Il était une fois une compagnie qui n'arrivait pas à vendre ses produits. Ses actions baissaient en bourse d'une semaine à l'autre et l'entreprise courrait vers la catastrophe. Elle avait perdu plus de quatre milliards de dollars au cours de l'année.
Les bonzes de la compagnie ont tenté d'obtenir du financement des banques et autres institutions financières douteuses. Personne ne voulait leur prêter le moindre sou.
-Vous avez perdu quatre milliards les gars... Vos actions ne cessent de plonger... Il n'y a aucun bon de commande pour ce produit qui, selon vous, devrait vous remettre sur les rails... Désolé, c'est trop risqué. On ne peut pas vous prêter. C'est comme ça... Que voulez-vous qu'on y fasse?
Comme cela arrive souvent en cas de catastrophe, ces mauvais gestionnaires se tournèrent vers les seuls imbéciles qu'ils pouvaient flouer: les contribuables du Québec.
Ils demandèrent à l'ancien ministre des finances, devenu lobbyiste au sein de leur compagnie, de se faire aller la mâchoire pour obtenir un chèque d'assistance sociale de l'État.
Comme c'était le parti de l'ancien ministre qui était au pouvoir, la tâche n'était pas si difficile.
La compagnie obtint facilement 1,3 milliards de dollars pour relancer son produit invendu et invendable.
Évidemment, les corrompus de ce gouvernement pourri s'entendirent pour couper encore dans les services aux citoyens au cas où il faudrait quelques milliards supplémentaires pour nourrir les crapules capitalistes. C'est vrai que ce régime pourri avait à sa tête un ancien collaborateur de la dictature de l'Arabie Saoudite qui, en plus de placer son argent dans des paradis fiscaux, avaient de drôles d'amis poursuivis pour diverses opérations frauduleuses et autres détournements de fonds. On ne pouvait que s'attendre à de la marde de semblables sales types.
Ils coupèrent donc dans les soins de santé.
Ils enlevèrent les petits déjeuners dans la bouche des enfants pauvres.
Ils vendirent les actifs de l'État.
Puis ils tapèrent sur la tête des manifestants anticapitalistes à grands coups de matraques.
J'aimerais bien vous dire que c'est encore la compagnie, le gouvernement et ses chiens sales de capitalistes qui gagnèrent la partie.
Mais non. Cette fois-là, c'était allé beaucoup trop loin.
Des centaines de milliers de citoyens et de citoyennes défilèrent dans les rues pour prendre le pouvoir au lieu de seulement le contester.
C'en était fait de l'aide sociale de luxe pour les riches.
C'en était fait de ce système absurde où les profits sont toujours privés et les dépenses toujours publiques.
Il fallait bien que ça se produise un jour, n'est-ce pas?
vendredi 30 octobre 2015
jeudi 29 octobre 2015
Les athées sont plus près de Dieu
"Dieu est le seul être qui, pour régner, n'ait même pas besoin d'exister."
Charles Baudelaire, Fusées I
Il m'arrive souvent de souligner la dette intellectuelle que je dois à Alexis Klimov. Sans lui, je suis convaincu que j'en serais encore à errer dans le matérialisme primaire avec tout ce qu'il a de faux pour mieux saisir la profondeur des espaces infinis qui effrayait tant Blaise Pascal.
Cette profondeur des espaces infinis ne m'effraie pas. J'y trouve même ma consolation. Une consolation par la philosophie, pour reprendre l'expression de Boèce.
Je crains de me faire obscur à citer ainsi tant de noms propres... C'est que je ne voudrais pas passer pour un génie qui crée de l'intelligence à partir de rien, ex nihilo comme disent les Latins. Je suis le débiteur spirituel de milliers de personnes que j'ai croisées au cours de ma vie. Je ne me souviens pas de tout, bien entendu, mais il me faut souligner mes influences chaque fois qu'elles me reviennent à la mémoire.
"Il se pourrait que les athées soient plus près de Dieu que les croyants." Je n'arrive pas à me rappeler qui a dit ça... J'ai beau googler à qui mieux mieux que je ne trouve rien qui ne s'y rapproche. Est-ce Baudelaire? Est-ce Dostoïevski? Je ne le sais pas. Je me rappelle seulement l'avoir entendu fréquemment sortir de la bouche de Alexis Klimov.
Je suppose que les athées, en critiquant toutes les fausses raisons de croire, sont beaucoup plus près de la Vérité avec un grand V que tous ceux qui croient par peur, habitude ou superstition primaire.
Tout un chacun cherche à se rapprocher du Créateur par la prière, la répétition de rituels ou l'usage de drogues. L'athée, lui, cherche à comprendre la création. Et c'est sans doute parce qu'il est un chercheur qu'il mérite le mieux de trouver le Créateur de toutes choses, si seulement Il existe...
Comprendre la création est extrêmement difficile et requiert de prodigieux efforts intellectuels. La foi de l'ignorant n'y change rien. Imiter cette foi et cette ignorance va à l'encontre de la libération de l'esprit. Un esprit ne peut pas être libre dans la tradition pour ce qu'elle est en elle-même. Ce n'est pas pour rien que Jésus et Bouddha passèrent en leur temps pour des athées. Ces deux-là, si seulement ils ont existé, semblent avoir combattu les gardiens de la tradition en apportant des réponses nouvelles à des problèmes anciens.
Généralement, j'accorde peu d'importance à la métaphysique. Je crois mieux la servir par une démarche un tant soit peu expérimentale.
J'étais tenu d'aller à l'église tous les dimanches quand j'étais jeune. Je me suis battu âprement pour ne plus être obligé d'aller m'y ennuyer tous les dimanches. J'ai commencé par affirmer mon athéisme en présence de mes parents pour leur signifier que je n'entendais plus me soumettre à ce culte religieux absurde et dénué de fondements tant historiques que rationnels. J'ai fait mienne les idées du philosophe David Hume selon qui les miracles se produisent essentiellement dans des époques et des lieux qui nous empêchent toute forme de vérification. J'ai toujours trouvé lâche et malheureux de croire sans avoir vu. J'ai toujours refusé de dévisser ma tête pour me soumettre à des contes merveilleux et des légendes nuageuses.
Mon apostasie fût pourtant comme un coup d'épée dans l'eau. Plus personne de ma génération n'allait à l'église. Je faisais partie des derniers jeunes catholiques de ma paroisse qui finira elle aussi par fermer ses livres, comme cela s'est passé pour tant d'autres paroisses de Trois-Rivières.
Mon anticléricalisme laissait tout le monde indifférent autour de moi. Tout le monde était déjà passé à autre chose. Toute la société semblait s'être délivrée des griffes des curés. Les curés eux-mêmes défroquaient et vivaient en union libre avec leurs paroissiennes ou bien leurs paroissiens. C'en était donc fini de ce grand mythe vieux de deux millénaires. On s'est mis à croire bien plus en John Lennon qu'en Jésus Christ et ce n'est pas moi qui vais s'en plaindre.
André Malraux a écrit que le vingt-et-unième siècle sera religieux ou qu'il ne sera pas.
Je prétends plutôt le contraire: le vingt-et-unième siècle sera laïque ou il ne sera pas.
Je m'engage rarement dans des conversations religieuses. J'éprouve pour elles le même intérêt que je pourrais avoir de discuter de l'existence du Père Noël et de ses lutins.
Comme je ne veux pas blesser l'orgueil des ignorants, je me tais la plupart du temps sur Dieu et ses acolytes planants.
J'ai tout de même ma petite idée sur la Création, les créatures et l'hypothétique Créateur de ce qui, peut-être, ne fait que tout simplement exister.
Pour tout dire, les longues discussions religieuses m'emmerdent royalement.
Les livres sacrés, que j'ai à peu près tous lus, n'arrivent pas à la cheville d'un bon roman, d'un bon poème ou d'une belle chanson.
Il y a plus de spiritualité authentique à trouver dans les manifestations de l'art et de l'amour physique que dans les discours de vieux gâteux dévorés par cette haine de l'humanité qu'ils tiennent à faire passer pour une forme d'amour.
Aimez-nous moins, vieilles biques superstitieuses, et appréciez un peu mieux vos semblables dans toute la grande variété de leur expression et de leur liberté.
Je me relis et je m'étonne d'avoir encore à parler de Dieu, des anges, des grigris, des amulettes et autres pattes de lapin qui portent bonheur.
Je me pose encore bien des questions. Je cherche encore bien des réponses.
Néanmoins, je suis convaincu que la religion nuit à ma quête d'authenticité. La religion est un obstacle néfaste à la libération de mon esprit. La religion, en somme, est le contraire de l'intelligence et, pour cette raison, elle ne peut qu'être fausse.
mercredi 28 octobre 2015
Notes décousues à propos du racisme envers les Autochtones
J'ai toujours été révolté par le racisme, quel qu'il soit. Ce n'est pas pour paraître politiquement correct que je me sentais comme ça. C'était quelque chose de viscéral. Je sentais que le racisme me visait même s'il visait autrui. J'étais plus grand, plus gros et, disons-le, un peu plus intellectuel que tout le monde. Je tenais les racistes pour des ignorants, des êtres veules et plus que moyens qui ne supportent pas que les gens ne soient pas tous aussi médiocres qu'eux-mêmes ne l'étaient.
Ma position antiraciste doit aussi beaucoup à mes propres origines. Je suis un Métis. On trouve de tout dans mon arbre généalogique: des Français, des Anglais, des Acadiens, des Anishnabés, des Micmacs et peut-être même des Kényans. Je porte, dans ma chair et mon sang, l'héritage d'hominidés qui parcourent le monde depuis la nuit des temps. Je ne me sens pas l'esclave de l'Histoire avec un grand H. Si je me considère indépendantiste, c'est pour donner de la consistance à mon tempérament républicain et mes instincts démocratiques. Le racisme n'est pas une option. C'est une maladie de l'esprit qu'il faut combattre dès qu'elle apparaît de crainte qu'elle ne s'empare du corps social comme s'il s'agissait de la gangrène.
***
Je suis particulièrement sensible aux préjugés envers les Autochtones. Je n'aurais aucune goutte de sang aborigène que je penserais semblablement. Il appert qu'une partie de moi se rattache aux premiers habitants de l'Île de la Tortue. Je ne puis pas le renier. Et même que j'en porte une certaine fierté.
Tout ce que l'on dit d'eux est à la mesure de ce que l'on dit des pauvres.
Ils boivent comme des trous. Ils dépensent leur chèque de misère sociale à la Société des Alcools du Québec. On leur donne des beaux logements qu'ils détruisent illico.
Un proverbe français dit de la pauvreté qu'elle n'est pas un vice...
Pourtant, tout un chacun s'adonne à colporter le contraire.
Un riche qui a des vices est toujours considéré comme un riche.
Un pauvre qui a des vices est un bandit, un malfrat, un paria, un salopard, de la vermine quoi.
La pauvreté que les Autochtones vivent dans leurs réserves ressemble beaucoup à cette même pauvreté vécue dans les quartiers populaires des grandes villes. L'alcool, la drogue et la violence y font bonne figure. C'est dû essentiellement à la misère. On ne nettoiera pas cette misère qu'avec de l'argent. Dans ces quartiers, il est parfois plus difficile de se trouver un livre que d'y s'acheter de la drogue. Quel espoir est offert aux misérables? Des discours d'austérité, des paroles blessantes, du racisme larvé: rien de bien réjouissant afin de vivre une vie digne de ce nom.
Le racisme envers les Autochtones perdure encore. On n'a pas fini d'en découdre avec les esprits mesquins qui n'ont encore rien compris et ne veulent surtout pas comprendre. Cela vous étonne que des femmes autochtones disparaissent? Pas moi. Cela vous étonne que des policiers les violent? Pas moi.
Comme je ne m'étonne pas des propos de tel ou tel proxénète qui prétend faire son job pour aider les filles...
Le monde est rempli de faux-culs, de brutes et d'assassins. Ce qui me surprend, c'est que cela ne se produise pas plus souvent...
Ce qui est étonnant, en fait, c'est que l'on ouvre les yeux une fois par mille ans pour se dire que cela ne doit plus se reproduire...
***
"Il disait : les fautes des femmes, des enfants, des serviteurs, des faibles, des indigents et des ignorants sont la faute des maris, des pères, des maîtres, des forts, des riches et des savants. Il disait encore : A ceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez ; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis ; elle répond de la nuit qu'elle produit." C'est ce que Victor Hugo faisait dire à Mgr Bienvenu Myriel, évêque de Digne dans le roman Les Misérables.
Cela mérite d'être médité.
Ma position antiraciste doit aussi beaucoup à mes propres origines. Je suis un Métis. On trouve de tout dans mon arbre généalogique: des Français, des Anglais, des Acadiens, des Anishnabés, des Micmacs et peut-être même des Kényans. Je porte, dans ma chair et mon sang, l'héritage d'hominidés qui parcourent le monde depuis la nuit des temps. Je ne me sens pas l'esclave de l'Histoire avec un grand H. Si je me considère indépendantiste, c'est pour donner de la consistance à mon tempérament républicain et mes instincts démocratiques. Le racisme n'est pas une option. C'est une maladie de l'esprit qu'il faut combattre dès qu'elle apparaît de crainte qu'elle ne s'empare du corps social comme s'il s'agissait de la gangrène.
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Je suis particulièrement sensible aux préjugés envers les Autochtones. Je n'aurais aucune goutte de sang aborigène que je penserais semblablement. Il appert qu'une partie de moi se rattache aux premiers habitants de l'Île de la Tortue. Je ne puis pas le renier. Et même que j'en porte une certaine fierté.
Tout ce que l'on dit d'eux est à la mesure de ce que l'on dit des pauvres.
Ils boivent comme des trous. Ils dépensent leur chèque de misère sociale à la Société des Alcools du Québec. On leur donne des beaux logements qu'ils détruisent illico.
Un proverbe français dit de la pauvreté qu'elle n'est pas un vice...
Pourtant, tout un chacun s'adonne à colporter le contraire.
Un riche qui a des vices est toujours considéré comme un riche.
Un pauvre qui a des vices est un bandit, un malfrat, un paria, un salopard, de la vermine quoi.
La pauvreté que les Autochtones vivent dans leurs réserves ressemble beaucoup à cette même pauvreté vécue dans les quartiers populaires des grandes villes. L'alcool, la drogue et la violence y font bonne figure. C'est dû essentiellement à la misère. On ne nettoiera pas cette misère qu'avec de l'argent. Dans ces quartiers, il est parfois plus difficile de se trouver un livre que d'y s'acheter de la drogue. Quel espoir est offert aux misérables? Des discours d'austérité, des paroles blessantes, du racisme larvé: rien de bien réjouissant afin de vivre une vie digne de ce nom.
Le racisme envers les Autochtones perdure encore. On n'a pas fini d'en découdre avec les esprits mesquins qui n'ont encore rien compris et ne veulent surtout pas comprendre. Cela vous étonne que des femmes autochtones disparaissent? Pas moi. Cela vous étonne que des policiers les violent? Pas moi.
Comme je ne m'étonne pas des propos de tel ou tel proxénète qui prétend faire son job pour aider les filles...
Le monde est rempli de faux-culs, de brutes et d'assassins. Ce qui me surprend, c'est que cela ne se produise pas plus souvent...
Ce qui est étonnant, en fait, c'est que l'on ouvre les yeux une fois par mille ans pour se dire que cela ne doit plus se reproduire...
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"Il disait : les fautes des femmes, des enfants, des serviteurs, des faibles, des indigents et des ignorants sont la faute des maris, des pères, des maîtres, des forts, des riches et des savants. Il disait encore : A ceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez ; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis ; elle répond de la nuit qu'elle produit." C'est ce que Victor Hugo faisait dire à Mgr Bienvenu Myriel, évêque de Digne dans le roman Les Misérables.
Cela mérite d'être médité.
mardi 27 octobre 2015
Les idées fixes de Flavien
Tout le monde pensait comme lui dans le monde de Flavien. Vous dire quelles étaient ses idées importe peu. Flavien avait essentiellement des idées fixes qu'il savourait entre amis. Et il n'aurait pu avoir pour camarades que des gens qui se conformaient au cadre général de ses idées. S'il eût été fédéraliste, Flavien n'aurait toléré que des fédéralistes autour de lui. S'il eût été souverainiste, il aurait fait semblablement. Socialiste, capitaliste ou adepte de Krishna, Flavien n'aurait rien fait de mieux que de toujours se trouver en présence de gens qui adhéraient à sa doctrine bien-aimée.
Flavien avait de grandes oreilles décollées et je vous vois venir en supputant que sa laideur en faisait un candidat idéal à l'endoctrinement. Je n'ai même pas terminé d'écrire que vous en concluez déjà qu'il était laid. Laid comme un pou vivant sous le joug de ses idées fixes.
Et pourtant, non, Flavien n'était pas laid. Ses grandes oreilles décollées lui conféraient le charme dont purent se prévaloir Ringo Star et Garou. D'ailleurs, Flavien jouait un peu de batterie, des marches martiales essentiellement, et possédait un brin de voix. Ce qui le préservait d'être un idiot fini qui ne vivait que pour sa fichue propagande.
En plus d'avoir des idées fixes, Flavien était un collectionneur compulsif. Toute sa vie tournait autour de l'idéologie à laquelle il adhérait pleinement. Ses livres, ses DVD et ses CD semblaient tous de la même mouture. Ils étaient là pour prouver qu'il avait raison sur toute la ligne.
Quand ses amis venaient le voir, Flavien devenait intarissable pour discuter de tel ou tel micro point de sa doctrine sacrée.
-Vous savez qu'en 1926, Chabouloux a écrit ceci ou cela à propos des manigances de nos ennemis... Chabouloux était le secrétaire particulier de Adolphe Hébert, à qui l'on doit la théorie dite des champignons communicants... C'est écrit ici noir sur blanc dans le Codex Theoricus...
Tout le monde acquiesçait, bien entendu, et laissait entendre que Flavien avait des vues brillantes sur l'avenir de sa communauté. Évidemment, quelques-uns d'entre eux, les traîtres et les vendus généralement, finissaient par se saouler la gueule et vomir sur Chabouloux, Hébert, le Codex Theoricus et Flavien.
-Qu'ils mangent tous d'la marde sacrament! Ej' me saoule à souère! Veux rien savoir calice! Fuck Chabouloux, Hébert et Flavien!
Flavien savait d'avance qu'il y avait beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Plusieurs tomberaient au front.
Plusieurs abandonneraient la lutte pour la Vérité avec un grand V. Ils finiraient par faire partie de ces cohortes de médiocres qui n'ont jamais lu Adolphe Hébert.
D'où la vigilance de Flavien pour ne pas être emporté par les flots tumultueux du scepticisme ennemi.
Il avait bien raison d'être vigilant. Et même qu'il ne l'avait pas été suffisamment.
Ce qui devait arriver arriva.
Flavien eut le malheur de tomber sur Marie dite la Frimousse, qui avait d'ailleurs une belle frimousse.
Elle assistait souvent aux réunions du cercle de Flavien et, plutôt que de s'enthousiasmer de telle ou telle subtilité du programme de leur secte, elle avait toujours le regard fixe sur les oreilles décollées de Flavien qu'elle trouvait charmantes pour une raison qui m'échappe. (Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'une femme en pâmoison!)
Flavien, qui était toujours tranchant, concis et percutant, en perdait peu à peu ses moyens de se faire dévisager ainsi ces portes de grange qui lui tenaient lieu d'oreilles.
C'est que Marie la Frimousse, avec son visage d'ange, avait souvent les lèvres sèches. Ce qui fait qu'elle se les pourléchait en le regardant. Ce que Flavien finit par interpréter comme un signe plus ou moins néfaste d'appel à la fornication. Ça l'embêtait d'autant plus que Adolphe Hébert n'avait jamais rien écrit à ce sujet compte tenu qu'il était totalement asexué et n'aimait que la compagnie de son chien.
Un soir, après avoir discuté encore et encore du Codex Theoricus, Marie la Frimousse fût la dernière à partir. Et même qu'elle n'est pas partie du tout. Elle a rentré sa grande langue dans la bouche de Flavien et s'est agrippée à ses oreilles pour lentement faire glisser la tuyauterie de Flavien dans son vacuum.
Flavien fit des oh! et des ah! tant et si bien qu'il en oublia le Codex Theoricus, Chabouloux et Adolphe Hébert. Toujours maintenue solidement par les oreilles, il finit par s'abandonner complètement dans le corps frémissant de Marie la Frimousse.
Après avoir joui au moins dix fois cette nuit-là, Flavien pouvait à peine balbutier quelques anecdotes à propos de la vie de Adolphe Hébert.
-Adolphe Hébert a déjà passé ses vacances à Pointe-du-Lac je me disais que ce serait chouette d'y aller, un jour ou l'autre, pour refaire le même parcours que lui et le commenter dans la revue Vérité...
-Tu ne sais donc que parler de ça, hein? répliqua Marie la Frimousse en pratiquant sur lui une énième fellation qui le propulsa dans l'abîme du rêve.
-Oh! Ah! et puis fuck Adolphe Hébert!
-Dis-le encore... Hummm... Smack... Globe...
-Fuck Adolphe Hébert! Ouiii! Fuck Adolphe Hébert!!!
C'en était fait de la sainte doctrine de Flavien qu'il venait de renier trois fois.
Dans les jours qui suivirent, Flavien mit fin aux réunions doctrinaires. Il meubla son appartement de parfums qui sentent bon, de musiques et de livres de poésie qui donnent l'envie de baiser du matin jusqu'au soir.
Marie la Frimousse, cette sacrée péronnelle, avait mis fin au règne des idées fixes de Flavien.
De sorte qu'elle devint l'idée fixe de Flavien.
Comme quoi, chassez le naturel et il revient au galop...
Flavien avait de grandes oreilles décollées et je vous vois venir en supputant que sa laideur en faisait un candidat idéal à l'endoctrinement. Je n'ai même pas terminé d'écrire que vous en concluez déjà qu'il était laid. Laid comme un pou vivant sous le joug de ses idées fixes.
Et pourtant, non, Flavien n'était pas laid. Ses grandes oreilles décollées lui conféraient le charme dont purent se prévaloir Ringo Star et Garou. D'ailleurs, Flavien jouait un peu de batterie, des marches martiales essentiellement, et possédait un brin de voix. Ce qui le préservait d'être un idiot fini qui ne vivait que pour sa fichue propagande.
En plus d'avoir des idées fixes, Flavien était un collectionneur compulsif. Toute sa vie tournait autour de l'idéologie à laquelle il adhérait pleinement. Ses livres, ses DVD et ses CD semblaient tous de la même mouture. Ils étaient là pour prouver qu'il avait raison sur toute la ligne.
Quand ses amis venaient le voir, Flavien devenait intarissable pour discuter de tel ou tel micro point de sa doctrine sacrée.
-Vous savez qu'en 1926, Chabouloux a écrit ceci ou cela à propos des manigances de nos ennemis... Chabouloux était le secrétaire particulier de Adolphe Hébert, à qui l'on doit la théorie dite des champignons communicants... C'est écrit ici noir sur blanc dans le Codex Theoricus...
Tout le monde acquiesçait, bien entendu, et laissait entendre que Flavien avait des vues brillantes sur l'avenir de sa communauté. Évidemment, quelques-uns d'entre eux, les traîtres et les vendus généralement, finissaient par se saouler la gueule et vomir sur Chabouloux, Hébert, le Codex Theoricus et Flavien.
-Qu'ils mangent tous d'la marde sacrament! Ej' me saoule à souère! Veux rien savoir calice! Fuck Chabouloux, Hébert et Flavien!
Flavien savait d'avance qu'il y avait beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Plusieurs tomberaient au front.
Plusieurs abandonneraient la lutte pour la Vérité avec un grand V. Ils finiraient par faire partie de ces cohortes de médiocres qui n'ont jamais lu Adolphe Hébert.
D'où la vigilance de Flavien pour ne pas être emporté par les flots tumultueux du scepticisme ennemi.
Il avait bien raison d'être vigilant. Et même qu'il ne l'avait pas été suffisamment.
Ce qui devait arriver arriva.
Flavien eut le malheur de tomber sur Marie dite la Frimousse, qui avait d'ailleurs une belle frimousse.
Elle assistait souvent aux réunions du cercle de Flavien et, plutôt que de s'enthousiasmer de telle ou telle subtilité du programme de leur secte, elle avait toujours le regard fixe sur les oreilles décollées de Flavien qu'elle trouvait charmantes pour une raison qui m'échappe. (Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'une femme en pâmoison!)
Flavien, qui était toujours tranchant, concis et percutant, en perdait peu à peu ses moyens de se faire dévisager ainsi ces portes de grange qui lui tenaient lieu d'oreilles.
C'est que Marie la Frimousse, avec son visage d'ange, avait souvent les lèvres sèches. Ce qui fait qu'elle se les pourléchait en le regardant. Ce que Flavien finit par interpréter comme un signe plus ou moins néfaste d'appel à la fornication. Ça l'embêtait d'autant plus que Adolphe Hébert n'avait jamais rien écrit à ce sujet compte tenu qu'il était totalement asexué et n'aimait que la compagnie de son chien.
Un soir, après avoir discuté encore et encore du Codex Theoricus, Marie la Frimousse fût la dernière à partir. Et même qu'elle n'est pas partie du tout. Elle a rentré sa grande langue dans la bouche de Flavien et s'est agrippée à ses oreilles pour lentement faire glisser la tuyauterie de Flavien dans son vacuum.
Flavien fit des oh! et des ah! tant et si bien qu'il en oublia le Codex Theoricus, Chabouloux et Adolphe Hébert. Toujours maintenue solidement par les oreilles, il finit par s'abandonner complètement dans le corps frémissant de Marie la Frimousse.
Après avoir joui au moins dix fois cette nuit-là, Flavien pouvait à peine balbutier quelques anecdotes à propos de la vie de Adolphe Hébert.
-Adolphe Hébert a déjà passé ses vacances à Pointe-du-Lac je me disais que ce serait chouette d'y aller, un jour ou l'autre, pour refaire le même parcours que lui et le commenter dans la revue Vérité...
-Tu ne sais donc que parler de ça, hein? répliqua Marie la Frimousse en pratiquant sur lui une énième fellation qui le propulsa dans l'abîme du rêve.
-Oh! Ah! et puis fuck Adolphe Hébert!
-Dis-le encore... Hummm... Smack... Globe...
-Fuck Adolphe Hébert! Ouiii! Fuck Adolphe Hébert!!!
C'en était fait de la sainte doctrine de Flavien qu'il venait de renier trois fois.
Dans les jours qui suivirent, Flavien mit fin aux réunions doctrinaires. Il meubla son appartement de parfums qui sentent bon, de musiques et de livres de poésie qui donnent l'envie de baiser du matin jusqu'au soir.
Marie la Frimousse, cette sacrée péronnelle, avait mis fin au règne des idées fixes de Flavien.
De sorte qu'elle devint l'idée fixe de Flavien.
Comme quoi, chassez le naturel et il revient au galop...
dimanche 25 octobre 2015
Dans mon temps...
À Sayabec, dans la Vallée de la rivière Matapédia, l'électricité n'est arrivée que vers la fin des années '50. Mon père me racontait qu'étant enfant lui et ses amis jouaient au hockey au clair de lune. Pour tout bâton de hockey, ils n'avaient que des bouts de planches. Comme ils étaient trop pauvres pour s'acheter des patins, ils jouaient en botteurlots, c'est-à-dire en bottes de cahoutchouc. Leur rondelle de hockey était essentiellement constituée d'une pomme de route: du crottin de cheval. Il va de soi qu'ils n'avaient pas la télévision à la maison et que le vieux radio Marconi, alimenté par une manivelle ou je ne sais trop quoi, était tout ce qui les rattachait au reste du monde. Ils pouvaient savoir les résultats des parties de hockey, faire le chapelet en famille (s'ils le faisaient...), écouter les chansons de Maurice Chevalier et apprendre que l'Allemagne venait d'envahir la Pologne.
Je me demande parfois ce que mon père devait penser de la génération de ses enfants, née à l'ère de l'exploration spatiale, de la télévision et du four à micro-ondes.
Il devait se dire que les enfants passaient beaucoup trop de temps devant la télé, alors que nous ne l'écoutions jamais plus de trois heures par jour. Nous étions encore de la génération qui jouaient dehors mais je me doute que nous le faisions encore moins souvent que mes parents, mes grands-parents et les premiers singes de mon arbre généalogique dont les racines s'étendent jusqu'au Kenya.
Je regarde parfois les enfants d'aujourd'hui avec une certaine tristesse mêlée de nostalgie.
Ils passent huit à douze heures par jour devant un écran.
Le monde extérieur leur semble obscur, inconnu et menaçant.
Ils n'auront pas appris à pêcher, faire des feux sur la plage, jouer sous la pluie, hurler sous la neige.
Peut-être que je suis en train de devenir un vieux con. Je l'assume tout à fait si c'est le cas.
J'approche de l'âge vénérable où il m'est possible de dire "dans mon temps..."
Dans mon temps, oui, nous vivions dehors aussi souvent que possible.
Quand l'école était fermée, parce que toutes les rues étaient bloquées par une tempête de neige, nous en profitions pour jouer dehors plutôt que de rentrer à la maison. Avec ma combinaison d'hiver, mon foulard autour du cou, ma tuque et mes mitaines je m'imaginais en cosmonaute affrontant les paysages désolés d'une planète inconnue. Les vents et la neige qui picotaient mon visage ne me faisaient pas peur. Je me sentais plus fort que tous les éléments de cette nature déchaînée. J'étais un brave d'entre les braves qui marcherait jusqu'à l'Île Saint-Quentin s'il le fallait pour vivre une expérience unique et inoubliable.
Cette ville désertée par les humains nous appartenait enfin. Nous nous encouragions, moi et mes amis, pour en prendre possession de quelque manière que ce soit.
En ce dimanche matin pluvieux, tous ces souvenirs me remontent à la mémoire tandis que je pianote sur le clavier de mon portable...
Je me sens un peu honteux de vous dire ça.
J'ai conservé un tant soit peu ce tempérament de marcheur solitaire qui brave les éléments de la nature. Je me rends au travail à vélo ou à pieds, peu importe les conditions du temps, avec la même pensée que j'avais dans ma jeunesse. Je m'imagine une vie de cosmonaute, d'explorateur du Pôle Nord, de trappeur Iyéyou (Cri) qui fait la tournée de son territoire de chasse pour s'assurer que tous les animaux se trouvent là où ils doivent être.
Non, je ne joue pas au hockey à la pleine lune avec du crottin de cheval en guise de rondelle.
Mais je me contenterais bien d'un vieux radio Marconi plutôt que de regarder le monde via cette boîte à grimaces qu'on appelle la télévision ou l'Internet.
La pluie ne tombe plus par ailleurs. Un léger brouillard s'installe. Je parie qu'on devrait entendre les cornes de brume des navires qui sillonnent notre grand fleuve Magtogoek.
Bientôt, ce sera la neige.
J'espère que cet hiver, comme pour tous les autres hivers de ma vie, j'aurai encore cette habitude d'y faire face sans pleurnicher, avec cette soif d'apprendre quelque chose que seule une tempête de neige peut m'apprendre.
Vous pourrez dire que je suis fou. Ou bien en train de devenir un vieux gâteux.
Dans le pire des cas, vous n'aurez qu'à oublier tout ça d'un clic de souris. Il y a tellement de trucs passionnants sur YouTube...
Je me demande parfois ce que mon père devait penser de la génération de ses enfants, née à l'ère de l'exploration spatiale, de la télévision et du four à micro-ondes.
Il devait se dire que les enfants passaient beaucoup trop de temps devant la télé, alors que nous ne l'écoutions jamais plus de trois heures par jour. Nous étions encore de la génération qui jouaient dehors mais je me doute que nous le faisions encore moins souvent que mes parents, mes grands-parents et les premiers singes de mon arbre généalogique dont les racines s'étendent jusqu'au Kenya.
Je regarde parfois les enfants d'aujourd'hui avec une certaine tristesse mêlée de nostalgie.
Ils passent huit à douze heures par jour devant un écran.
Le monde extérieur leur semble obscur, inconnu et menaçant.
Ils n'auront pas appris à pêcher, faire des feux sur la plage, jouer sous la pluie, hurler sous la neige.
Peut-être que je suis en train de devenir un vieux con. Je l'assume tout à fait si c'est le cas.
J'approche de l'âge vénérable où il m'est possible de dire "dans mon temps..."
Dans mon temps, oui, nous vivions dehors aussi souvent que possible.
Quand l'école était fermée, parce que toutes les rues étaient bloquées par une tempête de neige, nous en profitions pour jouer dehors plutôt que de rentrer à la maison. Avec ma combinaison d'hiver, mon foulard autour du cou, ma tuque et mes mitaines je m'imaginais en cosmonaute affrontant les paysages désolés d'une planète inconnue. Les vents et la neige qui picotaient mon visage ne me faisaient pas peur. Je me sentais plus fort que tous les éléments de cette nature déchaînée. J'étais un brave d'entre les braves qui marcherait jusqu'à l'Île Saint-Quentin s'il le fallait pour vivre une expérience unique et inoubliable.
Cette ville désertée par les humains nous appartenait enfin. Nous nous encouragions, moi et mes amis, pour en prendre possession de quelque manière que ce soit.
En ce dimanche matin pluvieux, tous ces souvenirs me remontent à la mémoire tandis que je pianote sur le clavier de mon portable...
Je me sens un peu honteux de vous dire ça.
J'ai conservé un tant soit peu ce tempérament de marcheur solitaire qui brave les éléments de la nature. Je me rends au travail à vélo ou à pieds, peu importe les conditions du temps, avec la même pensée que j'avais dans ma jeunesse. Je m'imagine une vie de cosmonaute, d'explorateur du Pôle Nord, de trappeur Iyéyou (Cri) qui fait la tournée de son territoire de chasse pour s'assurer que tous les animaux se trouvent là où ils doivent être.
Non, je ne joue pas au hockey à la pleine lune avec du crottin de cheval en guise de rondelle.
Mais je me contenterais bien d'un vieux radio Marconi plutôt que de regarder le monde via cette boîte à grimaces qu'on appelle la télévision ou l'Internet.
La pluie ne tombe plus par ailleurs. Un léger brouillard s'installe. Je parie qu'on devrait entendre les cornes de brume des navires qui sillonnent notre grand fleuve Magtogoek.
Bientôt, ce sera la neige.
J'espère que cet hiver, comme pour tous les autres hivers de ma vie, j'aurai encore cette habitude d'y faire face sans pleurnicher, avec cette soif d'apprendre quelque chose que seule une tempête de neige peut m'apprendre.
Vous pourrez dire que je suis fou. Ou bien en train de devenir un vieux gâteux.
Dans le pire des cas, vous n'aurez qu'à oublier tout ça d'un clic de souris. Il y a tellement de trucs passionnants sur YouTube...
jeudi 22 octobre 2015
Lupien le libertarien de la Beauce
Lupien est libertarien. C'est un gros christ d'imbécile qui croit qu'en réduisant la taille de l'État il pourra augmenter la taille de son véhicule. C'est tout ce qui lui importe, Lupien, que d'avoir un gros char. Les gros chars, pour lui, attirent invariablement les "belles créatures", comme il dit dans son patois d'inculte de la Beauce.
Lupien n'aime ni la littérature, ni le théâtre, ni le ballet, ni l'opéra, ni le cinéma de répertoire, ni la gastronomie, ni les régimes alimentaires méditerranéens, ni les oeufs bénédictines, ni l'ail, ni le fromage bleu, ni la musique classique, ni la chanson française, ni le vélo, ni la raquette, ni le ski de fond, ni le tennis, ni le communisme, ni le socialisme, ni le péquisme, ni le Bloc Québécois, ni Justin Trudeau, ni le NPD, ni la paix dans le monde, ni Salvador Allende, ni les taxes, ni l'impôt, ni l'école, ni le Cégep, ni l'université, ni le féminisme, ni les voilées, ni l'orthographe, ni la syntaxe, ni l'algèbre, ni la physique quantique, ni Ilya Prigogine qu'il ne connaît pas, ni l'écologie, ni les voitures électriques, ni les sandales, ni les gars qui portent des sacoches, ni les gays, ni les lesbiennes, ni la Russie, ni la France, ni l'Afrique, ni l'Inde, ni la Chine, ni Rome, ni la Grèce antique, ni la Grèce moderne, ni les maudits Sauvages, ni le Plateau Mont-Royal, ni les intellectuels, ni les Noirs, ni les arbres, ni les terrains vagues, ni la forêt, ni les eaux calmes d'un lac...
En fait, Lupien n'aime que son char, tremper sa queue qui pue le champignon à fragrance de Irish Spring de temps à autres (quitte à payer pour) et faire de l'argent pour se payer tout ça. Tout le reste c'est soit pour les fifs, soit pour les lesbiennes, soit pour les losers, soit pour les handicapés. J'oubliais de dire que Lupien n'aime pas les handicapés. Il trouve qu'ils coûtent trop cher à l'État et qu'on pourrait très bien s'en passer.
Évidemment, Lupien ne se gêne pas pour donner son opinion à tout venant. Personne ne lui répond la plupart du temps. Lupien croit fermement que c'est parce que ses interlocuteurs sont bouchés par ses arguments. En fait, c'est surtout parce qu'ils sont bouche bée devant un tel étalage de bêtises innommables. On le regarde comme un retardé mental. Et encore, on sent plus d'empathie pour les vrais retardés... Lupien est plutôt un con, dans tous les sens imaginables du terme.
Lupien va seul dans le monde avec les trois ou quatre mononcles qui, comme lui, collectionnent les gros chars et les charrues pas de tête qui aiment les gros chars.
Son gros Hummer noir est toujours bien shiné de l'extérieur, mais l'intérieur déborde de déchets provenant de toutes ses haltes fréquentes dans les restaurants graisseux qu'il croise sur sa route.
Lupien n'a pas honte de manger des cheeseburgers, des hot-dogs, des poutines, des banana splits et toutes sortes de cochonneries qui font de lui l'heureux candidat à un arrêt cardio-vasculaire subit.
À la maison, Lupien n'a pas de honte à manger sa marde. Il se fait rôtir des tranches de baloney épaisses comme ça. Il se claque deux ou trois gros sacs de chips par jour. Il écoute les nouvelles TVA et Radio X. Il boit des tonneaux et des tonneaux de bière qu'il vomit à toutes les nuits pour faire de la place pour un gros déjeuner qui le requinquera.
Évidemment, Lupien trouve que les Québécois n'ont pas de fierté ni de colonne vertébrale comme lui.
Il se dit d'ailleurs fier d'être Canadien. Il serait encore plus fier d'être Américain. Que voulez-vous... On ne décide pas du lieu de sa naissance et Lupien sait fort bien qu'il est né parmi la plus grosse bande de losers de l'Amérique. Naître au Québec est la pire chose qui lui soit arrivé dans la vie. Il irait bien vivre en Alberta s'il parlait anglais. Mais comme il ne parle ni anglais ni français, Lupien est condamné à sécher en Beauce.
Il admire Stephen Harper, Rob Ford et André Arthur.
Lupien, le gros Lupien devrait-on dire, est vraiment une grosse plogue.
De plus, c'est rare qu'il se lave les mains après avoir chié ou pissé.
Il se décrotte le nez à tous les feux rouges et mange ses crottes de nez.
On ne sait pas vraiment quel est son métier.
On sait seulement qu'il fourre le gouvernement autant que faire se peut.
Il s'arrange pour ne jamais payer de taxes ni d'impôts.
Il prend des pilules pour le mal de tête, des pilules pour les maux de ventre et des pilules pour ses jambes constamment engourdies.
Il n'a pas besoin de l'hôpital.
Ni de la médecine.
Ni de quoi que ce soit.
Lupien est l'homme le plus libre qui soit au Québec et au Canada.
Il possède tout un arsenal de fusils de chasse au cas où le Québec se séparerait du Canada.
Et quand il jouit, il crie comme une poule qu'on égorge.
Lupien n'aime ni la littérature, ni le théâtre, ni le ballet, ni l'opéra, ni le cinéma de répertoire, ni la gastronomie, ni les régimes alimentaires méditerranéens, ni les oeufs bénédictines, ni l'ail, ni le fromage bleu, ni la musique classique, ni la chanson française, ni le vélo, ni la raquette, ni le ski de fond, ni le tennis, ni le communisme, ni le socialisme, ni le péquisme, ni le Bloc Québécois, ni Justin Trudeau, ni le NPD, ni la paix dans le monde, ni Salvador Allende, ni les taxes, ni l'impôt, ni l'école, ni le Cégep, ni l'université, ni le féminisme, ni les voilées, ni l'orthographe, ni la syntaxe, ni l'algèbre, ni la physique quantique, ni Ilya Prigogine qu'il ne connaît pas, ni l'écologie, ni les voitures électriques, ni les sandales, ni les gars qui portent des sacoches, ni les gays, ni les lesbiennes, ni la Russie, ni la France, ni l'Afrique, ni l'Inde, ni la Chine, ni Rome, ni la Grèce antique, ni la Grèce moderne, ni les maudits Sauvages, ni le Plateau Mont-Royal, ni les intellectuels, ni les Noirs, ni les arbres, ni les terrains vagues, ni la forêt, ni les eaux calmes d'un lac...
En fait, Lupien n'aime que son char, tremper sa queue qui pue le champignon à fragrance de Irish Spring de temps à autres (quitte à payer pour) et faire de l'argent pour se payer tout ça. Tout le reste c'est soit pour les fifs, soit pour les lesbiennes, soit pour les losers, soit pour les handicapés. J'oubliais de dire que Lupien n'aime pas les handicapés. Il trouve qu'ils coûtent trop cher à l'État et qu'on pourrait très bien s'en passer.
Évidemment, Lupien ne se gêne pas pour donner son opinion à tout venant. Personne ne lui répond la plupart du temps. Lupien croit fermement que c'est parce que ses interlocuteurs sont bouchés par ses arguments. En fait, c'est surtout parce qu'ils sont bouche bée devant un tel étalage de bêtises innommables. On le regarde comme un retardé mental. Et encore, on sent plus d'empathie pour les vrais retardés... Lupien est plutôt un con, dans tous les sens imaginables du terme.
Lupien va seul dans le monde avec les trois ou quatre mononcles qui, comme lui, collectionnent les gros chars et les charrues pas de tête qui aiment les gros chars.
Son gros Hummer noir est toujours bien shiné de l'extérieur, mais l'intérieur déborde de déchets provenant de toutes ses haltes fréquentes dans les restaurants graisseux qu'il croise sur sa route.
Lupien n'a pas honte de manger des cheeseburgers, des hot-dogs, des poutines, des banana splits et toutes sortes de cochonneries qui font de lui l'heureux candidat à un arrêt cardio-vasculaire subit.
À la maison, Lupien n'a pas de honte à manger sa marde. Il se fait rôtir des tranches de baloney épaisses comme ça. Il se claque deux ou trois gros sacs de chips par jour. Il écoute les nouvelles TVA et Radio X. Il boit des tonneaux et des tonneaux de bière qu'il vomit à toutes les nuits pour faire de la place pour un gros déjeuner qui le requinquera.
Évidemment, Lupien trouve que les Québécois n'ont pas de fierté ni de colonne vertébrale comme lui.
Il se dit d'ailleurs fier d'être Canadien. Il serait encore plus fier d'être Américain. Que voulez-vous... On ne décide pas du lieu de sa naissance et Lupien sait fort bien qu'il est né parmi la plus grosse bande de losers de l'Amérique. Naître au Québec est la pire chose qui lui soit arrivé dans la vie. Il irait bien vivre en Alberta s'il parlait anglais. Mais comme il ne parle ni anglais ni français, Lupien est condamné à sécher en Beauce.
Il admire Stephen Harper, Rob Ford et André Arthur.
Lupien, le gros Lupien devrait-on dire, est vraiment une grosse plogue.
De plus, c'est rare qu'il se lave les mains après avoir chié ou pissé.
Il se décrotte le nez à tous les feux rouges et mange ses crottes de nez.
On ne sait pas vraiment quel est son métier.
On sait seulement qu'il fourre le gouvernement autant que faire se peut.
Il s'arrange pour ne jamais payer de taxes ni d'impôts.
Il prend des pilules pour le mal de tête, des pilules pour les maux de ventre et des pilules pour ses jambes constamment engourdies.
Il n'a pas besoin de l'hôpital.
Ni de la médecine.
Ni de quoi que ce soit.
Lupien est l'homme le plus libre qui soit au Québec et au Canada.
Il possède tout un arsenal de fusils de chasse au cas où le Québec se séparerait du Canada.
Et quand il jouit, il crie comme une poule qu'on égorge.
mercredi 21 octobre 2015
À propos des pistes cyclables pas trop cyclables à Trois-Rivières...
J'ai emprunté la piste cyclable de la rue Saint-Denis, hier, comme je le fais tous les jours de la semaine quand je quitte mon travail pour revenir à la maison.
À Saint-Hyacinthe ainsi que dans d'autres villes mieux organisées, les pistes cyclables en milieu urbain sont protégées par des bornes, des règlements municipaux sévères et des feux de circulation spéciaux pour empêcher les automobilistes d'y faucher des vies.
À Trois-Rivières, on fait preuve de laxisme en cette matière. La piste cyclable qui devrait nous permettre de circuler d'Est en Ouest consiste en une ligne barbouillée sur l'asphalte dans laquelle se trouvent souvent stationnés des véhicules. De sorte qu'il faut quitter la piste cyclable à tout moment en s'assurant de ne pas se faire faucher par les automobilistes qui ne respectent pas la distance de 1,5 mètres qu'ils sont sensés tenir en présence d'un cycliste, d'un piéton ou bien d'un canard.
Même lorsqu'on roule sur la piste cyclable, certains automobilistes prennent ce malin plaisir de rouler à l'intérieur des lignes pour une raison qui m'échappe. S'il y avait des bornes, cela freinerait un tant soit peu leurs ardeurs. Sans bornes, ils se permettent tout et n'importe quoi.
Arrivé au croisement des rues Saint-Georges et Saint-Denis, je fais ensuite face au trafic en provenance du boulevard des Forges. De nombreux automobilistes dépassent les véhicules à gauche via la piste cyclable. Du coup, ils mettent ma vie en danger. J'essaie tant bien que mal de résister en les insultant au passage, mais je sais que j'arriverai deuxième face à une voiture qui me foncera dedans. Je me tasse sur le côté, au risque de me planter contre le trottoir.
Hier, j'ai vu ce type, un gros gras avec une barbichette qui conduisait son véhicule utilitaire brocardé de collants Radio X. Il avait un cure-dent en bouche et il roulait sur la piste cyclable en feignant à peine de m'avoir vu. En fait, il m'avait vu et il s'en foutait. Il devait passer coûte que coûte et refusait d'attendre derrière la filée d'autos qui tournaient à droite sur la rue Saint-Georges qui est aussi à sens unique.
Évidemment, j'ai gueulé.
-Gros hostie d'épais! Grosse calice de pâte molle! Mange-lé ton cure-dent mon christ de casque de bain de Radio X!!
Le triste individu était déjà loin. Il roula sur la piste cyclable sur quarante pieds. Puis il disparut avec son gros Tonka de mononcle fini.
Avant qu'il n'arrive un drame, il serait bien de songer à protéger nos pistes cyclables en milieu urbain dans ce Trois-Rivières pas si vert qu'on ne le laisse croire. Ça nous laisserait au moins une voie pour rouler de façon sécuritaire à l'heure de pointe, quand tous les caves sont sur la route pour y effectuer toutes sortes de manoeuvres qui mettent en péril la vie des piétons et des cyclistes,
Je vous avouerai que j'ai beaucoup de mépris envers les automobilistes. Je paie pour leur asphalte que j'use bien moins vite avec les pneus de mon vélo. Je paie pour leurs émissions de gaz carbonique. Je paie pour les guerres du pétrole. Je paie pour une énergie sale qui n'arrive pas à la cheville de mes pieds qui pédalent proprement et sainement.
J'emmerde, au passage, ceux qui prétendent que les cyclistes n'ont pas leur place sur la route. Les voitures y ont encore moins affaire, quoi que l'on puisse me reprocher à ce sujet.
Je roule sur la plus belle invention de l'humanité: le vélo. Le vélo qui nous permet d'avancer à vingt kilomètres heure sur de plus ou moins longues distances. Ce que n'arriverait pas à faire le marathonien ni le guépard. Cette machine ingénieuse décuple nos forces. C'est une pure merveille de bio-ingénierie. Il faut être un gros cave qui écoute Radio X pour ne pas le voir. Il faut être une grosse hostie de moufette libertarienne pour l'ignorer.
Je roule avec de l'énergie propre. Je fais mon cardio. Je n'encombre pas les hôpitaux avec une gueule de gros lard qui a son cure-dent en bouche.
C'était ma montée de lait. Pardonnez-la moi. Je ne sais plus ce que je dis.
Et puis, c'est déjà l'heure de remonter sur mon vélo...
À Saint-Hyacinthe ainsi que dans d'autres villes mieux organisées, les pistes cyclables en milieu urbain sont protégées par des bornes, des règlements municipaux sévères et des feux de circulation spéciaux pour empêcher les automobilistes d'y faucher des vies.
À Trois-Rivières, on fait preuve de laxisme en cette matière. La piste cyclable qui devrait nous permettre de circuler d'Est en Ouest consiste en une ligne barbouillée sur l'asphalte dans laquelle se trouvent souvent stationnés des véhicules. De sorte qu'il faut quitter la piste cyclable à tout moment en s'assurant de ne pas se faire faucher par les automobilistes qui ne respectent pas la distance de 1,5 mètres qu'ils sont sensés tenir en présence d'un cycliste, d'un piéton ou bien d'un canard.
Même lorsqu'on roule sur la piste cyclable, certains automobilistes prennent ce malin plaisir de rouler à l'intérieur des lignes pour une raison qui m'échappe. S'il y avait des bornes, cela freinerait un tant soit peu leurs ardeurs. Sans bornes, ils se permettent tout et n'importe quoi.
Arrivé au croisement des rues Saint-Georges et Saint-Denis, je fais ensuite face au trafic en provenance du boulevard des Forges. De nombreux automobilistes dépassent les véhicules à gauche via la piste cyclable. Du coup, ils mettent ma vie en danger. J'essaie tant bien que mal de résister en les insultant au passage, mais je sais que j'arriverai deuxième face à une voiture qui me foncera dedans. Je me tasse sur le côté, au risque de me planter contre le trottoir.
Hier, j'ai vu ce type, un gros gras avec une barbichette qui conduisait son véhicule utilitaire brocardé de collants Radio X. Il avait un cure-dent en bouche et il roulait sur la piste cyclable en feignant à peine de m'avoir vu. En fait, il m'avait vu et il s'en foutait. Il devait passer coûte que coûte et refusait d'attendre derrière la filée d'autos qui tournaient à droite sur la rue Saint-Georges qui est aussi à sens unique.
Évidemment, j'ai gueulé.
-Gros hostie d'épais! Grosse calice de pâte molle! Mange-lé ton cure-dent mon christ de casque de bain de Radio X!!
Le triste individu était déjà loin. Il roula sur la piste cyclable sur quarante pieds. Puis il disparut avec son gros Tonka de mononcle fini.
Avant qu'il n'arrive un drame, il serait bien de songer à protéger nos pistes cyclables en milieu urbain dans ce Trois-Rivières pas si vert qu'on ne le laisse croire. Ça nous laisserait au moins une voie pour rouler de façon sécuritaire à l'heure de pointe, quand tous les caves sont sur la route pour y effectuer toutes sortes de manoeuvres qui mettent en péril la vie des piétons et des cyclistes,
Je vous avouerai que j'ai beaucoup de mépris envers les automobilistes. Je paie pour leur asphalte que j'use bien moins vite avec les pneus de mon vélo. Je paie pour leurs émissions de gaz carbonique. Je paie pour les guerres du pétrole. Je paie pour une énergie sale qui n'arrive pas à la cheville de mes pieds qui pédalent proprement et sainement.
J'emmerde, au passage, ceux qui prétendent que les cyclistes n'ont pas leur place sur la route. Les voitures y ont encore moins affaire, quoi que l'on puisse me reprocher à ce sujet.
Je roule sur la plus belle invention de l'humanité: le vélo. Le vélo qui nous permet d'avancer à vingt kilomètres heure sur de plus ou moins longues distances. Ce que n'arriverait pas à faire le marathonien ni le guépard. Cette machine ingénieuse décuple nos forces. C'est une pure merveille de bio-ingénierie. Il faut être un gros cave qui écoute Radio X pour ne pas le voir. Il faut être une grosse hostie de moufette libertarienne pour l'ignorer.
Je roule avec de l'énergie propre. Je fais mon cardio. Je n'encombre pas les hôpitaux avec une gueule de gros lard qui a son cure-dent en bouche.
C'était ma montée de lait. Pardonnez-la moi. Je ne sais plus ce que je dis.
Et puis, c'est déjà l'heure de remonter sur mon vélo...
mardi 20 octobre 2015
Et maintenant légalisons la marijuana
Nous héritons ce matin d'un gouvernement libéral majoritaire avec Justin Trudeau à sa tête. Il a promis de légaliser le pot. On aura bien besoin d'en fumer pour oublier Harper, les conservateurs, les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes, les élections, la dépendance du Québec, la ville de Québec, la Beauce, et coetera.
C'est toujours pour l'amour qu'on devient fou
Ça doit être plein d'amour parce qu'c'est plein d'fous tout partout...
lundi 19 octobre 2015
Si la tendance se maintient...
C'est aujourd'hui que les électeurs du Canada, incluant ceux de mon pays le Québec, décideront de la composition des représentants de la Chambre des Communes.
J'ai voté par anticipation il y a deux semaines. J'ai voté pour le Bloc Québécois.
Je trouve dommage d'avoir à voter pour un parti plutôt que pour une personne que j'estimerais digne de confiance. Cela dit, je me sens impuissant à y changer quoi que ce soit. J'ai accordé ma confiance à un parfait inconnu, André Valois, candidat du Bloc Québécois dans mon comté. Je ne sais pas ce qu'il vaut comme personne. Je me dis qu'il est sans doute le plus républicain des candidats en lice pour le poste de député fédéral du comté de Trois-Rivières.
J'espère que les Québécois, un jour ou l'autre, quitteront cette monarchie constitutionnelle qu'est le Canada pour se donner un pays à la hauteur de leurs rêves et de leurs valeurs.
Je ne crois pas que le Canada puisse devenir notre pays. Il l'a déjà été. Il ne l'est plus depuis longtemps, depuis que le député fédéral Louis Riel a été pendu pour dire vrai.
Quelle que soit l'issue de cette élection, nous aurons, nous les Québécois, un combat à mener ailleurs qu'à Ottawa.
Nous devrons devenir maîtres chez-nous et nous donner un pays digne de ce nom qui ne soit pas soumis aux banquiers et autres capitalistes sauvages.
J'ai voté pour le Bloc Québécois pour aller encore plus loin sur la voie menant à une société juste et égalitaire.
Je sais d'avance que je vais perdre mes élections ce soir. Si la tendance se maintient, Gilles Duceppe ne sera jamais Premier Ministre du Canada. Et c'est tant mieux ainsi.
Bonnes élections, concitoyens et concitoyennes!
J'ai voté par anticipation il y a deux semaines. J'ai voté pour le Bloc Québécois.
Je trouve dommage d'avoir à voter pour un parti plutôt que pour une personne que j'estimerais digne de confiance. Cela dit, je me sens impuissant à y changer quoi que ce soit. J'ai accordé ma confiance à un parfait inconnu, André Valois, candidat du Bloc Québécois dans mon comté. Je ne sais pas ce qu'il vaut comme personne. Je me dis qu'il est sans doute le plus républicain des candidats en lice pour le poste de député fédéral du comté de Trois-Rivières.
J'espère que les Québécois, un jour ou l'autre, quitteront cette monarchie constitutionnelle qu'est le Canada pour se donner un pays à la hauteur de leurs rêves et de leurs valeurs.
Je ne crois pas que le Canada puisse devenir notre pays. Il l'a déjà été. Il ne l'est plus depuis longtemps, depuis que le député fédéral Louis Riel a été pendu pour dire vrai.
Quelle que soit l'issue de cette élection, nous aurons, nous les Québécois, un combat à mener ailleurs qu'à Ottawa.
Nous devrons devenir maîtres chez-nous et nous donner un pays digne de ce nom qui ne soit pas soumis aux banquiers et autres capitalistes sauvages.
J'ai voté pour le Bloc Québécois pour aller encore plus loin sur la voie menant à une société juste et égalitaire.
Je sais d'avance que je vais perdre mes élections ce soir. Si la tendance se maintient, Gilles Duceppe ne sera jamais Premier Ministre du Canada. Et c'est tant mieux ainsi.
Bonnes élections, concitoyens et concitoyennes!
dimanche 18 octobre 2015
Les couleurs d'automne dans mon patelin
Il m'est toujours agréable de faire du vélo par temps froid... si les vents sont calmes. C'était le cas ce matin. Je me suis donc mis à pédaler de très bonne heure pour une expédition vers l'Île Saint-Quentin afin de contempler les couleurs d'automne. Le soleil était de la partie. Je n'en demandais pas plus.
L'Île Saint-Quentin est située au confluent de la rivière Tapiskwan Sipi (1) et du fleuve Magtogoek (2). L'Île Saint-Quentin fait partie d'un groupe d'îles qui se trouvent dans le delta de la Tapiskwan Sipi. Vues du fleuve, ces îles donnent l'impression qu'il y a trois rivières plutôt qu'une seule. Ce qui a permis de rebaptiser Trois-Rivières le village aborigène de Métabéroutin, occupé pendant à peine huit milles ans par des gens qui chassaient avec des arcs et des flèches sans se soucier de voir trois rivières là où il n'y en avait qu'une seule.
Cela dit, je me suis rendu sur l'Île Saint-Quentin ce matin pour y faire bien autre chose que de prodiguer des leçons d'histoire. J'ai sorti mon téléphone plus ou moins intelligent pour y prendre de plus ou moins belles photos. Je les ai prises à la bonne franquette, sans nulle autre prétention que celle de m'amuser et de vous distraire un brin.
Je ne suis pas un photographe exceptionnel. Je prends rarement le temps de photographier tout ce que je vois. La plupart du temps, je conserve les images dans ma tête pour me permettre, un peu plus tard, d'écrire un texte, de jouer un air de musique ou bien de peindre un tableau.
Voici donc, sans tambours ni trompettes, les photos que j'ai ramenées de mon expédition.
(1) Tapiskwan Sipi: Rivière de l'enfilée d'aiguilles, en langue attikamekw, autrefois appelée rivière Saint-Maurice par les conquistadors européens.
(2) Magtogoek Sipi: fleuve aux grandes eaux, en langue anishnabée (algonquin), autrefois appelé fleuve Saint-Laurent par les mêmes conquistadors qui avaient cette manie toponymique de tout désigner par une personne humaine: un saint, un député ou bien un marchand de savon.
(1) Tapiskwan Sipi: Rivière de l'enfilée d'aiguilles, en langue attikamekw, autrefois appelée rivière Saint-Maurice par les conquistadors européens.
(2) Magtogoek Sipi: fleuve aux grandes eaux, en langue anishnabée (algonquin), autrefois appelé fleuve Saint-Laurent par les mêmes conquistadors qui avaient cette manie toponymique de tout désigner par une personne humaine: un saint, un député ou bien un marchand de savon.
L'Île Saint-Quentin est située au confluent de la rivière Tapiskwan Sipi (1) et du fleuve Magtogoek (2). L'Île Saint-Quentin fait partie d'un groupe d'îles qui se trouvent dans le delta de la Tapiskwan Sipi. Vues du fleuve, ces îles donnent l'impression qu'il y a trois rivières plutôt qu'une seule. Ce qui a permis de rebaptiser Trois-Rivières le village aborigène de Métabéroutin, occupé pendant à peine huit milles ans par des gens qui chassaient avec des arcs et des flèches sans se soucier de voir trois rivières là où il n'y en avait qu'une seule.
Cela dit, je me suis rendu sur l'Île Saint-Quentin ce matin pour y faire bien autre chose que de prodiguer des leçons d'histoire. J'ai sorti mon téléphone plus ou moins intelligent pour y prendre de plus ou moins belles photos. Je les ai prises à la bonne franquette, sans nulle autre prétention que celle de m'amuser et de vous distraire un brin.
Je ne suis pas un photographe exceptionnel. Je prends rarement le temps de photographier tout ce que je vois. La plupart du temps, je conserve les images dans ma tête pour me permettre, un peu plus tard, d'écrire un texte, de jouer un air de musique ou bien de peindre un tableau.
Voici donc, sans tambours ni trompettes, les photos que j'ai ramenées de mon expédition.
(1) Tapiskwan Sipi: Rivière de l'enfilée d'aiguilles, en langue attikamekw, autrefois appelée rivière Saint-Maurice par les conquistadors européens.
(2) Magtogoek Sipi: fleuve aux grandes eaux, en langue anishnabée (algonquin), autrefois appelé fleuve Saint-Laurent par les mêmes conquistadors qui avaient cette manie toponymique de tout désigner par une personne humaine: un saint, un député ou bien un marchand de savon.
Première photo: le soleil se cache derrière un arbre. |
La rivière Tapiskwan Sipi vue du pont qui mène à l'Île Saint-Quentin.
Un goéland devant une flotte de bateaux de plaisance remisés pour l'hiver à la marina de l'Île Saint-Quentin. |
Au petit jour sur le fleuve Magtogoek. Vue sur la cité de Bécancour. |
La piste cyclable de l'Île Saint-Quentin. |
Du jaune entre les arbres. Une plage aussi. |
Un sentier recouvert de feuilles. |
Trois-Rivières serait une plage de sable fin, comme on le voit ici, si les colons n'étaient pas venus tout enlaidir. |
Des goélands et des canards. Les canards fuient quand il me voit. Pas les goélands. C'est la saison de la chasse aux canards. Ce n'est jamais la saison de la chasse aux goélands... |
Mon vélo. Vieux, mais il roule encore bien. |
Moi en cycliste. Vieux, mais je roule encore bien. |
Un banc recouvert de feuilles. |
Voici ce que l'on voit au bout de l'île, sur le belvédère Jean-Paul-Arsenault. |
La passerelle d'interprétation de l'île. |
Autre vue de la passerelle d'interprétation. |
Miroitement dans les eaux de la rivière Tapiskwan Sipi. |
Sous-bois. |
Des canards sur les hauts-fonds. |
Encore des canards. |
Plein de canards et pas de chasseurs à l'horizon. |
À l'autre bout de la passerelle. |
Canard un jour, canard toujours. |
Y'a trop de canards. |
Okay! On les a vus les canards!!! |
Dernière vue de l'Île Saint-Quentin. Photo prise sur la piste cyclable du Pont Duplessis qui relie Trois-Rivières au Cap-de-la-Madeleine. |
(1) Tapiskwan Sipi: Rivière de l'enfilée d'aiguilles, en langue attikamekw, autrefois appelée rivière Saint-Maurice par les conquistadors européens.
(2) Magtogoek Sipi: fleuve aux grandes eaux, en langue anishnabée (algonquin), autrefois appelé fleuve Saint-Laurent par les mêmes conquistadors qui avaient cette manie toponymique de tout désigner par une personne humaine: un saint, un député ou bien un marchand de savon.
vendredi 16 octobre 2015
Divers faits & faits divers
Plusieurs sujets me viennent à l'esprit alors que je suis placé devant mon écran pour pianoter sur mon clavier. Le titre que je donne à ce billet m'est venu avant même que je n'ai entamé sa rédaction. On pourrait trouver ça présomptueux. Ça l'est sans doute. Et, pour dire vrai, cela m'indiffère.
Je vais donc y aller à la bonne franquette.
D'abord, il me faut parler de cette lettre à plusieurs signatures publiée aujourd'hui dans le Hufftington Post Québec. Je suis en parfait accord avec ce qu'elle exprime, à savoir que notre démocratie, telle que nous la vivons, est un leurre. Elle est imparfaite, trafiquée par les banquiers et autres ploutocrates pour nous donner l'impression que le peuple a une voix qu'on ne lui reconnaît. Comme le disait Theodor Ludwig Wiesengrund-Adorno, si le vote changeait vraiment quelque chose ce serait illégal...
Allez la lire. Elle en dit long sur le chemin qu'il nous reste à faire comme peuple pour obtenir un semblant de pouvoir.
***
Passons maintenant aux faits divers. Une jeune adolescente s'est faite agressée par un homme à quelques pas de chez-moi. Il lui a asséné des coups de marteau sur la tête. Le journal local m'a appris que cet homme-là avait des antécédents judiciaires. Il a été incarcéré trois fois pour agression, séquestration et viol d'adolescents des deux sexes...
Pas une fois: trois fois! Il en est donc à sa quatrième récidive...
Le type était en probation. On l'a arrêté après avoir brisé la vie d'une adolescente, une de plus. L'adolescente en question se porte relativement bien, malgré tout, mais il est encore trop tôt pour dire comment elle sera affectée par cette agression dans sa vie future.
Il y a lieu de se questionner sur notre système carcéral et sur les libérations conditionnelles.
Ce type de fou ne devrait pas être remis en liberté.
La communauté doit se préserver de ce genre d'imbécile.
Je n'ai pas de réponse à cela.
Un chien qui mord, on l'euthanasie.
Un homme qui vous frappe à coups de marteau, vous séquestre et vous viole est remis en liberté au bout de trois ans...
Je ne veux pas que l'on rétablisse la peine de mort, bien entendu, mais peut-on protéger la communauté de ce genre de prédateur sexuel stupide? Peut-on faire abstraction des droits et libertés des individus qui frappent, séquestrent et violent à quatre reprises des victimes innocentes? Faudra-t-il attendre qu'il tue pour qu'il ait son vingt-cinq ans de prison ferme?
Qu'en pensez-vous?
***
Je n'ai rien d'autres à rajouter, somme toute.
Ah si! j'oubliais... Il y a aussi un pyromane en liberté au centre-ville de Trois-Rivières. Il en serait à une dizaine d'incendies en deux semaines.
Il manquait d'électricité ce matin suite à l'un de ces incendies survenus aussi dans mon quartier.
Lundi dernier, le bac à recyclage de mon voisin d'en face a pris en feu au cours de la nuit. On soupçonne que ce soit la même personne.
Peut-être a-t-on affaire à un pyromane récidiviste...
***
Un autre type a tué quelqu'un après lui avoir foutu une raclée. Il s'est rendu dans son appartement du centre-ville, à quelques pas de chez-moi encore une fois, puis il l'a tué à coups de je ne sais trop quoi.
Lorsque j'ai vu la photo de l'assassin, je l'ai reconnu tout de suite. J'ai même écrit un billet à son sujet le 27 décembre 2014... Je l'avais croisé lors du Boxing Day. Il était sous les effets du crystal meth, les pupilles dilatées et le verbe haut. Il m'avait menacé...
Attendra-t-on qu'il récidive? Lui fera-t-on faire un assez long séjour en cage pour qu'il nous laisse un tant soit peu tranquilles?
Les statistiques laissent entendre que le taux de criminalité est en baisse depuis trente ans. Je veux bien le croire.
Cependant, je doute que cela fasse revenir les morts et soulager les victimes de tous ces trous du cul qui ne méritaient pas leur liberté.
Il y a lieu de tenir une réflexion spirituelle sur les origines du Mal avec un grand M.
Entre temps, il y a indubitablement cette nécessité de protéger la communauté de la racaille.
Ce ne sont pas les voleurs qui m'incommodent le plus. Ce sont les violeurs, les agresseurs et les tueurs. Pour ceux-là, on ne peut pas être gentils, bonasses et pardonneux... Les crimes contre la personne méritent un traitement spécial.
Je vais donc y aller à la bonne franquette.
D'abord, il me faut parler de cette lettre à plusieurs signatures publiée aujourd'hui dans le Hufftington Post Québec. Je suis en parfait accord avec ce qu'elle exprime, à savoir que notre démocratie, telle que nous la vivons, est un leurre. Elle est imparfaite, trafiquée par les banquiers et autres ploutocrates pour nous donner l'impression que le peuple a une voix qu'on ne lui reconnaît. Comme le disait Theodor Ludwig Wiesengrund-Adorno, si le vote changeait vraiment quelque chose ce serait illégal...
Allez la lire. Elle en dit long sur le chemin qu'il nous reste à faire comme peuple pour obtenir un semblant de pouvoir.
***
Passons maintenant aux faits divers. Une jeune adolescente s'est faite agressée par un homme à quelques pas de chez-moi. Il lui a asséné des coups de marteau sur la tête. Le journal local m'a appris que cet homme-là avait des antécédents judiciaires. Il a été incarcéré trois fois pour agression, séquestration et viol d'adolescents des deux sexes...
Pas une fois: trois fois! Il en est donc à sa quatrième récidive...
Le type était en probation. On l'a arrêté après avoir brisé la vie d'une adolescente, une de plus. L'adolescente en question se porte relativement bien, malgré tout, mais il est encore trop tôt pour dire comment elle sera affectée par cette agression dans sa vie future.
Il y a lieu de se questionner sur notre système carcéral et sur les libérations conditionnelles.
Ce type de fou ne devrait pas être remis en liberté.
La communauté doit se préserver de ce genre d'imbécile.
Je n'ai pas de réponse à cela.
Un chien qui mord, on l'euthanasie.
Un homme qui vous frappe à coups de marteau, vous séquestre et vous viole est remis en liberté au bout de trois ans...
Je ne veux pas que l'on rétablisse la peine de mort, bien entendu, mais peut-on protéger la communauté de ce genre de prédateur sexuel stupide? Peut-on faire abstraction des droits et libertés des individus qui frappent, séquestrent et violent à quatre reprises des victimes innocentes? Faudra-t-il attendre qu'il tue pour qu'il ait son vingt-cinq ans de prison ferme?
Qu'en pensez-vous?
***
Je n'ai rien d'autres à rajouter, somme toute.
Ah si! j'oubliais... Il y a aussi un pyromane en liberté au centre-ville de Trois-Rivières. Il en serait à une dizaine d'incendies en deux semaines.
Il manquait d'électricité ce matin suite à l'un de ces incendies survenus aussi dans mon quartier.
Lundi dernier, le bac à recyclage de mon voisin d'en face a pris en feu au cours de la nuit. On soupçonne que ce soit la même personne.
Peut-être a-t-on affaire à un pyromane récidiviste...
***
Un autre type a tué quelqu'un après lui avoir foutu une raclée. Il s'est rendu dans son appartement du centre-ville, à quelques pas de chez-moi encore une fois, puis il l'a tué à coups de je ne sais trop quoi.
Lorsque j'ai vu la photo de l'assassin, je l'ai reconnu tout de suite. J'ai même écrit un billet à son sujet le 27 décembre 2014... Je l'avais croisé lors du Boxing Day. Il était sous les effets du crystal meth, les pupilles dilatées et le verbe haut. Il m'avait menacé...
Attendra-t-on qu'il récidive? Lui fera-t-on faire un assez long séjour en cage pour qu'il nous laisse un tant soit peu tranquilles?
Les statistiques laissent entendre que le taux de criminalité est en baisse depuis trente ans. Je veux bien le croire.
Cependant, je doute que cela fasse revenir les morts et soulager les victimes de tous ces trous du cul qui ne méritaient pas leur liberté.
Il y a lieu de tenir une réflexion spirituelle sur les origines du Mal avec un grand M.
Entre temps, il y a indubitablement cette nécessité de protéger la communauté de la racaille.
Ce ne sont pas les voleurs qui m'incommodent le plus. Ce sont les violeurs, les agresseurs et les tueurs. Pour ceux-là, on ne peut pas être gentils, bonasses et pardonneux... Les crimes contre la personne méritent un traitement spécial.
jeudi 15 octobre 2015
La philosophie à coups de marteau
Il est difficile de savoir ce qui se passe vraiment dans la tête d'un fou. Pour le savoir, il faudrait l'être.
Or, Carl Langelier était un fou. C'était un fou solitaire, comme tant d'autres fous, qui parlait à son double, un être vil et méprisable qui lui conseillait toutes sortes d'actions plus déconcertantes les unes que les autres.
-Tu devrais mettre le feu à cette poubelle... Il y a plein de papiers dedans... Ça va faire un beau feu de joie et, avec de la chance, ça pourrait incendier tout le quartier...
Ne faisant jamais ni une ni deux, Carl obéissait à son double.
-Mettre le feu... Mettre le feu... Oui... se répétait-il, comme un robot, en faisant craquer des allumettes au-dessus des papiers qui, bientôt, faisaient jaillir des flammes.
-Cours imbécile! Cours! lui recommandait son double. Ce n'est pas le temps de rester là!
-Oui... Courir... Courir...
Carl partait à courir. évidemment, pour aller mettre le feu à une autre poubelle, puis à un tas de feuilles, et même au tuyau d'échappement d'une automobile.
Le lendemain, les policiers laissaient entendre qu'un pyromane fou furieux sévissait au centre-ville. Ils croyaient même que ce pyromane serait derrière des incendies qui avaient tué trois personnes et défigurées à vie deux autres.
Carl et son double s'en réjouissaient tout en dévorant leur repas au Centre Le Cave, une ressource pour personnes dites en situation de rupture sociale.
Le Centre Le Cave accueillait tous ceux qu'on n'aurait pas laissé entrer chez-soi pour rien au monde.
On aurait pu reprocher au Centre Le Cave de regrouper tous ces gens-là sous une même enseigne. Il y avait tout de même un insigne avantage. Nous savions au moins qu'ils étaient tous plus ou moins là. Ça évitait aux forces de l'ordre de chercher longtemps dans toutes les maisons de chambre misérables et glauques du centre-ville. Et puis l'on peut dire que le Centre Le Cave en récupérait un ou deux de temps à autres, ce qui est mieux que rien.
Enfin! Nous ne ferons pas le procès du Centre Le Cave, ni son panégyrique. Disons simplement que Carl Langelier se trouvait là depuis au moins deux mois.
Cet homme dans la cinquantaine, toujours accompagné de son ami imaginaire, n'en était pas à ses premières frasques. Sa vie avait été une longue suite d'actes violents, gratuits et inexpliqués. La drogue, l'alcool et même la sobriété n'y changèrent jamais rien. Carl Langelier était sous l'emprise d'un démon qui ne le quittait et ne le quitterait jamais.
On a fini par l'arrêter une fois de plus. C'était suite à une agression qu'il avait commise au centre-ville.
Langelier marchait sur les trottoirs avec un marteau. Allez savoir pourquoi il se prenait pour Thor ou bien Nietzsche.
-Tu dois frapper quelqu'un avec ce marteau! Frappe la tête de quelqu'un avec ce marteau! Oui! lui répétait son petit démon intérieur, ce salopard insensible.
-Je dois frapper quelqu'un à coups de marteau! répétait Carl en déambulant sur les trottoirs. Je dois frapper quelqu'un à coups de marteau!
Une vieille dame d'à peu près quatre-vingt-douze ans, frêle et branlante, claudiquait lentement devant lui. Tout être à peu près sain d'esprit n'aurait pas cette idée de lui fracasser le crâne pour rien. Mais Carl Langelier n'était pas comme tout le monde, vous voyez, et c'est sans retenue qu'il abattit son marteau trois ou quatre fois de suite sur l'occiput de la pauvre dame.
Heureusement qu'elle mourut sur le coup. Un crâne n'est jamais aussi solide qu'on ne l'aurait cru.
Carl Langelier contempla son oeuvre avec l'étrange fascination du fou qu'il était. Il avait les yeux révulsés et de la bave aux commissures des lèvres. Rien pour inspirer confiance et confidences.
Mo Lampron, un homme un peu gras du bide, arriva un peu tard pour sauver la pauvre vieille. Par contre, on peut qualifier d'acte de bravoure le fait de lui avoir asséné quelques solides coups de poings et coups de pieds. Langelier en perdit son marteau et la possibilité de commettre un autre meurtre.
-Ayoye! Ayoye! qu'il criait, Carl Langelier. Tu m'fais mal mon calice de mongol!
-Ta gui-yeule mon tabarnak! Hostie d'fou d'calice! lui répliqua Mo Lampron sans retenir ses coups.
Le gras du bide se laissa choir sur Langelier et lui fit une solide clé de bras en attendant l'arrivée des policiers qui ne s'étonnèrent même pas du drame.
-Ce christ-là on l'met en prison une fois par mois... Là, i' d'vrait nous crisser la paix pour une couple d'années... On d'vrait les enfermer... Pourquoi qu'on les laisse aller lousses ces hosties d'fous-là?
-Vous m'faites mal! criait encore Langelier. Mes hosties d'chiens! Vous m'faites mal avec vos menottes!
-Mords leurs mains! lui répétait son double. Mords-les n'importe où mais mords-les!
Jack Provost, un vieux policier à deux ans de sa retraite, se chargea de faire taire Langelier et son double en lui plantant le crâne sur le trottoir deux ou trois fois.
-Ta gui-yeule mon tabarnak! qu'il lui dit en lui écrasant le caillou contre le béton.
On ramena Langelier en prison, évidemment.
Le lendemain, il était inculpé de meurtre non prémédité.
Le surlendemain il rencontrait un avocat de l'aide juridique.
Au bout d'une semaine, Daniel Provencher, intervenant au Centre Le Cave, reçut un appel à frais viré de la prison. C'était Carl Langelier.
-Vous avez un appel à frais virés de...
-CARL LANGELIER! cria Carl Langelier.
-Acceptez-vous les frais?
-Non, répondit Daniel Provencher.
Avec raison. Le Centre Le Cave ne disposait pas de budget pour ce genre d'appels à frais virés.
Suite à quoi, plus personne n'entendit parler de lui dans le patelin.
Son procès eut lieu dans une autre région, compte tenu que tout le monde voulait le lyncher dans cette ville où il avait tué une pauvre vieille à coups de marteau et mit le feu à deux résidences où il y avait eu trois morts et deux personnes défigurées à vie.
Or, Carl Langelier était un fou. C'était un fou solitaire, comme tant d'autres fous, qui parlait à son double, un être vil et méprisable qui lui conseillait toutes sortes d'actions plus déconcertantes les unes que les autres.
-Tu devrais mettre le feu à cette poubelle... Il y a plein de papiers dedans... Ça va faire un beau feu de joie et, avec de la chance, ça pourrait incendier tout le quartier...
Ne faisant jamais ni une ni deux, Carl obéissait à son double.
-Mettre le feu... Mettre le feu... Oui... se répétait-il, comme un robot, en faisant craquer des allumettes au-dessus des papiers qui, bientôt, faisaient jaillir des flammes.
-Cours imbécile! Cours! lui recommandait son double. Ce n'est pas le temps de rester là!
-Oui... Courir... Courir...
Carl partait à courir. évidemment, pour aller mettre le feu à une autre poubelle, puis à un tas de feuilles, et même au tuyau d'échappement d'une automobile.
Le lendemain, les policiers laissaient entendre qu'un pyromane fou furieux sévissait au centre-ville. Ils croyaient même que ce pyromane serait derrière des incendies qui avaient tué trois personnes et défigurées à vie deux autres.
Carl et son double s'en réjouissaient tout en dévorant leur repas au Centre Le Cave, une ressource pour personnes dites en situation de rupture sociale.
Le Centre Le Cave accueillait tous ceux qu'on n'aurait pas laissé entrer chez-soi pour rien au monde.
On aurait pu reprocher au Centre Le Cave de regrouper tous ces gens-là sous une même enseigne. Il y avait tout de même un insigne avantage. Nous savions au moins qu'ils étaient tous plus ou moins là. Ça évitait aux forces de l'ordre de chercher longtemps dans toutes les maisons de chambre misérables et glauques du centre-ville. Et puis l'on peut dire que le Centre Le Cave en récupérait un ou deux de temps à autres, ce qui est mieux que rien.
Enfin! Nous ne ferons pas le procès du Centre Le Cave, ni son panégyrique. Disons simplement que Carl Langelier se trouvait là depuis au moins deux mois.
Cet homme dans la cinquantaine, toujours accompagné de son ami imaginaire, n'en était pas à ses premières frasques. Sa vie avait été une longue suite d'actes violents, gratuits et inexpliqués. La drogue, l'alcool et même la sobriété n'y changèrent jamais rien. Carl Langelier était sous l'emprise d'un démon qui ne le quittait et ne le quitterait jamais.
On a fini par l'arrêter une fois de plus. C'était suite à une agression qu'il avait commise au centre-ville.
Langelier marchait sur les trottoirs avec un marteau. Allez savoir pourquoi il se prenait pour Thor ou bien Nietzsche.
-Tu dois frapper quelqu'un avec ce marteau! Frappe la tête de quelqu'un avec ce marteau! Oui! lui répétait son petit démon intérieur, ce salopard insensible.
-Je dois frapper quelqu'un à coups de marteau! répétait Carl en déambulant sur les trottoirs. Je dois frapper quelqu'un à coups de marteau!
Une vieille dame d'à peu près quatre-vingt-douze ans, frêle et branlante, claudiquait lentement devant lui. Tout être à peu près sain d'esprit n'aurait pas cette idée de lui fracasser le crâne pour rien. Mais Carl Langelier n'était pas comme tout le monde, vous voyez, et c'est sans retenue qu'il abattit son marteau trois ou quatre fois de suite sur l'occiput de la pauvre dame.
Heureusement qu'elle mourut sur le coup. Un crâne n'est jamais aussi solide qu'on ne l'aurait cru.
Carl Langelier contempla son oeuvre avec l'étrange fascination du fou qu'il était. Il avait les yeux révulsés et de la bave aux commissures des lèvres. Rien pour inspirer confiance et confidences.
Mo Lampron, un homme un peu gras du bide, arriva un peu tard pour sauver la pauvre vieille. Par contre, on peut qualifier d'acte de bravoure le fait de lui avoir asséné quelques solides coups de poings et coups de pieds. Langelier en perdit son marteau et la possibilité de commettre un autre meurtre.
-Ayoye! Ayoye! qu'il criait, Carl Langelier. Tu m'fais mal mon calice de mongol!
-Ta gui-yeule mon tabarnak! Hostie d'fou d'calice! lui répliqua Mo Lampron sans retenir ses coups.
Le gras du bide se laissa choir sur Langelier et lui fit une solide clé de bras en attendant l'arrivée des policiers qui ne s'étonnèrent même pas du drame.
-Ce christ-là on l'met en prison une fois par mois... Là, i' d'vrait nous crisser la paix pour une couple d'années... On d'vrait les enfermer... Pourquoi qu'on les laisse aller lousses ces hosties d'fous-là?
-Vous m'faites mal! criait encore Langelier. Mes hosties d'chiens! Vous m'faites mal avec vos menottes!
-Mords leurs mains! lui répétait son double. Mords-les n'importe où mais mords-les!
Jack Provost, un vieux policier à deux ans de sa retraite, se chargea de faire taire Langelier et son double en lui plantant le crâne sur le trottoir deux ou trois fois.
-Ta gui-yeule mon tabarnak! qu'il lui dit en lui écrasant le caillou contre le béton.
On ramena Langelier en prison, évidemment.
Le lendemain, il était inculpé de meurtre non prémédité.
Le surlendemain il rencontrait un avocat de l'aide juridique.
Au bout d'une semaine, Daniel Provencher, intervenant au Centre Le Cave, reçut un appel à frais viré de la prison. C'était Carl Langelier.
-Vous avez un appel à frais virés de...
-CARL LANGELIER! cria Carl Langelier.
-Acceptez-vous les frais?
-Non, répondit Daniel Provencher.
Avec raison. Le Centre Le Cave ne disposait pas de budget pour ce genre d'appels à frais virés.
Suite à quoi, plus personne n'entendit parler de lui dans le patelin.
Son procès eut lieu dans une autre région, compte tenu que tout le monde voulait le lyncher dans cette ville où il avait tué une pauvre vieille à coups de marteau et mit le feu à deux résidences où il y avait eu trois morts et deux personnes défigurées à vie.
mercredi 14 octobre 2015
La Commission Charbonneau, le procès de Gilles Vaillancourt et les élections fédérales...
Il n'y a rien de plus décevant que la politique. C'est aussi déprimant de s'y intéresser que de parler de ses déchets. Il faut pourtant les sortir à chaque semaine pour ne pas être envahi par les rats et la vermine. L'analogie est sans doute facile à faire. Je voudrais bien vous en mettre une autre sous les yeux. Mais cela ne me vient pas... Les vidanges, c'est vraiment ce qui se rapproche le plus de la politique.
Prenons, par exemple, la Commission Charbonneau. Qui se souvient de cette commission qui devait mettre en lumière la corruption qui sévit entre le monde politique et l'industrie de la construction? Que s'est-il passé depuis qu'elle a été instaurée en 2012? Rien. Ou presque rien. On a fait beaucoup de blablas autour de celle-ci et on attend encore ce rapport qui doit nous confirmer ce que nous savons déjà: c'est-à-dire que les corrompus sont corrompus, que les voleurs sont voleurs, que les mafieux sont mafieux...
L'ex-maire destitué de Laval, Gilles Vaillancourt, a été arrêté en 2012. Alors que les policiers s'apprêtaient à fouiller son condo, sa cousine flushait de l'argent liquide dans les toilettes parce qu'on y avait pris l'habitude de se torcher avec l'argent du peuple...
Le procès de Vaillancourt était prévu pour 2013. Il a été reporté en 2014. Puis en 2015. Il pourrait avoir lieu en 2017. Peut-être en 2021. Voire plus tard encore, lorsque tous les témoins seront décédés et qu'il y aura suffisamment de vices de procédures pour annuler le procès.
Jamais le peuple ne récupérera les vingt millions de dollars qui leur aura été volés. L'ex-maire, soupçonné de fraude, de banditisme, de népotisme et de corruption, peut encore se promener librement dans nos rues dans l'attente de son procès. Les petits voleurs de supermarchés n'ont pas nécessairement cette chance. Quand on a eu le bonheur de fréquenter des politiciens et des juristes, on n'est jamais traité sur un pied d'égalité avec les membres de la plèbe.
La Commission Charbonneau et le procès toujours reporté de l'ex-maire de Laval en disent long sur la saleté de la politique.
Le 19 octobre prochain, il faudra que l'on croie un tant soit peu à cette joute sale en allant déposer notre bulletin de vote dans l'urne.
Ceux qui aspirent à vous vider les poches en vous traitant comme de la canaille vous font de beaux sourires dans l'espoir d'obtenir votre vote. Ils souhaitent un chèque en blanc pour quatre ans. Ils veulent le pouvoir pour le pouvoir, en feignant vouloir défendre les intérêts du peuple.
D'aucuns diront que je sombre dans la démagogie. Je ne le crois pas du tout. Je souffre sans doute d'hyperréalisme...
Je n'espère pas grand chose de la politique, je l'avoue.
Je vais participer au grand jeu, comme tout le monde, avec la sensation que je me ferai baiser une fois de plus.
Néanmoins, j'ai déjà voté.
J'ai voté pour le perdant, pour ceux et celles qui n'obtiendront jamais le pouvoir à Ottawa. J'ai voté pour le Bloc Québécois.
Je ne lui donnerais pas le bon Dieu sans confession. Pourtant, j'ai l'impression qu'il y a moins de voleurs et d'opportunistes au sein de cette formation déjà au plancher, à deux doigts de disparaître.
La corruption, au Québec, est majoritairement du côté des organisations fédéralistes. Je ne dis pas qu'il n'y en a pas chez les souverainistes. Mais la proportion joue dans les 80% pour les fédéralistes et 20% pour les autres. De deux maux, je choisis le moindre.
J'ai voté pour le Bloc Québécois parce que ça me semble la moins pire des options.
J'ai voté contre la corruption omniprésente chez les organisations fédéralistes du Québec.
J'ai voté pour mon pays, pour la république du Québec.
On pourra me le reprocher.
Je vivrai bien avec cette décision.
mardi 13 octobre 2015
Rémi le pauvre qui n'était pas bienvenu parmi les militants trop organisés pour être vrais
Rémi n'avait pas le look de l'emploi bien qu'il n'était pas là pour y travailler à prime abord. Il avait l'air tout ce qu'il y a de plus conformiste: un pantalon propre, un tee-shirt blanc sans logo, des espadrilles et un manteau bleu marine bon marché. Le tout était complété par un visage rasé de près et des cheveux courts bien peignés.
Autant dire tout de suite que Rémi jurait dans le décor, ce que ne manquaient pas de dire ses nouveaux camarades, des gosses de riches habillés tout de travers pour se donner des airs de pauvres.
-Ce qu'il a l'air conformiste ce Rémi! Vous êtes certains que ce n'est pas un espion, un gars qui travaille pour la police? se demandait-on parmi les crasseux volontaires.
-Je ne croirais pas, répondait Félicien, le chef de cette secte socialiste. Il a lu notre journal, Combat communiste, et il m'a dit qu'il voulait faire la révolution... Il semble sincère...
Rémi n'avait pas besoin de se donner des airs. Tout transpirait la pauvreté chez-lui. Il voyageait à vélo ou bien en autobus. Il travaillait pour payer ses études. Il ne connaissait rien du groupe The Clash et méprisait un tant soit peu Che Guevara pour son socialisme autoritaire. Tout ce qui l'amenait à militer parmi cette bande de petits-bourgeois c'était sans doute un besoin viscéral de combattre l'injustice. Rien de moins, rien de plus.
Il n'y milita pas longtemps. À peine six mois. Au terme desquels il finit par se mettre à dos toute la tribu avec le mépris qu'il affichait envers Fidel Castro, Mao Zedong, Joseph Staline, Léon Trotsky, Lénine, Gramsci et toutes les majorettes du marxisme.
-Le socialisme c'est la liberté ou bien ça ne vaut pas la peine... Je veux une révolution, une vraie... Pas changer ce système pourri par un système encore pire! Je veux la justice et l'égalité pour les pauvres! Pas seulement passer le café et les tracts pour les gosses de riches du Parti! Vous n'êtes pas révolutionnaires! Vous appliquez le programme des conservateurs sous un autre nom! Vous voulez diriger le peuple à grands coups de pieds dans l'cul!
Ses propos l'avaient condamné à se faire excommunier du groupe.
-Je vous l'avais bien dit qu'il avait l'air trop conformiste! avait déclaré le camarade Sacha. C'est un bourgeois dans l'âme, toujours bien rasé et parfumé! Pouah!
Rémi s'était donc rendu chez les anarchistes pour y militer. Il jura tout autant dans le décor. Ces gens habillés de noir se firent d'abord accueillants, tout en le regardant comme un extraterrestre. On le condamna à passer des tracts qu'il ne pouvait pas rédiger lui-même, puisqu'ils devaient tous être adoptés par le collectif. C'était uniquement les textes de Marc-André, le chef de ce groupe prétendument anti-autoritaire, qui étaient adoptés. Marc-André, fils d'un juge à la Cour supérieure, maîtrisait à merveille la langue de bois et écrivait des trucs du genre les militantes et les militantes, les Québécois et les Québécoises, les Canadiens et les Canadiennes, les anarchists et les anarchist-e-s... Ces textes étaient lourds et à proprement parler illisibles. Et tous maintenaient que ces tracts déclencheraient la révolution tant attendue...
Rémi quitta cette secte, comme il l'avait fait précédemment avec l'autre. Il se réfugia dans les bibliothèques et apprit à devenir libre, pour lui-même, avec un idéal de justice sociale toujours aussi sincère, mais éloigné de toutes les magouilles de ces militants petits-bourgeois qui se foutaient bien des pauvres, somme toute.
Rémi participe encore à des manifs de nos jours. Cependant, il choisit ses causes. Il participe rarement aux manifs subventionnées. Il est présent pour les manifs spontanées, sans chef ni organisation, qui réunissent des individus libres, indignés et sans étiquettes.
Autant dire tout de suite que Rémi jurait dans le décor, ce que ne manquaient pas de dire ses nouveaux camarades, des gosses de riches habillés tout de travers pour se donner des airs de pauvres.
-Ce qu'il a l'air conformiste ce Rémi! Vous êtes certains que ce n'est pas un espion, un gars qui travaille pour la police? se demandait-on parmi les crasseux volontaires.
-Je ne croirais pas, répondait Félicien, le chef de cette secte socialiste. Il a lu notre journal, Combat communiste, et il m'a dit qu'il voulait faire la révolution... Il semble sincère...
Rémi n'avait pas besoin de se donner des airs. Tout transpirait la pauvreté chez-lui. Il voyageait à vélo ou bien en autobus. Il travaillait pour payer ses études. Il ne connaissait rien du groupe The Clash et méprisait un tant soit peu Che Guevara pour son socialisme autoritaire. Tout ce qui l'amenait à militer parmi cette bande de petits-bourgeois c'était sans doute un besoin viscéral de combattre l'injustice. Rien de moins, rien de plus.
Il n'y milita pas longtemps. À peine six mois. Au terme desquels il finit par se mettre à dos toute la tribu avec le mépris qu'il affichait envers Fidel Castro, Mao Zedong, Joseph Staline, Léon Trotsky, Lénine, Gramsci et toutes les majorettes du marxisme.
-Le socialisme c'est la liberté ou bien ça ne vaut pas la peine... Je veux une révolution, une vraie... Pas changer ce système pourri par un système encore pire! Je veux la justice et l'égalité pour les pauvres! Pas seulement passer le café et les tracts pour les gosses de riches du Parti! Vous n'êtes pas révolutionnaires! Vous appliquez le programme des conservateurs sous un autre nom! Vous voulez diriger le peuple à grands coups de pieds dans l'cul!
Ses propos l'avaient condamné à se faire excommunier du groupe.
-Je vous l'avais bien dit qu'il avait l'air trop conformiste! avait déclaré le camarade Sacha. C'est un bourgeois dans l'âme, toujours bien rasé et parfumé! Pouah!
Rémi s'était donc rendu chez les anarchistes pour y militer. Il jura tout autant dans le décor. Ces gens habillés de noir se firent d'abord accueillants, tout en le regardant comme un extraterrestre. On le condamna à passer des tracts qu'il ne pouvait pas rédiger lui-même, puisqu'ils devaient tous être adoptés par le collectif. C'était uniquement les textes de Marc-André, le chef de ce groupe prétendument anti-autoritaire, qui étaient adoptés. Marc-André, fils d'un juge à la Cour supérieure, maîtrisait à merveille la langue de bois et écrivait des trucs du genre les militantes et les militantes, les Québécois et les Québécoises, les Canadiens et les Canadiennes, les anarchists et les anarchist-e-s... Ces textes étaient lourds et à proprement parler illisibles. Et tous maintenaient que ces tracts déclencheraient la révolution tant attendue...
Rémi quitta cette secte, comme il l'avait fait précédemment avec l'autre. Il se réfugia dans les bibliothèques et apprit à devenir libre, pour lui-même, avec un idéal de justice sociale toujours aussi sincère, mais éloigné de toutes les magouilles de ces militants petits-bourgeois qui se foutaient bien des pauvres, somme toute.
Rémi participe encore à des manifs de nos jours. Cependant, il choisit ses causes. Il participe rarement aux manifs subventionnées. Il est présent pour les manifs spontanées, sans chef ni organisation, qui réunissent des individus libres, indignés et sans étiquettes.
dimanche 11 octobre 2015
Parmi les alpagas du Mont Saint-Hilaire
C'était une journée splendide hier pour aller chercher des pommes "dans la montagne", comme on dit du côté de la Montérégie. Moi, ma blonde et sa fille sommes donc "montés" vers le Mont Saint-Hilaire et Rougemont pour nous remplir de pommes, de soleil et d'air pur.
Je ne suis pas familier avec les animaux et je ne saurais en parler qu'en dilettante. Au hasard de notre route, nous sommes tombés sur un troupeau d'alpagas qu'il nous a été loisible de visiter pour une modique somme. Laissez-moi seulement vous dire que j'en adopterais trois ou quatre tout de suite si cela pouvait se faire.
Ces bêtes, qui s'apparentent un temps soit peu aux lamas, sont originaires du Pérou. Les alpagas sont élevés pour leur laine, mais aussi pour leur viande, ce à quoi se refusent les propriétaires du troupeau que nous avons visité. Ils ne mangeraient pas leurs alpagas. Ils les élèvent pour leur laine et je ne doute pas un instant qu'il s'installe rapidement des rapports extrêmement cordiaux avec ces bêtes affectueuses et si paisibles. On ne les entend pas bêler. Les alpagas viennent vers vous lentement et étendent leur long cou pour vous embrasser sous le menton. Leur pelage est doux comme de la peluche. Leurs grands yeux et leurs longs cils vous troublent par cette indicible bonté qu'ils vous inspirent. De plus, ils ne puent pas. Ça ne sent rien chez les alpagas.
Qu'ils doivent être heureux de vivre parmi des créatures si paisibles, ces fermiers qui semblent eux-mêmes à l'image de leur troupeau d'élevage: calmes, sereins, pas méchants pour cinq sous. Est-ce le fait de vivre parmi les alpagas qui les a rendus ainsi? Les alpagas seraient-ils de plus fins psychologues que tous ceux qui se targuent de vous guérir en vous gavant de pilules et de paroles?
Je vous l'ai dit, je ne suis pas familier avec les animaux.
Je ne veux pas de chien ni de chat. Je les aime de loin, parce que je déteste de les avoir dans les pattes. Par contre, je serais prêt à faire une exception pour les alpagas.
Bon sang! Les alpagas vous mangent dans la main sans vous mordre, pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont qu'une rangée de dents sur la mâchoire inférieure. La mâchoire supérieure n'est qu'une grosse gencive qui vous chatouille la main quand vous leur tendez une poignée de moulée.
Ils font leurs crottes toujours dans le même coin, ce qui simplifie un peu la marche parmi eux. Vous ne risquez pas de piler dans leurs petites glosettes puisqu'elles sont toutes au même endroit et bien visibles.
Franchement, les alpagas n'apportent que du bonheur.
Ce fût donc une expédition fantastique au pays des pommes et des alpagas d'élevage.
J'en aurai à croquer pour quelques jours.
Une pomme par jour éloigne le médecin pour toujours. Cela vous fait de belles gencives roses.
Je veux bien y croire.
jeudi 8 octobre 2015
Grenouille voulait vous faire fumer
Grenon était un gredin doublé un tant soit peu d'un tempérament d'ordure qui, pour le néophyte, aurait pu le faire passer pour un homme inspiré de Dieu ou de l'un de ses acolytes. On le surnommait Grenouille chez ses intimes, lesquels étaient essentiellement constitués de toxicomanes sans revenus et sans espérances d'améliorer leur mauvais sort.
Grenouille sortait un tant soit peu du lot par sa résilience à s'inventer toutes sortes de machinations délirantes qui pourraient lui redonner des revenus et un tant soit d'espoir. Les macchabées de sa misérable tribu tenaient Grenouille en haute estime pour cette volonté de ne pas se contenter de s'écraser dans un coin pour vivre sur un high artificiel et momentané. Il lui fallait de l'action, fusse-t-elle une mauvaise action...
Grenouille ressemblait vaguement à Charles Bronson avec moins de muscles et plus de yeux exorbités. À vrai dire, il ressemblait à un Mexicain. Et c'est à se demander si Charles Bronson a vraiment l'air d'un Mexicain. La plupart des gens qui connaissaient Grenouille n'auraient pas fait cette analogie quoi qu'il en soit. Ils étaient tous bien trop gelés pour penser ou dire quelque chose d'un peu intelligent. Pour eux, Grenouille avait l'air de Grenouille.
Évidemment, Grenouille avait fait du temps. C'est-à-dire, pour ceux qui n'auraient pas compris cette métaphore, qu'il avait fait de la prison.
Grenouille avait commis des menus larcins: vendre de la drogue pour payer sa propre consommation, voler de l'alcool dans des dépanneurs, troubler la paix publique en criant comme un putois, harceler un agent de la paix dans l'exercice de ses fonctions, conduire un véhicule sans permis de conduire avec les facultés affaiblies, déambuler tout nu dans la rue, et coetera.
Sa dernière astuce était d'avoir trouvé un moyen infaillible pour faire arrêter de fumer qui que ce soit.
Grenouille n'avait pas un sou vaillant, mais il savait qu'il pouvait faire passer des annonces dans les journaux en leur disant d'envoyer la facture à une fausse adresse.
Son truc ne fonctionnait pas avec tous les journaux, mais il réussit tout de même à en embobiner quelques-uns. Ce qui fait que son annonce parue avec son numéro de pagette, parce qu'il n'avait plus les moyens de s'offrir le téléphone compte tenu que Grenouille ne payait jamais ses comptes.
TRUC INFAILLIBLE POUR CESSER DE FUMER! VOUS EN AVEZ ASSEZ DE TOUSSER ET D'ÊTRE L'ESCLAVE DU TABAC? SI VOUS VOULEZ AVOIR DES POUMONS ROSES, OFFREZ-VOUS LA THÉRAPIE "OUI JE LE PEUX!". PAGETTE: 514.334.5555. DEMANDEZ STÉPHANE.
Quel était ce truc infaillible de Stéphane Grenon, alias Grenouille?
Laissons-le en parler lui-même:
-Le gars ou la fille m'appelle... J'lui donne rendez-vous au Carré St-Louis, parce que j'suis su' l'bord d'me faire crisser dehors de mon loyer... Hum... Pis là j'm'en va's au dépanneur avec le gars ou la fille... Pis j'lui dis d'acheter un cartoon de cigarettes... La marque de son choix... Huit paquets pour un cartoon... Vingt-cinq cigarettes fois huit... Un hostie d'paquets d'cigarettes... Pis là, on r'vient au Carré St-Louis... Pis là j'lui dis: fume! Fume toutes les cigarettes! Fume-les toutes! Le gars ou la fille me d'mande si j'suis sûr... Ben sûr que j'suis certain! Fume-les toutes, une après l'autre, sans t'arrêter! C'est ça ta thérapie! Tu vas en fumer à t'écoeurer tabarnak! Tu vas fumer à t'rendre malade mon hostie de pas bon! Fume, fume mon cibouère d'emphysème! Pis là, j'te l'oblige à fumer... Pis quand qu'i' a ou qu'all' a fini d'fumer, paf! j'y d'mande de m'donner cent piastres...
-Pis si i' t'el donnent pas Grenouille, hein? Qu'est-cé tu fais?
-J'leu' calice mon poing dans 'a face, évidemment! Arf! Arf! Arf!
Il n'est pas nécessaire d'ajouter que personne n'a répondu à l'annonce de Grenouille. Bientôt, son pagette dût être désactivé puisqu'il vibrait vingt fois par jour sous la pression du service des annonces classées des journaux qui réclamaient leur dû pour la publication de son annonce.
Grenouille dût s'en remettre à ses vieilles passions pour survivre, une fois de plus.
-Le monde comprend pas les génies tabarnak! Vous voulez continuer à fumer gang de trous du cul? Fumez! Fumez encore bande de pas d'volonté!
-Pis toé, t'as pas arrêté Grenouille... Tu fumes encore?
-J'ai jamais dit, moé, qu'ej' voulais arrêter d'fumer tabarnak!
La logique de Grenouille était toujours un peu difficile à saisir. Ce qui fait qu'il passait pour un génie uniquement chez les trous du cul qui le regardaient se planter en pleine face pour rire de lui et se désennuyer.
Qu'est devenu Grenouille? Personne ne le sait. La moitié de cette bande de drogués est partie vers l'au-delà. L'autre moitié est constituée de débiles incapables de terminer leurs phrases. Certains prétendent l'avoir vu en prison. D'autres bégaient que Grenouille est concierge dans un centre d'achats.
En vérité, Grenouille n'est plus à Montréal, c'est certain. Parce que s'il était là, ça se saurait tout de suite. Il ne manquait jamais une occasion de se faire remarquer dans les milieux les plus glauques et les plus puants de la métropole.
D'autres l'ont probablement remplacé. La drogue en produit des tas comme lui. Ils se croient plein de génie, d'audace et d'inventivité alors qu'ils ne sont que des moribonds qui traînent péniblement leurs carcasses d'un bout à l'autre des bas-fonds de la ville, à la recherche d'un mégot ou d'une petite mort accidentelle.
Grenouille sortait un tant soit peu du lot par sa résilience à s'inventer toutes sortes de machinations délirantes qui pourraient lui redonner des revenus et un tant soit d'espoir. Les macchabées de sa misérable tribu tenaient Grenouille en haute estime pour cette volonté de ne pas se contenter de s'écraser dans un coin pour vivre sur un high artificiel et momentané. Il lui fallait de l'action, fusse-t-elle une mauvaise action...
Grenouille ressemblait vaguement à Charles Bronson avec moins de muscles et plus de yeux exorbités. À vrai dire, il ressemblait à un Mexicain. Et c'est à se demander si Charles Bronson a vraiment l'air d'un Mexicain. La plupart des gens qui connaissaient Grenouille n'auraient pas fait cette analogie quoi qu'il en soit. Ils étaient tous bien trop gelés pour penser ou dire quelque chose d'un peu intelligent. Pour eux, Grenouille avait l'air de Grenouille.
Évidemment, Grenouille avait fait du temps. C'est-à-dire, pour ceux qui n'auraient pas compris cette métaphore, qu'il avait fait de la prison.
Grenouille avait commis des menus larcins: vendre de la drogue pour payer sa propre consommation, voler de l'alcool dans des dépanneurs, troubler la paix publique en criant comme un putois, harceler un agent de la paix dans l'exercice de ses fonctions, conduire un véhicule sans permis de conduire avec les facultés affaiblies, déambuler tout nu dans la rue, et coetera.
Sa dernière astuce était d'avoir trouvé un moyen infaillible pour faire arrêter de fumer qui que ce soit.
Grenouille n'avait pas un sou vaillant, mais il savait qu'il pouvait faire passer des annonces dans les journaux en leur disant d'envoyer la facture à une fausse adresse.
Son truc ne fonctionnait pas avec tous les journaux, mais il réussit tout de même à en embobiner quelques-uns. Ce qui fait que son annonce parue avec son numéro de pagette, parce qu'il n'avait plus les moyens de s'offrir le téléphone compte tenu que Grenouille ne payait jamais ses comptes.
TRUC INFAILLIBLE POUR CESSER DE FUMER! VOUS EN AVEZ ASSEZ DE TOUSSER ET D'ÊTRE L'ESCLAVE DU TABAC? SI VOUS VOULEZ AVOIR DES POUMONS ROSES, OFFREZ-VOUS LA THÉRAPIE "OUI JE LE PEUX!". PAGETTE: 514.334.5555. DEMANDEZ STÉPHANE.
Quel était ce truc infaillible de Stéphane Grenon, alias Grenouille?
Laissons-le en parler lui-même:
-Le gars ou la fille m'appelle... J'lui donne rendez-vous au Carré St-Louis, parce que j'suis su' l'bord d'me faire crisser dehors de mon loyer... Hum... Pis là j'm'en va's au dépanneur avec le gars ou la fille... Pis j'lui dis d'acheter un cartoon de cigarettes... La marque de son choix... Huit paquets pour un cartoon... Vingt-cinq cigarettes fois huit... Un hostie d'paquets d'cigarettes... Pis là, on r'vient au Carré St-Louis... Pis là j'lui dis: fume! Fume toutes les cigarettes! Fume-les toutes! Le gars ou la fille me d'mande si j'suis sûr... Ben sûr que j'suis certain! Fume-les toutes, une après l'autre, sans t'arrêter! C'est ça ta thérapie! Tu vas en fumer à t'écoeurer tabarnak! Tu vas fumer à t'rendre malade mon hostie de pas bon! Fume, fume mon cibouère d'emphysème! Pis là, j'te l'oblige à fumer... Pis quand qu'i' a ou qu'all' a fini d'fumer, paf! j'y d'mande de m'donner cent piastres...
-Pis si i' t'el donnent pas Grenouille, hein? Qu'est-cé tu fais?
-J'leu' calice mon poing dans 'a face, évidemment! Arf! Arf! Arf!
Il n'est pas nécessaire d'ajouter que personne n'a répondu à l'annonce de Grenouille. Bientôt, son pagette dût être désactivé puisqu'il vibrait vingt fois par jour sous la pression du service des annonces classées des journaux qui réclamaient leur dû pour la publication de son annonce.
Grenouille dût s'en remettre à ses vieilles passions pour survivre, une fois de plus.
-Le monde comprend pas les génies tabarnak! Vous voulez continuer à fumer gang de trous du cul? Fumez! Fumez encore bande de pas d'volonté!
-Pis toé, t'as pas arrêté Grenouille... Tu fumes encore?
-J'ai jamais dit, moé, qu'ej' voulais arrêter d'fumer tabarnak!
La logique de Grenouille était toujours un peu difficile à saisir. Ce qui fait qu'il passait pour un génie uniquement chez les trous du cul qui le regardaient se planter en pleine face pour rire de lui et se désennuyer.
Qu'est devenu Grenouille? Personne ne le sait. La moitié de cette bande de drogués est partie vers l'au-delà. L'autre moitié est constituée de débiles incapables de terminer leurs phrases. Certains prétendent l'avoir vu en prison. D'autres bégaient que Grenouille est concierge dans un centre d'achats.
En vérité, Grenouille n'est plus à Montréal, c'est certain. Parce que s'il était là, ça se saurait tout de suite. Il ne manquait jamais une occasion de se faire remarquer dans les milieux les plus glauques et les plus puants de la métropole.
D'autres l'ont probablement remplacé. La drogue en produit des tas comme lui. Ils se croient plein de génie, d'audace et d'inventivité alors qu'ils ne sont que des moribonds qui traînent péniblement leurs carcasses d'un bout à l'autre des bas-fonds de la ville, à la recherche d'un mégot ou d'une petite mort accidentelle.