lundi 16 juillet 2012
La plus grosse manif de l'histoire des 15 juillet à Trois-Rivières!
Il s'est passé quelque chose d'historique à Trois-Rivières. Et ça s'est passé pas plus tard qu'hier, le 15 juillet 2012. Oh! Vous savez bien que je ne vous lâche pas ça pour rien. J'ai vérifié mes sources auprès du manifestif Batman Tremblay ainsi qu'auprès d'un ancien militant de la CSN que j'ai croisé par hasard. Il a connu mon père du temps qu'il travaillait au Cap-de-la-Madeleine pour la Reynold's Aluminium.
Oui, c'est confirmé. La contre-virée du maire est la plus grosse manif de tous les 15 juillet enregistrés dans la mémoire de tout un chacun. Jamais Trois-Rivières n'a été aussi rebelle pour un 15 juillet, qu'il soit caniculaire ou pas.
Nous étions exactement trente-quatre personnes hier, moins de cinquante selon la loi 78, pour dire notre façon de nous dépenser pour la démocratie à Trois-Rivières. Nous étions là pour péter la balloune d'un maire autocrate qui n'a pas besoin de la démocratie et qui s'en vante de Québec à Saint-Georges-de-Beauce pour nous faire honte.
La contre-virée du maire a été couverte par nos médias locaux ici (propriété de Paul Desmarais), ici et là.
Il faut bien que j'y ajoute quelque chose. D'abord, que c'était la plus grosse manif de toute l'histoire de Trois-Rivières pour un 15 juillet.
Je suis arrivé au Parc portuaire vers onze heures avec mes ballounes. C'était le point de départ de la manif. L'endroit idéal pour caricaturer des tas de maire Yves Lévesque sur des ballounes en écrivant un petit haïku du genre Pétons la balloune du maire.
Steve et ses camarades Unetelle, Val et Dee Jay Lynx sont arrivés avec leur kit de son pour mettre un peu de beat dans la manif.
Il y avait aussi Stéphane et le gars aux rastas de CUTV qui partent un projet de web télé en direct à Trois-Rivières pour brasser la cage de nos chers politiciens locaux. Ouf! Vous n'avez pas fini d'en voir de toutes les couleurs avec ce qui s'en vient. C'est malade!
Jacques ne pouvait pas manquer cette manif contre le maire, lui qui ne doit pas en avoir manquée une seule. Solide comme un chêne, Jacques.
Jacqueline prenait des photos pour immortaliser ce moment historique. Sans elle, vous ne verriez pas ce qui permet d'illustrer ce petit reportage gonzo.
François portait un christie de gros carré rouge. François, le gars qui joue souvent du clavier dans le parc.
Puis il y avait aussi plein de gens dont les noms m'échappent. Dont cette dame de soixante-dix ans qui me demandait si la manif allait partir bientôt. Bientôt elle nous dirait que nous ne marchions pas assez vite alors qu'on s'inquiétait de la voir succomber à un coup de chaleur...
La policière de service pour ouvrir la marche dans son auto-patrouille était toute de noir vêtue. Ces uniformes de constables me semblent faits de fortrel, un produit textile qui n'est pas très bon pour la peau par temps de canicule. Heureusement qu'elle avait l'air climatisé dans son véhicule. Autrement j'aurais manifesté avec elle pour que les policiers obtiennent de meilleures conditions de travail, dont celles de pouvoir dire non à l'idée de devenir la police politique d'un régime corrompu.
Il fallait tout de même partir cette marche parce que la policière s'impatientait.
-Ça fait déjà quinze minutes que j'attends que ça parte! qu'elle m'a dit, comme si elle ne voyait pas que j'étais occupé à dessiner sur des ballounes.
-Pas de problèmes madame! On va annoncer le début de la marche.. que je lui réponds.
Je m'en vais voir Steve OG pour lui dire que la policière s'impatiente puis il me demande si je peux l'annoncer. Pourquoi pas, hein? Alors je grimpe sur un banc et je fais l'annonce.
-La marche va commencer dans quelques instants. Je vous inviterais à prendre une balloune. On va marcher dans les rues du centre-ville pis on va revenir icitte, au Parc portuaire, pour péter la balloune du maire!
Les manifestants me font la politesse de prendre une des ballounes. Chaque balloune est caricaturée à l'image de notre cher maire.
Et puis on marche. Steve et Val tiennent une banderole. Vous la voyiez ici sur la photo. Je suis juste derrière avec ma pancarte.
On scande des slogans plus ou moins improvisés.
-Lévesque, on est là, pour péter ta balloune! Lévesque, on est là, pour péter ta balloune!
Puis on en rajoute.
-L'Hôtel de Ville est corrompu / C'est pour ça qu'on est dans la rue...
Au bout de cinq minutes, ce slogan improvisé se transforme en chanson folklorique. Il tombe juste à point pour le dernier droit sur la rue des Forges, une rue TR-ès achalandée du centre-ville.
Plusieurs badauds et automobilistes nous signifient leur soutien. Une mendiante, assise sur le trottoir à côté des Escomptes, se lève pour crier un moment avec nous.
Batman Tremblay nous rejoint avec un petit retard bien compréhensible. Il porte un uniforme allégé. Sa batcape a été remplacée par une chemise carreautée blanche et bleue. Batman Tremblay est devenu une figure de la contestation à Trois-Rivières, comme nos camarades Anarchopanda et Banane Rebelle, à Montréal et Québec.
Dee Jay Lynx a ajusté les micros pour que Steve prenne la parole. Il nous a lu un texte incisif dénonçant les multiples atteintes à la démocratie du maire Yves Lévesque.
Puis ce fût mon tour de prendre le micro.
J'ai empoigné la pompe à souffler les ballounes.
-Ça, c'est pas une pompe à souffler les ballounes... Ça représente les deniers publics, les deniers publics qui gonflent la balloune Yves Lévesque... Un mandat, deux mandats... Et la balloune gonfle... Puis un jour, pfffuitt! Sky is the limit!
Et là, je lâche la balloune qui s'envole tout en se dégonflant...
Je poursuis mon speech en sacrant un peu. (Chartrand sort de ce corps!)
Pendant que je sacre au micro, des démonteurs de scène s'affairent devant nous. Ils sont plutôt réceptifs à mon speech. Trois d'entre eux nous montrent leurs fesses en gueulant des trucs du genre «Fuck Lévesque!». Quels travailleurs conscientisés! me dis-je. Puis je continue.
-On passera pas toujours pour une ville de tarlais tabarnak! Bon, eh bien je vous invite maintenant à péter la balloune du maire. Prenez-vous de la manière que vous voulez. Moé j'vais la péter avec mon cul.
Je pète la balloune avec mon cul. Paf! Les participants semblent apprécier ce trait d'humour proprement magoua.
Puis d'autres orateurs se succèdent, dont Val, Batman Tremblay, Dee Jay Lynx et Jacques, Jacques qui en a à découdre contre la fluoration de l'eau potable à Trois-Rivières, un moyen de recycler les déchets de l'industrie du nucléaire selon lui et de nous rendre tous légumes.
Deux camelots circulent pour vendre le journal de rue La Galère, qui a succédé au Vagabond, dont j'étais le boss des bécosses en chef.
L'animation musicale de Dee Jay Lynx nous permet de nous remettre d'avoir péter la balloune du maire. Deux pros du breakdance viennent nous faire une petite démonstration époustouflante. Comme quoi l'opposition au maire touche toutes les couches de la population. Yo man! Respect sacrament!
J'ai continué de parler avec ceux qui sont restés sur place.
D'autres discours ont suivi. Dont la lecture du manifeste de la CLASSE.
Puis je suis rentré chez-moi, fier d'avoir participé à ce moment historique, la plus grosse manif qui soit survenue un 15 juillet à Trois-Rivières, en pleine canicule.
Crédits photos: Jacqueline Poirier
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