche. Il n'y avait que des gens en moyens dans ce nouveau secteur qui rappelait un peu La croisière s'amuse ou bien une émission d'été avec des animateurs plates qui ricanent dans leur bermudas fleuris.
Ce n'est pas en vivant parmi des trous du cul qu'on devient quelqu'un.
Cette maxime était toute la morale du député du comté Charogne-sur-Saint-Laurent qui se faisait réélire tous les quatre ans par à peu près 51% des vieux en âge de se déplacer. Ce qui représentait à peu près 19% des électeurs. La grande majorité ne se déplaçait plus pour voter. Comme si plus personne ne voulait jouer à ce jeu-là.
-Qu'i' mangent d'la marde s'i' veulent pas voter! Nous autres on fait bouger el'Québec sacrament! qu'il disait, tout en se curant les dents et en se pétant les bretelles.
Évidemment, toute mauvaise chose a une fin. Il est un peu plus nerveux ces temps-ci. Ses cheveux ont blanchi. Ses traits sont tirés. Il n'a plus la belle faconde d'avant la crise.
Ses bas instincts d'opportunistes le portent à croire qu'il n'est plus dans le coup et que la roue de la fortune va tourner d'un autre bord.
C'est rare dans le monde qu'il y ait autant de monde dans les rues sans que cela ne finisse par la fuite ou la défaite du gouvernement. Il lit un peu, tout de même. On a beau vouloir le beurre et l'argent du beurre qu'on trouve les moyens de s'informer un peu, comme tout le monde.
Aussi bien tout crisser ça là et laisser passer la tempête... Mouais... C'est sûr que le Cheuf ne verrait pas ça d'un bon oeil... Hum... Calice de politique sale!
lundi 2 juillet 2012
Les récits de la Kolyma
La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.
Joseph Staline, Écrits et discours
Des millions d'hommes sont disparus dans les camps de la mort de Staline. Le pergélisol russe enferme leurs corps à jamais. Personne n'ira les déterrer pour les dénombrer. Un holocauste passé inaperçu, dont on entend le lointain écho d'écrivains comme Soljenitsyne, Solomon, Guinsbourg et, bien sûr, Chalamov.
La région de la Kolyma, située à l'Extrême-Nord de la Sibérie, était la plus rude d'entre toutes. Plus de 30% des prisonniers politiques envoyés mourraient dans la première année. Un peu de moins de 100% dans la seconde. La Kolyma: douze mois d'hiver et le reste c'est l'été...
C'est en soi un miracle que Varlam Chalamov ait survécu à la Kolyma. Il y a passé dix-sept années de sa vie pour avoir participé à une manifestation avec l'opposition trotskyste, ensuite pour avoir déclaré que Bounine était un classique de la littérature russe... Ça n'en prenait pas plus en ces années-là pour tomber sous le coup de l'article 58: ennemi du peuple.
L'ennemi du peuple était au bas de l'échelle alimentaire des colonies pénitentiaires staliniennes. On devait le contraindre aux travaux les plus pénibles dans des conditions où même les chevaux mourraient de froid. Ce qui fit dire à Chalamov que l'être humain est le plus fort d'entre tous, puisqu'il survit quand tous les autres animaux préféreraient mourir plutôt que d'obéir aux ordres.
Les voleurs et les truands, les droits communs, pouvaient rosser, dévaliser et humilier ces «caves» articles 58, ces ennemis du peuple fainéants et bons à rien.
Du matin au soir, les articles 58 soulevaient des brouettes avec la sous-ration que Staline leur donnait, de quoi devenir un squelette sur deux pattes dès la première année.
Chalamov a survécu à l'impossible en comblant cette existence vide et morne de forçat avec un sens poétique aiguë.
Les récits de la Kolyma se lisent un peu comme s'ils étaient la version moderne du livre de Job, en moins braillard. Chaque anecdote est un défi pour raviver la mémoire de souvenirs qui ne devraient pas en être.
Car il n'y a rien à apprendre de la Kolyma, rien. Chalamov le répète d'une page à l'autre, sur 1460 pages.
Et curieusement, c'est du grand art qui en ressort. Parce que c'est profondément vrai. Parce qu'en dépit des coups, des humiliations et des blessures, Chalamov préserve l'essentiel, la poésie, ce regard détaché sur les hommes et sur la nature. Cette force stoïque servie par les airelles, les mélèzes, les pins et les nuages de la Kolyma.
S'il n'y avait pas la nature dans les récits de Chalamov, sans doute que ces récits ne nous seraient jamais parvenus. C'est dans la nature que Chalamov trouve son temple pour sortir un moment de cet enfer où ce sont les bons qui sont punis par les méchants.
Dans les camps déshumanisants de la Kolyma, Chalamov peut se passer de chier, d'uriner, de boire et même de manger, puisque c'est comme ça, mais il ne peut pas se passer de poésie.
Voilà pourquoi ces Récits de la Kolyma ont cette saveur poétique. Comme si l'auteur était en paix avec cette mort qu'il a frôlé de près tous les jours de son incarcération. Comme s'il voyait enfin le monde tel qu'il est, sale, dégoûtant, ignoble, avec des airelles sous les mélèzes.
Lorsque parut Une journée d'Ivan Denissovitch de Alexandre Soljenitsyne, Chalamov lui reprocha d'avoir mis un chat dans son récit. À la Kolyma, ce chat n'aurait pas survécu deux secondes de plus et aurait vite terminé dans l'assiette des détenus. D'où le souci chez Chalamov de ne pas engourdir son sujet sous la littérature. Il traite crûment de ses dix-sept années de détention dans les camps de la mort de Staline. Et il en revint démoli à jamais, l'amour, les amis, tout ça ruiné par l'expérience de la Kolyma.
La tragédie s'est poursuivi longtemps après sa libération en 1953, à la mort de Staline.
On n'a pas voulu publier ces récits des camps de la mort en Union soviétique. On a laissé publier quelques poèmes de Chalamov sur les airelles et les mélèzes, mais rien de plus.
Évidemment, les temps ont changé, là comme ailleurs. Le public russophone a maintenant accès à cette oeuvre capitale de leur littérature. Tout comme nous, sur l'autre face de l'hémisphère Nord.
Je pourrais vous citer Chalamov, pour bien faire. Mais Chalamov ne se laisse pas facilement encloisonner.
Aussi, il n'y a rien de mieux que de vous l'approprier vous-même afin qu'il n'y ait plus jamais de camps de la mort comme ceux qu'il y avait dans la Kolyma du camarade Staline.
C'est une lecture capitale pour comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Pour nous préserver de toutes les formes du fascisme, national-socialiste ou national-communiste.
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Bibliographie:
Récits de la Kolyma |
Varlam Chalamov |
Traduction du russe par Catherine Fournier , Sophie Benech et Luba Jurgenson Maître d'oeuvre : Luba Jurgenson Postface de Michel Heller Nouvelle édition intégrale Éditions Verdier / collection slava Quelques ressources pour le débutant: Varlam Chalamov -article de l'encyclopédie Wikipédia Site officiel de Varlam Chalamov (en anglais et en russe) Quelques récits traduits en anglais, ici. |