Affiche de propagande du régime de Vichy
sous l'Occupation Allemande
Une ville, quelque part en France. Un petit parc. Un collabo et une résistante discutent tant bien que mal en ne savourant plus ce qu'ils croyaient un moment de détente. La discussion passe rapidement de la météo à l'Occupation allemande.
Le collabo: Monsieur Hitler ne saurait être pire que ce que l'on dit de lui... Et qui lui en veut tant sinon ceux et celles qui ont toujours tout fait pour faire perdre la France? Juifs, métèques, homos, socialistes, communistes et tous ses paresseux pour qui le travail et l'ordre ne veulent rien dire... Les Français ne travaillent pas assez! Il faudra bien un jour en être LUCIDES!!!
La résistante: Hitler est un sale connard... un clown...
Le collabo: On voit comment la politesse s'envole... En voilà des manières! Est-ce en traitant les gens de clowns que l'on peut discuter avec eux? Où sont tes arguments?
La résistante: Il n'y a pas de discussion possible entre les victimes et leurs bourreaux! Ami, tu n'entends pas le vol noir des corbeaux sur nos plaines?...
Le collabo: Hitler ne saurait être pire que les juifs et les bolcheviques! Après tout, il est Européen et chrétien comme nous, Français! Et le maréchal saura guider la France vers cette Europe nouvelle et resplendissante... La civilisation européenne contre la juiverie internationale, le libéralisme et le bolchevisme!
La résistante: Tu es totalement lessivé mentalement... Je suis sans voix...
Le collabo: Et ça ne m'étonne pas! Tu as le verbe creux quand on te dit tes quatre vérités!
La résistante: En effet. Au lieu de parler, je crois que je ferais sauter un camion de la Gestapo ou bien la rédaction de Je suis partout...
Le collabo: C'est bien ce que j'anticipais! Saboteurs et terroristes! Voilà ce que vous êtes! Tout ça parce que vous êtes amis de la saleté et de la pourriture! Amis de toutes les perversions de l'art ou de la nature! Complices de la plus abjecte des décadences! La peste soit de vous!
La résistante: Attends-toi à voir un jour mon nom inscrit sur une affiche rouge...
Le collabo: Et tu recevras ce que tu mériteras!
La résistante: Je ne mourrai pas agenouillée devant les fascistes!
Le collabo: Ah oui? Elle est bien bonne! Tu t'en vas droit vers le peloton d'exécution! Pan! Pan! Debout ou à genoux c'en sera fini! Ça te fera une belle jambe! Et la vie continuera comme si tu n'avais jamais existé!
La résistante: ...
Le collabo: Qu'est-ce que tu fais?
La résistante: Tu vois bien, je sors une bombe...
Le collabo: Arrête dépose ça! Et si je me faisais attraper avec toi! Es-tu devenue folle? On finirait tous au cachot!
La résistante: Je pensais faire sauter la prison de la Gestapo mais finalement j'ai changé d'idée... Je vais plutôt faire sauter un collabo...
Le collabo: Sors d'ici et que je ne te revois plus jamais! Sinon je te dénoncerai à la police! Comme terroriste!
La résistante: Tu fais ça et mes camarades viennent illico te trancher la gorge.
Le collabo: Vous êtes tous fous! C'est Laval et Darnand qui vont remettre de l'ordre!
La résistante: C'est ça... Cause toujours.
La résistante enfourcha son vélo en prenant bien soin de déposer sa bombe artisanale dans le petit panier accroché à son guidon. Elle alla bien sûr placer sa bombe devant la prison de la Gestapo, tel que promis. La bombe explosa à 14h30 pile. Deux officiers SS y perdirent la vie. Ils s'y trouvaient tout à fait par hasard pour une mission de routine. Malheureusement, cinquante Français triés au hasard furent fusillés par les Allemands, dont le collabo. Il avait eu beau les supplier, leur dire qu'il admirait monsieur Hitler, le maréchal et tous les autres que rien n'y fit. La soldatesque le mena devant le peloton d'exécution avec les quarante-neuf autres victimes anonymes. Et pan! Il mourut.
Il y eut encore un hiver puis un printemps. Puis Paris fût libéré.
La résistante redevint marchande de fleurs.
Et Jean Moulin rentra au Panthéon.
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