Qu'est-ce que l'art? Faire pareil comme Elzéar Bouvier, l'homme qui plantait des arbres. À chaque jour il faut planter sa graine comme il faut écrire, dessiner, peindre, chanter. Et au bout de plusieurs années, on obtient une forêt ou bien un chef-d'oeuvre.
Il y en aura des tas sur votre chemin pour vous dire que c'est con de se lever tous les matins pour aller planter des graines au diable vauvert ou bien pour écrire des niaiseries sur l'Internet.
Le pire c'est qu'ils vous raseraient votre forêt en moins de deux pour mieux humilier vos efforts.
Pourtant, c'est dans l'adversité qu'un grand artiste se révèle.
Comme disait Michel Bergeron, l'ex-entraîneur des Draveurs de Trois-Rivières: «C'est dans la misère qu'on forme les champions.»
Voilà.
vendredi 28 décembre 2012
mercredi 26 décembre 2012
Tout le monde mourrait entre les mains sales de Nestorius
Nestorius ne se lavait jamais les mains. Ou si peu que ça ne pouvait être ça, se laver les mains. C'est à peine s'il les badigeonnait d'eau. Il n'y mettait jamais de savon parce que ça lui piquait les mains. La plupart du temps elles étaient sales et graisseuses.
Nestorius était au terme de sa vie d'alcoolique et de pharmacien-chrirurgien de la petite ville de Saintes-Entrailles-de-Notre-Dame, quelque part dans le Nord de la France, on ne sait trop où. On sait cependant que c'était le vingt-six décembre de l'an de grâce mil deux cent trente-huit de Notre Seigneur, Sauveur, Dieu, etc. Une journée qui n'avait rien de spécial dans ce coin-là. Sinon que tout le monde avait trop bu et trop mangé à Noël, comme d'habitude, et qu'ils venaient tous se plaindre à la porte de l'échoppe de Nestorius pour se faire soigner le mal de panse.
Nestorius s'occupait de soigner tout un chacun avec deux ou trois manuscrits et plusieurs drogues qu'il avait ramenés de Paris. Il vivait plutôt bien. Il se salissait les mains avec de la viande et du vin.
On lui emmenait toutes sortes de malades quand on ne savait plus quoi faire avec. Et comme Nestorius n'était pas gratuit, on lui envoyait surtout des oies ou bien des filles. Parfois de l'or. Cela dépendait de la condition sociale. Nestorius adaptait son prix à l'époque et au troc. Ce gros sale était négociable.
À peu près tous les malades que Nestorius soignait mourraient. À cette époque, tout le monde mourrait tout le temps. Cela n'étonnait personne. On envoyait le moribond chez Nestorius puis la tournée se poursuivait chez le curé et le fossoyeur. Et la vie se recyclait une fois de plus en se transformant en autre chose, comme d'habitude.
Nestorius pratiquait beaucoup la saignée. On venait le voir pour une grippe que tout de suite il sortait son couteau et vous saignait ça et là pour se divertir. Il vous refilait ensuite une mixture imbuvable à base de mercure. Puis vous creviez pas trop longtemps après, histoire de laisser de la place aux autres malades qui n'avaient pas que ça à faire, patienter...
Nestorius aimait bien aussi apposer des ampoules de verre sur le dos des unijambistes et des migraineux. Il y voyait toutes sortes de maux traduits en mots latins alambiqués que personne ne comprenait autour de lui puisque personne ne savait lire ni écrire. On leur disait quelque chose en chaire ou en personne dans ce village que tout le monde entendait tout de travers et allait pendre la première femme aux cheveux roux qu'ils voyaient sur le chemin du retour de la messe.
Le latin, c'est depuis toujours une affaire sérieuse à ne pas laisser entre les mains des barbares. Aussi, seuls les riches pouvaient acheter des livres et lire un peu les plaisanteries de Ovide dans le texte. Quant au grec, on s'en foutait un peu. Même les évêques faisaient semblant de le comprendre.
Tout le monde mourrait entre les mains sales de Nestorius. Il était bien trop savant pour avoir tort. Aussi les imbéciles de son village accusaient-ils les démons et les sorcières d'avoir jeter un sort sur leur grippeux ou bien leur scrofuleux. Nestorius empochait tout de même l'argent et se forçait, dans ses loisirs, à faire un peu moins d'expériences sur les riches. Il avait intérêt à les garder vivants plus longtemps pour qu'ils s'achètent toujours plus de belles choses, comme des poèmes ou bien des gravures pornographiques.
C'était le vingt-six décembre mil deux cent trente-huit. Qu'est-ce qu'il foutait à Saintes-Entrailles-de-Notre-Dame? Pourquoi n'était-il pas allé vivre en Italie, dans les États du Pape, dans un royaume de fées et de belles musiques? Mais non, il fallait qu'il s'installe au royaume des cretons et autres cochonnailles. Ça lui donnait l'envie d'en saigner plus encore. Tous ces obèses. Tous ces gens trop bien portants qui venaient cogner à sa porte pour des niaiseries.
-Vous voulez être malades ? Eh bien vous serez malades! Alea jacta est et curriculum vitae verra!
Voilà ce que Nestorius se disait en lui-même en gratifiant tous ses malades d'une saignée ou bien d'une drogue testée sur des pauvres.
La neige tombait à gros flocons.
Comment n'aurait-elle pu tomber autrement qu'à gros flocons, hein?
Les vingt-six décembre, la neige est toujours sous la forme de gros flocons. Tout le monde sait ça.
Nestorius était au terme de sa vie d'alcoolique et de pharmacien-chrirurgien de la petite ville de Saintes-Entrailles-de-Notre-Dame, quelque part dans le Nord de la France, on ne sait trop où. On sait cependant que c'était le vingt-six décembre de l'an de grâce mil deux cent trente-huit de Notre Seigneur, Sauveur, Dieu, etc. Une journée qui n'avait rien de spécial dans ce coin-là. Sinon que tout le monde avait trop bu et trop mangé à Noël, comme d'habitude, et qu'ils venaient tous se plaindre à la porte de l'échoppe de Nestorius pour se faire soigner le mal de panse.
Nestorius s'occupait de soigner tout un chacun avec deux ou trois manuscrits et plusieurs drogues qu'il avait ramenés de Paris. Il vivait plutôt bien. Il se salissait les mains avec de la viande et du vin.
On lui emmenait toutes sortes de malades quand on ne savait plus quoi faire avec. Et comme Nestorius n'était pas gratuit, on lui envoyait surtout des oies ou bien des filles. Parfois de l'or. Cela dépendait de la condition sociale. Nestorius adaptait son prix à l'époque et au troc. Ce gros sale était négociable.
À peu près tous les malades que Nestorius soignait mourraient. À cette époque, tout le monde mourrait tout le temps. Cela n'étonnait personne. On envoyait le moribond chez Nestorius puis la tournée se poursuivait chez le curé et le fossoyeur. Et la vie se recyclait une fois de plus en se transformant en autre chose, comme d'habitude.
Nestorius pratiquait beaucoup la saignée. On venait le voir pour une grippe que tout de suite il sortait son couteau et vous saignait ça et là pour se divertir. Il vous refilait ensuite une mixture imbuvable à base de mercure. Puis vous creviez pas trop longtemps après, histoire de laisser de la place aux autres malades qui n'avaient pas que ça à faire, patienter...
Nestorius aimait bien aussi apposer des ampoules de verre sur le dos des unijambistes et des migraineux. Il y voyait toutes sortes de maux traduits en mots latins alambiqués que personne ne comprenait autour de lui puisque personne ne savait lire ni écrire. On leur disait quelque chose en chaire ou en personne dans ce village que tout le monde entendait tout de travers et allait pendre la première femme aux cheveux roux qu'ils voyaient sur le chemin du retour de la messe.
Le latin, c'est depuis toujours une affaire sérieuse à ne pas laisser entre les mains des barbares. Aussi, seuls les riches pouvaient acheter des livres et lire un peu les plaisanteries de Ovide dans le texte. Quant au grec, on s'en foutait un peu. Même les évêques faisaient semblant de le comprendre.
Tout le monde mourrait entre les mains sales de Nestorius. Il était bien trop savant pour avoir tort. Aussi les imbéciles de son village accusaient-ils les démons et les sorcières d'avoir jeter un sort sur leur grippeux ou bien leur scrofuleux. Nestorius empochait tout de même l'argent et se forçait, dans ses loisirs, à faire un peu moins d'expériences sur les riches. Il avait intérêt à les garder vivants plus longtemps pour qu'ils s'achètent toujours plus de belles choses, comme des poèmes ou bien des gravures pornographiques.
C'était le vingt-six décembre mil deux cent trente-huit. Qu'est-ce qu'il foutait à Saintes-Entrailles-de-Notre-Dame? Pourquoi n'était-il pas allé vivre en Italie, dans les États du Pape, dans un royaume de fées et de belles musiques? Mais non, il fallait qu'il s'installe au royaume des cretons et autres cochonnailles. Ça lui donnait l'envie d'en saigner plus encore. Tous ces obèses. Tous ces gens trop bien portants qui venaient cogner à sa porte pour des niaiseries.
-Vous voulez être malades ? Eh bien vous serez malades! Alea jacta est et curriculum vitae verra!
Voilà ce que Nestorius se disait en lui-même en gratifiant tous ses malades d'une saignée ou bien d'une drogue testée sur des pauvres.
La neige tombait à gros flocons.
Comment n'aurait-elle pu tomber autrement qu'à gros flocons, hein?
Les vingt-six décembre, la neige est toujours sous la forme de gros flocons. Tout le monde sait ça.
lundi 24 décembre 2012
Donner sans joie ce n'est pas donner
Je ne me souvenais pas d'avoir vu Mon oncle Antoine. C'est pourtant un film de Claude Jutra que l'on diffuse à presque tous les Noëls à la télé, en même temps que Astérix le Gaulois et Docteur Jivago. Je n'avais jamais vraiment accroché, jusqu'à tout récemment.
C'est arrivé par hasard. Je me suis tapé Mon oncle Antoine. Et j'ai compris en quoi ce film peut faire partie des chefs-d'oeuvre du cinéma québécois.
Le scénario est impeccable. L'oncle Antoine est interprété par Jean Duceppe. Il tient un magasin général au pays de l'amiante. Il fait aussi office de fossoyeur. Il héberge son neveu et une petite fille. Il boit comme un trou. Et il est cocufié par le commis du magasin, interprété par Claude Jutra lui-même.
Une scène du film m'a particulièrement frappé.
C'est la veille de Noël. Le boss de la mine descend en cariole sur la rue Principale. Son visage n'exprime ni rire ni joie ni rien. Il n'exprime que le mépris, ce qui est encore moins que rien.
Pour donner corps à ce mépris, le boss balance des cadeaux dans la sloche comme s'il donnait de la moulée aux porcs. Les enfants ramassent les cadeaux avec une joie feinte ou résignée.
On voit la scène ici vers 6 minutes 25 secondes.
***
Donner sans joie ce n'est pas donner.
C'est arrivé par hasard. Je me suis tapé Mon oncle Antoine. Et j'ai compris en quoi ce film peut faire partie des chefs-d'oeuvre du cinéma québécois.
Le scénario est impeccable. L'oncle Antoine est interprété par Jean Duceppe. Il tient un magasin général au pays de l'amiante. Il fait aussi office de fossoyeur. Il héberge son neveu et une petite fille. Il boit comme un trou. Et il est cocufié par le commis du magasin, interprété par Claude Jutra lui-même.
Une scène du film m'a particulièrement frappé.
C'est la veille de Noël. Le boss de la mine descend en cariole sur la rue Principale. Son visage n'exprime ni rire ni joie ni rien. Il n'exprime que le mépris, ce qui est encore moins que rien.
Pour donner corps à ce mépris, le boss balance des cadeaux dans la sloche comme s'il donnait de la moulée aux porcs. Les enfants ramassent les cadeaux avec une joie feinte ou résignée.
On voit la scène ici vers 6 minutes 25 secondes.
***
Donner sans joie ce n'est pas donner.
dimanche 23 décembre 2012
Soyeux Noël et soyez mages
«Publier c'est mettre aux enchères l'esprit humain.»
Emily Dickinson
J'ai produit en 2010 cette poignée de Contes de Noël pas racontables avec lesquels j'étais sensé me rendre chez un éditeur pour le supplier de ne pas être un cave comme tous les autres éditeurs qui charcutent les textes de leurs auteurs pour en faire de la marde bouillie.
J'ai résisté à cette envie. Ces contes sont encore inédits. Comme l'ensemble de mon oeuvre - ou presque.
Ils se trouvent ici. Soyeux Noël et soyez mages.
samedi 22 décembre 2012
Mon art d'écrire...
Au risque de passer pour un dilettante, je me permets de livrer ici ma réflexion sur ce que je conviens d'appeler mon «art d'écrire».
Je ne suis pas une méthode bien précise, sinon celle d'accorder l'auxiliaire être comme l'auxiliaire avoir à la forme pronominale. Pour le reste, je suis tout bonnement mon instinct. Et cela donne ce que vous avez présentement sous les yeux, un peu partout sur cette page, en cliquant à gauche, à droite, en bas et en haut.
J'ai bien dû rédiger plus de deux milliers de texticules sur ce blogue. Ils ne sont pas tous excellents comme celui-ci. Mais bon, vous voyez bien que je sue des doigts à défaut de faire preuve de jugement ou de bon goût. Ma boîte de Pandore est ouverte et je sème à tous vents le chaos de cette imagination débridée qui ne veut servir rien ni personne.
Souvent il m'arrive de débuter mes billets quotidiens par une réflexion politique que j'efface tout de suite pour plutôt raconter une histoire niaise qui me tient lieu de parabole. J'y passe tout autant de réflexions sans que cela ne paraisse. Et c'est sans doute mieux dit que ce que j'aurais écrit autrement: de la mélasse idéologique qui finit par vous dégoûter de vous-même.
Je ne dis pas que je renie mes convictions politiques. J'en ai. C'est évident. Mais mes convictions métaphysiques passent bien avant. La terre est trop petite pour l'étendue que ma bonté voudrait prendre. D'où ce besoin de m'évader pour mieux nous retrouver. Si je ne vous aimais pas, je ne vous ferais lire que mes pamphlets politiques...
***
J'ai écrit plein de petits récits, de petits contes, de petites fables. Mes modèles en littérature sont essentiellement des auteurs russes. D'abord Isaac Babel. Puis Varlam Chalamov. Et, le plus grand de tous, Mikhaïl Boulgakov. Je n'oublie pas Gogol, Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov... Ils sont tous sous le signe de la féerie. Lire un auteur russe, c'est comme avoir toujours la musique de Pierre et le loup en sourdine.
J'ai souvent tenté d'écrire des romans. J'en ai écrit plusieurs que j'ai détruits. Ils étaient à peu près tous trop longs et tous à peu près nuls. Mon dernier en date s'intitulait Le coût de la lecture. C'est l'histoire d'un plombier qui travaillait sous l'évier de Georges, son voisin. Comme il est de la même stature que Georges, son épouse croyait que c'était son mari qui réparait quelque chose sous l'évier. Eh bien non, c'était le plombier. Le plombier qui s'est fracassé le crâne contre le bord de l'évier en se faisant ramasser le «packsac» par en arrière par la femme de Georges. Elle croyait que c'était son mari et voulait lui faire cette délicatesse qui s'avéra catastrophique. Le plombier fût conduit à l'hôpital en ambulance. Les ambulanciers l'échappèrent dans l'escalier tellement ils riaient à propos de la manière dont c'était arrivé. Bref, le plombier arriva pas mal magané à l'urgence et passa plusieurs mois à l'hôpital pour finalement y développer le goût de la lecture... Je vous souhaite de ne jamais lire ce roman...
***
C'est une manie chez certains éditeurs québécois de demander un roman à l'écrivain des ligues mineures qui semble savoir manier sa plume.
J'ai connu un bon écrivain de petits textes qui a écrit un très mauvais et trop long roman. Guy de Maupassant et Alphonse Daudet sont meilleurs dans les courts récits. Ne devient pas Victor Hugo qui le veut.
Je ne ferai pas cette erreur de considérer un roman comme une pierre philosophale, comme l'aboutissement d'un écrivain et tralala.
Il n'y a pas d'autres règles que le pouvoir d'évocation dans le domaine des arts et des lettres.
Une ligne, un paragraphe, trois pages peuvent entrer dans la légende.
Des tas d'ouvrages pompeux peuvent sombrer dans l'indifférence générale ou bien remplacer les pattes cassées des fauteuils miteux.
Je ne suis pas une méthode bien précise, sinon celle d'accorder l'auxiliaire être comme l'auxiliaire avoir à la forme pronominale. Pour le reste, je suis tout bonnement mon instinct. Et cela donne ce que vous avez présentement sous les yeux, un peu partout sur cette page, en cliquant à gauche, à droite, en bas et en haut.
J'ai bien dû rédiger plus de deux milliers de texticules sur ce blogue. Ils ne sont pas tous excellents comme celui-ci. Mais bon, vous voyez bien que je sue des doigts à défaut de faire preuve de jugement ou de bon goût. Ma boîte de Pandore est ouverte et je sème à tous vents le chaos de cette imagination débridée qui ne veut servir rien ni personne.
Souvent il m'arrive de débuter mes billets quotidiens par une réflexion politique que j'efface tout de suite pour plutôt raconter une histoire niaise qui me tient lieu de parabole. J'y passe tout autant de réflexions sans que cela ne paraisse. Et c'est sans doute mieux dit que ce que j'aurais écrit autrement: de la mélasse idéologique qui finit par vous dégoûter de vous-même.
Je ne dis pas que je renie mes convictions politiques. J'en ai. C'est évident. Mais mes convictions métaphysiques passent bien avant. La terre est trop petite pour l'étendue que ma bonté voudrait prendre. D'où ce besoin de m'évader pour mieux nous retrouver. Si je ne vous aimais pas, je ne vous ferais lire que mes pamphlets politiques...
***
J'ai écrit plein de petits récits, de petits contes, de petites fables. Mes modèles en littérature sont essentiellement des auteurs russes. D'abord Isaac Babel. Puis Varlam Chalamov. Et, le plus grand de tous, Mikhaïl Boulgakov. Je n'oublie pas Gogol, Dostoïevski, Tolstoï, Tchékhov... Ils sont tous sous le signe de la féerie. Lire un auteur russe, c'est comme avoir toujours la musique de Pierre et le loup en sourdine.
J'ai souvent tenté d'écrire des romans. J'en ai écrit plusieurs que j'ai détruits. Ils étaient à peu près tous trop longs et tous à peu près nuls. Mon dernier en date s'intitulait Le coût de la lecture. C'est l'histoire d'un plombier qui travaillait sous l'évier de Georges, son voisin. Comme il est de la même stature que Georges, son épouse croyait que c'était son mari qui réparait quelque chose sous l'évier. Eh bien non, c'était le plombier. Le plombier qui s'est fracassé le crâne contre le bord de l'évier en se faisant ramasser le «packsac» par en arrière par la femme de Georges. Elle croyait que c'était son mari et voulait lui faire cette délicatesse qui s'avéra catastrophique. Le plombier fût conduit à l'hôpital en ambulance. Les ambulanciers l'échappèrent dans l'escalier tellement ils riaient à propos de la manière dont c'était arrivé. Bref, le plombier arriva pas mal magané à l'urgence et passa plusieurs mois à l'hôpital pour finalement y développer le goût de la lecture... Je vous souhaite de ne jamais lire ce roman...
***
C'est une manie chez certains éditeurs québécois de demander un roman à l'écrivain des ligues mineures qui semble savoir manier sa plume.
J'ai connu un bon écrivain de petits textes qui a écrit un très mauvais et trop long roman. Guy de Maupassant et Alphonse Daudet sont meilleurs dans les courts récits. Ne devient pas Victor Hugo qui le veut.
Je ne ferai pas cette erreur de considérer un roman comme une pierre philosophale, comme l'aboutissement d'un écrivain et tralala.
Il n'y a pas d'autres règles que le pouvoir d'évocation dans le domaine des arts et des lettres.
Une ligne, un paragraphe, trois pages peuvent entrer dans la légende.
Des tas d'ouvrages pompeux peuvent sombrer dans l'indifférence générale ou bien remplacer les pattes cassées des fauteuils miteux.
jeudi 20 décembre 2012
Il y a des limites à la bonté
Il y avait une manière bien simple chez les Inuits de traiter un assassin. La communauté lui ordonnait de foutre le camp. Seul dans un univers hostile, l'assassin avait très peu de chances de survivre. Il revenait au Grand Esprit d'en décider. C'était à lui de ne pas enfreindre cette obligation de vivre ensemble tandis qu'il faisait face à sa banquise et à sa solitude.
Chez-nous, c'est un peu plus compliqué. Il y a des juges, des jurés et des avocats. Et des prisons.
Il fût un temps où il y avait des supplices et des châtiments bien pires. L'écartèlement, le ling chi et l'ordalie ne sont plus à la mode. Reculons de quelques centaines d'années et nous sommes en pleine barbarie.
N'empêche que la morale inuite m'a toujours frappée l'imagination. Je sais bien qu'elle est inapplicable parmi des millions et des milliards d'humains. Pourtant, j'y trouve une sagesse bien supérieure à toutes ces éructations à propos des peines d'emprisonnement, des supplices et des châtiments.
La communauté a le devoir de se protéger des tueurs, bien sûr. Les Inuits ne trouvaient pas nécessaire de les tuer. À moins qu'ils ne reviennent. Ils ne pardonnaient pas à l'assassin de revenir sur les lieux du meurtre. Ils le dépeçaient comme un phoque. Il y a des limites à la bonté. Partout comme ailleurs.
mardi 18 décembre 2012
La pauvreté sale de Vluta
Elle était pauvre comme de la gale et elle s'appelait Vluta. Ne me demandez pas son origine. Elle sacrait comme tout le monde et s'appelait tout de même Vluta. Était-ce une fantaisie de ses parents, Herman Langevin et Maude Grillé? C'est dur à dire. Sachons seulement que ses parents étaient des cultivateurs de la Rive Sud. Ils sont décédés par accident en nettoyant une fosse à purin. Morts par les gaz toxiques. D'où le besoin de prendre plus de précautions que de coutume lorsque l'on nettoie une fosse à purin. On devrait toujours laisser cela à des professionnels. On finit par crever d'économiser.
Vluta n'avait que neuf ans lorsque ses parents sont morts. Elle n'hérita de rien. Ses parents louaient la terre et se devaient le cul. On l'envoya donc chez sa tante, Rita, qui était sur l'assistance sociale et nourrissait déjà deux chats. C'était une tante très timide qui ne mettait jamais le nez dehors. Elle avait peur de tout, même d'un rien.
Vluta devint d'assez bonne heure le seul esprit éclairé de la maison. C'est elle qui réglait tout, même les histoires de bail et de déneigement. Matante Rita était largement inapte au travail. Elle fixait un point fixe toute la journée en écoutant délirer Docteur Maillet à la radio.
Vluta a toujours travaillé depuis la mort de ses parents. En plus de tout faire chez matante Rita, elle livrait des journaux et servait aux tables au restaurant Chez Popo-le-gros-lard.
Comme elle s'était écoeurée, Vluta, de servir des gros malcommodes qui ne lui disaient ni merci ni bonjour! Ils se permettaient tout de même de lui reluquer le cul et les boules comme si elle était un hostie de morceau de steak.
Ça la mettait en calice que les hommes soient si porcs. Le prince charmant ne passait pas souvent dans son coin. Pour dire vrai Vluta dût grandir parmi des vieux chiâleux de l'Ancien Temps parce que tout le monde avait crissé son camp de Sainte-Blandine-des-Mines, même les compagnies minières. Il n'était demeuré que des vieux et des personnes inaptes au travail. Vluta était en fait le seul espoir qu'il se passe quelque chose dans ce village.
Il ne s'y passa rien puisque Vluta partit de son village à sa majorité, laissant sa tante Rita aux soins de ses deux chats et des services sociaux.
Comme elle avait du cran, elle a étudié, Vluta, tout en travaillant. Elle a terminé son secondaire cinq en suivant des cours par correspondance. Puis elle a suivi des cours du soir au Cégep. Pendant tout ce temps elle continuait de servir dans des restos de moins en moins minables. Elle passa de Chez Popo-le-gros-lard à Chez Monsieur Lanthier de Rapaille, un café chic situé au centre-ville de la métropole.
Au bout de tout ça, Vluta obtint son diplôme d'architecte. Elle avait deux enfants qu'elle élevait seule depuis que son chum s'était pendu parce qu'il ne s'aimait plus.
Vluta n'avait aucun contact dans le milieu de l'architecture et, de plus, elle s'était cassée une hanche en glissant sur une flaque d'eau à son café chic. Le choc fût assez terrible. Elle tomba handicapée. Elle avait des pertes de mémoire. Et des problèmes d'argent.
Sa santé mentale déclina pour une raison mystérieuse. Ses médecins se mirent à la bourrer de pilules. Comme elle était devenue inapte au travail elle s'enferma dans sa tanière, comme naguère sa tante Rita, en fixant le vide toute la journée. Au lieu d'écouter le Docteur Maillet à la radio, Vluta n'écoutait rien d'autres que les cris de ses enfants sans rien y comprendre. C'est à peine si elle réussissait à les nourrir. Elle le faisait pourtant, malgré la misère, la maladie et la pauvreté sale. Elle beurrait encore leurs toasts, lavait leur linge et pliait leurs vêtements même si elle avait toujours un filet de salive qui pendait aux commissures de ses lèvres, tellement elle se faisait geler par ses médecins.
Cette année, elle va recevoir un panier de Noël et un peu de gugusses de la guignolée. Vluta va aller chercher son panier en claudiquant jusqu'au local des Petits Frères et Petites Soeurs de la Paix. Elle va tout ramener ça dans sa petite chariote de broche à roulettes.
Les enfants vont encore crier.
Les chats vont encore miauler.
Et Noël sera encore aussi sale et pauvre que celui de l'an passé.
L'important c'est d'avoir de quoi à manger.
On peut se faire des sandwiches au jambon avec du jambon en conserve. Ou bien une omelette au jambon. Des croquettes au jambon. N'importe quoi au jambon.
Il n'y a qu'à servir ça avec une bûche de Noël et tout le monde n'y verra que du feu.
Il y a de belles chansons de Noël à la radio.
Et la radio, ça coûte rien quand on paie son loyer et son électricité.
Vluta n'avait que neuf ans lorsque ses parents sont morts. Elle n'hérita de rien. Ses parents louaient la terre et se devaient le cul. On l'envoya donc chez sa tante, Rita, qui était sur l'assistance sociale et nourrissait déjà deux chats. C'était une tante très timide qui ne mettait jamais le nez dehors. Elle avait peur de tout, même d'un rien.
Vluta devint d'assez bonne heure le seul esprit éclairé de la maison. C'est elle qui réglait tout, même les histoires de bail et de déneigement. Matante Rita était largement inapte au travail. Elle fixait un point fixe toute la journée en écoutant délirer Docteur Maillet à la radio.
Vluta a toujours travaillé depuis la mort de ses parents. En plus de tout faire chez matante Rita, elle livrait des journaux et servait aux tables au restaurant Chez Popo-le-gros-lard.
Comme elle s'était écoeurée, Vluta, de servir des gros malcommodes qui ne lui disaient ni merci ni bonjour! Ils se permettaient tout de même de lui reluquer le cul et les boules comme si elle était un hostie de morceau de steak.
Ça la mettait en calice que les hommes soient si porcs. Le prince charmant ne passait pas souvent dans son coin. Pour dire vrai Vluta dût grandir parmi des vieux chiâleux de l'Ancien Temps parce que tout le monde avait crissé son camp de Sainte-Blandine-des-Mines, même les compagnies minières. Il n'était demeuré que des vieux et des personnes inaptes au travail. Vluta était en fait le seul espoir qu'il se passe quelque chose dans ce village.
Il ne s'y passa rien puisque Vluta partit de son village à sa majorité, laissant sa tante Rita aux soins de ses deux chats et des services sociaux.
Comme elle avait du cran, elle a étudié, Vluta, tout en travaillant. Elle a terminé son secondaire cinq en suivant des cours par correspondance. Puis elle a suivi des cours du soir au Cégep. Pendant tout ce temps elle continuait de servir dans des restos de moins en moins minables. Elle passa de Chez Popo-le-gros-lard à Chez Monsieur Lanthier de Rapaille, un café chic situé au centre-ville de la métropole.
Au bout de tout ça, Vluta obtint son diplôme d'architecte. Elle avait deux enfants qu'elle élevait seule depuis que son chum s'était pendu parce qu'il ne s'aimait plus.
Vluta n'avait aucun contact dans le milieu de l'architecture et, de plus, elle s'était cassée une hanche en glissant sur une flaque d'eau à son café chic. Le choc fût assez terrible. Elle tomba handicapée. Elle avait des pertes de mémoire. Et des problèmes d'argent.
Sa santé mentale déclina pour une raison mystérieuse. Ses médecins se mirent à la bourrer de pilules. Comme elle était devenue inapte au travail elle s'enferma dans sa tanière, comme naguère sa tante Rita, en fixant le vide toute la journée. Au lieu d'écouter le Docteur Maillet à la radio, Vluta n'écoutait rien d'autres que les cris de ses enfants sans rien y comprendre. C'est à peine si elle réussissait à les nourrir. Elle le faisait pourtant, malgré la misère, la maladie et la pauvreté sale. Elle beurrait encore leurs toasts, lavait leur linge et pliait leurs vêtements même si elle avait toujours un filet de salive qui pendait aux commissures de ses lèvres, tellement elle se faisait geler par ses médecins.
Cette année, elle va recevoir un panier de Noël et un peu de gugusses de la guignolée. Vluta va aller chercher son panier en claudiquant jusqu'au local des Petits Frères et Petites Soeurs de la Paix. Elle va tout ramener ça dans sa petite chariote de broche à roulettes.
Les enfants vont encore crier.
Les chats vont encore miauler.
Et Noël sera encore aussi sale et pauvre que celui de l'an passé.
L'important c'est d'avoir de quoi à manger.
On peut se faire des sandwiches au jambon avec du jambon en conserve. Ou bien une omelette au jambon. Des croquettes au jambon. N'importe quoi au jambon.
Il n'y a qu'à servir ça avec une bûche de Noël et tout le monde n'y verra que du feu.
Il y a de belles chansons de Noël à la radio.
Et la radio, ça coûte rien quand on paie son loyer et son électricité.
lundi 17 décembre 2012
Les autosuceurs
Eusèbe est un écrivain qui ne publie rien parce que tous les gens du milieu des arts et des lettres lui laissent un léger goût de vomissures en bouche à la simple énonciation de leur patronyme de mendiants de prébendes.
Unetelle fait passer ses collages photoshoppées pour le nec plus ultra de l'art, alors que votre beau-frère fait mieux dans son sous-sol sans écoeurer personne avec l'étalage de son mauvais goût. Elle voyage ça et là sur le bras en nous faisant passer pour les maillets d'entre les maillets parmi les peuples et nations du monde, dont les Français et les Belges.
Telautre crie dans un micro des incongruités sur ses passions sexuelles qui, dans les faits, se limitent à plusieurs branlées en solo. Telautre a tellement l'air imbu de lui-même qu'il est du genre à rêver de s'enlever toutes les côtes pour s'autosucer.
Les oeuvres de tous ces guignols sont à la juste mesure de leurs éternels débuts en arts comme en toutes autres choses. Ils sont tous et toutes englués dans la prématernelle de l'art, de cet art qui tape une crise de bassinette quand on doute de son pouvoir d'évocation. L'art puéril, l'art du strict minimum d'efforts pour avoir son bonbon ou bien sa suce.
Eusèbe ne vaut guère mieux que ceux-là en réalité. Mais au moins il ne publie rien. Il s'essaie sur son dactylographe Underwood à un énorme roman intitulé Les autosuceurs. C'est déjà une brique de vingt-sept milles pages où Eusèbe s'en prend, vous l'aurez compris, à tous ces narcissiques qui pullulent dans le milieu universitaire où il évolue plutôt mal que bien, ce sacré Eusèbe.
Le visage toujours glabre, les oreilles un peu poilues, on ne dirait pas de Eusèbe qu'il ressemble à Symphorien. Il a plutôt l'air de ressembler à Léon Bloy, tant en photographie qu'en littérature.
Son roman Les autosuceurs est un compendium de mots savants où tout le Littré y passe, voire plus encore. Le plus-que-parfait du subjonctif y est à l'honneur. Et le passé simple aussi. C'est lourd, pesant et pas facile à lire. Par contre, c'est sincère, même si c'est inintéressant.
Il m'en a laissé un exemplaire quand il est venu faire le ménage au département. Il pense, à tort, que je sais apprécier la littérature parce que je suis la seule personne autour de lui qui connaisse Léon Bloy. Ce qui fait de moi le seul lecteur qu'il voudrait se mériter. Un chapeau beaucoup trop grand pour moi qui, fin renard, le complimente beaucoup trop puisque je dois me taper Les autosuceurs en lecture très rapide sur la diagonale. Eusèbe n'a que la littérature et sa moppe dans la vie. Je m'en voudrais de ne lui laisser que sa moppe. Aussi, j'essaie de lui trouver un éditeur, des fois où ça lui ferait du bien, Eusèbe, de voyager un peu avec Unetelle ou Telautre.
Je vous laisse sur l'introduction de son roman. Ça donne le ton aux vingt-sept milles pages qui suivent... Si vous êtes prêts à perdre de l'argent sur cette histoire, faites-lui signe. Eusèbe saura l'apprécier après avoir feint une atteinte à son univers d'artiste maudit, comme tous les autres tarés des arts et des lettres.
«Qu'ils eussent été mille, millions et milliards ils n'étaient tous que fiente dans le fin fond de l'âme et c'est cette matière fétide qu'il voulait faire accroire aussi luisante et propre qu'un cerveau bien fait ayant élégamment maturé dans les méandres aventureux des bibliothèques qui s'élevaient à chacune de ses haltes pour lui permettre de se finement délivrer de ces flagorneurs, pharisiens et autres troglodytes de tous lieux qui sèchent comme de la crotte qui ne voudrait pas sécher au soleil.»
Eusèbe Carrier, Les autosuceurs, manuscrit
Unetelle fait passer ses collages photoshoppées pour le nec plus ultra de l'art, alors que votre beau-frère fait mieux dans son sous-sol sans écoeurer personne avec l'étalage de son mauvais goût. Elle voyage ça et là sur le bras en nous faisant passer pour les maillets d'entre les maillets parmi les peuples et nations du monde, dont les Français et les Belges.
Telautre crie dans un micro des incongruités sur ses passions sexuelles qui, dans les faits, se limitent à plusieurs branlées en solo. Telautre a tellement l'air imbu de lui-même qu'il est du genre à rêver de s'enlever toutes les côtes pour s'autosucer.
Les oeuvres de tous ces guignols sont à la juste mesure de leurs éternels débuts en arts comme en toutes autres choses. Ils sont tous et toutes englués dans la prématernelle de l'art, de cet art qui tape une crise de bassinette quand on doute de son pouvoir d'évocation. L'art puéril, l'art du strict minimum d'efforts pour avoir son bonbon ou bien sa suce.
Eusèbe ne vaut guère mieux que ceux-là en réalité. Mais au moins il ne publie rien. Il s'essaie sur son dactylographe Underwood à un énorme roman intitulé Les autosuceurs. C'est déjà une brique de vingt-sept milles pages où Eusèbe s'en prend, vous l'aurez compris, à tous ces narcissiques qui pullulent dans le milieu universitaire où il évolue plutôt mal que bien, ce sacré Eusèbe.
Le visage toujours glabre, les oreilles un peu poilues, on ne dirait pas de Eusèbe qu'il ressemble à Symphorien. Il a plutôt l'air de ressembler à Léon Bloy, tant en photographie qu'en littérature.
Son roman Les autosuceurs est un compendium de mots savants où tout le Littré y passe, voire plus encore. Le plus-que-parfait du subjonctif y est à l'honneur. Et le passé simple aussi. C'est lourd, pesant et pas facile à lire. Par contre, c'est sincère, même si c'est inintéressant.
Il m'en a laissé un exemplaire quand il est venu faire le ménage au département. Il pense, à tort, que je sais apprécier la littérature parce que je suis la seule personne autour de lui qui connaisse Léon Bloy. Ce qui fait de moi le seul lecteur qu'il voudrait se mériter. Un chapeau beaucoup trop grand pour moi qui, fin renard, le complimente beaucoup trop puisque je dois me taper Les autosuceurs en lecture très rapide sur la diagonale. Eusèbe n'a que la littérature et sa moppe dans la vie. Je m'en voudrais de ne lui laisser que sa moppe. Aussi, j'essaie de lui trouver un éditeur, des fois où ça lui ferait du bien, Eusèbe, de voyager un peu avec Unetelle ou Telautre.
Je vous laisse sur l'introduction de son roman. Ça donne le ton aux vingt-sept milles pages qui suivent... Si vous êtes prêts à perdre de l'argent sur cette histoire, faites-lui signe. Eusèbe saura l'apprécier après avoir feint une atteinte à son univers d'artiste maudit, comme tous les autres tarés des arts et des lettres.
«Qu'ils eussent été mille, millions et milliards ils n'étaient tous que fiente dans le fin fond de l'âme et c'est cette matière fétide qu'il voulait faire accroire aussi luisante et propre qu'un cerveau bien fait ayant élégamment maturé dans les méandres aventureux des bibliothèques qui s'élevaient à chacune de ses haltes pour lui permettre de se finement délivrer de ces flagorneurs, pharisiens et autres troglodytes de tous lieux qui sèchent comme de la crotte qui ne voudrait pas sécher au soleil.»
Eusèbe Carrier, Les autosuceurs, manuscrit
samedi 15 décembre 2012
Travaux en cours
Ce n'est pas fini. Mais ça s'en vient. Une autre toile gigantesque remplie de personnages réels et imaginaires.
vendredi 14 décembre 2012
Un conte de Noël obligatoire
Grégoire devait écrire un conte de Noël obligatoire pour son hostie de cours de français au Cégep.
Ça le mettait en beau tabarnak, évidemment, puisqu'il ne se connaissait aucun talent pour la syntaxe, l'orthographe et les racontars.
-Ça sert à quoi eul'français, hein? Sinon à faire chier... qu'il disait, Grégoire.
Et ça le faisait chier d'aplomb, certes. Mais que voulez-vous, on ne devient pas technicien en chauffage de bouilloire sans avoir passé ses cours de français. Grégoire devait donc se soumettre. Et cette histoire de raconter un Noël, ça ne lui revenait crissement pas.
Grégoire vivait seul dans un studio situé sur le boulevard Saint-Joseph, à Monrial. C'était un logement minable et cher. Il aurait pu louer un huit et demi pour le même prix à Shawinigan. Mais non, il fallait qu'il s'entête à étudier au Cégep du Vieux-Montréal et qu'il aille s'établir sur ce maudit Plateau à 'a marde.
La neige ne tombait pas à gros flocons. Elle était devenue brune et verglacée, ça et là.
Grégoire marchait sur les trottoirs pour s'inspirer, comme ils disent, et il ne trouvait rien de rien, sinon que la neige était brune comme de la marde.
Il s'acheta trois bonnes bouteilles de vin au dépanneur du coin puis revint dans son studio pour rédiger son foutu conte d'un seul trait une fois qu'il serait fin saoul.
Grégoire avait un peu mal à la tête le lendemain. Boire du vin de dépanneur, ça provoque la migraine. Cependant, son conte de Noël était écrit.
Il pouvait le remettre à son prof de français et passer à autre chose.
Aux vacances de Noël par exemple.
Cré Grégoire de calvasse de torlaille!
***
Cette présente fable terminerait bien abruptement si je n'avais pas trouvé le moyen de subtiliser ce conte de Noël pas piqué des vers que Grégoire lui a torché une fois qu'il était bien saoul.
Ce n'est pas de la grande littérature, mais ça partait des tripes. Trois bouteilles de vin ont suffi.
«Titres: Compte de Noèl Hauteur: Grégoire
J'é toujour hayi Noèl parse que ses poche. Noèl s'est pour ce dire des affaires quont deveraient ce dir toute l'ané.
J'avait resu un kit de bricolaje quent j'êtait jeune. Un autre fois s'étais un train.
Si Santa Cloz a une grosse barbe s'est pour qui disent ho! ho!
Un moment donné tu t'es coeur.
Tu seras mel dir.»
Évidemment, Grégoire recevra son diplôme. Ça sert à quoi eul' français, hein? Joyeux Noël. même si je suis plusieurs jours à l'avance. Y'a plein d'autres choses à faire à Monrial.
Ça le mettait en beau tabarnak, évidemment, puisqu'il ne se connaissait aucun talent pour la syntaxe, l'orthographe et les racontars.
-Ça sert à quoi eul'français, hein? Sinon à faire chier... qu'il disait, Grégoire.
Et ça le faisait chier d'aplomb, certes. Mais que voulez-vous, on ne devient pas technicien en chauffage de bouilloire sans avoir passé ses cours de français. Grégoire devait donc se soumettre. Et cette histoire de raconter un Noël, ça ne lui revenait crissement pas.
Grégoire vivait seul dans un studio situé sur le boulevard Saint-Joseph, à Monrial. C'était un logement minable et cher. Il aurait pu louer un huit et demi pour le même prix à Shawinigan. Mais non, il fallait qu'il s'entête à étudier au Cégep du Vieux-Montréal et qu'il aille s'établir sur ce maudit Plateau à 'a marde.
La neige ne tombait pas à gros flocons. Elle était devenue brune et verglacée, ça et là.
Grégoire marchait sur les trottoirs pour s'inspirer, comme ils disent, et il ne trouvait rien de rien, sinon que la neige était brune comme de la marde.
Il s'acheta trois bonnes bouteilles de vin au dépanneur du coin puis revint dans son studio pour rédiger son foutu conte d'un seul trait une fois qu'il serait fin saoul.
Grégoire avait un peu mal à la tête le lendemain. Boire du vin de dépanneur, ça provoque la migraine. Cependant, son conte de Noël était écrit.
Il pouvait le remettre à son prof de français et passer à autre chose.
Aux vacances de Noël par exemple.
Cré Grégoire de calvasse de torlaille!
***
Cette présente fable terminerait bien abruptement si je n'avais pas trouvé le moyen de subtiliser ce conte de Noël pas piqué des vers que Grégoire lui a torché une fois qu'il était bien saoul.
Ce n'est pas de la grande littérature, mais ça partait des tripes. Trois bouteilles de vin ont suffi.
«Titres: Compte de Noèl Hauteur: Grégoire
J'é toujour hayi Noèl parse que ses poche. Noèl s'est pour ce dire des affaires quont deveraient ce dir toute l'ané.
J'avait resu un kit de bricolaje quent j'êtait jeune. Un autre fois s'étais un train.
Si Santa Cloz a une grosse barbe s'est pour qui disent ho! ho!
Un moment donné tu t'es coeur.
Tu seras mel dir.»
Évidemment, Grégoire recevra son diplôme. Ça sert à quoi eul' français, hein? Joyeux Noël. même si je suis plusieurs jours à l'avance. Y'a plein d'autres choses à faire à Monrial.
mercredi 12 décembre 2012
D'une digression à l'autre pour mieux se délier les doigts
Décembre est un mois qui pousse à une douce nostalgie quand le paysage tourne à la blancheur. Cette nouvelle luminosité a quelque chose de fantomatique. Comme s'il y avait dans l'air un parfum d'au-delà. S'imagine-t-on le Ciel autrement que sous les couleurs bleues et blanches de l'hiver? Rêve-t-on d'un Paradis constitué de matières organiques qui meurent et renaissent?
Je n'entends pas faire ici un exposé métaphysique.
Je pose des questions sans réponses.
Je me laisse aller au gré du vain.
Cela me rassure de penser à toutes sortes de choses totalement inutiles.
***
Mon frère m'a donné Pour saluer Victor Hugo, un essai de Victor-Lévy Beaulieu alias VLB. Je ne suis pas rendu plus loin que la page 34 mais déjà je trouve une parenté littéraire avec certaines pages de Nègres Blancs d'Amérique de Pierre Vallières. Ces pages de Vallières où il parle de son enfance dans Cartierville, un quartier pauvre de Montréal. Une enfance sauvée en quelque sorte par la littérature... et l'idée de faire la révolution au Québec. C'est là que Vallières devient poche et que son livre, tout de même écrit en prison, prend une tournure un peu trop Mon Combat.
Il n'y a pas de cela dans Pour saluer Victor Hugo. Il y a, jusqu'à la page 34, une enfance sauvée par la littérature et pas encore souillée par le militantisme politique et son froid bagage lexical.
Mon frère m'a recommandé cet essai de VLB sans doute parce qu'il croyait que nous nous reconnaîtrions, enfants d'un quartier pauvre, à courir les bibliothèques comme autant de havres de paix dans un monde qui semblait avoir un couteau entre les dents.
***
Nous n'étions pas riches, c'est vrai. Mais nous étions en quelque sorte les plus riches du coin. Mes parents menaient une vie simple et il y avait toujours quelque chose à manger, malgré les longues grèves de l'aluminerie Reynold's où mon père travaillait. Ils se sacrifiaient pour nous. Ils nous aimaient et ils s'aimaient vraiment l'un l'autre, ce qui n'est pas rien.
Nous ne nous rendions compte de la pauvreté puisque tout le monde était pauvre dans le quartier.
***
Bon. Assez de nostalgie. Je n'ai rien écrit depuis jeudi dernier sur ce blogue. J'ai besoin de me dérouiller les doigts ce matin. Le sujet ne vient pas facilement, ni le verbe, ni le complément. Je digresse, comme un moulin à paroles emporté par un cyclone numérique.
Je vous laisse sur une vieille photo de famille fraîchement numérisée.
C'est pour la postérité.
On voit sur la photo, de droite à gauche: un inconnu, ma grand-mère Valéda, mon grand-père Rodolphe et une autre inconnue. Ces inconnus sont sans doute des gens très appréciés. Ils sont peut-être à Ste-Clothilde-de-Horton pour une raison qui m'échappe. C'est une photo qui date peut-être de 1952.
jeudi 6 décembre 2012
Se casser l'aïeule
Quand la première neige tombe à gros flocons, tout le monde ou presque est content. Bien sûr qu'il y en a pour chigner. Le bonheur c'est qu'on arrive à les oublier, les chigneux, quand le décor devient féerique. Si vous n'aimez pas la neige et le froid, peut-être que vous n'êtes pas au bon endroit.
La neige tombait justement à gros flocons ce jour-là. Les gens étaient plus conviviaux que de coutume. Ils se parlaient, comme s'il ne suffisait que de cela pour réveiller quelque instinct grégaire enfoui.
La rue commerciale était encore peu achalandée puisqu'il n'était pas encore neuf heures du matin. Déjà les musiques de Noël résonnaient dans les hauts-parleurs. Quelques pas de plus et on n'entendrait plus que les eaux du fleuve s'écouler puisque tout était calme sous cette tempête de neige.
Les écoles n'étaient pas fermées. Quinze centimètres de neige au cours de la journée, ce n'était pas la fin du monde. Juste un changement de décor. Une occasion de saluer les quelques gens rencontrés ça et là.
-Bateau! I' neige hein m'sieur? disait un vieil homme qui pelletait son entrée de cours et qui ressemblait étrangement à un dauphin qui ne se ferait pas la barbe.
-Oui m'sieur! lui répondit l'autre, probablement un étudiant avec des yeux globuleux. Y'en annonce quinze centimètres! ajouta-t-il en roulant des yeux comme un possédé.
-Ah ben bateau! Ai pas fini de pelter torvasse! rétorqua le vieux dauphin courbé sur son scrépeur.
Des écureuils noirs se montraient parfois le bout du nez. C'est rendu qu'ils travaillent même sous la tempête.
Les écureuils de ville sont hyperactifs et même un peu idiots. Ils emmagasinent toute la journée toutes sortes de trucs. Ils les cachent un peu partout. Et ils ont une trop petite cervelle pour se rappeler où ils les ont cachés quand ils ont faim. Alors ils continuent à travailler, à tout moment de l'année, pour compenser sur leurs pertes de mémoire.
Pas de chat ce matin-là. Ils se promènent moins quand il neige. Il n'y avait que des écureuils noirs et des humains qui se parlaient entre eux en riant presque.
-I' va y'avoir d'la neige en masse c't'année à c'qu'i' paraît! racontait une dame toute vêtue de blanc qui attendait son autobus au terminus. J'aurais facilement parié qu'elle travaillait dans le domaine des soins de santé, même si cela n'a rien à voir avec ce récit par trop évanescent.
-La neige ça m'dérange pas, répliquait une grosse madame près d'elle toute vêtue de fortrel. En autant qu'i' s'mette pas à faire du maudit verglas qu'on s'en va su' 'es trottoirs pis zipzap qu'on s'casse l'aïeule!
Comme elle disait ça, elle ne glissa pas parce que la neige était plutôt collante et épaisse. Elle resta sur place, sans remuer d'un cil. J'aurais aussi parié qu'elle travaillait fort pour zipper son manteau devenu trop étroit pour elle.
J'ai sauté dans le bus avec les deux bonnes femmes.
Le chauffeur n'avait pas l'air bête pour une fois.
-Moé 'aime ça 'a neige! M'en va's faire du ski en fin d'semaine! Yes sir! qu'il m'a dit comme si je le connaissais depuis toujours.
-Faut juste faire attention de pas se casser l'aïeule, répliqué-je.
Le soleil ne brillait pas.
Et la neige tombait à gros flocons.
Enfin, pas assez gros pour arrêter un bus de la Société de transport de la Ville.
Oui monsieur.
Oui madame.
La neige tombait justement à gros flocons ce jour-là. Les gens étaient plus conviviaux que de coutume. Ils se parlaient, comme s'il ne suffisait que de cela pour réveiller quelque instinct grégaire enfoui.
La rue commerciale était encore peu achalandée puisqu'il n'était pas encore neuf heures du matin. Déjà les musiques de Noël résonnaient dans les hauts-parleurs. Quelques pas de plus et on n'entendrait plus que les eaux du fleuve s'écouler puisque tout était calme sous cette tempête de neige.
Les écoles n'étaient pas fermées. Quinze centimètres de neige au cours de la journée, ce n'était pas la fin du monde. Juste un changement de décor. Une occasion de saluer les quelques gens rencontrés ça et là.
-Bateau! I' neige hein m'sieur? disait un vieil homme qui pelletait son entrée de cours et qui ressemblait étrangement à un dauphin qui ne se ferait pas la barbe.
-Oui m'sieur! lui répondit l'autre, probablement un étudiant avec des yeux globuleux. Y'en annonce quinze centimètres! ajouta-t-il en roulant des yeux comme un possédé.
-Ah ben bateau! Ai pas fini de pelter torvasse! rétorqua le vieux dauphin courbé sur son scrépeur.
Des écureuils noirs se montraient parfois le bout du nez. C'est rendu qu'ils travaillent même sous la tempête.
Les écureuils de ville sont hyperactifs et même un peu idiots. Ils emmagasinent toute la journée toutes sortes de trucs. Ils les cachent un peu partout. Et ils ont une trop petite cervelle pour se rappeler où ils les ont cachés quand ils ont faim. Alors ils continuent à travailler, à tout moment de l'année, pour compenser sur leurs pertes de mémoire.
Pas de chat ce matin-là. Ils se promènent moins quand il neige. Il n'y avait que des écureuils noirs et des humains qui se parlaient entre eux en riant presque.
-I' va y'avoir d'la neige en masse c't'année à c'qu'i' paraît! racontait une dame toute vêtue de blanc qui attendait son autobus au terminus. J'aurais facilement parié qu'elle travaillait dans le domaine des soins de santé, même si cela n'a rien à voir avec ce récit par trop évanescent.
-La neige ça m'dérange pas, répliquait une grosse madame près d'elle toute vêtue de fortrel. En autant qu'i' s'mette pas à faire du maudit verglas qu'on s'en va su' 'es trottoirs pis zipzap qu'on s'casse l'aïeule!
Comme elle disait ça, elle ne glissa pas parce que la neige était plutôt collante et épaisse. Elle resta sur place, sans remuer d'un cil. J'aurais aussi parié qu'elle travaillait fort pour zipper son manteau devenu trop étroit pour elle.
J'ai sauté dans le bus avec les deux bonnes femmes.
Le chauffeur n'avait pas l'air bête pour une fois.
-Moé 'aime ça 'a neige! M'en va's faire du ski en fin d'semaine! Yes sir! qu'il m'a dit comme si je le connaissais depuis toujours.
-Faut juste faire attention de pas se casser l'aïeule, répliqué-je.
Le soleil ne brillait pas.
Et la neige tombait à gros flocons.
Enfin, pas assez gros pour arrêter un bus de la Société de transport de la Ville.
Oui monsieur.
Oui madame.
mercredi 5 décembre 2012
Repas, repus, repos...
Après un bon repas on se sent repus. Les yeux mi-clos par la digestion, le gourmand se met à penser.
-Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir avant le Big Bang, hum?
Les réponses sont tellement multiples à cette simple question qu'il est impossible que cet univers ait un commencement. Il n'y avait rien au commencement et maintenant que la pâte gonfle, il se trouve de tout en ce monde.
Nous les humains prêtons vie à toutes sortes de conneries alors qu'aux yeux de l'univers intelligent nous ne sommes encore qu'un gros mammifère malcommode d'une lointaine galaxie ordinaire. Une galaxie qui n'est ni la plus grosse ni la plus petite des millions de milliards de galaxies existantes. Nous sommes une poussière dans une galaxie qui passe inaperçue depuis des milliards d'années et plus encore.
Il est clair, par ailleurs, que nous sommes tout fin seuls dans cette galaxie parce qu'elle n'intéresse personne en particulier.
Passé, présent et futur sont concomitants. Si l'éternité existe, on ne viendra pas dire qu'il y a des limites à ce que l'on peut affirmer ou bien infirmer.
Tout est possible. Tout...
Tout et rien.
La digestion mène au repos.
Vient ensuite une phase où tout s'estompe, chiffres, spéculations et haute voltige intellectuelle.
Le vent souffle dans les branches dénudées.
Les nuages se faufilent sous les étoiles.
Une chatte de ruelle lape l'eau dans la grosse flaque de l'arrière-cour.
Une musique, une brise, n'importe quoi.
-Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir avant le Big Bang, hum?
Les réponses sont tellement multiples à cette simple question qu'il est impossible que cet univers ait un commencement. Il n'y avait rien au commencement et maintenant que la pâte gonfle, il se trouve de tout en ce monde.
Nous les humains prêtons vie à toutes sortes de conneries alors qu'aux yeux de l'univers intelligent nous ne sommes encore qu'un gros mammifère malcommode d'une lointaine galaxie ordinaire. Une galaxie qui n'est ni la plus grosse ni la plus petite des millions de milliards de galaxies existantes. Nous sommes une poussière dans une galaxie qui passe inaperçue depuis des milliards d'années et plus encore.
Il est clair, par ailleurs, que nous sommes tout fin seuls dans cette galaxie parce qu'elle n'intéresse personne en particulier.
Passé, présent et futur sont concomitants. Si l'éternité existe, on ne viendra pas dire qu'il y a des limites à ce que l'on peut affirmer ou bien infirmer.
Tout est possible. Tout...
Tout et rien.
La digestion mène au repos.
Vient ensuite une phase où tout s'estompe, chiffres, spéculations et haute voltige intellectuelle.
Le vent souffle dans les branches dénudées.
Les nuages se faufilent sous les étoiles.
Une chatte de ruelle lape l'eau dans la grosse flaque de l'arrière-cour.
Une musique, une brise, n'importe quoi.
mardi 4 décembre 2012
Gros nez, petits nez
Il m'arrive de partir sur un air grandiloquent de philosophe des Lumières quand ma lumière intérieure est à off. Je m'emporte pour un rôle pas très crédible. L'essentiel de ma pensée, dans la part la moins dommageable pour l'humanité, se concentre sur les gros nez des personnages que je fais naître sur mes toiles.
Bien sûr que je suis pour la tolérance, la liberté d'expression et le droit de manger huit fois par jour sans ressentir la faim ou l'embonpoint. Cela dit, je suis meilleur dans le domaine des gros nez. Et même des petits nez.
Comment fait-on un chef-d'oeuvre? Je ne sais pas. Je n'en ai jamais fait. Je ne vois que le mot patience dans une réponse que je pourrais vous donner sous la forme d'un sujet suivi d'un verbe et d'un complément. Je ne répondrai pas spécifiquement à la question parce que je n'en sais rien. Je m'y connais mieux en hors-d'oeuvre. Je ne fais que ça, des hors-d'oeuvre: des gros nez, des petits nez. Et toutes sortes de têtes volantes avec des mains en guise d'oreilles battant l'air sous une bonne couche de vernis.
Mes pinceaux m'appellent.
Je vous en reparle avec des photos à l'appui.
Et, oui, je continue le combat contre l'intolérance, le racisme et la bêtise sous son jour le plus protocolaire. La bêtise naturelle est moins dommageable pour l'environnement. Ce n'est pas une grande idée mais elle ne vous a rien coûté. Prenez et vidangez-en tous. Amen.
Bien sûr que je suis pour la tolérance, la liberté d'expression et le droit de manger huit fois par jour sans ressentir la faim ou l'embonpoint. Cela dit, je suis meilleur dans le domaine des gros nez. Et même des petits nez.
Comment fait-on un chef-d'oeuvre? Je ne sais pas. Je n'en ai jamais fait. Je ne vois que le mot patience dans une réponse que je pourrais vous donner sous la forme d'un sujet suivi d'un verbe et d'un complément. Je ne répondrai pas spécifiquement à la question parce que je n'en sais rien. Je m'y connais mieux en hors-d'oeuvre. Je ne fais que ça, des hors-d'oeuvre: des gros nez, des petits nez. Et toutes sortes de têtes volantes avec des mains en guise d'oreilles battant l'air sous une bonne couche de vernis.
Mes pinceaux m'appellent.
Je vous en reparle avec des photos à l'appui.
Et, oui, je continue le combat contre l'intolérance, le racisme et la bêtise sous son jour le plus protocolaire. La bêtise naturelle est moins dommageable pour l'environnement. Ce n'est pas une grande idée mais elle ne vous a rien coûté. Prenez et vidangez-en tous. Amen.
lundi 3 décembre 2012
«Combien»
Chez les Inuits on se colle le nez l'un à l'autre pour se saluer.
Ici, on te demande «combien» tu vas.
Combien tu fais.
Combien il te reste à payer sur telle ou telle bébelle.
Combien ceci ou cela.
Et on reproche en plus aux uns et aux autres de ne rien comprendre à «combien»... De ne pas travailler assez fort... De ne pas investir suffisamment... Combien, combien, combien...
***
Heureusement qu'il y a les arts pour nous sauver de ces morales mercantilistes où la plus haute vertu consiste à savoir «combien» l'on vaut.
Le Veau d'or est secondaire devant une oeuvre d'art.
Cela permet de nous connecter à autre chose.
S'il n'y avait pas eu des Cyrano de Bergerac et des Jules Vernes pour imaginer un vol sur la Lune, ce ne serait jamais arrivé.
Tout ce qui nous semble impossible aujourd'hui pourrait devenir banal demain.
***
Je termine un énorme tableau bourré de petits personnages. C'est à m'en arracher les yeux. Je ne vous dirai pas «combien» j'en ai peints. Je vous dirai simplement que je rêve quand je m'adonne aux arts. Je suis ailleurs, loin, dans cette bulle où je m'enferme depuis des lustres pour ne pas avoir à subir le poids des conversations oiseuses sur l'argent et les finances publiques. Tout est possible. Tout. Comme abolir l'argent et le remplacer par des tartes au sucre, des pommes ou bien des petits dessins.
Quand je prends mes pinceaux, ma guitare ou mes harmonicas, je sais qu'on peut tout faire et tout refaire. Tout le monde rit sur mes toiles parce que mes personnages ont l'obligation d'être heureux dans la bulle que je me suis faite. Idem pour mes airs de musique.
Voilà.
Ici, on te demande «combien» tu vas.
Combien tu fais.
Combien il te reste à payer sur telle ou telle bébelle.
Combien ceci ou cela.
Et on reproche en plus aux uns et aux autres de ne rien comprendre à «combien»... De ne pas travailler assez fort... De ne pas investir suffisamment... Combien, combien, combien...
***
Heureusement qu'il y a les arts pour nous sauver de ces morales mercantilistes où la plus haute vertu consiste à savoir «combien» l'on vaut.
Le Veau d'or est secondaire devant une oeuvre d'art.
Cela permet de nous connecter à autre chose.
S'il n'y avait pas eu des Cyrano de Bergerac et des Jules Vernes pour imaginer un vol sur la Lune, ce ne serait jamais arrivé.
Tout ce qui nous semble impossible aujourd'hui pourrait devenir banal demain.
***
Je termine un énorme tableau bourré de petits personnages. C'est à m'en arracher les yeux. Je ne vous dirai pas «combien» j'en ai peints. Je vous dirai simplement que je rêve quand je m'adonne aux arts. Je suis ailleurs, loin, dans cette bulle où je m'enferme depuis des lustres pour ne pas avoir à subir le poids des conversations oiseuses sur l'argent et les finances publiques. Tout est possible. Tout. Comme abolir l'argent et le remplacer par des tartes au sucre, des pommes ou bien des petits dessins.
Quand je prends mes pinceaux, ma guitare ou mes harmonicas, je sais qu'on peut tout faire et tout refaire. Tout le monde rit sur mes toiles parce que mes personnages ont l'obligation d'être heureux dans la bulle que je me suis faite. Idem pour mes airs de musique.
Voilà.
vendredi 30 novembre 2012
Photo de famille
Je m'amuse à numériser les photos de l'album de famille. C'est pour la postérité.
On voit ici feu mon père en train de malaxer je ne sais trop quoi. La photo doit dater de 1966, j'imagine, deux ans avant ma naissance. Cet homme que l'on voit ici sur la photo est déjà le père de deux garçons.
Cela me rappelle combien je suis comme lui.
Il n'était pas fin cuisinier, mon père. Il faisait plutôt des frites, des grilled-cheese et des hot-dogs. Néanmoins il aimait se risquer parfois dans le domaine du gâteau blanc. C'est ce que me rappelle cette photo de mon père avec cette fameuse mixette qui a bien dû faire partie de l'environnement familial jusqu'en 1989.
Je le revois en train de mélanger du lait, huit oeufs, une livre de beurre, deux tasses de sucre, deux tasses de farine, huit cuillerées de poudre à pâte, le tout généreusement arrosé d'essence de vanille artificielle... Ce n'était pas un gâteau qui sortait du four, mais un bloc de béton à la vanille. Et j'avais l'insigne privilège de pouvoir le manger tout seul parce que personne n'aimait ça, sinon mon père, par pur orgueil -ou bien par gloutonnerie, comme moi...
Cette photo qui ne vous dit pas grand' chose me parle plus que bien d'autres que j'ai numérisées récemment dans le cadre de ma grande corvée d'archiviste familial.
Vous n'étiez pas obligés de me lire.
Désolé pour cette petite nostalgie qui m'agace tant chez les autres.
mercredi 28 novembre 2012
Freddy le papillon
Il était une fois un papillon qui s'appelait Freddy.
C'était un papillon dégueulasse, pas beau à voir, avec une aile plus courte que l'autre.
Freddy prenait tout son temps. Il était rendu au terme de sa vie après avoir vécu des années en tant que larve et chenille. Il avait mérité ses galons de papillon, même s'il n'était ni le plus beau, ni le plus costaud, voire pas grand chose au vu et au su de son espèce.
C'était un papillon bâtard, Freddy. On y perdait son latin. Aucune étymologie scientifique ne lui collait aux ailes. C'était un vulgaire papillon, Freddy. Incolore. Inodore. Quelque chose de diaphane en peau de bouledogue.
Il n'en virevoltait pas moins et tirait son coup comme il se doit chez ces insectes.
N'empêche que Freddy n'était pas vite. Il avait tant rampé au cours de sa vie de chenille qu'il ne se voyait pas faire autrement que de profiter de douces envolées au soleil, avec un minimum de battement d'ailes. Les prédateurs le trouvaient tellement dégoûtant qu'il pouvait voler sans danger, Freddy. Personne n'en aurait manger dans tout le règne animal.
Tout finit bien par finir. Et il fallut que Georges Ringuet passe par là pour que Freddy en finisse.
Georges Ringuet est ce fameux chasseur de papillons qui fait des émissions à la radio à propos de ses voyages jusque dans les endroits les plus reculés du monde pour trouver des papillons aussi laids que Freddy. Georges attrapa Freddy à Repentigny.
Il marchait aux abords de l'autoroute 40 lorsqu'il captura Freddy entre ses deux doigts, sans même sortir son fameux filet.
Freddy mourut de peur instantanément rien que de voir Georges.
C'est vrai que Georges n'était guère attrayant, même pour le plus laid des papillons.
Georges ramena Freddy à la maison. Il lui fit un traitement spécial pour sa conservation. Puis il l'épingla sur un mur de liège synthétique.
Freddy ne semblait dire rien de spécial.
Il était mort.
Et Georges? Il était mort de rire. La radio prolongea son contrat. Il fit même une émission spéciale rien qu'à se moquer de la laideur de Freddy.
-C'est le plus laid des papillons que j'ai attrapé au cours de ma vie! Un air de peau de bouledogue décoloré... Yark! Ha! Ha! Je l'ai attrapé entre mes deux doigts, couic! Y'est tellement laid! Allez voir ça sur ma page Facebook... Butterfly Catcher... Hi! Hi!
Ce n'est pas bien de se moquer des morts.
Tous les papillons morts de la planète maudirent Georges Ringuet.
Tant et si bien que l'âme des papillons morts pénétra un jour dans la tête de Georges Ringuet, alors qu'il était occupé à épingler de nouvelles victimes sur du liège synthétique.
Cela commença par un picotement dans le nombril. Puis il s'est mis à battre des bras comme s'il était un papillon, Georges.
Ringuet passa plusieurs jours à battre des ailes, sans boire ni manger, jusqu'à ce qu'il s'effondre, raide mort.
Des voisins avisèrent les autorités publiques d'aller voir dans le garage de Georges parce que ça sentait un peu plus mauvais que d'habitude.
Georges était mort. Dans sa danse frénétique de papillon halluciné, Georges avait pété le panneau où se trouvait épinglé Freddy. Il fit un dernier vol jusqu'à la bouche de Georges, comme ça, par hasard.
Il n'y avait rien de miraculeux dans tout ça puisque tout le monde sait bien qu'il ne faut pas niaiser les papillons.
C'était un papillon dégueulasse, pas beau à voir, avec une aile plus courte que l'autre.
Freddy prenait tout son temps. Il était rendu au terme de sa vie après avoir vécu des années en tant que larve et chenille. Il avait mérité ses galons de papillon, même s'il n'était ni le plus beau, ni le plus costaud, voire pas grand chose au vu et au su de son espèce.
C'était un papillon bâtard, Freddy. On y perdait son latin. Aucune étymologie scientifique ne lui collait aux ailes. C'était un vulgaire papillon, Freddy. Incolore. Inodore. Quelque chose de diaphane en peau de bouledogue.
Il n'en virevoltait pas moins et tirait son coup comme il se doit chez ces insectes.
N'empêche que Freddy n'était pas vite. Il avait tant rampé au cours de sa vie de chenille qu'il ne se voyait pas faire autrement que de profiter de douces envolées au soleil, avec un minimum de battement d'ailes. Les prédateurs le trouvaient tellement dégoûtant qu'il pouvait voler sans danger, Freddy. Personne n'en aurait manger dans tout le règne animal.
Tout finit bien par finir. Et il fallut que Georges Ringuet passe par là pour que Freddy en finisse.
Georges Ringuet est ce fameux chasseur de papillons qui fait des émissions à la radio à propos de ses voyages jusque dans les endroits les plus reculés du monde pour trouver des papillons aussi laids que Freddy. Georges attrapa Freddy à Repentigny.
Il marchait aux abords de l'autoroute 40 lorsqu'il captura Freddy entre ses deux doigts, sans même sortir son fameux filet.
Freddy mourut de peur instantanément rien que de voir Georges.
C'est vrai que Georges n'était guère attrayant, même pour le plus laid des papillons.
Georges ramena Freddy à la maison. Il lui fit un traitement spécial pour sa conservation. Puis il l'épingla sur un mur de liège synthétique.
Freddy ne semblait dire rien de spécial.
Il était mort.
Et Georges? Il était mort de rire. La radio prolongea son contrat. Il fit même une émission spéciale rien qu'à se moquer de la laideur de Freddy.
-C'est le plus laid des papillons que j'ai attrapé au cours de ma vie! Un air de peau de bouledogue décoloré... Yark! Ha! Ha! Je l'ai attrapé entre mes deux doigts, couic! Y'est tellement laid! Allez voir ça sur ma page Facebook... Butterfly Catcher... Hi! Hi!
Ce n'est pas bien de se moquer des morts.
Tous les papillons morts de la planète maudirent Georges Ringuet.
Tant et si bien que l'âme des papillons morts pénétra un jour dans la tête de Georges Ringuet, alors qu'il était occupé à épingler de nouvelles victimes sur du liège synthétique.
Cela commença par un picotement dans le nombril. Puis il s'est mis à battre des bras comme s'il était un papillon, Georges.
Ringuet passa plusieurs jours à battre des ailes, sans boire ni manger, jusqu'à ce qu'il s'effondre, raide mort.
Des voisins avisèrent les autorités publiques d'aller voir dans le garage de Georges parce que ça sentait un peu plus mauvais que d'habitude.
Georges était mort. Dans sa danse frénétique de papillon halluciné, Georges avait pété le panneau où se trouvait épinglé Freddy. Il fit un dernier vol jusqu'à la bouche de Georges, comme ça, par hasard.
Il n'y avait rien de miraculeux dans tout ça puisque tout le monde sait bien qu'il ne faut pas niaiser les papillons.
mardi 27 novembre 2012
Après les maires de Montréal, Laval et Toronto: aux suivants!!!
Le maire de Toronto Rob Ford a été destitué hier.
C'était une autre icône de la droite, un fort en gueule rétrograde qui voulait diriger Toronto à coups de pieds au cul.
Il est out. Comme Tremblay et Vaillancourt.
Rob Ford a été destitué suite à une plainte d'UN SEUL CITOYEN.
Il ne suffit que d'UN SEUL CITOYEN qui n'est pas trop bouffé par le temps à perdre en cour pour destituer un maire.
Rob Ford prétend que c'est un complot gauchiste alors que, pour une fois, un conflit d'intérêt est reconnu comme un acte vraiment criminel.
Paul Magder est un héros. Il est ce seul citoyen qui permet à la démocratie de fonctionner de temps à autres.
Ce n'est pas un complot gauchiste, gros crétin ignorant, c'est la loi, la loi qui te dis que tu as agi en voleur et un bandit qui ne mérite pas de diriger une ville.
***
Y'a-t-il un seul citoyen à Mascouche, Québec ou Trois-Rivières? Un seul, hum?
How can we do that, eh? What's the first step, Mister Madger?
C'était une autre icône de la droite, un fort en gueule rétrograde qui voulait diriger Toronto à coups de pieds au cul.
Il est out. Comme Tremblay et Vaillancourt.
Rob Ford a été destitué suite à une plainte d'UN SEUL CITOYEN.
Il ne suffit que d'UN SEUL CITOYEN qui n'est pas trop bouffé par le temps à perdre en cour pour destituer un maire.
Rob Ford prétend que c'est un complot gauchiste alors que, pour une fois, un conflit d'intérêt est reconnu comme un acte vraiment criminel.
Paul Magder est un héros. Il est ce seul citoyen qui permet à la démocratie de fonctionner de temps à autres.
Ce n'est pas un complot gauchiste, gros crétin ignorant, c'est la loi, la loi qui te dis que tu as agi en voleur et un bandit qui ne mérite pas de diriger une ville.
***
Y'a-t-il un seul citoyen à Mascouche, Québec ou Trois-Rivières? Un seul, hum?
How can we do that, eh? What's the first step, Mister Madger?
lundi 26 novembre 2012
Ça ne sert à rien de planer au-dessus de soi-même
Tout le monde sait bien que novembre est le mois des morts.
Vladek le savait aussi. Sauf qu'il se trouvait dans la position du mort. Il flottait au-dessus de son cadavre, Vladek, et il se voyait affalé dans son fauteuil, le dentier sur le plexus, la langue pendante, les yeux exorbités...
Il était au-dessus de lui-même et il se disait: «je suis mort».
Sa vie n'était pas tant palpitante mais sa mort n'avait rien de spécialement joyeux. Il flottait, certes, mais tout ce qu'il voyait c'était son lui-même qui était fin mort.
Tant qu'à ne rien faire, Vladek réintégra son corps qui se mit à faire la danse du bacon.
Ça remuait fort dans le fauteuil. Brrr...rrr...Oyoyoye! Le courant était rétabli. Tous les membres se mirent à bouger à droite et à gauche. Le dentier fit un bond sur le bedon et, hop! Vladek le récupéra dans sa bouche en un tournemain.
Vladek se mit à vomir deux ou trois fois puis il se leva comme Lazare pour aller chercher une autre bière dans le frigo histoire de se requinquer.
Comme quoi la vie et la mort sont très relatifs. Que l'on s'appelle Vladek ou Luc, c'est toujours pareil.
Planer au-dessus de soi-même, ça sert à quoi, hein?
Vladek le savait aussi. Sauf qu'il se trouvait dans la position du mort. Il flottait au-dessus de son cadavre, Vladek, et il se voyait affalé dans son fauteuil, le dentier sur le plexus, la langue pendante, les yeux exorbités...
Il était au-dessus de lui-même et il se disait: «je suis mort».
Sa vie n'était pas tant palpitante mais sa mort n'avait rien de spécialement joyeux. Il flottait, certes, mais tout ce qu'il voyait c'était son lui-même qui était fin mort.
Tant qu'à ne rien faire, Vladek réintégra son corps qui se mit à faire la danse du bacon.
Ça remuait fort dans le fauteuil. Brrr...rrr...Oyoyoye! Le courant était rétabli. Tous les membres se mirent à bouger à droite et à gauche. Le dentier fit un bond sur le bedon et, hop! Vladek le récupéra dans sa bouche en un tournemain.
Vladek se mit à vomir deux ou trois fois puis il se leva comme Lazare pour aller chercher une autre bière dans le frigo histoire de se requinquer.
Comme quoi la vie et la mort sont très relatifs. Que l'on s'appelle Vladek ou Luc, c'est toujours pareil.
Planer au-dessus de soi-même, ça sert à quoi, hein?
mercredi 21 novembre 2012
L'important c'est le principal
Heureusement qu'il n'y a pas que la guerre et la politique dans la vie, autrement on aurait l'impression d'être sur terre pour vivre comme l'espèce la plus détestable de tous les mammifères.
Il y a plein de bonnes choses dans la vie. Comme par exemple les pommes. C'est bon des pommes. Qui n'en mangerait pas, ne serait-ce que dans une tarte?
Nous pouvons donc conclure que les pommes et les tartes aux pommes sont de bonnes choses dans la vie.
Il y a plein d'autres bonnes choses, mais bon on ne vit pas que pour en parler. Quand on les vit, on ne ressent pas vraiment l'envie d'écrire, de décrire ou bien de lire. Ce sont-là des occupations pour meubler les temps morts entre les repas, le travail ou le sommeil.
Évidemment que je délire. Pourquoi m'en priverais-je? Je sais bien que le monde est sale, laid, corrompu. Je le sais et je le combats tant bien que mal pour être encore capable de me regarder dans le miroir et me trouver un peu moins niais.
Cela dit, il y a plein de bonnes choses dans la vie, oui.
Et plein de mauvaises choses aussi sans doute.
L'important c'est le principal.
C'est ça qui est ça.
Qu'est-cé qu'vous voulez qu'ej' vous dise?
Il y a plein de bonnes choses dans la vie. Comme par exemple les pommes. C'est bon des pommes. Qui n'en mangerait pas, ne serait-ce que dans une tarte?
Nous pouvons donc conclure que les pommes et les tartes aux pommes sont de bonnes choses dans la vie.
Il y a plein d'autres bonnes choses, mais bon on ne vit pas que pour en parler. Quand on les vit, on ne ressent pas vraiment l'envie d'écrire, de décrire ou bien de lire. Ce sont-là des occupations pour meubler les temps morts entre les repas, le travail ou le sommeil.
Évidemment que je délire. Pourquoi m'en priverais-je? Je sais bien que le monde est sale, laid, corrompu. Je le sais et je le combats tant bien que mal pour être encore capable de me regarder dans le miroir et me trouver un peu moins niais.
Cela dit, il y a plein de bonnes choses dans la vie, oui.
Et plein de mauvaises choses aussi sans doute.
L'important c'est le principal.
C'est ça qui est ça.
Qu'est-cé qu'vous voulez qu'ej' vous dise?
mardi 20 novembre 2012
La fresque de la Côte-à-deux-fesses
Le Nouvelliste a publié cette semaine un texte d'opinion de Lévis Martin à propos de la fresque et des frasques sur la Côte Plouffe, dans la foulée des textes de Martin Francoeur et François Houde parus sur le même sujet.
Je voudrais apporter mon petit grain de sel. Pardonnez-moi cette vanité.
C'était dans le temps des Fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières. Un regroupement d'artistes m'avait envoyé une invitation à participer bénévolement à la production d'une oeuvre d'art murale sur la Côte-à-deux-fesses. J'avais décliné l'invitation par principe. Pendant les Fêtes du 375e on payait les éclairagistes, les techniciens du son, les musiciens, les chanteurs, les acrobates et autres travailleurs du spectacle. Je me disais qu'on pouvait aussi payer les barbouilleurs de Trois-Rivières.
On préféra en haut lieu de confier un contrat monumental à un type qui n'avait jamais entendu parler de la Côte-à-deux-fesses au cours de sa vie. Le pauvre gus ne demandait pas mieux que de gagner sa vie. Et on comprend facilement qu'il ait manqué d'inspiration. Son oeuvre ressemble trop aux goûts de ses clients qui jouent aux mécènes, metteurs en scène et despotes de village. C'est une murale terne, avec les armoiries de la Ville, Duplessis et autres trucs qui me rendent nostalgique de la Côte-à-deux-fesses à peu près vierge d'avant les frasques de la Ville.
Avec l'Escalier, l'Amphithéâtre et la Fresque, on peut dire que la Ville s'enfonce toujours un peu plus dans la caricature.
Nos artistes locaux continuent leur bénévolat.
Le crématorium n'a jamais été aussi bien éclairé sur la Côte Plouffe. On y voit les étoiles briller un peu moins fort la nuit, mais les étoiles ne génèrent pas de l'activité économique, tout le monde sait ça...
Je voudrais apporter mon petit grain de sel. Pardonnez-moi cette vanité.
C'était dans le temps des Fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières. Un regroupement d'artistes m'avait envoyé une invitation à participer bénévolement à la production d'une oeuvre d'art murale sur la Côte-à-deux-fesses. J'avais décliné l'invitation par principe. Pendant les Fêtes du 375e on payait les éclairagistes, les techniciens du son, les musiciens, les chanteurs, les acrobates et autres travailleurs du spectacle. Je me disais qu'on pouvait aussi payer les barbouilleurs de Trois-Rivières.
On préféra en haut lieu de confier un contrat monumental à un type qui n'avait jamais entendu parler de la Côte-à-deux-fesses au cours de sa vie. Le pauvre gus ne demandait pas mieux que de gagner sa vie. Et on comprend facilement qu'il ait manqué d'inspiration. Son oeuvre ressemble trop aux goûts de ses clients qui jouent aux mécènes, metteurs en scène et despotes de village. C'est une murale terne, avec les armoiries de la Ville, Duplessis et autres trucs qui me rendent nostalgique de la Côte-à-deux-fesses à peu près vierge d'avant les frasques de la Ville.
Avec l'Escalier, l'Amphithéâtre et la Fresque, on peut dire que la Ville s'enfonce toujours un peu plus dans la caricature.
Nos artistes locaux continuent leur bénévolat.
Le crématorium n'a jamais été aussi bien éclairé sur la Côte Plouffe. On y voit les étoiles briller un peu moins fort la nuit, mais les étoiles ne génèrent pas de l'activité économique, tout le monde sait ça...
lundi 19 novembre 2012
N'importe quoi
Je me baladais avec ma blonde en fin de semaine quand je suis tombé sur une banderole qui annonçait la semaine des camionneurs.
Je n'ai rien contre les camionneurs. Mais je me suis demandé pourquoi l'on entend souvent parler de la semaine des secrétaires, de la semaine des camionneurs ou bien de la semaine des chauffeurs d'autobus. On n'entend jamais parler de la semaine des préposés aux bénéficiaires, de la semaine des plongeurs de restos, de la semaine des vidangeurs de fosses septiques...
Je sais pourquoi. C'est parce que les camionneurs, les chauffeurs d'autobus et les secrétaires écoutent majoritairement la radio Rote-Matante au travail, laquelle fait largement la promotion de ces semaines à la con pour vendre de la pub.
-Vous z'achèteriez pas une p'tite pub pour la semaine de VOTRE secrétaire, hum?
Ils se font tous embobiner par cette grosse bouche. Que voulez-vous. Et hop! L'argent rentre dans la caisse.
Et la semaine des préposés aux bénéficiaires? Radio Rote-Matante n'obtiendrait qu'une pub nationale, une bagatelle comparativement à ce que la station encaisse pour la semaine des camionneurs.
-Et c'est la compagnie de camionnage Overload Incorporé qui célèbre aujourd'hui la semaine des secrétaires en saluant le mérite de Josiane, secrétaire depuis deux mois chez Overload. Elle est bien mieux à date que toutes celles qui se sont faites congédier avant elle au bout de trois mois! Et on poursuit en musique avec un hit des années '80 sur la station la plus écoutée en ville, au bureau, dans les camions, les autos ou bien les autobus: radio Rote-Matante!!! C'est Éric Frachié qui vous parle. Merci d'être à l'écoute de radio Rote-Matante la station écoutée par tous les employés de Overload Incorporé parce que notre radio est poche et qu'elle ne dérange aucunement l'autorité naturelle de nos corrompus de droit divin!
***
Le boss de Overload se retrouve à l'hôpital, malade comme un chien.
Il sonne, il sonne, et il attend parfois sept minutes avant qu'on ne lui réponde.
-Ça fait une demie heure que je sonne pis personne vient me servir! hurle le boss.
-C'est la semaine des secrétaires, lui répond la préposée, toute en sueur. Appelez-la don' m'sieur? Moé j'en ai vingt à m'occuper à matin sans compter qu'on m'a mis du monde dans l'corridor...
***
Manif contre les homosexuels en France. Des militants homophobes ont donné des coups de pieds à des femmes qui protestaient contre cette manif. Des images choquantes, troublantes...
Ici, au Canada comme au Québec, notre constitution empêcherait la tenue d'une telle manif puisque la discrimination sexuelle et raciale est interdite. C'est écrit noir sur blanc dans la Charte des droits et libertés. On les foutrait en taule illico.
S'il y avait des bozos pour organiser spontanément une telle manif, sans que les flics soient avisés, ce serait les bozos qui fuiraient devant nos femmes qui les battraient jusqu'à ce qu'ils ne se relèvent plus.
Le fascisme ne passera pas au Québec, c'est tout ce que je me répète.
Et je souhaite tout de même que la France socialiste se prononce clairement contre la discrimination pour couper l'herbe sous le pied de ces nazillons dégueulasses.
***
Je ne réglerai pas à moi seul la question du conflit israélo-palestinien. Je ne suis ni diplomate, ni militaire, ni commerçant. Je ne suis qu'une simple crotte de nez comme tout le monde qui vit quelque part entre Montréal et Québec où personne ne se donne des tapes sur la gueule parce que l'un est Juif, Musulman, Homo ou bien Tarlais. Les seuls que l'on frappe, à date, ce sont des étudiants qui portent des carrés rouges. Mais c'est un autre sujet, voire une digression... Ne mélangeons pas tout... Je suis déjà assez mélangé comme ça... Ici, tout va bien tant que tu ne t'en prends pas à la religion de l'argent... On doit baiser le cul du Veau d'Or ou bien crever.
Il y a trop de religion sur Terre. Je sais au moins ça.
Ils devraient se moquer de l'histoire dans ce coin-là du monde, la prétendue Terre Promise, et se repartir un pays à partir de zéro qui s'appellerait Pays du Désert-Accueillant. Ce serait un État laïc. Tout le monde aurait le droit de vote. La constitution interdirait la discrimination fondée sur le sexe, la religion, la langue, le port du chapeau, alouette! Le but de cette société nouvelle serait la poursuite du bonheur en regardant pousser des oranges.
Les Juifs auraient le droit d'être Juifs. Les Musulmans auraient le droit d'être Musulmans. Et les autres auraient le droit d'être libres et aussi qu'on leur foute la paix.
***
Ce matin, j'écris vraiment n'importe quoi...
jeudi 15 novembre 2012
Vive la révolution!
Il y a encore des tas de couilles molles et de vieilles folles déguisées en lasagne de Noël qui s'en prennent aux indignés. Ils voudraient nous voir battre à coups de matraques, empaler sur nos pancartes. Et moi, gentiment, je leur dis qu'ils sont des larves au service d'une élite corrompue qui nous vole 40% du montant total de tous les contrats publics.
Je ne veux pas de leur obéissance aveugle au pouvoir, de leur paresse mentale, de leur discipline servile, de leurs statistiques libertariennes et autres manières de disculper les vrais crosseurs qui siphonnent l'argent du peuple.
Je marcherai aux côtés des enfants, étudiants et autres vieillards qui ont encore du coeur au ventre.
Jamais je ne me résignerai à vendre mon âme et mon corps aux diables.
Vive la révolution!
Je ne veux pas de leur obéissance aveugle au pouvoir, de leur paresse mentale, de leur discipline servile, de leurs statistiques libertariennes et autres manières de disculper les vrais crosseurs qui siphonnent l'argent du peuple.
Je marcherai aux côtés des enfants, étudiants et autres vieillards qui ont encore du coeur au ventre.
Jamais je ne me résignerai à vendre mon âme et mon corps aux diables.
Vive la révolution!
mercredi 14 novembre 2012
«Ej'comprends rien là-d'dans!»
-Ej'comprends rien là-d'dans! Maudit qu'ej'comprends rien là-dedans!
C'est ainsi que Daniel s'exprimait en toutes occasions. Il avait un esprit essentiellement configuré sur la satisfaction de besoins essentiels puisqu'il n'avait pas un gros salaire et déjà une famille à faire survivre. Et s'il ne comprenait rien à rien, c'était en toute sincérité. Tout lui semblait mystérieux, compliqué, absurde: la religion, la politique et la métempsychose.
Il n'allait ni à l'église ni dans les quiz. Il n'allait nulle part, Daniel, puisqu'il était bien trop occupé à bosser en plus d'avoir à retaper son taudis qui prenait l'eau et la moisissure de partout.
C'était un gars de cinq pieds trois pouces, Daniel, et il portait une calotte de baseball pour camoufler un peu sa calvitie. Il n'avait pas de passe-temps ni de hobby. Regarder grandir ses neuf enfants c'est déjà un mange-temps. Donc, il dormait aussi souvent qu'il le pouvait. Et le reste du temps, eh bien il n'y comprenait rien.
-Ej'comprends rien dans toutes ces maudites affaires-là! Cibouette qu'ej'comprends rien!
Sa conjointe, Sheila, était la championne de Miss PacMan 1983 de l'Amusathèque de Cap-de-la-Madeleine. Elle mesurait cinq pieds quatre pouces et travaillait encore plus fort que Daniel, mais ce n'est pas d'elle que l'on parle aujourd'hui. D'ailleurs ils se ressemblaient pas mal tous les deux. Et puis ce n'est pas une étude anthropologique ici mais tout simplement un récit, un vulgaire message inutile sur un blogue qui ne vaut rien.
Donc Daniel ne comprenait rien. Sheila ne comprenait rien. Et les neuf enfants étaient tout de même logés, nourris et relativement aimés. Daniel et Sheila levaient parfois le ton mais jamais ils ne fessaient leurs enfants comme ils avaient eux-mêmes été fessés. On appelle ça l'évolution.
Les neuf enfants portaient tous des prénoms différents, sauf les trois derniers qui s'appelaient Léon, Lhéon et Léhon. Pourquoi? C'est dur à dire.
Il n'y a qu'en Mauricie qu'on voit ça.
Comme les surnoms pas possibles des gens de la région: Ti-Pieds Beaumier, Ti-Paille Laflamme, Ti-Noir Gervais, Gérard-le-coque-l'oeil, la Tremblay-d'Inde, etc.
Pour ce qui est de Daniel et Sheila, on ne leur connaissait pas de surnoms particuliers. On les appelait simplement Daniel et Sheila.
C'est ainsi que Daniel s'exprimait en toutes occasions. Il avait un esprit essentiellement configuré sur la satisfaction de besoins essentiels puisqu'il n'avait pas un gros salaire et déjà une famille à faire survivre. Et s'il ne comprenait rien à rien, c'était en toute sincérité. Tout lui semblait mystérieux, compliqué, absurde: la religion, la politique et la métempsychose.
Il n'allait ni à l'église ni dans les quiz. Il n'allait nulle part, Daniel, puisqu'il était bien trop occupé à bosser en plus d'avoir à retaper son taudis qui prenait l'eau et la moisissure de partout.
C'était un gars de cinq pieds trois pouces, Daniel, et il portait une calotte de baseball pour camoufler un peu sa calvitie. Il n'avait pas de passe-temps ni de hobby. Regarder grandir ses neuf enfants c'est déjà un mange-temps. Donc, il dormait aussi souvent qu'il le pouvait. Et le reste du temps, eh bien il n'y comprenait rien.
-Ej'comprends rien dans toutes ces maudites affaires-là! Cibouette qu'ej'comprends rien!
Sa conjointe, Sheila, était la championne de Miss PacMan 1983 de l'Amusathèque de Cap-de-la-Madeleine. Elle mesurait cinq pieds quatre pouces et travaillait encore plus fort que Daniel, mais ce n'est pas d'elle que l'on parle aujourd'hui. D'ailleurs ils se ressemblaient pas mal tous les deux. Et puis ce n'est pas une étude anthropologique ici mais tout simplement un récit, un vulgaire message inutile sur un blogue qui ne vaut rien.
Donc Daniel ne comprenait rien. Sheila ne comprenait rien. Et les neuf enfants étaient tout de même logés, nourris et relativement aimés. Daniel et Sheila levaient parfois le ton mais jamais ils ne fessaient leurs enfants comme ils avaient eux-mêmes été fessés. On appelle ça l'évolution.
Les neuf enfants portaient tous des prénoms différents, sauf les trois derniers qui s'appelaient Léon, Lhéon et Léhon. Pourquoi? C'est dur à dire.
Il n'y a qu'en Mauricie qu'on voit ça.
Comme les surnoms pas possibles des gens de la région: Ti-Pieds Beaumier, Ti-Paille Laflamme, Ti-Noir Gervais, Gérard-le-coque-l'oeil, la Tremblay-d'Inde, etc.
Pour ce qui est de Daniel et Sheila, on ne leur connaissait pas de surnoms particuliers. On les appelait simplement Daniel et Sheila.
mardi 13 novembre 2012
Saint-Machin c'est de la grosse hostie d'marde
Saint-Machin vivait il y a fort longtemps. Il est né près de Marseille de parents roturiers. Saint-Machin débuta sa carrière de saint en appelant ses coreligionnaires à éventrer les Maures et à brûler les Juifs. Puis il s'est mis à vendre des croix et autres babioles qu'il remettait tout au long de la route à de jeunes paysans chrétiens qui lui tenaient lieu de chair à canon.
Il savait susciter l'enthousiasme, Saint-Machin, puisqu'il n'y avait rien à faire dans les campagnes quand les récoltes étaient terminées.
-Vous connaîtrez l'aventure, la gloire et le paradis parce que vous aurez libéré le tombeau du Christ!!!
Et les paysans que l'on embarquait dans la croisade comprenaient tant bien que mal qu'ils pourraient tuer, violer et piller autant qu'ils le souhaiteraient et revenir riches dans leur campagne, voire revenir avec un titre de noblesse, puisque tout se pouvait encore à cette époque.
Saint-Machin passait son temps à lire la Bible pour trouver un moyen de servir ses folles ambitions avec des proverbes et des sagesses d'ignorant. Il aurait aimé devenir pape. Il ne devint même pas évêque. C'était à peine le commis-voyageur de sa communauté, les Scrofuleux-de-la-Vierge, secte reconnue pour sa volonté de faire souffrir les autres, péché qu'ils pardonnaient par de longues séances d'auto-flagellation. Cela impressionnait la foule qui lançait aux saltimbanques de l'Église de quoi boire et manger pour les remercier d'envoyer faire tuer leurs fils au pays du Saigneur.
Après sa mort, plein de fous revenus de la guerre prétendirent avoir été guéris par le même imbécile qui les avait envoyés de l'autre côté de la mer intérieure pour se faire charcuter par les soldats de Saladin.
On appelait ça des miracles. Et c'était consigné dans toutes sortes d'hagiographies débiles remplies de petits dessins identiques exécutés en série par les moinillons scrofuleux-de-la-Vierge. On distribuait ces bédés à la ville comme à la campagne pour rappeler aux gens de payer leur dîme et de donner le sang de leurs fils pour une énième croisade contre les Maures.
C'est comme ça que Saint-Machin est devenu Saint-Machin.
De la grosse hostie de marde, croyez-moi, que ces histoires de saints qui n'en sont pas...
Il savait susciter l'enthousiasme, Saint-Machin, puisqu'il n'y avait rien à faire dans les campagnes quand les récoltes étaient terminées.
-Vous connaîtrez l'aventure, la gloire et le paradis parce que vous aurez libéré le tombeau du Christ!!!
Et les paysans que l'on embarquait dans la croisade comprenaient tant bien que mal qu'ils pourraient tuer, violer et piller autant qu'ils le souhaiteraient et revenir riches dans leur campagne, voire revenir avec un titre de noblesse, puisque tout se pouvait encore à cette époque.
Saint-Machin passait son temps à lire la Bible pour trouver un moyen de servir ses folles ambitions avec des proverbes et des sagesses d'ignorant. Il aurait aimé devenir pape. Il ne devint même pas évêque. C'était à peine le commis-voyageur de sa communauté, les Scrofuleux-de-la-Vierge, secte reconnue pour sa volonté de faire souffrir les autres, péché qu'ils pardonnaient par de longues séances d'auto-flagellation. Cela impressionnait la foule qui lançait aux saltimbanques de l'Église de quoi boire et manger pour les remercier d'envoyer faire tuer leurs fils au pays du Saigneur.
Après sa mort, plein de fous revenus de la guerre prétendirent avoir été guéris par le même imbécile qui les avait envoyés de l'autre côté de la mer intérieure pour se faire charcuter par les soldats de Saladin.
On appelait ça des miracles. Et c'était consigné dans toutes sortes d'hagiographies débiles remplies de petits dessins identiques exécutés en série par les moinillons scrofuleux-de-la-Vierge. On distribuait ces bédés à la ville comme à la campagne pour rappeler aux gens de payer leur dîme et de donner le sang de leurs fils pour une énième croisade contre les Maures.
C'est comme ça que Saint-Machin est devenu Saint-Machin.
De la grosse hostie de marde, croyez-moi, que ces histoires de saints qui n'en sont pas...
lundi 12 novembre 2012
Souvenirs, souvenirs
Je fais souvent appel à ma mémoire comme je me mettrais à bouquiner. Je prends un souvenir, le premier qui vient au passage, et voilà que je pars à la recherche du temps que j'ai perdu.
Des souvenirs pour le moins étranges sont demeurés dans ma tête. Comme ce souvenir récurrent où je me vois en novembre, à treize ans. Je suis en route vers le travail. Dans le court chemin qui sépare ma maison du dépanneur où je suis commis et livreur, je me vois à un point fixe dans la ruelle située entre les rues Richard et Cloutier, toujours au même endroit, pas loin de l'endroit où a vécu feue ma grand-mère Valéda. Pourquoi cet endroit?
Je sens dans mon souvenir mes mains gercées par le froid. Je me dis que je devrais porter des gants et une tuque alors que je me dis aussi que je dois braver le froid comme un homme préhistorique, la tête et les mains nues. Du coup, je grelotte.
Pourquoi ce souvenir me revient-il toujours ces temps-ci? Nous sommes en novembre et il fait froid. Je porte des gants et même une tuque pour me rendre au travail à vélo. Je brave encore le froid comme un ours polaire. J'ai plus de protection qu'auparavant. Je me rappelle ce souvenir de ma folle jeunesse et je grelotte. Et pas moyen de savoir ce que grand-m'man Valéda vient faire là-dedans...
***
J'ai passé près de me noyer sur la rivière Yukon. Je me baignais près de la rive mais j'ai été trop téméraire. J'ai voulu agripper la corde sous un pont de bois à Whiterhorse. Le courant m'a emporté et j'ai comme perdu la carte après que mon corps ait percuté des roches ça et là. J'ai dû avaler huit gallons d'eau. Je sentais que je m'en allais. La fois où j'ai frôlé la mort le plus près, ma mémoire s'est activée pour faire dérouler des éléments de ma vie qui n'avaient aucun lien avec la tragédie à laquelle je faisais face. Je me souviens que je me voyais jouer dehors au hockey. Puis que je mangeais des céréales Capitaine Crounche, à quatre ou cinq ans, sur le bord de la table.
C'est là que je me suis débattu comme un saumon dans l'eau douce pour m'extirper du courant et rejoindre la rive. J'avais la peau tailladée par les roches mais j'étais vivant. Et puis l'eau de la rivière Whitehorse n'est pas si sale. Je m'en suis tiré à bon compte.
Néanmoins, je me questionne encore sur ce souvenir. Y'a-t-il une régression quand on approche de la mort? Se met-on à vivre tout à l'envers dans l'inconscient, jusqu'à revenir dans l'ovaire et le spermatozoïde et se dissoudre dans l'innommable clarté?
Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien.
Et je ne me prends pas pour Socrate pour autant.
Je ne sais même pas pourquoi je vous parle de ça.
Au fond, ça ne devrait intéresser personne.
Je ne fais qu'apprendre à me connaître moi-même.
Je ne devrais même pas vous en parler.
Il y a tant de choses qui vaillent mieux.
samedi 10 novembre 2012
Nous récoltons les fruits du Printemps Érable
Après Jean Charest et Gérald Tremblay, c'est maintenant au tour du maire de Laval de démissionner. Un tour de chapeau. Dans la foulée des contrecoups naturels de la révolte populaire survenue au printemps.
Nous récoltons les fruits du Printemps Érable sans qu'on en fasse mention. Des héros et des héroïnes sont descendus dans les rues pour lutter contre la corruption et réclamer plus de justice sociale. Ils étaient sans armes et parfois nus devant les chevaux, les matraques et les fusils des mercenaires de l'ancien régime corrompu jusqu'à la moelle des os. Cela transcendait la cause de l'éducation gratuite pour tous. C'était vraiment une révolte populaire contre le mensonge, l'hypocrisie et les fraudes des libéraux.
Les braves scandaient dans la rue des trucs comme «D'l'argent y'en a dans les poches d'la mafia!» Sans compter tous les «Charest dehors! On va t'trouver une job dans l'Nord!»...
Finalement, la rue a gagné. Comme partout ailleurs. Le pouvoir n'appartient pas qu'au maître du jeu de Bozopoly. Tous nos droits sociaux proviennent de la rue. Ils ont été acquis par un vote parlementaire au prix de dures luttes où l'on a fait peu de cas de ceux qui se sont faits briser le cou et casser la gueule pour nous.
Gabriel Nadeau-Dubois et plus de trois mille patriotes doivent passer devant les tribunaux suite à des arrestations arbitraires commises sous l'ancien régime corrompu. Si le système se nettoie en ce moment, c'est parce que le Printemps Érable a mis nos monarques locaux sous les feux de la scène. Le Québec doit se dégager de cette image de moitié d'État minable contrôlé par des fonctionnaires corrompus et des princes de la phynance crapuleux. Après Montréal, Laval. Après Laval, peut-être... Mascouche? Trois-Rivières? Québec?
Je m'étonne d'entendre de vieilles fripouilles nous lancer des leçons d'immoralité à travers les vox pop des médias sociaux ou corniauds.
-De la corruption, i' va toujours n'avoir! éructe une voix chevrotante. Notre bon maire a fait beaucoup pour les aînés!
Il y a pire.
Il y a aussi ceux qui se demandent pourquoi le peuple n'est pas dans la rue en ce moment.
Comme j'y suis allé plus souvent qu'à mon tour au cours des dernières années, je me permets de dire à ceux-là qu'ils n'ont qu'à y aller eux-mêmes au lieu de claquer des dents comme des écureux anxieux.
On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
N'attendez jamais que d'autres le fassent à votre place. J'y suis allé seul, à deux, à trois, à cent, à mille. Je ne vaux pas mieux qu'un autre mais quand j'ai l'envie de manifester, je ne demande pas à personne d'organiser quoi que ce soit. J'écris sur Facebook que je serai tel jour à telle heure à telle place pour manifester. Je ne fais même pas de communiqué de presse. Les médias et la police reniflent tout ce qui se publie sur Facebook. Même pas besoin de se forcer.
Si ça vous tente de manifester contre la corruption, faites-le. C'est facile.
Mais ne demandez pas aux autres de le faire à votre place.
Pour le reste, je réclame l'amnistie pour tous les héros et héroïnes du Printemps Érable.
Les kids ont eu raison des petits caïds.
J'aurais honte de les condamner en sachant que des crosseurs s'amusent en Floride. Des fonctionnaires véreux ont fourré le peuple pendant des années, en nous faisant payer 30% et 40% de plus sur la facture. Ce sont eux qu'il faut arrêter, eux et ceux qui tirent les ficelles de ces marionnettes. Pas Gabriel Nadeau-Dubois et les 3000 patriotes de 2012.
Le Printemps Érable se poursuit.
Le fascisme et la corruption ne passeront pas.
jeudi 8 novembre 2012
Cyprien Lachandelle
Cyprien Lachandelle est un homme pas trop achalant qui sait fabriquer des outils, comme des pinces-à-tout-ramasser-sans-se-pencher.
Cyprien Lachandelle est un homme intelligent qui néanmoins ne veut pas développer son intelligence.
Il écoute la télé et si par malheur il échappe une croustille ou bien une aile de poulet, eh bien hop! Il sort ses fameuses pinces qu'il a même dotées d'un système de déploiement en accordéon qui confère une portée de deux mètres à son outil.
-Par icitte ma chipse! Par icitte la télécommande!
Plus besoin de se lever ou de se pencher. Tout ce qu'il faut pour le bonheur de Cyprien.
Remarquez bien que cette pince est sa seule invention à ce jour. Il ne prévoit pas en commettre une autre non plus.
Cyprien Lachandelle est très très petit, plutôt vieux, moche, avec une chevelure qu'on croirait tissée de laine d'acier.
Sa télé n'est pas au plasma. C'est une bonne vieille télé des années '80 aux couleurs plutôt floues. Cela lui suffit pour regarder ses programmes avec son décodeur et toute la patente.
-Moé, c'que j'aime, c'est er'garder les programmes d'après-midi à tiviha. Y'a toutes sortes d'affaires à vendre pis comme ej' sors pas bin bin, bin j'apprends de c'que c'est combien qu'ça coûte acheter une affaire ou ben don' une autre. Moé, j'ai besoin de rien. J'ai toutte c'qui m'faut. En seulement, j'me tiens au courant su' les prix de cecitte pis cela. Ahem... Ahem... J'ai un chat dans 'a gorge calvince! Ahem! Maudite cigarette!!! Ahem!!!
Le paquet de cigarettes tombe par terre. La télécommande aussi. Cyprien reprend sa pince et hop! fini les soucis.
Il y a un beau programme à la télé.
La madame qui vend des trucs à tiviha, ça met un peu de féminité dans la vie de Cyprien.
-J'aime sa bouche... avoue candidement Cyprien. Ahem! Ahem! qu'il tousse pour mieux dissimuler sa candeur. Il finit même par roter pour avoir l'air vulgaire et faire oublier sa petite douceur. Finalement, on dirait même qu'il pue puisqu'il n'est pas trop abonné au savon. Et il pète. Ahem! Rot! Prout!
Vient quand même un temps où le gars se tanne d'être devant la tévé.
-J'cré ben que j'm'en va's faire un boutte, qu'il finit toujours par dire, Cyprien Lachandelle.
Il se lève, s'habille et marche parfois jusqu'au dépanneur ou bien ailleurs pour se dégourdir un peu.
Puis il revient dans sa piaule pour retrouver ses chips, ses ailes de poulet, son café instantané macéré dans l'eau chaude tirée de la chantepleure et ses maudites cigarettes. Sa pince lui tient lieu de sceptre. Il est le roi de sa tanière.
-Moé, chu ben pis j'veux rien savouère! Arf! Arf! qu'il crie à ses quatre murs blancs même pas décorés.
Pourquoi faudrait-il décorer, hein?
Cyprien Lachandelle a bien d'autres choses à faire.
L'hiver s'en vient. Va falloir pelleter icitte et là. Les bacs à vidanges vont être coincés dans la glace. Et c'est encore lui seul dans tout le bloc qui va les sortir. Les autres vivraient dans leur marde sans que ça les dérange.
Franchement, épargnez la quiétude de Cyprien Lachandelle, mauvais voisins.
-Ahem! maudit tabac pas fumable! qu'il gueule encore, Cyprien. Ahem!!!
Et vous savez pourquoi son tabac n'est pas fumable? Parce qu'il l'achète au noir. C'est de la bourrure de bogey. Y'a pas juste des feuilles de tabac, mais des racines aussi dans ce maudit mélange de tabac de marde. C'est par trop humide et il faut faire sécher cette tourbe dans un four avant que de se rouler des cigarettes qui vous raclent la gorge comme si vous aviez avalé un feu de boucane de feuilles mortes. Nos lois antitabagistes condamnent les pauvres à fumer de la marde.
La vie n'est pas toujours rose pour Cyprien Lachandelle. Mais c'est sa vie. Et qui sommes-nous pour en juger? Qui d'entre nous saurait se vanter d'avoir inventé quelque chose, ne serait-ce qu'une pince pour ramasser à distance une aile de poulet tombée de son assiette, hein?
Qui? Qui? Qui?
-Ahem!
Cyprien Lachandelle est un homme intelligent qui néanmoins ne veut pas développer son intelligence.
Il écoute la télé et si par malheur il échappe une croustille ou bien une aile de poulet, eh bien hop! Il sort ses fameuses pinces qu'il a même dotées d'un système de déploiement en accordéon qui confère une portée de deux mètres à son outil.
-Par icitte ma chipse! Par icitte la télécommande!
Plus besoin de se lever ou de se pencher. Tout ce qu'il faut pour le bonheur de Cyprien.
Remarquez bien que cette pince est sa seule invention à ce jour. Il ne prévoit pas en commettre une autre non plus.
Cyprien Lachandelle est très très petit, plutôt vieux, moche, avec une chevelure qu'on croirait tissée de laine d'acier.
Sa télé n'est pas au plasma. C'est une bonne vieille télé des années '80 aux couleurs plutôt floues. Cela lui suffit pour regarder ses programmes avec son décodeur et toute la patente.
-Moé, c'que j'aime, c'est er'garder les programmes d'après-midi à tiviha. Y'a toutes sortes d'affaires à vendre pis comme ej' sors pas bin bin, bin j'apprends de c'que c'est combien qu'ça coûte acheter une affaire ou ben don' une autre. Moé, j'ai besoin de rien. J'ai toutte c'qui m'faut. En seulement, j'me tiens au courant su' les prix de cecitte pis cela. Ahem... Ahem... J'ai un chat dans 'a gorge calvince! Ahem! Maudite cigarette!!! Ahem!!!
Le paquet de cigarettes tombe par terre. La télécommande aussi. Cyprien reprend sa pince et hop! fini les soucis.
Il y a un beau programme à la télé.
La madame qui vend des trucs à tiviha, ça met un peu de féminité dans la vie de Cyprien.
-J'aime sa bouche... avoue candidement Cyprien. Ahem! Ahem! qu'il tousse pour mieux dissimuler sa candeur. Il finit même par roter pour avoir l'air vulgaire et faire oublier sa petite douceur. Finalement, on dirait même qu'il pue puisqu'il n'est pas trop abonné au savon. Et il pète. Ahem! Rot! Prout!
Vient quand même un temps où le gars se tanne d'être devant la tévé.
-J'cré ben que j'm'en va's faire un boutte, qu'il finit toujours par dire, Cyprien Lachandelle.
Il se lève, s'habille et marche parfois jusqu'au dépanneur ou bien ailleurs pour se dégourdir un peu.
Puis il revient dans sa piaule pour retrouver ses chips, ses ailes de poulet, son café instantané macéré dans l'eau chaude tirée de la chantepleure et ses maudites cigarettes. Sa pince lui tient lieu de sceptre. Il est le roi de sa tanière.
-Moé, chu ben pis j'veux rien savouère! Arf! Arf! qu'il crie à ses quatre murs blancs même pas décorés.
Pourquoi faudrait-il décorer, hein?
Cyprien Lachandelle a bien d'autres choses à faire.
L'hiver s'en vient. Va falloir pelleter icitte et là. Les bacs à vidanges vont être coincés dans la glace. Et c'est encore lui seul dans tout le bloc qui va les sortir. Les autres vivraient dans leur marde sans que ça les dérange.
Franchement, épargnez la quiétude de Cyprien Lachandelle, mauvais voisins.
-Ahem! maudit tabac pas fumable! qu'il gueule encore, Cyprien. Ahem!!!
Et vous savez pourquoi son tabac n'est pas fumable? Parce qu'il l'achète au noir. C'est de la bourrure de bogey. Y'a pas juste des feuilles de tabac, mais des racines aussi dans ce maudit mélange de tabac de marde. C'est par trop humide et il faut faire sécher cette tourbe dans un four avant que de se rouler des cigarettes qui vous raclent la gorge comme si vous aviez avalé un feu de boucane de feuilles mortes. Nos lois antitabagistes condamnent les pauvres à fumer de la marde.
La vie n'est pas toujours rose pour Cyprien Lachandelle. Mais c'est sa vie. Et qui sommes-nous pour en juger? Qui d'entre nous saurait se vanter d'avoir inventé quelque chose, ne serait-ce qu'une pince pour ramasser à distance une aile de poulet tombée de son assiette, hein?
Qui? Qui? Qui?
-Ahem!
mercredi 7 novembre 2012
Sous les règnes de neuf présidents des États-Unis
J'apprends ce matin que Obama sera président des États-Unis d'Amérique pour quatre années supplémentaires. C'est rassurant d'apprendre que ce n'est pas Romney qui a raflé le tout. Nous ne sommes peut-être pas rendus au paradis sur terre avec Obama mais Romney nous aurait rapidement appris qu'il y a des degrés en enfer.
J'aurai vécu jusqu'à présent sous les règnes de Lyndon B. Johnson, Richard M. Nixon, Gerald R. Ford, James E. «Jimmy» Carter, Ronald W. Reagan, George H. W. Bush, William J. «Bill» Clinton, George W. Bush et bien sûr Barack Obama, président d'une Amérique un peu moins blanche et certainement plus colorée.
Je ne me souviens ni de Johnson, ni de Nixon, ni de Ford. J'avais entre rien et huit ans. Je m'intéressais plus à Astérix et Lucky Luke qu'à ces fantômes.
J'ai un vague souvenir de Jimmy Carter, le bon gars qui a mis fin à la guerre du Vietnam. Il a été battu par un acteur de cinéma républicain, Ronald W. Reagan.
Reagan, je m'en souviens comme je me rappelle de Rambo.
J'étais adolescent sous le règne de Reagan. Je me souviens que plein de gens autour de moi portaient des pantalons ou bien des vestes en jeans aux couleurs du drapeau américain. On appelait ça le look «rebelle» pour une raison qui m'échappe. La chanson de l'époque, c'était Born in the USA de Bruce Springsteen, que les crétins interprétaient comme une ode conservatrice alors que c'est tout le contraire. C'était l'époque du «beau risque» au Québec, du temps où les péquistes lichaient le cul des conservateurs de Brian Mulroney.
Je n'aimais pas Reagan, bien entendu, ni le pape Jean-Paul II, ni Une Colombe de Céline Dion. C'était mes années cyniques teintées d'intellectualisme plutôt pompeux à l'époque.
Le règne de George H. W. Bush passa rapidement dans ma vie. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Puis que tout semblait triste et gris à cette époque. Son règne me fait l'effet d'un black-out.
Bill Clinton était cool. Il jouait de saxophone et se faisait sucer par une stagiaire. Évidemment, ce n'était pas drôle pour la vice-présidente Hilary. Mais bon, faut savoir pardonner. Bill a cessé de mettre sa graine dans n'importe quelle bouche en public. Le public lui a pardonné. La vie recommence. Mais pas moyen d'offrir des soins de santé gratuits et universels pour chaque Américain...
George W. Bush fils prend le pouvoir. Black-out. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Tout semblait triste et gris à cette époque.
Et puis vint Barack Obama. Un vent de fraîcheur malgré tout ce qui n'a pas été fait. Des Noirs pleuraient dans les rues comme s'ils n'y croyaient pas. Il avait beau être mulâtre qu'ils y voyaient un des leurs. On a senti un certain apaisement. Un certain espoir...
Le prochain président pourrait s'appeler Gertrude que ça n'y changerait rien.
Je souhaite seulement que nos voisins bénéficient de leurs ressources naturelles tout autant que nous-mêmes, que leur pays soit vraiment le leur, et pas seulement celui d'une poignée de ploutocrates.
This land is your land. Isn't it Mr. Obama?
J'aurai vécu jusqu'à présent sous les règnes de Lyndon B. Johnson, Richard M. Nixon, Gerald R. Ford, James E. «Jimmy» Carter, Ronald W. Reagan, George H. W. Bush, William J. «Bill» Clinton, George W. Bush et bien sûr Barack Obama, président d'une Amérique un peu moins blanche et certainement plus colorée.
Je ne me souviens ni de Johnson, ni de Nixon, ni de Ford. J'avais entre rien et huit ans. Je m'intéressais plus à Astérix et Lucky Luke qu'à ces fantômes.
J'ai un vague souvenir de Jimmy Carter, le bon gars qui a mis fin à la guerre du Vietnam. Il a été battu par un acteur de cinéma républicain, Ronald W. Reagan.
Reagan, je m'en souviens comme je me rappelle de Rambo.
J'étais adolescent sous le règne de Reagan. Je me souviens que plein de gens autour de moi portaient des pantalons ou bien des vestes en jeans aux couleurs du drapeau américain. On appelait ça le look «rebelle» pour une raison qui m'échappe. La chanson de l'époque, c'était Born in the USA de Bruce Springsteen, que les crétins interprétaient comme une ode conservatrice alors que c'est tout le contraire. C'était l'époque du «beau risque» au Québec, du temps où les péquistes lichaient le cul des conservateurs de Brian Mulroney.
Je n'aimais pas Reagan, bien entendu, ni le pape Jean-Paul II, ni Une Colombe de Céline Dion. C'était mes années cyniques teintées d'intellectualisme plutôt pompeux à l'époque.
Le règne de George H. W. Bush passa rapidement dans ma vie. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Puis que tout semblait triste et gris à cette époque. Son règne me fait l'effet d'un black-out.
Bill Clinton était cool. Il jouait de saxophone et se faisait sucer par une stagiaire. Évidemment, ce n'était pas drôle pour la vice-présidente Hilary. Mais bon, faut savoir pardonner. Bill a cessé de mettre sa graine dans n'importe quelle bouche en public. Le public lui a pardonné. La vie recommence. Mais pas moyen d'offrir des soins de santé gratuits et universels pour chaque Américain...
George W. Bush fils prend le pouvoir. Black-out. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Tout semblait triste et gris à cette époque.
Et puis vint Barack Obama. Un vent de fraîcheur malgré tout ce qui n'a pas été fait. Des Noirs pleuraient dans les rues comme s'ils n'y croyaient pas. Il avait beau être mulâtre qu'ils y voyaient un des leurs. On a senti un certain apaisement. Un certain espoir...
Le prochain président pourrait s'appeler Gertrude que ça n'y changerait rien.
Je souhaite seulement que nos voisins bénéficient de leurs ressources naturelles tout autant que nous-mêmes, que leur pays soit vraiment le leur, et pas seulement celui d'une poignée de ploutocrates.
This land is your land. Isn't it Mr. Obama?
mardi 6 novembre 2012
Si nous étions moins cons...
C'était un grand moment d'humour noir hier soir. Le maire Gérald Tremblay a démissionné. Je l'ai entendu à la radio nous dire qu'il a toujours aimé Montréal et que c'est un dernier acte d'amour pour sa ville que d'annoncer sa démission... Quelques minutes plus tard, le roi des comiques Gilbert Rozon nous annonce que c'est une grande perte pour le milieu... culturel.
C'est trop hilarant...
Pendant que les rats quittent le navire, on se demande ce qui se passe à Mascouche, Laval, Québec ou Trois-Rivières.
Le Printemps Érable continue. La lutte se poursuit jusque dans les milieux les plus ténébreux de notre communauté.
Un clan remplace un clan. Des fonctionnaires remplacent des fonctionnaires. On saura
bien les faire chanter en temps voulu. Même pas besoin de casser des jambes. Ça ne se fait presque plus, sinon en cas de force majeure. Il ne faut pas fatiguer ses soldats. Ils préfèrent la dolce vita, eux aussi. Ils savent vivre.
Le cirque n'est pas terminé. D'autres épisodes sont devant nous. Il faut sortir ses poubelles de temps en temps.
Le maire de Laval est très malade et a besoin de beaucoup de repos.
Le maire de Mascouche doit sentir que la soupe est chaude et qu'il y a des limites à prendre son petit peuple pour du bran de scie.
Partout au Québec cela déborde d'exemples de petits bonshommes et bonnes femmes qui s'en foutent plein les poches en vous riant en pleine face, pauvres larves d'électeurs-aux-quatre-ans...
Puis des gens prennent la rue. Des gens relativement jeunes mais aussi des moins jeunes.
Et subitement, on découvre que nous avons aussi des lois contre les bandits à cravates.
Des lois que l'on voudrait réinventer en se dotant de codes de déontologie...
Des codes de déontologie!!! J'ai mon voyage. C'est déjà interdit de tuer et de voler, est-ce nécessaire de l'écrire dans un code de déontologie-mon-cul? Vraiment, on nous prend pour des cons parce que nous sommes malheureusement un peu cons.
Malgré toutes nos conneries, le système doit se purger un peu. L'écho de la rue a ébranlé les colonnes du temple. Le Bozopoly s'écroule. Il y a des tas de gens qui sont prêts à reprendre leurs casseroles s'il le faut. Ça s'est passé ailleurs en d'autres temps. Cela pourrait aussi se passer ici.
Le système est fragile. Derrière l'écran du magicien d'Oz, tout le monde sait maintenant qu'il n'y a qu'un nain. Et ce nain n'aura bientôt plus assez de lapins dans son sac pour nourrir tout le monde. Même les cons vont se mettre à penser. Et à marcher, s'il le faut...
C'est trop hilarant...
Pendant que les rats quittent le navire, on se demande ce qui se passe à Mascouche, Laval, Québec ou Trois-Rivières.
Le Printemps Érable continue. La lutte se poursuit jusque dans les milieux les plus ténébreux de notre communauté.
Un clan remplace un clan. Des fonctionnaires remplacent des fonctionnaires. On saura
bien les faire chanter en temps voulu. Même pas besoin de casser des jambes. Ça ne se fait presque plus, sinon en cas de force majeure. Il ne faut pas fatiguer ses soldats. Ils préfèrent la dolce vita, eux aussi. Ils savent vivre.
Le cirque n'est pas terminé. D'autres épisodes sont devant nous. Il faut sortir ses poubelles de temps en temps.
Le maire de Laval est très malade et a besoin de beaucoup de repos.
Le maire de Mascouche doit sentir que la soupe est chaude et qu'il y a des limites à prendre son petit peuple pour du bran de scie.
Partout au Québec cela déborde d'exemples de petits bonshommes et bonnes femmes qui s'en foutent plein les poches en vous riant en pleine face, pauvres larves d'électeurs-aux-quatre-ans...
Puis des gens prennent la rue. Des gens relativement jeunes mais aussi des moins jeunes.
Et subitement, on découvre que nous avons aussi des lois contre les bandits à cravates.
Des lois que l'on voudrait réinventer en se dotant de codes de déontologie...
Des codes de déontologie!!! J'ai mon voyage. C'est déjà interdit de tuer et de voler, est-ce nécessaire de l'écrire dans un code de déontologie-mon-cul? Vraiment, on nous prend pour des cons parce que nous sommes malheureusement un peu cons.
Malgré toutes nos conneries, le système doit se purger un peu. L'écho de la rue a ébranlé les colonnes du temple. Le Bozopoly s'écroule. Il y a des tas de gens qui sont prêts à reprendre leurs casseroles s'il le faut. Ça s'est passé ailleurs en d'autres temps. Cela pourrait aussi se passer ici.
Le système est fragile. Derrière l'écran du magicien d'Oz, tout le monde sait maintenant qu'il n'y a qu'un nain. Et ce nain n'aura bientôt plus assez de lapins dans son sac pour nourrir tout le monde. Même les cons vont se mettre à penser. Et à marcher, s'il le faut...
lundi 5 novembre 2012
À propos de la destruction de Sodome et Gomorrhe
Quand on pense au récit biblique de la destruction de Sodome et Gomorrhe, on s'imagine Dieu qui vient pourfendre les Sodomites et les Gonorrhéens. Dieu vient mettre fin à l'orgie et aux enfilades en détruisant ces deux villes infâmes par le feu du ciel.
-Tiens mes maudits joueux d'organes! Vous allez m'arrêter ça de trop aimer les parties! J'vous pitche du feu! Je vous détruis! Je vous réduis en purée! Je vous extermine! Je vous flambe! Je vous spolie!
Cette interprétation est plus fidèle à la tradition hollywoodienne qu'elle ne l'est au texte. Il ne nous reste que des effets spéciaux, ce qui est tout de même pas mal.
Le récit biblique original raconte la destruction par le feu de deux villes où les habitants maltraitent les pauvres et les étrangers. Rien de spécialement sexuel jusqu'ici.
Il y a cinq millénaires, il était mal vu de ne pas se soumettre aux lois de l'hospitalité et aux exigences de la charité. C'était tellement mal vu que Dieu envoya des anges pour détruire Sodome et Gomorrhe, deux villes de trous du cul qui en faisaient découdre aux étrangers et aux pauvres.
Celui-que-l'on-ne-peut-nommer, Jéhovah en personne, Yahvé ou Dieu-tout-court ordonne à ses anges de rencontrer Loth, le neveu d'Abraham, un homme réputé juste parmi ces injustes. Les anges ne sont pas sitôt arrivés que les Sodomites demandent à Loth de leur livrer ces deux mignons pour qu'ils les «connaissent» dans le sens biblique. Loth refuse et leur propose plutôt d'accepter de «connaître» ses deux filles vierges... Les Sodomites refusent, comme quoi la moralité était encore à géométrie variable à cette époque.
Alors les anges expliquent à Loth que le Très-Très-Haut va leur lancer du feu sur la gueule.
-Et si nous trouvions dix personnes justes dans cette ville? leur demande Loth, à brûle-pourpoint.
-Nous ne détruirons pas Sodome et Gomorrhe si tu trouves dix personnes justes dans cette ville... répondent à peu près les anges.
-Et si je n'en trouvais que neuf?
-À neuf? Cette ville ne serait pas détruite...
-Et si l'on n'en trouvait que cinq? Quatre? Trois... Deux?
-Tu ne trouverais qu'une seule personne capable de bien recevoir les étrangers et de prendre soin des pauvres, que Dieu l'épargnerait.
Évidemment, il fallait que ces villes soient sales et pas accueillantes du tout pour qu'elles se fassent raser ainsi de la surface de la terre, elles et tous leurs habitants inclus.
Il paraît que Loth et sa bande ne devaient pas regarder derrière eux tandis qu'ils s'enfuyaient des lieux de la destruction divine. La femme de Loth regarda derrière elle et fût transformée en statue de sel.
Tous ces Antiques se racontaient toutes sortes d'histoires drôles ou moins drôles qui terminaient dans un livre qu'on se passait de main en main parce qu'on était trop pauvres pour avoir deux livres ou même trois.
La plupart des gens ne lisaient pas, comme c'est toujours le cas de nos jours.
Ils se contentaient d'entendre un gus qui était payé pour lire à voix haute devant un public ingrat.
-Maintenant, raconte-nous le passage où Samson a assommé des tas de Philistins à coups de mâchoires d'âne! Arf! Arf! Arf!
Dans le bon vieux temps ça se passait de même.
On respectait les lois de l'hospitalité.
On respectait un peu moins ses deux filles vierges...
-Tiens mes maudits joueux d'organes! Vous allez m'arrêter ça de trop aimer les parties! J'vous pitche du feu! Je vous détruis! Je vous réduis en purée! Je vous extermine! Je vous flambe! Je vous spolie!
Cette interprétation est plus fidèle à la tradition hollywoodienne qu'elle ne l'est au texte. Il ne nous reste que des effets spéciaux, ce qui est tout de même pas mal.
Le récit biblique original raconte la destruction par le feu de deux villes où les habitants maltraitent les pauvres et les étrangers. Rien de spécialement sexuel jusqu'ici.
Il y a cinq millénaires, il était mal vu de ne pas se soumettre aux lois de l'hospitalité et aux exigences de la charité. C'était tellement mal vu que Dieu envoya des anges pour détruire Sodome et Gomorrhe, deux villes de trous du cul qui en faisaient découdre aux étrangers et aux pauvres.
Celui-que-l'on-ne-peut-nommer, Jéhovah en personne, Yahvé ou Dieu-tout-court ordonne à ses anges de rencontrer Loth, le neveu d'Abraham, un homme réputé juste parmi ces injustes. Les anges ne sont pas sitôt arrivés que les Sodomites demandent à Loth de leur livrer ces deux mignons pour qu'ils les «connaissent» dans le sens biblique. Loth refuse et leur propose plutôt d'accepter de «connaître» ses deux filles vierges... Les Sodomites refusent, comme quoi la moralité était encore à géométrie variable à cette époque.
Alors les anges expliquent à Loth que le Très-Très-Haut va leur lancer du feu sur la gueule.
-Et si nous trouvions dix personnes justes dans cette ville? leur demande Loth, à brûle-pourpoint.
-Nous ne détruirons pas Sodome et Gomorrhe si tu trouves dix personnes justes dans cette ville... répondent à peu près les anges.
-Et si je n'en trouvais que neuf?
-À neuf? Cette ville ne serait pas détruite...
-Et si l'on n'en trouvait que cinq? Quatre? Trois... Deux?
-Tu ne trouverais qu'une seule personne capable de bien recevoir les étrangers et de prendre soin des pauvres, que Dieu l'épargnerait.
Évidemment, il fallait que ces villes soient sales et pas accueillantes du tout pour qu'elles se fassent raser ainsi de la surface de la terre, elles et tous leurs habitants inclus.
Il paraît que Loth et sa bande ne devaient pas regarder derrière eux tandis qu'ils s'enfuyaient des lieux de la destruction divine. La femme de Loth regarda derrière elle et fût transformée en statue de sel.
Tous ces Antiques se racontaient toutes sortes d'histoires drôles ou moins drôles qui terminaient dans un livre qu'on se passait de main en main parce qu'on était trop pauvres pour avoir deux livres ou même trois.
La plupart des gens ne lisaient pas, comme c'est toujours le cas de nos jours.
Ils se contentaient d'entendre un gus qui était payé pour lire à voix haute devant un public ingrat.
-Maintenant, raconte-nous le passage où Samson a assommé des tas de Philistins à coups de mâchoires d'âne! Arf! Arf! Arf!
Dans le bon vieux temps ça se passait de même.
On respectait les lois de l'hospitalité.
On respectait un peu moins ses deux filles vierges...
dimanche 4 novembre 2012
Rien à foutre du bonheur et des états de grâce
Il n'y a rien de plus ringard que de parler du bonheur, surtout pour un niaiseux comme moi qui baigna longtemps dans la contre-culture et les préjugés favorables envers les artistes maudits.
Je devrais me taire sur mes états de grâce, ne serait-ce que pour les savourer au lieu de me répandre en élucubrations.
Les mots sont vains pour décrire une expérience humaine authentique comme l'amour ou bien les états de grâce.
Bien sûr que je peux vous raconter la recette mais vous n'en aurez que les idées des odeurs, saveurs et textures. La vie, elle se mange. Elle ne se raconte pas vraiment. Voilà pourquoi la plupart de nos lectures nous ennuient. Pour un Rimbaud il y a mille millions de poètes insipides. Pour un Dostoïevski, ce n'est guère mieux et ça bouffe du temps qu'on pourrait employer à ne rien faire. Devenir Rimbaud et Dostoïevski en même temps est bien plus difficile. Personne ne vous demande de faire ça bien entendu. Même moi, je ne veux rien savoir. Je préfère être niaiseux tout compte fait.
***
Parlons maintenant du bonheur. Permettez-moi un peu de ringardise.
D'abord, il n'est jamais là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autrement, ça voudrait dire que nous sommes morts ou sous une trop forte dose de sédatifs. Il ponctue la journée, le bonheur. Il est là à 7:06 puis, hop! il revient à 7:47 jusqu'à 8:21. Il est bloqué un temps par une publicité. Puis par une tâche quelconque. Et c'est reparti pour du bonheur à 9:12. N'est-ce pas merveilleux?
Le bonheur, c'est capter un poste où tout n'est que sérénité et harmonie. Ça ne dure jamais des heures et des heures parce que nous avons autre chose à faire dans la journée que de capter la sérénité et l'harmonie. Il faut aller chasser. Il faut se plier et se faufiler ça et là. Il faut soigner les bobos inhérents à tous ces déplacements sans lesquels la vie ne serait pas aussi remplie d'images et de sensations. Il faut avoir mal au cul ou bien aux dents. C'est ça aussi, la vie, de la souffrance et du grouillis-grouillage pour rien.
Le bonheur, c'est quand on ne sent plus de pression. Quand on contemple l'ensemble d'un rapide coup d'oeil où le nombril se sent satisfait. C'est comme la sensation de planer ou de nager ou de sauter à cloche-pied ou de ne rien faire.
Évidemment qu'il se passe de grandes questions, le bonheur. Il est une réponse. Je veux dire que c'est impossible d'être heureux et de se casser la tête en même temps. Donc, sans sombrer dans le syllogisme, je dis que le bonheur ça ne s'explique pas, tiens. Et tout ce que je peux écrire là-dessus est déjà inutile et plutôt vain.
***
«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent.» Le gars qui disait ça s'appelait l'Ecclésiaste. Ses amis l'appelaient Jointure parce qu'il avait une jointure fêlée. L'Histoire n'a retenu que l'Ecclésiaste. Il ne servait à rien de le surnommer Jointure. C'était même tout à fait vain.
***
État de grâce: deux bouteilles d'un excellent rouge fruité et généreux, de la bonne musique, ma blonde à mes côtés. Le reste je m'en fous.
***
Je retourne à mes pinceaux pour peindre des personnages qui sourient.
Le bonheur, c'est niaiseux...
Je devrais me taire sur mes états de grâce, ne serait-ce que pour les savourer au lieu de me répandre en élucubrations.
Les mots sont vains pour décrire une expérience humaine authentique comme l'amour ou bien les états de grâce.
Bien sûr que je peux vous raconter la recette mais vous n'en aurez que les idées des odeurs, saveurs et textures. La vie, elle se mange. Elle ne se raconte pas vraiment. Voilà pourquoi la plupart de nos lectures nous ennuient. Pour un Rimbaud il y a mille millions de poètes insipides. Pour un Dostoïevski, ce n'est guère mieux et ça bouffe du temps qu'on pourrait employer à ne rien faire. Devenir Rimbaud et Dostoïevski en même temps est bien plus difficile. Personne ne vous demande de faire ça bien entendu. Même moi, je ne veux rien savoir. Je préfère être niaiseux tout compte fait.
***
Parlons maintenant du bonheur. Permettez-moi un peu de ringardise.
D'abord, il n'est jamais là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autrement, ça voudrait dire que nous sommes morts ou sous une trop forte dose de sédatifs. Il ponctue la journée, le bonheur. Il est là à 7:06 puis, hop! il revient à 7:47 jusqu'à 8:21. Il est bloqué un temps par une publicité. Puis par une tâche quelconque. Et c'est reparti pour du bonheur à 9:12. N'est-ce pas merveilleux?
Le bonheur, c'est capter un poste où tout n'est que sérénité et harmonie. Ça ne dure jamais des heures et des heures parce que nous avons autre chose à faire dans la journée que de capter la sérénité et l'harmonie. Il faut aller chasser. Il faut se plier et se faufiler ça et là. Il faut soigner les bobos inhérents à tous ces déplacements sans lesquels la vie ne serait pas aussi remplie d'images et de sensations. Il faut avoir mal au cul ou bien aux dents. C'est ça aussi, la vie, de la souffrance et du grouillis-grouillage pour rien.
Le bonheur, c'est quand on ne sent plus de pression. Quand on contemple l'ensemble d'un rapide coup d'oeil où le nombril se sent satisfait. C'est comme la sensation de planer ou de nager ou de sauter à cloche-pied ou de ne rien faire.
Évidemment qu'il se passe de grandes questions, le bonheur. Il est une réponse. Je veux dire que c'est impossible d'être heureux et de se casser la tête en même temps. Donc, sans sombrer dans le syllogisme, je dis que le bonheur ça ne s'explique pas, tiens. Et tout ce que je peux écrire là-dessus est déjà inutile et plutôt vain.
***
«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent.» Le gars qui disait ça s'appelait l'Ecclésiaste. Ses amis l'appelaient Jointure parce qu'il avait une jointure fêlée. L'Histoire n'a retenu que l'Ecclésiaste. Il ne servait à rien de le surnommer Jointure. C'était même tout à fait vain.
***
État de grâce: deux bouteilles d'un excellent rouge fruité et généreux, de la bonne musique, ma blonde à mes côtés. Le reste je m'en fous.
***
Je retourne à mes pinceaux pour peindre des personnages qui sourient.
Le bonheur, c'est niaiseux...
samedi 3 novembre 2012
Soutenons Gabriel Nadeau-Dubois
La démocratie n'est encore qu'une gammique dans ce pays qui n'en est pas vraiment un. Nous sommes encore une lointaine colonie gouvernée par des fonctionnaires corrompus qui ne se sentent inquiétés ni par le peuple ni par la couronne.
Quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds, la gammique fait semblant de rien. Elle prend son temps.
Mais qu'on lui offre un kid comme Gabriel Nadeau-Dubois ou bien un quelconque cul-terreux qui porte un masque de Guy Fawkes, eh bien on sent que tout le système s'accélère. Haro sur ces patriotes des temps modernes qui ont porté dans la rue le combat contre la corruption, condition sans laquelle il n'y aurait jamais eu de commission Charbonneau! Au bûcher les honnêtes gens! Sur le trône les bandits!
Et pourtant, quelque chose a changé depuis le 22 mars dernier... Vous ne vous en êtes pas rendus compte? Nous sommes en pleine révolution. Non seulement provinciale, mais mondiale. Ça brasse partout dans le monde pour se débarrasser de la gammique.
Il s'est passé quelque chose au Québec. Et on le doit au courage et à la détermination de milliers de manifestants anonymes ou notoires comme Gabriel Nadeau-Dubois.
La rue a eu raison de la gammique, comme partout ailleurs.
Et cet écho de la rue ne doit pas être étouffé par quelques avocaillons du dimanche qui se toge le cul avec la justice et le droit naturels pour mieux enculer les mouches au nom du droit qui sert la gammique.
La loi doit servir les hommes et non le contraire. Le droit d'un gus à se faire dispenser un cours d'arts plastiques pendant une grève étudiante relève de la bêtise absolue. Cette bêtise qui a valu un outrage au tribunal pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE, l'association étudiante qui préconise la gratuité scolaire du primaire jusqu'à l'université. Il n'aurait jamais dû appeler ses membres à défier l'injonction du juge Machin, grand penseur et maître ès bastonnade. Qu'un juge ait raison d'un héros, moi, ça ne me revient pas. Et vous?
Gabriel va en appel du jugement qui lui a été rendu.
La justice condamne injustement ce jeune homme.
On devrait lui décerner une médaille plutôt que de lui porter des accusations pour protéger le «droit» du gus à faire des cendriers en terre glaise pendant une grève étudiante. Cela ne relève plus de la justice, mais de la politique. C'est à la politique de faire tomber ces manipulations du droit qui vont à l'encontre de droits sociaux durement acquis, dont le droit de manifester, le droit à la liberté d'expression, le droit à gérer notre pays et nos ressources naturelles sans être considérés comme un peuple de va-nu-pieds tout juste bons à chasser les grenouilles dans les étangs qui entourent les châteaux de gypse des pharaons de la construction.
En condamnant Gabriel Nadeau-Dubois, on crée aussi un précédent. Je ne pourrai plus dire des trucs comme ce que je viens d'écrire sans me faire accuser de sédition par de vieilles perruques coloniales qui jouent aux Juges des temps bibliques.
Soutenir Gabriel Nadeau-Dubois, c'est me soutenir un peu, c'est nous soutenir un peu, si le chapeau vous fait...
Solidarité camarades!
Soutenons Gabriel Nadeau-Dubois.
Quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds, la gammique fait semblant de rien. Elle prend son temps.
Mais qu'on lui offre un kid comme Gabriel Nadeau-Dubois ou bien un quelconque cul-terreux qui porte un masque de Guy Fawkes, eh bien on sent que tout le système s'accélère. Haro sur ces patriotes des temps modernes qui ont porté dans la rue le combat contre la corruption, condition sans laquelle il n'y aurait jamais eu de commission Charbonneau! Au bûcher les honnêtes gens! Sur le trône les bandits!
Et pourtant, quelque chose a changé depuis le 22 mars dernier... Vous ne vous en êtes pas rendus compte? Nous sommes en pleine révolution. Non seulement provinciale, mais mondiale. Ça brasse partout dans le monde pour se débarrasser de la gammique.
Il s'est passé quelque chose au Québec. Et on le doit au courage et à la détermination de milliers de manifestants anonymes ou notoires comme Gabriel Nadeau-Dubois.
La rue a eu raison de la gammique, comme partout ailleurs.
Et cet écho de la rue ne doit pas être étouffé par quelques avocaillons du dimanche qui se toge le cul avec la justice et le droit naturels pour mieux enculer les mouches au nom du droit qui sert la gammique.
La loi doit servir les hommes et non le contraire. Le droit d'un gus à se faire dispenser un cours d'arts plastiques pendant une grève étudiante relève de la bêtise absolue. Cette bêtise qui a valu un outrage au tribunal pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE, l'association étudiante qui préconise la gratuité scolaire du primaire jusqu'à l'université. Il n'aurait jamais dû appeler ses membres à défier l'injonction du juge Machin, grand penseur et maître ès bastonnade. Qu'un juge ait raison d'un héros, moi, ça ne me revient pas. Et vous?
Gabriel va en appel du jugement qui lui a été rendu.
La justice condamne injustement ce jeune homme.
On devrait lui décerner une médaille plutôt que de lui porter des accusations pour protéger le «droit» du gus à faire des cendriers en terre glaise pendant une grève étudiante. Cela ne relève plus de la justice, mais de la politique. C'est à la politique de faire tomber ces manipulations du droit qui vont à l'encontre de droits sociaux durement acquis, dont le droit de manifester, le droit à la liberté d'expression, le droit à gérer notre pays et nos ressources naturelles sans être considérés comme un peuple de va-nu-pieds tout juste bons à chasser les grenouilles dans les étangs qui entourent les châteaux de gypse des pharaons de la construction.
En condamnant Gabriel Nadeau-Dubois, on crée aussi un précédent. Je ne pourrai plus dire des trucs comme ce que je viens d'écrire sans me faire accuser de sédition par de vieilles perruques coloniales qui jouent aux Juges des temps bibliques.
Soutenir Gabriel Nadeau-Dubois, c'est me soutenir un peu, c'est nous soutenir un peu, si le chapeau vous fait...
Solidarité camarades!
Soutenons Gabriel Nadeau-Dubois.
mercredi 31 octobre 2012
L'indignation à son comble
L'indignation est encore montée de plusieurs crans hier, ne serait-ce qu'à Montréal.
L'équipe du maire pourri a annoncé une augmentation de taxes d'environ 3%. Avec tout ce que l'on apprend à la Commission Charbonneau à propos des enveloppes brunes bourrées de fric, des coffres-forts qui débordent d'argent liquide et des commissions prises pour chaque contrat fraudé, on se serait attendu à une réduction de taxes de 30%...
Voire de 300%, avec tout cet argent détourné des poches de trop honnêtes citoyens qui se font plumer comme des poules pondues en série.
Il est temps de hurler et d'agir pour coffrer ces voyous qui nous gouvernent.
-Bande de voleurs! Bande d'hosties de crosseurs...
***
Ils étaient nombreux les éditorialistes et autres chroniqueurs merdeux à réclamer la bastonnade pour réprimer les kids qui portent le carré rouge.
Les collabos manquent de courage quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds. On ne les entend pas dénoncer la corruption, la fraude, le détournement de fonds publics. Ils en sont encore à frapper sur des kids ou bien des BS, comme le gardien de prison timoré dans La ligne verte, celui qui a peur des souris et qui fait pipi dans ses culottes devant de vrais hommes qui ne sont pas encagés.
Voilà ce qui nous gouverne: des voleurs, des crosseurs, des lâches, des cupides, des stupides...
Il y a un mince espoir de ramener la corruption à un niveau inférieur.
Ce mince espoir qui a été porté par des carrés rouges.
Ce mince espoir que l'on a entendu dans les rues, depuis le 22 mars dernier.
Cet espoir qui dit qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia.
Et qu'il n'y a aucune raison de sacrifier nos services publics pour enrichir des gens malhonnêtes qui n'agissent pas comme il faut en communauté.
Il n'y a aucune raison de payer deux fois le prix pour nos services publics, juste parce qu'on fait chanter quelques petits fonctionnaires minables et autres scélérats élus par moins du quart de la population en âge de voter.
***
Elle est quand la prochaine manif?
L'équipe du maire pourri a annoncé une augmentation de taxes d'environ 3%. Avec tout ce que l'on apprend à la Commission Charbonneau à propos des enveloppes brunes bourrées de fric, des coffres-forts qui débordent d'argent liquide et des commissions prises pour chaque contrat fraudé, on se serait attendu à une réduction de taxes de 30%...
Voire de 300%, avec tout cet argent détourné des poches de trop honnêtes citoyens qui se font plumer comme des poules pondues en série.
Il est temps de hurler et d'agir pour coffrer ces voyous qui nous gouvernent.
-Bande de voleurs! Bande d'hosties de crosseurs...
***
Ils étaient nombreux les éditorialistes et autres chroniqueurs merdeux à réclamer la bastonnade pour réprimer les kids qui portent le carré rouge.
Les collabos manquent de courage quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds. On ne les entend pas dénoncer la corruption, la fraude, le détournement de fonds publics. Ils en sont encore à frapper sur des kids ou bien des BS, comme le gardien de prison timoré dans La ligne verte, celui qui a peur des souris et qui fait pipi dans ses culottes devant de vrais hommes qui ne sont pas encagés.
Voilà ce qui nous gouverne: des voleurs, des crosseurs, des lâches, des cupides, des stupides...
Il y a un mince espoir de ramener la corruption à un niveau inférieur.
Ce mince espoir qui a été porté par des carrés rouges.
Ce mince espoir que l'on a entendu dans les rues, depuis le 22 mars dernier.
Cet espoir qui dit qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia.
Et qu'il n'y a aucune raison de sacrifier nos services publics pour enrichir des gens malhonnêtes qui n'agissent pas comme il faut en communauté.
Il n'y a aucune raison de payer deux fois le prix pour nos services publics, juste parce qu'on fait chanter quelques petits fonctionnaires minables et autres scélérats élus par moins du quart de la population en âge de voter.
***
Elle est quand la prochaine manif?
mardi 30 octobre 2012
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières
Le vent souffle un peu plus fort que d'habitude à Trois-Rivières ce matin.
Le fond de l'air est chaud.
Vénus, l'étoile du berger, est visible entre les nuages. Ils défilent dans le ciel comme la promesse d'un temps chaotique.
L'ouragan Sandy pénètre dans le continent. Les bas-quartiers de Manhattan sont inondés. La Bourse de New-York est fermée. Va-t-on y goûter nous aussi?
Peut-être pas.
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières.
Le fond de l'air est chaud.
Vénus, l'étoile du berger, est visible entre les nuages. Ils défilent dans le ciel comme la promesse d'un temps chaotique.
L'ouragan Sandy pénètre dans le continent. Les bas-quartiers de Manhattan sont inondés. La Bourse de New-York est fermée. Va-t-on y goûter nous aussi?
Peut-être pas.
Il n'arrive jamais rien à Trois-Rivières.
lundi 29 octobre 2012
Moi
Ce blog sollicite plusieurs aspects de ma personnalité. Je m'y affirme en tant qu'écrivain, artiste-peintre, musicien et citoyen. Je suis tout cela en même temps. Je pourrais faire un blog par sujet émanant de ma caboche. Malheureusement, ce serait trop bien organisé. Je ne m'y reconnaîtrais même pas. Voilà pourquoi je poursuis mon chemin allègrement sur ce blog. Je ne me casse pas la tête. J'y vais comme ça vient.
***
«Le Moi est haïssable.»
Pascal
«J'emmerde Pascal.»
Moi
Cette blague est de François Cavanna, père-fondateur des revues Hara Kiri et Charlie Hebdo.
J'y songe chaque fois que je m'apprête à critiquer la première personne du singulier.
Je vous dirai, en maugréant un peu, que je suis un peu du côté mathématique de Pascal. Son côté métaphysique m'est soporifique. La musique me fait bien plus planer que ces suites de mots sur la crédulité en matière de résurrection et de miracles à gogo. Finalement, Pascal m'emmerde. Et je ne le lis presque jamais, sinon pour me rappeler que je m'emmerde en le lisant.
Et pourquoi je m'acharne à vous parler de tout ça? Je n'en sais rien. Sinon que je m'avance vers une sempiternelle critique de la première personne du singulier. Trop de Moi, que l'on soit Pascal ou Noël, cela finit par faire vomir.
Évidemment qu'il y en a qui ont plus de talent que d'autres. Le Moi de Rimbaud est aimable. Celui de Lautréamont aussi. Parce que c'est unique.
Le Moi de Facebook, par exemple, est terne. Et je ne dis pas ça seulement parce que je suis déjà un vieux con. Je me sers de mon Facebook pour partager des pensées, des drôleries, des pétitions et tout plein de trucs pratiques ou sans but. Mon Moi y est minimisé autant que faire se peut. Non pas parce que je ne suis pas un brin narcissique, comme n'importe quel vieux con, mais parce que je ne suis pas le sujet le plus intéressant pour en discuter. Je me connais assez sans avoir à vous emmerder avec mon Moi.
***
Quelqu'un m'a dit de quelqu'un qu'il pouvait lire dans l'avenir.
Je lui ai laissé entendre qu'il pouvait aussi lire dans son passé en lisant dans ses shorts.
Ce n'est pas la blague du siècle, mais bon, vous devrez vous en contenter chers lecteurs et lectrices.
***
Parlant de Moi, je reprends mes pinceaux et je finis ce que j'ai commencé. Je vous promets un majestueux Printemps Érable dans les rues d'une ville autant imagée qu'imaginaire.
J'ai aussi une danseuse de flamenco, un type qui joue de la guitare dans la guérite d'un stationnement désert, une scène d'enfance au Pont de fer avec mon père et mes trois frères, une mascotte qui se fait tirer les oreilles dans un centre commercial, etc.
Je m'y remets pour parler un peu moins de Moi.
***
Je me suis acheté des cordes pour ma guitare classique. Je vais devoir l'accorder au cinq minutes quand je vais les changer. Ce qui fait que je ne les ai pas encore changées.
J'ai aussi un nouvel harmonica Hohner en B. Ce qui complète presque ma gamme d'harmonicas. Ça coûte trop cher jouer de l'harmonica. Ça se désaccorde à rien. Ça ne s'accorde pas quand ça joue faux. Faut toujours en racheter et les magasins de musique n'ont jamais toutes les gammes disponibles. Ce qui fait que l'on joue généralement en G, en C ou en A. Si ça vous semble du chinois ce que je dis, eh bien je vais quand même le dire.
Mes tamtams sont cool mais je n'en joue vraiment que lors des manifs.
Ce serait bien d'en organiser une contre la corruption devant chaque hôtel de ville du Québec, le même jour et à la même heure. Un grand concert de casseroles contre la corruption de Laval à Québec, en passant par Mascouche et Trois-Rivières.
On ressortirait nos carrés rouges, évidemment.
Pour rappeler que tout est parti de là.
Et que le but à atteindre est plus proche qu'on ne l'aurait cru.
La révolution est en marche au Québec et partout dans le monde.
Déjà, je parle moins de Moi...
***
«Le Moi est haïssable.»
Pascal
«J'emmerde Pascal.»
Moi
Cette blague est de François Cavanna, père-fondateur des revues Hara Kiri et Charlie Hebdo.
J'y songe chaque fois que je m'apprête à critiquer la première personne du singulier.
Je vous dirai, en maugréant un peu, que je suis un peu du côté mathématique de Pascal. Son côté métaphysique m'est soporifique. La musique me fait bien plus planer que ces suites de mots sur la crédulité en matière de résurrection et de miracles à gogo. Finalement, Pascal m'emmerde. Et je ne le lis presque jamais, sinon pour me rappeler que je m'emmerde en le lisant.
Et pourquoi je m'acharne à vous parler de tout ça? Je n'en sais rien. Sinon que je m'avance vers une sempiternelle critique de la première personne du singulier. Trop de Moi, que l'on soit Pascal ou Noël, cela finit par faire vomir.
Évidemment qu'il y en a qui ont plus de talent que d'autres. Le Moi de Rimbaud est aimable. Celui de Lautréamont aussi. Parce que c'est unique.
Le Moi de Facebook, par exemple, est terne. Et je ne dis pas ça seulement parce que je suis déjà un vieux con. Je me sers de mon Facebook pour partager des pensées, des drôleries, des pétitions et tout plein de trucs pratiques ou sans but. Mon Moi y est minimisé autant que faire se peut. Non pas parce que je ne suis pas un brin narcissique, comme n'importe quel vieux con, mais parce que je ne suis pas le sujet le plus intéressant pour en discuter. Je me connais assez sans avoir à vous emmerder avec mon Moi.
***
Quelqu'un m'a dit de quelqu'un qu'il pouvait lire dans l'avenir.
Je lui ai laissé entendre qu'il pouvait aussi lire dans son passé en lisant dans ses shorts.
Ce n'est pas la blague du siècle, mais bon, vous devrez vous en contenter chers lecteurs et lectrices.
***
Parlant de Moi, je reprends mes pinceaux et je finis ce que j'ai commencé. Je vous promets un majestueux Printemps Érable dans les rues d'une ville autant imagée qu'imaginaire.
J'ai aussi une danseuse de flamenco, un type qui joue de la guitare dans la guérite d'un stationnement désert, une scène d'enfance au Pont de fer avec mon père et mes trois frères, une mascotte qui se fait tirer les oreilles dans un centre commercial, etc.
Je m'y remets pour parler un peu moins de Moi.
***
Je me suis acheté des cordes pour ma guitare classique. Je vais devoir l'accorder au cinq minutes quand je vais les changer. Ce qui fait que je ne les ai pas encore changées.
J'ai aussi un nouvel harmonica Hohner en B. Ce qui complète presque ma gamme d'harmonicas. Ça coûte trop cher jouer de l'harmonica. Ça se désaccorde à rien. Ça ne s'accorde pas quand ça joue faux. Faut toujours en racheter et les magasins de musique n'ont jamais toutes les gammes disponibles. Ce qui fait que l'on joue généralement en G, en C ou en A. Si ça vous semble du chinois ce que je dis, eh bien je vais quand même le dire.
Mes tamtams sont cool mais je n'en joue vraiment que lors des manifs.
Ce serait bien d'en organiser une contre la corruption devant chaque hôtel de ville du Québec, le même jour et à la même heure. Un grand concert de casseroles contre la corruption de Laval à Québec, en passant par Mascouche et Trois-Rivières.
On ressortirait nos carrés rouges, évidemment.
Pour rappeler que tout est parti de là.
Et que le but à atteindre est plus proche qu'on ne l'aurait cru.
La révolution est en marche au Québec et partout dans le monde.
Déjà, je parle moins de Moi...
vendredi 26 octobre 2012
Le syndrome du larbin
Ceux qui me connaissent bien l'auront vu sur mon compte Facebook. Il arrive sur mon blog avec quelques mois de retard. Pourtant, c'est toujours d'actualité.
Qu'est-ce qu'un larbin? Cette vidéo tournée en Espagne est directement inspirée d'un texte de Julien Arlandis que l'on trouve ici sur la toile.
Il ne se trouve pas de meilleure définition. Le larbin s'appelle un cave dans notre langue vernaculaire. C'est une andouille qui se fait enculer par le capitalisme sauvage et qui le défend becs et ongles pour son plus grand malheur.
Le larbin sait qu'il est nul et ne peut pas concevoir qu'un pauvre puisse avoir raison face à l'opinion d'un riche. Le larbin se dit qu'il y a toujours eu de la corruption et qu'il y en aura toujours. Tous ceux qui agissent pour améliorer l'état de la situation sont des vils et des coquins qui devraient cesser d'importuner les riches qui, vexés, pourraient s'en aller ailleurs.
Il y a une multitude de larbins dans ma ville et encore plus dans la ville de Québec.
Je mentionne par ailleurs que le syndrome du larbin a été abondamment décrit par l'un de nos meilleurs humoristes, Yvon Deschamps, dans un monologue intitulé «Les unions qu'ossa donne?» Évidemment, le monologue se trouve ici. Je le dédie à nos larbins, à nos caves et à nos andouilles.