J'ai siégé à titre de représentant de l'Association générale des étudiants et étudiantes de l'UQTR (AGEEUQTR). C'était en 1989. J'avais été nommé délégué par mes pairs étudiants en philosophie. À titre de soi-disant philosophe, j'ai pris à coeur le dossier de la gratuité scolaire, de la maternelle jusqu'à l'université. J'avais plutôt l'air d'un chien dans un jeu de quilles au sein de l'AGEEUQTR. Je prônais des idées anarchistes. Je distribuais des dépliants en faveur de la grève pour protester contre le dégel des frais de scolarité.
Quelque chose me faisait tiquer dans les statuts et règlements de l'AGEEUQTR de l'époque. Il était, entre autres. écrit que le quorum était composé des membres présents.
-Ça veut dire quoi le quorum est composé des membres présents, demandé-je naïvement.
-Ça veut dire que les gens qui se déplacent pour l'assemblée, qu'ils soient dix ou cent, peuvent prendre des décisions pour tout le monde... me répondit-on.
-Autrement dit, si je comprends bien, il n'y a plus de quorum?
-Heu... Non... Oui... Le quorum est composé des membres présents...
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Cette anecdote me revient en mémoire chaque fois que je réfléchis sur ce que l'on appelle sans rire le «pouvoir du peuple».
Le taux de participation baisse à chaque élection. Dans mon district électoral, le 5 novembre dernier, seulement 39% de la population a voté. 61% des électeurs ont boudé les urnes. Ce n'est certainement pas un score pour nous dire que tout va bien avec notre manière de vivre au jour le jour notre démocratie parlementaire.
Malheureusement, nous nous sommes enfermés dans la logique de la vieille politique telle qu'on la pratiquait au XIXe siècle.
On n'a pas fini de dire que le quorum est constitué des membres présents...
Le taux de participation ne pourra pas descendre sous la barre de 10% sans que 90% des autres ne songent à changer de jeu.