samedi 26 septembre 2009
L'histoire de Ghislain Belhumeur, l'homme le plus timide au monde
Ghislain était le type le plus timide qui soit. Difficile de dire pourquoi. Il n'était pourtant pas laid, bien qu'il n'était pas beau. Comme tout le monde quoi: un visage comme la moyenne des visages, un nez ordinaire, des sourcils pas trop fournis, des cheveux lisses ou frisés selon ce qu'indiquait le baromètre.
Il ne claudiquait pas. Ses oreilles n'étaient pas décollées. Pas de bec de lièvre. Ni de défaut majeur d'élocution. Pour tout dire, il ressemblait un peu à l'artiste de variétés Joël Denis avec vingt-cinq ans de moins. À la différence près qu'il fondait de timidité autant devant les hommes que devant les femmes, d'où l'affirmation préliminaire selon laquelle Ghislain Belhumeur était l'homme le plus timide au monde.
Il traînait sa timidité depuis des années, comme une prison.
À l'école, il n'avait jamais dit un mot plus gros que l'autre. Il avait essayé de se faire oublier, «de se peinturer dans l'coin» comme on dit. Mais comme il est amusant de se moquer des timides, il devint la risée de toute l'école, puis de toute la polyvalente et enfin de tout le cégep.
On le surnommait Boum. Parce que le simple fait d'être en présence d'un humain le terrorisait au point qu'il risquait l'évanouissement. D'où le surnom Boum. Comme dans «Boum! Il est tombé sur le plancher...»
Nous étions quelques-uns, anciens timides pour la plupart, à vouloir lui venir en aide d'une manière ou d'une autre.
-Il faudrait bien que Ghislain rencontre une nénette pour le sucer. Ça le dégénèrerait... hee... Dé-gênerait... En tous 'es cas! I' s'rait ben moins pogné dans ses shorts ciboire!
Le hic, c'est que nous étions tous célibataires et que nous ne connaissions pas de nénette pour nous-mêmes en ces temps-là, sinon Miranda l'entourloupeuse, une fille pas très féminine qui aimait se faire baiser sur de la musique heavy mentale en riant comme une possédée. Elle était laide et plutôt intimidante somme toute. De quoi décourager Ghislain à jamais de tout contact avec la gente féminine.
Donc, nous conclûmes qu'il fallait virer une brosse avec Ghislain dans une discothèque de Québec, loin de tous les regards indiscrets.
Ghislain, évidemment, ne voulait pas déranger et se proposa pour payer l'essence et la nourriture pour tout le monde. Personne ne lui demandait autant et comme nous n'étions pas des rats il n'eut pas à sortir un seul sou noir.
-À soir, Boum, on t'emmène pour se la saouler!
Bien sûr, ça ne se fait pas. Mais Boum était tellement timide que nous ne voulions pas qu'il se passe une corde avec un noeud coulant autour du cou, seul chez-lui dans son placard.
Ce qui fait qu'il y a eu des triples shooters, de la bière à profusion, du pot pis toutes sortes d'affaires pas possibles qu'il n'avait jamais consommées auparavant.
Au bout d'une heure, Boum dansait la java sur la piste de danse en simulant des mouvements de pénétration. Il riait, criait, hurlait et faisait tourner son pelvis dans toutes les directions.
-Rhaaaa!!! Rhooooo! blasphémait-il en dansant comme une bête de sexe qui sent le fond de tonne et la fumée au parfum de mouffette.
-J'veux fourrer tabarnak! ajouta-t-il.
Puis Boum tomba sur la piste de danse, les quatre fers en l'air, sans même avoir fourré.
Il ne tomba pas de timidité.
Il tomba saoul mort. Nous n'étions plus capables de le relever puisque nous étions dans le même état que lui.
Timide ou pas, on ne devrait jamais tout mélanger. Surtout pas la vodka jus de pamplemousse avec de la bière, du vin, du gazon et des champignons qui font rigoler. Trop c'est trop, un moment donné. Et Ghislain, osons-le dire, avait été trop saffe. Il avait beau être timide qu'il aurait pu se contrôler.
Boum a pourtant fini la nuit dans un lit, avec Miranda l'entourloupeuse, qui était avec nous dans l'espoir que l'un d'entre nous la baise d'aplomb. Cette nuit-là, Boum cessa d'être timide et puceau. Il lui mangea la cerise et glissa sa queue bien au chaud dans le nombril de Miranda qui, pendant tout ce temps, chantait Hell's Bells du groupe AC/DC d'une voix qui s'apparentait au grincement d'une poulie dégraissée. Boum criait en faisant gicler sa sauce. Et il recommença le même manège au moins cinq fois, jusqu'à ce qu'il ait terminé sa tournée de toutes les muqueuses possibles et imaginables.
Le lendemain, son regard brillait. Son menton était relevé. Tout à coup, Boum avait de la prestance. Il était avec Miranda. Ils se tenaient tous deux par la taille, s'embrassaient et se pognaient le cul à pleines mains devant nous.
-Merci les gars! déclara-t-il sans bégayer, en fixant son regard dans nos yeux, comme un gars qui sait ce qu'il veut. Merci! Ça fait du bien une bonne brosse!
Il sentait un peu l'aqua vulva.
On a tous ri sous cape, en décapsulant quelques autres bières. Miranda nous a dit que Boum était un sacré baiseur qui la faisait jouir en sacrement. Elle nous proposa de tous la baiser, en autant qu'on mette une capote. Nous nous sommes tous désistés, sauf Boum, qui lui proposa d'autres actes sexuels tous plus dégradants les uns que les autres.
Puis Boum s'est remis à danser la java, avec les amies de Miranda, qui aimaient bien son petit côté timide qui ne l'était plus du tout. Il se défoulait maintenant. Il hurlait. Il criait. Il baisait, enfin. Miranda disait que c'était un guidon, le masculin de guidoune, qui fourrait tout ce qui bouge. Elle disait qu'elle ne s'intéressait plus à lui et nous demandait tout le temps où il était pour aller lui mettre sa main sur les gosses.
Qu'est-il devenu? Je ne le sais pas du tout.
Tout ce que je sais, c'est que Boum était l'homme le plus timide du monde et que la timidité, somme toute, ça se soigne. J'aurais pu me limiter à ne dire que cela que j'aurais écrit quelque chose d'utile pour l'humanité qui souffre.
pour être honnête, je n'ai pas tout lu parce que j'en tiens une bonne, encore une fois. mais il me semble que c'est excellent, comme dans le "d'où l'affirmation préliminaire selon laquelle Ghislain Belhumeur était l'homme le plus timide au monde.", ou tu flirte avec balzac.
RépondreEffacermais disons que je trouve ça obscène, aussi, quelque part. l'exhibition de l'autre plutôt que de soi. tu vois ? bukowski, au milieu de ses draps sales et de son vomi sur l'humanité avait eu cette clairvoyance, me semble, quand une nana à lui lui reprochait de ne parler que de lui-même, dans ses tragédies en calbut, immolé par un petit garçon et son père alors qu'il cherchait un refuge temporel sur le gazon.
il avait répondu "ha! ouais! les gens qui parlent des autres!", puis plus rien après. miroir.
je sais pas si la nana avait compris le DéTAIL. dou you no what ail mean, mister buzard ?
http://www.youtube.com/watch?v=tjY_jB9GeCI
allé, bise gaêtan. tu devrais plus faire gaffe à ce que tu dis et répends, c'est tout. chuis pas lao tseu, mébon...
eat your shit, et le ciel est bleu
... je crois que tu me connais pas, en fait, petit futé
rebise
rebise
Je n'écris pas pour faire de la thérapie de groupe. Chacun son truc.
RépondreEffacerEat your own vomit dude and don't piss me off.
Je veux être "Boum" juste une soirée ! Me semble que se serait libérateur de quelques vieilles inhibitions poussiéreuses que j'ai !
RépondreEffacerAaaahhh... Quel vent de fraîcheur sur ce blogue !
Merci Gaétan !
:-D
Là où il y a des inhibitions il n'y a plus d'ambitions.
RépondreEffacerHé Ho Gaétan ! Il ne faut pas ambitionner avec l'ambition. L'ambition c'est souvent un dernier désir d'expansion d'une baloune avant qu'elle fucking pète !
RépondreEffacerProut !
Un puissant fumier qu'est l'ambition, d'où il pousse toutes sortes de mauvaises herbes... i.e capitalisme... Wall-Street, genre, comme...
l'ambition m'a toujours fait chier, depuis tout jeune.
RépondreEffacerla recherche, je veux bien encore, mais l'ambition, hein...