Je peux voir les yeux fermés.
Je me ferme les yeux et... hop! je vois la toundra nimbée de lumière. Et pas n'importe quelle lumière. Une lumière qui passe du jaune vif au blanc laqué. Et qui se décompose comme les alvéoles d'une ruche d'abeilles.
C'est un don qui m'a permis de survivre à n'importe quoi. Je ferme les yeux et... hop! je vois. Même quand je suis sobre.
Je ne me ferai pas tirer aux cartes là-dessus.
Je ne vous dirai pas que je vois Dieu ou bien Kitché Manitou.
Je vois des arbres dans la toundra.
Je vois les yeux fermés.
Et c'est beau.
lundi 29 novembre 2010
vendredi 26 novembre 2010
La trompette de Jérémie
Jérémie résistait souvent à l'envie de commenter la politique. Ça lui démangeait d'en parler, presque tout le temps. Pourtant, il n'en parlait jamais. Il s'était si souvent trompé sur ses partis pris qu'il avait pris le parti de ne plus en parler.
Évidemment, il n'avait pas tout faux, Jérémie, mais à quoi bon vous raconter ses vérités puisque Jérémie ne parlait jamais de ça.
C'était un grand escogriffe au cou très long, ce Jérémie. Il ressemblait à Plume Latraverse en tenue de cérémonie avec son complet, veston cravate toujours impeccable mais multicolore, voire clownesque, tout de bleu, jaune, rouge.
Jérôme se donnait un petit air de jazz. Il jouait de la trompette dans les bars, le soir, et l'air de rien il finissait par bien gagner sa vie. Il n'était pas Miles Davis mais ce n'était pas d'un soliste qu'on voulait dans les bands qui bouclent bien leurs soirées. La plupart du temps on ne lui achetait que deux ou trois notes poussées sur deux ou trois accords. Les morceaux les plus difficiles, c'était pour jouer à la maison, avec les amis.
Jérémie préférait jouer de la trompette plutôt que de parler de politique.
Il jouait de la trompette au lieu de se tromper.
Évidemment, il n'avait pas tout faux, Jérémie, mais à quoi bon vous raconter ses vérités puisque Jérémie ne parlait jamais de ça.
C'était un grand escogriffe au cou très long, ce Jérémie. Il ressemblait à Plume Latraverse en tenue de cérémonie avec son complet, veston cravate toujours impeccable mais multicolore, voire clownesque, tout de bleu, jaune, rouge.
Jérôme se donnait un petit air de jazz. Il jouait de la trompette dans les bars, le soir, et l'air de rien il finissait par bien gagner sa vie. Il n'était pas Miles Davis mais ce n'était pas d'un soliste qu'on voulait dans les bands qui bouclent bien leurs soirées. La plupart du temps on ne lui achetait que deux ou trois notes poussées sur deux ou trois accords. Les morceaux les plus difficiles, c'était pour jouer à la maison, avec les amis.
Jérémie préférait jouer de la trompette plutôt que de parler de politique.
Il jouait de la trompette au lieu de se tromper.
jeudi 25 novembre 2010
Ovide Plouffe, Valentin Bournival et la place des intellectuels
Ovide Plouffe disait à tort qu'il n'y avait pas de place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier.
Oui, Ovide, il y a une place pour les intellectuels. Elle n'est pas évidente à trouver. Surtout au sein de la classe ouvrière. Un intellectuel y passe pour un emmerdeur. Celui qui connaît les gens d'en face et qui pourrait servir tout aussi bien les deux camps. Ce qui fait qu'on le laisse seul avec l'impression qu'il n'y a pas de place pour lui.
Pourtant, des types comme Ovide Plouffe ont leur place. Il ne leur suffit que de la prendre.
Évidemment, certains critères échappant au domaine de l'intelligence peuvent faciliter cette prise d'emplacement, à tout le moins cette prise de parole.
Valentin Bournival était un intellectuel qui provenait d'un milieu modeste. Ils étaient les plus riches des pauvres sur sa rue. Il est vrai que ses parents n'étaient pas alcooliques. Tout allait pour le frigidaire. Ce qui fait que les Bournival avaient le teint rose et poussaient comme des bouleaux, avec l'écorce sensible et le coeur plein de sève.
Les Bournival aimaient les livres. Ils se disaient que les bourgeois pouvaient tout s'acheter sauf de la culture. Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais ça leur faisait du bien de penser ainsi.
Quand ils ne pensaient pas ainsi, ils jouaient au football. Frères et soeurs, père, mère et grands-parents.
Les Bournival étaient des gens de party. Tu mettais un ballon de football au milieu de la cour et tout le monde courrait après pour s'en emparer. Tout le quartier se rameutait. Et ça finissait en partie de football sans protection.
Ça se bûchait dessus dans la cour du Séminaire, le soir, après que les fils de bourgeois soient rentrés à la maison.
Jusqu'à ce qu'un agent de police les prie d'aller jouer ailleurs, parce que c'était un terrain privé et patati et patata.
Ailleurs? Il n'y avait pas d'ailleurs. Tout était bétonné et asphalté dans le coin, hormis dans la cour où s'amusaient les fils des bourgeois, avec des gradins, tiens, et un vrai terrain de football.
Ce qui fait que les Bournival sont passés du football interdit au Séminaire aux claques sur la gueule permises dans les ruelles sombres du faubourg au beurre de pinotes, là où même les lois s'essoufflent.
Valentin appris autant des livres que des claques sur la gueule.
Aussi, il n'avait pas honte d'être un intellectuel et croyait fermement que toute la place devait revenir aux Ovide Plouffe du monde entier, tant qu'ils ne pèteraient pas trop les plombs.
Valentin Bournival ne se laisserait pas écraser.
Il proférait sa foi en l'intelligence en toute occasion, qu'on le veuille ou non. Il se disait que ce n'était pas en ayant honte d'être soi-même qu'on se fait respecter.
Chaque fois qu'un rustre faisait des remarques disgracieuses sur les «ethnies», Valentin Bournival n'attendait pas une ni deux pour réduire ses propos en poussière.
-Les racistes sont des hosties d'cons! Des ignorants bourrés d'ressentiments. Des tarlais. Des hosties d'niaiseux pleins d'marde. Leur p'tite logique de crétins m'donne juste envie d'dégueuler tabarnak! Ils vont toujours perdre les racistes parce que les bâtards comme moé sont jamais malades! Ch't'un Indien calice! Riez don' des Indiens aussi mes tabarnaks! Hein? Qu'est-cé vous riez pas des Indiens aussi mes sacraments?
Dix fois sur dix, les racistes se taisaient. C'est vrai que Valentin était une calice d'armoire à glace. Comme l'Indien dans Vol au-dessus d'un nid de coucous. Il en imposait, c'est certain, même s'il n'en était pas tout à fait conscient. Sa fiche technique ne comportait aucune défaite au plan purement physique, qu'il méprisait avec le flegme d'un Ovide Plouffe. Tout se concentrait sur le muscle le plus important du corps, le cerveau. Et il ne trouvait aucun fondement logique au racisme, insulte suprême à l'intelligence.
Valentin Bournival pouvait se montrer tout aussi fanatique lorsque l'on riait des béhesses et des pauvres. C'est comme si l'on riait de sa famille, voire de lui, puisqu'il n'a pas toujours fait fortune Valentin.
-Un bourgeois qui rit d'un pauvre, j'me dis qu'c'est nul mais qu'c'est presque de bonne guerre, qu'il disait souvent. Mais y'a rien d'pire qu'un pauvre qui méprise un plus pauvre que lui! Rien de pire qu'un kapo, un merdeux qui collabore avec les saigneurs pour tenir le peuple sous les barbelés. Si nous laissons ça passer, les enfants vont retravailler dans les mines à partir de l'âge de douze ans! Pendant qu'on crache sur les béhesses y'a des grosses fortunes qui viennent siphonner l'argent de l'État pour nous rappeler qu'nous sommes des hosties d'nuls!
C'était toujours sans réplique. Comme si Bournival prophétisait.
Il n'avait pas toujours raison. Il était parfois à côté d'la track. Mais son coeur était plein de sève, même s'il pensait un peu trop de la tête.
Il aurait dû devenir lutteur. Pas intellectuel.
Sacré Valentin!
Oui, Ovide, il y a une place pour les intellectuels. Elle n'est pas évidente à trouver. Surtout au sein de la classe ouvrière. Un intellectuel y passe pour un emmerdeur. Celui qui connaît les gens d'en face et qui pourrait servir tout aussi bien les deux camps. Ce qui fait qu'on le laisse seul avec l'impression qu'il n'y a pas de place pour lui.
Pourtant, des types comme Ovide Plouffe ont leur place. Il ne leur suffit que de la prendre.
Évidemment, certains critères échappant au domaine de l'intelligence peuvent faciliter cette prise d'emplacement, à tout le moins cette prise de parole.
Valentin Bournival était un intellectuel qui provenait d'un milieu modeste. Ils étaient les plus riches des pauvres sur sa rue. Il est vrai que ses parents n'étaient pas alcooliques. Tout allait pour le frigidaire. Ce qui fait que les Bournival avaient le teint rose et poussaient comme des bouleaux, avec l'écorce sensible et le coeur plein de sève.
Les Bournival aimaient les livres. Ils se disaient que les bourgeois pouvaient tout s'acheter sauf de la culture. Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais ça leur faisait du bien de penser ainsi.
Quand ils ne pensaient pas ainsi, ils jouaient au football. Frères et soeurs, père, mère et grands-parents.
Les Bournival étaient des gens de party. Tu mettais un ballon de football au milieu de la cour et tout le monde courrait après pour s'en emparer. Tout le quartier se rameutait. Et ça finissait en partie de football sans protection.
Ça se bûchait dessus dans la cour du Séminaire, le soir, après que les fils de bourgeois soient rentrés à la maison.
Jusqu'à ce qu'un agent de police les prie d'aller jouer ailleurs, parce que c'était un terrain privé et patati et patata.
Ailleurs? Il n'y avait pas d'ailleurs. Tout était bétonné et asphalté dans le coin, hormis dans la cour où s'amusaient les fils des bourgeois, avec des gradins, tiens, et un vrai terrain de football.
Ce qui fait que les Bournival sont passés du football interdit au Séminaire aux claques sur la gueule permises dans les ruelles sombres du faubourg au beurre de pinotes, là où même les lois s'essoufflent.
Valentin appris autant des livres que des claques sur la gueule.
Aussi, il n'avait pas honte d'être un intellectuel et croyait fermement que toute la place devait revenir aux Ovide Plouffe du monde entier, tant qu'ils ne pèteraient pas trop les plombs.
Valentin Bournival ne se laisserait pas écraser.
Il proférait sa foi en l'intelligence en toute occasion, qu'on le veuille ou non. Il se disait que ce n'était pas en ayant honte d'être soi-même qu'on se fait respecter.
Chaque fois qu'un rustre faisait des remarques disgracieuses sur les «ethnies», Valentin Bournival n'attendait pas une ni deux pour réduire ses propos en poussière.
-Les racistes sont des hosties d'cons! Des ignorants bourrés d'ressentiments. Des tarlais. Des hosties d'niaiseux pleins d'marde. Leur p'tite logique de crétins m'donne juste envie d'dégueuler tabarnak! Ils vont toujours perdre les racistes parce que les bâtards comme moé sont jamais malades! Ch't'un Indien calice! Riez don' des Indiens aussi mes tabarnaks! Hein? Qu'est-cé vous riez pas des Indiens aussi mes sacraments?
Dix fois sur dix, les racistes se taisaient. C'est vrai que Valentin était une calice d'armoire à glace. Comme l'Indien dans Vol au-dessus d'un nid de coucous. Il en imposait, c'est certain, même s'il n'en était pas tout à fait conscient. Sa fiche technique ne comportait aucune défaite au plan purement physique, qu'il méprisait avec le flegme d'un Ovide Plouffe. Tout se concentrait sur le muscle le plus important du corps, le cerveau. Et il ne trouvait aucun fondement logique au racisme, insulte suprême à l'intelligence.
Valentin Bournival pouvait se montrer tout aussi fanatique lorsque l'on riait des béhesses et des pauvres. C'est comme si l'on riait de sa famille, voire de lui, puisqu'il n'a pas toujours fait fortune Valentin.
-Un bourgeois qui rit d'un pauvre, j'me dis qu'c'est nul mais qu'c'est presque de bonne guerre, qu'il disait souvent. Mais y'a rien d'pire qu'un pauvre qui méprise un plus pauvre que lui! Rien de pire qu'un kapo, un merdeux qui collabore avec les saigneurs pour tenir le peuple sous les barbelés. Si nous laissons ça passer, les enfants vont retravailler dans les mines à partir de l'âge de douze ans! Pendant qu'on crache sur les béhesses y'a des grosses fortunes qui viennent siphonner l'argent de l'État pour nous rappeler qu'nous sommes des hosties d'nuls!
C'était toujours sans réplique. Comme si Bournival prophétisait.
Il n'avait pas toujours raison. Il était parfois à côté d'la track. Mais son coeur était plein de sève, même s'il pensait un peu trop de la tête.
Il aurait dû devenir lutteur. Pas intellectuel.
Sacré Valentin!
mercredi 24 novembre 2010
Cor-rr-ruption!!!
Je parlais hier avec un type qui est originaire des Pays de l'Est. Il s'appelle Vladimir. Ses amis l'appellent Vlad. Moi je l'appelle encore Vladimir. C'est qu'on se connaît très peu.
Je le croise de temps à autres au dépanneur. Et petit à petit, on s'est mis à se jaser en attendant à la caisse.
Il y a toujours la file le matin. Parfois c'est long. Ce qui fait que j'ai le temps de placoter un peu avec Vladimir.
-Tabar-rr-nak! qu'il m'a dit hier avec son fort accent slave. Par-rr-tout. Pa-rr-tout Québec il est corr-rr-ruption. Tout l'monde par-rr-ler ça. Tabar-rr-nak! Gouver-rr-nement dans 'a ma-rr-de! Eux parler cor-rr-ruption Pays de l'Est. Et oui, beaucoup cor-rr-ruption. Beaucoup. Mais eux cor-rr-ruption ici aussi!!! Tabar-rr-nak!
-Ça fait cent ans que Tolstoï est mort... C'était le 20 novembre 1910... que je lui répondu. Ïasnaïa Poliana que j'ai ajouté.
-Ïasnaïa Poliana! qu'il a surenchéri.
-Ouais, la Clairière dorée. Le refuge de Tolstoï. Ma meilleure source d'inspiration politique par les temps qui courent. Une politique qui fait presque abstraction du pouvoir temporel. Défendons l'intégrité des valeurs humaines. Dénonçons les abus de pouvoir. Ne jouons pas le jeu de César...
-Politique? C'est r-rr-ien que d'la chr-rr-ist de mar-rr-de! conclut Vladmir.
Il est parfaitement intégré Vladimir. À peine vingt ans qu'il est ici et il pense déjà comme un Québécois. Ou un Algonquin. Ou un Nord-Américain.
Je le croise de temps à autres au dépanneur. Et petit à petit, on s'est mis à se jaser en attendant à la caisse.
Il y a toujours la file le matin. Parfois c'est long. Ce qui fait que j'ai le temps de placoter un peu avec Vladimir.
-Tabar-rr-nak! qu'il m'a dit hier avec son fort accent slave. Par-rr-tout. Pa-rr-tout Québec il est corr-rr-ruption. Tout l'monde par-rr-ler ça. Tabar-rr-nak! Gouver-rr-nement dans 'a ma-rr-de! Eux parler cor-rr-ruption Pays de l'Est. Et oui, beaucoup cor-rr-ruption. Beaucoup. Mais eux cor-rr-ruption ici aussi!!! Tabar-rr-nak!
-Ça fait cent ans que Tolstoï est mort... C'était le 20 novembre 1910... que je lui répondu. Ïasnaïa Poliana que j'ai ajouté.
-Ïasnaïa Poliana! qu'il a surenchéri.
-Ouais, la Clairière dorée. Le refuge de Tolstoï. Ma meilleure source d'inspiration politique par les temps qui courent. Une politique qui fait presque abstraction du pouvoir temporel. Défendons l'intégrité des valeurs humaines. Dénonçons les abus de pouvoir. Ne jouons pas le jeu de César...
-Politique? C'est r-rr-ien que d'la chr-rr-ist de mar-rr-de! conclut Vladmir.
Il est parfaitement intégré Vladimir. À peine vingt ans qu'il est ici et il pense déjà comme un Québécois. Ou un Algonquin. Ou un Nord-Américain.
mardi 23 novembre 2010
La capote de laine d'Élèle
Ce n'est pas toujours facile de raconter des histoires simples.
Prenons Louise Laverdure, que ses amis surnomment Élèle, l'acronyme de son nom civil complet.
Élèle tricote en regardant la télé. C'est simple, tricoter, et franchement on en a rapidement vu le bout.
Je pourrais vous dire qu'elle ressemble à une miss météo qui aurait de plus gros sourcils.
Ou bien qu'elle emploie de la laine et du polyester pour ses tricots.
En fait, Élèle n'a même pas vingt-cinq ans. Elle a vingt-six ans. Et elle tricote comme une grande-mère. Ses yeux bruns, camouflés sous d'épais sourcils bruns, ne manquent pas une cotte, brune ou beige. À chaque soir, une paire de pantoufles et une paire de mitaines.
Jusqu'au soir où son copain Théo, un jeune grec dans la trentaine, bedonnant et procrastinateur, lui demande de lui tricoter une capote avec son accent anglais de Montréal.
-Tricote-moé aune capote hestie! Ha! Ha!
Élèle trouve ça drôle et elle lui tricote sa capote en une heure pile. Une belle capote de laine blanche avec pas un poil qui dépasse. Du travail d'artiste.
-Essaie-la, qu'elle lui dit, fière de son oeuvre.
La capote est en laine. Théo capote.
-Y'essayerai pas ça moui-là! Ça pique en fuck you d'la laine! Ayoye!
La capote de laine demeure sur le divan. Élèle part se coucher en boudant. Elle dit à Théo qu'elle ne veut plus le voir. Alors Théo baisse ses culottes et enfile la capote de laine.
-Tiens e'l'ai mise ta christ de capote de laine! T'es contente-là holy fuck? Ayoye motherfucker! qu'il dit.
-Décrisse! qu'elle lui répond. J'veux p'us t'voir!
Théo enlève sa capote de laine, remonte ses culottes et crisse son camp.
-Jeez! I just know nothing about women! qu'il maugrée en descendant l'escalier. J'l'ai mise sa calice de capote de laine!!! Fuck that! Get out of my heart Élèle!
Élèle voyant que son ami de coeur est parti sent qu'elle a peut-être exagéré. Elle s'essuie une larme au coin de l'oeil. Caresse sa belle capote de laine. Puis se remet au tricot devant la télé.
Prenons Louise Laverdure, que ses amis surnomment Élèle, l'acronyme de son nom civil complet.
Élèle tricote en regardant la télé. C'est simple, tricoter, et franchement on en a rapidement vu le bout.
Je pourrais vous dire qu'elle ressemble à une miss météo qui aurait de plus gros sourcils.
Ou bien qu'elle emploie de la laine et du polyester pour ses tricots.
En fait, Élèle n'a même pas vingt-cinq ans. Elle a vingt-six ans. Et elle tricote comme une grande-mère. Ses yeux bruns, camouflés sous d'épais sourcils bruns, ne manquent pas une cotte, brune ou beige. À chaque soir, une paire de pantoufles et une paire de mitaines.
Jusqu'au soir où son copain Théo, un jeune grec dans la trentaine, bedonnant et procrastinateur, lui demande de lui tricoter une capote avec son accent anglais de Montréal.
-Tricote-moé aune capote hestie! Ha! Ha!
Élèle trouve ça drôle et elle lui tricote sa capote en une heure pile. Une belle capote de laine blanche avec pas un poil qui dépasse. Du travail d'artiste.
-Essaie-la, qu'elle lui dit, fière de son oeuvre.
La capote est en laine. Théo capote.
-Y'essayerai pas ça moui-là! Ça pique en fuck you d'la laine! Ayoye!
La capote de laine demeure sur le divan. Élèle part se coucher en boudant. Elle dit à Théo qu'elle ne veut plus le voir. Alors Théo baisse ses culottes et enfile la capote de laine.
-Tiens e'l'ai mise ta christ de capote de laine! T'es contente-là holy fuck? Ayoye motherfucker! qu'il dit.
-Décrisse! qu'elle lui répond. J'veux p'us t'voir!
Théo enlève sa capote de laine, remonte ses culottes et crisse son camp.
-Jeez! I just know nothing about women! qu'il maugrée en descendant l'escalier. J'l'ai mise sa calice de capote de laine!!! Fuck that! Get out of my heart Élèle!
Élèle voyant que son ami de coeur est parti sent qu'elle a peut-être exagéré. Elle s'essuie une larme au coin de l'oeil. Caresse sa belle capote de laine. Puis se remet au tricot devant la télé.
lundi 22 novembre 2010
Première neige & L'histoire du voleur qui était en tabarnak
C'était la première neige de l'automne. L'hiver avait jeté son manteau blanc immaculé sur les dépressions et les suicides de novembre. Cela redonnait du lustre aux paysages urbains, épouvantablement gris et monotones avant la neige.
Il avait neigé et même la misère avait l'air riche. Toutes les bâtisses, des plus dispendieuses aux plus chiottesques, offraient le même effet de vernis brillant, avec ces nuances de bleu tirant sur le blanc. C'était féérique et cela camouflait la mort.
Tenez, ce chat mort que je croise tous les matins sur mon chemin et que personne ne ramasse, même pas les charognards. Les goélands sont repus et les corbeaux ne supportent pas chats.
Ce matin, mon chat mort est bien abrillé. Ses neuf vies sont enterrées sous la neige. Je parie que je ne le verrai même pas quand je passerai près de lui lors de ma promenade matinale.
Tout sera beau, blanc, etc.
***
Je voulais d'abord vous offrir pour récréation une nouvelle stupide qui me trotte par la tête. Et paf, je suis tombé sur cette histoire de chat mort enseveli sous la neige qui, par ailleurs, devrait se transformer en verglas au cours de la journée, ce qui devient moins poétique et nettement plus dangereux.
J'ai écrit au je, malheureusement pour vous. Je m'en allais vers un récit stupide à la troisième personne du singulier, pour m'oublier moi-même, et voilà que j'ai ressurgi comme le dernier des vaniteux.
Bon, c'est trop tard mais je me rattrape tout de suite avec L'histoire du voleur qui était en tabarnak.
***
L'HISTOIRE DU VOLEUR QUI ÉTAIT EN TABARNAK
C'était la première neige de novembre et Scrotum Laramée, voleur bien connu du quartier, avait sorti sa barre à clous et sa poche de hockey pour aller faire des maisons.
Il commence par le 768, juste à côté de chez-lui. Il n'y a pas de bâtons dans les fenêtres et Scrotum n'a même pas besoin de sa crowbar pour les ouvrir. C'est comme si tout était débarré. Un buffet à volonté.
Scrotum sait que ses deux voisins sont absents. Il les a vus partir. Il ne reste plus qu'à remplir sa poche.
Scrotum, un petit maigre avec un bras un pied plus petit que l'autre, fait le tour du propriétaire. Une vieille télé. Un vieux radio. Rien dans le réfrigérateur. Le congélateur vide. Des biscuits soda dans l'armoire. Du vieux linge dans les tiroirs. Pas de bijoux. Pas de lecteur DVD ni de disques. Une vieille tour informatique pas revendable. Rien hostie. Rien. Sinon des livres. Des livres sacrament!
Scrotum est en tabarnak comme de raison.
-Gagne d'hosties de béhesses! qu'il hurle intérieurement. Y'a rien icitte tabarnak!
Et il n'y a rien, effectivement. Des livres et des guénilles.
Scrotum sort vingt piastres de ses poches et le met sur la table avec un petit mot griffonné à la hâte. Puis il décampe.
Ses voisins reviennent une heure plus tard avec des livres, dont une collection de vieux romans historiques. Ils sont d'abord surpris de voir que tout leur appartement a été reviré à l'envers. La fenêtre de la cuisine est ouverte et il y a vingt piastres sur la table ainsi qu'un petit mot griffonné à la hâte:
GANG DE TROUS DE CUS
JE VOU É LAISSÉ 20 PIASSE
VOUS AVÉ RIEN CALICE!
Mais qui pouvait bien être ce voleur imbécile qui ne volait rien et laissait vingt piastres sur le comptoir?
C'était Scrotum, comme de raison. Scortum qui a un bras plus petit que l'autre. Et qui vient d'une famille de voleurs sur plusieurs générations.
On dira ce qu'on voudra, les Laramée ont de l'honneur et ne volent jamais de trous du cul.
Ils les laissent vivre avec leurs guénilles et leurs romans historiques plates.
Il avait neigé et même la misère avait l'air riche. Toutes les bâtisses, des plus dispendieuses aux plus chiottesques, offraient le même effet de vernis brillant, avec ces nuances de bleu tirant sur le blanc. C'était féérique et cela camouflait la mort.
Tenez, ce chat mort que je croise tous les matins sur mon chemin et que personne ne ramasse, même pas les charognards. Les goélands sont repus et les corbeaux ne supportent pas chats.
Ce matin, mon chat mort est bien abrillé. Ses neuf vies sont enterrées sous la neige. Je parie que je ne le verrai même pas quand je passerai près de lui lors de ma promenade matinale.
Tout sera beau, blanc, etc.
***
Je voulais d'abord vous offrir pour récréation une nouvelle stupide qui me trotte par la tête. Et paf, je suis tombé sur cette histoire de chat mort enseveli sous la neige qui, par ailleurs, devrait se transformer en verglas au cours de la journée, ce qui devient moins poétique et nettement plus dangereux.
J'ai écrit au je, malheureusement pour vous. Je m'en allais vers un récit stupide à la troisième personne du singulier, pour m'oublier moi-même, et voilà que j'ai ressurgi comme le dernier des vaniteux.
Bon, c'est trop tard mais je me rattrape tout de suite avec L'histoire du voleur qui était en tabarnak.
***
L'HISTOIRE DU VOLEUR QUI ÉTAIT EN TABARNAK
C'était la première neige de novembre et Scrotum Laramée, voleur bien connu du quartier, avait sorti sa barre à clous et sa poche de hockey pour aller faire des maisons.
Il commence par le 768, juste à côté de chez-lui. Il n'y a pas de bâtons dans les fenêtres et Scrotum n'a même pas besoin de sa crowbar pour les ouvrir. C'est comme si tout était débarré. Un buffet à volonté.
Scrotum sait que ses deux voisins sont absents. Il les a vus partir. Il ne reste plus qu'à remplir sa poche.
Scrotum, un petit maigre avec un bras un pied plus petit que l'autre, fait le tour du propriétaire. Une vieille télé. Un vieux radio. Rien dans le réfrigérateur. Le congélateur vide. Des biscuits soda dans l'armoire. Du vieux linge dans les tiroirs. Pas de bijoux. Pas de lecteur DVD ni de disques. Une vieille tour informatique pas revendable. Rien hostie. Rien. Sinon des livres. Des livres sacrament!
Scrotum est en tabarnak comme de raison.
-Gagne d'hosties de béhesses! qu'il hurle intérieurement. Y'a rien icitte tabarnak!
Et il n'y a rien, effectivement. Des livres et des guénilles.
Scrotum sort vingt piastres de ses poches et le met sur la table avec un petit mot griffonné à la hâte. Puis il décampe.
Ses voisins reviennent une heure plus tard avec des livres, dont une collection de vieux romans historiques. Ils sont d'abord surpris de voir que tout leur appartement a été reviré à l'envers. La fenêtre de la cuisine est ouverte et il y a vingt piastres sur la table ainsi qu'un petit mot griffonné à la hâte:
GANG DE TROUS DE CUS
JE VOU É LAISSÉ 20 PIASSE
VOUS AVÉ RIEN CALICE!
Mais qui pouvait bien être ce voleur imbécile qui ne volait rien et laissait vingt piastres sur le comptoir?
C'était Scrotum, comme de raison. Scortum qui a un bras plus petit que l'autre. Et qui vient d'une famille de voleurs sur plusieurs générations.
On dira ce qu'on voudra, les Laramée ont de l'honneur et ne volent jamais de trous du cul.
Ils les laissent vivre avec leurs guénilles et leurs romans historiques plates.
vendredi 19 novembre 2010
La vie est une partie de ping-pong disait Navet St-Onge
La vie n'est pas une partie de ping-pong. Si c'en était une, il y aurait trop de joueurs autour de la table. Et ça ne ferait pas une belle partie. Ce qui prouve que dans la vie, on peut faire des syllogismes.
Cela dit, chers lecteurs et lectrices, je me dois de vous raconter l'histoire de Navet St-Onge, le meilleur joueur de ping-pong que j'aie connu.
J'avais même fait un reportage sur Navet du temps où je m'exerçais à singer les reporters pour la radio du campus.
C'était encore plus minable que d'être technicien du son, être reporter.
Au moins, ils pouvaient choisir la musique. Et faire tripper le monde. Alors que moi je racontais les exploits de Navet St-Onge et autres conneries parascolaires. Je jouais à Tintin, calice, avec de la musique de Led Zeppelin en arrière-fond sonore.
Franchement, j'avais l'air d'un trèfle. Néanmoins, c'est en ayant l'air trèfle qu'on grandit. Je ne dis pas que cette maxime traversera les âges mais si vous avez mieux à proposer adressez-vous à mon courriel: bouchard.gaetan@gmail.com
Merci. Et reprenons le fil de l'histoire, que vous le vouliez ou non. Si vous ne me lisez plus à partir d'ici, je crois que vous allez passer à côté de l'effet de surprise.
Donc, Navet ne s'appelait pas vraiment Navet, mais c'est trop loin pour que je me rappelle de son vrai nom.
On le surnommait Navet pour une raison qui m'échappe puisqu'il avait plutôt l'air d'une brindille. C'était un grand maigre au visage vérolé, Navet St-Onge, mais c'était tout de même le meilleur joueur de ping-pong de la polyvalente. Évidemment, je couvrais leurs tournois, ne serait-ce que parce que Navet n'arrêtait pas de me harceler. Il pouvait être teigne, Navet St-Onge, et vous répéter mille fois la même chose.
-Tu vas v'nir au tournoi d'ping-pong, hein? Hein? qu'il m'avait dit mille fois.
Et j'étais allé à son sacrament de tournoi de ping-pong.
Ça se passait dans le gymnase aménagé juste au-dessus de la cafétéria. Sur l'heure du midi, histoire de suer avant que de retourner en classe. J'avais mon enregistreuse et mon micro, prêt à interviewer Navet St-Onge que tout le monde donnait pour gagnant à dix contre un. Et il n'avait pas déçu ce pronostic. Navet St-Onge avait gagné le tournoi.
Il s'était fait aller la brindille notre Navet, parant tous les coups de ses adversaires et les surprenant toujours de rapides boulettes projetées comme des comètes dans l'atmosphère moisi et suintant du gymnase.
Pok-pok-pok et repok. À un rythme qui défiait les capacités auditives de l'oreille humaine.
Navet avait tellement de puissance dans le poignet qu'on l'aurait cru en crise d'adolescence. Et rien ne semblait pouvoir céder sa redoutable défensive. Navet revenait toujours avec de solides coups de palettes qui faisait siffler la balle comme si c'était une fusée à Cape Canaveral.
J'imagine que mon reportage devait comporter ce genre de digressions merdiques. Cependant je me rappelle très bien ce que Navet St-Onge m'avait répondu au micro.
-Je r'mercie Monsieur Guy Damphousse d'nous avoir prêté e'l'gymnase pour le tournoi!
Et rien d'autre. Navet avait gelé là. Le micro, c'était pas pour lui.
Alors j'ai diffusé un reportage avec Navet qui remerciait Guy Damphousse, le directeur adjoint qui portait une grosse moustache et avait une bonne bedaine de bière qui le rendait débonnaire et apprécié des jeunes crétins comme moi et Navet.
Pour Navet St-Onge, la vie était une partie de ping-pong. Le reste, les boniments et les discours, ce n'était vraiment pas son truc. À part le ping-pong, rien ne l'intéressait dans la vie. Il voulait devenir le plus grand joueur de ping-pong au monde. Et il se pratiquait tous les jours, bien sûr, et même tous les soirs.
Malheureusement, je l'ai dit depuis le début, la vie n'est pas une partie de ping-pong. Navet St-Onge ne devint pas ce champion du monde qu'il aurait souhaité devenir. Il était tellement poche à l'école qu'il dut se ranger à la logique familiale: c'est l'école ou travailler, tu ne te laisseras pas vivre à jouer au ping-pong toute la journée!
Navet St-Onge prit le chemin du travail. C'est-à-dire le chemin de l'abattoir.
L'abattoir était à cinq kilomètres de chez-lui. Il pouvait s'y rendre à bicyclette d'ici à ce qu'il puisse s'acheter un char.
Il y travailla tous les jours. Puis toutes les nuits. Il découpait des tas de porcs. Et revenait chez-lui fourbu, incapable de retrouver le coeur à jouer au ping-pong. Il s'acheta un char. Travailla encore. S'acheta une maison. Travailla encore. Paya ses dettes. Perdit un ou deux doigts. Revint travailler. Puis pfuit! Plus de ping-pong. Rien que la télé. Et l'ordi. Et les dettes.
Eh bien croyez-le ou non, ce gros gras n'était pas plus gros qu'une brindille quand il était jeune. On l'appelait Navet St-Onge. Et c'était le meilleur joueur de ping-pong de la poly...
Cela dit, chers lecteurs et lectrices, je me dois de vous raconter l'histoire de Navet St-Onge, le meilleur joueur de ping-pong que j'aie connu.
J'avais même fait un reportage sur Navet du temps où je m'exerçais à singer les reporters pour la radio du campus.
C'était encore plus minable que d'être technicien du son, être reporter.
Au moins, ils pouvaient choisir la musique. Et faire tripper le monde. Alors que moi je racontais les exploits de Navet St-Onge et autres conneries parascolaires. Je jouais à Tintin, calice, avec de la musique de Led Zeppelin en arrière-fond sonore.
Franchement, j'avais l'air d'un trèfle. Néanmoins, c'est en ayant l'air trèfle qu'on grandit. Je ne dis pas que cette maxime traversera les âges mais si vous avez mieux à proposer adressez-vous à mon courriel: bouchard.gaetan@gmail.com
Merci. Et reprenons le fil de l'histoire, que vous le vouliez ou non. Si vous ne me lisez plus à partir d'ici, je crois que vous allez passer à côté de l'effet de surprise.
Donc, Navet ne s'appelait pas vraiment Navet, mais c'est trop loin pour que je me rappelle de son vrai nom.
On le surnommait Navet pour une raison qui m'échappe puisqu'il avait plutôt l'air d'une brindille. C'était un grand maigre au visage vérolé, Navet St-Onge, mais c'était tout de même le meilleur joueur de ping-pong de la polyvalente. Évidemment, je couvrais leurs tournois, ne serait-ce que parce que Navet n'arrêtait pas de me harceler. Il pouvait être teigne, Navet St-Onge, et vous répéter mille fois la même chose.
-Tu vas v'nir au tournoi d'ping-pong, hein? Hein? qu'il m'avait dit mille fois.
Et j'étais allé à son sacrament de tournoi de ping-pong.
Ça se passait dans le gymnase aménagé juste au-dessus de la cafétéria. Sur l'heure du midi, histoire de suer avant que de retourner en classe. J'avais mon enregistreuse et mon micro, prêt à interviewer Navet St-Onge que tout le monde donnait pour gagnant à dix contre un. Et il n'avait pas déçu ce pronostic. Navet St-Onge avait gagné le tournoi.
Il s'était fait aller la brindille notre Navet, parant tous les coups de ses adversaires et les surprenant toujours de rapides boulettes projetées comme des comètes dans l'atmosphère moisi et suintant du gymnase.
Pok-pok-pok et repok. À un rythme qui défiait les capacités auditives de l'oreille humaine.
Navet avait tellement de puissance dans le poignet qu'on l'aurait cru en crise d'adolescence. Et rien ne semblait pouvoir céder sa redoutable défensive. Navet revenait toujours avec de solides coups de palettes qui faisait siffler la balle comme si c'était une fusée à Cape Canaveral.
J'imagine que mon reportage devait comporter ce genre de digressions merdiques. Cependant je me rappelle très bien ce que Navet St-Onge m'avait répondu au micro.
-Je r'mercie Monsieur Guy Damphousse d'nous avoir prêté e'l'gymnase pour le tournoi!
Et rien d'autre. Navet avait gelé là. Le micro, c'était pas pour lui.
Alors j'ai diffusé un reportage avec Navet qui remerciait Guy Damphousse, le directeur adjoint qui portait une grosse moustache et avait une bonne bedaine de bière qui le rendait débonnaire et apprécié des jeunes crétins comme moi et Navet.
Pour Navet St-Onge, la vie était une partie de ping-pong. Le reste, les boniments et les discours, ce n'était vraiment pas son truc. À part le ping-pong, rien ne l'intéressait dans la vie. Il voulait devenir le plus grand joueur de ping-pong au monde. Et il se pratiquait tous les jours, bien sûr, et même tous les soirs.
Malheureusement, je l'ai dit depuis le début, la vie n'est pas une partie de ping-pong. Navet St-Onge ne devint pas ce champion du monde qu'il aurait souhaité devenir. Il était tellement poche à l'école qu'il dut se ranger à la logique familiale: c'est l'école ou travailler, tu ne te laisseras pas vivre à jouer au ping-pong toute la journée!
Navet St-Onge prit le chemin du travail. C'est-à-dire le chemin de l'abattoir.
L'abattoir était à cinq kilomètres de chez-lui. Il pouvait s'y rendre à bicyclette d'ici à ce qu'il puisse s'acheter un char.
Il y travailla tous les jours. Puis toutes les nuits. Il découpait des tas de porcs. Et revenait chez-lui fourbu, incapable de retrouver le coeur à jouer au ping-pong. Il s'acheta un char. Travailla encore. S'acheta une maison. Travailla encore. Paya ses dettes. Perdit un ou deux doigts. Revint travailler. Puis pfuit! Plus de ping-pong. Rien que la télé. Et l'ordi. Et les dettes.
Eh bien croyez-le ou non, ce gros gras n'était pas plus gros qu'une brindille quand il était jeune. On l'appelait Navet St-Onge. Et c'était le meilleur joueur de ping-pong de la poly...
mercredi 17 novembre 2010
Pause
Je marque une pause pour mettre de l'ordre dans mes manuscrits. J'écris moins souvent ces derniers jours pour me concentrer sur la révision de mes textes. Sans compter que je barbouille pas mal de tableaux en ce moment. Et que je m'engage un tant soit peu dans l'action politique avec une motivation presque tolstoïenne.
Qu'on ne vienne pas me parler de partis. Mon parti, c'est celui de la rue. Celui de la démocratie vécue à tous les jours et pas seulement une fois aux quatre ans.
J'ai signé la pétition réclamant une commission d'enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction ainsi que la démission du Premier ministre Jean Charest. La démocratie municipale va mal et les gouvernements péquistes et libéraux n'ont rien fait depuis vingt ans pour l'améliorer. Il ne reste plus qu'à prendre les moyens qui s'imposent pour changer la politique au Québec. Prendre la rue. Comme ça doit toujours se faire de temps en temps pour rappeler aux élus que rien ne peut arrêter l'enthousiasme d'un peuple révolté.
Qu'on ne vienne pas me parler de partis. Mon parti, c'est celui de la rue. Celui de la démocratie vécue à tous les jours et pas seulement une fois aux quatre ans.
J'ai signé la pétition réclamant une commission d'enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction ainsi que la démission du Premier ministre Jean Charest. La démocratie municipale va mal et les gouvernements péquistes et libéraux n'ont rien fait depuis vingt ans pour l'améliorer. Il ne reste plus qu'à prendre les moyens qui s'imposent pour changer la politique au Québec. Prendre la rue. Comme ça doit toujours se faire de temps en temps pour rappeler aux élus que rien ne peut arrêter l'enthousiasme d'un peuple révolté.
lundi 15 novembre 2010
Maufette l'hostie d'fucké
Maufette aime ça quand c'est court. Mais c'est tout de même un hostie d'fucké. Pire encore... Vous ne savez pas tout!
-La vie est trop courte pour s'la raccourcir encore plus, baptême! qu'il dit tout le temps en tapant sur la rampe de sa galerie et en vargeant à coups de pieds dans les barreaux pour se rendre encore plus désagréable.
Puis il rentre dans sa maison en criant fuck you à quiconque a le malheur de le croiser.
-Fuck you mes hosties! Fuck you! qu'il dit.
C'est tout ce que l'on peut entendre de lui depuis au moins vingt ans. Aucun de ses voisins ne se souvient de l'avoir entendu dire autre chose. Un type déplaisant qu'on n'a pas envie de mieux connaître, c'est le portrait tout craché de Maufette.
Bon. Ce sont des choses qui arrivent. On n'y peut rien.
Cependant, on pourrait tout de même vous décrire Maufette un petit peu. Maufette, c'est un homme moyen qui ne porte pas de barbe. Il n'est pas rasé de près ni mal rasé. C'est juste que sa barbe pousse vite. Mais ça ne change rien à son métier. Maufette est cordonnier comme son père.
Évidemment, les cordonniers de notre époque en arrachent un peu.
Est-ce une raison d'avoir les pieds pris dans ses lacets de bottines? Pas du tout.
Et c'est pourquoi Maufette est un cordonnier bien chaussé même s'il ne fait pas fortune.
À tous ceux qui viennent à sa cordonnerie pour lui acheter des bottes ou bien pour lui refiler des godasses à réparer, Maufette n'a que ces mots: «La vie est trop courte pour s'la raccourcir, baptême!» Ça ne veut crissement rien dire. Mais Maufette, au fait, ne dit jamais rien. Ce n'est pas un parleux. Ni un homme de paroles, de chansons ou de ricanements. Il n'a qu'une seule expression dans le visage: la neutralité la plus froide.
On ne lui connaissait pas de conjointe jusqu'à la semaine dernière. Il rapportait son épicerie quand on vit sortir une femme du côté du passager. Il paraît qu'elle est Belge. Elle a de grandes dents. Et elle n'est pas plus placoteuse que Maufette avec ses yeux verts et ses boucles d'oreilles ordinaires.
-'jou'... qu'elle dit pour dire «bonjour».
Hostie de fuckée elle aussi. Aussi fuckée que Maufette. On leur parle tout de même, enfin quand on les voit, comme la semaine passée, mais on a découvert qu'ils étaient des extraterrestres, eux et le grand-père de Maufette. Oui des extraterrestres.
Ils se sont envolés dans un véhicule spatial rouge vif, avec tout plein d'autocollants dessus. C'était un beau modèle mais un peu rouillé. Ils ont fait semblant de ne pas nous voir et nous avons remarqué qu'ils avaient les mains palmées.
Ils se permettent de ne pas nous saluer et de nous jaser pas plus qu'il ne le faut. Ce sont des extraterrestres. Ils volent dans un vaisseau spatial rouge vif un peu rouillé... Oui... C'est ça... Et que voulez-vous faire contre les extraterrestres? Rien. Alors on endure la situation. On fait semblant qu'ils sont comme nous. On les salue. On essaie d'être gentils. Mais c'est fuck you par-dessus fuck you avec ces deux calices-là. Comme si tout le monde pouvait voler en soucoupe volante. Franchement! Laissez-moi vous dire que Maufette pis sa femme, extraterrestres ou pas, sont vraiment des hosties d'trous d'cul. Ils se prennent pour d'autres. Ils pensent nous impressionner avec leur char volant? Pff! Nous autres on s'en calisse. En autant qu'on soit biens. Qu'on ait notre p'tite bière pis toutte le kit. C'est rien qu'ça qu'on veut. Pis c'est pas un Maufette volant qui va venir nous dire comment c'qu'on doit vivre. Fuck you Maufette avec ta soucoupe volante! Allez chier toé pis ta blonde, gang de pas parlables!
-La vie est trop courte pour s'la raccourcir encore plus, baptême! qu'il dit tout le temps en tapant sur la rampe de sa galerie et en vargeant à coups de pieds dans les barreaux pour se rendre encore plus désagréable.
Puis il rentre dans sa maison en criant fuck you à quiconque a le malheur de le croiser.
-Fuck you mes hosties! Fuck you! qu'il dit.
C'est tout ce que l'on peut entendre de lui depuis au moins vingt ans. Aucun de ses voisins ne se souvient de l'avoir entendu dire autre chose. Un type déplaisant qu'on n'a pas envie de mieux connaître, c'est le portrait tout craché de Maufette.
Bon. Ce sont des choses qui arrivent. On n'y peut rien.
Cependant, on pourrait tout de même vous décrire Maufette un petit peu. Maufette, c'est un homme moyen qui ne porte pas de barbe. Il n'est pas rasé de près ni mal rasé. C'est juste que sa barbe pousse vite. Mais ça ne change rien à son métier. Maufette est cordonnier comme son père.
Évidemment, les cordonniers de notre époque en arrachent un peu.
Est-ce une raison d'avoir les pieds pris dans ses lacets de bottines? Pas du tout.
Et c'est pourquoi Maufette est un cordonnier bien chaussé même s'il ne fait pas fortune.
À tous ceux qui viennent à sa cordonnerie pour lui acheter des bottes ou bien pour lui refiler des godasses à réparer, Maufette n'a que ces mots: «La vie est trop courte pour s'la raccourcir, baptême!» Ça ne veut crissement rien dire. Mais Maufette, au fait, ne dit jamais rien. Ce n'est pas un parleux. Ni un homme de paroles, de chansons ou de ricanements. Il n'a qu'une seule expression dans le visage: la neutralité la plus froide.
On ne lui connaissait pas de conjointe jusqu'à la semaine dernière. Il rapportait son épicerie quand on vit sortir une femme du côté du passager. Il paraît qu'elle est Belge. Elle a de grandes dents. Et elle n'est pas plus placoteuse que Maufette avec ses yeux verts et ses boucles d'oreilles ordinaires.
-'jou'... qu'elle dit pour dire «bonjour».
Hostie de fuckée elle aussi. Aussi fuckée que Maufette. On leur parle tout de même, enfin quand on les voit, comme la semaine passée, mais on a découvert qu'ils étaient des extraterrestres, eux et le grand-père de Maufette. Oui des extraterrestres.
Ils se sont envolés dans un véhicule spatial rouge vif, avec tout plein d'autocollants dessus. C'était un beau modèle mais un peu rouillé. Ils ont fait semblant de ne pas nous voir et nous avons remarqué qu'ils avaient les mains palmées.
Ils se permettent de ne pas nous saluer et de nous jaser pas plus qu'il ne le faut. Ce sont des extraterrestres. Ils volent dans un vaisseau spatial rouge vif un peu rouillé... Oui... C'est ça... Et que voulez-vous faire contre les extraterrestres? Rien. Alors on endure la situation. On fait semblant qu'ils sont comme nous. On les salue. On essaie d'être gentils. Mais c'est fuck you par-dessus fuck you avec ces deux calices-là. Comme si tout le monde pouvait voler en soucoupe volante. Franchement! Laissez-moi vous dire que Maufette pis sa femme, extraterrestres ou pas, sont vraiment des hosties d'trous d'cul. Ils se prennent pour d'autres. Ils pensent nous impressionner avec leur char volant? Pff! Nous autres on s'en calisse. En autant qu'on soit biens. Qu'on ait notre p'tite bière pis toutte le kit. C'est rien qu'ça qu'on veut. Pis c'est pas un Maufette volant qui va venir nous dire comment c'qu'on doit vivre. Fuck you Maufette avec ta soucoupe volante! Allez chier toé pis ta blonde, gang de pas parlables!
samedi 13 novembre 2010
De l'acide au visage
Le photographe David Boily de La Presse nous présente ce matin une page frontispice sensationnaliste. C'est le but de la une. Et ce but, pour une fois, n'est pas mesquin. On y voit le visage défiguré de Chrislène, une Haïtienne qui a été victime de violence conjugale. Watson, son ex-conjoint, lui a balancé de l'acide à batterie de char au visage. Elle est maintenant aveugle et «élève» son jeune enfant dans un village crasseux composé de tentes. Comme s'il n'y avait pas assez du tremblement de terre. Ou du choléra.
Les gens ont besoin d'être remués de temps à autres. Et ce genre de sensationnalisme me semble tout à fait nécessaire pour rappeler que l'aide sociale et juridique doivent suivre l'aide alimentaire.
Cet article de Michèle Ouimet rappelle que le combat féministe est bien loin d'être terminé. Ici comme ailleurs.
Il ne faudrait pas croire que nous n'avons pas de ces salopards dans notre coin qui seraient prêts à balancer de l'acide dans le visage de «leur» femme.
Derrière les portes closes des foyers, il s'en passe encore des vertes et des pas mûres.
Des crétins en tous genres testent leur sale autorité et menacent leur douce de passer au cash.
Ils ne se font pas tous arrêter. Et ce n'est pas une campagne de sensibilisation à la télé qui va suffire. Ça prend des lois. Ça prend des flics pour appliquer les lois. Et il faut surtout prendre les victimes au sérieux.
Ici comme en Haïti. Et aussi en Iran.
Le bras armé du pouvoir doit être tenu par des personnes qui croient en la dignité humaine.
L'anneau du pouvoir doit être porté par des personnes qui ne méprisent pas la moitié de l'humanité et peut-être plus.
C'est ce que je me dis en regardant ce visage de femme défiguré par de l'acide à batterie de char.
Ce Watson, crissez-moé lé en d'dans pour un calice de boutte, que je me dis dans mon créole nord-américain. Envoyez-le reconstruire Port-au-Prince avec un boulet aux pieds. Faites-lui subir le châtiment qu'il mérite. Qu'il atteigne sa rédemption en suant tout ce mal qui exhude de lui sous cette forme dégradante qui le ravale au niveau d'excrément de l'humanité.
Mais surtout, que l'on s'occupe de Chrislène bon sang! Vous! Moi! N'importe quoi.
Il doit y avoir une Justice en ce monde. Sans quoi le monde perd tout son sens.
Crétins du monde entier qui battez vos femmes, je vous trouve lâches et méprisables.
Le combat continue pour un monde où les femmes n'ont pas à vivre prostrées dans la peur.
Ce monde est possible. Nous en faisons l'expérience ici, malgré les imperfections de nos méthodes qui sont tout de même mille fois supérieures à celles de Haïti.
Les gens ont besoin d'être remués de temps à autres. Et ce genre de sensationnalisme me semble tout à fait nécessaire pour rappeler que l'aide sociale et juridique doivent suivre l'aide alimentaire.
Cet article de Michèle Ouimet rappelle que le combat féministe est bien loin d'être terminé. Ici comme ailleurs.
Il ne faudrait pas croire que nous n'avons pas de ces salopards dans notre coin qui seraient prêts à balancer de l'acide dans le visage de «leur» femme.
Derrière les portes closes des foyers, il s'en passe encore des vertes et des pas mûres.
Des crétins en tous genres testent leur sale autorité et menacent leur douce de passer au cash.
Ils ne se font pas tous arrêter. Et ce n'est pas une campagne de sensibilisation à la télé qui va suffire. Ça prend des lois. Ça prend des flics pour appliquer les lois. Et il faut surtout prendre les victimes au sérieux.
Ici comme en Haïti. Et aussi en Iran.
Le bras armé du pouvoir doit être tenu par des personnes qui croient en la dignité humaine.
L'anneau du pouvoir doit être porté par des personnes qui ne méprisent pas la moitié de l'humanité et peut-être plus.
C'est ce que je me dis en regardant ce visage de femme défiguré par de l'acide à batterie de char.
Ce Watson, crissez-moé lé en d'dans pour un calice de boutte, que je me dis dans mon créole nord-américain. Envoyez-le reconstruire Port-au-Prince avec un boulet aux pieds. Faites-lui subir le châtiment qu'il mérite. Qu'il atteigne sa rédemption en suant tout ce mal qui exhude de lui sous cette forme dégradante qui le ravale au niveau d'excrément de l'humanité.
Mais surtout, que l'on s'occupe de Chrislène bon sang! Vous! Moi! N'importe quoi.
Il doit y avoir une Justice en ce monde. Sans quoi le monde perd tout son sens.
Crétins du monde entier qui battez vos femmes, je vous trouve lâches et méprisables.
Le combat continue pour un monde où les femmes n'ont pas à vivre prostrées dans la peur.
Ce monde est possible. Nous en faisons l'expérience ici, malgré les imperfections de nos méthodes qui sont tout de même mille fois supérieures à celles de Haïti.
jeudi 11 novembre 2010
K-Way
Gascon a de la jarnigoine. Il parle à n'en plus finir. Un vrai moulin à paroles.
Tu lui dis quelque chose et tout de suite il saute du coq à l'âne. Et quand il s'agit de faire l'âne, croyez-moi, Gascon tient bien son rôle.
D'abord, il a des dents d'âne. Deux grosses palettes jaunies par le tabac et le café. Mais c'est tout de même pas de sa faute... Enfin, ce n'est pas une raison de lui chercher des noises.
Et puis il rit en brayant comme un âne, Gascon.
-Hihan! Hihan! comme un vrai âne je vous dis.
Pour le reste, il ressemble à un acteur québécois de l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf. Pas vraiment un hippie. Plus un look K-Way-à-capuche avec les cheveux ramenés sur le devant, à la Ti-Pouèle, pour camoufler sa calvitie prononcée. Pour ceux et celles qui se demandent c'est quoi un K-Way-à-capuche, disons simplement que c'est un coupe-vent de vinyle. Il se dissimule dans la pochette d'une ceinture que l'on porte autour de la taille quand il n'est pas indispensable de le vêtir.
Gascon porte son K-Way même l'hiver. Il a trouvé une caisse de cent K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Des K-Way pour la vie. C'était dans les vidanges. Gascon s'est dit qu'il n'aurait plus jamais besoin de s'habiller. Évidemment, il faut toujours qu'il nous raconte ça chaque fois qu'on le croise.
-J'ai trouvé les K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Une grosse caisse toé chose. Aussi grosse que mon bain. Cent K-Way! Tous pareils. J'étais content en salamant! Ça fait que je r'tourne à 'a maison avec ma caisse toé chose pis j'me mets à t'déballer toutte ce beau trésor toé-là... Cent K-Way! J'en use rien qu'un par année pis encore. L'hiver quand i' fait frette j'm'en mets six épaisseurs. En seulement que les K-Way ça fait un peu suer. Mais y'en a qui sont prêts à payer pour suer pis moé ça s'fait toutte en naturellement avec mes K-Way! J'aurai été chanceux dans ma vie. Pis mon année chanceuse ç'aura été l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf!
Gascon peut passer des heures à nous parler de ses hosties de K-Way. Ce qui finit par être gossant.
Je vais cesser de vous écoeurer avec ça. Parce qu'il fait juste parler de ça, Gascon, ses hosties de K-Way. C'est la seule chose qui lui soit arrivée dans la vie. Son enfance, sa vie d'adulte et sa carrière de gardien de stationnement désert, il passe vite sur le sujet.
Gascon devient intarissable uniquement pour ses hosties de K-Way. Un moulin à paroles pour cette hostie de caisse qu'il a trouvée en mil neuf cent soixante-dix-neuf-qu'on-s'en-fuckin'-tabarnaque!
Je tenais à vous en parler sérieusement, une fois pour toutes, pour vider le sujet.
Ça m'a fait du bien d'en parler...
Tu lui dis quelque chose et tout de suite il saute du coq à l'âne. Et quand il s'agit de faire l'âne, croyez-moi, Gascon tient bien son rôle.
D'abord, il a des dents d'âne. Deux grosses palettes jaunies par le tabac et le café. Mais c'est tout de même pas de sa faute... Enfin, ce n'est pas une raison de lui chercher des noises.
Et puis il rit en brayant comme un âne, Gascon.
-Hihan! Hihan! comme un vrai âne je vous dis.
Pour le reste, il ressemble à un acteur québécois de l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf. Pas vraiment un hippie. Plus un look K-Way-à-capuche avec les cheveux ramenés sur le devant, à la Ti-Pouèle, pour camoufler sa calvitie prononcée. Pour ceux et celles qui se demandent c'est quoi un K-Way-à-capuche, disons simplement que c'est un coupe-vent de vinyle. Il se dissimule dans la pochette d'une ceinture que l'on porte autour de la taille quand il n'est pas indispensable de le vêtir.
Gascon porte son K-Way même l'hiver. Il a trouvé une caisse de cent K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Des K-Way pour la vie. C'était dans les vidanges. Gascon s'est dit qu'il n'aurait plus jamais besoin de s'habiller. Évidemment, il faut toujours qu'il nous raconte ça chaque fois qu'on le croise.
-J'ai trouvé les K-Way en mil neuf cent soixante-dix-neuf. Une grosse caisse toé chose. Aussi grosse que mon bain. Cent K-Way! Tous pareils. J'étais content en salamant! Ça fait que je r'tourne à 'a maison avec ma caisse toé chose pis j'me mets à t'déballer toutte ce beau trésor toé-là... Cent K-Way! J'en use rien qu'un par année pis encore. L'hiver quand i' fait frette j'm'en mets six épaisseurs. En seulement que les K-Way ça fait un peu suer. Mais y'en a qui sont prêts à payer pour suer pis moé ça s'fait toutte en naturellement avec mes K-Way! J'aurai été chanceux dans ma vie. Pis mon année chanceuse ç'aura été l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf!
Gascon peut passer des heures à nous parler de ses hosties de K-Way. Ce qui finit par être gossant.
Je vais cesser de vous écoeurer avec ça. Parce qu'il fait juste parler de ça, Gascon, ses hosties de K-Way. C'est la seule chose qui lui soit arrivée dans la vie. Son enfance, sa vie d'adulte et sa carrière de gardien de stationnement désert, il passe vite sur le sujet.
Gascon devient intarissable uniquement pour ses hosties de K-Way. Un moulin à paroles pour cette hostie de caisse qu'il a trouvée en mil neuf cent soixante-dix-neuf-qu'on-s'en-fuckin'-tabarnaque!
Je tenais à vous en parler sérieusement, une fois pour toutes, pour vider le sujet.
Ça m'a fait du bien d'en parler...
mercredi 10 novembre 2010
La démocratie... quelle hostie d'farce!
Je suis d'une naïveté abyssale. Je pense que la Constitution défend mon foyer et mes droits. Et je me rends bien compte que notre démocratie, somme toute, c'est de la dictature maquillée en démocratie.
Une fois tous les quatre ans on a le droit d'aller voter. Et rien ne garantit que le vote se fasse en toute impartialité. Quand on ne peut pas garantir les résultats, comme ce fût le cas lors du scandale du vote électronique des élections municipales de 2005, on a beau se plaindre au Directeur général des élections (DGE), comme je l'ai fait, qu'on se fait répondre que l'organisme n'a qu'un pouvoir consultatif...
Conclusion: le DGE est un organisme impuissant, les gouvernements s'en tapent et surtout voter à nouveau ça coûte trop cher...
La démocratie... Quelle hostie d'farce!
Je me suis aussi plaint lorsque le maire de Trois-Rivières et ses conseillers les mieux payés sont venus freiner la demande de consultation populaire pour le projet Trois-Rivières-sur-Saint-Laurent. Il s'agit d'un projet improvisé qui contribue au surendettement des contribuables en plus d'être ficelé pour servir les plus vils intérêts de ceux qui se partagent l'assiette au beurre, aux dépens de tous. Un jeu de Bozopoly pour générateurs d'enveloppes brunes et autres langues sales. Dont l'un d'entre eux qui écrit des lettres dythirambiques au maire dans le quotidien local et qui demande ensuite aux contribuables de fermer leur gueule pour qu'il puisse vendre la nouvelle pyramide de gypse dont personne ne veut...
Les signataires du registre avaient obtenus le quorum. Et le maire et ses acolytes vinrent nous rappeler que la démocratie municipale, c'est vraiment une farce. Ma pétition, je me suis torché avec. Un obscur fonctionnaire du ministère des Affaires municipales m'a envoyé une lettre dans laquelle il disait qu'il n'y avait pas lieu d'ouvrir une enquête à ce sujet.
Entre temps, notre maire prit de l'enflure. On a vu des policiers en civil et des lévesquiens tordre les bras de citoyens qui ne demandaient qu'à savoir ce qui se passait à l'Hôtel de Ville. On a ouvert les portes une heure à l'avance pour gonfler la salle de lévesquiens, sans que personne ne le sache. Et le maire a dit que seule la réussite comptait, peu importait les moyens, et ça va jusqu'à détourner le sens des mots, comme le faisait Humpty Dumpty dans Alice au pays des merveilles. Le sens des mots, c'est celui qui détient le pouvoir qui l'a. Et Humpty Dumpty peut encore se balancer sur un mur, mais un jour viendra où ni les chevaux du roi, ni la garde royale rapprochée ne pourra recoller les morceaux.
Parce que la farce tire à sa fin.
Ça fait vingt ans qu'il n'y a eu AUCUNE enquête sur la démocratie municipale. Les maires vivent dans l'impunité absolue, sans aucune forme d'imputabilité. Il est quasiment impossible de les destituer au cours de leur mandat. En vingt ans, cela n'est JAMAIS arrivé...
Ça en dit long sur cette merde autocratique maquillée sous un vernis de démocratie, de pouvoir populaire plus que passif, presqu'à l'agonie.
Le vrai pouvoir n'est pas à l'Hôtel de Ville. Il est et sera toujours dans la rue.
Et s'il faut prendre la rue une fois de plus pour rappeler aux élus qu'ils sont imputables, que la démocratie doit être prise au sérieux, eh bien pourquoi pas.
On a le système qu'on mérite.
Un système de merde quand on pense que tout le monde devrait faire les choses à notre place.
La démocratie passive, j'en ai largement soupé.
Une fois tous les quatre ans on a le droit d'aller voter. Et rien ne garantit que le vote se fasse en toute impartialité. Quand on ne peut pas garantir les résultats, comme ce fût le cas lors du scandale du vote électronique des élections municipales de 2005, on a beau se plaindre au Directeur général des élections (DGE), comme je l'ai fait, qu'on se fait répondre que l'organisme n'a qu'un pouvoir consultatif...
Conclusion: le DGE est un organisme impuissant, les gouvernements s'en tapent et surtout voter à nouveau ça coûte trop cher...
La démocratie... Quelle hostie d'farce!
Je me suis aussi plaint lorsque le maire de Trois-Rivières et ses conseillers les mieux payés sont venus freiner la demande de consultation populaire pour le projet Trois-Rivières-sur-Saint-Laurent. Il s'agit d'un projet improvisé qui contribue au surendettement des contribuables en plus d'être ficelé pour servir les plus vils intérêts de ceux qui se partagent l'assiette au beurre, aux dépens de tous. Un jeu de Bozopoly pour générateurs d'enveloppes brunes et autres langues sales. Dont l'un d'entre eux qui écrit des lettres dythirambiques au maire dans le quotidien local et qui demande ensuite aux contribuables de fermer leur gueule pour qu'il puisse vendre la nouvelle pyramide de gypse dont personne ne veut...
Les signataires du registre avaient obtenus le quorum. Et le maire et ses acolytes vinrent nous rappeler que la démocratie municipale, c'est vraiment une farce. Ma pétition, je me suis torché avec. Un obscur fonctionnaire du ministère des Affaires municipales m'a envoyé une lettre dans laquelle il disait qu'il n'y avait pas lieu d'ouvrir une enquête à ce sujet.
Entre temps, notre maire prit de l'enflure. On a vu des policiers en civil et des lévesquiens tordre les bras de citoyens qui ne demandaient qu'à savoir ce qui se passait à l'Hôtel de Ville. On a ouvert les portes une heure à l'avance pour gonfler la salle de lévesquiens, sans que personne ne le sache. Et le maire a dit que seule la réussite comptait, peu importait les moyens, et ça va jusqu'à détourner le sens des mots, comme le faisait Humpty Dumpty dans Alice au pays des merveilles. Le sens des mots, c'est celui qui détient le pouvoir qui l'a. Et Humpty Dumpty peut encore se balancer sur un mur, mais un jour viendra où ni les chevaux du roi, ni la garde royale rapprochée ne pourra recoller les morceaux.
Parce que la farce tire à sa fin.
Ça fait vingt ans qu'il n'y a eu AUCUNE enquête sur la démocratie municipale. Les maires vivent dans l'impunité absolue, sans aucune forme d'imputabilité. Il est quasiment impossible de les destituer au cours de leur mandat. En vingt ans, cela n'est JAMAIS arrivé...
Ça en dit long sur cette merde autocratique maquillée sous un vernis de démocratie, de pouvoir populaire plus que passif, presqu'à l'agonie.
Le vrai pouvoir n'est pas à l'Hôtel de Ville. Il est et sera toujours dans la rue.
Et s'il faut prendre la rue une fois de plus pour rappeler aux élus qu'ils sont imputables, que la démocratie doit être prise au sérieux, eh bien pourquoi pas.
On a le système qu'on mérite.
Un système de merde quand on pense que tout le monde devrait faire les choses à notre place.
La démocratie passive, j'en ai largement soupé.
lundi 8 novembre 2010
Après «Dérèglement municipal», «La pourriture municipale»...
Mon texte sur le reportage Dérèglement municipal, produit par l'équipe d'Enquête, a été publié dans l'édition papier du quotidien Le Nouvelliste en fin de semaine.
Je vous renvoie par ailleurs à un texte de Yves Boisvert, La pourriture municipale. C'est publié aujourd'hui sur Cyberpresse.
Tout se fait au vu et au su de tout le monde. Et tout demeure lamentablement pourri. Évidemment, il y a les arts, les lettres et la musique pour se façonner des ailes. Mais le labyrinthe et son Minotaure n'en continueront pas moins de nous poursuivre, vous et moi. Enfin, je ne sais pas pour vous. Mais pour moi c'est plutôt comme ça.
Donc, il faut remettre de l'ambiance dans le débat. Et continuer doucement le combat en ignorant la peur.
Je vous renvoie par ailleurs à un texte de Yves Boisvert, La pourriture municipale. C'est publié aujourd'hui sur Cyberpresse.
Tout se fait au vu et au su de tout le monde. Et tout demeure lamentablement pourri. Évidemment, il y a les arts, les lettres et la musique pour se façonner des ailes. Mais le labyrinthe et son Minotaure n'en continueront pas moins de nous poursuivre, vous et moi. Enfin, je ne sais pas pour vous. Mais pour moi c'est plutôt comme ça.
Donc, il faut remettre de l'ambiance dans le débat. Et continuer doucement le combat en ignorant la peur.
Simplement
Le travail se poursuit pour accoucher d'une flopée de toiles, de chansons et de nouvelles.
Surveillez mon blogue. Je n'ai pas fini de vous surprendre fidèles internautes. Vous n'avez vu de mes niaiseries que la pointe de l'iceberg. La partie qui flotte sous ce qui vous est visible foisonne de vie malgré son apparente froideur.
Je suis encore jeune. Je vous en ferai encore voir de toutes les couleuvres.
Chaque jour je me transforme en marathonien des arts et des lettres pour livrer un peu de mon jus de cerveau.
Je barbouille pour l'honneur, comme si je tenais le fort en l'absence de la garde.
Bien sûr, je ne suis pas seul. D'abord, j'ai ma muse à mes côtés qui fait en sorte que la tristesse n'est pas très présente dans tout ce que je fais. Difficile d'être triste quand on est heureux. Et c'est le bonheur qui transpire de toutes ces farces que je transcris en sons, syllabes et pigments.
Qu'est-ce que l'acte de créer? C'est sans doute une fuite. À moins que ce ne soit une vraie rencontre avec soi-même. Ça dépend.
Quand on se met à définir chacun de nos actes en y mettant un point final, c'est qu'on se prend pour Dieu. Généralement, les autres ont raison de nous prendre pour un con. Il n'y a pas de réponse définitive à quoi que ce soit. La vie sera toujours en suspens, parsemée d'états de grâces et d'états de décomposition.
Donc, je compose avec ça. J'essaie de suivre de grands modèles mais ne ressens pas l'utilité de les copier. Je les ai tous broyés dans ma cornue. Vous les nommer serait inutile. J'aurai l'air du type qui se prend justement pour un autre.
Mon blogue s'intitule Simplement. Pour la petite histoire, ce titre provient d'une émission que j'ai produite sur les ondes de Radio Basse-Ville (96,1 FM) à Québec, de 1999 à 2000. Mes billets radiophoniques servirent de prélude à mes billets sur l'Internet.
Je m'ennuie un peu de la radio. J'avais un plaisir fou à péter une coche sur les ondes. Il y avait aussi ce plaisir d'avoir accès à des tas d'enregistrements musicaux. Je pouvais écouter une quarantaine de nouveaux disques par semaine. Sans compter les démos. Et les vieilleries passionnantes.
Si je ne me retenais pas, je me renseignerais sur la ballodiffusion gratuite, gratuite parce que je ne veux pas investir un kopeck pour m'entendre parler. Ensuite, je vous ferais peut-être écouter mes chansons, mon harmonica, mes contes ou bien mon sifflement à la Roger Whitaker...
Je m'écarte de mon sujet. Je veux ouvrir ma boîte de Pandore. Semer à tous vents. Diffuser. Communiquer. Transmettre.
Pourquoi? Je n'ai pas de réponse à cela. Simplement des créations. Tous les jours. Ou presque.
Ainsi soit-il.
Surveillez mon blogue. Je n'ai pas fini de vous surprendre fidèles internautes. Vous n'avez vu de mes niaiseries que la pointe de l'iceberg. La partie qui flotte sous ce qui vous est visible foisonne de vie malgré son apparente froideur.
Je suis encore jeune. Je vous en ferai encore voir de toutes les couleuvres.
Chaque jour je me transforme en marathonien des arts et des lettres pour livrer un peu de mon jus de cerveau.
Je barbouille pour l'honneur, comme si je tenais le fort en l'absence de la garde.
Bien sûr, je ne suis pas seul. D'abord, j'ai ma muse à mes côtés qui fait en sorte que la tristesse n'est pas très présente dans tout ce que je fais. Difficile d'être triste quand on est heureux. Et c'est le bonheur qui transpire de toutes ces farces que je transcris en sons, syllabes et pigments.
Qu'est-ce que l'acte de créer? C'est sans doute une fuite. À moins que ce ne soit une vraie rencontre avec soi-même. Ça dépend.
Quand on se met à définir chacun de nos actes en y mettant un point final, c'est qu'on se prend pour Dieu. Généralement, les autres ont raison de nous prendre pour un con. Il n'y a pas de réponse définitive à quoi que ce soit. La vie sera toujours en suspens, parsemée d'états de grâces et d'états de décomposition.
Donc, je compose avec ça. J'essaie de suivre de grands modèles mais ne ressens pas l'utilité de les copier. Je les ai tous broyés dans ma cornue. Vous les nommer serait inutile. J'aurai l'air du type qui se prend justement pour un autre.
Mon blogue s'intitule Simplement. Pour la petite histoire, ce titre provient d'une émission que j'ai produite sur les ondes de Radio Basse-Ville (96,1 FM) à Québec, de 1999 à 2000. Mes billets radiophoniques servirent de prélude à mes billets sur l'Internet.
Je m'ennuie un peu de la radio. J'avais un plaisir fou à péter une coche sur les ondes. Il y avait aussi ce plaisir d'avoir accès à des tas d'enregistrements musicaux. Je pouvais écouter une quarantaine de nouveaux disques par semaine. Sans compter les démos. Et les vieilleries passionnantes.
Si je ne me retenais pas, je me renseignerais sur la ballodiffusion gratuite, gratuite parce que je ne veux pas investir un kopeck pour m'entendre parler. Ensuite, je vous ferais peut-être écouter mes chansons, mon harmonica, mes contes ou bien mon sifflement à la Roger Whitaker...
Je m'écarte de mon sujet. Je veux ouvrir ma boîte de Pandore. Semer à tous vents. Diffuser. Communiquer. Transmettre.
Pourquoi? Je n'ai pas de réponse à cela. Simplement des créations. Tous les jours. Ou presque.
Ainsi soit-il.
vendredi 5 novembre 2010
À propos du «dérèglement municipal»
Je me suis senti plutôt révolté suite au reportage Dérèglement municipal, de l'équipe d'Enquête, diffusé hier sur les ondes de la SRC.
La démocratie municipale est à l'agonie dans plusieurs villes du Québec et même du Canada.
Le reportage de l'équipe d'Enquête démontre bien qu'il est possible de trahir l'esprit de nos lois et de nos saines pratiques de gouvernance en toute impunité.
Le citoyen n'est rien. Le Directeur général des élections est sans pouvoir. On dirait un sexologue. Il vous conseille mais ne peut rien mettre en pratique. Les tribunaux sont inaccessibles. Le Ministère des affaires municipales se moque de vous en vous envoyant une lettre de fonctionnaire qui vous prie de recevoir ses salutations distinguées après vous avoir dit, en termes polis, que vous pouvez aller voir ailleurs. Et le citoyen se sent comme une coquille de noix flottant au large...
Je pourrais vous raconter des tas d'anecdotes à ce sujet. Je vous renverrai plutôt vers ce reportage d'Enquête qui résume mieux que moi le déficit démocratique de nos gouvernements municipaux.
Dans plusieurs villes du Québec, n'importe quel casque de bain peut se faire élire et régner comme un roitelet avide de petits avantages qui lui permettent d'arrondir ses fins de mois aux dépens des contribuables.
J'espère de la Constitution qu'elle nous protège de ces tribuns et peddlers de bas étage qui font honte à nos foyers et à nos droits.
Aussi, je crois qu'il serait judicieux d'enchâsser dans nos lois un processus clair de destitution pour les élus qui ne respectent pas la démocratie.
Autrement, on va finir par faire élire des chemises brunes qui s'incrusteront au pouvoir pendant mille ans, en remettant à jour les bonnes vieilles méthodes de Duplessis. Les morts iront voter... Et tout le monde se taira, pour mettre fin à la chicane...
***
Le temps des fleurs se poursuit. À Trois-Rivières. À Laval. À Mascouche. À Lachute. Partout.
La démocratie municipale est à l'agonie dans plusieurs villes du Québec et même du Canada.
Le reportage de l'équipe d'Enquête démontre bien qu'il est possible de trahir l'esprit de nos lois et de nos saines pratiques de gouvernance en toute impunité.
Le citoyen n'est rien. Le Directeur général des élections est sans pouvoir. On dirait un sexologue. Il vous conseille mais ne peut rien mettre en pratique. Les tribunaux sont inaccessibles. Le Ministère des affaires municipales se moque de vous en vous envoyant une lettre de fonctionnaire qui vous prie de recevoir ses salutations distinguées après vous avoir dit, en termes polis, que vous pouvez aller voir ailleurs. Et le citoyen se sent comme une coquille de noix flottant au large...
Je pourrais vous raconter des tas d'anecdotes à ce sujet. Je vous renverrai plutôt vers ce reportage d'Enquête qui résume mieux que moi le déficit démocratique de nos gouvernements municipaux.
Dans plusieurs villes du Québec, n'importe quel casque de bain peut se faire élire et régner comme un roitelet avide de petits avantages qui lui permettent d'arrondir ses fins de mois aux dépens des contribuables.
J'espère de la Constitution qu'elle nous protège de ces tribuns et peddlers de bas étage qui font honte à nos foyers et à nos droits.
Aussi, je crois qu'il serait judicieux d'enchâsser dans nos lois un processus clair de destitution pour les élus qui ne respectent pas la démocratie.
Autrement, on va finir par faire élire des chemises brunes qui s'incrusteront au pouvoir pendant mille ans, en remettant à jour les bonnes vieilles méthodes de Duplessis. Les morts iront voter... Et tout le monde se taira, pour mettre fin à la chicane...
***
Le temps des fleurs se poursuit. À Trois-Rivières. À Laval. À Mascouche. À Lachute. Partout.
mercredi 3 novembre 2010
Saturne pas rond
Saturne est l'étoile la plus brillante dans le ciel par les temps qui courent. Ça tombe bien. Saturne est aussi la version romaine de Cronos, le dieu grec qui fait tourner la roue du temps. Il a pour particularité de dévorer ses propres enfants et on l'associe souvent aux révolutions qui tournent mal. Difficile par ailleurs de ne pas rappeler le célèbre tableau de Goya que vous voyez ici à la gauche de votre écran.
Qui veut faire l'ange fait souvent la bête. Blaise Pascal a écrit un truc du genre dans les premières pages de ses Pensées que je n'ai jamais lues au complet.
On fait la révolution, on se croit un ange exterminateur, et voilà que tout foire. Le corps inerte de la liberté flotte sur des mares de sang. Plus personne ne se marre. Bientôt les révolutionnaires réaliseront le programme que les conservateurs rêveraient d'appliquer: le chef s'incruste au pouvoir jusqu'à la fin de son temps, les syndicats sont muselés, la liberté de presse est inexistante, les peines de prison passent de deux mois à vingt-cinq ans pour des délits mineurs, puis on pète la gueule de ceux et celles qui portent des lunettes ou bien écrivent des poèmes. Merci pour votre beau programme, saturniens de mes deux, fossoyeurs de révolution, réactionnaires qui s'ignorent, fascistes rouges qui colportent le cannibalisme sous toutes ses formes.
La planète Saturne est l'étoile qui brille le plus fort dans le firmament ces temps-ci. On ne le remarque pas beaucoup en ville. Il y a trop de lumières pour qu'on réalise que le ciel est débordant d'étoiles et de planètes.
Et comme on ne voit pas bien les planètes et les étoiles, on se concentre sur des niaiseries: des articles de journaux, des livres, des textes ridicules écrits sur des blogues.
Ça passe le temps. Cronos fait tourner sa roue. Saturne dévore ses enfants. Et au lieu de s'occuper de la beauté qui sauvera le monde, on se concentre sur la laideur qui le détruira.
Sans doute que je délire. C'est l'influence de Saturne. Les astres, les désastres et tout le reste, ça trouble la digestion.
Qui veut faire l'ange fait souvent la bête. Blaise Pascal a écrit un truc du genre dans les premières pages de ses Pensées que je n'ai jamais lues au complet.
On fait la révolution, on se croit un ange exterminateur, et voilà que tout foire. Le corps inerte de la liberté flotte sur des mares de sang. Plus personne ne se marre. Bientôt les révolutionnaires réaliseront le programme que les conservateurs rêveraient d'appliquer: le chef s'incruste au pouvoir jusqu'à la fin de son temps, les syndicats sont muselés, la liberté de presse est inexistante, les peines de prison passent de deux mois à vingt-cinq ans pour des délits mineurs, puis on pète la gueule de ceux et celles qui portent des lunettes ou bien écrivent des poèmes. Merci pour votre beau programme, saturniens de mes deux, fossoyeurs de révolution, réactionnaires qui s'ignorent, fascistes rouges qui colportent le cannibalisme sous toutes ses formes.
La planète Saturne est l'étoile qui brille le plus fort dans le firmament ces temps-ci. On ne le remarque pas beaucoup en ville. Il y a trop de lumières pour qu'on réalise que le ciel est débordant d'étoiles et de planètes.
Et comme on ne voit pas bien les planètes et les étoiles, on se concentre sur des niaiseries: des articles de journaux, des livres, des textes ridicules écrits sur des blogues.
Ça passe le temps. Cronos fait tourner sa roue. Saturne dévore ses enfants. Et au lieu de s'occuper de la beauté qui sauvera le monde, on se concentre sur la laideur qui le détruira.
Sans doute que je délire. C'est l'influence de Saturne. Les astres, les désastres et tout le reste, ça trouble la digestion.
mardi 2 novembre 2010
Une vraie histoire d'amour
Il est difficile de parler de l'amour. Quand on le vit intensément, on préfère ne pas en parler de crainte que l'amour ne s'envole.
Ceux et celles qui parlent le plus d'amour sont généralement ceux qui vivent une relation malheureuse.
Ne me dites pas que vous n'avez jamais remarqué ça. Les poèmes et les chansons d'amour sont tous écrits par des personnes en peine qui ne savent plus quoi peindre sur les parois de leur caverne pour se donner l'illusion qu'ils possèdent quelque chose.
Jocelyn ne parlait jamais d'amour. Et sa blonde, Josée, n'en parlait pas plus. Pourtant, ils s'aimaient comme rarement l'on s'aime.
Les deux étaient dans la trentaine avancée. Jocelyn était boulanger. Et Josée, infirmière auxiliaire. Tous les deux s'habillaient en blanc pour le travail et en noir pour la maison. Ils avaient deux ou trois enfants, à moins que le troisième était seulement un ami des deux autres.
Difficile de dire quel était leur passe-temps préféré. On n'entendait jamais la télé, ni la radio, ni d'engueulades. Ils vivaient dans un bloc en béton et leur appartement était bien insonorisé.
Ils marchaient toujours main dans la main et s'embrassaient tout le temps comme s'ils en étaient à leurs premiers amours. C'était beau de les voir. Tout le monde semblait envier leur bonheur, surtout le couple d'en face qui passait leur temps à se lancer de la vaisselle par la tête.
C'est ce qui faisait dire à leur entourage qu'ils s'aimaient comme rarement l'on s'aime.
Mais personne n'en savait vraiment plus.
Et c'était très bien ainsi.
Ceux et celles qui parlent le plus d'amour sont généralement ceux qui vivent une relation malheureuse.
Ne me dites pas que vous n'avez jamais remarqué ça. Les poèmes et les chansons d'amour sont tous écrits par des personnes en peine qui ne savent plus quoi peindre sur les parois de leur caverne pour se donner l'illusion qu'ils possèdent quelque chose.
Jocelyn ne parlait jamais d'amour. Et sa blonde, Josée, n'en parlait pas plus. Pourtant, ils s'aimaient comme rarement l'on s'aime.
Les deux étaient dans la trentaine avancée. Jocelyn était boulanger. Et Josée, infirmière auxiliaire. Tous les deux s'habillaient en blanc pour le travail et en noir pour la maison. Ils avaient deux ou trois enfants, à moins que le troisième était seulement un ami des deux autres.
Difficile de dire quel était leur passe-temps préféré. On n'entendait jamais la télé, ni la radio, ni d'engueulades. Ils vivaient dans un bloc en béton et leur appartement était bien insonorisé.
Ils marchaient toujours main dans la main et s'embrassaient tout le temps comme s'ils en étaient à leurs premiers amours. C'était beau de les voir. Tout le monde semblait envier leur bonheur, surtout le couple d'en face qui passait leur temps à se lancer de la vaisselle par la tête.
C'est ce qui faisait dire à leur entourage qu'ils s'aimaient comme rarement l'on s'aime.
Mais personne n'en savait vraiment plus.
Et c'était très bien ainsi.