L'aurore apporte toujours des moments de grâce dont je ne saurais me passer. Il fût un temps où je vouais un culte à la nuit. Ce temps est révolu. La nuit, c'est fait pour dormir. L'homme est biologiquement conçu pour être une créature diurne. Comme ses cousins les singes. Comme ces oiseaux qui se mettent à chanter dès qu'ils voient les premières lueurs d'un nouveau jour.
Nietzsche, que les cuistres apprécient pour les mauvaises raisons. a pu se faire aussi tendre et délicat qu'un bruissement d'ailes de papillon. On en a fait le philosophe de la dureté, le barde aryen de la volonté de puissance, lui qui rappelait que l'antisémitisme était le socialisme des imbéciles.
Il en est venu lui aussi à vénérer l'aurore, le soleil et la culture méditerranéenne. Apollon plutôt que Dionysos. La lumière plutôt que les ténèbres. Le gai savoir plutôt que le savoir ennuyeux.
Cette partie essentielle de son oeuvre a été malheureusement occultée par quelques saillies malheureuses sur l'organisation de la société où le poète cédait sa place au porte-étendard de préjugés sociaux mesquins et aristocratiques.
C'est quand il est léger, loin de l'esprit de sérieux, que Nietzsche se montre à son meilleur.
C'est du moins mon avis. Un avis que ne partagent pas les gens aigris qui n'aiment boire que du fiel philosophique.
Cela m'avait d'autant plus frappé au cours de mes études universitaires en philosophie que la plupart de mes confrères se réclamaient de Nietzsche en occultant sa légèreté.
Nietzsche a trop souvent servi de caution pour ceux qui souhaitaient passer pour des durs. Cela me fendait le coeur de voir tant de larbins incultes et illettrés se réclamer de lui qui les aurait certainement méprisés.
Ce n'est pas le Nietzsche que j'ai lu. Un Nietzsche nettement plus sensible et moins vociférant que ces quelques lignes tirés de ses pamphlets à l'emporte-pièce.
Je n'arrive pas à comprendre tout à fait pourquoi je vous parle des états de grâce, de l'aurore et de Nietzsche dans un même texte. Cela me vient naturellement à l'esprit. Cela guide mes doigts sur le clavier. Ça sort de moi sans efforts, comme un chant de Zarahoustra.
Peut-être que c'est pour me faire comprendre quelque chose...
J'écris souvent sans but, sans nul autre objectif que celui de mieux me connaître moi-même.
Je n'ai jamais dressé de plans de rédaction au grand dam de mes professeurs qui restaient campés dans une méthodologie bonne pour tous et inutile pour le particulier.
L'introduction, le développement et la conclusion, c'est l'idéal à atteindre de ceux qui n'ont rien à dire mais s'efforcent de nous le faire savoir.
Bien sûr que je n'ai pas raison. Ce n'est pas tout le monde qui se met à pérorer sur un prétexte comme l'aurore, les états de grâce et la suavité occultée de Nietzsche.
Qu'on me donne un mot et je deviendrai intarissable.
Tout simplement parce que c'est le matin.
Et parce que le matin, moi, je chante à ma façon.
Comme les oiseaux qui pépient à ma fenêtre.
Ces oiseaux qui me rappellent que la vie n'est pas que souffrances et mortifications.
Ces oiseaux qui nous feraient croire que les anges existent bel et bien.
jeudi 30 juin 2016
mercredi 29 juin 2016
À la guerre on ne tire pas sur les ambulances
Mon défunt père avait coutume de dire qu'à la guerre on ne tire pas sur les ambulances. Cette maxime résonne encore en moi comme un coup de tonnerre pour me rappeler mes origines. J'y trouve une sagesse plus que proverbiale. J'y ressens une vérité qui n'est pas toujours vraie. Bref, c'est toute la noblesse d'âme de mon paternel qui me porte à la répéter inlassablement chaque fois que les circonstances m'y obligent.
Mon père avait connu la misère noire au sein d'une famille nombreuse de la vallée de la Matapédia. Il savait ce que signifiait la pauvreté avec son lot quotidien d'humiliations et d'injustices. Dans sa famille, on allait à l'école à tour de rôle l'hiver. Un jour, c'était untel qui pouvait mettre les bottes de caoutchouc. Le lendemain, c'était l'autre. Et ainsi de suite.
Comme il avait vécu la misère de près, il savait la pardonner mieux que quiconque. Il s'acharnait à la soulager, à sa manière, en s'engageant pleinement dans les oeuvres sociales de son église qu'il ne manquait pas de critiquer pour ses mesquineries ponctuelles.
-Les maudites bottines de feutre qui vont à la messe pour regarder les pauvres de haut! Si Jésus revenait, i' t'leur botterait l'cul!
Sa foi avait quelque chose de profondément enragée. Ce qui finissait par lui créer des ennuis au sein de cette église où il faisait office de marguillier et de responsable pour la Société Saint-Vincent-de-Paul.
-C'est pas vrai que j'vais me mettre à fouiller dans les frigidaires pour voir si ceux qui veulent de l'aide s'achètent de la bière! J'vais leur donner un bon sans jouer à la fouine! Ils s'achèteront d'la bière mais les enfants vont pouvoir manger parce que le bon alimentaire d'la Saint-Vincent-de-Paul s'échange seulement contre de la nourriture!
Il appliquait sa maxime selon laquelle on ne tire pas sur les ambulances à la guerre...
Ce qui fait que les pauvres le respectaient et le considéraient comme un bon monsieur. Un bon monsieur un peu taciturne qui émettait des bons alimentaires sans réclamer son lot d'explications de la part des mendiants. Il faisait ça au grand dam des dames patronnesses qui pratiquaient une charité feinte, méfiante et méprisante.
***
Lorsque j'entends des gens infâmes pleurnicher sur le sort de la classe moyenne qui doit payer pour les assistés sociaux, je ne peux que revenir à ce que disait mon père.
Pourquoi tirer sur les ambulances qui transportent les blessés? Pourquoi fesser sur ceux qui sont au plancher?
Je comprends que les travailleurs de la classe moyenne doivent contribuer pour les riches qui ne contribuent pas. Je comprends qu'ils doivent mettre la main dans leurs poches autant pour les riches qui les volent que pour les pauvres qui ont faim. Pourtant, il me semble que les probabilités sont plus grandes pour une personne de la classe moyenne de devenir assistée sociale que de devenir riche. Cela me semble tellement évident que je ne comprends pas par quelle magie on puisse en arriver à penser autrement.
Il faudrait donc enquêter sur la pauvreté des solliciteurs d'aide sociale, regarder dans leur frigo, analyser le fond de leurs poches. On laissera filer en douce ceux qui font en sorte que l'on paie le double, le triple et parfois même le centuple pour les travaux publics. On mettra le feu aux ambulances. On fessera sur les blessés. Et pendant ce temps, la guerre économique menée par des gens toujours bien propres et bien parfumés continuera de nous fournir toujours plus de victimes qui serviront de boucs émissaires.
Les chroniqueurs des médias traditionnels emboîteront le pas pour critiquer ces pauvres qui boivent de la bière et fument des cigarettes au lieu de s'acheter un condo, un yacht ou bien une île dans le Pacifique.
***
J'oubliais de dire que mon père était un Rouge. C'est-à-dire un libéral. Il avait tellement détesté Duplessis et l'Union Nationale qu'il ne pouvait que devenir l'un de ces anonymes artisans de la Révolution dite tranquille. Il avait cru au programme de Jean Lesage et de son équipe du tonnerre: l'éducation gratuite du primaire jusqu'à l'université, la nationalisation de l'électricité, l'assurance-maladie et tout le reste. Il avait cru que l'on pouvait devenir maîtres chez-nous.
J'imagine quelle serait sa déception d'assister aujourd'hui à la contre-révolution du gouvernement libéral du Québec, de ces faux Rouges travestis en Bleus qui tirent sur les ambulances et multiplient les blessés du capitalisme sauvage.
Peut-être qu'il comprendrait pourquoi je suis rouge de colère.
Pourquoi je m'insurge, tout comme lui, que l'on s'en prenne aux plus faibles pour ensuite vendre nos richesses naturelles pour trois fois rien.
Mon père avait connu la misère noire au sein d'une famille nombreuse de la vallée de la Matapédia. Il savait ce que signifiait la pauvreté avec son lot quotidien d'humiliations et d'injustices. Dans sa famille, on allait à l'école à tour de rôle l'hiver. Un jour, c'était untel qui pouvait mettre les bottes de caoutchouc. Le lendemain, c'était l'autre. Et ainsi de suite.
Comme il avait vécu la misère de près, il savait la pardonner mieux que quiconque. Il s'acharnait à la soulager, à sa manière, en s'engageant pleinement dans les oeuvres sociales de son église qu'il ne manquait pas de critiquer pour ses mesquineries ponctuelles.
-Les maudites bottines de feutre qui vont à la messe pour regarder les pauvres de haut! Si Jésus revenait, i' t'leur botterait l'cul!
Sa foi avait quelque chose de profondément enragée. Ce qui finissait par lui créer des ennuis au sein de cette église où il faisait office de marguillier et de responsable pour la Société Saint-Vincent-de-Paul.
-C'est pas vrai que j'vais me mettre à fouiller dans les frigidaires pour voir si ceux qui veulent de l'aide s'achètent de la bière! J'vais leur donner un bon sans jouer à la fouine! Ils s'achèteront d'la bière mais les enfants vont pouvoir manger parce que le bon alimentaire d'la Saint-Vincent-de-Paul s'échange seulement contre de la nourriture!
Il appliquait sa maxime selon laquelle on ne tire pas sur les ambulances à la guerre...
Ce qui fait que les pauvres le respectaient et le considéraient comme un bon monsieur. Un bon monsieur un peu taciturne qui émettait des bons alimentaires sans réclamer son lot d'explications de la part des mendiants. Il faisait ça au grand dam des dames patronnesses qui pratiquaient une charité feinte, méfiante et méprisante.
***
Lorsque j'entends des gens infâmes pleurnicher sur le sort de la classe moyenne qui doit payer pour les assistés sociaux, je ne peux que revenir à ce que disait mon père.
Pourquoi tirer sur les ambulances qui transportent les blessés? Pourquoi fesser sur ceux qui sont au plancher?
Je comprends que les travailleurs de la classe moyenne doivent contribuer pour les riches qui ne contribuent pas. Je comprends qu'ils doivent mettre la main dans leurs poches autant pour les riches qui les volent que pour les pauvres qui ont faim. Pourtant, il me semble que les probabilités sont plus grandes pour une personne de la classe moyenne de devenir assistée sociale que de devenir riche. Cela me semble tellement évident que je ne comprends pas par quelle magie on puisse en arriver à penser autrement.
Il faudrait donc enquêter sur la pauvreté des solliciteurs d'aide sociale, regarder dans leur frigo, analyser le fond de leurs poches. On laissera filer en douce ceux qui font en sorte que l'on paie le double, le triple et parfois même le centuple pour les travaux publics. On mettra le feu aux ambulances. On fessera sur les blessés. Et pendant ce temps, la guerre économique menée par des gens toujours bien propres et bien parfumés continuera de nous fournir toujours plus de victimes qui serviront de boucs émissaires.
Les chroniqueurs des médias traditionnels emboîteront le pas pour critiquer ces pauvres qui boivent de la bière et fument des cigarettes au lieu de s'acheter un condo, un yacht ou bien une île dans le Pacifique.
***
J'oubliais de dire que mon père était un Rouge. C'est-à-dire un libéral. Il avait tellement détesté Duplessis et l'Union Nationale qu'il ne pouvait que devenir l'un de ces anonymes artisans de la Révolution dite tranquille. Il avait cru au programme de Jean Lesage et de son équipe du tonnerre: l'éducation gratuite du primaire jusqu'à l'université, la nationalisation de l'électricité, l'assurance-maladie et tout le reste. Il avait cru que l'on pouvait devenir maîtres chez-nous.
J'imagine quelle serait sa déception d'assister aujourd'hui à la contre-révolution du gouvernement libéral du Québec, de ces faux Rouges travestis en Bleus qui tirent sur les ambulances et multiplient les blessés du capitalisme sauvage.
Peut-être qu'il comprendrait pourquoi je suis rouge de colère.
Pourquoi je m'insurge, tout comme lui, que l'on s'en prenne aux plus faibles pour ensuite vendre nos richesses naturelles pour trois fois rien.
mardi 28 juin 2016
La beauté éphémère des terrains vagues
La végétation des terrains vagues est tellement splendide que c'est à se demander pourquoi quelque sinistre individu en viendra à trouver que cela fait malpropre. Il faut en profiter avant que la tondeuse ne passe là-dedans pour nous rappeler à l'ordre.
Rien n'est plus laid qu'un terrain de golf, sinon des golfeurs. Et peut-être des citadins pour tout dire.
S'il n'y avait pas de golfeurs, il n'y aurait pas des terrains et des eaux ravagés par de puissants insecticides. Il y aurait peut-être encore une forêt, des petits animaux, des insectes, des fleurs, des fruits sauvages. L'homme trouverait de quoi s'y nourrir au lieu de stationner son véhicule sur une flaque de pétrole solidifiée et exempte de vie.
Voilà pourquoi je suis toujours sans voix devant la beauté des terrains vagues.
Sans voix devant la chicorée sauvage, les marguerites, les asclépiades, les myosotis, les trèfles, le muguet, les gloires du matin et tout le reste.
Sans voix devant cette beauté trop souvent éphémère.
Et en colère de vivre au sein d'une civilisation si destructrice, si déconnectée de cette Terre qui nous émeut et nous nourrit. De cette Terre qui supporte même notre ingratitude.
Rien n'est plus laid qu'un terrain de golf, sinon des golfeurs. Et peut-être des citadins pour tout dire.
S'il n'y avait pas de golfeurs, il n'y aurait pas des terrains et des eaux ravagés par de puissants insecticides. Il y aurait peut-être encore une forêt, des petits animaux, des insectes, des fleurs, des fruits sauvages. L'homme trouverait de quoi s'y nourrir au lieu de stationner son véhicule sur une flaque de pétrole solidifiée et exempte de vie.
Voilà pourquoi je suis toujours sans voix devant la beauté des terrains vagues.
Sans voix devant la chicorée sauvage, les marguerites, les asclépiades, les myosotis, les trèfles, le muguet, les gloires du matin et tout le reste.
Sans voix devant cette beauté trop souvent éphémère.
Et en colère de vivre au sein d'une civilisation si destructrice, si déconnectée de cette Terre qui nous émeut et nous nourrit. De cette Terre qui supporte même notre ingratitude.
lundi 27 juin 2016
J'ai rêvé au général Sewitch
Image tirée de Twin Peaks de David Lynch |
Mais là n'est pas mon propos.
Comme toujours, je passe de l'âne au coq.
Je voulais tout simplement raconter mon dernier rêve. Un rêve sans importance mais qui l'est devenu au fil de la journée puisqu'il m'intrigue encore.
J'étais à l'université et je n'avais pas envie d'y être. Je n'y vais plus depuis plus de vingt-cinq ans. Néanmoins, j'y allais encore dans mon rêve.
J'ai donc fait l'école buissonnière en marchant avec un manteau trop grand pour moi que j'avais bourré de livres. J'avais très chaud sous le poids des livres et cherchais un endroit où me reposer. Je me suis dit que j'irais au Collège Laflèche, une institution que j'ai fréquentée il y a trente ans.
En chemin, j'ai changé d'idée. Je me suis plutôt dirigé vers une salle de réunion appartenant à la Société Saint-Jean-Baptiste.
Je me suis retrouvé tout à fait par hasard dans un beau parc aménagé à même une falaise. J'ai descendu un long escalier et suis tombé sur un nain handicapé accompagné de trois dames. Le nain était assis dans une chaise roulante. Il avait deux petites jambes asymétriques, une grosse jambe dodue et une petite jambe osseuse. Il s'appelait le général Sewitch et il sollicitait mon aide pour remonter l'escalier. Je l'ai donc embarqué à cheval sur mes épaules et l'ai remonté jusqu'en haut de l'escalier.
-Je veux que vous deveniez mon aide de camp! me pria le général Sewitch une fois que je l'eusse déposé dans sa chaise roulante.
Je l'ai donc accompagné jusqu'à la salle de réunion de la Société Saint-Jean-Baptiste pour une raison qui m'échappe.
Il n'y avait pas foule dans cette salle mais j'ai tout de même reconnu Dézo, un de mes anciens colocs, qui s'amusait à tripoter une fille qui ricanait.
Le général Sewitch m'a ensuite demandé de le ramener au parc. Je l'ai remis sur mes épaules et on a fait un bout de chemin.
L'eau y était pure et cristalline.
Et le général Sewitch n'était pas du tout jasant.
Je me suis réveillé avec une sensation étrange.
J'ai expliqué vainement mon rêve à ma blonde qui n'y a rien compris.
La seule explication que je puisse trouver c'est d'avoir vu le film Twin Peaks - Fire Walks With Me de David Lynch l'avant-veille. Il y a un nain dans ce film qui pourrait ressembler au général Sewitch. Et, comme toujours, Lynch situe son film à la frontière du rêve et du réel, univers un peu semblable à celui de Jodorowsky par ailleurs.
Les chiffres ne disent pas tout...
-Le peuple se trompe tout le temps. Regardez les chiffres. Ils disent tout. La courbe de croissance est positive lorsque nous pratiquons des politiques réalistes, pragmatiques, rigoureuses et pro-actives... Regardez! Non mais regardez! Ce n'est pas de l'austérité, ces chiffres. C'est de la prospérité!!!
Les assistants de George Caldwell opinaient du bonnet tout en consultant leurs textos. Grand et sec, Caldwell prêchait à des convertis. Il n'avait même pas besoin de leur faire cette démonstration. Ils pensaient comme lui parce qu'ils n'auraient pu pratiquer ce métier autrement.
-Le peuple a tort de se laisser envoûter par le chant de ces sirènes qui lui promettent mers et mondes! En agissant ainsi, les populistes diminuent leur pouvoir d'achat et contribuent à l'exil des grandes fortunes sans lesquelles il n'est pas envisageable de développer une économie prospère qui ruisselle sur tout un chacun... Le peuple se réfugie dans le protectionnisme, dans ses peurs du progrès, alors que ce graphique démontre très bien que les chiffres sont les chiffres!!!
Tout à coup, les assistants de Caldwell devinrent fébriles. Ils recevaient des textos qui confirmaient que tout leur monde venait de s'écrouler. Le peuple, ce maudit peuple qui ne connaît rien à rien, venait de renverser les règles du jeu. Des fortunes venaient de voler en éclats. Des parlementaires s'enfuyaient en masse. Un comité de salut public avait été mis sur pied. La police et l'armée prenaient le parti des rebelles. Tous les grands banquiers du pays avaient été arrêtés et incarcérés. Le comité de salut public annonçait qu'il allait nationaliser les banques et des secteurs-clés de l'économie. C'était, pour tout dire, une vraie catastrophe.
-On doit y aller George! Les rebelles entourent la banque... Ils veulent tous nous coffrer...
-Mais... mais voyons! Les chiffres! Les chiffres disent tout! Comment peuvent-ils faire ça?
Les assistants de George Caldwell opinaient du bonnet tout en consultant leurs textos. Grand et sec, Caldwell prêchait à des convertis. Il n'avait même pas besoin de leur faire cette démonstration. Ils pensaient comme lui parce qu'ils n'auraient pu pratiquer ce métier autrement.
-Le peuple a tort de se laisser envoûter par le chant de ces sirènes qui lui promettent mers et mondes! En agissant ainsi, les populistes diminuent leur pouvoir d'achat et contribuent à l'exil des grandes fortunes sans lesquelles il n'est pas envisageable de développer une économie prospère qui ruisselle sur tout un chacun... Le peuple se réfugie dans le protectionnisme, dans ses peurs du progrès, alors que ce graphique démontre très bien que les chiffres sont les chiffres!!!
Tout à coup, les assistants de Caldwell devinrent fébriles. Ils recevaient des textos qui confirmaient que tout leur monde venait de s'écrouler. Le peuple, ce maudit peuple qui ne connaît rien à rien, venait de renverser les règles du jeu. Des fortunes venaient de voler en éclats. Des parlementaires s'enfuyaient en masse. Un comité de salut public avait été mis sur pied. La police et l'armée prenaient le parti des rebelles. Tous les grands banquiers du pays avaient été arrêtés et incarcérés. Le comité de salut public annonçait qu'il allait nationaliser les banques et des secteurs-clés de l'économie. C'était, pour tout dire, une vraie catastrophe.
-On doit y aller George! Les rebelles entourent la banque... Ils veulent tous nous coffrer...
-Mais... mais voyons! Les chiffres! Les chiffres disent tout! Comment peuvent-ils faire ça?
dimanche 26 juin 2016
Trois autres petits tableaux
La mer
"Homme libre, toujours tu chériras la mer" écrivait à peu près Baudelaire. C'est du moins ce dont je me souviens. Si je me trompe, mettez cela sur le compte de la paresse.
J'ai terminé de peindre un nouveau tableau à l'acrylique sur une toile de 30 X 40 pouces.
La mer est de saison. J'espère que vous en profiterez pour la chérir, comme un homme ou une femme libre.
Je retourne une fois de plus à mes pinceaux.
Je suis une vraie machine aujourd'hui...
J'ai terminé de peindre un nouveau tableau à l'acrylique sur une toile de 30 X 40 pouces.
La mer est de saison. J'espère que vous en profiterez pour la chérir, comme un homme ou une femme libre.
Je retourne une fois de plus à mes pinceaux.
Je suis une vraie machine aujourd'hui...
Petit matin de pêche sous un ciel touffu
Le bois a cette particularité de mieux absorber la peinture et le vernis. Autrement dit, ça sèche plus vite. Ne serait-ce que pour cette raison, j'adore peindre sur le bois. Le hic c'est sa pesanteur. La toile montée sur un cadre de bois ça pèse trois fois rien. La peinture sur bois nécessite des points d'ancrage beaucoup plus solides.
Cela dit, je viens de terminer une peinture sur bois. Le format est de 16 X 36 pouces si je ne m'abuse. Je n'ai pas sorti mon pied royal mais je ne dois pas me tenir loin du compte.
Ce tableau aux allures champêtres s'intitule Petit matin de pêche sous un ciel touffu. Ce titre ne convient peut-être pas mais c'est tout ce qui me vient à l'esprit.
Je termine aussi une grande toile qui se veut un souvenir de la mer. Si tout se passe bien, vous devriez la voir sur mon blogue d'ici les prochaines vingt-quatre heures.
Je vais ensuite revisiter les thèmes des ruelles, des cordes à linge et de la vie de quartier. Des thèmes qui sont fortement en demande chez ceux qui apprécient mon oeuvre.
Je mentionne, au passage. que je travaille toujours sans faire usage de photographies. J'explore ma mémoire et l'oblige à se rappeler tous ces menus détails qui apparaissent dans mes tableaux. C'est ce qui confère ce soupçon d'originalité à ce que je peins. On peut imiter une photo. On peut rarement imiter un souvenir.
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire pour le moment.
Pardonnez-moi de retourner illico vers mes pinceaux.
Cela dit, je viens de terminer une peinture sur bois. Le format est de 16 X 36 pouces si je ne m'abuse. Je n'ai pas sorti mon pied royal mais je ne dois pas me tenir loin du compte.
Ce tableau aux allures champêtres s'intitule Petit matin de pêche sous un ciel touffu. Ce titre ne convient peut-être pas mais c'est tout ce qui me vient à l'esprit.
Je termine aussi une grande toile qui se veut un souvenir de la mer. Si tout se passe bien, vous devriez la voir sur mon blogue d'ici les prochaines vingt-quatre heures.
Je vais ensuite revisiter les thèmes des ruelles, des cordes à linge et de la vie de quartier. Des thèmes qui sont fortement en demande chez ceux qui apprécient mon oeuvre.
Je mentionne, au passage. que je travaille toujours sans faire usage de photographies. J'explore ma mémoire et l'oblige à se rappeler tous ces menus détails qui apparaissent dans mes tableaux. C'est ce qui confère ce soupçon d'originalité à ce que je peins. On peut imiter une photo. On peut rarement imiter un souvenir.
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire pour le moment.
Pardonnez-moi de retourner illico vers mes pinceaux.
samedi 25 juin 2016
Chafouin le saint homme
Chafouin s'appelle Chafouin parce que personne ne connaît son vrai nom. C'est l'une de ces créatures du centre-ville que l'on reconnaît tout de suite à son allure pour le moins excentrique.
Cet homme dans la soixantaine a une chevelure blonde comme le foin fou avec quelques reflets argentés ici et là. Son front a quelque chose de préhistorique. Il fuit vers son occiput touffu et dépeigné.
De taille moyenne mais de stature robuste, Chafouin marche toujours droit comme i.
Il n'a plus de dents depuis longtemps et, comme de raison, on ne comprend rien à ce qu'il dit.
On dit qu'il parle le chafouin, un patois de la région de Acton Vale. D'où son surnom, j'imagine.
Chafouin porte des pantalons beaucoup trop grands pour lui, une chemise trop petite et se promène été comme hiver en bottes de caoutchouc communément désignées par l'expression bottes d'eau.
Chafouin est tout un personnage. Tous ceux qui parlent et crient tout seul ne peuvent être que des personnages.
C'est pourtant un authentique gentilhomme qui cède sa place aux personnes âgées, aux handicapés, aux femmes et même aux filles lorsqu'il prend l'autobus pour se rendre au diable vauvert.
-Achoyez-'ous! Achoyez-'ous! qu'il leur dit en leur laissant sa place assise.
S'il est déjà debout et que personne ne se lève pour céder sa place à une personne âgée, handicapée ou féminine, Chafouin se fâche.
-I' faut qu'a s'achèyent caltor 'ous 'oyez bin? Ach! Est pas pou' raster d'boutte caltor d'la vie! Ach!
Chafouin, en de semblables circonstances, a les yeux exorbités et l'air si féroce que même les ados les plus récalcitrants finissent par obtempérer dans la crainte que Chafouin n'en vienne à sortir de ses gonds.
Il fait peur Chafouin et on est mieux de ne pas rire de lui.
Tout le monde rit de lui, en fait, mais cela se fait dans la dissimulation.
On n'oserait pas rire de lui en pleine face parce que Chafouin est toujours droit comme un i, le regard farouche et la bouche prête à mordre à pleines gencives.
-El' monde ch'ait pas vivre caltor d'la vie! L'vez-vous caltor quand qu'i' y'a des ch'femmes ou bin don' des pas ch'olides su' 'es ch'ambes! Caltor de caltor!
Chaque fois que je croise Chafouin, il me salue invariablement sans étirer la discussion.
Je le salue comme s'il était le seul gentilhomme de cette ville pétrie de mépris et d'indifférence.
-Ch'lut m'sieur!
-Salut monsieur! Belle journée?
-Ch'fait beau en caltor! Ach ch'me ch'mi ch'se ch'sait ch'ma ch'mou ch'mette!
-Hum, hum, que je lui réponds sans comprendre. C'est sûr! C'est sûr!
-Caltor d'la vie! et il reprend sa route.
Il faut dire que, à l'instar de Chafouin, je cède aussi ma place aux vieux et aux handicapés quand je prends l'autobus.
N'empêche que Chafouin m'a vu faire quelques fois et m'a en quelque sorte adopté.
Je me suis montré digne de ses salutations.
Chafouin ne fait pas que céder sa place dans les autobus. Il tient les portes pour les gens qui ont les bras chargés de paquets. Il donne un peu de sa menue monnaie aux mendiants. Il pousse les véhicules coincés dans la neige même s'il n'a pas de véhicule.
Bref, Chafouin est en tous points un gentilhomme comme il ne s'en fait plus.
Plusieurs le perçoivent comme quelqu'un dont l'ascenseur ne se rend pas au cerveau.
D'autres laissent entendre que c'est un crétin.
Moi, ma blonde et quelques autres l'admirons à distance.
Bien sûr qu'il n'est pas commode et qu'on ne comprend rien à ce qu'il dit.
Bien sûr qu'il est dépeigné, édenté et malodorant.
Bien sûr qu'il porte des bottes d'eau été comme hiver.
Par contre, c'est un saint homme à sa manière.
Un homme qui bat à plates coutures d'autres humains qui n'ont pas une once de bonté sous leurs parfums, leurs fausses dents et leurs masques.
Chafouin est tel qu'il est, sans flaflas ni fioritures.
Et, vrai comme je suis là, je l'aime tel qu'il est Chafouin.
Et, vrai comme je le dis, c'est une joie pour moi que de le rencontrer même si l'on ne se parle pas beaucoup.
Cet homme dans la soixantaine a une chevelure blonde comme le foin fou avec quelques reflets argentés ici et là. Son front a quelque chose de préhistorique. Il fuit vers son occiput touffu et dépeigné.
De taille moyenne mais de stature robuste, Chafouin marche toujours droit comme i.
Il n'a plus de dents depuis longtemps et, comme de raison, on ne comprend rien à ce qu'il dit.
On dit qu'il parle le chafouin, un patois de la région de Acton Vale. D'où son surnom, j'imagine.
Chafouin porte des pantalons beaucoup trop grands pour lui, une chemise trop petite et se promène été comme hiver en bottes de caoutchouc communément désignées par l'expression bottes d'eau.
Chafouin est tout un personnage. Tous ceux qui parlent et crient tout seul ne peuvent être que des personnages.
C'est pourtant un authentique gentilhomme qui cède sa place aux personnes âgées, aux handicapés, aux femmes et même aux filles lorsqu'il prend l'autobus pour se rendre au diable vauvert.
-Achoyez-'ous! Achoyez-'ous! qu'il leur dit en leur laissant sa place assise.
S'il est déjà debout et que personne ne se lève pour céder sa place à une personne âgée, handicapée ou féminine, Chafouin se fâche.
-I' faut qu'a s'achèyent caltor 'ous 'oyez bin? Ach! Est pas pou' raster d'boutte caltor d'la vie! Ach!
Chafouin, en de semblables circonstances, a les yeux exorbités et l'air si féroce que même les ados les plus récalcitrants finissent par obtempérer dans la crainte que Chafouin n'en vienne à sortir de ses gonds.
Il fait peur Chafouin et on est mieux de ne pas rire de lui.
Tout le monde rit de lui, en fait, mais cela se fait dans la dissimulation.
On n'oserait pas rire de lui en pleine face parce que Chafouin est toujours droit comme un i, le regard farouche et la bouche prête à mordre à pleines gencives.
-El' monde ch'ait pas vivre caltor d'la vie! L'vez-vous caltor quand qu'i' y'a des ch'femmes ou bin don' des pas ch'olides su' 'es ch'ambes! Caltor de caltor!
Chaque fois que je croise Chafouin, il me salue invariablement sans étirer la discussion.
Je le salue comme s'il était le seul gentilhomme de cette ville pétrie de mépris et d'indifférence.
-Ch'lut m'sieur!
-Salut monsieur! Belle journée?
-Ch'fait beau en caltor! Ach ch'me ch'mi ch'se ch'sait ch'ma ch'mou ch'mette!
-Hum, hum, que je lui réponds sans comprendre. C'est sûr! C'est sûr!
-Caltor d'la vie! et il reprend sa route.
Il faut dire que, à l'instar de Chafouin, je cède aussi ma place aux vieux et aux handicapés quand je prends l'autobus.
N'empêche que Chafouin m'a vu faire quelques fois et m'a en quelque sorte adopté.
Je me suis montré digne de ses salutations.
Chafouin ne fait pas que céder sa place dans les autobus. Il tient les portes pour les gens qui ont les bras chargés de paquets. Il donne un peu de sa menue monnaie aux mendiants. Il pousse les véhicules coincés dans la neige même s'il n'a pas de véhicule.
Bref, Chafouin est en tous points un gentilhomme comme il ne s'en fait plus.
Plusieurs le perçoivent comme quelqu'un dont l'ascenseur ne se rend pas au cerveau.
D'autres laissent entendre que c'est un crétin.
Moi, ma blonde et quelques autres l'admirons à distance.
Bien sûr qu'il n'est pas commode et qu'on ne comprend rien à ce qu'il dit.
Bien sûr qu'il est dépeigné, édenté et malodorant.
Bien sûr qu'il porte des bottes d'eau été comme hiver.
Par contre, c'est un saint homme à sa manière.
Un homme qui bat à plates coutures d'autres humains qui n'ont pas une once de bonté sous leurs parfums, leurs fausses dents et leurs masques.
Chafouin est tel qu'il est, sans flaflas ni fioritures.
Et, vrai comme je suis là, je l'aime tel qu'il est Chafouin.
Et, vrai comme je le dis, c'est une joie pour moi que de le rencontrer même si l'on ne se parle pas beaucoup.
vendredi 24 juin 2016
Les maudits séparatistes de la Grande-Bretagne
C'est aujourd'hui la Fête nationale du Québec et j'apprends, paradoxalement, que les électeurs de la Grande-Bretagne viennent de se séparer de la Communauté économique européenne. On pourrait presque dire qu'ils ont déclaré leur indépendance.
Je vous avouerai tout de suite que j'ai suivi d'un oeil lâche ce que l'on appelle le Brexit. L'Europe est loin, même si la reine de la Grande-Bretagne figure sur toutes les pièces de monnaie du Dominium of Canada.
Mon interprétation ne vaut pas cher la tonne. Je vous la donne à brûle-pourpoint, sans en mesurer tous les tenants et aboutissants.
J'ai l'impression que les Britanniques souhaitaient contrôler leurs affaires eux-mêmes sans se faire dicter par les banquiers européens l'orientation que devait prendre leur pays.
J'ai le sentiment que les Britanniques ont pris ce chemin que bon nombre de Québécois ont vainement tenté de prendre au cours des trois derniers référendums.
Les Britanniques ne souhaitaient pas que les décisions qui concernent l'avenir de leur pays soient prises à Bruxelles. Comme une majorité de Québécois francophones ne voulaient pas qu'un gouvernement qui nous a toujours été étranger interfère dans nos affaires.
Bien que je sois encore critique envers le nationalisme, je me rends à l'évidence que nous n'arriverons à rien au sein d'un grand ensemble impersonnel qui profite essentiellement aux banquiers et aux spéculateurs fonciers.
On ne sera jamais "maîtres chez-nous" en laissant notre économie entre les mains de ces gredins qui contribuent à gonfler artificiellement notre dette publique tout en bradant nos ressources naturelles.
La Grande-Bretagne est redevenue indépendante.
Le Québec est encore dépendant.
L'ironie de la situation consiste sans doute à célébrer cette victoire des séparatistes britanniques le jour où notre peuple célèbre son indépendance bafouée.
Bon joueur, j'offre mes félicitations aux indépendantistes britanniques.
Et j'affiche même leur drapeau.
Mais je me garde cette nécessité de chanter notre hymne québécois.
Un hymne de paix et d'amour.
Un hymne qu'on ne pourrait pas chanter sur un champ de bataille.
VIVE LE QUÉBEC LIBRE!
Je vous avouerai tout de suite que j'ai suivi d'un oeil lâche ce que l'on appelle le Brexit. L'Europe est loin, même si la reine de la Grande-Bretagne figure sur toutes les pièces de monnaie du Dominium of Canada.
Mon interprétation ne vaut pas cher la tonne. Je vous la donne à brûle-pourpoint, sans en mesurer tous les tenants et aboutissants.
J'ai l'impression que les Britanniques souhaitaient contrôler leurs affaires eux-mêmes sans se faire dicter par les banquiers européens l'orientation que devait prendre leur pays.
J'ai le sentiment que les Britanniques ont pris ce chemin que bon nombre de Québécois ont vainement tenté de prendre au cours des trois derniers référendums.
Les Britanniques ne souhaitaient pas que les décisions qui concernent l'avenir de leur pays soient prises à Bruxelles. Comme une majorité de Québécois francophones ne voulaient pas qu'un gouvernement qui nous a toujours été étranger interfère dans nos affaires.
Bien que je sois encore critique envers le nationalisme, je me rends à l'évidence que nous n'arriverons à rien au sein d'un grand ensemble impersonnel qui profite essentiellement aux banquiers et aux spéculateurs fonciers.
On ne sera jamais "maîtres chez-nous" en laissant notre économie entre les mains de ces gredins qui contribuent à gonfler artificiellement notre dette publique tout en bradant nos ressources naturelles.
La Grande-Bretagne est redevenue indépendante.
Le Québec est encore dépendant.
L'ironie de la situation consiste sans doute à célébrer cette victoire des séparatistes britanniques le jour où notre peuple célèbre son indépendance bafouée.
Bon joueur, j'offre mes félicitations aux indépendantistes britanniques.
Et j'affiche même leur drapeau.
Mais je me garde cette nécessité de chanter notre hymne québécois.
Un hymne de paix et d'amour.
Un hymne qu'on ne pourrait pas chanter sur un champ de bataille.
VIVE LE QUÉBEC LIBRE!
jeudi 23 juin 2016
L'anarchisme selon Jean-René
Jean-René est un anarchiste. Il le crie sur tous les toits et, d'ailleurs, il porte un badge au revers de son blouson de cuir, noir comme il se doit, sur lequel on voit un A encerclé. Ses pantalons sont déchirés. Ses bottes proviennent du Surplus d'armée. Il a un anneau dans le nez et s'enroule le col avec un foulard palestinien. Il a le look de l'emploi. Il a la panoplie de l'anarchiste.
Jean-René fait figure d'autorité parmi sa secte d'anarchistes. D'abord parce que son papa lui permet de tenir des réunions à son chalet dans les Laurentides. Et puis aussi parce que c'est lui qui paie toujours pour l'impression des tracts et autres publications militantes. Son père a fermé les yeux sur la vieille presse qu'il a volé à l'une de ses imprimeries.
Jean-René ne travaille pas et dispose d'une pension que lui verse hebdomadairement son père, dans l'espoir que cela finisse par lui passer.
Jean-René n'est ni homme ni femme, ni Québécois ni Canadien, ni Caucasien, ni humain. Il est le nihilisme incarné. Il est anarchiste, qu'on se le tienne pour dit!
Il déteste tout ce qui est bourgeois et prétend se servir de l'argent des bourgeois pour mener sa lutte contre eux.
C'est Jean-René qui décide de tout au sein de son groupuscule. Il fait toujours semblant que son point de vue est l'opinion de tout un chacun au sein des membres. Il se charge d'exclure tous ceux qui témoignent des velléités d'indépendance d'esprit en les traitant de sales petits-bourgeois à la solde du pouvoir.
Récemment, il a expulsé Christian Lafortune-Gagnon, alias CLG. CLG a eu le malheur de déclarer qu'il aimait bien la série Game of Thrones. Pour Jean-René, c'était la preuve par A plus B que CLG était un indicateur de police. Comment peut-on aimer ces histoires de rois et de reines tout en prétendant prendre le parti des peuples opprimés? C'était évident que CLG avait quelque chose à cacher. Jean-René lui intima l'ordre de ne plus se présenter aux réunions du Bloc Rouge et Noir qu'il animait.
Jean-René n'en était pas à sa première expulsion. Il avait aussi poussé vers la sortie un militant qui avait été surpris en train de se masturber aux toilettes avec le dernier numéro du magazine Hustler. Cela mettait en évidence, selon lui, que le camarade n'avait pas compris les leçons du féminisme.
Il mit aussi dehors un gars qui s'habillait trop proprement. Le gars portait toujours une chemise d'un blanc impeccable avec des pantalons jamais fripés. C'était plus que ce que Jean-René ne pouvait supporter. Ce n'est pas en étant conformiste qu'on change le monde.
Les gens du peuple, aliénés comme ils le sont, ne comprennent jamais ce que tente de leur dire Jean-René avec ses tracts et autres niaiseries.
Ils le perçoivent comme quelqu'un de stupide et se torche de ses idées incompréhensibles.
Pourtant, je vous jure que Jean-René est promu à un bel avenir.
Un jour, il se tannera de jouer au Savonarole.
Il prendra la relève dans l'entreprise de papa.
Et il sera le premier à chier sur les syndicats.
C'est mon interprétation, bien entendu.
Une interprétation de petit-bourgeois.
Un point de vue de valet du capitalisme international...
Jean-René fait figure d'autorité parmi sa secte d'anarchistes. D'abord parce que son papa lui permet de tenir des réunions à son chalet dans les Laurentides. Et puis aussi parce que c'est lui qui paie toujours pour l'impression des tracts et autres publications militantes. Son père a fermé les yeux sur la vieille presse qu'il a volé à l'une de ses imprimeries.
Jean-René ne travaille pas et dispose d'une pension que lui verse hebdomadairement son père, dans l'espoir que cela finisse par lui passer.
Jean-René n'est ni homme ni femme, ni Québécois ni Canadien, ni Caucasien, ni humain. Il est le nihilisme incarné. Il est anarchiste, qu'on se le tienne pour dit!
Il déteste tout ce qui est bourgeois et prétend se servir de l'argent des bourgeois pour mener sa lutte contre eux.
C'est Jean-René qui décide de tout au sein de son groupuscule. Il fait toujours semblant que son point de vue est l'opinion de tout un chacun au sein des membres. Il se charge d'exclure tous ceux qui témoignent des velléités d'indépendance d'esprit en les traitant de sales petits-bourgeois à la solde du pouvoir.
Récemment, il a expulsé Christian Lafortune-Gagnon, alias CLG. CLG a eu le malheur de déclarer qu'il aimait bien la série Game of Thrones. Pour Jean-René, c'était la preuve par A plus B que CLG était un indicateur de police. Comment peut-on aimer ces histoires de rois et de reines tout en prétendant prendre le parti des peuples opprimés? C'était évident que CLG avait quelque chose à cacher. Jean-René lui intima l'ordre de ne plus se présenter aux réunions du Bloc Rouge et Noir qu'il animait.
Jean-René n'en était pas à sa première expulsion. Il avait aussi poussé vers la sortie un militant qui avait été surpris en train de se masturber aux toilettes avec le dernier numéro du magazine Hustler. Cela mettait en évidence, selon lui, que le camarade n'avait pas compris les leçons du féminisme.
Il mit aussi dehors un gars qui s'habillait trop proprement. Le gars portait toujours une chemise d'un blanc impeccable avec des pantalons jamais fripés. C'était plus que ce que Jean-René ne pouvait supporter. Ce n'est pas en étant conformiste qu'on change le monde.
Les gens du peuple, aliénés comme ils le sont, ne comprennent jamais ce que tente de leur dire Jean-René avec ses tracts et autres niaiseries.
Ils le perçoivent comme quelqu'un de stupide et se torche de ses idées incompréhensibles.
Pourtant, je vous jure que Jean-René est promu à un bel avenir.
Un jour, il se tannera de jouer au Savonarole.
Il prendra la relève dans l'entreprise de papa.
Et il sera le premier à chier sur les syndicats.
C'est mon interprétation, bien entendu.
Une interprétation de petit-bourgeois.
Un point de vue de valet du capitalisme international...
mercredi 22 juin 2016
Comment devenir un idiot
J'ai commis un billet récemment où il était question de paix et d'amour, au risque de passer pour le prince Mychkine, alias l'Idiot de Dostoïevski.
Dostoïevski a écrit que la beauté sauvera le monde. Il aurait pu tout aussi bien écrire que la bonté nous sauvera tous. J'imagine que la bonté était incluse dans la beauté.
Cela dit, je récidive avec un billet dans la même veine. Peut-être parce que je n'ai pas encore épuisé ce filon.
Nous baignons dans une atmosphère perpétuelle de haine, de violence et de ressentiment.
Je ne vaux pas mieux que les autres à ce sujet et il m'arrive, malheureusement, de m'abandonner à l'amertume.
Pourtant, je crois m'être fermement attaché à des valeurs que je considère fondamentales.
La première d'entre toutes m'a été inculquée par mon père qui disait souvent qu'à la guerre on ne tire pas sur les ambulances. Cela signifie qu'il ne faut pas frapper sur quelqu'un qui est à terre, au plancher. Cela manque de noblesse.
Vous me verrez donc rarement insulter les pauvres, les prisonniers, les réfugiés, les immigrés et les éclopés en tous genres. Cela ne fait pas partie des valeurs que l'on m'a inculquées. Des valeurs que j'ai faites miennes au fil des ans.
Pour ce qui est de la bonté, je ne vois pas pourquoi certains considèrent qu'ils peuvent facilement s'en priver. C'est elle qui confère à l'âme ce quelque chose de plus qui permet de pardonner l'impardonnable et de surmonter l'insurmontable.
La naïveté, que l'on tient pour un défaut, me semble au contraire une très belle qualité. Les gens qui se disent réalistes, pragmatiques et froids comme de la pierre m'inspirent de la pitié. Il leur manque de la beauté. Se soumettre aux diktats de la laideur d'âme ne me semble pas une option viable pour l'évolution spirituelle de quiconque.
Aussi critique que je puisse être envers la religion, je ressens intensément la nécessité de cheminer spirituellement dans ma vie. Si je rejette les dogmes établis, c'est parce qu'ils obstruent mes visions. J'y ressens trop ce côté réaliste, pragmatique et froid comme de la pierre sur laquelle on bâtit des pyramides à la gloire des fanfarons.
La spiritualité, c'est comme la musique. Elle ne se passe pas dans les demandes de subventions. Elle vit pendant que les musiciens jouent.
Une spiritualité qui ne se traduit pas en actes de bonté ne vaut rien.
Une autre valeur qui m'est consubstantielle est la gratitude. La gratitude envers la vie, quoi qu'elle puisse nous proposer. La gratitude envers nos frères et soeurs humains, même quand on brûlerait de les étriper.
Je songe souvent à ce conte de Tchekhov dont le titre m'échappe. Il s'agit d'un homme accoutumé à dormir dehors à la belle étoile, été comme hiver, même lorsqu'il pleut. Avant que de s'endormir, cet homme que Tchekhov considérait comme le plus malheureux du monde prenait le temps de remercier Dieu: "Quelle belle vie je mène! disait-il en substance. Que je suis bien! Je ne changerais pas de vie pour rien au monde!"
Cela m'a marqué, même si le titre de la nouvelle m'échappe.
Bien des gens riches et célèbres doivent probablement s'endormir avec du ressentiment, de l'anxiété, de l'amertume. Mais pas ce trou du cul qui dormait sur un sol humide et boueux.
Je n'appellerais pas ça de la résignation.
Cela se situait à un niveau supérieur de l'expérience humaine.
Un niveau que très peu atteindront au cours de ces vies que nous menons.
Tchekhov s'en est fait le témoin.
Comme moi je vous le témoigne.
Je ne prétends pas en être arrivé à ce stade supérieur de ma vie.
Il me reste encore de la boue à manger.
mardi 21 juin 2016
Jour du Soleil / Jour des Autochtones!
Le 21 juin a été consacré non seulement le jour du solstice d'été, mais représente aussi le Jour des Autochtones. La Fête du Soleil jouait un rôle central dans la manière de vivre de mes ancêtres.
Il est dommage que le 21 juin ne soit pas un congé férié.
Il est plus que dommage qu'il n'y ait aucun congé férié au Canada pour nous rappeler la contribution des Autochtones à l'essor des communautés qui occupent aujourd'hui ce territoire que les Anciens appelaient l'Île de la Tortue.
Je souhaite une belle journée à tous mes frères et soeurs Autochtones.
Idle no more...
Peace and Love
Les doux et les pacifistes passent à tort pour des imbéciles.
Il est de bon ton chez ceux qui se cachent derrière les violents, loin du théâtre des opérations, de lancer des appels au meurtre. On ne frappe jamais assez fort. On n'extermine jamais assez ces humains qu'il est toujours tentant de comparer à de la vermine.
Je ne suis pas un doux et pas tout à fait un pacifiste. Je m'impatiente souvent et peut devenir explosif face à une injustice. Je voue pourtant un très grand respect à ce pacifisme que je souhaiterais faire mien en toutes circonstances. Cela représente, pour moi, le chemin le plus difficile que je puisse prendre. Je suis grand et gros. Je ressemble physiquement à une armoire à glace. J'ai la carrure pour donner des baffes et en recevoir sans crainte de me faire mal.
Pourtant, mes idoles sont des hommes et des femmes de paix. Sinon, des personnages de la littérature. J'oscille entre Tolstoï, Thoreau et John Lennon. Je me situe quelque part entre Emily Dickinson et le docteur Jivago. J'épouse totalement la cause de Roméo et Juliette.
Parlant de Roméo et Juliette, j'ai toujours été fasciné par cette histoire d'amour ratée qui représente bien toute la saleté de notre époque.
Les Capulet et les Montaigu trouvent toutes les raisons du monde pour s'étrangler. Ils tiennent les comptes de chaque offense pour justifier leur vendetta. Roméo et Juliette ne souhaitent que s'aimer, loin des chiffres et des statistiques de ces vieux cons qui s'opposent à leur relation amoureuse. Évidemment, les deux finissent par se suicider. Comme si c'était la seule manière de se sortir de cette Histoire avec un grand H.
History is not my story, disait le jazzman Sun Ra. Son histoire, his story, ce n'est pas la mienne. Cela résume bien l'affaire. Je ne veux pas tenir un rôle dans cette Histoire. Je veux m'en éloigner pour vivre ma vie en paix.
La douceur, l'amour et la paix sont l'expression de la naïveté totale pour ceux qui raffolent de se barbouiller le visage de sang humain.
Qui veut la paix prépare la guerre. Qu'on se le tienne pour dit. Rien de mieux qu'un massacre pour préserver l'amour.
Il y a toujours péril en la demeure. Après le péril rouge, c'est le péril jaune, puis le péril islamique. Demain, ce sera le péril sud-américain. Pour se prémunir contre ces ennemis commodes, il faut envisager la guerre, aussi totale soit-elle, quitte à effacer toute trace de vie humaine sur Terre. Il faut fermer les frontières, se bâtir des bunkers et y entreposer des boîtes de conserve pour un long hiver nucléaire.
Des tas de civils dans le monde qui n'ont pas la logique des militaires fuient sur les routes.
Ils espèrent trouver un havre de paix. Un endroit pour déposer leurs bagages et regarder grandir leurs enfants.
Cet endroit ne doit pas exister. La Terre n'appartient pas à tous. Ces misérables réfugiés sont coupables d'intelligence avec l'ennemi. Ils traînent avec eux la maladie et contaminent nos sols réfractaires à la charité et à la compassion. Ils ne s'habillent pas comme nous et ne mangent pas de cretons: c'est tout dire!
Il faut être dur pour ne pas être naïf et bon.
Il faut rendre la vie difficile, sinon intolérable, et pousser au suicide les malheureux.
Il faut matraquer la liberté, écraser les peuples, piller les ressources, déchirer tous les filets sociaux.
La bonté, c'est pour les poètes.
La compassion, c'est pour les rêveurs.
La charité commence et finit pour soi-même.
Voilà les enseignements de nos plus illustres penseurs, économistes et politiciens.
Voilà le drame de notre temps.
D'un temps où l'homme n'est plus qu'une statistique.
D'un temps où des gens de paix passent pour des cons.
Il est de bon ton chez ceux qui se cachent derrière les violents, loin du théâtre des opérations, de lancer des appels au meurtre. On ne frappe jamais assez fort. On n'extermine jamais assez ces humains qu'il est toujours tentant de comparer à de la vermine.
Je ne suis pas un doux et pas tout à fait un pacifiste. Je m'impatiente souvent et peut devenir explosif face à une injustice. Je voue pourtant un très grand respect à ce pacifisme que je souhaiterais faire mien en toutes circonstances. Cela représente, pour moi, le chemin le plus difficile que je puisse prendre. Je suis grand et gros. Je ressemble physiquement à une armoire à glace. J'ai la carrure pour donner des baffes et en recevoir sans crainte de me faire mal.
Pourtant, mes idoles sont des hommes et des femmes de paix. Sinon, des personnages de la littérature. J'oscille entre Tolstoï, Thoreau et John Lennon. Je me situe quelque part entre Emily Dickinson et le docteur Jivago. J'épouse totalement la cause de Roméo et Juliette.
Parlant de Roméo et Juliette, j'ai toujours été fasciné par cette histoire d'amour ratée qui représente bien toute la saleté de notre époque.
Les Capulet et les Montaigu trouvent toutes les raisons du monde pour s'étrangler. Ils tiennent les comptes de chaque offense pour justifier leur vendetta. Roméo et Juliette ne souhaitent que s'aimer, loin des chiffres et des statistiques de ces vieux cons qui s'opposent à leur relation amoureuse. Évidemment, les deux finissent par se suicider. Comme si c'était la seule manière de se sortir de cette Histoire avec un grand H.
History is not my story, disait le jazzman Sun Ra. Son histoire, his story, ce n'est pas la mienne. Cela résume bien l'affaire. Je ne veux pas tenir un rôle dans cette Histoire. Je veux m'en éloigner pour vivre ma vie en paix.
La douceur, l'amour et la paix sont l'expression de la naïveté totale pour ceux qui raffolent de se barbouiller le visage de sang humain.
Qui veut la paix prépare la guerre. Qu'on se le tienne pour dit. Rien de mieux qu'un massacre pour préserver l'amour.
Il y a toujours péril en la demeure. Après le péril rouge, c'est le péril jaune, puis le péril islamique. Demain, ce sera le péril sud-américain. Pour se prémunir contre ces ennemis commodes, il faut envisager la guerre, aussi totale soit-elle, quitte à effacer toute trace de vie humaine sur Terre. Il faut fermer les frontières, se bâtir des bunkers et y entreposer des boîtes de conserve pour un long hiver nucléaire.
Des tas de civils dans le monde qui n'ont pas la logique des militaires fuient sur les routes.
Ils espèrent trouver un havre de paix. Un endroit pour déposer leurs bagages et regarder grandir leurs enfants.
Cet endroit ne doit pas exister. La Terre n'appartient pas à tous. Ces misérables réfugiés sont coupables d'intelligence avec l'ennemi. Ils traînent avec eux la maladie et contaminent nos sols réfractaires à la charité et à la compassion. Ils ne s'habillent pas comme nous et ne mangent pas de cretons: c'est tout dire!
Il faut être dur pour ne pas être naïf et bon.
Il faut rendre la vie difficile, sinon intolérable, et pousser au suicide les malheureux.
Il faut matraquer la liberté, écraser les peuples, piller les ressources, déchirer tous les filets sociaux.
La bonté, c'est pour les poètes.
La compassion, c'est pour les rêveurs.
La charité commence et finit pour soi-même.
Voilà les enseignements de nos plus illustres penseurs, économistes et politiciens.
Voilà le drame de notre temps.
D'un temps où l'homme n'est plus qu'une statistique.
D'un temps où des gens de paix passent pour des cons.
lundi 20 juin 2016
Je ne lis jamais les blogues: JAMAIS!
Mon frère aîné avait cru bon un jour de faire connaître mon blogue à un célèbre chroniqueur de La Presse.
Cet enculé qui faisait la profession de foi d'être un homme dit de gauche lui avait répondu: "Je ne lis jamais les blogues: JAMAIS!"
Il m'est pourtant arrivé de lire ses chroniques de sale con dans La Presse.
L'énergumène avait aussi coutume de parler souvent de vélos.
J'espère ne jamais devenir comme ce faux-cul. D'autant plus qu'il se peut que je me mette moi aussi à parler de vélo...
Je souhaite pratiquer toute ma vie la politique de la main tendue, sans attendre quelque avantage que ce soit.
Si je puis aider un loustic à se trouver une situation à la mesure de ses capacités, parce que je suis en contact avec d'autres loustics qui pourraient lui permettre de cheminer dans la vie, eh bien je le ferai.
Je ne lui répondrai pas que je n'aide jamais personne: JAMAIS!
Évidemment, je ne vous dis pas ça pour que l'on me prenne en pitié. Je n'en mérite pas, de la pitié. D'abord, j'ai une grande gueule et, bien que je sois poli, j'ai coutume de dire ce que je pense sans m'empêtrer dans ce type de relations humaines stratégiques qui distinguent le faux-cul du débonnaire.
Si vous voulez faire connaître mon blogue à quelques chroniqueurs bien rémunérés dans l'espoir de me créer une situation, je vous laisserai faire sans cligner des yeux. Je serais surpris qu'ils accordent de l'importance à un éventuel compétiteur. Ils vous répondront peut-être qu'ils ne lisent jamais ceux qui ne sont pas payés pour le faire: JAMAIS! Ce qui me permettra de croire, à tort ou à raison, que ce sont des enculés.
N'allez pas croire que je sois amer. Je nourris à peine un zeste de ressentiment. J'aime tout le monde, même les enculés.
Enfin! je n'ai pas trop d'amertume envers ma situation. Vaclav Havel poussait des barils dans des entrepôts tandis que d'autres récoltaient les médailles et les honneurs pour des oeuvres somme toute médiocres. Le génie ne serait pas le génie si on lui faisait la vie trop facile.
Évidemment, je trouve injuste de voir sécher sur le carreau tant de talents méconnus.
Je ne parle pas du mien, vous vous en doutez bien. Mais de celui de tous ces intellectuels qui souhaiteraient que je puisse les aider d'une manière ou d'une autre à obtenir une position à la hauteur de leurs aspirations les plus légitimes.
Je dois constamment leur rappeler que je ne suis qu'un trou du cul...
Pourtant, ils affluent dans ma vie comme si j'avais la faculté d'y changer quoi que ce soit. Si je ne peux pas le faire pour moi, chers camarades, vous vous doutez bien que je ne puis rien faire pour vous, n'est-ce pas?
Je vais tout de même pratiquer la politique de la main tendue, par humanisme, par compassion ou par stupidité. Et je ne dirai jamais que je ne lis pas les poèmes, les nouvelles fantastiques ou bien les chroniques pornographiques, JAMAIS!
Pour ce qui est du vélo, oui j'en ai fait beaucoup en fin de semaine. Avec ma blonde qui plus est. Plus de 35 kilomètres samedi. Pas loin de 80 kilomètres dimanche. C'est beaucoup pour un vieux monsieur comme moi dont le poids oscille autour de 130 kilogrammes répartis sur 1,88 mètres de hauteur...
Ce matin, j'ai mal aux aines. Mes auriculaires sont engourdies. Le haut de mes cuisses me fait légèrement souffrir. Mais je me sens bien d'avoir pu le faire.
J'en souris de souffrance.
Si je ne me retenais pas, je me mettrais à relire les chroniques de Faux-cul archivées dans La Presse...
samedi 18 juin 2016
Xbox 360
Tout le monde sait que je suis un collectionneur de bonnes histoires. Quiconque sait raconter plus que son lot personnel d'anecdotes tombe tout de suite dans mes faveurs. Je n'en ai jamais assez. J'en veux tout le temps plus. Et je n'en éprouve aucune gêne. Je suis comme ça. C'est à comprendre ou à délaisser.
Nous recevions hier Félix, le garçon de ma blonde. Il m'en a raconté une belle qui deviendra un jour ou l'autre le sujet d'une nouvelle, je le sens bien.
Nous parlions de l'école sous ses plus mauvais aspects. De l'école primaire et secondaire qui produit beaucoup trop de victimes d'intimidation. La direction et le personnel enseignant devraient normalement se substituer à l'autorité parentale lorsqu'on leur confie des enfants. Ils devraient avoir la responsabilité d'assurer l'ordre dans leur poulailler. Malheureusement, c'est trop souvent le chaos qui triomphe. C'est toujours ahurissant de constater qu'un étudiant ou une étudiante peut être victime des pires vexations pendant des années sans qu'aucun professeur n'intervienne. On croit, à tort, que cela fait partie de l'éducation que de poursuivre ses agresseurs avec un pic à glace ou bien une machette...
Cela dit, Félix me racontait l'histoire d'un jeune homme un peu autiste et toujours solitaire que de jeunes malfrats avaient coutume de narguer en lui lançant des pièces de monnaie. Le jeune homme les ramassait et on lui en refoutait en pleine gueule toujours plus tout en l'abreuvant de quolibets.
À la fin de l'année, le jeune malheureux avait tellement ramassé de pièces de monnaie qu'il s'est acheté une Xbox 360 avec cette menue monnaie qui avait servi d'instrument pour sa séance d'humiliation quotidienne. C'était sa manière de s'en crisser. Tiens mes hosties, j'ai ma Xbox 360. Mangez d'la marde!
Nous recevions hier Félix, le garçon de ma blonde. Il m'en a raconté une belle qui deviendra un jour ou l'autre le sujet d'une nouvelle, je le sens bien.
Nous parlions de l'école sous ses plus mauvais aspects. De l'école primaire et secondaire qui produit beaucoup trop de victimes d'intimidation. La direction et le personnel enseignant devraient normalement se substituer à l'autorité parentale lorsqu'on leur confie des enfants. Ils devraient avoir la responsabilité d'assurer l'ordre dans leur poulailler. Malheureusement, c'est trop souvent le chaos qui triomphe. C'est toujours ahurissant de constater qu'un étudiant ou une étudiante peut être victime des pires vexations pendant des années sans qu'aucun professeur n'intervienne. On croit, à tort, que cela fait partie de l'éducation que de poursuivre ses agresseurs avec un pic à glace ou bien une machette...
Cela dit, Félix me racontait l'histoire d'un jeune homme un peu autiste et toujours solitaire que de jeunes malfrats avaient coutume de narguer en lui lançant des pièces de monnaie. Le jeune homme les ramassait et on lui en refoutait en pleine gueule toujours plus tout en l'abreuvant de quolibets.
À la fin de l'année, le jeune malheureux avait tellement ramassé de pièces de monnaie qu'il s'est acheté une Xbox 360 avec cette menue monnaie qui avait servi d'instrument pour sa séance d'humiliation quotidienne. C'était sa manière de s'en crisser. Tiens mes hosties, j'ai ma Xbox 360. Mangez d'la marde!
vendredi 17 juin 2016
Être un peu moins lourd...
Il est primordial que je sois moins lourd pour ce billet du vendredi.
La fin de semaine s'annonce belle, chaude et ensoleillée. De plus, ce seront les journées parmi les plus longues de l'année. Il serait ridicule de s'en priver. Et, pire encore, de bouder ce plaisir pour des considérations platement politiques.
J'ai quelque chose de la bête politique, je ne le sais que trop bien. Je tempère cependant mes révoltes avec beaucoup de philosophie et un zeste de poésie.
La politique est trop souvent le théâtre d'opération des personnes les plus répugnantes qui soient. Ce n'est pas pour rien que la politique attire des légions de menteurs, d'hypocrites et de magouilleurs. Ce n'est pas pour rien que la politique est contrôlée par la pègre. Je ne dirais pas que c'est dans l'ordre des choses. C'est plutôt la confirmation du désordre des choses. C'est la preuve que la politique est un terrain couvert d'immondices et d'idéologues fanatiques qui voleraient un bol de riz à un enfant famélique pour prouver qu'ils ont raison de tout détruire.
L'humanité est rare chez ceux qui ont des opinions bien arrêtées. Ils vous en trouveront des justifications pour ce bol de riz volé. Ils vous en casseront des oeufs sans que vous ne voyiez jamais l'omelette. Ils vous diront, surtout, d'être réalistes. Le monde est laid, ignoble et immoral, tout comme ils le sont. Pourquoi devriez-vous vous acharner à le voir différemment? Pourquoi croire qu'il pourrait être beau, noble et tout aussi moral qu'une main tendue vers quelqu'un qui a besoin d'aide?
Je le dis souvent, mes héros en littérature comme dans la vie sont ceux qui soignent des blessés plutôt que de faire des victimes, aussi collatérales soient-elles.
Je voue un culte au docteur Jivago, un personnage fictif qui existe pourtant parmi mes semblables.
Au lieu de faire la guerre, Youri Jivago ramasse tout le monde qui est tombé au combat, les Rouges, les Noirs ou les Blancs. Il ne fait pas de distinction entre la vie humaine d'Untel et celle de l'Autre.
Dans ses temps libres, plutôt que de se perdre en ratiocinations sur la situation politique, il écrit des poèmes. Des poèmes qui parlent d'une femme ou bien du givre qui se forme dans les fenêtres.
Les esprits politiques le traitent d'idiot, de rêveur, de crétin. Et ensuite, ils dévorent leurs propres enfants sans trop les mâcher.
Jivago les surpasse tous à mes yeux. Tous ces crottés cannibales qui rêvent d'étriper leurs frères et soeurs humains ne lui arrivent pas à la cheville.
***
Il fera beau aujourd'hui, demain et après-demain.
Jo Cox s'est faite tuer par un déséquilibré mental d'extrême-droite. C'était une députée travailliste britannique qui prônait le multiculturalisme tant honni par certains. Elle défendait le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne. Comme la plupart des indépendantistes écossais par ailleurs...
J'ai beau trouver que la politique est sale, que je me garde un droit de réserve en de pareilles circonstances.
Le multiculturalisme n'est pas à la mode chez les souverainistes québécois, je ne le sais que trop bien. Je me fais souvent reprocher de soutenir cette position. Je ne veux pas signifier par là que tous les opposants au multiculturalisme soient des assassins. Mais il y a un germe de violence dans le repli identitaire. Un germe de hooliganisme. Un germe de fanatisme. Ceux qui se sentent atteints par la grande farandole du vivre ensemble me semble des gens bien tristes. La Terre est devenue petite et les moyens pour la détruire menacent l'existence même de la vie sur notre planète. Cela prête à réfléchir sur l'art de vivre ensemble sans se taper sur la gueule.
Je soutiens à ma manière l'indépendance du Québec. Et, je dois bien le dire, je n'ai aucun problème moral à considérer l'indépendance du Québec sous l'angle d'une société ouverte et multiculturelle. Je dirais même que j'ai un problème à l'envisager autrement.
Quand on crache sur Justin Trudeau et son maudit multiculturalisme, je ne m'étonne pas de voir les zélotes de cette idée stagner à 20% dans les sondages. Le racisme, même larvé, arrive rarement à ratisser plus large que cette proportion.
Je lie l'indépendance du Québec à la justice sociale.
Si l'indépendance n'arrive pas, je n'en mourrai pas.
Je suis déjà un Métis qui vit à cheval sur plusieurs frontières. Je suis déjà accoutumé à ce que l'on pourrait appeler l'inacceptable.
L'inacceptable ne doit pas me faire oublier le soleil, les fraises et les marguerites.
Je ne dois pas oublier que la vie est courte.
Et que c'est sans doute la seule que j'aie.
D'où l'importance d'en prendre soin, tant pour moi que pour autrui.
La fin de semaine s'annonce belle, chaude et ensoleillée. De plus, ce seront les journées parmi les plus longues de l'année. Il serait ridicule de s'en priver. Et, pire encore, de bouder ce plaisir pour des considérations platement politiques.
J'ai quelque chose de la bête politique, je ne le sais que trop bien. Je tempère cependant mes révoltes avec beaucoup de philosophie et un zeste de poésie.
La politique est trop souvent le théâtre d'opération des personnes les plus répugnantes qui soient. Ce n'est pas pour rien que la politique attire des légions de menteurs, d'hypocrites et de magouilleurs. Ce n'est pas pour rien que la politique est contrôlée par la pègre. Je ne dirais pas que c'est dans l'ordre des choses. C'est plutôt la confirmation du désordre des choses. C'est la preuve que la politique est un terrain couvert d'immondices et d'idéologues fanatiques qui voleraient un bol de riz à un enfant famélique pour prouver qu'ils ont raison de tout détruire.
L'humanité est rare chez ceux qui ont des opinions bien arrêtées. Ils vous en trouveront des justifications pour ce bol de riz volé. Ils vous en casseront des oeufs sans que vous ne voyiez jamais l'omelette. Ils vous diront, surtout, d'être réalistes. Le monde est laid, ignoble et immoral, tout comme ils le sont. Pourquoi devriez-vous vous acharner à le voir différemment? Pourquoi croire qu'il pourrait être beau, noble et tout aussi moral qu'une main tendue vers quelqu'un qui a besoin d'aide?
Je le dis souvent, mes héros en littérature comme dans la vie sont ceux qui soignent des blessés plutôt que de faire des victimes, aussi collatérales soient-elles.
Je voue un culte au docteur Jivago, un personnage fictif qui existe pourtant parmi mes semblables.
Au lieu de faire la guerre, Youri Jivago ramasse tout le monde qui est tombé au combat, les Rouges, les Noirs ou les Blancs. Il ne fait pas de distinction entre la vie humaine d'Untel et celle de l'Autre.
Dans ses temps libres, plutôt que de se perdre en ratiocinations sur la situation politique, il écrit des poèmes. Des poèmes qui parlent d'une femme ou bien du givre qui se forme dans les fenêtres.
Les esprits politiques le traitent d'idiot, de rêveur, de crétin. Et ensuite, ils dévorent leurs propres enfants sans trop les mâcher.
Jivago les surpasse tous à mes yeux. Tous ces crottés cannibales qui rêvent d'étriper leurs frères et soeurs humains ne lui arrivent pas à la cheville.
***
Il fera beau aujourd'hui, demain et après-demain.
Jo Cox s'est faite tuer par un déséquilibré mental d'extrême-droite. C'était une députée travailliste britannique qui prônait le multiculturalisme tant honni par certains. Elle défendait le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne. Comme la plupart des indépendantistes écossais par ailleurs...
J'ai beau trouver que la politique est sale, que je me garde un droit de réserve en de pareilles circonstances.
Le multiculturalisme n'est pas à la mode chez les souverainistes québécois, je ne le sais que trop bien. Je me fais souvent reprocher de soutenir cette position. Je ne veux pas signifier par là que tous les opposants au multiculturalisme soient des assassins. Mais il y a un germe de violence dans le repli identitaire. Un germe de hooliganisme. Un germe de fanatisme. Ceux qui se sentent atteints par la grande farandole du vivre ensemble me semble des gens bien tristes. La Terre est devenue petite et les moyens pour la détruire menacent l'existence même de la vie sur notre planète. Cela prête à réfléchir sur l'art de vivre ensemble sans se taper sur la gueule.
Je soutiens à ma manière l'indépendance du Québec. Et, je dois bien le dire, je n'ai aucun problème moral à considérer l'indépendance du Québec sous l'angle d'une société ouverte et multiculturelle. Je dirais même que j'ai un problème à l'envisager autrement.
Quand on crache sur Justin Trudeau et son maudit multiculturalisme, je ne m'étonne pas de voir les zélotes de cette idée stagner à 20% dans les sondages. Le racisme, même larvé, arrive rarement à ratisser plus large que cette proportion.
Je lie l'indépendance du Québec à la justice sociale.
Si l'indépendance n'arrive pas, je n'en mourrai pas.
Je suis déjà un Métis qui vit à cheval sur plusieurs frontières. Je suis déjà accoutumé à ce que l'on pourrait appeler l'inacceptable.
L'inacceptable ne doit pas me faire oublier le soleil, les fraises et les marguerites.
Je ne dois pas oublier que la vie est courte.
Et que c'est sans doute la seule que j'aie.
D'où l'importance d'en prendre soin, tant pour moi que pour autrui.
jeudi 16 juin 2016
Hommage à mon frère Christian, professeur de littérature à la retraite
Mon frère Christian a pris sa retraite de l'enseignement. Il était professeur de littérature au niveau collégial. Il aura passé 51 ans à l'école. Cela donne le vertige...
Son collège a souligné sa retraite dans le cadre d'une soirée où l'on rendait hommage à ceux et celles qui pouvaient enfin prendre la clé des champs. On le voit ici sur la photo en exergue.
Christian est l'aîné des quatre garçons de ma famille. Je suis le troisième du lot. Neuf ans me séparent de lui. C'est donc dire que je fus, en quelque sorte, son premier étudiant. Il s'est pratiqué sur moi avant de prodiguer son enseignement aux autres. Si j'écris aussi bien, c'est un peu de sa faute. Et un peu de la faute de mon père qui m'emmenait souvent à la bibliothèque en me recommandant vivement de ne pas lire seulement des bandes dessinées.
Nous sommes des fils de prolétaires qui ont fait la Révolution tranquille.
La génération de mes parents a été condamnée au travail à la chaîne à l'usine. La nôtre pouvait escompter un meilleur sort.
Moi et Christian avons eu le privilège de poursuivre nos études jusqu'à l'université.
Christian m'a ouvert la voie. Il m'a fait prendre conscience que c'était possible de ne pas finir ses jours à la Wabasso Textile ou bien à la Reynolds Aluminium Company. Et ça tombait bien, puisque ces usines sont fermées depuis longtemps déjà. Sans les études, peut-être que je serais chômeur à plein temps. Bien que je sois très critique envers mes études, je ne suis pas assez fou pour reconnaître que cette pure formalité m'aura ouvert quelques portes. Dont celles de la culture.
J'ai développé assez tôt des velléités d'écrivain. J'ai écrit des poèmes, des nouvelles et des romans sur lesquels mon frère et mon ineffable professeur de philosophie Alexis Klimov ont jeté un regard critique, sinon assassin. Je leur en suis d'autant plus reconnaissant que j'ai brûlé la majeure partie de ces écrits minables où j'apprenais à dire ce que je ne disais pas encore. Ma plus grande joie c'est de n'avoir jamais publié ces conneries. Cela aurait très bien pu se produire. J'ai connu des types qui ont publié leurs écrits de jeunesse et qui vivent encore de l'illusion de cette jeunesse qui leur aura fait produire des oeuvres plus que médiocres. Ils se seront accrochés à des poncifs et en seront devenus les esclaves. Grâce à mon frère et à Klimov, j'ai eu la chance de ne pas me faire d'illusions sur mes billevesées. J'ai pu me délivrer des clichés pour trouver ma propre voix.
Christian m'a initié aux bons auteurs, surtout ceux du Siècle des Lumières. De Diderot à Voltaire, en passant par Rivarol et tous les moralistes français, j'ai franchement tout appris. Initialement, mes phrases étaient longues et ponctuées de points-virgules, de tirets et autres signes que j'ai dû abandonner en cours de route. En fait, c'est au cours de cette route que j'aurai appris ce que les lettres ne pouvaient pas m'apprendre. J'ai connu la vie. J'ai aimé l'amour. J'ai vécu de vraies aventures au lieu de les subir par procuration via ces lectures qui devinrent encombrantes.
Klimov m'a incité à ne plus écrire de poésie en tournant mes vers au ridicule. Mes vers étaient aussi mauvais que ceux que publient la majeure partie des maisons d'édition. Ils étaient même meilleurs en quelque sorte... Cependant. ils participaient d'une époque dont s'est gaussé Marcel Aymé dans cet ouvrage inclassable intitulé Le confort intellectuel. Mes Davy Crockett, croquettes de veau, vaudeville et vilebrequin ne l'ont pas impressionné. Mon dadaïsme est mort assassiné sous ses yeux d'érudit.
Klimov a été le professeur de Christian. Et lorsque j'ai bénéficié de l'enseignement de Klimov, c'était comme un retour aux sources si je puis dire.
Christian, en parfait klimovien, aura tué mes phrases longues à n'en plus finir. J'ai retenu à jamais cette leçon que j'ai retrouvé chez Rivarol: "Ce qui n'est pas clair n'est pas français." Dès lors, j'ai compris que je devais me conformer à l'ordre logique du discours pour mieux frapper avec mes mots. On apprend en bas âge que Luc va à l'école. Ce n'est pas À l'école, va Luc. Ni Luc, à l'école, va. Ce qui n'est pas clair n'est pas français... Toute phrase se tient mieux lorsque le sujet est suivi d'un verbe puis d'un complément. Cette vérité toute simple fait en sorte que l'on croie que j'ai une belle plume... Je dois cette belle plume à mon frère Christian. Et je le dis sans fausse humilité ni narcissisme.
Je ne doute pas de la valeur des leçons que Christian m'a inculquées.
J'ai beaucoup trop parlé de moi encore une fois.
Je souhaite que l'on comprenne que c'était pour mieux témoigner de mon admiration envers le meilleur prof que j'aie connu dans ma vie: mon frère Christian.
Libre comme il l'est devenu, j'imagine qu'il aura du temps pour partager avec votre humble serviteur cet amour des lettres qui fait partie de notre fraternité.
Il aura du temps pour feuilleter ses chers livres qu'il tarde tant à soumettre à l'élagage.
Il aura du temps pour me recommander des lectures et poursuivre ses leçons avec celui qui fût son premier cobaye.
Bonne retraite mon frère!
Son collège a souligné sa retraite dans le cadre d'une soirée où l'on rendait hommage à ceux et celles qui pouvaient enfin prendre la clé des champs. On le voit ici sur la photo en exergue.
Christian est l'aîné des quatre garçons de ma famille. Je suis le troisième du lot. Neuf ans me séparent de lui. C'est donc dire que je fus, en quelque sorte, son premier étudiant. Il s'est pratiqué sur moi avant de prodiguer son enseignement aux autres. Si j'écris aussi bien, c'est un peu de sa faute. Et un peu de la faute de mon père qui m'emmenait souvent à la bibliothèque en me recommandant vivement de ne pas lire seulement des bandes dessinées.
Nous sommes des fils de prolétaires qui ont fait la Révolution tranquille.
La génération de mes parents a été condamnée au travail à la chaîne à l'usine. La nôtre pouvait escompter un meilleur sort.
Moi et Christian avons eu le privilège de poursuivre nos études jusqu'à l'université.
Christian m'a ouvert la voie. Il m'a fait prendre conscience que c'était possible de ne pas finir ses jours à la Wabasso Textile ou bien à la Reynolds Aluminium Company. Et ça tombait bien, puisque ces usines sont fermées depuis longtemps déjà. Sans les études, peut-être que je serais chômeur à plein temps. Bien que je sois très critique envers mes études, je ne suis pas assez fou pour reconnaître que cette pure formalité m'aura ouvert quelques portes. Dont celles de la culture.
J'ai développé assez tôt des velléités d'écrivain. J'ai écrit des poèmes, des nouvelles et des romans sur lesquels mon frère et mon ineffable professeur de philosophie Alexis Klimov ont jeté un regard critique, sinon assassin. Je leur en suis d'autant plus reconnaissant que j'ai brûlé la majeure partie de ces écrits minables où j'apprenais à dire ce que je ne disais pas encore. Ma plus grande joie c'est de n'avoir jamais publié ces conneries. Cela aurait très bien pu se produire. J'ai connu des types qui ont publié leurs écrits de jeunesse et qui vivent encore de l'illusion de cette jeunesse qui leur aura fait produire des oeuvres plus que médiocres. Ils se seront accrochés à des poncifs et en seront devenus les esclaves. Grâce à mon frère et à Klimov, j'ai eu la chance de ne pas me faire d'illusions sur mes billevesées. J'ai pu me délivrer des clichés pour trouver ma propre voix.
Christian m'a initié aux bons auteurs, surtout ceux du Siècle des Lumières. De Diderot à Voltaire, en passant par Rivarol et tous les moralistes français, j'ai franchement tout appris. Initialement, mes phrases étaient longues et ponctuées de points-virgules, de tirets et autres signes que j'ai dû abandonner en cours de route. En fait, c'est au cours de cette route que j'aurai appris ce que les lettres ne pouvaient pas m'apprendre. J'ai connu la vie. J'ai aimé l'amour. J'ai vécu de vraies aventures au lieu de les subir par procuration via ces lectures qui devinrent encombrantes.
Klimov m'a incité à ne plus écrire de poésie en tournant mes vers au ridicule. Mes vers étaient aussi mauvais que ceux que publient la majeure partie des maisons d'édition. Ils étaient même meilleurs en quelque sorte... Cependant. ils participaient d'une époque dont s'est gaussé Marcel Aymé dans cet ouvrage inclassable intitulé Le confort intellectuel. Mes Davy Crockett, croquettes de veau, vaudeville et vilebrequin ne l'ont pas impressionné. Mon dadaïsme est mort assassiné sous ses yeux d'érudit.
Klimov a été le professeur de Christian. Et lorsque j'ai bénéficié de l'enseignement de Klimov, c'était comme un retour aux sources si je puis dire.
Christian, en parfait klimovien, aura tué mes phrases longues à n'en plus finir. J'ai retenu à jamais cette leçon que j'ai retrouvé chez Rivarol: "Ce qui n'est pas clair n'est pas français." Dès lors, j'ai compris que je devais me conformer à l'ordre logique du discours pour mieux frapper avec mes mots. On apprend en bas âge que Luc va à l'école. Ce n'est pas À l'école, va Luc. Ni Luc, à l'école, va. Ce qui n'est pas clair n'est pas français... Toute phrase se tient mieux lorsque le sujet est suivi d'un verbe puis d'un complément. Cette vérité toute simple fait en sorte que l'on croie que j'ai une belle plume... Je dois cette belle plume à mon frère Christian. Et je le dis sans fausse humilité ni narcissisme.
Je ne doute pas de la valeur des leçons que Christian m'a inculquées.
J'ai beaucoup trop parlé de moi encore une fois.
Je souhaite que l'on comprenne que c'était pour mieux témoigner de mon admiration envers le meilleur prof que j'aie connu dans ma vie: mon frère Christian.
Libre comme il l'est devenu, j'imagine qu'il aura du temps pour partager avec votre humble serviteur cet amour des lettres qui fait partie de notre fraternité.
Il aura du temps pour feuilleter ses chers livres qu'il tarde tant à soumettre à l'élagage.
Il aura du temps pour me recommander des lectures et poursuivre ses leçons avec celui qui fût son premier cobaye.
Bonne retraite mon frère!
mercredi 15 juin 2016
Mort, destruction et célébrité
"Je savais qu'ils étaient mes ennemis, mais eux ne le savaient pas. Ils s'aimaient entre eux, ils se serraient les coudes; et moi, ils m'auraient bien donné un coup de main par-ci, par-là, parce qu'ils me croyaient leur semblable. Mais s'ils avaient pu deviner la plus infime partie de la vérité, ils m'auraient battu."
Jean-Paul Sartre, Érostrate (Le Mur)
On ne se souvient pas du nom de l'architecte du temple d'Artémis à Éphèse. Ses dimensions colossales et la richesse de ses décorations faisaient en sorte qu'il était mentionné parmi les Sept merveilles du monde. On se souvient par contre du nom de celui qui l'a incendié en l'an 356 de notre ère. L'hurluberlu s'appelait Érostrate et souhaitait devenir célèbre de cette manière.
Dans Crime et châtiment de Dostoïevski, l'ancien étudiant en droit Rodion Romanovitch Raskolnikov est un fervent admirateur de Napoléon Bonaparte. Il est sans le sou et rumine l'idée d'assassiner une vieille prêteuse sur gages pour lui voler quelques kopecks. Il trouve la justification de son crime dans le fait que Napoléon n'hésitait pas à tuer des milliers de gens sur le champ de bataille pour atteindre son objectif. Pourquoi devrait-il hésiter à tuer une vieille s'il voulait lui-même devenir un grand homme?
Chez Érostrate comme chez Raskolnikov, la recherche de la célébrité sert de caution morale.
Cet exemple peut maintenant s'appliquer à tous les auteurs d'attentats. Ils souhaitaient, eux aussi, devenir célèbres.
Le dictionnaire des noms propres est rempli de noms sales. Les biographies consacrées aux brutes et aux assassins couvrent plusieurs rayons de nos bibliothèques.
Des poètes ont chanté les exploits de ces tueurs.
On a rarement lu un poème à propos d'un architecte.
***
Incendier un temple ou tuer des centaines d'êtres humains pour en retirer de la célébrité relève de la plus authentique bêtise qui soit. Malheureusement, nous baignons dans une culture qui se charge d'en faire la promotion. Le culte de la mort et de la destruction est omniprésent dans notre monde.
On dit des Incas qu'ils étaient civilisés parce qu'ils vivaient dans des villes. On aurait pu tout aussi bien dire parce qu'ils pratiquaient des sacrifices humains.
Les tribus nomades et pas du tout civilisées n'étaient pas exemptes de tares. Mais on n'y gaspillait pas la chair humaine comme le faisaient les civilisés.
Je sais que je vais encore passer pour quelqu'un qui entretient le mythe du bon sauvage.
Pourtant, je me questionne sur l'accroissement des attentats et des destructions irraisonnées. Ils surviennent en cette époque que le poète Ovide appelait à juste titre l'âge de fer, le pire âge de l'humanité, un âge où tout le monde s'étripe pour un rien.
Quelles réponses peut-on offrir à tous les problèmes soulevés par ces meurtres gratuits que l'on camoufle sous un vernis de civilisation, de religion ou de politique?
***
Dans un autre ordre d'idées, je me souviens d'une histoire survenue dans le quartier de mon enfance. Un père de famille s'était levé en pleine nuit pour aller étrangler son fils dans son lit. Il entendait des voix...
Était-ce cette même voix qu'Abraham entendait pour lui dire d'éviscérer son fils Isaac?
Je ne le sais pas.
Ce père de famille n'a pas eu la bonne fortune d'Abraham.
Il a été retiré de la circulation.
Comme quoi ce qui est un crime pour l'un devient un acte de gloire pour l'autre...
mardi 14 juin 2016
Je suis un rêveur
Comme bien d'autres j'imagine, j'aurai fait semblant d'aimer ce que je n'aimais pas.
J'ai écouté de la musique tonitruante qui ne m'intéressait pas.
J'ai participé à des partys et des réunions qui me soulevaient le coeur.
J'ai lu et vu des classiques en tous genres que j'ai failli aimer par pur conformisme.
C'est que le conformisme ne se joue pas qu'en se rabaissant aux goûts du plus petit dénominateur commun.
On peut être conformiste même parmi des marginaux.
On peut se conformer aux produits tout aussi inintéressants de la marginalité pour briller parmi ceux qui se tiennent en groupe pour prétendre qu'ils n'aiment pas les groupes.
J'ai toujours ressenti un profond malaise au sein des collectivités.
Quelque chose en moi m'a toujours dit que j'étais un solitaire.
J'aurai longtemps refusé l'étiquette de solitaire par lâcheté intellectuelle, par ce besoin trop humain de paraître normal, aimable et pas du tout méprisant.
Aujourd'hui, à 48 ans, je ne me sens plus la patience pour tenir un rôle qui n'est pas le mien.
J'aime la musique douce, la harpe et le violon langoureux.
Je ne fréquente pas les partys et fuient comme la peste les événements publics.
Je me fais ma propre idée sur ce que je lis et ce que je vois. Je ne juge plus une oeuvre à l'aune des critiques. Je n'apprécie vraiment que ce qui me nourrit. Si l'oeuvre me hante pendant des jours après avoir été en contact avec elle, c'est qu'elle mérite de faire partie de ma courte liste de chefs-d'oeuvre.
Je n'ai plus honte de mes sentiments et encore moins de mon caractère.
Je ne suis pas exempt de conformité. Après tout, je n'ai pas tout à fait l'air d'un itinérant. Mais je sais que je n'ai rien à attendre des modes, des cliques et des claques.
Je m'efforce de porter des vêtements sans logo et sans message. Je me dis naïvement que je ne suis pas un homme-sandwich. S'il m'arrive d'en porter, c'est parce qu'on me l'a donné et qu'il faut bien user ce que l'on vous donne.
Règle générale, je ne recherche rien d'autre que la tranquillité, le bruissement des feuilles, le chant des oiseaux, le clapotis des vagues.
Mes randonnées préférées ont lieu tôt le matin, lorsque les rues et les boisés sont déserts.
Ma saison préférée, à peu de choses près, est l'hiver. L'hiver qui me donne parfois l'impression d'être le dernier homme sur Terre. J'adore par-dessus tout marcher sous la tempête. C'est vivifiant et je dirais même transcendant.
Je ne suis pourtant pas misanthrope.
Et même que j'ai une blonde, laquelle est aussi sauvage que moi pour à peu près les mêmes raisons.
C'est avec elle, ma douce chérie, que je partage cet irrépressible besoin de paix, d'amour et de quiétude.
Ce besoin de calme et de beauté qui se contente de si peu.
Je passerais des heures à regarder une fourmi porter une miette de pain.
Des jours à contempler des grains de sable.
Des années à entendre le murmure d'un ruisseau.
Je ne suis pas comme tout le monde.
Je ne tiens pas à briller parmi les amateurs de rock, de romans-cultes ou de curling.
Je suis un rêveur.
lundi 13 juin 2016
Nouvelle publication dans le Hufftington Post
Mon nouveau billet est paru dans le Hufftington Post.
Il s'intitule La nature c'est bon pour les pouilleux.
La virilité c'est comme la confiture
"La virilité c'est comme la confiture, moins t'en as plus tu l'étends."
Moi
Photographie de Diane Arbus |
Je ne dis pas ça pour qu'on les prenne en pitié. Je le dis parce que je l'ai trop souvent constaté dans ma vie. Ceux qui riaient le plus des soi-disant "tapettes" n'auraient pas dédaigner sucer une graine. Je les soupçonnais même d'en sucer en cachette et d'aimer tabasser les gais pour faire semblant qu'ils n'en étaient pas.
La violence qu'ils exprimaient envers les homosexuels participaient du reniement de leur propre nature homosexuelle. Ces homophobes étaient aussi les pires brutes avec les femmes. Ils affichaient une virilité tellement outrancière qu'elle finissait par cacher quelque chose de louche. Leur passion, c'était de débusquer les homosexuels dans les douches des gymnases, de leur donner des coups de serviettes mouillées et de leur pisser dessus. C'était le genre à regarder des films de cul entre gars. C'était parmi eux que s'organisaient les concours de branlettes et autres saloperies que je fuyais comme la peste.
Bref, je ne me sentais jamais bien en leur compagnie. Je préférais nettement les victimes de leur ostracisme. Je me sentais bien parmi les artistes et les intellectuels, au sein desquels on trouvait une forte proportion d'homosexuels et de transgenres qui s'assument. Je dirais même que je me sentais bien parmi les femmes. Je préférais nettement leur compagnie à celle des gars qui se gaussaient de l'art, des sentiments, des émotions et autres humanités du même ordre.
À l'école, j'ai assisté souvent avec impuissance à l'humiliation de jeunes garçons et jeunes filles qui avaient le malheur d'être différents. Certains se sont suicidés. D'autres ont réussi à passer au-travers de cette épreuve en assumant pleinement leur différence.
Je me demande parfois ce qu'est devenu Jean, que tout un chacun appelait Jeanne. Jean avait une voix et un visage de fille. Il avait aussi des gros seins. Combien de fois je l'ai vu s'enfuir devant des hordes d'abrutis qui voulaient le battre ou bien lui faire manger des chenilles tout en le traitant de tapette.
Il m'est arrivé de le protéger, Jean, tout en regrettant de l'avoir fait ensuite. Je m'en voulais de risquer moi aussi de passer pour un tapette. Je ne voulais pas me faire battre par des connards pour l'avoir protégé. Je rappelais à Jean qu'il devait apprendre à se défendre et arrêter d'être un tapette... À douze ans, c'était toute la capacité que je pouvais avoir à raisonner.
J'étais heureusement grand, gros et plutôt fort. Je ne me battais pas avec mes poings, mais avec des roches, des deux par quatre ou bien des pics à glace. Ça leur rappelait de tenir leur distance sous peine de terminer à la morgue. Je ne pouvais pas devenir la victime de ceux qui s'en prenaient aux gais, aux intellectuels ou bien aux premiers de classe. J'allais les tuer s'ils osaient s'en prendre à moi. C'était clair et net dans ma tête.
Cela dit, plus j'ai accédé aux études supérieures et plus les comportements homophobes se firent rares. C'est au primaire et au secondaire que se vivaient l'enfer sur terre pour les marginaux, de quelque nature qu'ils aient pu être.
Au collège et à l'université, les gais s'affichèrent de plus en plus ouvertement. Ils s'embrassaient devant nous. Ils partageaient leurs aspirations et leur culture avec les autres camarades sans tomber sous le coup de l'ostracisme.
Enfin, j'étais tombé dans un milieu dit évolué. Je n'étais plus parmi une bande de ploucs lâches et peureux qui s'en prenaient à dix contre un. Je n'avais plus à supporter leur bêtise abyssale. Je n'avais plus à cacher mon mépris des homophobes.
J'ai cru naïvement que nous vivions à une époque où ce combat pour les droits des gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres était largement gagné.
Jusqu'à ce qu'un plouc entre dans un bar gai, à Orlando, pour y faire un carnage.
Un plouc qui n'aimait pas voir deux hommes s'embrasser.
Un plouc qui croyait qu'Allah l'interdisait.
Un plouc qui aurait aussi pu rejoindre les néo-nazis que les combattants de l'État islamique.
Un plouc comme bien d'autres ploucs que j'ai croisé dans ma vie qui se donnaient toutes sortes de mauvaises raisons pour agir en plouc.
Du coup, je réalise qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire pour neutraliser les ploucs.
Ce que je trouve plutôt déprimant.
dimanche 12 juin 2016
Deux hommes qui s'embrassent...
Je voudrais bien écrire quelque chose de brillant à propos de la tuerie qu'un déséquilibré homophobe et islamiste a provoqué dans un bar gay de Orlando, en Floride. Les autorités parlent d'à peu près cinquante morts et cinquante blessés. Je ne trouve pas de mots assez forts pour signifier mon indignation. Alors je vous offre cette image de deux hommes qui s'embrassent. C'est ce qui aurait motiver le tueur à commettre son carnage. C'est ma manière de lui dire d'aller se faire foutre.
Pour le moment, je n'ai même pas envie de me renseigner et d'en savoir plus sur les motivations du tueur. Je ne veux même pas savoir son nom. Je voudrais seulement que son nom soit rayé à jamais de la mémoire des hommes pour tout simplement offrir mes sincères condoléances à tous les gays du monde.
La semaine dernière, en Georgie, un groupe de néo-nazis est entré dans un restaurant végétarien qui sert de lieu de rencontre pour les membres de la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres). Ils les ont agressé avec de la viande.
Ces deux nouvelles méritent d'être mises en parallèle pour comprendre que nous avons nous aussi des crétins racistes et homophobes à gérer sur notre propre territoire.
Le combat contre le racisme et le sexisme est loin d'être terminé.
Des idéologies religieuses et politiques mènent un travail de sape envers nos droits et libertés chèrement acquis.
Des idiots passent à l'acte sous l'impulsion des prêcheurs de la haine.
Que peut-on faire pour empêcher les tueries?
Honnêtement, je n'en sais rien.
Si des voyous arrachent des fleurs sans raison dans votre jardin, la résistance consiste sans doute à ce que vous en replantiez de nouvelles, pour que la beauté triomphe de l'imbécillité.
J'espère que la communauté gaie de Orlando saura se remettre rapidement sur pied.
J'espère que la voix des homophobes se taira à jamais.
Peace and love...
Pour le moment, je n'ai même pas envie de me renseigner et d'en savoir plus sur les motivations du tueur. Je ne veux même pas savoir son nom. Je voudrais seulement que son nom soit rayé à jamais de la mémoire des hommes pour tout simplement offrir mes sincères condoléances à tous les gays du monde.
La semaine dernière, en Georgie, un groupe de néo-nazis est entré dans un restaurant végétarien qui sert de lieu de rencontre pour les membres de la communauté LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres). Ils les ont agressé avec de la viande.
Ces deux nouvelles méritent d'être mises en parallèle pour comprendre que nous avons nous aussi des crétins racistes et homophobes à gérer sur notre propre territoire.
Le combat contre le racisme et le sexisme est loin d'être terminé.
Des idéologies religieuses et politiques mènent un travail de sape envers nos droits et libertés chèrement acquis.
Des idiots passent à l'acte sous l'impulsion des prêcheurs de la haine.
Que peut-on faire pour empêcher les tueries?
Honnêtement, je n'en sais rien.
Si des voyous arrachent des fleurs sans raison dans votre jardin, la résistance consiste sans doute à ce que vous en replantiez de nouvelles, pour que la beauté triomphe de l'imbécillité.
J'espère que la communauté gaie de Orlando saura se remettre rapidement sur pied.
J'espère que la voix des homophobes se taira à jamais.
Peace and love...
samedi 11 juin 2016
35 kilomètres de vélo
Autoportrait d'un imbécile heureux au kilomètre 13 de la piste cyclable |
Je suis donc parti de très bonne heure pour m'enfoncer sur le sentier linéaire trifluvien qui relie le centre-ville aux Vieilles-Forges. Cela représente un peu plus de 35 kilomètres aller-retour, une distance respectable pour un gus qui, comme moi, approche de la cinquantaine.
Cette piste cyclable, qui fait partie du réseau dit de La route verte, traverse la ville du Sud au Nord dans un décor on ne peut plus naturel. On peut y rouler tranquillement ou bien à vive allure tout en étant ravi par le chant des oiseaux.
À six heures trente du matin, on ne croise pratiquement personne. Le temps étant à la pluie, il est possible que cela contribue aussi à cet état des lieux. Quoi qu'il en soit, je roulais seul, comme dans le bon vieux temps, "vers l'infini et plus loin encore" comme le dirait Buzz Lightyear.
Je suis arrivé aux Vieilles-Forges autour de huit heures. Ces vieilles forges furent jadis la plus vieille industrie d'Amérique du Nord. On y fabriquait des poêles et objets de fonte dès la première moitié du XVIIIe siècle. Le secteur a été abandonné au XIXe siècle. On a déterré les ruines au XXe siècle pour se donner l'illusion d'une histoire antédiluvienne. Le site, qui doit bien faire dans les cinq kilomètres carrés, est l'un des mieux préservés de Trois-Rivières compte tenu de son statut de Parc National fédéral. Il est relativement peu fréquenté puisqu'il se situe en-dehors du circuit touristique traditionnel essentiellement concentré autour du centre-ville. Tant et si bien qu'il faut y faire du bruit au cas où l'on y croiserait des ours qui passent parfois par là après avoir pris leur collation au dépotoir de Saint-Étienne-des-Grès, situé un peu plus au Nord.
Je n'ai pas croisé d'ours. Je n'ai vu qu'une vieille dame qui marchait dans un sentier avec des petites clochettes aux chevilles pour aviser les ours qu'il ne fallait pas la chercher. Une femme s'est faite agresser par un ours il y a quelques années, voyez-vous, et le printemps ils sont légèrement plus mal-léchés.
Je me suis rappelé toutes mes balades aux Vieilles-Forges depuis ma tendre enfance. Dont la fois où j'avais échappé à une interdiction de sortie à la suite d'une mauvaise interprétation de ma mère. L'un de mes amis jouaient avec les seins d'une fille du quartier dans notre hangar tandis que moi et mon jeune frère avions l'air d'attendre notre tour dehors. Ce qui n'était pas le cas. Nous ne savions même pas ce que faisait notre ami avec la fille et pourquoi ils ne voulaient pas nous faire entrer. Ma mère, qui veillait à l'éducation de ses quatre garçons, conclut un peu vite que nous étions de petits vicieux. Puisque j'étais puni injustement, je me suis dit naïvement que je m'en irais vivre aux Vieilles-Forges où je trouverais sûrement des fraises, des framboises, des mûres et des bleuets...
Je devais avoir douze ans et ce n'était pas encore le temps des petits fruits. Je suis donc revenu dépité, je dirais même affamé, avec le sentiment d'échec en travers de la gorge, souhaitant que mes parents me pardonnent ma fugue. Je fus évidemment condamné à ne pas sortir de la soirée mais ma mère, pas méchante pour deux sous, crut bon d'adoucir sa sentence en me refilant du chocolat et toutes sortes de mauvaises choses pour les dents.
J'en aurais bien d'autres histoires à vous raconter à propos des Vieilles-Forges. Bavard comme je le suis vous vous doutez bien que j'y reviendrai jusqu'à ce que vous détestiez les Vieilles-Forges.
Je pourrais aussi vous raconter mes escapades à vélo du côté du Parc National de la Mauricie et de Québec. Ça viendra aussi puisque je ne suis pas certain d'être capable de m'y rendre à nouveau.
Je peux au moins me rendre à pieds au coin de la rue sans souffrir.
En ce sens, je me crois presque un athlète...
Ça descend comme dans la face d'un singe... |
Un petit ruisseau |
Le centre d'interprétation des Forges du Saint-Maurice |
Reconstitution du moulin qui actionnait le soufflet de la forge |
Ruisseau spécialement conçu pour actionner les soufflets des forges |
Les rapides de la rivière Tapiskwan Sipi (anciennement Saint-Maurice) |
Panneau d'interprétation de "la fontaine du Diable" |
La fontaine du Diable est encore inondée par la crue des eaux |
Ce qu'il reste de la grande cheminée |
Des marguerites, parce que ce sont les fleurs préférées de ma blonde |