Le Festival « international » (sic!) de la poésie de Trois-Rivières a toujours été l’un des événements les plus loufoques de la Mauricie. Je souhaite qu'il soit éternel car chaque année amène sa moisson de tirades arrachées par les cheveux, signe que les poètes s'en viennent en ville pour mon plus grand bonheur d'amateur de faits divers.
Premièrement, avouons-le entre nous, la poésie n’est pas un genre littéraire qui demande du génie. Jouer du violon, écrire Les frères Karamazov ou faire des mots croisés en demandent un peu plus. Pour jouer du violon, il faut connaître la musique. Pour faire de la poésie, cela ne demande que de connaître M. Gaston Bellemare. Bien sûr, l'homme n'est pas sans intérêt. Mais avouons qu'il en faut un peu plus pour savoir jouer du violon et écrire des vers à peu près compréhensibles.
M. Gaston Bellemare, président du festival, s’en est pris ces jours derniers à quelques poètes amateurs sympathiques qui se réuniront au bistrot Le Charlot pour réciter des vers en marge du festival. M. Bellemare réplique comme un écrivain officiel de Cuba, grassement subventionné par l’État, pour décréter que seuls les poètes qui publient sont des poètes et que les rustres du Charlot parasitent son festival, pour ne pas dire la poésie.
Parlons-en donc de ce fameux festival de la poésie.
De la poésie, vraiment? Si l’on peut appeler de la poésie ces procédés littéraires fumeux et ces vers à la syntaxe plus que médiocre, preuve irréfutable que l’on peut être publié sans savoir écrire.
M. Bellemare a du culot de dire que seuls les poètes qui publient sont des poètes. Il vient un temps où il est préférable d’adopter un profil bas afin que l’évidence ne saute pas aux yeux.
La ville entière sait qu’il n’y aura de la poésie qu’au Charlot, en octobre. Tout le reste sera constitué de frelaté, de poncifs et de subventions. Untel ira lire ses vers insipides chez St-Hubert BBQ, dans l’indifférence générale. Une autre ira réciter ses comptines à la cafétéria de l’UQTR. (Ça va les faire chier, sachez-le tout de suite!)
On mettra les livres des poètes « invitables » au programme des lectures obligatoires, au Cégep, pour les récompenser de ne pas avoir vendu un seul livre pendant le festival. Heureusement que seuls ceux qui publient sont poètes, aux yeux de M. Bellemare. Il aurait pu être plus sélectif : seuls ceux qui vendent, sans être inscrit au programme des lectures obligatoires au Cégep (cela fausse le jeu, vous ne trouvez pas?) sont des poètes!
La poésie qui émane de ce festival a souvent eu, par le passé, une odeur de conformisme béat, odeur caractéristique des révolutionnaires de salon qui n’ont lu que des livres obligatoires. Ça sent le gras de peau et le poids de l’habitude. Les mots sont empesés, ronflants, maladroits. Bref, c’est de la poésie d’écrivains officiels du régime bureaucratique québécois. C'est une poésie fade qui n’a pas grand pouvoir d’évocation, une poésie soporifique à mettre au programme des lectures obligatoires, au Cégep, pour trouver quelques lecteurs de force… C'est une poésie faite par et pour la rééducation de nos étudiants qui, incidemment, pourraient bien se réunir au Charlot pour réciter de vrais vers, n’importe quoi, pourvu que cela n’ait pas reçu l’imprimatur des Écrits des Forges et que cela ne sonne pas le préfabriqué littéraire.
Tous les poètes, cela dit, sont autoproclamés.
C'est très bien qu'ils s'affrontent.
Je suis convaincu que ça va être cool au Charlot.
Un texte super interessant. Merci de l'avoir aussi partagé sur mon blog.
RépondreEffacer