Il est connu que les Premiers habitants de l'Île de la Tortue (que les conquistadors ont appelé l'Amérique en l'honneur d'un obscur marin italien) n'utilisaient pas la roue pour se véhiculer.
Ils en connaissaient l'usage mais refusaient de «rouler» sur la Terre sacrée.
Une vieille prophétie, qui circule parmi plusieurs tribus de l'Île de la Tortue, laisse entendre que le monde sera un jour détruit parce qu'on roulerait sur la Terre sacrée.
On peut en rire ou en pleurer. Je ne me fonderai pas sur les prophéties pour argumenter, évidemment. Mais je ressens tout de même du mépris pour les automobiles. Un mépris tellement intense qu'il en devient déraisonnable.
Ce matin, je suis allé voir mon doc à vélo. Sur le boulevard des Forges, direction Nord, j'ai croisé un piéton et un cycliste mais 4000 automobiles sinon plus. Il fait beau et chaud. Les autos pompent l'air. Rajoutent une couche de pollution dans ce même air. Et on se fait klaxonner de rouler à côté de 4000 caves qui polluent sans mauvaise conscience. Mettons 3999. Je sais que vous avez une conscience écologique, vous qui passiez par là ce matin dans votre vieux bazou.
Je passerai encore pour un vieux grincheux.
C'est pourtant ce que je suis.
J'aime autant rouler à vélo.
Ou marcher.
jeudi 31 mai 2018
mercredi 30 mai 2018
La religion barbare des habitants des terres que l'on convoite
On a justifié la colonisation des terres des Sioux en stigmatisant la religion de Sitting Bull, l'homme-médecine qui pratiquait la Ghost Dance qui effrayait tant les Blancs de Washington... C'est pour combattre ces moeurs prétendument «barbares» qu'on a permis à l'armée américaine de massacrer les Sioux comme ils l'ont fait à Wounded Knee.
Et ça continue sous d'autres formes de nos jours.
La religion de ceux dont on convoite les terres ne peut être que répugnante...
mardi 29 mai 2018
J'ai vécu tout près d'l'usine Wabasso quand j'étais un flo
Je vous livre les paroles d'une de mes chansons. Un jour, je vous la chanterai. Je m'accompagne à la guitare et à l'harmonica. C'est du folk.
J'ai vécu tout près d'l'usine Wabasso
Quand j'étais un flo
J'fréquentais l'école St-Jean-d'Bosco
Près d'la Wabasso
Mes amis c't'ait des truands
Y'avaient pas encore dix ans
Qui battaient tous les enfants
Simplement pour passer l'temps
J'étais l'plus bolé d'la ruelle
Quand j'étais un flo
J'savais qu'la vie était cruelle
Près d'la Wabasso
Mes parents m'traînaient église
I' voulaient pas que j'souèye bandit
Que j'vole, que j'tue, que j'vandalise
C'est pas d'même qu'on grandit
Les souvenirs me r'montent dans 'a tête
Du temps que j'étais un flo
On était des jobbers honnêtes
De la Wabasso
Aujourd'hui c'est le printemps
Les pissenlits sèchent dans les champs
Et leur pollen blanc comme la laine
Me rappelle nos joies pis nos peines
On était au coton ! (Au coton!)
Près d'la Wabasso
On était au coton ! (Au coton!)
Près d'la Wabasso
Paroles et musique: Gaétan Bouchard
lundi 28 mai 2018
«L'art, c'est raconter une histoire»
(Vendue/Collection privée) |
Ça pourrait tout aussi bien être autre chose. J'en connais pour qui l'art n'est rien. À moins que vous ne les épatiez avec des chiffres.
Trêve de plaisanteries.
Je me sers de mes histoires pour raconter de l'art.
J'illustre Trois-Rivières depuis ma tendre enfance, par-delà les monts et les vaux, Montréal, Québec, Vancouver et Whitehorse et j'en passe. Et je reviens toujours à Trois-Rivières. Toujours. Parce que c'est comme ça. Cette ville ne veut pas sortir de moi. Même si d'aucuns ont souhaité me sortir de la ville. Tout le monde n'a pas la chance de me connaître. Ceux qui me connaissent savent que je suis un bon djack. Un gentil Guétan. Appelez ça comme vous voulez. Tout le monde m'aime sauf ceux et celles qui ne me connaissent pas. Que voulez-vous qu'on y fasse? Rien et c'est ce que je ferai: rien.
On ne parlait pas de moi et j'ai glissé sur ce sujet comme un cégépien en panne d'imagination. C'est le printemps. Il y a cinquante ans c'était mai 68. Le temps où j'aurais aimé avoir vingt ans. Mais ça c'est une autre affaire. Pour tout bagage on a sa gueule, quand on a vingt ans, pour reprendre Léo Ferré. Et ça ne vous en dit pas plus sur l'art.
C'est que je raconte une histoire même lorsque j'écris.
J'aurais pu me contenter d'écrire que l'art consiste à raconter une histoire.
Ou bien...
«L'art, c'est raconter une histoire.»
Avec de la chance, je recevrais des droits d'«hauteur».
Ce ne sera pas le cas pour cette fois-ci. Je ne connais pas encore le milieu des arts. Je ne connais que mes acheteurs. Ils sont tous très gentils évidemment. C'est ça aussi, l'art. Une relation humaine.
Comment voulez-vous que je déteste quelqu'un qui aime ce que je barbouille?
Ça me fend le coeur pour toujours.
Mon coeur n'a pas de prix. Mais quand on y met vingt-cinq sous, il est pétri de reconnaissance et de gratitude. Parce que je n'aime pas vendre. Parce que je voudrais tout donner. Parce que.
Donc, pour reprendre, l'art raconte une histoire.
Tu joues de l'harmonica? Eh bien ton blues qui couine de ta ruine-babines c'est une histoire, dude.
Idem pour tes contes, tes poèmes, tes affiches, tes bédés, tes toiles, tes sculptures...
On entend le murmure de la multitude, l'écho de mille vies parallèles résonnant dans des univers juxtaposés.
Où en étais-je?
Je ne sais plus.
C'est toujours comme ça lorsque je raconte une histoire...
dimanche 27 mai 2018
Le Dépanneur Roger, véritable institution de la P'tite Pologne
Une autre nouvelle toile. Le Dépanneur Roger. Il est situé sur la rue Williams à Trois-Rivières, dans le quartier communément appelé la P'tite Pologne. Cette authentique institution fête ses 70 ans cette année. C'est ma manière de dire bonne fête Roger.
samedi 26 mai 2018
Les mots
La peinture trahit moins mes états d'âme. Je n'ai vu personne sur cette terre s'étriper pour de la peinture. Mais j'en ai vu des tonnes le faire pour des mots qui ne sont, somme toute, que des grognements latins prononcés avec un accent allemand: le soi-disant génie de la langue française...
Les amateurs de mots vont certainement me morigéner pour cette propension que j'ai de les tarabuster à tout propos pour qu'ils en viennent à me rappeler à mon devoir d'aimer la république des Lettres.
Une phrase comme celle-là devrait les rassurer quant à la pureté de mes intentions. Néanmoins, les mots sont traîtres, tout le temps, et ils s'interprètent tout croche et tout de travers. On pourrait croire que vous êtes hargneux d'avoir choisi tel phrasé alors que vous êtes en train de vous curer le nez en mangeant une sanouiche aux oeufs. Vous ne pourrez pas manger une sanouiche aux oeufs en vous curant le nez si vous êtes en train de peindre Guernica, dussiez-vous vous appeler Pique-Assiette plutôt que Picasso.
Où en étais-je?
Aux mots...
...
...
...
***
Communiquer l'indicible est le privilège du poète. Beaucoup prétendent l'être mais très peu arrivent à communiquer l'indicible dans ce latin bâtard mâtiné de germain qui forme la langue françoise. Françoise étant la vieille appellation de française. C'est pareil pour Thérèse. Avant on disait Théroise. À moins que je ne dise n'importe quoi. Vous n'aurez qu'à googler ça dans vos temps libres. Vous n'apprendrez peut-être rien mais vous tomberez par inadvertance sur une petite vidéo de chat amusante qui vous fera oublier l'objet même de votre recherche. Et ce sera bien tant mieux.
On se casse la tête pour tant de choses. Et on nous la casserait pour deux fois rien. Simplement parce que nous sommes des serfs, je veux dire des cerfs, du gibier quoi.
Écrire vous fait dire n'importe quoi, vous le voyez bien.
Tandis que peindre un âne, c'est un exploit. Parce que les ânes ont de grandes oreilles. Et parce que leurs orteils ne ressemblent pas aux nôtres. C'est comme s'intéresser à autre chose qu'à soi-même. Et c'est reposant.
***
Untel est chroniqueur pour l'empire Québecor. Il nous livre jour après jour son vomi nationaliste et sa complainte du petit Blanc fleurdelisé qui rêve de revoir sa Normandie. Il tient à obliger tout un chacun à marcher au pas de l'oie comme il l'entend parce qu'il est maître chez-nous, c'est-à-dire aussi chez-vous. Il crie sur tous les tons qu'il est victime de la gauche, qu'on le force à se taire, comme les 200 autres chroniqueurs de la province qui pensent comme lui et sont payés rubis sur l'ongle pour dire qu'on les fait taire, ces hosties de crosseurs.
Il est aussi victime des féministes s'il veut encaisser son chèque. Et les races, et les autres religions, il vous montrera qu'elles sont méprisables et qu'elles ne valent pas la nôtre, la plus belle d'entre toutes, la religion nationale, celle qui voudrait que je passe mon temps à me dégraisser le salami dans le drapeau du Québec en hurlant sur tous les tons qu'on veut assassiner les valets de pisse de Québecor. C'est-à-dire ceux et celles qui tiennent si noblement le pot de chambre du monarque qui règne sur sa colonie de cerfs sans panaches.
L'extrême-droite? Haha! N'y pensez pas. Ça n'existe pas au Québec. C'est un complot pour faire moins vendre les produits de Québecor. Il n'y a que des patriotes au Québec. Dont certains sont plus impatients que d'autres face aux «races»...
Que l'on s'appelle les élus d'Odin, les Bons Aryens ou les Chiens Sales de l'Aube Dorée, on trouvera moyen de vous faire passer pour un groupe de citoyens respectueux de l'ordre et des règlements que la police peut tenir par la main en faisant des tatas à la télé.
Voilà.
Les mots, c'est vraiment de la marde. `
***
Je ne sais plus où je voulais en venir et ça importe peu.
J'ai livré mon bout de pensée.
Je retourne à mes pinceaux et à mon art qui me sauvent de cette sale époque.
jeudi 24 mai 2018
mardi 22 mai 2018
Le livre noir des élites québécoises / Professeur Martin Malo
J'ai reçu hier la visite de mon ami et camarade Martin Malo, alias Professeur Martin Malo. Il était de passage à Trois-Rivières hier et il en a profité pour me laisser quelques exemplaires d'un livre de son cru auquel j'ai eu l'insigne honneur de collaborer en tant qu'illustrateur.
Difficile de vous présenter Martin Malo en quelques lignes. En plus d'enseigner, il est porte-parole et président de l'ACCD (Action coalition pour notre Caisse Desjardins). Sa lutte contre les fermetures des Caisses Desjardins, qui devaient à l'origine servir les intérêts des coopérants et petits épargnants, lui a permis de comprendre comment tourne la machine du pouvoir au Québec et comment on fait taire des opposants par toutes sortes de subterfuges.
Ce qui m'a fait collaborer avec lui, bien honnêtement, c'est parce qu'il m'était inconnu et venait de nulle part. C'est une voix citoyenne, comme la mienne, qui veut participer au débat et favoriser la prise de parole et aussi la prise de pouvoir des nouveaux serfs de la communauté. En ce sens, j'y vois un frère de combat, pour ne pas dire un camarade, un terme qui n'est pas que péjoratif, surtout dans le cadre d'une lutte qui rappelle celles menées par d'obscurs militants des droits sociaux tout au cours de l'histoire. L'union fait la force. Et j'ai humblement uni mes dessins à ses textes.
Le livre noir des élites québécoises est le premier d'une trilogie. J'imagine que Martin Malo s'attend à ce que je sois illustrateur aussi pour les deux prochains.
Je vous laisse sur quelques images tirées de mon portable.
Je vous invite à vous procurer le livre de Professeur Martin Malo.
Ceux et celles qui n'aiment pas lire pourront regarder les images.
Quant aux autres, eh bien ils trouveront matière à animer des débats et à réchauffer des luttes sociales sans lesquelles la misère revient en force.
Le livre noir des élites québécoises est disponible ici en ligne ainsi que dans les bonnes librairies.
Difficile de vous présenter Martin Malo en quelques lignes. En plus d'enseigner, il est porte-parole et président de l'ACCD (Action coalition pour notre Caisse Desjardins). Sa lutte contre les fermetures des Caisses Desjardins, qui devaient à l'origine servir les intérêts des coopérants et petits épargnants, lui a permis de comprendre comment tourne la machine du pouvoir au Québec et comment on fait taire des opposants par toutes sortes de subterfuges.
Ce qui m'a fait collaborer avec lui, bien honnêtement, c'est parce qu'il m'était inconnu et venait de nulle part. C'est une voix citoyenne, comme la mienne, qui veut participer au débat et favoriser la prise de parole et aussi la prise de pouvoir des nouveaux serfs de la communauté. En ce sens, j'y vois un frère de combat, pour ne pas dire un camarade, un terme qui n'est pas que péjoratif, surtout dans le cadre d'une lutte qui rappelle celles menées par d'obscurs militants des droits sociaux tout au cours de l'histoire. L'union fait la force. Et j'ai humblement uni mes dessins à ses textes.
Le livre noir des élites québécoises est le premier d'une trilogie. J'imagine que Martin Malo s'attend à ce que je sois illustrateur aussi pour les deux prochains.
Je vous laisse sur quelques images tirées de mon portable.
Je vous invite à vous procurer le livre de Professeur Martin Malo.
Ceux et celles qui n'aiment pas lire pourront regarder les images.
Quant aux autres, eh bien ils trouveront matière à animer des débats et à réchauffer des luttes sociales sans lesquelles la misère revient en force.
Le livre noir des élites québécoises est disponible ici en ligne ainsi que dans les bonnes librairies.
lundi 21 mai 2018
Henri Riri Richer n'aime rien
Henri n'a aucune passion et ne comprend pas que les autres en aient une ou deux de plus que lui. Il aime, bien sûr, la tarte aux pommes et donnerait une cote de 10 sur 10 pour le film Il danse avec les loups. Pas à cause des loups. Mais à cause des images des Plaines de l'Ouest. Il n'y est jamais allé et il trouve ça beau. D'ailleurs, il ne pourrait pas vous nommer un seul acteur de ce film. Et encore moins le film. Il décrit le film et on doit le deviner si vous voyez ce que je veux dire.
Parle, parle, jase, jase et j'en oublie de vous présenter Henri, cet homme sans passion.
Difficile de présenter un summum de néant.
Il pourrait passer pour n'importe qui, Henri, avec ses cheveux courts bruns et son menton normal. Une petite bedaine de bière, comme tout le monde. Ni grand, ni petit. Propriétaire d'un petit commerce de bouts de tuyaux qui lui permet de joindre les deux bouts. Ni riche, ni pauvre. Pas d'enfants. Ni d'épouse. Hétérosexuel oublié dans un garde-robe. Seul mais pas vraiment l'envie de l'être. Pas très propre de sa personne mais ça ne paraît pas trop une fois que les pantalons sont relevés.
Voilà Henri. Henri Richer. Qu'on appelait Riri à l'école. Et qu'on n'appelle jamais depuis. Son téléphone ne sonne que pour ses affaires. Et encore.
Vous vous dites que ça ne se peut pas un gars sans passion, quelqu'un qui ne s'intéresse à rien, même pas à son travail.
Eh bien, pourquoi devrions-nous douter de la sincérité de Henri Riri Richer, hein?
Je le crois sur parole.
Il a bien quelques biens. Comme tout le monde. Mais au fin fond de lui-même: il n'a rien.
C'est lui-même qui le dit.
-J'ai rien. J'aime rien. J'suis rien. J'veux rien.
Ça ne l'empêche pas de vivre. Même le suicide ça ne lui dit rien.
Alors il continue, un jour à la fois, sans espérance, sans but, sans projection.
L'idée de la gloire ne lui a jamais frôlé l'esprit.
Il a abdiqué de tout après que la première fille ait refusé son invitation à danser lors du bal des étudiants en secondaire 5.
Il aurait pu se saouler. Détruire une auto. Escalader l'Everest. Manger de la crème glacée.
Mais ce n'étais pas dans la nature de Henri que d'être excessif.
Alors, il ne fit rien et se jura de ne plus jamais inviter une fille à danser, lors d'un bal ou n'importe quand.
Il finit par se trouver un moyen pour survivre.
Aime-t-il son atelier de bouts de tuyaux?
Non.
Mais ça ne fait rien.
Il n'aime rien.
Ça ou autre chose: c'est pareil.
Riri ne rigole pas avec la vie.
Il est plate en hostie.
Il le sait.
Et ça l'indiffère.
Parle, parle, jase, jase et j'en oublie de vous présenter Henri, cet homme sans passion.
Difficile de présenter un summum de néant.
Il pourrait passer pour n'importe qui, Henri, avec ses cheveux courts bruns et son menton normal. Une petite bedaine de bière, comme tout le monde. Ni grand, ni petit. Propriétaire d'un petit commerce de bouts de tuyaux qui lui permet de joindre les deux bouts. Ni riche, ni pauvre. Pas d'enfants. Ni d'épouse. Hétérosexuel oublié dans un garde-robe. Seul mais pas vraiment l'envie de l'être. Pas très propre de sa personne mais ça ne paraît pas trop une fois que les pantalons sont relevés.
Voilà Henri. Henri Richer. Qu'on appelait Riri à l'école. Et qu'on n'appelle jamais depuis. Son téléphone ne sonne que pour ses affaires. Et encore.
Vous vous dites que ça ne se peut pas un gars sans passion, quelqu'un qui ne s'intéresse à rien, même pas à son travail.
Eh bien, pourquoi devrions-nous douter de la sincérité de Henri Riri Richer, hein?
Je le crois sur parole.
Il a bien quelques biens. Comme tout le monde. Mais au fin fond de lui-même: il n'a rien.
C'est lui-même qui le dit.
-J'ai rien. J'aime rien. J'suis rien. J'veux rien.
Ça ne l'empêche pas de vivre. Même le suicide ça ne lui dit rien.
Alors il continue, un jour à la fois, sans espérance, sans but, sans projection.
L'idée de la gloire ne lui a jamais frôlé l'esprit.
Il a abdiqué de tout après que la première fille ait refusé son invitation à danser lors du bal des étudiants en secondaire 5.
Il aurait pu se saouler. Détruire une auto. Escalader l'Everest. Manger de la crème glacée.
Mais ce n'étais pas dans la nature de Henri que d'être excessif.
Alors, il ne fit rien et se jura de ne plus jamais inviter une fille à danser, lors d'un bal ou n'importe quand.
Il finit par se trouver un moyen pour survivre.
Aime-t-il son atelier de bouts de tuyaux?
Non.
Mais ça ne fait rien.
Il n'aime rien.
Ça ou autre chose: c'est pareil.
Riri ne rigole pas avec la vie.
Il est plate en hostie.
Il le sait.
Et ça l'indiffère.
dimanche 20 mai 2018
Merci camarade Jaggi Singh!
Code criminel canadien |
Des hooligans membres d'organisations aux titres aussi pacifiques que Storm Alliance ou bien La Meute se réunissaient près du poste frontalier de Lacolle pour aller intimider les demandeurs d'asile et autres vagabonds malpropres.
Des citoyens, anarchistes pour la plupart puisque le courage fait parfois défaut chez les sociaux-démocrates, ont bloqué pendant un moment une portion de l'autoroute 15. Ils croyaient que c'était nécessaire d'aviser les citoyens que des groupes d'extrême-droite comme Storm Alliance (dont l'acronyme SA rappelle celui des Sections d'assaut d'Adolf Hitler) et la Meute (un rappel de quelque chose qui mord comme un berger allemand) ne représentaient pas les valeurs de notre communauté.
Jaggi Singh a été arrêté. C'est vrai qu'il a l'air d'un étranger. On n'était pas pour arrêter Éric ou André de Storm Alliance. D'autant plus qu'ils collaborent avec les policiers pour que tout se fasse dans l'ordre, comme en 1933.
La semaine dernière, à Montréal, des étrangers à la peau basanée ont aussi manifesté devant un édifice qui héberge un représentant international de l'extrême-droite qui assume Hitler et ses idées nauséeuses. Des policiers séparaient les deux groupes qui s'affrontaient puisque des militants d'extrême-droite y étaient bien entendu. Ils portaient des bâtons de baseball et des barres de fer. Et que faisaient les policiers? Ils protégeaient les nazis armés des méchants anarchistes désarmés. Sans penser à désarmer les nazis...
Nous en sommes rendus là. On arrête les honnêtes citoyens qui partagent les plus hautes valeurs de notre pays pour sauver une poignée de nazillons détestables qui flirtent avec les articles 318 et 319 du Code criminel canadien qui interdisent la propagande haineuse, l'appel au génocide et menacent de 5 ans de prison les propagandistes.
Vous croyez que j'exagère? Il y en qui croyaient qu'on exagérait Hitler et sa vocation pour le Mal alors qu'il remplissait des trains entiers de passagers pour un aller sans retour vers les camps de la Mort.
On minimise la menace de l'extrême-droite.
Un anarchiste comme Jaggi Singh la prend au sérieux et, dans ce contexte, je ne puis que l'appeler mon camarade.
Honte aux représentants de l'ordre de ne pas savoir distinguer un citoyen exemplaire d'une «raclure de poubelle mini-hitlérienne» pour reprendre l'expression du poète Claude Gauvreau.
Merci camarade Jaggi Singh et merci à tous les autres manifestants et manifestantes de représenter ma voix et mon indignation face à ces mauvaises gens qui s'en prennent à de pauvres gens.
jeudi 17 mai 2018
Parce que nous ne sommes pas cannibales
Lorsque l'on n'éprouve aucune satisfaction à faire souffrir les autres on se place tout de suite en position d'être marginalisé même si l'on ne fait pas partie des victimes.
Il y a une logique inhérente à la joie de faire souffrir autrui.
Je dirais même que les gens méchants se donnent toute la logique du monde pour continuer.
De sorte qu'il ne nous reste que des émotions, des sentiments et des états d'âme pour les combattre.
Ce n'est pas beaucoup.
Mais ce n'est pas rien.
C'est toute la différence entre vivre comme des cannibales qui s'entre-dévorent les uns les autres ou bien vivre ensemble, en toute quiétude.
mercredi 16 mai 2018
mardi 15 mai 2018
Gendron
Gendron est un gars assez solide sur ses deux pieds avec de la gélatine à la place du cerveau.
Il ressemble à Omer Simpson en plus chevelu.
Il a longtemps étudié la philosophie, la psychologie et la théologie à l'université. Si longtemps qu'il en est resté avec des séquelles.
C'était pourtant le gars le plus sage du monde lorsqu'il était rentré à l'université au mois d'août 1977. C'était un étudiant studieux, célibataire, à ses affaires.
Tout a pété après avoir rencontré Linda. Puis France.
Gendron est tombé follement amoureux.
Linda puis France n'ont rien voulu savoir. Elles trouvaient Gendron trop space.
Gendron s'est enfoncé dans l'alcool et les autres drogues pour montrer qu'il n'était pas qu'un gars sage et sérieux.
Puis il s'est de plus en plus défoncé.
Jusqu'à devenir une loque parmi tant d'autres qui faisait de la free-base.
Il était fort sur la poudre, Gendron, et de plus en plus parano.
Il passait la majeure partie de son temps à se geler tout seul dans son minuscule logement, regardant par la fenêtre avec anxiété tout en grinçant des dents.
Le hic, c'est qu'il voyait les fonctionnaires du bureau d'aide sociale travailler juste en face de sa fenêtre. C'était d'ailleurs tout ce qu'il voyait puisque l'édifice gouvernemental occupait tout son champ de vision.
Et Gendron capotait évidemment.
Il passa cinq ans à se geler en pensant que tous ces fonctionnaires travaillaient sur son cas.
Cinq ans d'enfer dans la plus authentique et subliminale des paranoïas.
Ce sont les pompiers qui le tirèrent de là après qu'il eut mis le feu à son logement.
Depuis ce temps-là, Gendron a cessé de consommer.
Il fume quatre paquets de cigarettes par jour.
Il boit trois cafetières.
Mais il ne consomme plus.
La coke lui faisait faire de la paranoïa.
Alors que maintenant, assis à sa fenêtre toute la journée, avec sa cigarette et son café, Gendron ne ressent plus de vibrations négatives. Ni de positives d'ailleurs. Il est seulement là et il attend de crever, comme tout le monde, sans s'imaginer toutes sortes de scénarios capotés.
Il ressemble à Omer Simpson en plus chevelu.
Il a longtemps étudié la philosophie, la psychologie et la théologie à l'université. Si longtemps qu'il en est resté avec des séquelles.
C'était pourtant le gars le plus sage du monde lorsqu'il était rentré à l'université au mois d'août 1977. C'était un étudiant studieux, célibataire, à ses affaires.
Tout a pété après avoir rencontré Linda. Puis France.
Gendron est tombé follement amoureux.
Linda puis France n'ont rien voulu savoir. Elles trouvaient Gendron trop space.
Gendron s'est enfoncé dans l'alcool et les autres drogues pour montrer qu'il n'était pas qu'un gars sage et sérieux.
Puis il s'est de plus en plus défoncé.
Jusqu'à devenir une loque parmi tant d'autres qui faisait de la free-base.
Il était fort sur la poudre, Gendron, et de plus en plus parano.
Il passait la majeure partie de son temps à se geler tout seul dans son minuscule logement, regardant par la fenêtre avec anxiété tout en grinçant des dents.
Le hic, c'est qu'il voyait les fonctionnaires du bureau d'aide sociale travailler juste en face de sa fenêtre. C'était d'ailleurs tout ce qu'il voyait puisque l'édifice gouvernemental occupait tout son champ de vision.
Et Gendron capotait évidemment.
Il passa cinq ans à se geler en pensant que tous ces fonctionnaires travaillaient sur son cas.
Cinq ans d'enfer dans la plus authentique et subliminale des paranoïas.
Ce sont les pompiers qui le tirèrent de là après qu'il eut mis le feu à son logement.
Depuis ce temps-là, Gendron a cessé de consommer.
Il fume quatre paquets de cigarettes par jour.
Il boit trois cafetières.
Mais il ne consomme plus.
La coke lui faisait faire de la paranoïa.
Alors que maintenant, assis à sa fenêtre toute la journée, avec sa cigarette et son café, Gendron ne ressent plus de vibrations négatives. Ni de positives d'ailleurs. Il est seulement là et il attend de crever, comme tout le monde, sans s'imaginer toutes sortes de scénarios capotés.
Le manteau
«Il y avait donc dans une chancellerie un homme, un employé qui, je ne puis le cacher, était d’un extérieur assez insignifiant. De petite taille, il avait le visage quelque peu grêlé, les cheveux quelque peu rouges, le crâne passablement chauve, les tempes et les joues sillonnées de rides, sans compter les autres imperfections. Tel était le portrait de notre héros, comme l’avait fait le climat de Saint-Pétersbourg.»
Nicolas Gogol, Le manteau
Le manteau de Jocelyn était devenu gris, sale et élimé. Il n'était pas particulièrement coquet mais là il avait l'impression de s'enfoncer dans la dèche. Tout son linge était troué. Et ses espadrilles aussi. Ce gars dans la quarantaine grisonnante avait la sale impression de ne plus être de la partie pour se trouver un emploi ou bien une blonde avec ses vieilles nippes dégueulasses. De petite taille, il avait une face d'ananas, les cheveux effilochés, la boîte à poux dégarnie, l'air imparfait. Ce n'était pas un héros et il vivait sous un climat trop chaud, trop froid, bref trop humide.
Un miracle survint comme il en survient rarement.
Jocelyn s'était trouvé un job sous-payé pour une compagnie de livraisons des produits Woufwouf. C'était de la bouffe pour chiens distribuée sur un large territoire qui s'étend de l'Estrie jusqu'au fin fond de la Minganie. Il livrait avec un petit camion-cube. Et, comble de bonheur, il avait droit à un tee-shirt Woufwouf, une calotte Woufwouf et un manteau Woufwouf. Il était équipé de la tête aux pieds par Woufwouf.
Du coup, sa vie s'améliora.
Jocelyn eut l'air moins pauvre.
On voyait que c'était un gars sérieux. Un gars à qui l'on confie un volant et un bel uniforme. Ce qui l'aidait à mieux se sentir en confiance.
Il avait l'air propre avec son uniforme Woufwouf.
Il en avait même un pour toutes les saisons. C'était tout simplement génial.
Puis, le malheur revint.
Jocelyn perdit son emploi en raison d'une restructuration des produits Woufwouf.
On lui reprit le manteau Woufwouf mais on lui laissa le tee-shirt puisqu'il avait un peu trop pué dedans.
Jocelyn retrouva son vieux manteau élimé et sale.
Il attendit son chômage.
Il fouilla dans les bacs bleus pour trouver des contenants consignés.
Ça payait ses cigarettes.
Et son baloney.
samedi 12 mai 2018
vendredi 11 mai 2018
Quand j'étais puceau
J'ai déjà été puceau. On l'a tous été un jour et d'autres le sont encore. On ne choisit pas toujours sa situation. Et on n'est pas toujours choisi à la loterie de l'amour.
Du temps où j'étais puceau j'ai pensé moi aussi que j'étais le garçon le plus sympathique du monde, sérieux comme un pape, bourré de talent, de quoi se faire pâmer une princesse... Mais les princesses ne voulaient pas de moi. D'autant plus que je ne savais pas quoi leur dire. Cela finissait par sortir tout croche et tout de travers comme une catastrophe.
La première fois que j'ai dit je t'aime à une femme j'étais saoul. Je m'étais saoulé toute la veille et je l'avais appelé au matin, en relevant de brosse, pour lui dire au téléphone que je l'aimais. Évidemment, cela n'a pas marché du tout. J'ai passé pour un type un peu bizarre aux yeux de la fille en question qui est tout de même demeurée mon amie par charité chrétienne...
Comme tant d'autres célibataires, je me suis surpris à penser que les femmes n'aimaient que les salauds et détestaient les gentlemen. J'étais puceau. Aussi bien dire que j'étais stupide.
Une femme s'est intéressée à moi. Puis une autre. Et, enfin, je ne fus plus puceau. Je jure que je volais, comme le chantait Jacques Brel dans Mon enfance.
J'ai réalisé que les femmes ne détestaient pas les gentlemen.
Elles ne peuvent tout simplement pas aimer quelqu'un qui ne s'aime pas lui-même.
Ni passer du temps à s'ennuyer avec quelqu'un alors que tout un chacun peut très bien faire ça tout seul.
C'est moi qui étais dans l'erreur. J'étais jeune. J'étais puceau.
Une fois que j'eus accès à la magie des femmes et de l'amour, j'avoue que ma vie n'a plus jamais été la même. Elle s'est nettement améliorée. Je n'ai plus jamais été habité par le désespoir de la solitude. Et j'ai cessé d'être centré sur moi.
Et, oui, j'ai été aimé des femmes. Et me sens privilégié de l'être encore par une seule qui compte à mes yeux plus que toutes les autres. Cela m'empêche d'être tout à fait aigri, amer et triste. La femme, et ma femme par-dessus tout, est mon rayon de soleil, la seule quête qui importe par-dessus toutes les autres. Le reste, c'est pour passer le temps. Ou le tuer.
À vrai dire, je n'ai rien connu de pire dans la vie que d'être puceau. Et je ne parlerai évidemment que pour moi-même.
Et je n'ai rien connu de mieux que tout ce dont rêve le puceau en pensant que cela ne doit pas vraiment exister.
***
L'attentat de Toronto a été commis par un type qui glorifiait les Incels, les célibataires involontaires, un genre de groupe Facebook pour puceaux qui se masturbent virtuellement en groupe pour se décharger de leurs insanités mentales.
Je ne sais pas comment traiter les puceaux.
Je sais seulement qu'on demeure puceau quand on ne sait pas parler au sujet de notre désir.
Le silence et la prostration ne mènent à rien en matière d'amour et même de sexe.
***
J'oubliais d'ajouter que j'ai cessé d'être puceau à la même période où je prenais mon premier buvard de LSD. Je n'en consomme plus depuis longtemps, soyez sans crainte, mais je serais malhonnête de ne pas dire que cela m'a peut-être délivré du pire. Mon vieux Moi a pris un coup après mon premier trip d'acide et n'est jamais revenu comme avant.
On me reprocherait de faire la promotion des psychotropes si j'allais plus loin.
On ne me reprocherait pas d'avoir prié...
Quel monde étrange.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour enfin péter sa coquille et ouvrir ses ailes.
Du temps où j'étais puceau j'ai pensé moi aussi que j'étais le garçon le plus sympathique du monde, sérieux comme un pape, bourré de talent, de quoi se faire pâmer une princesse... Mais les princesses ne voulaient pas de moi. D'autant plus que je ne savais pas quoi leur dire. Cela finissait par sortir tout croche et tout de travers comme une catastrophe.
La première fois que j'ai dit je t'aime à une femme j'étais saoul. Je m'étais saoulé toute la veille et je l'avais appelé au matin, en relevant de brosse, pour lui dire au téléphone que je l'aimais. Évidemment, cela n'a pas marché du tout. J'ai passé pour un type un peu bizarre aux yeux de la fille en question qui est tout de même demeurée mon amie par charité chrétienne...
Comme tant d'autres célibataires, je me suis surpris à penser que les femmes n'aimaient que les salauds et détestaient les gentlemen. J'étais puceau. Aussi bien dire que j'étais stupide.
Une femme s'est intéressée à moi. Puis une autre. Et, enfin, je ne fus plus puceau. Je jure que je volais, comme le chantait Jacques Brel dans Mon enfance.
J'ai réalisé que les femmes ne détestaient pas les gentlemen.
Elles ne peuvent tout simplement pas aimer quelqu'un qui ne s'aime pas lui-même.
Ni passer du temps à s'ennuyer avec quelqu'un alors que tout un chacun peut très bien faire ça tout seul.
C'est moi qui étais dans l'erreur. J'étais jeune. J'étais puceau.
Une fois que j'eus accès à la magie des femmes et de l'amour, j'avoue que ma vie n'a plus jamais été la même. Elle s'est nettement améliorée. Je n'ai plus jamais été habité par le désespoir de la solitude. Et j'ai cessé d'être centré sur moi.
Et, oui, j'ai été aimé des femmes. Et me sens privilégié de l'être encore par une seule qui compte à mes yeux plus que toutes les autres. Cela m'empêche d'être tout à fait aigri, amer et triste. La femme, et ma femme par-dessus tout, est mon rayon de soleil, la seule quête qui importe par-dessus toutes les autres. Le reste, c'est pour passer le temps. Ou le tuer.
À vrai dire, je n'ai rien connu de pire dans la vie que d'être puceau. Et je ne parlerai évidemment que pour moi-même.
Et je n'ai rien connu de mieux que tout ce dont rêve le puceau en pensant que cela ne doit pas vraiment exister.
***
L'attentat de Toronto a été commis par un type qui glorifiait les Incels, les célibataires involontaires, un genre de groupe Facebook pour puceaux qui se masturbent virtuellement en groupe pour se décharger de leurs insanités mentales.
Je ne sais pas comment traiter les puceaux.
Je sais seulement qu'on demeure puceau quand on ne sait pas parler au sujet de notre désir.
Le silence et la prostration ne mènent à rien en matière d'amour et même de sexe.
***
J'oubliais d'ajouter que j'ai cessé d'être puceau à la même période où je prenais mon premier buvard de LSD. Je n'en consomme plus depuis longtemps, soyez sans crainte, mais je serais malhonnête de ne pas dire que cela m'a peut-être délivré du pire. Mon vieux Moi a pris un coup après mon premier trip d'acide et n'est jamais revenu comme avant.
On me reprocherait de faire la promotion des psychotropes si j'allais plus loin.
On ne me reprocherait pas d'avoir prié...
Quel monde étrange.
Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour enfin péter sa coquille et ouvrir ses ailes.
mercredi 9 mai 2018
L'indifférence est une paralysie de l'âme
Je suis tombé par hasard sur une citation de Anton Tchekhov.
C'est tiré de sa nouvelle intitulée Une banale histoire.
«L'indifférence est une paralysie de l'âme, une mort prématurée.»
Je ne peux m'empêcher ensuite de penser à l'engouement qu'on peut avoir pour les séries mettant en scène des morts-vivants.
J'y vois une métaphore de nos vies de décérébrés, errant sans but dans le monde avec nulle autre prétention que de manger d'autres êtres humains sans se questionner.
Peut-être que je m'exprime comme un vieux gnochon.
C'est dur à dire.
Le fait demeure que j'assiste parfois à des formes d'extinction de l'amour et de l'empathie.
Certains ont des ego gros comme l'univers et l'empathie d'une crotte.
Le malheur c'est que notre époque semble propice à la reproduction de ces ego. On les place dans les plus hautes fonctions, au détriment de tous.
L'époque roule pour les ego froids et stupides, pour ne pas dire indifférents.
Cela génère des armées de larbins marchant comme des zombies dans les eaux sales du capitalisme sauvage.
Devant tous ces malheurs, il importe de résister.
De ne pas se laisser abattre par la fatuité.
Les zéros finissent toujours par s'effacer.
Les nullités aussi.
Avoir un coeur est une qualité.
Tous ceux et celles qui prétendent le contraire sont morts prématurément et ne le savent pas encore.
Comme dirait l'autre dont le nom m'échappe, on peut mourir à vingt ans et être enterré à quatre-vingts.
Voilà. Et vivent les vivants bon sang!
C'est tiré de sa nouvelle intitulée Une banale histoire.
«L'indifférence est une paralysie de l'âme, une mort prématurée.»
Je ne peux m'empêcher ensuite de penser à l'engouement qu'on peut avoir pour les séries mettant en scène des morts-vivants.
J'y vois une métaphore de nos vies de décérébrés, errant sans but dans le monde avec nulle autre prétention que de manger d'autres êtres humains sans se questionner.
Peut-être que je m'exprime comme un vieux gnochon.
C'est dur à dire.
Le fait demeure que j'assiste parfois à des formes d'extinction de l'amour et de l'empathie.
Certains ont des ego gros comme l'univers et l'empathie d'une crotte.
Le malheur c'est que notre époque semble propice à la reproduction de ces ego. On les place dans les plus hautes fonctions, au détriment de tous.
L'époque roule pour les ego froids et stupides, pour ne pas dire indifférents.
Cela génère des armées de larbins marchant comme des zombies dans les eaux sales du capitalisme sauvage.
Devant tous ces malheurs, il importe de résister.
De ne pas se laisser abattre par la fatuité.
Les zéros finissent toujours par s'effacer.
Les nullités aussi.
Avoir un coeur est une qualité.
Tous ceux et celles qui prétendent le contraire sont morts prématurément et ne le savent pas encore.
Comme dirait l'autre dont le nom m'échappe, on peut mourir à vingt ans et être enterré à quatre-vingts.
Voilà. Et vivent les vivants bon sang!
mardi 8 mai 2018
Il sèche
Êtes-vous plutôt ceci ou plutôt cela?
Lui n'est ni l'un ni l'autre.
Qui est-il? Il ne le sait pas lui-même.
Et il ne cherche même plus à le savoir.
Il marche. D'un point à l'autre. Ce n'est pas toujours lui qui décide du trajet. Mais la plupart du temps ça ne varie pas trop. Il en a pris ses habitudes. Et ça n'intéresse personne.
Il ne vend rien.
Il ne se vend même pas lui-même.
Il ne se vante pas.
Il est comme le bois mort qui sèche sur le rivage.
Sauf qu'il n'y a pas de rivage.
Il n'y a que lui dans le rôle du bois mort qui sèche.
On l'oublie même dans les statistiques.
Et on lui refile un chèque par mois.
Le reste du temps, bien sûr qu'il sèche.
Il sèche.
Il sèche.
Oui il sèche.
Je ne sais pas son nom.
Personne ne veut savoir son nom.
Il a de grosses lunettes de cornes.
Il a l'air d'un puceau.
Il est déjà vieux mais c'est comme s'il avait encore 16 ans.
Il vit dans une chambre avec une toilette partagée par trois autres chambreurs.
Il a son petit frigo et même un petit lavabo.
Il a une vieille télé et un vieux radio.
Et une Bible. Il lit la Bible.
C'est le seul livre qu'il lit.
Et même qu'il ne le lit pas vraiment.
Il l'ouvre au hasard pour y trouver une raison de changer quelque chose.
Et rien ne change.
Jamais.
Lui n'est ni l'un ni l'autre.
Qui est-il? Il ne le sait pas lui-même.
Et il ne cherche même plus à le savoir.
Il marche. D'un point à l'autre. Ce n'est pas toujours lui qui décide du trajet. Mais la plupart du temps ça ne varie pas trop. Il en a pris ses habitudes. Et ça n'intéresse personne.
Il ne vend rien.
Il ne se vend même pas lui-même.
Il ne se vante pas.
Il est comme le bois mort qui sèche sur le rivage.
Sauf qu'il n'y a pas de rivage.
Il n'y a que lui dans le rôle du bois mort qui sèche.
On l'oublie même dans les statistiques.
Et on lui refile un chèque par mois.
Le reste du temps, bien sûr qu'il sèche.
Il sèche.
Il sèche.
Oui il sèche.
Je ne sais pas son nom.
Personne ne veut savoir son nom.
Il a de grosses lunettes de cornes.
Il a l'air d'un puceau.
Il est déjà vieux mais c'est comme s'il avait encore 16 ans.
Il vit dans une chambre avec une toilette partagée par trois autres chambreurs.
Il a son petit frigo et même un petit lavabo.
Il a une vieille télé et un vieux radio.
Et une Bible. Il lit la Bible.
C'est le seul livre qu'il lit.
Et même qu'il ne le lit pas vraiment.
Il l'ouvre au hasard pour y trouver une raison de changer quelque chose.
Et rien ne change.
Jamais.
lundi 7 mai 2018
Orignaux et désaxés
Diane Arbus, née Diane Nemerov, est une photographe de mode qui s'est progressivement tournée vers la photographie des rues et des personnages excentriques de New-York. Ses portraits sont encore d'actualité. On sent l'intensité de la vie derrière ses portraits de marginaux, transsexuels, nudistes, femmes à barbe et j'en passe. Bien plus que derrière une photo de mode: c'est beau mais c'est mort.
Louis-Honoré Fréchette me semble un maître de notre littérature pour la même raison que j'attribuerais ce titre à Diane Arbus pour la photographie. Ce ne sont pas les poèmes de Louis Fréchette qui ont soulevé mon intérêt et ma passion pour son oeuvre. En fait, tout l'intérêt que je lui porte est fondé sur Originaux et détraqués ainsi que sur ses fameux Contes de Jos Violon. Ses vers patriotiques et tout le reste: zéro intérêt. Mais ses contes! Ses histoires! Ça c'est du vivant. Et ça gigote encore après plus de 130 ans.
Fréchette a d'ailleurs fréquenté Mark Twain, un autre excellent conteur d'histoires. Peut-être se sont-ils influencés l'un l'autre. Peut-être que Fréchette passe pour un auteur secondaire comparé à la verve et à l'influence de Mark Twain. Mais bon, c'est un bon départ pour notre littérature. Enfin, avec Fréchette, trouvait-on quelqu'un pour tenter de la décoincer. Et de la décoincer comment? En faisant le portrait des originaux, marginaux et détraqués.
Je dis ça parce que je fais pareil.
On aime si facilement ce que l'on est. Je ne vaux pas mieux que les autres sur ce point.
En tout cas, je prends pour modèles artistiques ceux et celles qui ont su faire le portrait des exclus plutôt que de peindre la gloire toxique des bourreaux et des conquérants.
Je ne me vois pas faire autrement.
Je collectionne les visages étranges, les événements grotesques, les saillies vulgaires.
L'attrait que j'ai pour les exclus provient sans doute de mon propre sentiment d'exclusion.
Je suis un intellectuel. Un anarchiste. Un emmerdeur seulement pour ceux qui ne se sentent pas exclus. Les autres m'apprécient pour une raison qui m'échappe. Comme si je me battais à leurs côtés. Ce que je fais sans doute. Je ne m'en rends pas compte. Je pense naïvement qu'on peut tout dire. Qu'il n'y a pas de règles ou de conventions pour empêcher quelqu'un de réussir. Je dirais même que ceux qui ne suivent que les règles ou les conventions ne réussissent rien dans la vie, sinon de ne pas échouer: ils flottent, bien entendu, et ne coulent jamais. Mais pour quoi faire?
J'aime les originaux et les détraqués, c'est certain, et je parierais même que je suis fou, ne serait-ce que pour rassurer les gens normaux quant à leurs choix de vie.
Je me sens bien avec les fous.
Je me sens toujours mal à l'aise avec des gens sérieux qui jettent sur le monde un regard pontifiant de mépris.
Je me sens à l'étroit avec ceux qui se demandent ce que les autres vont penser d'eux-mêmes s'ils s'habillent de telle manière ou disent un gros mot comme caca ou prout.
Ces pressions-là, je m'en rends bien compte, doivent être combattues en faisant comme si elles n'existaient pas. Il faut laisser aller sa folie. Créer en puisant à sa source. Refuser de produire des oeuvres insipides et sans vie qui s'empêtrent dans des détails insignifiants par manque d'empathie.
***
Ça fait une semaine que je le vois partout. Il ressemble à Frankenstein. Et je ne fais même pas des farces. Il a une tête énorme, chevelue, presqu'une tête de rasta aux traits qui rappellent ceux de Boris Karloff. Il n'a pas de sourcils et pas de cils. Ses yeux semblent flotter sur un visage vide. Il boite d'une jambe qu'il traîne lamentablement sur le trottoir en la ramenant parfois d'une main.
On ne peut pas le rater. On le voit une seule fois et on s'en rappelle toute sa vie.
Il a peut-être l'intellect d'un enfant de 10 ans dans le corps magané d'un bonhomme de 40 ans.
Il est gentil, pas dangereux pour deux sous, plutôt serviable et généreux même s'il n'a rien, mais on retient surtout qu'il fait peur à prime abord.
Voilà pourquoi vous le verrez prochainement sur l'une de mes toiles ou bien dans l'un de mes contes.
Je ne peux pas le laisser filer aussi facilement.
***
Trois-Rivières est une mine d'or pour y trouver des tas d'originaux et détraqués. Je dirais que c'est un titre qu'elle partage avec La Malbaie. J'y étais depuis cinq minutes, à La Malbaie, que j'en avais déjà croisé cinq.
Hier, je suis allé chercher des trucs à la pharmacie.
Comme je viens pour traverser la rue, voilà que j'entends venir un cycliste. Il faisait un bruit du tonnerre. Cela provenait de sa roue arrière qui était dépourvue de pneu. Il roulait directement sur le cadre de roue et cela faisait presque des étincelles sur l'asphalte.
J'ai senti que je vivais dans un quartier pauvre à ce moment-là.
Comme si j'étais dans une vidéo du YouTubber Antoine Daniel. Du genre «c'est normal en Russie». Sauf que ça se passe dans Ste-Cécile. C'est normal dans Ste-Cécile, à Trois-Rivières, de rouler sur les rims de bicycles...
***
Voilà.
Louis-Honoré Fréchette me semble un maître de notre littérature pour la même raison que j'attribuerais ce titre à Diane Arbus pour la photographie. Ce ne sont pas les poèmes de Louis Fréchette qui ont soulevé mon intérêt et ma passion pour son oeuvre. En fait, tout l'intérêt que je lui porte est fondé sur Originaux et détraqués ainsi que sur ses fameux Contes de Jos Violon. Ses vers patriotiques et tout le reste: zéro intérêt. Mais ses contes! Ses histoires! Ça c'est du vivant. Et ça gigote encore après plus de 130 ans.
Fréchette a d'ailleurs fréquenté Mark Twain, un autre excellent conteur d'histoires. Peut-être se sont-ils influencés l'un l'autre. Peut-être que Fréchette passe pour un auteur secondaire comparé à la verve et à l'influence de Mark Twain. Mais bon, c'est un bon départ pour notre littérature. Enfin, avec Fréchette, trouvait-on quelqu'un pour tenter de la décoincer. Et de la décoincer comment? En faisant le portrait des originaux, marginaux et détraqués.
Je dis ça parce que je fais pareil.
On aime si facilement ce que l'on est. Je ne vaux pas mieux que les autres sur ce point.
En tout cas, je prends pour modèles artistiques ceux et celles qui ont su faire le portrait des exclus plutôt que de peindre la gloire toxique des bourreaux et des conquérants.
Je ne me vois pas faire autrement.
Je collectionne les visages étranges, les événements grotesques, les saillies vulgaires.
L'attrait que j'ai pour les exclus provient sans doute de mon propre sentiment d'exclusion.
Je suis un intellectuel. Un anarchiste. Un emmerdeur seulement pour ceux qui ne se sentent pas exclus. Les autres m'apprécient pour une raison qui m'échappe. Comme si je me battais à leurs côtés. Ce que je fais sans doute. Je ne m'en rends pas compte. Je pense naïvement qu'on peut tout dire. Qu'il n'y a pas de règles ou de conventions pour empêcher quelqu'un de réussir. Je dirais même que ceux qui ne suivent que les règles ou les conventions ne réussissent rien dans la vie, sinon de ne pas échouer: ils flottent, bien entendu, et ne coulent jamais. Mais pour quoi faire?
J'aime les originaux et les détraqués, c'est certain, et je parierais même que je suis fou, ne serait-ce que pour rassurer les gens normaux quant à leurs choix de vie.
Je me sens bien avec les fous.
Je me sens toujours mal à l'aise avec des gens sérieux qui jettent sur le monde un regard pontifiant de mépris.
Je me sens à l'étroit avec ceux qui se demandent ce que les autres vont penser d'eux-mêmes s'ils s'habillent de telle manière ou disent un gros mot comme caca ou prout.
Ces pressions-là, je m'en rends bien compte, doivent être combattues en faisant comme si elles n'existaient pas. Il faut laisser aller sa folie. Créer en puisant à sa source. Refuser de produire des oeuvres insipides et sans vie qui s'empêtrent dans des détails insignifiants par manque d'empathie.
***
Ça fait une semaine que je le vois partout. Il ressemble à Frankenstein. Et je ne fais même pas des farces. Il a une tête énorme, chevelue, presqu'une tête de rasta aux traits qui rappellent ceux de Boris Karloff. Il n'a pas de sourcils et pas de cils. Ses yeux semblent flotter sur un visage vide. Il boite d'une jambe qu'il traîne lamentablement sur le trottoir en la ramenant parfois d'une main.
On ne peut pas le rater. On le voit une seule fois et on s'en rappelle toute sa vie.
Il a peut-être l'intellect d'un enfant de 10 ans dans le corps magané d'un bonhomme de 40 ans.
Il est gentil, pas dangereux pour deux sous, plutôt serviable et généreux même s'il n'a rien, mais on retient surtout qu'il fait peur à prime abord.
Voilà pourquoi vous le verrez prochainement sur l'une de mes toiles ou bien dans l'un de mes contes.
Je ne peux pas le laisser filer aussi facilement.
***
Trois-Rivières est une mine d'or pour y trouver des tas d'originaux et détraqués. Je dirais que c'est un titre qu'elle partage avec La Malbaie. J'y étais depuis cinq minutes, à La Malbaie, que j'en avais déjà croisé cinq.
Hier, je suis allé chercher des trucs à la pharmacie.
Comme je viens pour traverser la rue, voilà que j'entends venir un cycliste. Il faisait un bruit du tonnerre. Cela provenait de sa roue arrière qui était dépourvue de pneu. Il roulait directement sur le cadre de roue et cela faisait presque des étincelles sur l'asphalte.
J'ai senti que je vivais dans un quartier pauvre à ce moment-là.
Comme si j'étais dans une vidéo du YouTubber Antoine Daniel. Du genre «c'est normal en Russie». Sauf que ça se passe dans Ste-Cécile. C'est normal dans Ste-Cécile, à Trois-Rivières, de rouler sur les rims de bicycles...
***
Voilà.
samedi 5 mai 2018
Bernie et le p'tit pitte-pitte qui faisait cuicui
Le ciel était enfin clair après une semaine de pluie à faire déborder les égouts.
C'est normal qu'il pleuve au printemps. C'est normal qu'il pleuve n'importe quand. Surtout au printemps. Et puis on s'en fout qu'il pleuve. Surtout quand il ne pleut pas.
Le ciel était ensoleillé voyez-vous.
La cime des arbres commençait à peine à bourgeonner. Aucun pissenlit n'était encore en floraison. On en était à quelques heures d'une formidable explosion de couleurs dans le paysage urbain, comme dans tous les autres paysages tout autour. Bref, il était temps.
Bernard alias Bernie s'en allait au travail. On le voyait du lundi au vendredi, tôt le matin, empruntant toujours le même chemin ou presque. Un chemin sans attraits particuliers: de vieilles bicoques retapées n'importe comment sans règles d'aménagement urbain. Certains taudis étaient colmatés par toutes sortes de revêtements disparates en aluminium, en vinyle, en papier goudronné et même en crépis. Une atmosphère de brocante ou de vente de feu qui donne tout de même tout son charme aux quartiers pauvres de Trois-Rivières.
Les maisons, mêmes vieilles, même toutes croches, ont plus de vécu que les cages à poules bétonnées du deuxième coteau, dans la Haute-Ville. C'est laid. Tout autant que Bernie l'est, laid. Il est laid. Oui il l'est. Comme les maisons.
Tout croche qu'il est Bernie, de pied en cap. Et il ne se verrait pas habiter dans un quartier trop droit. Il est bien parmi tout ce qui est croche, comme l'auteur de ces lignes par ailleurs.
Cela dit, j'en oublie le sujet principal.
Bernie marchait avec son sac à lunch. Toujours le même, sans sangle, un truc qu'il tient toujours par les poignées.
Il faisait beau.
Et ça lui faisait du bien.
Jusque là, on se comprend.
Mais la suite, hein? J'y viens.
Bernie marchait tout le long de la rue Royale, comme d'habitude.
Et, contrairement à son habitude, il s'est arrêté à la hauteur du Parc Victoria, située juste en face de la Taverne Royale.
Un drôle d'oiseau faisait entendre son chant. Et Bernie s'était arrêté sous l'arbre étendant son cou tout croche pour mieux voir le volatile.
J'étais encore loin. Et je me demandais bien pourquoi Bernie était là, sous cet arbre, immobile, avec sa boîte à lunch pendant au bout de sa main droite.
J'ai bien vu qu'il regardait un oiseau. J'entendais bien cet oiseau. Mais je ne le voyais pas.
Alors, j'ai fait comme Bernie: j'ai regardé.
Et j'ai regardé longtemps.
J'entendais bien l'oiseau mais pas moyen de le voir.
Lorsque j'eus fini de me casser le cou à chercher le p'tit pitte-pitte qui faisait cuicui, eh bien j'ai repris ma route.
Bernie n'était plus là.
Il s'était volatilisé.
Peut-être s'était-il arrêté au dépanneur le Marché Royal. Je ne sais trop.
Quoi qu'il en soit, j'ai continué mon chemin avec ma boîte à lunch, comme Bernie.
Puis, pendant un moment, j'ai tout oublié, dont le travail, et même la pollution ambiante, la laideur du centre-ville, l'indignité de certains politiciens, l'immoralité des banquiers...
J'étais ailleurs.
J'étais dans le printemps.
J'imagine que c'était pareil pour Bernie mais je ne suis pas dans sa tête pour parler à sa place.
Donc, j'aurais dû parler de moi au lieu de Bernie.
Mais bon, il faut bien s'effacer un peu de temps à autres pour laisser rêver autrui.
À bon marcheur, talus! Je veux dire salut.
Comme dans hasta la proxima.
Ou arrivederci.
Zdravo.
Kwey.
See you later alligator.
vendredi 4 mai 2018
Les Peaux Roses
Si j'étais Noir, cela aurait au moins l'avantage de m'éviter les confidences des racistes.
Comme je suis plutôt Peau Rose, les racistes roses de peau se permettent de me tenir des propos immondes accompagnés de clins d'oeil complices.
-Hein mon Guétan? T'es pas tanné des hosties d'immigrés... Touttes des voleurs... J'leu' fais pas confiance...
Évidemment, j'ai dû reprendre l'imbécile qui me disait ça. Il en a été vexé, le pauvre. Comme si l'on ne pouvait pas parler des hosties d'immigrés...
Si j'étais Noir, le raciste à la peau rose ne m'aurait même pas adressé la parole. Ou si peu. Je n'aurais pas pu sonder l'obscurité de son âme.
Puisque j'ai la peau rose, je dois me taper toutes sortes de conversations stupides avec de petits porcelets qui ont peur d'être envahis par les Martiens.
Non, je ne fais pas partie de votre gang, peureux qui chient dans leurs shorts à la vue d'un bol de couscous.
Et j'aimerais parfois être Noir pour ne pas avoir à expliquer au monde que nous les Peaux Roses ne sommes pas tous des crétins finis.
jeudi 3 mai 2018
Trois-Rivières d'aujourd'hui et déjà de demain
L'autre jour, je ne sais plus lequel, j'ai eu comme une illumination.
Il pleuvait. Pas beaucoup mais assez pour supporter un couvre-chef.
J'attendais mon autobus au terminus du centre-ville de Trois-Rivières. La plupart du temps, je marche ou fais du vélo. Mais ce jour-là, j'en avais trop à faire et je m'offrais ce petit luxe d'une ballade en autobus de la STTR.
On dit de Trois-Rivières qu'elle est un comté baromètre. On vote dans le sens du reste de la province. On est soit des suiveux ou bien la colonie entière nous suit. C'est dur à dire. J'opte souvent pour la deuxième explication. Une vanité de Trifluvien, bien entendu.
Cette vanité était bien servie le jour où j'attendais mon autobus. Je crois que notre ville est plus près de l'état d'esprit de Montréal que de celui de Québec. Je sais que je tombe dans une forme de généralisation abusive. J'ai cependant vécu quatre ans dans chacune de ces deux villes pour finalement échouer au beau milieu des deux pôles urbains majeurs du Québec.
L'image que j'avais de Trois-Rivières par cette journée de pluie à attendre au terminus d'autobus, c'était clairement celle d'une ville inclusive, ouverte sur le monde, avec une variété d'humains qui me donnait l'impression d'être à une assemblée de l'ONU. Ça, ce n'est pas le Trois-Rivières de demain. Non. C'est le Québec d'aujourd'hui. Et cela me réjouit bien plus que cela me heurte. Cela me rend fier. Fier de notre peuple qui ne plie pas devant les peureux qui se sentent envahis par les fantômes de leur imagination tordue.
On peut et nous vivons déjà ensemble.
Tout le reste, ce sont des conneries pour pompiers qui jettent de l'huile sur le feu.
On peut combattre le progrès, le contenir, empêcher les fleurs de pousser, mais ça ne dure jamais longtemps. Pas plus qu'une génération. Et tout le monde avance, quoi qu'il advienne.
Je me sens optimiste aujourd'hui.
Et j'aime ma ville, Trois-Rivières, même s'il y a des mononcles et des matantes qui voudraient la figer dans le duplessisme. Cette époque est révolue. Et ils ne font que se ridiculiser en se folklorisant. Le Québec de demain c'est déjà le monde qui est ici, devant nos yeux, avec toutes sortes de têtes, de cheveux et de couvre-chefs, de hijabs, de turbans et j'en passe.
Cela me fait voyager.
Cela me rappelle Vancouver. Montréal. Toronto...
Et c'est Trois-Rivières.
Trois-Rivières capitale de la Tapiskwanie, située au confluent de la rivière Tapiskwan Sipi et du grand fleuve Magtogoek.
mercredi 2 mai 2018
René risque sa vie en mendiant sur la rue des Forges
Je ne nommerai pas son vrai nom mais tous les gens qui fréquentent la rue des Forges, l'artère principale du centre-ville à Trois-Rivières, le reconnaîtront sûrement.
Mettons qu'il s'appelle René.
René vient du Bas-du-Fleuve. Il doit avoir 60 ans. Peut-être moins. L'alcool, ça magane son homme.
Je suppose qu'il consomme. Il a toujours l'air pas mal beurré lorsqu'il mendie.
René souffre probablement de scoliose. Son dos est tout croche. Et ses pantalons sont trop grands pour lui. Sa barbe n'est jamais faite. Il est peigné en d'sous d'bras.
Il mendie tout le long de la rue des Forges avec une ténacité qui peut être agaçante.
Il lui arrive de vous suivre jusqu'à l'intérieur des commerces si vous avez eu le bonheur de lui donner son obole une seule fois.
René peut aussi chanter le Messie de Haendel devant Les Escomptes Lecomte ou la Salle J.-A.-Thompson. C'est chanté tout croche, il fausse comme l'enfer, mais au moins il amuse son public.
-Alléluuuuia! Alléluia!
C'est dur à entendre. Ça jure dans le décor. C'est René.
René est barré dans tous les commerces, surtout les cafés et les restaurants. Il fait dans ses culottes.
L'autre jour, dimanche en fait, il bloquait la circulation automobile au coin des rues Notre-Dame et des Forges. Les automobilistes le klaxonnaient. Il mendiait au bout milieu de la rue tandis que les autos filaient à vive allure près de lui en menaçant de l'envoyer dans une autre version de l'enfer.
Je lui ai refilé mon obole, évidemment.
Et je ne dis pas ça pour passer pour meilleur que n'importe qui.
J'ai ri moi aussi en le voyant danser entre les autos. J'ai dit qu'il était fou raide René. Fou raide.
Puis je me suis senti cheap.
Et j'ai payé pour sa prestation, lui contre le poney de fer.
Il m'a regardé comme s'il allait me suivre jusque chez-moi pour voir si j'avais encore plus d'argent.
Je l'ai salué puis j'ai continué ma route.
Mettons qu'il s'appelle René.
René vient du Bas-du-Fleuve. Il doit avoir 60 ans. Peut-être moins. L'alcool, ça magane son homme.
Je suppose qu'il consomme. Il a toujours l'air pas mal beurré lorsqu'il mendie.
René souffre probablement de scoliose. Son dos est tout croche. Et ses pantalons sont trop grands pour lui. Sa barbe n'est jamais faite. Il est peigné en d'sous d'bras.
Il mendie tout le long de la rue des Forges avec une ténacité qui peut être agaçante.
Il lui arrive de vous suivre jusqu'à l'intérieur des commerces si vous avez eu le bonheur de lui donner son obole une seule fois.
René peut aussi chanter le Messie de Haendel devant Les Escomptes Lecomte ou la Salle J.-A.-Thompson. C'est chanté tout croche, il fausse comme l'enfer, mais au moins il amuse son public.
-Alléluuuuia! Alléluia!
C'est dur à entendre. Ça jure dans le décor. C'est René.
René est barré dans tous les commerces, surtout les cafés et les restaurants. Il fait dans ses culottes.
L'autre jour, dimanche en fait, il bloquait la circulation automobile au coin des rues Notre-Dame et des Forges. Les automobilistes le klaxonnaient. Il mendiait au bout milieu de la rue tandis que les autos filaient à vive allure près de lui en menaçant de l'envoyer dans une autre version de l'enfer.
Je lui ai refilé mon obole, évidemment.
Et je ne dis pas ça pour passer pour meilleur que n'importe qui.
J'ai ri moi aussi en le voyant danser entre les autos. J'ai dit qu'il était fou raide René. Fou raide.
Puis je me suis senti cheap.
Et j'ai payé pour sa prestation, lui contre le poney de fer.
Il m'a regardé comme s'il allait me suivre jusque chez-moi pour voir si j'avais encore plus d'argent.
Je l'ai salué puis j'ai continué ma route.
mardi 1 mai 2018
Aimez-vous les vers?
Il y avait des vers partout hier matin.
Ils sortaient du sol pour se sécher un peu sur l'asphalte, à la merci de tous les prédateurs.
Je les ai contemplés, ces lombrics.
Et voici les photos que je me suis même permis de faire.
Comme s'il fallait s'intéresser aux vers...
Que voulez-vous?
Je suis comme ça.
Le moindre détail, le moindre ver, la moindre bactérie m'intéressent.
Et surtout, je ne veux pas les écraser...
Un exercice zen.
Ils sortaient du sol pour se sécher un peu sur l'asphalte, à la merci de tous les prédateurs.
Je les ai contemplés, ces lombrics.
Et voici les photos que je me suis même permis de faire.
Comme s'il fallait s'intéresser aux vers...
Que voulez-vous?
Je suis comme ça.
Le moindre détail, le moindre ver, la moindre bactérie m'intéressent.
Et surtout, je ne veux pas les écraser...
Un exercice zen.