Il serait intéressant d'étudier les propos que tenaient les commentateurs de la chose publique américain du temps de Malcom X et Martin Luther King. On y trouverait toutes sortes d'arguments pour minimiser cette nécessité d'accorder la pleine reconnaissance des droits civiques aux Noirs. On y verrait des arguments patriotiques, nationalistes, faisant sans doute référence aux premiers colons ayant abordé le continent à bord du Mayflower. On lirait sûrement des trucs impossibles sur la vie privée des militants des droits civiques qui passeraient tous pour des traîtres, des vendus ou bien des pervers sexuels. On se moquerait des demandes irraisonnables des Noirs, des hippies et autres communistes qui menacent l'ordre social existant. Et on en viendrait à répéter que l'Amérique est une terre de liberté, d'égalité et de démocratie, même si les faits prouvaient le contraire.
Dans les faits, nous sommes les héritiers d'une culture qui a provoqué le génocide des Autochtones, soutenu l'esclavage et encouragé la discrimination fondée tant sur la race que sur l'appartenance sexuelle.
Ce n'est pas jouer un jeu que de le dire haut et fort, contrairement à ce que supputent les défenseurs de l'indéfendable. C'est un devoir de mémoire, une manière de dépasser ces préjugés sociaux qui ont servi de fumier à l'injustice.
Quand je vois certains de mes compatriotes indépendantistes se lancer dans le persiflage à propos des travaux parlementaires sur le racisme systémique de notre société, eh bien je décroche.
Je suis incapable de voir autre chose que de la mesquinerie dans ces saillies portées envers le multiculturalisme. On croirait entendre les fascistes qui jadis dénonçaient les effets pervers du cosmopolitisme sur la pureté de la Nation.
Je me dissocie radicalement de ces indépendantistes qui, chaque jour, s'enfoncent un peu plus dans le persiflage des droits civiques au nom de je ne sais trop quelle idéologie surannée du XIXe siècle. Ils en viennent à détester l'État de droit et toutes les manifestations d'humanité qu'ils considèrent comme une manière de noyer leur sacro-sainte idéologie qui n'a jamais su nager.
C'est à vous dégoûter de l'indépendance...
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Maintenant les statues, l'histoire, les livres...
On ne devrait pas déboulonner les statues de Lénine, Staline, Hitler ou Mussolini.
On ne devrait pas toucher à nos statues, à nos rues, même si elles honorent des trous du cul.
Le problème ne se poserait pas si nous avions suivi la coutume autochtone en matière de toponymie.
Jamais les Autochtones ne salissaient les montagnes ou les lacs en leur donnant des noms humains. Il n'y avait pas de Lac Bouchard ou de Mont Gauthier. En revanche, il y avait des noms poétiques pour décrire les lieux: le Lac des Érables argentés, le Mont de la Pleine Lune... Ils n'honoraient pas l'histoire, les Autochtones, mais la Nature.
Rétablir cette manière d'envisager le toponymie réglerait bien des problèmes qui surviendront inévitablement tôt ou tard.
Un jour, j'en suis convaincu, le fleuve Saint-Laurent retrouvera son nom autochtone. On dira le fleuve Magtogoek, tout simplement, au lieu de célébrer ce Laurent qui n'a rien à voir avec ce continent où nous sommes.
Bien des saints tomberont encore.
Bien des statues aussi.
Et bien des idées, évidemment.
L'humanité entre dans un vaste mouvement de décolonisation.
Il faudra s'y faire.