J'ai lu quelque part, peut-être chez un sage Chinois dont le nom m'échappe, que la musique formait le caractère d'un royaume. La musique tourmentée était le gage d'un royaume de tourments. La musique douce était le trait caractéristique d'un royaume en paix.
Ce n'est pas une règle scientifique. Elle tient de la politique, de la sociologie ou, pire encore, de la poésie.
Pourtant, j'y suis sensible.
J'ai écouté des musiques tourmentées du temps où j'étais tourmenté. L'adolescence et les premières heures de l'âge adulte sont toujours comme ça. Je m'abandonnais à des rythmes fous sur des airs tonitruants. Quelques musiques douces filtraient au travers. De quoi préparer la prochaine étape sur les chemins de la vie.
Ces temps-ci, je m'abandonne à Chopin, Rachmaninov, Bach, Satie, etc.
Je ne sais pas si c'est conjoncturel ou bien si cela s'inscrit dans le cadre d'une nouvelle manie.
Le bruit m'emmerde.
Les trompettes me sont insupportables.
Le son de ma guitare et de mes harmonicas se fait plus doux, plus calme, plus nuancé.
Je me suis d'ailleurs acheté un harmonica en si bémol hier.
Je ne l'ai pas encore essayé mais je me promets de produire des blues silencieux si cela peut se faire. Ou bien des reels qui te donnent l'envie de dormir.
N'importe quoi sauf du bruit.
Anywhere but out of this world, comme disait un certain Baudelaire dans Le spleen de Paris.
La musique adoucit mes moeurs. Voilà.
lundi 30 décembre 2013
mercredi 25 décembre 2013
Du baloney pour Noël
On ne se bousculait pas aux portes pour tenir le fort le jour de Noël. Et le fort en question, eh bien c'était Radio Basse-Ville, une station de radio communautaire qui diffuse autant dans la Basse que dans la Haute-Ville à Québec.
Cela se passait un 25 décembre 1999. Je m'étais proposé pour animer pendant deux ou trois heures ce jour-là. Mon émission s'intitulait Du baloney pour Noël. Mon émission s'ouvrait sur Baloney de Capitaine Nô et cette chanson revenait comme une antienne tout au long de ma programmation pour laquelle j'avais une réjouissante carte blanche. Je bénéficiais d'une liberté d'expression qui m'a toujours été refusée à Trois-Rivières jusqu'à l'avènement de l'Internet qui fit éclater les censeurs et les sangsues de tous les fucking dirty holes du monde.
Je n'enviais aucunement les animateurs des stations commerciales. Ils n'ont aucune liberté d'animation et se voient réduits à diffuser toujours la même bouillabaisse jusqu'à ce qu'une nouvelle génération de mononcles et de matantes vienne changer quelque peu la programmation pour l'orienter vers la plus mauvaise musique de robot du jour. Ils sont de plus sous-payés et doivent porter une cravate même lorsque personne ne les voit derrière leur micro.
À la radio communautaire, tu es seul avec tes disques et la console. Tu t'occupes de tout comme une pieuvre à huit tentacules. Tu mets la musique, les publicités, les promotions et tout le bataclan toi-même, sans l'aide de qui que ce soit. Puis tu prends les appels téléphoniques des auditeurs et auditrices souvent éméchés pour une raison qui m'échappe.
-Man... J'ai ben aimé ça ta toune Baloney de Capitaine Nô... Tu pourrais-tu heum-mettre Gentle Giant?
-Je n'ai pas de Gentle Giant dans ma pile de disques m'sieur...
-Ben... d'eubord, mets-moé Alice Cooper...
-Je n'écoute jamais ça... Que dirais-tu de Renaud?
-J'aime pas ça Ginette Reno... Pourquoi tu prends les appels des auditeurs d'eubord, hein?
-Merci d'avoir appelé m'sieur! Ton nom?
-Jacques Girard...
-Je t'offre la prochaine toune m'sieur Girard! Joyeux Noël!
-Toé 'ssi...
Je ne pourrais pas vous dire c'était quoi la prochaine. Probablement celle que j'avais prévue de programmer avant l'appel de m'sieur Girard. Je ne faisais toujours qu'à ma tête, même si c'était pour offrir du baloney pour Noël...
Excusez-là!
Frédéric Back et Le fleuve aux grandes eaux
Frédéric Back est mort et, comme tous les grands artistes, il sera toujours vivant.
Mistral salue ses mânes avec L'homme qui plantait des arbres sur son blogue.
J'y vais avec Le fleuve aux grandes eaux, le fleuve Magtogoek, anciennement appelé le fleuve Saint-Laurent.
C'est un géant qui nous quitte.
lundi 23 décembre 2013
Seul dans l'arrière-pays enneigé
C'est terminé et cela s'intitule «Seul dans l'arrière-pays enneigé». C'est un tableau à l'acrylique d'une dimension de 24 X 36 pouces. Il est pour vous pour 600$.
Je prends aussi des commandes personnelles pour 0,70$ le pouce carré, ce qui représente ma cote d'artiste pour l'année en cours.
Il est possible que l'achat de l'un de mes tableaux représente un bon investissement. Si vous disposez d'un commerce, les deux paliers de gouvernement offrent des crédits d'impôt avantageux pour l'achat d'une oeuvre d'art. Vous retrouverez presque 100% de votre investissement en trois ans. Si vous vendez le tableau trois ans plus tard pour le même prix, vous aurez fait 200%... Si vous le vendez trois fois plus cher parce que ma cote d'artiste s'est emballée à 7,00$ le pouce carré, eh bien je n'ose même pas imaginer combien vous serez riche et moi tout autant malheureux d'avoir laissé filer mon trésor...
Assez de ces calculs et de ces mathématiques qui collent la migraine!
Pour boire il faut vendre.
Ne m'en voulez pas trop pour cette présentation hideusement commerciale.
Tout le monde sait bien que l'art devrait être gratuit.
L'argent vient tout corrompre.
Si je ne me retenais pas, je donnerais tout.
jeudi 19 décembre 2013
Le prisonnier
Vaclav Havel a écrit un jour que la Tchécoslovaquie avait tellement fait sien l'idéal de la corruption que le jour où elle voudrait s'en débarrasser elle devrait nécessairement élire un prisonnier au poste de président. Ce prisonnier, eh bien c'était lui. La révolution de velours de 1989 l'a naturellement mené au pouvoir, comme le prisonnier Nelson Mandela un peu plus tard.
Je n'ai rien d'autres à dire à ce sujet mais convenez avec moi qu'il y a lieu de méditer là-dessus.
***
Nos démocraties sont devenues tellement corrompues qu'il sera tentant un jour pour les corrompus de créer des camps spéciaux pour le traitement des mauvaises opinions et autres meneurs de «chicane».
Quand les crosseurs disent que le peuple n'aime pas la chicane, ils disent seulement qu'ils sont le peuple.
Ce qu'ils ne sont pas, évidemment.
Ils sont seulement des crosseurs.
Et ils feraient n'importe quoi pour demeurer au pouvoir.
«Pourvu qué ça doure!» comme disait la mère de Napoléon Bonaparte à chaque fois que son fils donnait une taloche sur la calotte d'un cardinal ou bien d'un pape.
Ça n'a pas duré.
Même les plus forts que le roquefort trouvent un jour leur Waterloo.
Je n'ai rien d'autres à dire à ce sujet mais convenez avec moi qu'il y a lieu de méditer là-dessus.
***
Nos démocraties sont devenues tellement corrompues qu'il sera tentant un jour pour les corrompus de créer des camps spéciaux pour le traitement des mauvaises opinions et autres meneurs de «chicane».
Quand les crosseurs disent que le peuple n'aime pas la chicane, ils disent seulement qu'ils sont le peuple.
Ce qu'ils ne sont pas, évidemment.
Ils sont seulement des crosseurs.
Et ils feraient n'importe quoi pour demeurer au pouvoir.
«Pourvu qué ça doure!» comme disait la mère de Napoléon Bonaparte à chaque fois que son fils donnait une taloche sur la calotte d'un cardinal ou bien d'un pape.
Ça n'a pas duré.
Même les plus forts que le roquefort trouvent un jour leur Waterloo.
mercredi 18 décembre 2013
Le mauvais sort des vieilles églises de Trois-Rivières
Les églises de Trois-Rivières ont fermé l'une après l'autre depuis les quinze dernières années.
Il y eut d'abord l'église Saint-François-d'Assise, l'église de la P'tite Pologne, un quartier pauvre de Trois-Rivières. Une église même pas centenaire qui avait été construite sur un marécage. Le vieux curé du temps y jouait du violon, très mal d'ailleurs, puisqu'il était aussi dur de la feuille qu'il était crispé du mouvement. Un archet de crin, cela se manie avec douceur et sensualité. Le vieux curé n'allait pas plus loin qu'un rigodon inachevé mais s'exerçait tout de même à singer Bach ou quelque anonyme saltimbanque des débuts de la chrétienté. Évidemment, plus personne n'y allait, sinon quelques vieilles femmes qui avaient peur d'aller en enfer si elles manquaient un office religieux.
Puis on jugea bon de fermer aussi l'église Sainte-Cécile, dans le quartier du même nom, un coin tout aussi pauvre que la P'tite Pologne, sinon plus. Je ne me souviens pas du curé puisque je ne m'y rendais jamais. Ce quartier de la ville nous était plus ou moins interdit. Ce n'était pas notre secteur et passer par là représentait une possibilité d'affrontement avec les Desjarlais et les Boulay. Comme nous n'avions pas toujours sur nous un bâton de baseball avec un clou de voie ferrée planté au bout pour en faire un fléau d'infortune, nous évitions de fréquenter ce coin-là, du moins à l'époque où il y avait des taudis plutôt que des HLM.
L'église Saint-Cécile fût heureusement récupérée par une corporation qui profita de l'architecture des lieux pour y présenter des spectacles bien plus transcendants que du temps où le curé devait débiter platement sa messe en regardant sa montre.
L'église Saint-Sacrement est peut-être fermée mais je n'en suis pas certain. Je ne fréquente pas ce coin-là de la ville où s'entassent des retraités et des professeurs de Cégep. Elle est plantée sur le premier coteau et surplombe les églises de la Basse-Ville plantées dans l'argile laurentien de la vieille Mer dite de Champlain.
L'église de mon enfance, l'église de la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, est presque fermée. Il s'y donne encore une messe le dimanche mais sans plus.
Tous les Catholiques des quartiers pauvres sont refoulés vers la cathédrale de l'Immaculée-Conception, à deux pas de chez-moi. Avec les vitraux, l'évêque et la chorale, on peut encore éblouir un peu les derniers paroissiens.
Parmi toutes ces églises qui ferment et ne disent plus rien à quiconque, il y a bien sûr le cas tout à fait spécial de l'église Saint-Philippe.
Extérieurement, cette église est sans doute l'une des plus laides de toute la ville. Il est possible qu'elle ait été construite avec amour par du pauvre monde. Il n'en demeure pas moins que ces dernières années d'impiété ont fortement ébranlé l'esprit et le corps de cette église. La vieille brique, qui avait tout de même un certain cachet, avait été recouverte en partie par des panneaux d'aluminium. Cela n'avait pas empêché les murs de vaciller sur ce terrain argileux que le fleuve Magtogoek a maintes fois inondé au cours des derniers siècles. Comme cela devenait trop cher d'entretenir ce bâtiment le chef local des Catholiques a décidé de vendre ça au premier venu. Un type s'en est porté acquéreur pour récupérer le cuivre.
Cinq ans plus tard, l'église n'est toujours pas démolie. Le type semble s'être fait flouer par un contracteur ami de l'Hôtel de Ville qui récupère toujours les bâtiments des pauvres ploucs qui ne peuvent pas payer leurs taxes. Le type est en furie, crie en l'injustice et personne ne l'entend, pas même les morts de l'église Saint-Philippe. Entre temps, il paie ses taxes, pour ne pas se faire filouter par le contracteur. Puis il dénonce l'industrie de la corruption devant les médias comme si cela intéressait qui que ce soit à Trois-Rivières, trou sale d'entre tous les trous sales, où l'on ne vote jamais aux élections, sinon pour aider des arnaqueurs à remplir de vieux des autobus jaunes lors des journées de vote anticipé.
Duplessis y est toujours vivant, même si les églises ferment l'une après l'autre.
Les paroissiens d'hier, qui ne trouvent d'ailleurs plus d'emploi, en sont parfois réduits à voler des plaques de cuivre décollées dangereusement du toit de l'église Saint-Philippe qui ne veut toujours pas mourir, même si on l'éventre depuis toutes ces années qu'on attend pour la démolir.
Bien que je ne sois pas Catholique, j'ai toujours un petit pincement au coeur devant cette église. Si j'étais Catholique, croyant ou exalté, eh bien c'est certain que je ferais tout pour la sauver des pics des démolisseurs. J'en ferais un miracle. C'est bon pour ranimer la foi vacillante, les miracles. Mais je ne suis pas Catholique, même si je tiens Jésus pour un héros bien personnel, un gars qui préférait parler à Dieu n'importe où, n'importe quand, sans passer nécessairement par le Temple et les grandes démonstrations de ces prêtres qu'il appelait les sépulcres blanchis.
N'empêche que l'église Saint-Philippe tient encore debout et que cela m'agace. Je serais content qu'on la maintienne en vie envers et contre tous. Elle a survécu à cinq ans de menace de démolition. Si quelques bons Romains la sauvaient de la destruction, j'ai l'impression qu'on y viendra de partout dans le monde pour y faire bénir les béquilles ou les scrofuleux.
Ce n'est pas à un vieil animiste comme moi de dire aux Catholiques ce qu'ils doivent faire.
Si j'avais la foi, je soulèverais les fondations de l'église Saint-Philippe comme si c'était une simple montagne. J'enlèverais les panneaux d'aluminium et redonnerais aux maçons le soin de poser de la franche brique. Au bout d'un an, j'inviterais toute la ville à venir écouter un air de violoncelle jouée par un curé qui aurait de l'oreille. Toute la ville, sauf l'Hôtel de Ville, bien entendu. Il y a des limites à entretenir un culte envers les années '50.
Mais je n'ai pas cette foi-là et le sort de cette église ne me regarde pas, même si l'église Saint-Philippe semble me regarder tous les jours que je la croise pour me faire accroire qu'elle est un symbole de résilience et de résistance.
Chacun son trip...
Amen.
Il y eut d'abord l'église Saint-François-d'Assise, l'église de la P'tite Pologne, un quartier pauvre de Trois-Rivières. Une église même pas centenaire qui avait été construite sur un marécage. Le vieux curé du temps y jouait du violon, très mal d'ailleurs, puisqu'il était aussi dur de la feuille qu'il était crispé du mouvement. Un archet de crin, cela se manie avec douceur et sensualité. Le vieux curé n'allait pas plus loin qu'un rigodon inachevé mais s'exerçait tout de même à singer Bach ou quelque anonyme saltimbanque des débuts de la chrétienté. Évidemment, plus personne n'y allait, sinon quelques vieilles femmes qui avaient peur d'aller en enfer si elles manquaient un office religieux.
Puis on jugea bon de fermer aussi l'église Sainte-Cécile, dans le quartier du même nom, un coin tout aussi pauvre que la P'tite Pologne, sinon plus. Je ne me souviens pas du curé puisque je ne m'y rendais jamais. Ce quartier de la ville nous était plus ou moins interdit. Ce n'était pas notre secteur et passer par là représentait une possibilité d'affrontement avec les Desjarlais et les Boulay. Comme nous n'avions pas toujours sur nous un bâton de baseball avec un clou de voie ferrée planté au bout pour en faire un fléau d'infortune, nous évitions de fréquenter ce coin-là, du moins à l'époque où il y avait des taudis plutôt que des HLM.
L'église Saint-Cécile fût heureusement récupérée par une corporation qui profita de l'architecture des lieux pour y présenter des spectacles bien plus transcendants que du temps où le curé devait débiter platement sa messe en regardant sa montre.
L'église Saint-Sacrement est peut-être fermée mais je n'en suis pas certain. Je ne fréquente pas ce coin-là de la ville où s'entassent des retraités et des professeurs de Cégep. Elle est plantée sur le premier coteau et surplombe les églises de la Basse-Ville plantées dans l'argile laurentien de la vieille Mer dite de Champlain.
L'église de mon enfance, l'église de la paroisse Notre-Dame-des-Sept-Allégresses, est presque fermée. Il s'y donne encore une messe le dimanche mais sans plus.
Tous les Catholiques des quartiers pauvres sont refoulés vers la cathédrale de l'Immaculée-Conception, à deux pas de chez-moi. Avec les vitraux, l'évêque et la chorale, on peut encore éblouir un peu les derniers paroissiens.
Parmi toutes ces églises qui ferment et ne disent plus rien à quiconque, il y a bien sûr le cas tout à fait spécial de l'église Saint-Philippe.
Extérieurement, cette église est sans doute l'une des plus laides de toute la ville. Il est possible qu'elle ait été construite avec amour par du pauvre monde. Il n'en demeure pas moins que ces dernières années d'impiété ont fortement ébranlé l'esprit et le corps de cette église. La vieille brique, qui avait tout de même un certain cachet, avait été recouverte en partie par des panneaux d'aluminium. Cela n'avait pas empêché les murs de vaciller sur ce terrain argileux que le fleuve Magtogoek a maintes fois inondé au cours des derniers siècles. Comme cela devenait trop cher d'entretenir ce bâtiment le chef local des Catholiques a décidé de vendre ça au premier venu. Un type s'en est porté acquéreur pour récupérer le cuivre.
Cinq ans plus tard, l'église n'est toujours pas démolie. Le type semble s'être fait flouer par un contracteur ami de l'Hôtel de Ville qui récupère toujours les bâtiments des pauvres ploucs qui ne peuvent pas payer leurs taxes. Le type est en furie, crie en l'injustice et personne ne l'entend, pas même les morts de l'église Saint-Philippe. Entre temps, il paie ses taxes, pour ne pas se faire filouter par le contracteur. Puis il dénonce l'industrie de la corruption devant les médias comme si cela intéressait qui que ce soit à Trois-Rivières, trou sale d'entre tous les trous sales, où l'on ne vote jamais aux élections, sinon pour aider des arnaqueurs à remplir de vieux des autobus jaunes lors des journées de vote anticipé.
Duplessis y est toujours vivant, même si les églises ferment l'une après l'autre.
Les paroissiens d'hier, qui ne trouvent d'ailleurs plus d'emploi, en sont parfois réduits à voler des plaques de cuivre décollées dangereusement du toit de l'église Saint-Philippe qui ne veut toujours pas mourir, même si on l'éventre depuis toutes ces années qu'on attend pour la démolir.
Bien que je ne sois pas Catholique, j'ai toujours un petit pincement au coeur devant cette église. Si j'étais Catholique, croyant ou exalté, eh bien c'est certain que je ferais tout pour la sauver des pics des démolisseurs. J'en ferais un miracle. C'est bon pour ranimer la foi vacillante, les miracles. Mais je ne suis pas Catholique, même si je tiens Jésus pour un héros bien personnel, un gars qui préférait parler à Dieu n'importe où, n'importe quand, sans passer nécessairement par le Temple et les grandes démonstrations de ces prêtres qu'il appelait les sépulcres blanchis.
N'empêche que l'église Saint-Philippe tient encore debout et que cela m'agace. Je serais content qu'on la maintienne en vie envers et contre tous. Elle a survécu à cinq ans de menace de démolition. Si quelques bons Romains la sauvaient de la destruction, j'ai l'impression qu'on y viendra de partout dans le monde pour y faire bénir les béquilles ou les scrofuleux.
Ce n'est pas à un vieil animiste comme moi de dire aux Catholiques ce qu'ils doivent faire.
Si j'avais la foi, je soulèverais les fondations de l'église Saint-Philippe comme si c'était une simple montagne. J'enlèverais les panneaux d'aluminium et redonnerais aux maçons le soin de poser de la franche brique. Au bout d'un an, j'inviterais toute la ville à venir écouter un air de violoncelle jouée par un curé qui aurait de l'oreille. Toute la ville, sauf l'Hôtel de Ville, bien entendu. Il y a des limites à entretenir un culte envers les années '50.
Mais je n'ai pas cette foi-là et le sort de cette église ne me regarde pas, même si l'église Saint-Philippe semble me regarder tous les jours que je la croise pour me faire accroire qu'elle est un symbole de résilience et de résistance.
Chacun son trip...
Amen.
mardi 17 décembre 2013
Un nouveau conte de Noël pas racontable
Noël était bel et bien là avec ses blancs flocons et ses airs qui n'en finissaient plus de revenir sous tous les tons. Jingle Bells, Vive le vent et White Christmas étaient joués par toutes sortes de voix et d'instruments, lentement ou rapidement, avec de la batterie ou pas, de la clarinette ou bien de la viole de gambe, des chorales en veux-tu en v'là et tout le bataclan...
Jimmy n'était pas tout à fait dans son assiette. Il était seul et célibataire comme un gars qui avait l'envie de s'accoupler plus souvent. Surtout ce soir-là... Comment allait-il survivre à ce Noël tout fin seul, avec presque rien dans la vie, sinon une vieille guitare désaccordée et quelques romans remplis de trucs inutiles?
-Faut que j'me fasse un souper de Noël... Faut que j'mange mes émotions ce soir... Y'est pas dit que j'vais m'laisser abattre comme ça le jour de la naissance de Mithra!
Et voilà notre bon gros Jimmy qui se mitonne une bonne pièce de boeuf au four, avec des tas de champignons, des asperges et des petites patates.
-J'va's m'faire un festin de roi pour moi tout seul, nah! Qu'i' mangent d'la marde j'va's m'régaler!
La pièce de boeuf enfin cuite, Jimmy se prépara une assiette digne d'un ogre. Et il s'empiffra de roastbeef comme le plus porc d'entre les Gaulois.
-Miam! Miam! Smack! Smouche! mâcha notre bon Jimmy entre deux bouffées d'air plutôt frais puisqu'il avait laissé les fenêtres ouvertes.
Les flocons s'engouffrèrent par les fenêtres et tombèrent un petit peu sur le roastbeef pour le tiédir. Jimmy n'y vit rien de mal et crut même bon de voir cela comme une part indissociable du succès de son festin.
Il se resservit au moins trois fois, jusqu'à ce qu'il ait englouti l'équivalent d'un mollet humain bien nourri.
-Miam! Mium! Slurp! fit-il encore avec son dessert, une bûche de Noël Cauchon, une bûche composée essentiellement de margarine non-hydrogénée et de sucre blanchi au caustique.
Au bout d'une heure, le gros Jimmy ressentit un malaise, bien entendu.
-Ayoye! Bobo au ventre!
Ça lui faisait très, très mal.
Il se prit quelques Chidétak, des comprimés de concentré chimique contre les maux d'estomac.
Puis le mal finit par passer, non sans qu'il ne se soit demandé s'il ne valait pas mieux d'aller à l'hôpital.
Les flocons tombaient encore dans la rôtissoire dans laquelle il ne restait plus rien, même pas un champignon ou bien une patate.
Bing Crosby ou quelque hurluberlu chantait White Christmas à la radio.
Le gros Jimmy ronflait comme un gros lard dans son sofa.
***
Cliquez ici pour d'autres contes de Noël pas racontables.
Jimmy n'était pas tout à fait dans son assiette. Il était seul et célibataire comme un gars qui avait l'envie de s'accoupler plus souvent. Surtout ce soir-là... Comment allait-il survivre à ce Noël tout fin seul, avec presque rien dans la vie, sinon une vieille guitare désaccordée et quelques romans remplis de trucs inutiles?
-Faut que j'me fasse un souper de Noël... Faut que j'mange mes émotions ce soir... Y'est pas dit que j'vais m'laisser abattre comme ça le jour de la naissance de Mithra!
Et voilà notre bon gros Jimmy qui se mitonne une bonne pièce de boeuf au four, avec des tas de champignons, des asperges et des petites patates.
-J'va's m'faire un festin de roi pour moi tout seul, nah! Qu'i' mangent d'la marde j'va's m'régaler!
La pièce de boeuf enfin cuite, Jimmy se prépara une assiette digne d'un ogre. Et il s'empiffra de roastbeef comme le plus porc d'entre les Gaulois.
-Miam! Miam! Smack! Smouche! mâcha notre bon Jimmy entre deux bouffées d'air plutôt frais puisqu'il avait laissé les fenêtres ouvertes.
Les flocons s'engouffrèrent par les fenêtres et tombèrent un petit peu sur le roastbeef pour le tiédir. Jimmy n'y vit rien de mal et crut même bon de voir cela comme une part indissociable du succès de son festin.
Il se resservit au moins trois fois, jusqu'à ce qu'il ait englouti l'équivalent d'un mollet humain bien nourri.
-Miam! Mium! Slurp! fit-il encore avec son dessert, une bûche de Noël Cauchon, une bûche composée essentiellement de margarine non-hydrogénée et de sucre blanchi au caustique.
Au bout d'une heure, le gros Jimmy ressentit un malaise, bien entendu.
-Ayoye! Bobo au ventre!
Ça lui faisait très, très mal.
Il se prit quelques Chidétak, des comprimés de concentré chimique contre les maux d'estomac.
Puis le mal finit par passer, non sans qu'il ne se soit demandé s'il ne valait pas mieux d'aller à l'hôpital.
Les flocons tombaient encore dans la rôtissoire dans laquelle il ne restait plus rien, même pas un champignon ou bien une patate.
Bing Crosby ou quelque hurluberlu chantait White Christmas à la radio.
Le gros Jimmy ronflait comme un gros lard dans son sofa.
***
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lundi 16 décembre 2013
Ma scène d'hiver est presque terminée
C'est la troisième fois que je photographie ce tableau au cours de ces étapes. Il me reste quelques menus détails à ajouter, un peu de blanc, de bleu, de noir ça et là pour rehausser mes contrastes.
Le chatoiement de la neige n'est pas facile à rendre avec les pinceaux et les pigments. C'est ce qui m'incite à raffoler des scènes d'hiver. J'aime ce détachement qui m'habite lorsque je peins des paysages enneigés.
Dans celui-ci, j'ai l'impression de déjouer Le cri de Edvard Munch. Le personnage est seul sur un pont et il ne se prend pas la main à deux têtes pour crier je ne sais quoi. La vue de dos rappelle grossièrement Le voyageur au-dessus d'une mer de nuages de Caspar David Friedrich, un peintre qui m'habite tout autant que Fred, le dessinateur des aventures de Philémon.
Où veux-je en venir? Je ne sais pas. Je laisse mes doigts taper sur le clavier comme si je m'amusais à reproduire des rythmes africains.
J'ai terminé un autre tableau dont je ne peux parler en raison d'un embargo. C'est un cadeau que l'un de mes clients préférés a eu la gentillesse de m'acheter. J'en parlerai peut-être un jour avant que de mourir. Je ne prévois pas mourir avant d'avoir atteint au moins deux siècles d'existence. Il vous faudra donc de la patience...
Je retourne à mes chers pinceaux.
Ce fût un plaisir que de vous parler.
Si vous n'étiez pas là, je parie que vous seriez ailleurs.
Le chatoiement de la neige n'est pas facile à rendre avec les pinceaux et les pigments. C'est ce qui m'incite à raffoler des scènes d'hiver. J'aime ce détachement qui m'habite lorsque je peins des paysages enneigés.
Dans celui-ci, j'ai l'impression de déjouer Le cri de Edvard Munch. Le personnage est seul sur un pont et il ne se prend pas la main à deux têtes pour crier je ne sais quoi. La vue de dos rappelle grossièrement Le voyageur au-dessus d'une mer de nuages de Caspar David Friedrich, un peintre qui m'habite tout autant que Fred, le dessinateur des aventures de Philémon.
Où veux-je en venir? Je ne sais pas. Je laisse mes doigts taper sur le clavier comme si je m'amusais à reproduire des rythmes africains.
J'ai terminé un autre tableau dont je ne peux parler en raison d'un embargo. C'est un cadeau que l'un de mes clients préférés a eu la gentillesse de m'acheter. J'en parlerai peut-être un jour avant que de mourir. Je ne prévois pas mourir avant d'avoir atteint au moins deux siècles d'existence. Il vous faudra donc de la patience...
Je retourne à mes chers pinceaux.
Ce fût un plaisir que de vous parler.
Si vous n'étiez pas là, je parie que vous seriez ailleurs.
mercredi 11 décembre 2013
Luttons contre les spécialistes du stress!
Je rigole souvent à l'évocation de cette anecdote que j'ai trouvée sous la plume de Alain Stanké, ce monsieur toujours souriant et tout aussi fin observateur de la nature humaine.
Pour y aller rapidement, il s'agit d'un spécialiste du stress que Stanké a interviewé à quelque moment de sa vie trépidante. L'éminent savant de Montréal est même pressenti pour le Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le stress. Ce gars-là, c'est certain, vous ferait dormir n'importe quelle tranche de bacon qui crépite dans un poêlon de fonte chauffé à blanc. Il vous réduirait en chants gutturaux n'importe quelle crise de bassinette.
Quelques années après avoir mené son entrevue avec ce brave docteur, Stanké apprend qu'il est mort. Je ne me rappelle plus quelles sont les circonstances qui l'amènent à rencontrer la veuve du spécialiste du stress. Je rigole encore de me rappeler ce qu'elle lui révèle...
Le grand spécialiste du stress, pressenti pour le Nobel de médecine, était un bouffeur de valium compulsif. Il ne passait pas une journée sans s'empiffrer d'auto-prescriptions de valériane chimique. Une fois qu'il était gelé tight, il devenait le Wayne Gretzsky de la lutte au stress...
***
Je ne suis pas meilleur qu'un autre et n'ai pas de leçons à donner sur le stress. J'observe mes semblables, à l'instar de ce bon vieux Socrate, et je m'inquiète de constater que ceux qui ne savent rien prétendent tout connaître. J'affirme béatement mon ignorance en toute chose sans me culpabiliser de livrer mon opinion sur tout et rien. J'ai cette démangeaison de l'esprit qui me pousse à m'exprimer sur les sujets les plus divers, hiver comme été. Pourquoi développer sur le stress? Eh bien, je dirais parce que c'est con. C'est con le stress. Et c'est inévitable, comme la connerie.
Il y a des milliers d'années, un pauvre homme pouvait sortir de sa hutte sans avoir à entendre des tas de mécaniques roulées jour et nuit. Il lâchait son pet dans la nature en toute quiétude et partait ensuite dans sa pirogue pour aller cueillir du poisson pas trop bavard.
Le stress n'existait pas. On ne se cassait pas le bicycle parce que le bicycle n'existait pas encore. On faisait l'amour, j'imagine, pour meubler le temps et remplir la hutte. Puis on laissait les enfants jouer dehors avec les tigres et les ours polaires, je ne sais trop.
Il y avait du danger, bien sûr, mais le stress n'avait pas encore fait son apparition. Les spécialistes ne trouvaient pas encore leur place dans la communauté. Tout un chacun devait participer à sa façon au bien-être de la communauté. Le gars qui ne voulait pas éplucher les patates, pour se concentrer sur des travaux sérieux comme la lutte au stress, était tenu pour un égoïste, un paresseux ou bien une crotte de nez. On lui donnait tout de même à manger parce que les gens étaient polis et affables au temps où il n'y avait pas encore de stress.
***
Il y a de nos jours des tas de livres pour guérir le stress. En plus des cours, il se vend une panoplie de pilules et poudres de perlimpinpin pour être pimpant comme un pinson qui aurait une patate dans le bec.
Tous y vont de leur leçon sur le stress, les dix trucs pour ceci, les trois façons de faire cela, comme si le problème n'était pas dans la solution. On ne lutte pas contre le stress avec de l'arithmétique. Ce qui compte, en semblable matière, ça ne se compte pas.
***
Mon meilleur professeur pour lutter contre le stress est souvent un arbre, un nuage ou bien un soleil, le jour, quand on ne voit pas les autres étoiles.
Je n'y trouve aucun discours.
Je m'abandonne à leur sagesse, toute nimbée d'infini.
Et malgré tout, je stresse comme tout le monde.
Parce qu'il est impossible de ne pas stresser dans ce monde-ci, tel qu'il est conçu.
Un monde de bruits, de cris stridents, de crissements de pneus, de musique débile crachée par des hauts-parleurs de char, de... de... de...
Voilà pourquoi les arbres sont essentiels. Et les nuages aussi. Voire le soleil.
Je ne saurais m'en passer pour combattre le stress.
Je passe mes journées à les contempler pour oublier tout le reste et vivre ma vie comme n'importe quel autre con.
Un con qui, par exemple, ne sait pas que le virage à gauche autorisé sur feu rouge à une intersection c'est sans doute un piéton de moins de temps en temps. Comment voulez-vous qu'il traverse la rue s'ils sont autorisés à foncer sur lui de tous bords tous côtés?
Il est possible que vous cherchiez le lien à établir avec ce billet sur le stress.
Qu'est-ce que le virage à gauche autorisé sur feu rouge vient y faire, hein?
Tout et rien. C'est stressant, non?
Voilà.
Pour y aller rapidement, il s'agit d'un spécialiste du stress que Stanké a interviewé à quelque moment de sa vie trépidante. L'éminent savant de Montréal est même pressenti pour le Prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le stress. Ce gars-là, c'est certain, vous ferait dormir n'importe quelle tranche de bacon qui crépite dans un poêlon de fonte chauffé à blanc. Il vous réduirait en chants gutturaux n'importe quelle crise de bassinette.
Quelques années après avoir mené son entrevue avec ce brave docteur, Stanké apprend qu'il est mort. Je ne me rappelle plus quelles sont les circonstances qui l'amènent à rencontrer la veuve du spécialiste du stress. Je rigole encore de me rappeler ce qu'elle lui révèle...
Le grand spécialiste du stress, pressenti pour le Nobel de médecine, était un bouffeur de valium compulsif. Il ne passait pas une journée sans s'empiffrer d'auto-prescriptions de valériane chimique. Une fois qu'il était gelé tight, il devenait le Wayne Gretzsky de la lutte au stress...
***
Je ne suis pas meilleur qu'un autre et n'ai pas de leçons à donner sur le stress. J'observe mes semblables, à l'instar de ce bon vieux Socrate, et je m'inquiète de constater que ceux qui ne savent rien prétendent tout connaître. J'affirme béatement mon ignorance en toute chose sans me culpabiliser de livrer mon opinion sur tout et rien. J'ai cette démangeaison de l'esprit qui me pousse à m'exprimer sur les sujets les plus divers, hiver comme été. Pourquoi développer sur le stress? Eh bien, je dirais parce que c'est con. C'est con le stress. Et c'est inévitable, comme la connerie.
Il y a des milliers d'années, un pauvre homme pouvait sortir de sa hutte sans avoir à entendre des tas de mécaniques roulées jour et nuit. Il lâchait son pet dans la nature en toute quiétude et partait ensuite dans sa pirogue pour aller cueillir du poisson pas trop bavard.
Le stress n'existait pas. On ne se cassait pas le bicycle parce que le bicycle n'existait pas encore. On faisait l'amour, j'imagine, pour meubler le temps et remplir la hutte. Puis on laissait les enfants jouer dehors avec les tigres et les ours polaires, je ne sais trop.
Il y avait du danger, bien sûr, mais le stress n'avait pas encore fait son apparition. Les spécialistes ne trouvaient pas encore leur place dans la communauté. Tout un chacun devait participer à sa façon au bien-être de la communauté. Le gars qui ne voulait pas éplucher les patates, pour se concentrer sur des travaux sérieux comme la lutte au stress, était tenu pour un égoïste, un paresseux ou bien une crotte de nez. On lui donnait tout de même à manger parce que les gens étaient polis et affables au temps où il n'y avait pas encore de stress.
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Il y a de nos jours des tas de livres pour guérir le stress. En plus des cours, il se vend une panoplie de pilules et poudres de perlimpinpin pour être pimpant comme un pinson qui aurait une patate dans le bec.
Tous y vont de leur leçon sur le stress, les dix trucs pour ceci, les trois façons de faire cela, comme si le problème n'était pas dans la solution. On ne lutte pas contre le stress avec de l'arithmétique. Ce qui compte, en semblable matière, ça ne se compte pas.
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Mon meilleur professeur pour lutter contre le stress est souvent un arbre, un nuage ou bien un soleil, le jour, quand on ne voit pas les autres étoiles.
Je n'y trouve aucun discours.
Je m'abandonne à leur sagesse, toute nimbée d'infini.
Et malgré tout, je stresse comme tout le monde.
Parce qu'il est impossible de ne pas stresser dans ce monde-ci, tel qu'il est conçu.
Un monde de bruits, de cris stridents, de crissements de pneus, de musique débile crachée par des hauts-parleurs de char, de... de... de...
Voilà pourquoi les arbres sont essentiels. Et les nuages aussi. Voire le soleil.
Je ne saurais m'en passer pour combattre le stress.
Je passe mes journées à les contempler pour oublier tout le reste et vivre ma vie comme n'importe quel autre con.
Un con qui, par exemple, ne sait pas que le virage à gauche autorisé sur feu rouge à une intersection c'est sans doute un piéton de moins de temps en temps. Comment voulez-vous qu'il traverse la rue s'ils sont autorisés à foncer sur lui de tous bords tous côtés?
Il est possible que vous cherchiez le lien à établir avec ce billet sur le stress.
Qu'est-ce que le virage à gauche autorisé sur feu rouge vient y faire, hein?
Tout et rien. C'est stressant, non?
Voilà.
mardi 10 décembre 2013
Là où je radote sur la conversion de Jack London au socialisme
C'est un thème qui m'obsède et sur lequel j'aurai à me répéter jusqu'à ma dernière grimace. Je l'ai découvert au début de mon adolescence. J'ai trouvé ça chez Jack London. Et depuis je le répète.
Qu'est-ce qu'il disait Jack London? Oh! je n'irai pas vous effeuiller Jack comme si je soumettais un travail de fin de session à l'université. Je vais plutôt y aller à la bonne franquette, comme un lecteur paresseux s'adressant à d'autres lecteurs qui ne veulent pas s'emmerder avec des broutilles.
Jack London était obsédé par l'idée qu'un gars fort comme un ours puisse devenir rien du tout.
C'est cette obsession qui le métamorphosa en socialiste.
Au début de son oeuvre, Jack London croit en sa force, en sa ruse, en sa faculté d'adaptation. Il est même vaguement nietzschéen et vante the will of power comme l'on vanterait The Wheel of Fortune. Son destin de plus fort que le roquefort est de triompher, quoi qu'il advienne. Il travaillera dans une usine s'il le faut. Il ira chercher de l'or au Yukon. Il dormira deux heures par jour pour se donner une éducation solide tout en bossant comme un forçat. Il deviendra un dieu.
Puis survient une crise économique parmi tant d'autres. Jack ne trouve plus de job. Il a beau être fort comme un boeuf qu'on ne lui en donnerait pas plus qu'à un boeuf.
Jack devient vagabond et découvre une grande vérité du capitalisme: même le plus fort d'entre tous peut partager le sort des plus faibles. Cette vérité peut aussi s'appeler l'injustice, laquelle n'est pas entièrement physique, mais aussi métaphysique. L'argent, abstraction parmi toutes, liquéfie les efforts de tout un chacun quand il s'agit de liquider. L'argent broie le monde. L'argent écrase le peuple de son talon de fer.
Évidemment, il n'est pas nécessaire de se référer à Jack London pour comprendre ça.
Je me contente bien plus de le ressentir viscéralement.
Nous ne sommes rien sans la communauté et l'argent ce n'est pas la communauté.
Les forts comme les faibles, les idiots comme les intelligents, les riches comme les pauvres, tous et toutes nous sommes broyés par l'argent.
On mourra de faim de voir du pain et des petits gâteaux tout doux tout bons pourrir dans des entrepôts parce que ça ne se vend pas.
C'est logique ça?
Y'a pas de logique là-dedans.
Il y a seulement de l'avidité et une certaine béatification de réflexes profondément asociaux.
Ça donne l'envie de vivre un peu en retrait, non?
lundi 9 décembre 2013
La Terre pense
Tous les animistes du monde savent que la Terre a une âme. La Terre est une créature pensante, comme vous et moi. Elle sait que nous pensons. Elle sait que nous sommes là. Las à piocher sur sa tête tous les jours pour y trouver quelque subsistance à défaut de pétrole.
Plusieurs croient dur comme fer que la Terre ne pense pas. Ils la voient comme une roche sur laquelle flotte un peu d'eau.
Mes primitifs ancêtres, aussi mauvais pouvaient-ils être pour jouer à la pétanque, ne remettaient pas en question l'idée que la Terre avait une âme. Ils prêtaient même une âme aux arbres, aux cailloux, aux choux, aux poux et aux genoux.
Avec la civilisation germe aussi l'idée qu'on peut se servir autant qu'on veut. Le scribe ou le pharaon n'a pas à se soucier de qui ou de quoi proviennent les langues d'hirondelles macérées dans du jus de figues.
***
La Terre pense, même si c'est dur à croire.
Je serais mal aisé de vous dire ce qu'elle pense.
Comme je doute que les fourmis puissent comprendre ce que pensent les humains. Les fourmis savent que nous sommes là et nous fuient autant que possible par un principe de précaution que même la cigale sait honorer.
Nous les humains sommes au coeur de toutes ces pensées qui prennent diverses formes. Nous sommes au coeur parce que nous n'avons pas d'autres points de vue que de tout ramener vers l'observateur. L'observation ne sera toujours que partielle. Un radar demeure un radar. Et un humain, franchement, ça ne vaut pas toujours un bon radar.
Tout cela est un peu incongru.
C'est néanmoins de la métaphysique de base.
Je sais bien que cela ne vaut rien sur le marché.
Et c'est pourquoi cela m'est essentiel.
Plusieurs croient dur comme fer que la Terre ne pense pas. Ils la voient comme une roche sur laquelle flotte un peu d'eau.
Mes primitifs ancêtres, aussi mauvais pouvaient-ils être pour jouer à la pétanque, ne remettaient pas en question l'idée que la Terre avait une âme. Ils prêtaient même une âme aux arbres, aux cailloux, aux choux, aux poux et aux genoux.
Avec la civilisation germe aussi l'idée qu'on peut se servir autant qu'on veut. Le scribe ou le pharaon n'a pas à se soucier de qui ou de quoi proviennent les langues d'hirondelles macérées dans du jus de figues.
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La Terre pense, même si c'est dur à croire.
Je serais mal aisé de vous dire ce qu'elle pense.
Comme je doute que les fourmis puissent comprendre ce que pensent les humains. Les fourmis savent que nous sommes là et nous fuient autant que possible par un principe de précaution que même la cigale sait honorer.
Nous les humains sommes au coeur de toutes ces pensées qui prennent diverses formes. Nous sommes au coeur parce que nous n'avons pas d'autres points de vue que de tout ramener vers l'observateur. L'observation ne sera toujours que partielle. Un radar demeure un radar. Et un humain, franchement, ça ne vaut pas toujours un bon radar.
Tout cela est un peu incongru.
C'est néanmoins de la métaphysique de base.
Je sais bien que cela ne vaut rien sur le marché.
Et c'est pourquoi cela m'est essentiel.
vendredi 6 décembre 2013
Un activiste est mort hier en Afrique du Sud
Un activiste est mort hier en Afrique du Sud. L'individu avait atteint l'âge honorable de 95 ans. Il avait passé au moins une bonne trentaine d'années en prison pour avoir osé défier les lois racistes des colons blancs et autres banquiers de bonne teinte.
Il disait que tout le monde était Sud-Africain, quelle que soit la couleur de sa peau.
C'est ce type d'idées subversives qui nourrissent la chicane... Elles font peur à tous les bourgeois et à toutes les classes moyennes du monde. Les voilà qui se réclament de l'ordre public qui humilie, de l'ordre public qui frappe à grands coups de matraques tous ceux et celles qui souhaitent sortir des ténèbres où l'avidité des autres les maintient. Les voilà qui soutiennent le fascisme.
Beaucoup de gens vont saluer ce héros aujourd'hui, ce certain Nelson Mandela. Dont des politiciens conservateurs qui n'ont jamais tenu une pancarte ou bien signé une pétition dans leur vie sale de politicien sale.
Tant mieux. L'héroïsme mérite d'être salué.
Il mérite aussi de survivre en ces temps qui favorisent les cerveaux ramollis des crétins du genre Ford Nation.
Les militants et militantes du monde entier ont vraiment perdu l'un des meilleurs parmi les leurs hier.
Kwey Nelson Mandela!
Migwetch Grand Chef!
jeudi 5 décembre 2013
Désobéir
J'ai pris l'autobus de la ville hier. Je marche la plupart du temps. Ou bien ma blonde me prend pour copilote sur le siège du passager. Un copilote qui ne connaît rien à la conduite automobile et qui n'en partage pas moins son avis comme un député d'arrière-ban.
Pour ce qui est de l'autobus municipal, je n'ai pas coutume d'aviser le chauffard de la STTR puisque je ne m'assois jamais à l'avant sur «le banc des innocents», banc où s'agglutine tous les emmerdeurs de ces travailleurs syndiqués. Je délaisse le banc des innocents pour lui laisser faire son boulot dans les délais restreints qui font partie du karma d'un conducteur de bêtes. Et pour le reste, eh bien j'observe tout ce qui se passe autour de moi parmi la meute de mes semblables de différentes odeurs.
Il y a d'abord eu ce bonhomme dans la soixantaine avancée avec le front dégarni et le nez flasque.
-Ej'cré b'en que tout l'monde va se l'ver d'sa place en courant s'i' rentre une p'tite vieille ou bedonc' une femme a'ec ses flos... El' monde... El' cibouère de monde...
Il voulait dire, bien entendu, que le monde ne se levait pas trop pour les vieilles, les femmes, les enfants et les vieux bonhommes au front dégarni. Sinon son ironie serait incompréhensible.
Un peu plus tard, au transfert, j'embarque dans un autre bus encore plus bondé que le précédent. Il y a surtout des jeunes et ils sont debout. Moi je suis assis derrière. Personne ne se rend vraiment jusque là pour vous rendre mal aise d'être assis, compte tenu des effets appréhendés par la politesse et la chaleur humaine.
Un jeune homme qui ressemble un peu à Buddy Holly avec ses lunettes de corne n'a que le mot Ixeboxe en bouche.
-Moé man j'ai augmenté la mémoire de ma Ixeboxe en y crissant une carte mémoire de 500 gigues que j'ai trouvé sur un ancien décodeur que j'ai démonté chez mon dad... mon dad qui reste au Rochon...
-Phoque le capitalisme man! lui rétorque un autre gars, un peu gras, et la bouche pleine de ixeboxes lui aussi. Y'auront pas une cenne de moé les hosties d'crosseurs d'la construction pis d'la politique sale!
-Ouin i' vendent ça trop cher les sacraments... Moé ej'pirate toutte c'que j'peux pis y'a pas un tabouère de capitaliste qui va m'avouère man... Ej'paye rien... J'damneleaude au boutte de toutte c'que-cé que j'trouve moé-là... Qu'i' mangent d'la marde les capitalistes! Les droits d'hauteur c'est pour nous faire cracher el'morceau comme des esclaves man... À qui la rue man? À nous la rue!
-La révolution s'en vient man, ej'te l'dis man... I' vont pogner un hostie de deux minutes...
Le gros porte un Tee-Shirt Guy Fawkes du genre V pour Vendetta. Il se confond bien au décor de l'autobus puisque les bancs sont parsemés d'autocollants affichant le célèbre masque du groupe Anonymous avec la mention Desobey.
On pense que les jeunes ne parlent que de leur Ixeboxe et je ne les entends parler que de révolution.
Ce n'est pas que je la demande ou bien que je la souhaite. Mon opinion n'a rien à voir avec ce que j'entends ou bien ce que je vois.
Je constate que les jeunes demeurent généralement debout dans les bus quand ils sont bondés. J'en déduis que les petits vieux comme moi peuvent encore demeurer confortablement assis, pourvu qu'ils s'assoient dans le fin fond de l'autobus.
Pour ce qui est de la révolution, eh bien je ne sais trop quoi dire.
Sinon qu'il y a quelqu'un en ville qui s'amuse à placarder la ville avec des stickers Desobey.
mardi 3 décembre 2013
Blanche neige
Quand une fine neige tombe sur la ville sous la forme de gros flocons cotonneux, toute âme le moindrement sensible en vient à pardonner tout et n'importe quoi.
Il est impossible de s'abandonner à la rudesse d'esprit alors que tout est féerique autour de soi. À moins que d'être inhumain, chosifié, réifié ou bien objectivé.
Nevaeh avait l'âme bien trop sensible pour ne pas sourire à pleines dents sous cette blanche neige qui purifiait tout, tant les humains que les choses.
Même les chiens méchants semblaient gentils. Ce berger allemand, qui traînait sa chaîne attaché au poteau de la galerie, n'était-il pas mignon sous les flocons crémeux? Il branlait sa queue et s'amusait d'enfouir son nez sous la neige molletonnée.
Nevaeh, qui ressemblait plutôt à un chien saucisse, n'était pas jolie mais elle avait tout de même de jolies oreilles, ni trop grosses, ni trop petites. De ces oreilles qu'on aurait envie d'y crier dedans pour la taquiner.
Elle avait dix-huit ans bien tapés puisque c'était son anniversaire.
Comment peut-on être malheureuse le jour de son anniversaire sous la neige blanche, hein?
Nevaeh n'était pas malheureuse, non, pas du tout.
Et tout le monde se parlait pour une fois parce que la neige délie les langues et ouvre le coeur.
Vous ne le croyez pas? C'est que vous n'êtes pas d'ici. Vous n'avez jamais mis les pieds dans la neige. Même les Russes comprendraient que la neige nous rend tolstoïen. Et c'est sans compter les Ukrainiens. À Kiev, par exemple, la neige est d'autant plus pure que le régime en place est corrompu. Ce qui n'a bien sûr rien à voir avec Nevaeh ou bien la neige blanche.
On fait ce qu'on peut dans la vie.
Et moi, je ne saurais aller plus loin dans cette histoire parce que Nevaeh est maintenant hors de vue.
D'autres que moi raconteront la suite de son histoire dans les commentaires apparaissant au bas de ce billet.
Je connais mes lecteurs et lectrices.
Ils aiment se jouer des arts et de la littérature.
Il est impossible de s'abandonner à la rudesse d'esprit alors que tout est féerique autour de soi. À moins que d'être inhumain, chosifié, réifié ou bien objectivé.
Nevaeh avait l'âme bien trop sensible pour ne pas sourire à pleines dents sous cette blanche neige qui purifiait tout, tant les humains que les choses.
Même les chiens méchants semblaient gentils. Ce berger allemand, qui traînait sa chaîne attaché au poteau de la galerie, n'était-il pas mignon sous les flocons crémeux? Il branlait sa queue et s'amusait d'enfouir son nez sous la neige molletonnée.
Nevaeh, qui ressemblait plutôt à un chien saucisse, n'était pas jolie mais elle avait tout de même de jolies oreilles, ni trop grosses, ni trop petites. De ces oreilles qu'on aurait envie d'y crier dedans pour la taquiner.
Elle avait dix-huit ans bien tapés puisque c'était son anniversaire.
Comment peut-on être malheureuse le jour de son anniversaire sous la neige blanche, hein?
Nevaeh n'était pas malheureuse, non, pas du tout.
Et tout le monde se parlait pour une fois parce que la neige délie les langues et ouvre le coeur.
Vous ne le croyez pas? C'est que vous n'êtes pas d'ici. Vous n'avez jamais mis les pieds dans la neige. Même les Russes comprendraient que la neige nous rend tolstoïen. Et c'est sans compter les Ukrainiens. À Kiev, par exemple, la neige est d'autant plus pure que le régime en place est corrompu. Ce qui n'a bien sûr rien à voir avec Nevaeh ou bien la neige blanche.
On fait ce qu'on peut dans la vie.
Et moi, je ne saurais aller plus loin dans cette histoire parce que Nevaeh est maintenant hors de vue.
D'autres que moi raconteront la suite de son histoire dans les commentaires apparaissant au bas de ce billet.
Je connais mes lecteurs et lectrices.
Ils aiment se jouer des arts et de la littérature.
lundi 2 décembre 2013
Hum... Ouais... Enfin...
Il est rare que je m'amuse à parler de moi. Le je m'emmerde profondément. Pour un Henry Miller il y a cent nihilistes qui ne savent pas raconter quelque chose de grand à propos d'eux-mêmes. Je crains souvent de tomber dans les affres du narcissisme. Il m'arrive souvent d'écrire des niaiseries à propos de Pierre, Jean ou William Woodrow-Wouellette parce que mon ego passe au second plan pour le plus grand bonheur de tous.
J'ai mis en ligne hier mon premier vidéo sur YouTube. C'est long à télécharger mais c'est vraiment un jeu d'enfant. Un nouveau monde s'ouvre à moi. Je crains de vous en montrer bientôt de toutes les couleurs. Je vais me retenir, pour ne pas nous lasser tous et toutes autant que nous sommeillons.
En ce premier lundi matin de décembre, je me sens un peu gauche de me montrer adroit.
Une mince couche de frimas s'est ajoutée aux premières neiges.
Il ne fait pas trop froid et sans doute un peu frais.
Ces temps-ci, mes pinceaux se font aller comme des baguettes chinoises devant ces tableaux qui bouffent tous les pigments que je leur tends. Je souhaite donner naissance à de la bonne peinture, au sens gastronomique du terme, ou littéraire pour reprendre la fabuleuse nouvelle de Marcel Aymé. Je peins des trucs nourrissants que je me dis. Cela me nourrit un tant soit peu et j'ose croire que cela nourrit aussi mes spectateurs et spectatrices les moins indulgents.
La plupart rigole devant mes tableaux.
Je prends ça pour un compliment.
Et à part ça, qu'ai-je à vous raconter, hein?
Pas grand' chose. Presque rien.
Je fais ma promotion en maugréant.
Je déteste me vendre.
On devrait tout donner. Tout.
Jusqu'au fond de nos shorts.
Mais on ne vaut pas mieux que les écureuils au final.
Et craignant d'un jour crever de faim, on se nourrit d'amour, de pain et de légumes. On emmagasine des tas de trucs, dont des romans de Victor Hugo. Et ça ne rend pas plus intelligent pour autant.
Hum...
Ouais...
dimanche 1 décembre 2013
Simplement sur Youtube
Directement de mon atelier-galerie d'art Simplement.
Je suis ouvert de 13h00 à 17h00 les samedis et dimanches du mois de décembre.
J'ouvre aussi sur demande.
Faites-moi parvenir un courriel pour me le faire savoir.
bouchard.gaetan@gmail.com