Les Belles Lettres n'ont jamais tout à fait réussi à me piéger, même si je suis là comme un con en train de vous écrire. Il n'est que cinq heures cinquante-cinq du matin. Et je ne suis pas superstitieux, non. Des suites de cinq, ça ne veut rien dire. Ça ne me fera pas gagner à la loto. Ni voir Dieu ou son beau-frère.
Je sais que j'exagère. À trop avoir lu le mauvais plis se prend. Et je l'ai pris. Même que j'exagérais déjà du temps où je ne faisais que babiller. J'allais déjà d'une digression à l'autre pour oublier que tout peut être calme, plat et silencieux.
...
La contemplation connaît aussi ses limites. On finirait par s'emmerder, n'est-ce pas? D'où l'usage très limité des trois points de suspension dans mon artisanat littéraire. Laissons cela pour ceux qui ne savent pas écrire. Mis à part Louis-Ferdinand Céline, le seul qui ait le droit d'en abuser. Parce que c'était aussi un crétin de raciste, ce qui me fait un peu dégueuler.
Parlant littérature, je lis Tolstoï de l'écrivain et académicien de la langue française Henri Troyat. D'origine arménienne, né en Russie, il a fait du chemin ce prolifique Troyat que j'avoue connaître trop peu. Il passe le test avec sa biographie de Léon Tolstoï.
J'en suis à la page 324. C'est une brique de huit cents quelques pages. Et je la dévore entre midi et midi trente, tous les jours. En mangeant. Je me nourris le corps tout autant que l'esprit. J'évite parfois la politique pour maintenir un certain équilibre mental. Et ça me réussit. Y'a qu'à me voir aller. J'ai l'air sympathique. Même mes ennemis rient avec moi. Sinon ils me narguent ou sont naturellement indifférents, ce que je leur serais gré d'avoir pour comportement.
Mais laissons-moi de côté. Après tout, je est emmerdant. Ce qui vaut bien le fameux «je est un autre» de Rimbaud.
Troyat rapporte que Tolstoï tenait un journal intime dans lequel il consignait ses vicissitudes à la manière des Confessions de Jean-Jacques Rousseau. Lire ce type de journal m'est insupportable. J'ai toujours envie de botter le cul de l'auteur. Des suites de pleurnichades avec des récits de curetage de nombril. C'est endormant. Pourtant, Troyat me surprend avec son Tolstoï puisqu'il adopte le ton du type qui se nargue de ces enculeurs de mouches qui rapportent tout sur eux-mêmes comme si la vie c'était Facebook.
Tolstoï note ses baises, ses rages de dents, ses diarrhées et ses foutues règles de vie qu'il n'est pas capable d'assumer en tant que joueur et déjoué. Car il est tout le temps déjoué dans ses plans trop grands pour lui. Et il ne reste de lui, somme toute, que des grandes oeuvres, sauf son foutu journal intime que Troyat se fait le plaisir de ridiculiser tout au long des trois cent vingt-six premières pages. Way to go Troyat! Fonce dans le tas. Démolis Tolstoï! Car c'est bien une oeuvre de démolition, cette biographie.
J'ai déjà hâte de lire la page 327. Et de relire Tolstoï, avec un nouveau regard peut-être. Que voulez-vous, je suis influençable. Comme vous peut-être. Ou bien un autre.
Toltstoï de Henri Troyat est publié chez Le Cercle du livre de France. En 1952. Ou 1957. Cherchez et vous trouverez.
mardi 31 août 2010
lundi 30 août 2010
Le héron
Il y avait un héron sur le Lac St-Pierre. Sa silouhette qui se fondait dans les eaux vertes rappelait une ombre chinoise. Voire une estampe japonaise.
Ouais, c'était un bel héron.
Ouais, c'était un bel héron.
samedi 28 août 2010
Les rats
On dira ce qu'on voudra, la vie est étonnante. Ça ne fait même pas trois heures qu'un poulain vient de naître qu'il galope sur ses quatre pattes. L'araignée tisse sa toile sans avoir besoin de l'éducation de ses parents. Et l'être humain, eh bien, le mieux que l'on puisse dire c'est qu'il a une puissante colonne vertébrale et des mains trop agiles. Mais ça demande des années d'entraînement. Rien d'inné. Ou si peu que ça ne vaut pas la peine d'en parler.
Les rats sont d'aspect désagréable. Ils nous rappellent la peste bubonique. Ce qui fait que l'on traite les malfrats de rats, de chiens ou de cochons, des mammifères dont les noms sont porteurs de maladies tout autant que d'insultes.
Les rats ont une queue annelée. Des dents jaunes. Leur pelage est gras et puant.
Ce sont des animaux sociables qui nous tiennent rarement compagnie. Ils savent que l'humain a de la colonne vertébrale et que ses mains sont trop maléfiques.
C'est du moins ce que racontait Ozias Laflamme, un cultivateur du rang du Pays-Brûlé qui élève des poules et des cochons.
Ozias n'a pas de moustache et porte une calotte de baseball arborant le sigle de la coop de taxi du coin. Ses lunettes sont rondes. C'est un bonhomme de taille moyenne aux membres parcourus de nerfs de boeuf. Il fait son train tous les matins, nourrit ses poules et ses cochons pour faire vivre ses enfants et leur descendance, une tribu de vingt-huit têtes. Il travaille sans relâche pour augmenter la profitabilité de sa petite entreprise familiale. Et il déteste les rats.
-Les rats, y en a partout! qu'il racontait avant hier au Dépanneur Boissonneault. Ça commence par un pis y'en a mille le lendemain! Ça se reproduit plus vite que les lapins! Et ça forme des brigades pour s'en prendre à mes poulets! I' s'essaieraient pas avec mes poules... Dix poules sur un rat pis il restera même plus de quoi de faire un cache-nez! Sont mauvaises les poules... Mais les poulets... C'est sans défense! Pis dix rats se garrochent dessus lâchement pour les dévorer et nuire à mon profit sacrament!!!
Ozias était vert de rage. Il avait perdu une bonne centaine de poulets à cause des rats. Il avait tout essayé contre eux: les trappes, le truc de la chaudière d'eau avec de la moulée flottant sur de la styromousse pour en noyer quelques-unes, le poison... Cependant les rats s'habituaient à tout. Comme cette vermine ne peut pas vomir, elle ne prend que de petites quantités d'un nouveau mets pour tester son effet. Elles finissent par détecter même le poison et communiquent entre elles les informations à propos des nouveaux trucs des humains pour attenter à leurs jours.
-J'ai toutte essayé... Toutte... Sauf le truc de mon cousin Raymond... Hostie ça me coûtait d'le faire... Mais sacrament ça marche!!! Y'a p'us un maudit rat maintenant! F-i, fi, n-i, ni. Fini les rats. Les tabarnaks! J'les ai eus.
-Et comment t'as fait Ozias, de lui demander Denis, le gars à la caisse.
-Ben c'est ben simple. Je me suis faitte un piège pour en attraper une vivante. C'est une cage avec une grille qui se referme quand le rat rentre dedans pour aller prendre le morceau de fromage. J'ai suivi le truc de mon cousin Raymond. J'ai endormi le rat avec du chloroforme pis j'lui ai cousu l'anus. Après j'ai laissé l'rat en liberté pour qu'il aille rejoindre les autres rats. Quand i' vient pour chier ça lui fait tellement mal que l'rat se met à crier. Les autres rats se demandent c'qu'on fait aux rats dans cette ferme-là et ne r'mettent p'us jamais leurs sales pattes dans l'coin! Ça c'est efficace le cousage du trou d'cul!
Évidemment, nous désapprouvons tous ces méthodes. Cela nous indigne et nous révolte.
Mais Ozias n'en a rien à foutre de ce que nous pensons. C'est lui qui se lève tôt à tous les matins pour ramasser la marde, nourrir les poulets et les vendre au supermarché.
Les rats sont d'aspect désagréable. Ils nous rappellent la peste bubonique. Ce qui fait que l'on traite les malfrats de rats, de chiens ou de cochons, des mammifères dont les noms sont porteurs de maladies tout autant que d'insultes.
Les rats ont une queue annelée. Des dents jaunes. Leur pelage est gras et puant.
Ce sont des animaux sociables qui nous tiennent rarement compagnie. Ils savent que l'humain a de la colonne vertébrale et que ses mains sont trop maléfiques.
C'est du moins ce que racontait Ozias Laflamme, un cultivateur du rang du Pays-Brûlé qui élève des poules et des cochons.
Ozias n'a pas de moustache et porte une calotte de baseball arborant le sigle de la coop de taxi du coin. Ses lunettes sont rondes. C'est un bonhomme de taille moyenne aux membres parcourus de nerfs de boeuf. Il fait son train tous les matins, nourrit ses poules et ses cochons pour faire vivre ses enfants et leur descendance, une tribu de vingt-huit têtes. Il travaille sans relâche pour augmenter la profitabilité de sa petite entreprise familiale. Et il déteste les rats.
-Les rats, y en a partout! qu'il racontait avant hier au Dépanneur Boissonneault. Ça commence par un pis y'en a mille le lendemain! Ça se reproduit plus vite que les lapins! Et ça forme des brigades pour s'en prendre à mes poulets! I' s'essaieraient pas avec mes poules... Dix poules sur un rat pis il restera même plus de quoi de faire un cache-nez! Sont mauvaises les poules... Mais les poulets... C'est sans défense! Pis dix rats se garrochent dessus lâchement pour les dévorer et nuire à mon profit sacrament!!!
Ozias était vert de rage. Il avait perdu une bonne centaine de poulets à cause des rats. Il avait tout essayé contre eux: les trappes, le truc de la chaudière d'eau avec de la moulée flottant sur de la styromousse pour en noyer quelques-unes, le poison... Cependant les rats s'habituaient à tout. Comme cette vermine ne peut pas vomir, elle ne prend que de petites quantités d'un nouveau mets pour tester son effet. Elles finissent par détecter même le poison et communiquent entre elles les informations à propos des nouveaux trucs des humains pour attenter à leurs jours.
-J'ai toutte essayé... Toutte... Sauf le truc de mon cousin Raymond... Hostie ça me coûtait d'le faire... Mais sacrament ça marche!!! Y'a p'us un maudit rat maintenant! F-i, fi, n-i, ni. Fini les rats. Les tabarnaks! J'les ai eus.
-Et comment t'as fait Ozias, de lui demander Denis, le gars à la caisse.
-Ben c'est ben simple. Je me suis faitte un piège pour en attraper une vivante. C'est une cage avec une grille qui se referme quand le rat rentre dedans pour aller prendre le morceau de fromage. J'ai suivi le truc de mon cousin Raymond. J'ai endormi le rat avec du chloroforme pis j'lui ai cousu l'anus. Après j'ai laissé l'rat en liberté pour qu'il aille rejoindre les autres rats. Quand i' vient pour chier ça lui fait tellement mal que l'rat se met à crier. Les autres rats se demandent c'qu'on fait aux rats dans cette ferme-là et ne r'mettent p'us jamais leurs sales pattes dans l'coin! Ça c'est efficace le cousage du trou d'cul!
Évidemment, nous désapprouvons tous ces méthodes. Cela nous indigne et nous révolte.
Mais Ozias n'en a rien à foutre de ce que nous pensons. C'est lui qui se lève tôt à tous les matins pour ramasser la marde, nourrir les poulets et les vendre au supermarché.
mardi 24 août 2010
Publication dans Le Nouvelliste
Ma lettre à propos des conflits d'intérêts a été publié aujourd'hui dans l'édition papier du quotidien Le Nouvelliste. (p. 8)
J'ai bien hâte de voir si les lois se rendent jusqu'ici, à Trois-Rivières...
J'ai bien hâte de voir si les lois se rendent jusqu'ici, à Trois-Rivières...
Rita, Doris et leur tarte au coconut
Rita et Doris se pointent tous les jours au restaurant du terminus d'autobus pour aller prendre leur pointe de tarte au coconut avec un café.
Rita est petite, maigre et fripée. Le cheveu rare. Un petit oiseau déplumé qui s'est échoué sur la plage d'une quelconque ville industrielle.
Doris est grosse et gonflée de partout. Elle a des cheveux de broche rouillés. Une marmote avec des yeux de taupe. C'est elle qui parle le moins dans le duo. Elle a le souffle court et sa langue pend.
Rita occupe toute la conversation avec le bon goût de la tarte au coconut et celui du café.
-Ah! j'ai pour mon dire qui est bon le café du terminus, ben bon, hein Doris?
-Orzmwphe! renâcle Doris en avalant sa bouchée de tarte au coconut.
-Le café c'est bon chaud. Frette, j'aime pas ça. Parle-moé pas du café frette! Pouah! Ça c'est pas bon, du café frette. Mais chaud, oui, ça c'est bon du café chaud. Pis la tarte au coconut, c'est comme qu'i' la servent icitte qu'est juste parfaite. Ni trop chaude ni trop frette. Juste tiède. Ouais. I' faut manger ça tiède d'la tarte au coconut et, j'va's dire comme c'te gars, c'est icitte au restaurant du terminus qu'i' servent la tarte au coconut à la bonne température! En seulement qu'i' faut qu'alle soit fraîche pis icitte, ben, alle est tou'ours fraîche! Hein Doris?
-Moui, rétorque Doris en avalant une autre bouchée.
C'est toujours comme ça. Un long soliloque sur le café chaud ou frette, sur la température de la tarte au coconut et sur rien d'autre. Jamais rien d'autre. Juste le café, la tarte au coconut. De quoi devenir dingue.
Peut-être que Rita et Doris sont un peu dingues. Bien qu'elles font toutes deux des mots croisés en demandant qu'on réchauffe leur café. Tant et si longtemps que le staff du restaurant du terminus doit souvent user d'imagination pour les chasser du restaurant. On passe la moppe sur leurs pieds, pas exemple, ou bien l'on renverse du café sur leurs mots croisés. De quoi faire flipper Rita et entraîner Doris à sa suite, Doris qui la suit comme un chien de poche.
-Bon ben on va y aller, de dire dignement Rita... Bonjour là mademoiselle... On revient demain, comme d'habitude!
-C'est ça bye... répond la serveuse.
N'importe quoi pourvu qu'elles s'en aillent! Pourvu qu'on n'entende plus Rita revenir toujours sur l'hostie de café chaud ou frette et sa tabarnaque de pointe de tarte au coconut tiède...
Il y a des limites à ce que peut supporter du staff payé au salaire minimum.
Même que le gérant a pensé de retirer la tarte au coconut de son menu, juste pour qu'elles leur crissent la paix.
Selon moi, il ferait erreur. Parce que son hostie de resto marcherait pas plus pour autant. C'est trop facile de passer ses erreurs de gestion sur le dos de Rita et Doris, deux pauvres vieilles qui ne font que manger de la tarte au coconut... Ce serait cheap de sa part de retirer la tarte au coconut de son menu. Vraiment cheap. Tout le monde se mettrait à le traiter de fucking trou d'cul dans l'boutte. Parce que l'monde a l'air mauvais, par icitte, mais a bon coeur dans l'fond. On se battrait pour que Rita et Doris mangent leur hostie d'pointe de tarte au coconut au restaurant du terminus, avec un café juste à la bonne chaleur. On se battrait becs et ongles et s'il faisait ça, le tabarnak, sûr qu'on lui ferait savoir que toutte le village est du bord de Rita et Doris. Toutte au grand complet, même les Drouin du fin fond du Rang du Pays-brûlé.
Allélouia!
Rita est petite, maigre et fripée. Le cheveu rare. Un petit oiseau déplumé qui s'est échoué sur la plage d'une quelconque ville industrielle.
Doris est grosse et gonflée de partout. Elle a des cheveux de broche rouillés. Une marmote avec des yeux de taupe. C'est elle qui parle le moins dans le duo. Elle a le souffle court et sa langue pend.
Rita occupe toute la conversation avec le bon goût de la tarte au coconut et celui du café.
-Ah! j'ai pour mon dire qui est bon le café du terminus, ben bon, hein Doris?
-Orzmwphe! renâcle Doris en avalant sa bouchée de tarte au coconut.
-Le café c'est bon chaud. Frette, j'aime pas ça. Parle-moé pas du café frette! Pouah! Ça c'est pas bon, du café frette. Mais chaud, oui, ça c'est bon du café chaud. Pis la tarte au coconut, c'est comme qu'i' la servent icitte qu'est juste parfaite. Ni trop chaude ni trop frette. Juste tiède. Ouais. I' faut manger ça tiède d'la tarte au coconut et, j'va's dire comme c'te gars, c'est icitte au restaurant du terminus qu'i' servent la tarte au coconut à la bonne température! En seulement qu'i' faut qu'alle soit fraîche pis icitte, ben, alle est tou'ours fraîche! Hein Doris?
-Moui, rétorque Doris en avalant une autre bouchée.
C'est toujours comme ça. Un long soliloque sur le café chaud ou frette, sur la température de la tarte au coconut et sur rien d'autre. Jamais rien d'autre. Juste le café, la tarte au coconut. De quoi devenir dingue.
Peut-être que Rita et Doris sont un peu dingues. Bien qu'elles font toutes deux des mots croisés en demandant qu'on réchauffe leur café. Tant et si longtemps que le staff du restaurant du terminus doit souvent user d'imagination pour les chasser du restaurant. On passe la moppe sur leurs pieds, pas exemple, ou bien l'on renverse du café sur leurs mots croisés. De quoi faire flipper Rita et entraîner Doris à sa suite, Doris qui la suit comme un chien de poche.
-Bon ben on va y aller, de dire dignement Rita... Bonjour là mademoiselle... On revient demain, comme d'habitude!
-C'est ça bye... répond la serveuse.
N'importe quoi pourvu qu'elles s'en aillent! Pourvu qu'on n'entende plus Rita revenir toujours sur l'hostie de café chaud ou frette et sa tabarnaque de pointe de tarte au coconut tiède...
Il y a des limites à ce que peut supporter du staff payé au salaire minimum.
Même que le gérant a pensé de retirer la tarte au coconut de son menu, juste pour qu'elles leur crissent la paix.
Selon moi, il ferait erreur. Parce que son hostie de resto marcherait pas plus pour autant. C'est trop facile de passer ses erreurs de gestion sur le dos de Rita et Doris, deux pauvres vieilles qui ne font que manger de la tarte au coconut... Ce serait cheap de sa part de retirer la tarte au coconut de son menu. Vraiment cheap. Tout le monde se mettrait à le traiter de fucking trou d'cul dans l'boutte. Parce que l'monde a l'air mauvais, par icitte, mais a bon coeur dans l'fond. On se battrait pour que Rita et Doris mangent leur hostie d'pointe de tarte au coconut au restaurant du terminus, avec un café juste à la bonne chaleur. On se battrait becs et ongles et s'il faisait ça, le tabarnak, sûr qu'on lui ferait savoir que toutte le village est du bord de Rita et Doris. Toutte au grand complet, même les Drouin du fin fond du Rang du Pays-brûlé.
Allélouia!
dimanche 22 août 2010
Je suis un Sauvage
Je reviens souvent aux Relations des Jésuites. C'est une manière de renouer avec mes ancêtres par auteurs interposés. Les Jésuites ont rapporté des tas d'observations sur la vie des «Sauvages». C'est une mine de renseignements écrits qu'il faut savoir dégager des préjugés.
Cela dit, les aborigènes fondent leur enseignement sur de la littérature orale, hier comme de nos jours. L'écriture est en quelque sorte une perversion de l'esprit. Ce qui dure vraiment doit vivre en nous-mêmes par des procédés mnémotechniques qui défient l'imagination.
Je suis d'ascendance tellement multiple que je ne m'y retrouve pas toujours. La mère de mon père est née sur la réserve de St-Régis, maintenant appelée Akwesasné. C'est une réserve Mohawk. On y trouve majoritairement des Haudenosaunees (Iroquois). On y trouve aussi quelques Anishnabés (Algonquins), dont ma grand-mère Adrienne. Mon grand-père paternel, Éloi, doit être né près de Métis-sur-Mer, dans le Bas Saint-Laurent. Du côté maternel, mes grands-parents Rodolphe et Valéda provenaient d'une lignée d'Acadiens déportés aux alentours de Nicolet. Ils étaient probablement métissés de Micmac ou de Innu.
Bref, je suis en quelque sorte un Sauvage.
Et rien de mieux que de lire les Relations des Jésuites pour rire un peu.
L'impression qui s'en dégage est loufoque. Tous les préjugés des Jésuites sont d'actualité. Ils débarqueraient ici en 2010 qu'ils écriraient les mêmes remarques sur cette tribu décadente, païenne, où tout un chacun vit au jour le jour dans des moeurs sexuelles dépravées, ne reconnaissant aucun chef, aucun dieu, aucun maître.
Même dieu est une fable pour les Sauvages. Ils ne prennent rien au sérieux. Ils n'obéissent pas à leur capitaine, sinon s'il a bien parlé et que tout le monde est d'accord. Ils ne pensent pas au lendemain. Ils tapent sur des tambours toute la journée. Ils donneraient leur chemise et les meilleures parts de leur chasse même s'ils étaient pour crever de faim ensuite. Ils vivent au jour le jour. Au diable vauvert. Comme le peuple le plus misérable de la terre. Et pourtant ils se moquent de nous, nous traitent de pauvres gens qui travaillent sans relâche sans jamais penser à se la couler douce. Ils ne se fâchent jamais et détestent ceux qui se fâchent: comme s'ils ne savaient pas contrôler leurs émotions... De plus, ils ne châtient jamais leurs enfants... La femme décide avec qui elle fait l'amour et la communauté respecte ce choix... Les voilà, ces Sauvages qui sont mes ancêtres et dont la sagesse a enfin reconquis l'Amérique!
Vrai comme je suis encore là, je me sens fier d'être un Sauvage.
Cela dit, les aborigènes fondent leur enseignement sur de la littérature orale, hier comme de nos jours. L'écriture est en quelque sorte une perversion de l'esprit. Ce qui dure vraiment doit vivre en nous-mêmes par des procédés mnémotechniques qui défient l'imagination.
Je suis d'ascendance tellement multiple que je ne m'y retrouve pas toujours. La mère de mon père est née sur la réserve de St-Régis, maintenant appelée Akwesasné. C'est une réserve Mohawk. On y trouve majoritairement des Haudenosaunees (Iroquois). On y trouve aussi quelques Anishnabés (Algonquins), dont ma grand-mère Adrienne. Mon grand-père paternel, Éloi, doit être né près de Métis-sur-Mer, dans le Bas Saint-Laurent. Du côté maternel, mes grands-parents Rodolphe et Valéda provenaient d'une lignée d'Acadiens déportés aux alentours de Nicolet. Ils étaient probablement métissés de Micmac ou de Innu.
Bref, je suis en quelque sorte un Sauvage.
Et rien de mieux que de lire les Relations des Jésuites pour rire un peu.
L'impression qui s'en dégage est loufoque. Tous les préjugés des Jésuites sont d'actualité. Ils débarqueraient ici en 2010 qu'ils écriraient les mêmes remarques sur cette tribu décadente, païenne, où tout un chacun vit au jour le jour dans des moeurs sexuelles dépravées, ne reconnaissant aucun chef, aucun dieu, aucun maître.
Même dieu est une fable pour les Sauvages. Ils ne prennent rien au sérieux. Ils n'obéissent pas à leur capitaine, sinon s'il a bien parlé et que tout le monde est d'accord. Ils ne pensent pas au lendemain. Ils tapent sur des tambours toute la journée. Ils donneraient leur chemise et les meilleures parts de leur chasse même s'ils étaient pour crever de faim ensuite. Ils vivent au jour le jour. Au diable vauvert. Comme le peuple le plus misérable de la terre. Et pourtant ils se moquent de nous, nous traitent de pauvres gens qui travaillent sans relâche sans jamais penser à se la couler douce. Ils ne se fâchent jamais et détestent ceux qui se fâchent: comme s'ils ne savaient pas contrôler leurs émotions... De plus, ils ne châtient jamais leurs enfants... La femme décide avec qui elle fait l'amour et la communauté respecte ce choix... Les voilà, ces Sauvages qui sont mes ancêtres et dont la sagesse a enfin reconquis l'Amérique!
Vrai comme je suis encore là, je me sens fier d'être un Sauvage.
samedi 21 août 2010
Définition du conflit d'intérêt
Qu'est-ce qu'un conflit d'intérêt? C'est une situation où l'administrateur de fonds publics profite des fonds publics pour son intérêt privé. Point à la ligne.
Que doit-on faire en cas de conflit d'intérêt? Faire ce que le bon sens recommande. Exiger la démission de la personne et des éventuels complices de cette situation. Ne plus leur confier de fonds publics.
L'argent de nos taxes et de nos impôts doit être dépensé selon les normes généralement acceptées d'un océan à l'autre. Parmi ces normes, il y a sans doute celle d'obliger l'administrateur de fonds publics à savoir dès le premier jour de son mandat la définition d'un «conflit d'intérêt».
Sinon, ça ne vaut pas la peine de s'indigner lorsque survient des conflits d'intérêts.
À moins que tout ne soit permis. Après tout, nous sommes à Trois-Rivières. Une ville où tout ce qui compte, c'est la réussite. Peu importe les moyens employés. Les plus vils et les plus démagogiques étant sans doute les meilleurs pour justifier l'injustifiable.
On en ressort sans mot, avec un indicible goût de révolte et d'indignation.
On en vient à penser que l'air est vicié à Trois-Rivières. Que l'état de décomposition de son élite financière et intellectuelle nécessite un solide coup de barre à bâbord. Qu'il est temps de passer de la démocratie passive à la démocratie participative.
La démocratie n'est pas un chèque en blanc pour quatre ans.
Les moyens justifient le but que nous poursuivons.
Quand les conflits d'intérêts font partie de ces moyens, c'est qu'on s'en va nulle part.
***
À suivre: Une manifestation devant l'Hôtel de Ville.
Que doit-on faire en cas de conflit d'intérêt? Faire ce que le bon sens recommande. Exiger la démission de la personne et des éventuels complices de cette situation. Ne plus leur confier de fonds publics.
L'argent de nos taxes et de nos impôts doit être dépensé selon les normes généralement acceptées d'un océan à l'autre. Parmi ces normes, il y a sans doute celle d'obliger l'administrateur de fonds publics à savoir dès le premier jour de son mandat la définition d'un «conflit d'intérêt».
Sinon, ça ne vaut pas la peine de s'indigner lorsque survient des conflits d'intérêts.
À moins que tout ne soit permis. Après tout, nous sommes à Trois-Rivières. Une ville où tout ce qui compte, c'est la réussite. Peu importe les moyens employés. Les plus vils et les plus démagogiques étant sans doute les meilleurs pour justifier l'injustifiable.
On en ressort sans mot, avec un indicible goût de révolte et d'indignation.
On en vient à penser que l'air est vicié à Trois-Rivières. Que l'état de décomposition de son élite financière et intellectuelle nécessite un solide coup de barre à bâbord. Qu'il est temps de passer de la démocratie passive à la démocratie participative.
La démocratie n'est pas un chèque en blanc pour quatre ans.
Les moyens justifient le but que nous poursuivons.
Quand les conflits d'intérêts font partie de ces moyens, c'est qu'on s'en va nulle part.
***
À suivre: Une manifestation devant l'Hôtel de Ville.
vendredi 20 août 2010
lundi 16 août 2010
Quand j'étais jeune
Quand j'étais jeune le monde conduisait sans ceinture de sécurité avec une petite bière entre les jambes. Ça fumait comme des cheminées. Le gaz coûtait pas cher. Pour ton cadeau noces, tout le monde se cotisait pour te payer un dentier.
jeudi 12 août 2010
Le client dérange...
Des tarlais et des tarlaises, c'est pas ça qui manque.
Il y en a des flopées. Je ne dis pas qu'ils forment la majorité. Mais on en rencontre un ou deux et on pense tout de suite que c'est l'invasion. Tout simplement parce que ça peut heurter la rudesse, l'impolitesse et l'égotisme chosifiés.
Tu passes à telle ou telle caisse, à la banque, à la pharmacie, à l'hôpital, à la bibliothèque, au supermarché et tu en trouves partout sur ton chemin.
Le client n'est plus roi. C'est à peine s'il est toléré. La plupart du temps, il dérange.
-Ben là! diront les tarlais et les tarlaises.
Ben là... Et tout est dit. Les nihilistes n'ont pas besoin de s'expliquer.
Je possède mille exemples de rusticité des moeurs que je me priverai de vous raconter cette fois-ci pour couper court à ma révolte.
Je suis pour le peuple, les droits de la personne et la tarte aux pommes, d'accord, mais je ne suis pas en faveur d'encourager les tarlais et tarlaises. Ceux et celles qui traitent le client comme si c'était un tas de marde méritent d'être remis à leur place, pour le bien de tous. Parce que tout le monde souffre en bout de ligne de ces comportements de tarlais et tarlaises.
On devient alors une communauté de plus en plus intolérante, permissive pour ce qui est mauvais, généreuse pour les pleins d'marde, détestable pour la noblesse de coeur et d'esprit.
Je ne vous fais pas un sermon.
Je suis seulement en tabarnak.
***
Leçon de service à la clientèle #1
Quand un client passe à la caisse:
-Bonjour monsieur, madame.
Quand le client s'en va:
-Merci monsieur, madame. Au revoir!
Il n'est pas nécessaire de licher les pieds. Juste de ne pas agir en tarlais.
-Ben là...
Il y en a des flopées. Je ne dis pas qu'ils forment la majorité. Mais on en rencontre un ou deux et on pense tout de suite que c'est l'invasion. Tout simplement parce que ça peut heurter la rudesse, l'impolitesse et l'égotisme chosifiés.
Tu passes à telle ou telle caisse, à la banque, à la pharmacie, à l'hôpital, à la bibliothèque, au supermarché et tu en trouves partout sur ton chemin.
Le client n'est plus roi. C'est à peine s'il est toléré. La plupart du temps, il dérange.
-Ben là! diront les tarlais et les tarlaises.
Ben là... Et tout est dit. Les nihilistes n'ont pas besoin de s'expliquer.
Je possède mille exemples de rusticité des moeurs que je me priverai de vous raconter cette fois-ci pour couper court à ma révolte.
Je suis pour le peuple, les droits de la personne et la tarte aux pommes, d'accord, mais je ne suis pas en faveur d'encourager les tarlais et tarlaises. Ceux et celles qui traitent le client comme si c'était un tas de marde méritent d'être remis à leur place, pour le bien de tous. Parce que tout le monde souffre en bout de ligne de ces comportements de tarlais et tarlaises.
On devient alors une communauté de plus en plus intolérante, permissive pour ce qui est mauvais, généreuse pour les pleins d'marde, détestable pour la noblesse de coeur et d'esprit.
Je ne vous fais pas un sermon.
Je suis seulement en tabarnak.
***
Leçon de service à la clientèle #1
Quand un client passe à la caisse:
-Bonjour monsieur, madame.
Quand le client s'en va:
-Merci monsieur, madame. Au revoir!
Il n'est pas nécessaire de licher les pieds. Juste de ne pas agir en tarlais.
-Ben là...
Le Grand Prix de la bêtise 2
Un glacier de 250 km2 est à la dérive au large du Groenland. Il s'agit d'un bloc de glace qui fait quatre fois la taille de l'Île de Manhattan. Si cette grosse glace suit son chemin jusque vers Terre-Neuve, il est possible qu'elle arrache quelques plate-formes pétrolières au passage en plus d'augmenter de sept mètres le niveau d'eau de l'Océan Atlantique. Ce qui, techniquement parlant, ferait disparaître non seulement la Nouvelle-Orléans, mais aussi ce plat pays chanté par Jacques Brel.
BP a-t-elle réussi à colmater son puits? Oui, non, peut-être. Avec Photoshop on fait des merveilles. Qu'importe la vérité. Tout n'est question d'image... On a eu droit à la pire marée noire de l'histoire, aux pires incendies de l'histoire, à la pire canicule de l'histoire, aux pires tremblements de terre de l'histoire. Je ne veux pas paraître pessimiste, ni millénariste, mais il est clair que la terre ne tourne pas rond, que l'espèce humaine est tout autant menacée que les autres espèces.
Le Grand cercle de la vie est rompu. La logique a eu raison de la vie au cours des dernières batailles. Tout est carré, anguleux. Les humains sont rabaissés au niveau d'objets, échangeables sur le marché comme n'importe quelle autre marchandise. La conscience est brisée au profit des chiffres. Tout est consigné avec un soin méticuleux pour que la Machine écrase tout le monde.
Pourtant, je crois encore en l'instinct de conservation de l'être humain. Je me dis que la fibre sensible de l'humanité va finir par vibrer pour quelque chose qui vaille la peine d'être vécue. Des tas de gens sur la planète contribue à ramasser les pots cassés par les autocrates mondiaux. Qu'importe de dire s'ils sont de gauche ou de droite. On juge un arbre à ses fruits. Et des fruits pourris, il y en a partout. Ce n'est pas qu'une question de nature humaine. C'est juste que le Grand cercle de la vie est rompu.
Qu'est-ce que le Grand cercle de la vie? Oh! Pas grand chose. Seulement une fable que l'on se raconte entre aborigènes et originaux. C'est une drôle d'idée selon laquelle la vie a un sens, une poésie, voire un ordre. Rien ne saurait nommer cet ordre et encore moins le Grand organisateur lui-même, Kitché Manitou, le Grand Innommable, l'Inconnu Suprême. Pourtant, tout a un but: le brin d'herbe nourrit le lièvre et le lièvre nourrit l'homme. Pour ce qui est du prédateur de l'homme, c'est lui-même, tout le monde l'a compris depuis longtemps.
Je délire un brin. Ça me défoule.
C'est le Grand Prix automobile de Trois-Rivières en fin de semaine. Le Grand Prix de la bêtise... C'est symptomatique d'une société malade d'elle-même. De la pollution sonore et atmosphérique dans le prélart. Pour nous rappeler que nous sommes tous des crétins. Que l'humanité a besoin d'un solide coup de barre. Que le Grand cercle de la vie ne fait pas tout à fait trois virgule quatorze seize et des poussières à l'infini.
BP a-t-elle réussi à colmater son puits? Oui, non, peut-être. Avec Photoshop on fait des merveilles. Qu'importe la vérité. Tout n'est question d'image... On a eu droit à la pire marée noire de l'histoire, aux pires incendies de l'histoire, à la pire canicule de l'histoire, aux pires tremblements de terre de l'histoire. Je ne veux pas paraître pessimiste, ni millénariste, mais il est clair que la terre ne tourne pas rond, que l'espèce humaine est tout autant menacée que les autres espèces.
Le Grand cercle de la vie est rompu. La logique a eu raison de la vie au cours des dernières batailles. Tout est carré, anguleux. Les humains sont rabaissés au niveau d'objets, échangeables sur le marché comme n'importe quelle autre marchandise. La conscience est brisée au profit des chiffres. Tout est consigné avec un soin méticuleux pour que la Machine écrase tout le monde.
Pourtant, je crois encore en l'instinct de conservation de l'être humain. Je me dis que la fibre sensible de l'humanité va finir par vibrer pour quelque chose qui vaille la peine d'être vécue. Des tas de gens sur la planète contribue à ramasser les pots cassés par les autocrates mondiaux. Qu'importe de dire s'ils sont de gauche ou de droite. On juge un arbre à ses fruits. Et des fruits pourris, il y en a partout. Ce n'est pas qu'une question de nature humaine. C'est juste que le Grand cercle de la vie est rompu.
Qu'est-ce que le Grand cercle de la vie? Oh! Pas grand chose. Seulement une fable que l'on se raconte entre aborigènes et originaux. C'est une drôle d'idée selon laquelle la vie a un sens, une poésie, voire un ordre. Rien ne saurait nommer cet ordre et encore moins le Grand organisateur lui-même, Kitché Manitou, le Grand Innommable, l'Inconnu Suprême. Pourtant, tout a un but: le brin d'herbe nourrit le lièvre et le lièvre nourrit l'homme. Pour ce qui est du prédateur de l'homme, c'est lui-même, tout le monde l'a compris depuis longtemps.
Je délire un brin. Ça me défoule.
C'est le Grand Prix automobile de Trois-Rivières en fin de semaine. Le Grand Prix de la bêtise... C'est symptomatique d'une société malade d'elle-même. De la pollution sonore et atmosphérique dans le prélart. Pour nous rappeler que nous sommes tous des crétins. Que l'humanité a besoin d'un solide coup de barre. Que le Grand cercle de la vie ne fait pas tout à fait trois virgule quatorze seize et des poussières à l'infini.
lundi 9 août 2010
Les bonnes manières se perdent
Mouette était simple en sacrament. Pas très belle. Et obsédée de raconter quelque chose qui laissait l'impression qu'elle était folle de sexe. Un complexe d'infériorité mal assumé.
Mouette, une fille simple en sacrament, toujours moite, et moite, bien sûr, ça se prononce mouette au Québec.
Était-ce son surnom, Mouette? Peut-être. Mais vous ne la connaissez même pas. Moi non plus d'ailleurs. Et pourtant...
Tout ce que je peux vous dire de Mouette c'est qu'elle m'a craché tout le morceau dès la première rencontre.
C'était du temps où j'étais pompiste au garage de Ti-Claude Moineau. Mouette c'était un peu la nièce de Ti-Claude et il l'avait engagée pour un été. Elle lavait les chiottes et les planchers.
Donc elle se présente un matin, un peu moche, une guimauve avec un air un peu ahuri. Ses cheveux étaient teints mais je ne me rappelle plus de quelle couleur. Elle n'avait pas de taches de rousseur mais on aurait pu lui passer un trente sous entre les palettes. Elle avait les yeux légèrement cross-side. Elle sentait le parfum à la vanille très bon marché. Elle sentait un peu le Duncan Hines au suif. Mouette se mouchait dans ses doigts et s'essuyait le long de son pantalon trop serré pour ses grosses cuisses.
-Salut, moé c'est Mouette, qu'elle me dit tout de go. Hier j'ai fourré avec mon chum pis y'est venu quand j'ai atchoumé! Y'a crié ayoye en hostie. I' me l'avait crissé dans l'cul. Ha! Ha! Ha!
Comme vous pouvez le constater, Mouette n'y allait jamais par quatre chemins. Ça faisait même pas trente secondes que je la connaissais que je savais qu'elle se faisait piner dans l'cul. Une minute plus tard, elle me montrait les photos du gars. Un gars qui jouait au baseball avec une brassière de femme.
-Ha! Ha! Ha! Ça c'est parce que les gars y avaient dit qu'i' était pas game de s'fair' prendre en photo d'même! Ha! Ha! Ha! expliquait Mouette.
C'était une hostie de siphonnée. Aucun doute là-dessus. Son oncle, Ti-Claude Moineau, n'était pas mieux. Il disait qu'il s'habillait en Tarzan la nuitte pis qu'il sautait sur la bonne femme en hurlant comme un gorille.
-A l'aime ça quand j'crie comme un gorille! Arf! Arf! qu'il disait, ce gros lard hilare aux doigts jaunis par les cigarettes Player's Light. Il se décrottait toujours le nez quand il parlait à qui que ce soit, même à ses clients. À part de ça je me souviens qu'il nous payait une p'tite bière le vendredi soir.
Évidemment, j'avais ma sexualité bien à moi, assez intéressante pour que je préfère la vivre plutôt que d'en parler à tout venant comme si nous avions tous élever des cochons ensemble.
Et je me disais, comme ça, ciboire suis-je devenu si stuck-up pour me questionner sur ce manque total d'inhibition? Suis-je dans le vent? Cool? Dinosaure? Suis-je un bourgeois?
Fuck. Le monde dira ben ce qu'il voudra dire. C'est pas moé qui vais empêcher quelqu'un de s'exprimer. C'est sûr. Mouette peut s'en crisser dans l'cul autant qu'elle veut. Et Ti-Claude Moineau jouer à Tarzan avec un cache-sexe en léopard.
Cependant, hum, ça passe mal cette manie de tout raconter sur l'état de son cul avant même qu'on ait pu jaser un tant soit peu d'art, de musique et de littérature.
Je ne sais pas ce qu'est devenu Mouette. Ti-Claude Moineau est mort l'an passé.
Enfin. C'est la vie. Les bonnes manières se perdent. C'est comme ça. On n'y peut rien.
En passant, je suis toujours pompiste mais plus au garage de Ti-Claude Moineau puisqu'il est mort.
Je suis maintenant pompiste dans un Ultramarde.
Merci beaucoup.
Mouette, une fille simple en sacrament, toujours moite, et moite, bien sûr, ça se prononce mouette au Québec.
Était-ce son surnom, Mouette? Peut-être. Mais vous ne la connaissez même pas. Moi non plus d'ailleurs. Et pourtant...
Tout ce que je peux vous dire de Mouette c'est qu'elle m'a craché tout le morceau dès la première rencontre.
C'était du temps où j'étais pompiste au garage de Ti-Claude Moineau. Mouette c'était un peu la nièce de Ti-Claude et il l'avait engagée pour un été. Elle lavait les chiottes et les planchers.
Donc elle se présente un matin, un peu moche, une guimauve avec un air un peu ahuri. Ses cheveux étaient teints mais je ne me rappelle plus de quelle couleur. Elle n'avait pas de taches de rousseur mais on aurait pu lui passer un trente sous entre les palettes. Elle avait les yeux légèrement cross-side. Elle sentait le parfum à la vanille très bon marché. Elle sentait un peu le Duncan Hines au suif. Mouette se mouchait dans ses doigts et s'essuyait le long de son pantalon trop serré pour ses grosses cuisses.
-Salut, moé c'est Mouette, qu'elle me dit tout de go. Hier j'ai fourré avec mon chum pis y'est venu quand j'ai atchoumé! Y'a crié ayoye en hostie. I' me l'avait crissé dans l'cul. Ha! Ha! Ha!
Comme vous pouvez le constater, Mouette n'y allait jamais par quatre chemins. Ça faisait même pas trente secondes que je la connaissais que je savais qu'elle se faisait piner dans l'cul. Une minute plus tard, elle me montrait les photos du gars. Un gars qui jouait au baseball avec une brassière de femme.
-Ha! Ha! Ha! Ça c'est parce que les gars y avaient dit qu'i' était pas game de s'fair' prendre en photo d'même! Ha! Ha! Ha! expliquait Mouette.
C'était une hostie de siphonnée. Aucun doute là-dessus. Son oncle, Ti-Claude Moineau, n'était pas mieux. Il disait qu'il s'habillait en Tarzan la nuitte pis qu'il sautait sur la bonne femme en hurlant comme un gorille.
-A l'aime ça quand j'crie comme un gorille! Arf! Arf! qu'il disait, ce gros lard hilare aux doigts jaunis par les cigarettes Player's Light. Il se décrottait toujours le nez quand il parlait à qui que ce soit, même à ses clients. À part de ça je me souviens qu'il nous payait une p'tite bière le vendredi soir.
Évidemment, j'avais ma sexualité bien à moi, assez intéressante pour que je préfère la vivre plutôt que d'en parler à tout venant comme si nous avions tous élever des cochons ensemble.
Et je me disais, comme ça, ciboire suis-je devenu si stuck-up pour me questionner sur ce manque total d'inhibition? Suis-je dans le vent? Cool? Dinosaure? Suis-je un bourgeois?
Fuck. Le monde dira ben ce qu'il voudra dire. C'est pas moé qui vais empêcher quelqu'un de s'exprimer. C'est sûr. Mouette peut s'en crisser dans l'cul autant qu'elle veut. Et Ti-Claude Moineau jouer à Tarzan avec un cache-sexe en léopard.
Cependant, hum, ça passe mal cette manie de tout raconter sur l'état de son cul avant même qu'on ait pu jaser un tant soit peu d'art, de musique et de littérature.
Je ne sais pas ce qu'est devenu Mouette. Ti-Claude Moineau est mort l'an passé.
Enfin. C'est la vie. Les bonnes manières se perdent. C'est comme ça. On n'y peut rien.
En passant, je suis toujours pompiste mais plus au garage de Ti-Claude Moineau puisqu'il est mort.
Je suis maintenant pompiste dans un Ultramarde.
Merci beaucoup.
dimanche 8 août 2010
Mon monde idéal
D'abord, avouons-le, nous vivons dans un monde à bout de souffle qui n'inspire aux artistes que des scénarios de catastrophe. Les valeurs qui ne sont pas cotés en bourse ne sont encore que des abstractions pour des tas de gens qui courent dans toutes les directions comme des poules pas de tête. Ils sont à la recherche de je ne sais quoi, de quelque chose qui n'est ni le bonheur ni l'amour, parce que la tête joue pour beaucoup quand il s'agit de vivre ces abstractions. Ils cherchent le tour de passe-passe pour s'enfuir et se comportent comme n'importe quelle foule qui écrase les plus faibles quand le feu est pris dans les gradins.
Les valeurs qui ne sont pas cotés en bourse ne valent rien. Pas une once d'altruisme. Pas de compassion. Pas de pitié. Pas d'éthique.
Le jeu consiste à écraser tout ce que l'on peut écraser en utilisant les moyens les plus vils: la manipulation psychologique, la tromperie, la ruse, la trahison, la veulerie, la rapacité, l'avarice, l'indifférence, le mépris, l'ingratitude...
Et on avance dans la vie, toujours seul, avec la complicité de tous les autres bouseux qui s'observent avec le même air de hyène. Le vide ne créant que du vide, un rien suffit pour les occuper pendant des heures.
Le stress est du dynamisme. L'ignorance est de la force. La haine c'est l'amour. L'esclavage c'est la liberté. Tout est mis en place pour que l'on se déteste les uns les autres. Big Brother les regarde et ils veulent lui en mettre plein la vue. C'est à celui qui exposera avec le plus d'impudicité le moindre détail de sa petite vie plate, soporifique et surtout médiocre.
Le pouvoir de l'esprit, à défaut de dire celui du coeur, aura toujours raison du pouvoir de l'argent.
Parce que l'argent, les biens de consommation, les possessions: tout ça n'est rien face à l'éternité. Le temps n'aura jamais raison de l'infini. La beauté triomphera toujours.
Un autre monde se bâtit parallèlement à celui qui s'effondre. Un monde plus solidaire, plus humain, plus juste.
Il est tout le contraire de ce monde sec, impoli, rustre, irrespectueux, bassement matérialiste, sans génie, sans but et sans principes.
Il n'est pas besoin de s'expliquer sur ce monde.
Il existe depuis toujours, enfoui au coeur des hommes.
Et il se manifeste quand l'on y participe pleinement, quand l'on se refuse à vivre d'absurdités et de peccadilles, d'enflures verbales et de conversations sur la dernière émission de téléréalité.
Un autre monde existe. Un monde où tout n'est qu'art, littérature et musique. Où les gens se parlent pour apprendre et non pour s'écouter parler. Où la bouffe et le vin se partagent. Où la nature est respectée. Où la liberté et l'indépendance d'esprit sont célébrés. Où la curiosité intellectuelle est fortement encouragée. Où l'on ne se fait pas chier par des niaiseux autoritaires, des bancs de l'école jusqu'au marché du travail. Où la démocratie n'est pas un chèque en blanc pour quatre ans.
Je ne sais pas quel nom donner à ce monde, mais il existe. C'est dans ce monde que je vis. Tous les autres mondes me semblent voués à la vacuité. Rien d'intéressant. Du vent qui ne sent pas très propre. De l'ennui. Des regards abrutis et moroses. De la fatuité.
Un autre monde existe. Un monde d'idéaux. Un monde de coeur. Un monde où l'on ne se mange pas la laine sur le dos.
Il ne tient qu'à vous d'y participer.
Créez votre petite communauté autonome. Prenez seulement ceux qui en valent la peine. Et bâtissez.
Laissez-les dire ce qu'ils voudront.
Bientôt ils envieront votre sentiment de vivre pleinement.
De ne plus être une vache dans un champs qui regarde le train passer.
Les valeurs qui ne sont pas cotés en bourse ne valent rien. Pas une once d'altruisme. Pas de compassion. Pas de pitié. Pas d'éthique.
Le jeu consiste à écraser tout ce que l'on peut écraser en utilisant les moyens les plus vils: la manipulation psychologique, la tromperie, la ruse, la trahison, la veulerie, la rapacité, l'avarice, l'indifférence, le mépris, l'ingratitude...
Et on avance dans la vie, toujours seul, avec la complicité de tous les autres bouseux qui s'observent avec le même air de hyène. Le vide ne créant que du vide, un rien suffit pour les occuper pendant des heures.
Le stress est du dynamisme. L'ignorance est de la force. La haine c'est l'amour. L'esclavage c'est la liberté. Tout est mis en place pour que l'on se déteste les uns les autres. Big Brother les regarde et ils veulent lui en mettre plein la vue. C'est à celui qui exposera avec le plus d'impudicité le moindre détail de sa petite vie plate, soporifique et surtout médiocre.
Le pouvoir de l'esprit, à défaut de dire celui du coeur, aura toujours raison du pouvoir de l'argent.
Parce que l'argent, les biens de consommation, les possessions: tout ça n'est rien face à l'éternité. Le temps n'aura jamais raison de l'infini. La beauté triomphera toujours.
Un autre monde se bâtit parallèlement à celui qui s'effondre. Un monde plus solidaire, plus humain, plus juste.
Il est tout le contraire de ce monde sec, impoli, rustre, irrespectueux, bassement matérialiste, sans génie, sans but et sans principes.
Il n'est pas besoin de s'expliquer sur ce monde.
Il existe depuis toujours, enfoui au coeur des hommes.
Et il se manifeste quand l'on y participe pleinement, quand l'on se refuse à vivre d'absurdités et de peccadilles, d'enflures verbales et de conversations sur la dernière émission de téléréalité.
Un autre monde existe. Un monde où tout n'est qu'art, littérature et musique. Où les gens se parlent pour apprendre et non pour s'écouter parler. Où la bouffe et le vin se partagent. Où la nature est respectée. Où la liberté et l'indépendance d'esprit sont célébrés. Où la curiosité intellectuelle est fortement encouragée. Où l'on ne se fait pas chier par des niaiseux autoritaires, des bancs de l'école jusqu'au marché du travail. Où la démocratie n'est pas un chèque en blanc pour quatre ans.
Je ne sais pas quel nom donner à ce monde, mais il existe. C'est dans ce monde que je vis. Tous les autres mondes me semblent voués à la vacuité. Rien d'intéressant. Du vent qui ne sent pas très propre. De l'ennui. Des regards abrutis et moroses. De la fatuité.
Un autre monde existe. Un monde d'idéaux. Un monde de coeur. Un monde où l'on ne se mange pas la laine sur le dos.
Il ne tient qu'à vous d'y participer.
Créez votre petite communauté autonome. Prenez seulement ceux qui en valent la peine. Et bâtissez.
Laissez-les dire ce qu'ils voudront.
Bientôt ils envieront votre sentiment de vivre pleinement.
De ne plus être une vache dans un champs qui regarde le train passer.
vendredi 6 août 2010
Les chroniques littéraires m'emmerdent la plupart du temps
On oublie trop vite que la littérature c'est aussi une forme de divertissement, un art en quelque sorte, l'art qui convient le mieux au lecteur.
Que font les auteurs de premiers romans? Parler d'eux-mêmes. Ils n'ont pas assez vécu pour parler des autres. Et ce faisant, leur message est souvent fat et sans substance. Pour un Henry Miller il y a des millions d'auteurs médiocres qui donnent envie de ronfler. Pour un Charles Bukowski, des tas de demi-lettrés qui s'évertuent à raconter leurs brosses avec cent fois moins de talent, parce qu'avec mille fois moins de vécu.
Miller et Bukowski sont des exceptions. Leur Je était un autre dans leur cas, pour paraphraser Rimbaud. Et ce Je me touche parce qu'il se conjugue à la première personne du pluriel. Il se transmute en nous. En humanité. Et en art.
La plupart des égotistes deviennent d'abobinables auteurs. On finir par détester toute cette prose enflée et ces borborygmes de la tragédie grecque. Nous vivons au Nouveau-Monde tabarnak! C'est ce Nouveau-Monde qui doit parler. Avec tout ce qu'il a d'ancien, d'antédiluvien, de profondément animiste.
Je m'égare de mon sujet. Les chroniques littéraires m'emmerdent la plupart du temps. Je ne suis pas un lecteur de Sainte-Beuve, mais un buveur de Baudelaire. La sociocritique, la psychocritique et la nonocritique j'en ai rien à foutre. Je m'abreuve à la source vive de la littérature. Je ne fréquente que les sources fraîches et pleines de fantaisies. Il y a même des Grecs dans ma liste. Dont Diogène de Sinope, un auteur dont aucun livre n'a subsisté. Épictète ensuite.
Et puis je passe aux Romains. Sénèque et les raconteux d'histoire, surtout Suétone, plus drôle que Tacite, bien que moins vrai. D'autres Latins? Ouais. De temps à autres. Ovide. Boèce. Et coetera. Marcus Aurelius. Curriculum vitae.
Moyen-Âge? Hum. Rutebeuf. Villon. Érasme. Les poètes sufis et ça me suffit.
Renaissance? Rabelais. Le vrai génie de la langue françoise. Je lui dois tout. Le premier auteur de ma jeunesse. J'ai lu Gargantua dès la première année, par hasard. Et je me suis mis à manger comme un glouton, petit bonheur sans lequel la vie ne serait qu'une pénitence.
Ensuite? Shakespeare. Cervantès. Voltaire. Sade. Hugo. Gogol. Dostoïevski. Boulgakov. On va pas tous les nommer. Alphonse Daudet me plaît. Et Arthur Buies aussi. Tristan Corbière. Jack London. Il y en a des tas.
Orient? Lao Tseu. Il n'a écrit qu'un livre. Il l'a remis à un garde-frontière pour qu'il le laisse s'enfuir lui et sa monture: un boeuf. Un sage à dos de boeuf, on dira ce qu'on voudra, ça m'impressionne. Le Tao. C'est ma clé pour la littérature orientale qui m'a conduit à négliger sa littérature au profit de sa spiritualité. J'avoue avoir peu lu de romans chinois ou indiens, voire thaïlandais. Même que ça manque à ma culture. Nul n'est parfait. Je vais travailler fort pour que ça change d'ici la fin de l'année. Moins de politique et de spiritualité et plus d'art et de littérature de l'Orient. Open your fucking mind big guy!
Physique? J'aimerais tout comprendre à la physique. C'est mon dada de scientifique raté. Je lis Stephen Hawkins et me voilà transporté dans une brève histoire du temps. Si c'était à refaire, je me lancerais dans les mathématiques appliquées. Je n'écrirais plus rien que des chiffres et des équations. Histoire de ne pas m'empêtrer dans des mots juste pour me délier les doigts.
La littérature nationale? Ça n'existe pas. Un romancier est un romancier parce qu'il est romancier et non parce qu'il est Québécois ou Marsien. Idem pour un artiste. Ou pour un avaleur de sabre. Ne confondons pas les causes avec l'art. Même si je dessine le maire de Trois-Rivières dans mes passe-temps.
Après ce bref tour d'horizon, permettez-moi de revenir à la littérature. Ne serait-ce qu'en tant que cuistre amateur.
J'aime bien lire.
Je n'aime pas m'emmerder quand je lis.
Voilà toute ma théorie littéraire.
Elle vaut ce qu'elle vaut et franchement c'est suffisant pour tourner les pages de tous ces livres qui tombent entre mes mains, comme si je ne pouvais pas m'en passer.
Que font les auteurs de premiers romans? Parler d'eux-mêmes. Ils n'ont pas assez vécu pour parler des autres. Et ce faisant, leur message est souvent fat et sans substance. Pour un Henry Miller il y a des millions d'auteurs médiocres qui donnent envie de ronfler. Pour un Charles Bukowski, des tas de demi-lettrés qui s'évertuent à raconter leurs brosses avec cent fois moins de talent, parce qu'avec mille fois moins de vécu.
Miller et Bukowski sont des exceptions. Leur Je était un autre dans leur cas, pour paraphraser Rimbaud. Et ce Je me touche parce qu'il se conjugue à la première personne du pluriel. Il se transmute en nous. En humanité. Et en art.
La plupart des égotistes deviennent d'abobinables auteurs. On finir par détester toute cette prose enflée et ces borborygmes de la tragédie grecque. Nous vivons au Nouveau-Monde tabarnak! C'est ce Nouveau-Monde qui doit parler. Avec tout ce qu'il a d'ancien, d'antédiluvien, de profondément animiste.
Je m'égare de mon sujet. Les chroniques littéraires m'emmerdent la plupart du temps. Je ne suis pas un lecteur de Sainte-Beuve, mais un buveur de Baudelaire. La sociocritique, la psychocritique et la nonocritique j'en ai rien à foutre. Je m'abreuve à la source vive de la littérature. Je ne fréquente que les sources fraîches et pleines de fantaisies. Il y a même des Grecs dans ma liste. Dont Diogène de Sinope, un auteur dont aucun livre n'a subsisté. Épictète ensuite.
Et puis je passe aux Romains. Sénèque et les raconteux d'histoire, surtout Suétone, plus drôle que Tacite, bien que moins vrai. D'autres Latins? Ouais. De temps à autres. Ovide. Boèce. Et coetera. Marcus Aurelius. Curriculum vitae.
Moyen-Âge? Hum. Rutebeuf. Villon. Érasme. Les poètes sufis et ça me suffit.
Renaissance? Rabelais. Le vrai génie de la langue françoise. Je lui dois tout. Le premier auteur de ma jeunesse. J'ai lu Gargantua dès la première année, par hasard. Et je me suis mis à manger comme un glouton, petit bonheur sans lequel la vie ne serait qu'une pénitence.
Ensuite? Shakespeare. Cervantès. Voltaire. Sade. Hugo. Gogol. Dostoïevski. Boulgakov. On va pas tous les nommer. Alphonse Daudet me plaît. Et Arthur Buies aussi. Tristan Corbière. Jack London. Il y en a des tas.
Orient? Lao Tseu. Il n'a écrit qu'un livre. Il l'a remis à un garde-frontière pour qu'il le laisse s'enfuir lui et sa monture: un boeuf. Un sage à dos de boeuf, on dira ce qu'on voudra, ça m'impressionne. Le Tao. C'est ma clé pour la littérature orientale qui m'a conduit à négliger sa littérature au profit de sa spiritualité. J'avoue avoir peu lu de romans chinois ou indiens, voire thaïlandais. Même que ça manque à ma culture. Nul n'est parfait. Je vais travailler fort pour que ça change d'ici la fin de l'année. Moins de politique et de spiritualité et plus d'art et de littérature de l'Orient. Open your fucking mind big guy!
Physique? J'aimerais tout comprendre à la physique. C'est mon dada de scientifique raté. Je lis Stephen Hawkins et me voilà transporté dans une brève histoire du temps. Si c'était à refaire, je me lancerais dans les mathématiques appliquées. Je n'écrirais plus rien que des chiffres et des équations. Histoire de ne pas m'empêtrer dans des mots juste pour me délier les doigts.
La littérature nationale? Ça n'existe pas. Un romancier est un romancier parce qu'il est romancier et non parce qu'il est Québécois ou Marsien. Idem pour un artiste. Ou pour un avaleur de sabre. Ne confondons pas les causes avec l'art. Même si je dessine le maire de Trois-Rivières dans mes passe-temps.
Après ce bref tour d'horizon, permettez-moi de revenir à la littérature. Ne serait-ce qu'en tant que cuistre amateur.
J'aime bien lire.
Je n'aime pas m'emmerder quand je lis.
Voilà toute ma théorie littéraire.
Elle vaut ce qu'elle vaut et franchement c'est suffisant pour tourner les pages de tous ces livres qui tombent entre mes mains, comme si je ne pouvais pas m'en passer.
mercredi 4 août 2010
Zut alors!
C'était Sa fête. Ses quarante ans. Il allait célébrer ça avec faste. Il y aurait du pâté chinois au menu et au moins une caisse de 24 gratis pour tout le monde qui viendrait le fêter.
Il envoya des courriels un peu partout pendant des semaines et des mois. À tous ses amis, puis à tous ceux et celles qu'ils connaissaient, et enfin à tous les bottins électroniques qu'il trouvait sur le web à force de niaiser.
Le jour de Sa fête, Rigodon, puisqu'il se surnommait ainsi, Rigodon, donc, vêtit ses plus beaux atours: un pantalon presque sans taches et une chemise idoine.
Il cuisina son pâté chinois. Puis il attendit la visite.
Il leur avait donné rendez-vous pour midi.
Midi passa. Personne.
Midi trente. Encore personne.
Treize heures, quatorze heures: aucune créature vivante.
Personne ne vint à Sa fête.
Rigodon mangea une bonne portion de sa mangeoire à pâté chinois.
Puis il but les vingt-quatre bières et finalement se coucha ivre mort.
Ou mort ivre.
Il s'étouffa dans son sommeil avec une boulette de viande.
Et il rendit l'âme, naturellement.
Quarante ans et déjà mort.
Zut alors!
Il envoya des courriels un peu partout pendant des semaines et des mois. À tous ses amis, puis à tous ceux et celles qu'ils connaissaient, et enfin à tous les bottins électroniques qu'il trouvait sur le web à force de niaiser.
Le jour de Sa fête, Rigodon, puisqu'il se surnommait ainsi, Rigodon, donc, vêtit ses plus beaux atours: un pantalon presque sans taches et une chemise idoine.
Il cuisina son pâté chinois. Puis il attendit la visite.
Il leur avait donné rendez-vous pour midi.
Midi passa. Personne.
Midi trente. Encore personne.
Treize heures, quatorze heures: aucune créature vivante.
Personne ne vint à Sa fête.
Rigodon mangea une bonne portion de sa mangeoire à pâté chinois.
Puis il but les vingt-quatre bières et finalement se coucha ivre mort.
Ou mort ivre.
Il s'étouffa dans son sommeil avec une boulette de viande.
Et il rendit l'âme, naturellement.
Quarante ans et déjà mort.
Zut alors!
mardi 3 août 2010
Avant la séance publique
La pièce est remplie de bonnes choses. Menoum menoum. Avant la séance publique, les zigotos s'empiffrent.
-Goûte-moé c'te mousse au saumon mon homme... Y'ont mis des tites z'affaires vartes là... Des crabes e'j'pense...
-Des câpres... cheuf... c'est des câpres... e'l'sais pa'ce qu'mon beau-frère, e'l'grand maillet qui est tou'ours cassé, ben y'aime ça en montrer quand j'ris d'lui pa'ce qu'i' a pas d'char.
-Pas d'char? Ça doé être un béhesse, hein?
-Non. I' travaille pou' j'sais pas quoi... Les bords d'la rivière pis les fossés...
-Ça doé pas y'être une vra' job.
-Pas vraiment une vra' job, non. Pis y'aime ça m'en montrer a'ec ses hosties d'câpres de calice! Pis ses gros livres plates que parsonne lit! Ha! Ha! Pis ses films de répartouâre pis toutes sortes d'enfirouâpages de calice! D'l'opéra machin pis d'la danse de St-Guy! Sacrament! Ma soeur est folle hostie pis est avec un hostie d'trou d'cul. I' chiâle contre toutte. Toutte c'qu'on fait, pour lui, c'est 'ien qu'd'la marde... Les routes, les édifices, e'l'travail: tout l'temps d'la marde! Ça prend une économie calice! Pis c'est pas des pouilleux qui vont nous dire quoi faire!
-Qu'i' mange d'la marde ton beau-frère! Qu'i' mangent d'la marde les pouilleux! On est icitte pour décider!
-Ouin pis l'monde y'i va voter pou' nous z'autres encore pa'ce que l'monde i' lisent pas. Y'assèye d'écrire da livres e'l'beau-frère et pis ça y'i donne quoi hein? Y'a pas faitte une hostie d'cenne en vingt ans! Tou'ours cassé. Pis y'aime pas l'golf!
-Y'aime pas l'golf?
-Pantoute! I' dit qu'ça pollue pis des z'affaires de même...
-Un hostie d'cave ton beau-frère...
-Ouin... Pis i' s'tient a'ec toutes sortes de races pis y'essaye d'en montrer avec des z'affaires qui viennent pas d'icitte! Les câpres, la salade de p'tites billes pis les z'affaires plates mexicaines...
-Les roll-dogs?
-Non pas les roll-dogs... Les j'sais-pas-quoi. Ha! Ha! Ha!
-Ha! Ha! Ha!
Le greffier vient les chercher pour leur rappeler que la séance publique est ouverte. Il n'y a personne dans la salle. Comme d'habitude.
-Goûte-moé c'te mousse au saumon mon homme... Y'ont mis des tites z'affaires vartes là... Des crabes e'j'pense...
-Des câpres... cheuf... c'est des câpres... e'l'sais pa'ce qu'mon beau-frère, e'l'grand maillet qui est tou'ours cassé, ben y'aime ça en montrer quand j'ris d'lui pa'ce qu'i' a pas d'char.
-Pas d'char? Ça doé être un béhesse, hein?
-Non. I' travaille pou' j'sais pas quoi... Les bords d'la rivière pis les fossés...
-Ça doé pas y'être une vra' job.
-Pas vraiment une vra' job, non. Pis y'aime ça m'en montrer a'ec ses hosties d'câpres de calice! Pis ses gros livres plates que parsonne lit! Ha! Ha! Pis ses films de répartouâre pis toutes sortes d'enfirouâpages de calice! D'l'opéra machin pis d'la danse de St-Guy! Sacrament! Ma soeur est folle hostie pis est avec un hostie d'trou d'cul. I' chiâle contre toutte. Toutte c'qu'on fait, pour lui, c'est 'ien qu'd'la marde... Les routes, les édifices, e'l'travail: tout l'temps d'la marde! Ça prend une économie calice! Pis c'est pas des pouilleux qui vont nous dire quoi faire!
-Qu'i' mange d'la marde ton beau-frère! Qu'i' mangent d'la marde les pouilleux! On est icitte pour décider!
-Ouin pis l'monde y'i va voter pou' nous z'autres encore pa'ce que l'monde i' lisent pas. Y'assèye d'écrire da livres e'l'beau-frère et pis ça y'i donne quoi hein? Y'a pas faitte une hostie d'cenne en vingt ans! Tou'ours cassé. Pis y'aime pas l'golf!
-Y'aime pas l'golf?
-Pantoute! I' dit qu'ça pollue pis des z'affaires de même...
-Un hostie d'cave ton beau-frère...
-Ouin... Pis i' s'tient a'ec toutes sortes de races pis y'essaye d'en montrer avec des z'affaires qui viennent pas d'icitte! Les câpres, la salade de p'tites billes pis les z'affaires plates mexicaines...
-Les roll-dogs?
-Non pas les roll-dogs... Les j'sais-pas-quoi. Ha! Ha! Ha!
-Ha! Ha! Ha!
Le greffier vient les chercher pour leur rappeler que la séance publique est ouverte. Il n'y a personne dans la salle. Comme d'habitude.
lundi 2 août 2010
La solidarité revient
La solidarité revient. Pourquoi? Parce que rien ne se bâtit sur le vide. Parce que l'égotisme effréné et le nombrilisme exhaustif sont des valeurs essentiellement nihilistes qui finissent par aspirer leurs zélotes et les transformer en déchets de la logique des chiffres et autres statistiques déshumanisantes.
La solidarité revient parce que toute vie a besoin de sa part d'aventure, de rêve, bref de beauté.
Dix personnes solidaires ont plus de poids dans la société que dix milles personnes qui se mangent la laine sur le dos.
C'est encore et toujours le temps des fleurs. Nous ignorons la peur. Et les lendemains ont un goût de miel.
La solidarité revient parce que toute vie a besoin de sa part d'aventure, de rêve, bref de beauté.
Dix personnes solidaires ont plus de poids dans la société que dix milles personnes qui se mangent la laine sur le dos.
C'est encore et toujours le temps des fleurs. Nous ignorons la peur. Et les lendemains ont un goût de miel.
dimanche 1 août 2010
Le Grand Prix de la bêtise (en rappel)
Mon père est mort le 1er août 1996. Ses funérailles ont eu lieu pendant le Grand Prix de Trois-Rivières. Je vous livre ici, en rappel, une lettre qui a été publiée dans Le Devoir et Le Nouvelliste. Ça s'intitule «Le Grand Prix de la bêtise».
C'est ma manière de lui dire, Pa, aujourd'hui, j'pense encore à toé. Pis hostie que j'te ressemble de plus en plus chaque fois que j'me r'garde dans l'miroir... Pis fuck le Grand Prix, Pa. Fuck Duplessis et leurs imitateurs. Fuck la dictature.
C'est ma manière de lui dire, Pa, aujourd'hui, j'pense encore à toé. Pis hostie que j'te ressemble de plus en plus chaque fois que j'me r'garde dans l'miroir... Pis fuck le Grand Prix, Pa. Fuck Duplessis et leurs imitateurs. Fuck la dictature.