Les dictons ne sont pas toujours empreints de sagesse. S'il fallait vivre selon les proverbes on finirait par passer pour un maniaque atteint de superstition. Le malheur, en ce qui me concerne, c'est que je retiens tout. Je sais à l'avance qu'un dicton viendra contrecarrer mes faits et gestes. Pourtant, je m'efforce de vivre selon mon intuition qui ne saurait être contenue dans un bréviaire ou bien dans les pages roses du dictionnaire Larousse.
Selon un satané dicton, par exemple, on ne devrait jamais parler de politique ou de religion dans un bar. J'en déduis qu'il ne faudrait jamais en parler en tous lieux. Cependant. j'en parle n'importe où, prêt à assumer le risque de déplaire à tout un chacun.
Je sais trop bien que je devrais me taire. Tous les peureux (et ils sont nombreux!) m'ont toujours recommandé de me taire. Le silence est d'or. D'aucuns disent que la parole est d'argent. C'est donc dire que l'on ne s'y retrouve pas facilement dans les proverbes.
La parole n'est certainement pas d'argent autrement je serais riche à millions. Ma parole ne me rapporte rien. Elle me nuit en tout. Et, franchement, je m'en contrecrisse.
Devrais-je me fermer la gueule et regarder passer la parade? Ce n'est pas mon genre. Je monte au front sans sourciller depuis ma tendre enfance. Quelque chose de plus fort que moi me pousse au combat intellectuel, Quelque chose que mon père m'a appris. Mon père qui a grandi dans la pauvreté d'une maison sans électricité dans le village de Sayabec. Mon père qui allait à l'école à tour de rôle avec ses frères, se partageant une paire de bottes pour quatre dans sa famille de dix-huit enfants. La promiscuité et la misère lui ont enseigné à ne pas fermer sa gueule. Il m'a transmis cette voix de fouteur de merde qui n'aime pas se faire marcher sur le gros orteil.
-Laisse-toé pas piler su' 'es pieds dans 'a vie mon gars! Si quelqu'un t'pile su' 'es pieds, calisse-z'y ton poing dans 'a face! résonne en moi la voix de feu mon paternel. Un homme meurt rien qu'une fois, dis-toé toujours ça.
Équipé par cette sagesse issue de la Vallée de la rivière Matapédia, j'ai donc fait mon chemin dans la vie sans me laisser bousculer. J'ai pris ma place au risque de la perdre. J'ai dit tout haut ce que personne n'osait dire tout bas. La réussite m'a échappé. L'échec a été la seule manière d'être encore capable de me regarder dans le miroir sans trop me détester.
Je ne prétends pas être meilleur qu'un autre. Loin de là. Je suis même un peu con. Néanmoins, je parle de politique, de religion ou de révolution quand et comme cela me vient.
***
VICTIMES DE LA PYRRHOTITE VERSUS VICTIMES DU CAPITALISME SAUVAGE
Pour donner du corps à ces assertions, il me faut bien gueuler contre quelque chose.
Une grosse manifestation a eu lieu en fin de semaine au centre-ville de Trois-Rivières. Une manifestation de soutien aux victimes de la pyrrhotite qui a regroupé plus de trois milles personnes dans nos rues. Le maire Lévesque, qui n'est jamais là pour les chômeurs ou les assistés sociaux, était là pour les propriétaires des maisons ravagées par la pyrrhotite. Tout ce beau monde réclamait des subsides des gouvernements pour rafistoler leur propriété. Certains pourraient être obligés de vendre leur propriété, imaginez-vous donc... Ils risquent de tomber locataires comme la majorité des crottés de notre ville!
Les manifestations contre la pauvreté et l'austérité ont à peine réunis deux cents personnes. Il n'y avait ni députés, ni maires, ni conseillers municipaux pour manifester aux côtés des pouilleux qui réclament plus de justice sociale. Qui peut se reconnaître dans le mauvais sort de ces damnés de la terre, hum?
On réclame un milliard de dollars pour réparer les solages et les fondations des propriétaires. On en voit trois milles dans les rues qui n'ont pas envie de devenir pauvres ou bien locataires. Cela finit par émouvoir le maire, la députation et autres péripatéticiennes. On voit bien que ces gens-là ne sont pas des crottés, qu'ils paient des taxes, des impôts et votent. Le responsable de la coalition des victimes de la pyrrhotite se présente lui-même pour les libéraux du dauphin de la dynastie Trudeau. Il faut prendre au sérieux ceux qui sont à droite...
Pourquoi s'intéresser au sort des employés jetés à la rue par des compagnies qui sont parties au Mexique avec les subventions qu'elles ont reçues? Pourquoi défendre les maudits syndiqués? Pourquoi soutenir les chômeurs et futurs assistés sociaux? Qu'ils crèvent tous dans leurs logements miteux et qu'ils ne viennent pas réclamer un sou! On va leur apprendre à travailler pour pas cher sans vivre aux crochets de l'État! Ouste les pauvres! Vous marchez pour rien, laissés-pour-compte et locataires de nos propriétés!
Par contre, on ira chercher les sous dans vos poches de petits travailleurs sous-payés pour tirer les victimes de la pyrrhotite de l'embarras. On ne les laissera pas devenir des minables à logements, comme vous...
***
10e CONGRÈS DE QUÉBEC SOLITAIRE
Je vais me mettre encore plus les pieds dans les plats. Je vais maintenant parler du 10e congrès de Québec Solitaire, pour vous assurer que je tire autant sur la droite que sur la gauche.
Je suis à 300% en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes. Il y a encore beaucoup de luttes à mener pour favoriser cette égalité.
Pourtant, je m'insurge contre cette manie de Québec Solitaire de toujours mettre l'accent sur les luttes pour les droits des femmes. C'est comme si le petit travailleur masculin pauvre n'existait jamais. Comme si la seule voie qu'il lui restait, à Québec Solitaire, c'était de se fermer la gueule en regardant les féministes de salon mener le combat toutes seules. Féministes de salon qui, contrairement aux féministes de combat, ne comprennent pas que l'on s'en prenne au voile et à la burqa anticolonialistes... Féministes de théoriciennes qui ne voient pas plus loin que le bout de leur abécédaire de parfaite militante nihiliste.
Ce faux parti de gauche semble être devenu la chasse-gardée de dames patronnesses qui ne tolèrent pas le paternalisme chauvin des syndicalistes de combat. Ces mâles alphas porteurs de pancartes ne comprennent pas le maternalisme gnangnan de ses dirigeantes déconnectées des vraies luttes populaires. Ils voteraient PQ plutôt que QS... Et, bien sûr, Québec Solitaire n'y voit qu'un manque d'éducation. Comment remettre en question le rôle des Guides Éclairées de QS? Comment être syndiqués, anarchistes ou indignés sans être membre de QS qui détient la vérité-e avec un e ajouté-e en toute-e-s chos-e-s?
Cette gauche-là ne dérange rien ni personne parce qu'elle est vide de sens et porteuse de déclarations alambiquées qui ne représentent en rien les espoirs et les aspirations des victimes du capitalisme sauvage. Elle s'enfonce dans le métalangage et le jargon sociologique.
Le 10e congrès de Québec Solitaire, encore une fois, c'est du vent.
Cela rappelle au peuple que sa prise de parole et de pouvoir ne passera pas par là.
Cela rappelle que d'autres avenues doivent être empruntées afin que la justice sociale ne devienne pas qu'un discours de fonctionnaires des groupes communautaires, clubs-écoles de la politique politicienne à courte vue.
Un parti où tout le monde doit se la fermer ne libérera rien ni personne.
dimanche 31 mai 2015
samedi 30 mai 2015
Les formes et les difformes de la misère
La misère prend plusieurs formes. Parfois, elle se manifeste par les pleurs d'une mère qui se demande comment elle fera pour nourrir ses rejetons. Elle se trouve aussi chez le père de famille qui vient de se faire amputer les orteils et qui ne pourra plus jamais travailler sur des chantiers de construction. Plusieurs renieront cette misère et ces souffrances par pur égoïsme. Ils remercieront leur dieu d'être si bons, si beaux, si prospères. Tomber dans la misère, pour eux, sera toujours interprété comme un signe de mauvaise vie, même si les trois quarts des humains de la planète vivent dans des conditions misérables,
La misère sale, celle qui fait pleurer, geindre et désespérer, trouvera bien quelques défenseurs malgré tout l'égoïsme et le narcissisme de ce monde pourri.
L'autre misère, celle qui détruit tout sur son passage, celle qui passe à l'attaque plutôt que de demeurer en position foetale, eh bien je parierais qu'elle ne suscitera aucune compassion. Ou si peu. On voudra s'en débarrasser. Et je crois même que je fais partie du nombre de ceux qui regardent avec mépris la misère lorsqu'elle se manifeste sous son aspect le plus nihiliste. On peut être pauvre et savoir vivre. On peut être sans un rond et faire preuve de gentillesse envers autrui.
Hier, les trottoirs du centre-ville semblaient remplis de sinistres personnages qui rotaient, crachaient et insultaient les passants.
Il ne fait aucun doute que ses tristes sires étaient saouls, drogués et sans travail.
Je parlais avec une connaissance quand deux greluchons d'à peu près mon âge passèrent devant nous en rotant comme des porcs et en crachant de gros clams sur le trottoir. Ils avaient l'air tout aussi malpropres que désagréables. Ce qui provoqua l'ire de mon interlocuteur, un gars dans la soixantaine qui n'entend pas à rire en matière d'impolitesse.
-Ouin y'a des trous d'cul qui ne savent pas c'est quoi le danger... J'vous calisserais mon poing dans 'a face maudite bande de pleins d'marde!
Les deux crottés n'ont pas réagi. Ils ont poursuivi leur chemin en rotant, crachant et hurlant.
J'ai serré les poings dans l'hypothèse où j'aurais à intervenir pour empêcher mon interlocuteur de les envoyer à l'hôpital. Il n'est pas gros, ce gars-là, mais il est nerveux et teigneux comme une armée d'Iroquois. Je craignais pour la vie de ces crottés. J'espérais seulement qu'ils passent leur chemin sans trop réagir à l'invitation à la bagarre lancée par ce gars-là.
Je suis ensuite rentré à la maison. J'ai croisé d'autres débiles sur mon trajet. Des types saouls et gelés raides qui hurlaient, rotaient et crachaient comme de vrais losers.
C'est con à dire, mais j'ai eu pitié de leur misère, même si elle s'en prenait à des innocents.
Par contre, je leur aurais tous foutus des coups de pieds au cul à leur faire ravaler leurs testicules.
La misère sale, celle qui fait pleurer, geindre et désespérer, trouvera bien quelques défenseurs malgré tout l'égoïsme et le narcissisme de ce monde pourri.
L'autre misère, celle qui détruit tout sur son passage, celle qui passe à l'attaque plutôt que de demeurer en position foetale, eh bien je parierais qu'elle ne suscitera aucune compassion. Ou si peu. On voudra s'en débarrasser. Et je crois même que je fais partie du nombre de ceux qui regardent avec mépris la misère lorsqu'elle se manifeste sous son aspect le plus nihiliste. On peut être pauvre et savoir vivre. On peut être sans un rond et faire preuve de gentillesse envers autrui.
Hier, les trottoirs du centre-ville semblaient remplis de sinistres personnages qui rotaient, crachaient et insultaient les passants.
Il ne fait aucun doute que ses tristes sires étaient saouls, drogués et sans travail.
Je parlais avec une connaissance quand deux greluchons d'à peu près mon âge passèrent devant nous en rotant comme des porcs et en crachant de gros clams sur le trottoir. Ils avaient l'air tout aussi malpropres que désagréables. Ce qui provoqua l'ire de mon interlocuteur, un gars dans la soixantaine qui n'entend pas à rire en matière d'impolitesse.
-Ouin y'a des trous d'cul qui ne savent pas c'est quoi le danger... J'vous calisserais mon poing dans 'a face maudite bande de pleins d'marde!
Les deux crottés n'ont pas réagi. Ils ont poursuivi leur chemin en rotant, crachant et hurlant.
J'ai serré les poings dans l'hypothèse où j'aurais à intervenir pour empêcher mon interlocuteur de les envoyer à l'hôpital. Il n'est pas gros, ce gars-là, mais il est nerveux et teigneux comme une armée d'Iroquois. Je craignais pour la vie de ces crottés. J'espérais seulement qu'ils passent leur chemin sans trop réagir à l'invitation à la bagarre lancée par ce gars-là.
Je suis ensuite rentré à la maison. J'ai croisé d'autres débiles sur mon trajet. Des types saouls et gelés raides qui hurlaient, rotaient et crachaient comme de vrais losers.
C'est con à dire, mais j'ai eu pitié de leur misère, même si elle s'en prenait à des innocents.
Par contre, je leur aurais tous foutus des coups de pieds au cul à leur faire ravaler leurs testicules.
vendredi 29 mai 2015
Jonas Lavigne, prophète
Jonas Lavigne voulait voir depuis longtemps les baleines qui s'aventurent dans le golfe du grand fleuve Magtogoek (anciennement Saint-Laurent).
-Je n'ai jamais vu les baleines nager dans le fleuve Magtogoek, qu'il disait. J'aurai bientôt cinquante ans. C'est le temps que je me déniaise. Je pars pour la Côte Nord en fin de semaine, foi de Jonas. Je vais enfin voir des baleines, oui monsieur!
Personne n'était vraiment là pour l'écouter. Jonas se disait ça pour lui-même.
La fin de semaine arriva. Et Jonas Lavigne prit le volant de son vieux Datsun pour se rendre jusqu'à Tadoussac via la route 138.
Il faisait beau et clair. Le mois de juin avait succédé au mois de Marie. Il y avait plein de fleurs et d'arbres dont on se fout de connaître les noms. De même que des oiseaux qui volaient. Des oiseaux noirs, blancs ou colorés; petits ou gros.
-Quelle belle journée pour voyager! se disait Jonas Lavigne en écoutant sa vieille cassette huit pistes préférée de Paul Brunelle.
Arrivé à Tadoussac vers la fin de l'après-midi, Jonas Lavigne ne fit ni une ni deux pour s'embarquer sur un bateau qui promettait de s'approcher des baleines.
Cela prit moins d'une demie heure pour que le rêve de Jonas soit enfin réalisé. Huit baleines apparaissaient et disparaissaient dans le golfe à moins de trois mètres de l'embarcation.
-On est en plein d'dans! Bonyousse d'la vie! déclara Jonas Lavigne à un touriste chinois qui ne comprenait rien à ce qu'il lui disait mais qui lui souriait tout de même avec courtoisie pour ne pas le contrarier.
Jonas Lavigne se tenait trop près des garde-fous et, fou comme il est, il passa par-dessus bord et fût ensuite happé par une baleine qui n'avait encore rien mangé de la journée.
-Baptême! Ej' viens d'être avalé par une baleine! Comme Jonas dans la Bible! Est mieux de me r'cracher la tabarnak! Tiens, ej' va's la mordre par en-d'dans pour qu'a' m'restitue! Tiens ma calice! Gnang!!!
La baleine, pas habituée à ce genre de mets qui lui donnait des ulcères d'estomac, recracha Jonas ainsi que le Chinois qu'elle avait avalés tout rond.
Jonas et le Chinois furent repêchés par le commandant de l'expédition touristique.
-Vous l'avez échappé belle! Elle aurait pu vous recracher au milieu du golfe où on vous aurait jamais r'trouvés...
-Faites pénitence! hurla Jonas Lavigne. Le monde va périr! Vous êtes tous des pêcheurs et des enculeurs de mouches! Priez Dieu de vous sauver! Impies! Incrédules! Scélérats!
Le Chinois disait à peu près la même chose mais personne ne le comprenait.
-我冷睾丸!qu'il disait avec véhémence. 我冷睾丸!
Le bateau accosta sur le quai de Tadoussac. Jonas Lavigne poussa sa vieille Datsun dans le fleuve et entreprit le voyage de retour à pieds.
Depuis, il prédit la fin du monde et la repentance d'un refuge d'itinérants à l'autre.
Il raconte à tout un chacun qu'il a été happé par une baleine et régurgité. Personne ne le croit, évidemment. Sauf le Chinois qui a décidé de l'accompagner un peu partout en criant 我冷睾丸!
jeudi 28 mai 2015
À propos des ivrognes trifluviens qui arrachent les fleurs
La Binerie Chik est un petit resto qui a récemment ouvert dans mon quartier. J'y savoure de bons petits déjeuners avec ma douce dans une ambiance conviviale et agréable.
Les propriétaires de la Binerie Chik mettent des efforts dignes d'éloges pour améliorer l'apparence de leur restaurant tout comme celui de leur quartier. Ce pan de la rue Royale a l'air beaucoup moins terne depuis qu'ils sont là, d'autant plus qu'ils ont ajouté des fleurs et des arbustes à leur devanture.
Malheureusement, la rue Royale est aussi une voie principale pour les ivrognes du centre-ville.
Je conçois que la plupart des poivrots du centre-ville ne sont pas tous des crétins décadents qui s'en prennent aux fleurs et autres biens publics.
Il n'en demeure pas moins que les fleurs de la Binerie Chik ont été arrachées dans la nuit par des trous du cul. On s'attend à plusieurs répétitions de ce type de niaiseries au cours de l'été.
À vrai dire, il n'y a pas moyen pour aucun commerçant du centre-ville de laisser des fleurs près des trottoirs. Les arbres de la rue des Forges ont survécu par miracle à plusieurs assauts de nuls à chier et de mongols à batterie. Je ne parierais pas qu'ils survivront toujours.
Ah! le plaisir de se saouler la gueule, de se droguer comme un taulard et de tout casser sur son passage comme des hordes de barbares...
Que faire? Ramasser les pots cassés. Replanter les fleurs. Espérer qu'elles survivent par miracles aux nouveaux assauts qui surviendront sans nul doute compte tenu de la proximité des bars.
Fuck you! vils saoulons, ordures gelées tight, débiles de trois heures du matin et autres riens nihilistes!
mercredi 27 mai 2015
Les fous ont toujours raison
"Ma cause n’est ni divine ni humaine, ce n’est ni le vrai, ni le bon, ni le juste, ni le libre, c’est — le Mien ; elle n’est pas générale, mais — unique, comme je suis unique. Rien n’est, pour Moi, au-dessus de Moi !"
Max Stirner, L'Unique et sa propriété
Heureusement que je ne m'acharne pas à écrire sur la politique. J'y reviens de temps à autres lorsque je sens que le risque de se tromper est moins grand que celui de ne pas s'indigner face à une injustice.
Le moteur de toutes mes actions, c'est mon coeur. C'est aussi vrai sur le plan physique que métaphysique. Le coeur me dicte tout et me fait changer de position lorsque je sens que je me range derrière des cons.
Je me sens toujours un peu mal à l'aise au sein d'un groupe, et encore plus au sein d'un parti. Je n'en ai aucune honte. J'ai sans doute trop lu L'Unique et sa propriété de l'anarchiste individualiste Max Stirner... Encore que je ne lui suis pas tout à fait fidèle. Il y a des restes de chrétienté dans mes actes et mes discours. Le Moi n'est pas si bien servi par moi-même... Pour tout dire, je suis complexe tout en étant décomplexé. Aussi bien dire que je suis ridicule.
Je soutiens certaines grandes idées, bien plus par alliance spirituelle que pour faire plaisir aux historiens ou bien aux économistes.
Je soutiens les miens, les pauvres et les déclassés. Je me bats pour le pays réel, pas pour le pays imaginaire. Le pays réel, pour moi, c'est ce qui se passe autour de moi dans un rayon de quelques kilomètres carrés. C'est mes proches, ma famille, mes amis et même mes ennemis.
Pour plusieurs, je passe pourtant pour un fanatique.
Je suis toujours là à faire circuler des pétitions, à porter des pancartes et à gueuler au bout milieu de la rue.
Effectivement, je ne suis pas "normal". Je fais partie de la frange militante de la société, de cette minorité active qui vise la prise de parole et de pouvoir des laissés-pour-compte.
Je ne suis pas plus normal au coeur de cette minorité active.
Je suis une tête brûlée parmi la foule, parmi les groupes, parmi le monde.
Mon hérésie consiste à refuser toute forme de pouvoir institutionnalisé.
Et, en même temps, je me refuse à me créer des ennemis.
Je pardonne tout, surtout moi-même.
Bref, ne m'accordez jamais raison.
Faites comme si je n'adhérais à rien.
mardi 26 mai 2015
Encore à propos de l'angoisse de la page blanche
L'angoisse de la page blanche est le propre de ceux qui n'ont rien à raconter.
Il ne suffit que de s'y mettre pour noircir une page. Les sujets ne manquent pas. Nous vivons tous dans la merde à divers degrés. On n'a qu'à regarder autour de soi pour témoigner en faveur de n'importe qui ou de n'importe quoi.
Bien sûr, certains ont l'esprit altéré par l'idéal qu'ils se font du talent. Le talent est une excuse pour leur silence. Ils finiront même par reprocher aux autres de ne jamais se taire pour justifier la vacuité de leur existence.
Le talent pur ne se tait jamais. Il a toujours quelque chose à dire. Il reçoit toutes les ondes et diffuse ce qu'il en retient sans retenue.
J'aurais très bien pu ne rien écrire ce matin et me donner des excuses pour justifier mon silence.
Mais non! Il fallait que je vous parle de l'angoisse de la page blanche et de tous ceux qui me disent qu'ils ne pourraient pas peindre sans pinceaux en poils de martre.
Je n'oublie pas au passage ceux qui prétendent ne pas pouvoir jouer de la guitare sans avoir en main une Fender stratocaster.
Un vrai artiste ferait de la musique avec sa queue s'il n'avait plus que ça.
Toutes ces excuses pour ne pas peindre, ne pas faire de la musique ou ne rien écrire appartiennent aux gens qui n'ont pas vraiment de talent.
Je leur laisse l'angoisse de la page blanche en souhaitant qu'ils se trouvent des pinceaux en poils de cul pour vivre l'art par procuration.
Il ne suffit que de s'y mettre pour noircir une page. Les sujets ne manquent pas. Nous vivons tous dans la merde à divers degrés. On n'a qu'à regarder autour de soi pour témoigner en faveur de n'importe qui ou de n'importe quoi.
Bien sûr, certains ont l'esprit altéré par l'idéal qu'ils se font du talent. Le talent est une excuse pour leur silence. Ils finiront même par reprocher aux autres de ne jamais se taire pour justifier la vacuité de leur existence.
Le talent pur ne se tait jamais. Il a toujours quelque chose à dire. Il reçoit toutes les ondes et diffuse ce qu'il en retient sans retenue.
J'aurais très bien pu ne rien écrire ce matin et me donner des excuses pour justifier mon silence.
Mais non! Il fallait que je vous parle de l'angoisse de la page blanche et de tous ceux qui me disent qu'ils ne pourraient pas peindre sans pinceaux en poils de martre.
Je n'oublie pas au passage ceux qui prétendent ne pas pouvoir jouer de la guitare sans avoir en main une Fender stratocaster.
Un vrai artiste ferait de la musique avec sa queue s'il n'avait plus que ça.
Toutes ces excuses pour ne pas peindre, ne pas faire de la musique ou ne rien écrire appartiennent aux gens qui n'ont pas vraiment de talent.
Je leur laisse l'angoisse de la page blanche en souhaitant qu'ils se trouvent des pinceaux en poils de cul pour vivre l'art par procuration.
lundi 25 mai 2015
La langue française est nulle à chier
Toutes les langues latines s'écrivent au son hormis le français. Le français s'écrit en faisant référence à l'histoire ainsi qu'aux pédants de la Sorbonne. Chaque fois que l'on écrit une phrase, en français, il faut se questionner sur le genre, le nombre, l'infinitif, le participe passé, le complément d'objet direct auquel il se rapporte, la conjugaison du verbe être à la forme pronominale, l'alphabet grec, et coetera.
Ça n'en finit jamais. Je mentirais de vous dire que c'est ce qui fait la beauté de la langue. J'aurais l'impression de vous dire ça par défaut, simplement parce que je me suis efforcé d'apprendre et de maîtriser les standards universels de la langue française. J'aurais l'impression de vous dire que j'aime ces contraintes qui font en sorte qu'il est plus difficile de faire naître un écrivain français que de prêter vie, poids et publication à un écrivain italien, espagnol, portugais ou roumain.
Pourquoi phrase, philosophie, philharmonie? Pourquoi pas frase, filosofi, filarmoni? Est-ce trop italien, trop latin; insuffisamment allemand ou grec?
On n'écrit pas comme l'on parle et c'est le malheur de notre langue aussi bien que celle de Shakespeare. Les Anglais ont eu le malheur d'avoir été conquis par le Français Guillaume le Normand qui introduisit chez les Angles et les Saxons des milliers de mots qui leur étaient étrangers.
Chaque fois que j'écris un texte, je dois me relire des dizaines de fois pour m'assurer que je n'ai pas oublié l'accord d'un participe passé ou bien la marque de l'infinitif. Cela me fait enrager!
D'autant plus que j'ai lu Voltaire dans les éditions du XVIIIe siècle. Voltaire qui peut être tenu comme un génie de notre langue et dont l'orthographe se rapprochait souvent du son de la langue parlée.
Le français a été coulé dans le béton au XIXe siècle, au moment où il cessa d'être la langue universelle du commerce et des idées. Chateaubriand devint la référence ultime pour Littré et Larousse. La langue de Molière devint celle des Mémoires d'outre-tombe. Elle s'englua dans des tournures complexes et des graphies prétentieuses.
Vous ne me croyez pas? Allez lire Les délires de l'orthographe de feue la linguiste Nina Catach et vous m'en redonnerez des nouvelles.
En attendant, je vais tout de même continuer de pester contre la langue française en me faisant un devoir de correspondre en tout et pour tout à son histoire si singulière qui a tué dans l'oeuf tant d'espoirs de devenir Cervantès, Dante ou Pessoa.
Je vais relire mes textes dix fois avant que de les publier. Je vais les nettoyer de leurs scories, de leurs participes passés désaccordés et de leurs infinitifs aléatoires.
Je vais écrire en tête de lice plutôt qu'en tête de liste.
Bayer aux corneilles au lieu de bâiller aux corneilles.
De plain-pied au lieu de plein-pied.
Occurrence, imbécillité et dilemme au lieu d'occurence, imbécilité et dilemne...
Bref, je vais me fendre la gueule en quatre pour vous écrire ces petits quelques choses qui me rappellent à chaque phrase que le français est nul à chier.
Ça n'en finit jamais. Je mentirais de vous dire que c'est ce qui fait la beauté de la langue. J'aurais l'impression de vous dire ça par défaut, simplement parce que je me suis efforcé d'apprendre et de maîtriser les standards universels de la langue française. J'aurais l'impression de vous dire que j'aime ces contraintes qui font en sorte qu'il est plus difficile de faire naître un écrivain français que de prêter vie, poids et publication à un écrivain italien, espagnol, portugais ou roumain.
Pourquoi phrase, philosophie, philharmonie? Pourquoi pas frase, filosofi, filarmoni? Est-ce trop italien, trop latin; insuffisamment allemand ou grec?
On n'écrit pas comme l'on parle et c'est le malheur de notre langue aussi bien que celle de Shakespeare. Les Anglais ont eu le malheur d'avoir été conquis par le Français Guillaume le Normand qui introduisit chez les Angles et les Saxons des milliers de mots qui leur étaient étrangers.
Chaque fois que j'écris un texte, je dois me relire des dizaines de fois pour m'assurer que je n'ai pas oublié l'accord d'un participe passé ou bien la marque de l'infinitif. Cela me fait enrager!
D'autant plus que j'ai lu Voltaire dans les éditions du XVIIIe siècle. Voltaire qui peut être tenu comme un génie de notre langue et dont l'orthographe se rapprochait souvent du son de la langue parlée.
Le français a été coulé dans le béton au XIXe siècle, au moment où il cessa d'être la langue universelle du commerce et des idées. Chateaubriand devint la référence ultime pour Littré et Larousse. La langue de Molière devint celle des Mémoires d'outre-tombe. Elle s'englua dans des tournures complexes et des graphies prétentieuses.
Vous ne me croyez pas? Allez lire Les délires de l'orthographe de feue la linguiste Nina Catach et vous m'en redonnerez des nouvelles.
En attendant, je vais tout de même continuer de pester contre la langue française en me faisant un devoir de correspondre en tout et pour tout à son histoire si singulière qui a tué dans l'oeuf tant d'espoirs de devenir Cervantès, Dante ou Pessoa.
Je vais relire mes textes dix fois avant que de les publier. Je vais les nettoyer de leurs scories, de leurs participes passés désaccordés et de leurs infinitifs aléatoires.
Je vais écrire en tête de lice plutôt qu'en tête de liste.
Bayer aux corneilles au lieu de bâiller aux corneilles.
De plain-pied au lieu de plein-pied.
Occurrence, imbécillité et dilemme au lieu d'occurence, imbécilité et dilemne...
Bref, je vais me fendre la gueule en quatre pour vous écrire ces petits quelques choses qui me rappellent à chaque phrase que le français est nul à chier.
dimanche 24 mai 2015
Louis Kelkoko, profession: journaliste
Louis Kelkoko était un mythomane comme il s'en fait un tant soit peu dans notre monde qui n'a pas besoin de la vérité pour carburer à n'importe quoi. Ce grand gaillard d'origine sénégalaise n'avait jamais étudié en journalisme. Par contre, les Frères de l'instruction chrétienne de son pays natal lui avaient enseigné l'art d'écrire des phrases courtes et bien ciselées. Frère Augustin, un Belge d'origine belge, était un grand admirateur de Rivarol, le fameux contre-révolutionnaire qui a écrit "ce qui n'est pas clair n'est pas français", Cette maxime représentait un programme en soi pour toute personne souhaitant un jour vivre de sa plume. Ce n'est pas pour rien que Louis Kelkoko l'avait faite sienne, à l'instar de son mentor, le Frère Augustin.
Louis Kelkoko avait peu d'espoir d'arriver à quoi que se soit au Sénégal. Il réussit à obtenir une bourse d'études de l'Université de Montréal où il n'étudia jamais. Il comprit assez vite qu'a beau mentir qui vient de loin. Il se confectionna un curriculum vitae dans lequel il faisait mention qu'il avait étudié le journalisme au Sénégal et les communications à l'Université Laval. Il s'inventa des articles qu'il colla avec du ruban magique par-dessus des articles de quotidiens célèbres du Sénégal. Puis il photocopia tout ça pour se créer un portfolio de toutes pièces.
Cela ne faisait même pas trois semaines qu'il était à Montréal que les services de Louis Kelkoko furent retenus par le plus grand quotidien français d'Amérique du Nord, La Patente.
Comme Louis Kelkoko n'était pas du genre à apprécier de se lever tôt ou bien de se coucher tard, il crut bon d'inventer toutes sortes de reportages plus délirants les uns que les autres, reportages qui obtinrent un succès instantané auprès du lectorat de La Patente.
Un jour, le rédacteur en chef de La Patente demanda à Louis Kelkoko de se présenter à son bureau.
Louis Kelkoko crut que c'était la fin des haricots. Sa supercherie avait été découverte et on le foutrait dehors à grands coups de pieds au cul! Finis le bon vin, les bons repas et les belles femmes qu'il se payait avec le fric qu'il recevait hebdomadairement de La Patente pour ses reportages truqués qu'il rédigeait en deux temps trois mouvements à même son lit qu'il quittait rarement.
-Bonjour Louis! lui dit le rédacteur en chef en arborant un large sourire. À ce que je vois tu as déjà travaillé en zone de guerre?
-Bien sûr...
-Accepterais-tu de te rendre en Irak et en Afghanistan pour rédiger des reportages pour La Patente?
-Bien sûr...
Louis Kelkoko était dans de beaux draps! Voilà qu'il devait écrire sur les djihadistes et tout le tralala pour La Patente! Il n'était jamais sorti de son village et encore moins de Montréal! Qu'allait-il faire? Mentir, comme d'habitude...
Il s'acheta effectivement de beaux draps, Puis il tapa plein de mots-clés sur Google pour se faire un tableau mental de l'Irak puis de l'Afghanistan. Au bout de trois jours, il possédait parfaitement son sujet. Suffisamment pour réaliser une série d'entrevues bidons avec des chefs d'Al Quaïda et des talibans.
Les reportages publiés dans La Patente eurent un vif succès, même qu'ils furent repris dans le New York Times et autres journaux mondiaux prestigieux pour justifier l'envoi de missiles sur la gueule des Irakiens et des Afghans. À la fin de l'année, Louis Kelkoko remporta toutes sortes de médailles pour ses reportages. Tout le monde vantait son courage, sa bravoure et son talent.
Louis Kelkoko s'acheta un encore plus grand lit avec l'argent qu'il reçut de tous bords tous côtés. Il s'équipa en produits Apple. Et il lui prit même cette coquetterie de porter un noeud papillon lors de toutes ses apparitions publiques à la télévision où il était fortement en demande depuis ses pseudo-reportages sur l'Irak et l'Afghanistan.
On le demandait partout, jusqu'au Ministère de la défense, afin qu'il prodigue ses conseils sur la manière de mettre fin aux conflits armés au Moyen-Orient.
Les universités canadiennes lui remirent des doctorats honoris causa. Tant et si bien qu'il ne savait plus où les mettre.
Au bout de cinq ans, Louis Kelkoko était devenu le plus grand journaliste du Canada. Il n'avait pourtant jamais quitté son lit au cours des dernières années, même pas pour retourner au Sénégal.
Il vivait sur un rêve. Un rêve qui lui faisait perdre la tête.
Il se fit prendre le jour où il publia une entrevue exclusive avec Vladimir Poutine.
Vladimir Poutine avait eu le malheur de ne pas se trouver au même lieu et au même moment où Louis Kelkoko prétendit l'avoir rencontré.
Du coup, tout se dégonfla. On découvrit toutes les faussetés inventées par Louis Kelkoko au fil des années, lequel plaida la mythomanie, la folie, la cocaïne et la maladie mentale...
samedi 23 mai 2015
Attention aux lacets mal lacés!
Hubert Saint-Hubert ne trouvait rien à redire chaque fois qu'il laçait ses souliers.
-Je ne trouve rien à redire, disait-il, puisque mes souliers sont bien lacés.
Et ils étaient bien lacés ses souliers. Il leur faisait même une double boucle pour s'assurer de ne pas devenir la victime d'un lacet mal lacé. Combien de gens sont morts pour s'être pris le pied dans un lacet flottant? Combien de lacets se sont coincés dans le pédalier d'un cycliste qui dévalait une côte? Ces questions sont demeurées sans réponse pour ceux qui nous ont quittés. Pour Hubert Saint-Hubert, il était clair qu'il ne se poserait pas ces questions vitales sans avoir répondu par un surcroît de prudence et de sécurité envers ses chaussures.
D'aucuns seront tentés de dire que Hubert Saint-Hubert était un maniaque en son genre.
-Il souffre de trouble obsessionnel compulsif, c'est certain, avec cette manie de toujours bien lacer ses lacets, allant même jusqu'à faire des doubles boucles pour s'assurer qu'il ne soit jamais victime d'un accident du lacet!
Hubert Saint-Hubert, un gars pas trop gras qui ne portait jamais de casquette de baseball, était intraitable en matière de lacets, vous l'aurez compris. Ce qui fait que ses amis, pour jeter du doute sur son trouble, décidèrent de lui acheter une paire de souliers en cadeau. Ces souliers n'avaient pas de lacets. Ils s'attachaient avec des velcros.
-Tu n'auras plus besoin de te lacer, Hubert. Ces souliers avec attaches en velcro te permettront de te délasser quand viendra le temps de sortir. Fini le temps où tu t'inquiétais de tes lacets! N'est-ce pas merveilleux, hein? qu'on lui avait dit.
-Vous êtes bien gentils, tous et toutes, leur avait-il répondu. Mais êtes-vous bien sûr que ces souliers sans lacets sont sécuritaires? Les velcros tiennent bien? Il n'y a aucun risque qu'ils se décrochent au cours de manoeuvres suspectes qui pourraient m'envoyer au septième ciel?
-Tout est parfait! Ces velcros sont approuvés par la Canadian Security Agency... Regarde le sigle CSA... C'est testé, prouvé et approuvé! Que veux-tu de mieux? Ces attaches en velcro vont te donner l'impression de chausser des bottes de sept lieues! Tu vas pouvoir te rendre à pieds à Montréal ou Québec, si tu veux, sans risquer la mort ou bien les cors aux pieds!
-Très bien... Je veux bien vous croire... Tiens, je les mets dans mes pieds... Et hop! Je prends mon sac à dos... Et je m'en vais de ce pas à Montréal...
Hubert Saint-Hubert marcha tout le long de la route 138, entre Trois-Rivières et Montréal, avec sa nouvelle paire de souliers à velcros. Ils étaient confortables et ne se détachaient pas du tout.
Rendu à Montréal, il se dit qu'il pouvait poursuivre sa route jusqu'à Ottawa. Rendu à Ottawa, il se dit qu'il pouvait fort bien marcher jusqu'à Toronto. Puis, de Toronto, il se rendit à Winnipeg. Et ensuite à Edmonton. Et enfin à Vancouver.
-J'ai traversé tout le Canada avec ces souliers sans lacets. Ils me semblent vraiment sécuritaires. Je crois qu'il est temps de revenir à Trois-Rivières pour leur dire combien ces souliers-là sont excellents.
Sur le chemin du retour, il s'arrêta à Regina, en Saskatchewan. Hubert Saint-Hubert ôta ses souliers de ses pieds pour se reposer un brin. Un malandrin profita de ce moment de repos pour lui chiper sa paire de souliers avec attaches en velcro.
Cela décontenança tellement Hubert Saint-Hubert qu'il décida de ne plus jamais quitter Regina.
Aujourd'hui encore, il travaille dans une petite boutique d'huiles essentielles qui n'a rien à voir avec les chaussures.
Comme quoi, on n'est jamais sûr de rien dans la vie.
-Je ne trouve rien à redire, disait-il, puisque mes souliers sont bien lacés.
Et ils étaient bien lacés ses souliers. Il leur faisait même une double boucle pour s'assurer de ne pas devenir la victime d'un lacet mal lacé. Combien de gens sont morts pour s'être pris le pied dans un lacet flottant? Combien de lacets se sont coincés dans le pédalier d'un cycliste qui dévalait une côte? Ces questions sont demeurées sans réponse pour ceux qui nous ont quittés. Pour Hubert Saint-Hubert, il était clair qu'il ne se poserait pas ces questions vitales sans avoir répondu par un surcroît de prudence et de sécurité envers ses chaussures.
D'aucuns seront tentés de dire que Hubert Saint-Hubert était un maniaque en son genre.
-Il souffre de trouble obsessionnel compulsif, c'est certain, avec cette manie de toujours bien lacer ses lacets, allant même jusqu'à faire des doubles boucles pour s'assurer qu'il ne soit jamais victime d'un accident du lacet!
Hubert Saint-Hubert, un gars pas trop gras qui ne portait jamais de casquette de baseball, était intraitable en matière de lacets, vous l'aurez compris. Ce qui fait que ses amis, pour jeter du doute sur son trouble, décidèrent de lui acheter une paire de souliers en cadeau. Ces souliers n'avaient pas de lacets. Ils s'attachaient avec des velcros.
-Tu n'auras plus besoin de te lacer, Hubert. Ces souliers avec attaches en velcro te permettront de te délasser quand viendra le temps de sortir. Fini le temps où tu t'inquiétais de tes lacets! N'est-ce pas merveilleux, hein? qu'on lui avait dit.
-Vous êtes bien gentils, tous et toutes, leur avait-il répondu. Mais êtes-vous bien sûr que ces souliers sans lacets sont sécuritaires? Les velcros tiennent bien? Il n'y a aucun risque qu'ils se décrochent au cours de manoeuvres suspectes qui pourraient m'envoyer au septième ciel?
-Tout est parfait! Ces velcros sont approuvés par la Canadian Security Agency... Regarde le sigle CSA... C'est testé, prouvé et approuvé! Que veux-tu de mieux? Ces attaches en velcro vont te donner l'impression de chausser des bottes de sept lieues! Tu vas pouvoir te rendre à pieds à Montréal ou Québec, si tu veux, sans risquer la mort ou bien les cors aux pieds!
-Très bien... Je veux bien vous croire... Tiens, je les mets dans mes pieds... Et hop! Je prends mon sac à dos... Et je m'en vais de ce pas à Montréal...
Hubert Saint-Hubert marcha tout le long de la route 138, entre Trois-Rivières et Montréal, avec sa nouvelle paire de souliers à velcros. Ils étaient confortables et ne se détachaient pas du tout.
Rendu à Montréal, il se dit qu'il pouvait poursuivre sa route jusqu'à Ottawa. Rendu à Ottawa, il se dit qu'il pouvait fort bien marcher jusqu'à Toronto. Puis, de Toronto, il se rendit à Winnipeg. Et ensuite à Edmonton. Et enfin à Vancouver.
-J'ai traversé tout le Canada avec ces souliers sans lacets. Ils me semblent vraiment sécuritaires. Je crois qu'il est temps de revenir à Trois-Rivières pour leur dire combien ces souliers-là sont excellents.
Sur le chemin du retour, il s'arrêta à Regina, en Saskatchewan. Hubert Saint-Hubert ôta ses souliers de ses pieds pour se reposer un brin. Un malandrin profita de ce moment de repos pour lui chiper sa paire de souliers avec attaches en velcro.
Cela décontenança tellement Hubert Saint-Hubert qu'il décida de ne plus jamais quitter Regina.
Aujourd'hui encore, il travaille dans une petite boutique d'huiles essentielles qui n'a rien à voir avec les chaussures.
Comme quoi, on n'est jamais sûr de rien dans la vie.
vendredi 22 mai 2015
Ne soyez pas comme tout le monde et vous serez heureux
Miranda Da Costa est la bonté même. Ce petit bout de femme d'à peine un mètre vingt est caissière depuis dix ans dans un supermarché. Elle doit avoir autour de cinquante ans, peut-être plus, puisque la bonté garde le teint frais. En dix ans, jamais je ne l'ai vue autrement que sous les traits d'une femme joviale, accueillante et tranquille comme l'eau des matins calmes.
-Ça va bien monsieur? Vous avez trouvé ce que vous cherchiez?
-Oui, ça va bien et j'ai tout trouvé... Et vous?
-Oh! Je vais toujours bien! Qu'il pleuve ou non, je trouve moyen d'avoir mes états de grâce... Si l'on ne sait pas faire son propre bonheur, qui le fera à notre place, hein?
-Vous avez bien raison madame...
***
Ses collègues sont tout le contraire de Miranda. Elles sont agressives, mesquines, teigneuses et méprisantes envers les clients. Elles les perçoivent tous comme une contrainte dans leur petite vie qu'elles avaient rêvée si grande, avec des voyages à Las Vegas, des robes de princesse et le diable sait quoi encore.
Est-ce que cela signifie que Miranda est résignée? Pas du tout. C'est même la seule qui porte des pancartes ou signe des pétitions quand c'est le temps de défendre des êtres humains ou bien des créatures vivantes qui souffrent. Ses consoeurs de travail disent tout le temps que ça ne change rien. Aussi se méfient-elles de Miranda, une illuminée qui feint le bonheur alors qu'elle n'a même pas d'automobile, ni de maison, ni de piscine.
-Elle fait semblant d'être heureuse! prétendent les mégères. Elle sourit tout le temps pour nous faire accroire qu'elle se contente de sa petite vie avec son chum qui gagne juste dix piastres de l'heure pis avec les maudits clients qui ne sont jamais contents et tous les autres fous qui passent ici! Elle n'est même jamais allée dans le Sud! Et elle est heureuse? Pfff! Elle nous fait accroire n'importe quoi!
À vrai dire, ses collègues de travail sont des crisses de folles, frustrées, amères et désagréables envers tout le monde. Elles sont tellement superficielles, comme la majorité des gens, qu'elles sont justement comme tout le monde.
Elles ont l'air vingt ans plus vieilles que leur âge.
Le chanteur du groupe Twisted Sister a l'air plus féminin qu'elle avec leur air de boeuf et leurs cheveux brossés en lasagnes.
Franchement, je suis toujours ravi de tomber sur Miranda Da Costa lorsque je vais au supermarché.
Elle n'est pas comme tout le monde.
Ce qui la rend plus indispensable.
Ce qui fait que nous serons des milliers à regretter son départ. Ou peut-être moins. Enfin! Ce qui compte c'est ce qui ne se compte pas.
-Ça va bien monsieur? Vous avez trouvé ce que vous cherchiez?
-Oui, ça va bien et j'ai tout trouvé... Et vous?
-Oh! Je vais toujours bien! Qu'il pleuve ou non, je trouve moyen d'avoir mes états de grâce... Si l'on ne sait pas faire son propre bonheur, qui le fera à notre place, hein?
-Vous avez bien raison madame...
***
Ses collègues sont tout le contraire de Miranda. Elles sont agressives, mesquines, teigneuses et méprisantes envers les clients. Elles les perçoivent tous comme une contrainte dans leur petite vie qu'elles avaient rêvée si grande, avec des voyages à Las Vegas, des robes de princesse et le diable sait quoi encore.
Est-ce que cela signifie que Miranda est résignée? Pas du tout. C'est même la seule qui porte des pancartes ou signe des pétitions quand c'est le temps de défendre des êtres humains ou bien des créatures vivantes qui souffrent. Ses consoeurs de travail disent tout le temps que ça ne change rien. Aussi se méfient-elles de Miranda, une illuminée qui feint le bonheur alors qu'elle n'a même pas d'automobile, ni de maison, ni de piscine.
-Elle fait semblant d'être heureuse! prétendent les mégères. Elle sourit tout le temps pour nous faire accroire qu'elle se contente de sa petite vie avec son chum qui gagne juste dix piastres de l'heure pis avec les maudits clients qui ne sont jamais contents et tous les autres fous qui passent ici! Elle n'est même jamais allée dans le Sud! Et elle est heureuse? Pfff! Elle nous fait accroire n'importe quoi!
À vrai dire, ses collègues de travail sont des crisses de folles, frustrées, amères et désagréables envers tout le monde. Elles sont tellement superficielles, comme la majorité des gens, qu'elles sont justement comme tout le monde.
Elles ont l'air vingt ans plus vieilles que leur âge.
Le chanteur du groupe Twisted Sister a l'air plus féminin qu'elle avec leur air de boeuf et leurs cheveux brossés en lasagnes.
Franchement, je suis toujours ravi de tomber sur Miranda Da Costa lorsque je vais au supermarché.
Elle n'est pas comme tout le monde.
Ce qui la rend plus indispensable.
Ce qui fait que nous serons des milliers à regretter son départ. Ou peut-être moins. Enfin! Ce qui compte c'est ce qui ne se compte pas.
jeudi 21 mai 2015
Les riches devraient balayer les rues
Aristote disait de l'homme qu'il est un animal social. À moins d'être con comme un manche, vous l'aviez déjà deviné tout seul sans l'aide d'Aristote. Il n'existe pas de primates solitaires. Nous faisons partie d'un groupe, comme tous les singes. Je n'idéaliserai pas la vie des singes. Ils vivront bien comme ils le souhaitent. Mais nous, les humains, les singes nus, nous avons fait notre nid dans le monde des idées. Nous vivons en groupe selon des principes coutumiers, des lois et des conventions qui nous permettent de résister ensemble aux aléas de la nature. Nous travaillons ensemble pour le bien commun de tous, avec plus ou moins de réussite il est vrai, mais cela demeure l'objectif à atteindre depuis l'Âge d'Or de l'humanité qu'ont toujours chanté les poètes, de Virgile à Ovide, en passant par Rimbaud et même Félix Leclerc.
Le chacun pour soi n'est pas une très bonne idée et je ne parierais pas sur sa pérennité. L'égoïsme finira toujours par être balayé par la loi du groupe parce qu'il contrevient à l'esprit de la vie en communauté. L'égoïsme est le vice ultime de notre espèce, un vice qui finira toujours par être corrigé par la justice, la religion ou la révolution sociale.
Il se trouve sans doute une poignée d'égoïstes pour croire qu'ils ne doivent rien à personne et que tout leur est dû. Le sort d'autrui ne les intéresse aucunement. Ils pensent que tout le monde devrait faire comme eux. C'est-à-dire devenir cynique, opportuniste, sans marque de pitié ou d'altruisme envers leurs congénères.
À l'époque de la Cité antique d'Athènes, une famine se déclara dans le pays suite à une sécheresse. Il y avait un riche qui, pendant que tout le monde crevait de faim, se vantait de manger comme un porc et de boire comme une outre sans fond tous les jours de la semaine. L'indignation fût tellement vive parmi les Athéniens qu'ils le dépossédèrent de tous ses biens et l'obligèrent à balayer les rues d'Athènes pour avoir offensé ses concitoyens.
J'aimerais bien vous donner la référence exacte. Elle traîne quelque part dans ma mémoire entre Démosthène et Périclès. Elle me rappelle la sagesse des Grecs, d'hier et d'aujourd'hui, qui préfèrent la solidarité à l'égoïsme malsain. Je vais la retrouver, je vous le jure, puisque c'est le meilleur argument que je puisse offrir à tous ceux et celles qui subissent l'injustice sociale.
Vous comprendrez facilement que je prends le parti des pauvres, de la classe sociale à laquelle j'appartiens corps et âme, pour toujours et à jamais.
On ne peut pas être riche en période de famine, de crise ou d'austérité. C'est rire dans la face des pauvres.
Il y aura des richards pour vous dire que les pauvres n'ont qu'à faire comme eux: devenir froids comme de la pierre, vides comme des noix de coco percées, fats comme un monde d'insignifiance.
Imaginons une tarte aux pommes. Il y a dix pointes. Le capitaliste en prend neuf et reproche à ceux qui se partagent la pointe résiduelle de ne savoir ni épargner, ni compter, ni faire apparaître des tartes aux pommes ex nihilo.
Les pauvres n'ont pas le choix d'enlever aux riches les neufs pointes de tartes aux pommes s'ils savent compter.
Et pour ce qui est des riches, il y a suffisamment de balais pour leur faire nettoyer les rues de Montréal, New-York, Paris ou Athènes.
mercredi 20 mai 2015
Fuck les cliniques privées!
Il se trouve des malfrats et des charlatans dans toutes les professions, même celles qui malheureusement semblent les plus nobles. Il y a des garagistes qui ne pensent qu'à l'argent et d'autres qui se dévouent tellement à la mécanique qu'ils ne ressentent pas le besoin de flouer leurs clients.
Cela dit, il n'y a rien de plus vulgaire que l'argent. Ce n'est pas un crime d'en faire. C'en est un d'oublier toutes les notions relatives à la bonté, à l'honnêteté ainsi qu'à la solidarité humaine.
Quand je songe à la profession de médecin, l'image qui me vient spontanément à l'esprit n'est pas celle d'un vendeur d'élixirs du far-west prodiguant ses placebos à tous les bozos qu'il croise sur sa route.
Un médecin, pour moi, c'est Hippocrate qui fait le serment d'aider l'humanité qui souffre. C'est le bon Docteur Anton Tchekhov qui, entre deux consultations gratuites, rédige des récits pour joindre les deux bouts. C'est le Docteur Jivago qui sauve la vie de tout le monde en des temps troubles où tout un chacun s'étripe. C'est le Docteur Jacques Ferron qui pratique sa médecine dans Cartierville, le coin le plus pauvre de la province. Bref, un médecin, pour moi, c'est nécessairement un héros. Le héros que je côtoyais alors que j'étais préposé aux bénéficiaires au Centre hospitalier de l'Université Laval.
Hier, j'ai été confronté à une autre vision de la médecine puisque je devais prendre rendez-vous avec un allergologue suite à mon choc anaphylactique provoqué par une piqûre de guêpe.
J'ai appelé à la Polyclinique du Cap-de-la-Madeleine et une préposée m'a rappelé pour me référer à une clinique privée pour laquelle je devais me vider les poches alors que je paie déjà la taxe santé en plus de mes impôts et de toutes les autres taxes de sujet québécois.
J'ai piqué une sainte colère.
-Comment pouvez-vous me référer vers le privé? Je suis un citoyen québécois et je paie pour l'universalité des soins de santé. Je veux une prestation de service public, dussé-je attendre un an, deux ans, trois cent cinquante ans!!! Vous ne pouvez pas me référer vers de la médecine de crosseurs capitalistes! Je veux le même traitement que n'importe quel pauvre ou riche du Québec devrait recevoir. De plus, je suis relativement pauvre. Je ne gagne même pas quinze dollars de l'heure. Et vous me dites d'aller consulter un allergologue en clinique privée?
J'attends donc mon rendez-vous dans le système public, comme un Résistant, comme un Patriote. Je devrai me battre aujourd'hui pour faire reconnaître le droit à des soins de santé publics. Je devrai peut-être rédiger des lettres; agacer la Polyclinique, mon député, le Ministre de la Santé, le Chef de l'Opposition, Dieu lui-même s'il le faut...
La médecine à deux vitesses, ce n'est pas la médecine de Anton Tchékhov, ni celle de Docteur Jivago, ni celle du Docteur Jacques Ferron. C'est de la médecine de crosseurs capitalistes. C'est de la médecine de bandits qui n'en ont jamais assez, qui se foutent de votre condition sociale tout autant que de leur patrie. Ils veulent votre bien, votre cash avant tout, toujours plus de cash, ce qui leur permet, disent-ils, de devenir plus humains... Foutaises libertariennes qui transformeront le Québec en camps de réfugiés!
La médecine pour les riches , c'est la médecine du Docteur Couillard, du Docteur Barrette, du Docteur Bolduc et du Docteur Porter. De la vraie médecine de moins que rien, De la médecine qui fait honte à Hippocrate pour faire plaisir aux hypocrites. De la médecine pour paradis fiscaux.
Je veux un système de santé public et rien d'autre.
Fuck la médecine des riches!
Fuck le capitalisme sauvage!
mardi 19 mai 2015
Wasp!
"Le moi est haïssable." Ce n'est pas de moi, mais de Blaise Pascal. Il a aussi dit j'aime la soupe, j'aime la pluie et je suis fatigué. Cependant, ces phrases-là ne sont jamais reprises. Pour ce qui est du moi haïssable, ça revient dans tous les devoirs de philosophie depuis le XVIIIe siècle.
Puisque je vais vous parler de moi, une fois de trop, permettez-moi d'être un tant soit peu haïssable.
Hier, c'était la Journée nationale des Patriotes. Un congé férié à la mémoire des fils et des filles de la liberté de 1837. Une raison pour organiser ça et là des événements commémoratifs avec des airs de folklore et des ceintures fléchées un tant soit peu surannées qui ne sont rien d'autres que des wampums autochtones déguisés en soirées canadiennes-françaises. Passons la leçon d'histoire et revenons à mon cher petit moi.
Je me trouvais avec ma douce dans le Parc Victoria, à Trois-Rivières, en train d'assister à une fête s'inscrivant dans le cadre de la Journée nationale des Patriotes. Des types prononçaient des discours tandis que d'autres faisaient mijoter une soupe qui semblait être offerte gratuitement à tous ceux qui se trouvaient là, une assistance d'une centaine de personnes à vue de nez.
Tandis que nous observions tout ça une guêpe, communément appelée W.A.S.P. (White Anglo-Saxon Protestant), profita de ma barbe parfumée pour me piquer sur la gorge.
Deux minutes plus tard, j'ai ressenti un malaise. Je me sentais sur le point de m'évanouir pour une raison qui m'échappait. J'ai débarqué de ma bicyclette puis je me suis assis contre un arbre devant le regard paniqué de ma bien aimée qui se demandait ce que j'avais.
-J'file pas... J'me sens pas bien...
-Qu'est-ce que t'as?
-J'sais pas... Un coup de chaleur peut-être...
Elle m'arrose avec de l'eau. Puis des plaques blanches apparaissent un peu partout sur ma peau. Je suis en train de faire un choc anaphylactique. Je suis en train d'apprendre que je suis allergique aux piqûres de guêpe. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Mais là, je suis en plein dedans et chaque seconde compte...
Ma blonde appelle une ambulance après m'avoir donné un coup de pompe pour m'aider à retrouver de l'air. Des ambulanciers foncent vers moi et m'injectent de l'épinéphrine (adrénaline). Ce qui m'a sauvé la vie.
Ils me ramènent à l'urgence du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR). On m'injecte du chlorure de sodium, de la cortisone, et de la diphenhydramine. La docteure me fait comprendre que j'étais sur le point de mourir.
-Vous pouviez mourir dans la demie heure monsieur Bouchard... Vous devrez toujours porter sur vous une seringue d'épinéphrine...
Tout ça à cause d'une fucking wasp! Le Jour des Patriotes! Quelle infamie!
Ma blonde m'a sauvé la vie. Les ambulanciers m'ont sauvé la vie. Les doctoresses m'ont sauvé la vie. Les infirmières aussi. Les préposés aux bénéficiaires. Et même la préposée au ménage. Je me sentais tellement petit et con que je remerciais tout le monde d'être en vie.
Je ne vous raconterai pas tout le reste. J'ai besoin de repos. Et puis le moi est haïssable, même si je m'aime un peu, moi et cette vie qui coule encore dans mes veines aujourd'hui.
Et aujourd'hui, franchement, je me sens plein de gratitude envers tout ce qui existe ou n'existe plus. Vous pouvez me demander n'importe quoi: ce sera oui tout de suite. Je suis ressuscité une fois de plus. La dernière fois, c'était dans la rivière Yukon, à Whitehorse, où j'ai failli me noyer...
Je suis vivant. Je ne le crois pas encore...
Moi qui me croyais invincible... Terrassé par une petite guêpe... Rien que d'y penser, j'en ai encore froid dans le dos.
Wasp!
Puisque je vais vous parler de moi, une fois de trop, permettez-moi d'être un tant soit peu haïssable.
Hier, c'était la Journée nationale des Patriotes. Un congé férié à la mémoire des fils et des filles de la liberté de 1837. Une raison pour organiser ça et là des événements commémoratifs avec des airs de folklore et des ceintures fléchées un tant soit peu surannées qui ne sont rien d'autres que des wampums autochtones déguisés en soirées canadiennes-françaises. Passons la leçon d'histoire et revenons à mon cher petit moi.
Je me trouvais avec ma douce dans le Parc Victoria, à Trois-Rivières, en train d'assister à une fête s'inscrivant dans le cadre de la Journée nationale des Patriotes. Des types prononçaient des discours tandis que d'autres faisaient mijoter une soupe qui semblait être offerte gratuitement à tous ceux qui se trouvaient là, une assistance d'une centaine de personnes à vue de nez.
Tandis que nous observions tout ça une guêpe, communément appelée W.A.S.P. (White Anglo-Saxon Protestant), profita de ma barbe parfumée pour me piquer sur la gorge.
Deux minutes plus tard, j'ai ressenti un malaise. Je me sentais sur le point de m'évanouir pour une raison qui m'échappait. J'ai débarqué de ma bicyclette puis je me suis assis contre un arbre devant le regard paniqué de ma bien aimée qui se demandait ce que j'avais.
-J'file pas... J'me sens pas bien...
-Qu'est-ce que t'as?
-J'sais pas... Un coup de chaleur peut-être...
Elle m'arrose avec de l'eau. Puis des plaques blanches apparaissent un peu partout sur ma peau. Je suis en train de faire un choc anaphylactique. Je suis en train d'apprendre que je suis allergique aux piqûres de guêpe. Cela ne s'était jamais produit auparavant. Mais là, je suis en plein dedans et chaque seconde compte...
Ma blonde appelle une ambulance après m'avoir donné un coup de pompe pour m'aider à retrouver de l'air. Des ambulanciers foncent vers moi et m'injectent de l'épinéphrine (adrénaline). Ce qui m'a sauvé la vie.
Ils me ramènent à l'urgence du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR). On m'injecte du chlorure de sodium, de la cortisone, et de la diphenhydramine. La docteure me fait comprendre que j'étais sur le point de mourir.
-Vous pouviez mourir dans la demie heure monsieur Bouchard... Vous devrez toujours porter sur vous une seringue d'épinéphrine...
Tout ça à cause d'une fucking wasp! Le Jour des Patriotes! Quelle infamie!
Ma blonde m'a sauvé la vie. Les ambulanciers m'ont sauvé la vie. Les doctoresses m'ont sauvé la vie. Les infirmières aussi. Les préposés aux bénéficiaires. Et même la préposée au ménage. Je me sentais tellement petit et con que je remerciais tout le monde d'être en vie.
Je ne vous raconterai pas tout le reste. J'ai besoin de repos. Et puis le moi est haïssable, même si je m'aime un peu, moi et cette vie qui coule encore dans mes veines aujourd'hui.
Et aujourd'hui, franchement, je me sens plein de gratitude envers tout ce qui existe ou n'existe plus. Vous pouvez me demander n'importe quoi: ce sera oui tout de suite. Je suis ressuscité une fois de plus. La dernière fois, c'était dans la rivière Yukon, à Whitehorse, où j'ai failli me noyer...
Je suis vivant. Je ne le crois pas encore...
Moi qui me croyais invincible... Terrassé par une petite guêpe... Rien que d'y penser, j'en ai encore froid dans le dos.
Wasp!
lundi 18 mai 2015
Journée nationale des Patriotes
C'est aujourd'hui la Journée nationale des Patriotes de ce côté-ci du Canada qui s'appelle le Québec. De l'autre côté, sauf erreur, c'est la fête de feue la Reine Victoria, en mémoire de son empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Les années sont passées. L'Inde, l'Australie, l'Afrique du Sud et le Canada sont devenus indépendants. Il ne reste de cet empire que des symboles anachroniques, comme la fête de la Reine Victoria que les Québécois autant que les Canadiens-Français n'ont jamais voulu fêter.
Je vous épargnerai les leçons d'histoire. Je serais bien capable d'en prodiguer. Mais, bête comme je le suis, cela ne ressemblerait pas aux versions officielles véhiculées par l'un ou l'autre camp pour soutenir telle ou telle vision de nos frontières, de nos foyers ou bien de nos droits.
Je vous dirai tout de suite que je suis en faveur de l'indépendance du Québec tout en demeurant profondément attaché au Canada, voire à l'Amérique toute entière, de la Terre de Baffin jusqu'à la Terre de Feu. Ce qui, en d'autres termes, pourrait s'appeler l'Île de la Tortue plutôt que de porter le prénom d'un vulgaire explorateur florentin dénommé Amerigo Vespucci. Ce qui représente une insulte permanente pour toutes les civilisations aborigènes de l'Île de la Tortue. Des millions d'individus ne faisaient pas le poids face à cet obscur florentin qui a vogué vers l'autre rive de l'Océan Atlantique pour planter une croix au nom de telle ou telle monarchie de crétins consanguins...
Bon. Je trahis déjà mon dessein de vous épargner les leçons d'histoire...
Enfin! J'ai baigné dedans depuis ma tendre enfance. Mon père, d'ascendance française et anisnabée (algonquine), provient d'une famille où il y avait deux curés, dont un missionnaire en Chine. Il a été passablement contaminé par l'histoire catholique canadienne-française, tant et si bien qu'il nous faisait accroire que nous étions seulement des Bouchard de la Normandie, restants de Vikings qui ont fait la conquête de l'Europe, dont l'Angleterre, grâce à Guillaume le Conquérant. Conquête qui a placé des Français sur le trône britannique. Ça explique pourquoi la devise de l'Angleterre est encore rédigée en français sur ses armoiries: Dieu et mon droit.
Mon père m'a passablement vanté Champlain, Frontenac, Lévis. De Lorimier, Papineau et Louis Riel. C'était un libéral de tendance René Lévesque. Il se tenait loin des Bleus, des conservateurs et de l'Union Nationale. Il n'a pas été péquiste longtemps. Il est revenu vers le Parti Libéral du Québec lorsque le Parti Québécois (PQ) à rallier l'ancien chef de l'Union Nationale, Rodrigue Biron, et lorsque ce même PQ a sorti des boules à mythes les statues de Maurice Duplessis que l'on trouve aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale du Québec ainsi que dans la cour du Manoir Niverville aux Trois-Rivières.
Au référendum de 1980. mon père faisait partie des rares libéraux en faveur du Oui au projet de souveraineté-association du Parti Québécois. Il détestait Claude Ryan et sa manie de se croire la Main de Dieu. Il suivait le Oui parce que René Lévesque était tout de même un libéral...
Les années passèrent. Il y eut un autre référendum, en 1995, l'année où mon père est décédé. Il n'aimait pas particulièrement Lucien Bouchard, alias Lulu ou le Toupette, Lucien Bouchard avait le malheur d'être un Bleu. Mon père n'a pas eu la chance de voter puisqu'il est mort au mois d'août.
Néanmoins, j'ai voté Oui, tout en me disant bof. Lucien Bouchard qui brandissait Le Journal de Montréal comme une relique dans son message référendaire ne me semblait pas très digne. Traqué les traîtres et les vendus de 1982 cela me semblait ringard. J'ai voté Oui malgré Lucien Bouchard qui, incidemment, est aussi mon oncle... Je veux dire que l'un de mes oncles s'appelle Lucien Bouchard... Passons pour l'anecdote, hum...
***
Je me suis dit que je ne vous parlerais pas d'histoire et je ne parle que de ça depuis le début de ce billet.
Je suis en faveur de l'indépendance du Québec, oui, mais je porte aussi dans mes gènes l'histoire des Anishnabés, des Innus, des Micmacs et autres aborigènes.
Je suis un Métis, fier de l'être, et conscient que ce pays s'appelle aussi Wabanaki, le pays où se lève le soleil,
Mon histoire est aussi celle de ces tribus spoliées par les conquérants européens qui vinrent imposer leurs lois et leur dictature.
Mon histoire est aussi celle d'un génocide.
Je suis en faveur d'une refondation du Québec, du Canada. des États-Unis, de Cuba, du Mexique, de Haïti, du Brésil, de l'Argentine, du Chili et j'en passe.
Cette refondation passe par une vraie confédération de tous les peuples et individus qui cohabitent pacifiquement sur l'Île de la Tortue.
Je soutiens l'indépendance du Québec dans l'espoir qu'un jour le fleuve Saint-Laurent s'appellera le fleuve Magtogoek.
Évidemment, je blague un peu, Cependant, je ne me vois pas brandir des fleurs de lys rappelant la monarchie française.
Le drapeau vert, blanc et rouge des Patriotes m'a toujours semblé plus digne, malgré toutes mes appréhensions face à l'histoire. C'est tout de même un drapeau républicain et révolutionnaire.
Le drapeau fleurdelisé est une création de Duplessis, de l'Ordre de Jacques-Cartier et autres sectes un tant soit peu fascisantes. Il ne me dit rien. Il me rappelle que l'Indien est de trop. Il sent Louis XVI, Louis XV et Louis XIV. Il sent le sang bleu. Il pue les Bleus et cette aristocratie que je conspue. Il est l'Ancien Monde alors que nous habitons le Nouveau Monde.
Le drapeau tricolore des Patriotes rappelle la liberté, l'indépendance et la déclaration universelle des droits de l'homme. Il rappelle Benjamin Franklin, Toussaint L'Ouverture, Simon Bolivar, Sitting Bull et Louis Riel.
Les Québécois et Québécoises qui se respectent ne fêteront pas la Reine Victoria aujourd'hui.
Ils fêteront les Patriotes de 1837-1838 qui ont combattu l'Empire britannique dans l'espoir d'acquérir l'indépendance de ce qui s'appelait encore à l'époque le Canada.
Vive la liberté!
Vive la république!
Vive le Québec libre-heu!
Je vous épargnerai les leçons d'histoire. Je serais bien capable d'en prodiguer. Mais, bête comme je le suis, cela ne ressemblerait pas aux versions officielles véhiculées par l'un ou l'autre camp pour soutenir telle ou telle vision de nos frontières, de nos foyers ou bien de nos droits.
Je vous dirai tout de suite que je suis en faveur de l'indépendance du Québec tout en demeurant profondément attaché au Canada, voire à l'Amérique toute entière, de la Terre de Baffin jusqu'à la Terre de Feu. Ce qui, en d'autres termes, pourrait s'appeler l'Île de la Tortue plutôt que de porter le prénom d'un vulgaire explorateur florentin dénommé Amerigo Vespucci. Ce qui représente une insulte permanente pour toutes les civilisations aborigènes de l'Île de la Tortue. Des millions d'individus ne faisaient pas le poids face à cet obscur florentin qui a vogué vers l'autre rive de l'Océan Atlantique pour planter une croix au nom de telle ou telle monarchie de crétins consanguins...
Bon. Je trahis déjà mon dessein de vous épargner les leçons d'histoire...
Enfin! J'ai baigné dedans depuis ma tendre enfance. Mon père, d'ascendance française et anisnabée (algonquine), provient d'une famille où il y avait deux curés, dont un missionnaire en Chine. Il a été passablement contaminé par l'histoire catholique canadienne-française, tant et si bien qu'il nous faisait accroire que nous étions seulement des Bouchard de la Normandie, restants de Vikings qui ont fait la conquête de l'Europe, dont l'Angleterre, grâce à Guillaume le Conquérant. Conquête qui a placé des Français sur le trône britannique. Ça explique pourquoi la devise de l'Angleterre est encore rédigée en français sur ses armoiries: Dieu et mon droit.
Mon père m'a passablement vanté Champlain, Frontenac, Lévis. De Lorimier, Papineau et Louis Riel. C'était un libéral de tendance René Lévesque. Il se tenait loin des Bleus, des conservateurs et de l'Union Nationale. Il n'a pas été péquiste longtemps. Il est revenu vers le Parti Libéral du Québec lorsque le Parti Québécois (PQ) à rallier l'ancien chef de l'Union Nationale, Rodrigue Biron, et lorsque ce même PQ a sorti des boules à mythes les statues de Maurice Duplessis que l'on trouve aujourd'hui devant l'Assemblée Nationale du Québec ainsi que dans la cour du Manoir Niverville aux Trois-Rivières.
Au référendum de 1980. mon père faisait partie des rares libéraux en faveur du Oui au projet de souveraineté-association du Parti Québécois. Il détestait Claude Ryan et sa manie de se croire la Main de Dieu. Il suivait le Oui parce que René Lévesque était tout de même un libéral...
Les années passèrent. Il y eut un autre référendum, en 1995, l'année où mon père est décédé. Il n'aimait pas particulièrement Lucien Bouchard, alias Lulu ou le Toupette, Lucien Bouchard avait le malheur d'être un Bleu. Mon père n'a pas eu la chance de voter puisqu'il est mort au mois d'août.
Néanmoins, j'ai voté Oui, tout en me disant bof. Lucien Bouchard qui brandissait Le Journal de Montréal comme une relique dans son message référendaire ne me semblait pas très digne. Traqué les traîtres et les vendus de 1982 cela me semblait ringard. J'ai voté Oui malgré Lucien Bouchard qui, incidemment, est aussi mon oncle... Je veux dire que l'un de mes oncles s'appelle Lucien Bouchard... Passons pour l'anecdote, hum...
***
Je me suis dit que je ne vous parlerais pas d'histoire et je ne parle que de ça depuis le début de ce billet.
Je suis en faveur de l'indépendance du Québec, oui, mais je porte aussi dans mes gènes l'histoire des Anishnabés, des Innus, des Micmacs et autres aborigènes.
Je suis un Métis, fier de l'être, et conscient que ce pays s'appelle aussi Wabanaki, le pays où se lève le soleil,
Mon histoire est aussi celle de ces tribus spoliées par les conquérants européens qui vinrent imposer leurs lois et leur dictature.
Mon histoire est aussi celle d'un génocide.
Je suis en faveur d'une refondation du Québec, du Canada. des États-Unis, de Cuba, du Mexique, de Haïti, du Brésil, de l'Argentine, du Chili et j'en passe.
Cette refondation passe par une vraie confédération de tous les peuples et individus qui cohabitent pacifiquement sur l'Île de la Tortue.
Je soutiens l'indépendance du Québec dans l'espoir qu'un jour le fleuve Saint-Laurent s'appellera le fleuve Magtogoek.
Évidemment, je blague un peu, Cependant, je ne me vois pas brandir des fleurs de lys rappelant la monarchie française.
Le drapeau vert, blanc et rouge des Patriotes m'a toujours semblé plus digne, malgré toutes mes appréhensions face à l'histoire. C'est tout de même un drapeau républicain et révolutionnaire.
Le drapeau fleurdelisé est une création de Duplessis, de l'Ordre de Jacques-Cartier et autres sectes un tant soit peu fascisantes. Il ne me dit rien. Il me rappelle que l'Indien est de trop. Il sent Louis XVI, Louis XV et Louis XIV. Il sent le sang bleu. Il pue les Bleus et cette aristocratie que je conspue. Il est l'Ancien Monde alors que nous habitons le Nouveau Monde.
Le drapeau tricolore des Patriotes rappelle la liberté, l'indépendance et la déclaration universelle des droits de l'homme. Il rappelle Benjamin Franklin, Toussaint L'Ouverture, Simon Bolivar, Sitting Bull et Louis Riel.
Les Québécois et Québécoises qui se respectent ne fêteront pas la Reine Victoria aujourd'hui.
Ils fêteront les Patriotes de 1837-1838 qui ont combattu l'Empire britannique dans l'espoir d'acquérir l'indépendance de ce qui s'appelait encore à l'époque le Canada.
Vive la liberté!
Vive la république!
Vive le Québec libre-heu!
samedi 16 mai 2015
Pédaler, pédalier, Péladeau
Mon vélo roulait mal ces derniers temps. Chaque fois que j'abordais la montée d'une côte la chaîne tournait dans le beurre. L'avais-je trop huilée? J'avais trop maigri au cours de la dernière année pour penser que c'était la conséquence de mon surplus de poids. Mon orgueil en prenait un coup. Je devais débarquer de mon vélo pour continuer à monter ma côte sur mes deux pattes plutôt que sur mes deux roues. Je me sentais devenir un vieux mononcle sur le point de se claquer une crise cardiaque alors que mon coeur pompe relativement bien mon sang...
J'ai donc mené mon vélo chez Laferté Bicycles, boutique que je fréquente depuis ma tendre enfance quand il est question de réparer un vélo. Les mécanos m'ont fait remarquer que les chaînes finissent par s'élargir avec les années. Ils ont donc changé ma chaîne, mon pédalier, mes engins de la roue arrière ainsi que la cassette.
J'ai testé mon Peugeot depuis qu'ils l'ont réparé jeudi dernier. Il roule comme un charme. Je monte toutes les côtes et pourrais presque faire le Tour de France si ce n'était de... mon humilité,
***
Parlant de pédaler, je partage cette passion avec Pierre-Karl Péladeau, alias PKP, nouveau chef du Parti Québécois qui nous promet l'indépendance. Malgré mes réserves envers Péladeau, je suis sans réserves pour l'indépendance du Québec. Nous avons assez niaisé avec le Canada.
Péladeau pédale: moi aussi.
Péladeau est un ancien communiste: moi aussi.
Péladeau a fait ses études universitaires en philosophie: moi aussi...
La seule différence entre lui et moi, somme toute, c'est que je suis pauvre. Parce que mes parents étaient pauvres. Ce qui n'était pas son cas.
Enfin! Il y a pire que lui. Il y a Philippe Couillard, ce traître qui démolit le Québec et entretient des liens douteux avec des gens peu recommandables, comme Arthur Porter, Stephen Harper, le SCRS et les princes de l'Arabie Saoudite...
On ne trouvera pas de squelettes dans le placard de Péladeau, mais des accessoires de vélo, des vieux livres marxistes et des abonnements à Vidéotron. On trouvera aussi Brian Mulroney et Lucien Bouchard en grattant un peu...
Au moins, il ne cachera pas l'article numéro un du programme du Parti Québécois: réaliser l'indépendance.
C'est déjà ça...
J'ai donc mené mon vélo chez Laferté Bicycles, boutique que je fréquente depuis ma tendre enfance quand il est question de réparer un vélo. Les mécanos m'ont fait remarquer que les chaînes finissent par s'élargir avec les années. Ils ont donc changé ma chaîne, mon pédalier, mes engins de la roue arrière ainsi que la cassette.
J'ai testé mon Peugeot depuis qu'ils l'ont réparé jeudi dernier. Il roule comme un charme. Je monte toutes les côtes et pourrais presque faire le Tour de France si ce n'était de... mon humilité,
***
Parlant de pédaler, je partage cette passion avec Pierre-Karl Péladeau, alias PKP, nouveau chef du Parti Québécois qui nous promet l'indépendance. Malgré mes réserves envers Péladeau, je suis sans réserves pour l'indépendance du Québec. Nous avons assez niaisé avec le Canada.
Péladeau pédale: moi aussi.
Péladeau est un ancien communiste: moi aussi.
Péladeau a fait ses études universitaires en philosophie: moi aussi...
La seule différence entre lui et moi, somme toute, c'est que je suis pauvre. Parce que mes parents étaient pauvres. Ce qui n'était pas son cas.
Enfin! Il y a pire que lui. Il y a Philippe Couillard, ce traître qui démolit le Québec et entretient des liens douteux avec des gens peu recommandables, comme Arthur Porter, Stephen Harper, le SCRS et les princes de l'Arabie Saoudite...
On ne trouvera pas de squelettes dans le placard de Péladeau, mais des accessoires de vélo, des vieux livres marxistes et des abonnements à Vidéotron. On trouvera aussi Brian Mulroney et Lucien Bouchard en grattant un peu...
Au moins, il ne cachera pas l'article numéro un du programme du Parti Québécois: réaliser l'indépendance.
C'est déjà ça...
vendredi 15 mai 2015
Musique immortelle & immortel B.B. King
Il existe chez les musiciens une solidarité qui surpasse de loin celle que l'on ne trouve pas facilement dans le domaine des arts visuels ou bien de la littérature. Évidemment, je ne parle que pour moi-même, dilettante de la magie sonore qui sublime les gratteurs de guitare et les souffleurs de bouteilles vides. Tous les musiciens sont mes frères et mes soeurs. La jalousie n'a pas cours parmi cette guilde.
La musique peut très bien se jouer tout seul face à soi-même, mais elle ne devient magique qu'en la partageant avec d'autres musiciens. J'ai eu le bonheur, au cours de ma vie, de jouer avec toutes sortes d'énergumènes, d'un océan à l'autre. Je me souviens de Tarquin, un Britannique, avec qui j'ai pratiqué quelques sessions de "busking" dans les rues de Vancouver. Puis je me rappelle de Craig, un accordéoniste avec qui j'ai jammé tout un été au Yukon. J'ai aussi en mémoire des inconnus, dont un gars d'Autriche qui jouait de l'harmonica comme un maître. Je passerai sans doute ma vie à tenter de l'imiter. Cet inconnu m'a montré à dépasser les limites de cet instrument, même s'il n'a passé que cinq minutes et trois quarts dans ma vie.
Je dois beaucoup à des musiciens de tous les horizons pour cette passion qui m'entraîne encore à calmer mes moeurs presque tous les soirs. Quand je prends ma guitare, mes harmonicas, mes tamtams ou mon clavier, je sais que je dois beaucoup à Steve Hill, Guy Marchamps, Frédéric Pellerin, Robert Rebselj, Marc Cavanaugh, Benoît Cavanaugh, Philippe Bellerive, Jean-François Beaudet, Luc Boissonneault, Stéphane Routhier, Daniel Langis et tant d'autres que je n'oublie que pour faire court. Ils m'ont appris à vénérer la pratique de la musique. Ils m'ont permis d'intégrer la musique à ma vie de tous les jours pour soigner mon âme de toutes les formes d'agressions psychiques auxquelles je puis faire face.
Je ne suis plus monté sur une scène depuis un bon bout de temps. Je n'ai pas rangé mes instruments pour autant. J'ai poursuivi mon apprentissage tout fin seul, jammant parfois avec l'un ou l'autre.
J'ai jammé par procuration avec d'autres musiciens. J'ai joué des chansons de Johnny Cash. J'ai caricaturé des airs de Presley. J'ai imité The Thrill is Gone de B.B. King. Tous les trois sont décédés. B.B. King était un sacré joueur de guitare. Il est parti et me manque déjà. Il s'ajoutera à ma brochette d'immortels qui reviennent hanter mes airs de guitare quand j'en ai soupé de tout.
Tous les musiciens qui se respectent porteront le deuil pour B.B. King, j'en suis convaincu.
Tous mes camarades de musique ne demanderont pas mieux que de jouer The Thrill is Gone de temps à autres pour se rappeler que rien ne se perd et que tout est recréé.
Je m'excuse, cela dit, d'avoir autant parlé de moi-même pour rendre cet hommage à B.B. King.
La musique peut très bien se jouer tout seul face à soi-même, mais elle ne devient magique qu'en la partageant avec d'autres musiciens. J'ai eu le bonheur, au cours de ma vie, de jouer avec toutes sortes d'énergumènes, d'un océan à l'autre. Je me souviens de Tarquin, un Britannique, avec qui j'ai pratiqué quelques sessions de "busking" dans les rues de Vancouver. Puis je me rappelle de Craig, un accordéoniste avec qui j'ai jammé tout un été au Yukon. J'ai aussi en mémoire des inconnus, dont un gars d'Autriche qui jouait de l'harmonica comme un maître. Je passerai sans doute ma vie à tenter de l'imiter. Cet inconnu m'a montré à dépasser les limites de cet instrument, même s'il n'a passé que cinq minutes et trois quarts dans ma vie.
Je dois beaucoup à des musiciens de tous les horizons pour cette passion qui m'entraîne encore à calmer mes moeurs presque tous les soirs. Quand je prends ma guitare, mes harmonicas, mes tamtams ou mon clavier, je sais que je dois beaucoup à Steve Hill, Guy Marchamps, Frédéric Pellerin, Robert Rebselj, Marc Cavanaugh, Benoît Cavanaugh, Philippe Bellerive, Jean-François Beaudet, Luc Boissonneault, Stéphane Routhier, Daniel Langis et tant d'autres que je n'oublie que pour faire court. Ils m'ont appris à vénérer la pratique de la musique. Ils m'ont permis d'intégrer la musique à ma vie de tous les jours pour soigner mon âme de toutes les formes d'agressions psychiques auxquelles je puis faire face.
Je ne suis plus monté sur une scène depuis un bon bout de temps. Je n'ai pas rangé mes instruments pour autant. J'ai poursuivi mon apprentissage tout fin seul, jammant parfois avec l'un ou l'autre.
J'ai jammé par procuration avec d'autres musiciens. J'ai joué des chansons de Johnny Cash. J'ai caricaturé des airs de Presley. J'ai imité The Thrill is Gone de B.B. King. Tous les trois sont décédés. B.B. King était un sacré joueur de guitare. Il est parti et me manque déjà. Il s'ajoutera à ma brochette d'immortels qui reviennent hanter mes airs de guitare quand j'en ai soupé de tout.
Tous les musiciens qui se respectent porteront le deuil pour B.B. King, j'en suis convaincu.
Tous mes camarades de musique ne demanderont pas mieux que de jouer The Thrill is Gone de temps à autres pour se rappeler que rien ne se perd et que tout est recréé.
Je m'excuse, cela dit, d'avoir autant parlé de moi-même pour rendre cet hommage à B.B. King.
jeudi 14 mai 2015
Joey et la résistance au stress
Joey est extrêmement résistant au stress. Cette résistance surhumaine est le résultat d'une indifférence supérieure à la moyenne. Une indifférence qui, pourtant, n'a rien à voir avec l'égoïsme et le manque de compassion. Joey réussit l'exploit d'être compatissant envers autrui sans couler au fond avec les noyés vers lesquels il tend la main.
L'autre jour, Ti-Carl Langevin a tenté de lui faire peur. Il s'est avancé doucement derrière lui puis, arrivé à la hauteur de ses oreilles, il s'est mis à crier de toutes ses forces en souhaitant ébranler Joey.
Joey n'a presque pas remué d'un cil.
-Tu essaies de m'faire peur Ti-Carl Langevin? T'as pas pris tes pilules?
-Y'a pas moyen de t'faire stepper sacré Joey! répliqua Langevin. Une bombe tomberait à côté d'toé pis tu bougerais même pas!
C'est vrai qu'il n'aurait pas bougé, Joey.
Et quel est son secret?
D'abord, il ne croit en rien.
Ensuite, il ne s'attend à rien de bon de l'humanité.
Il s'étonne d'un geste de bonté, d'un moment de solidarité. Il est indifférent envers les cris, les bruits, les médisances, le mépris, la haine et toutes ces sortes de trucs. Il s'y est tellement habitué que cela ne lui fait plus rien, d'où sa résistance phénoménale au stress et toutes ces sortes d'affaires.
Sacré Joey!
L'autre jour, Ti-Carl Langevin a tenté de lui faire peur. Il s'est avancé doucement derrière lui puis, arrivé à la hauteur de ses oreilles, il s'est mis à crier de toutes ses forces en souhaitant ébranler Joey.
Joey n'a presque pas remué d'un cil.
-Tu essaies de m'faire peur Ti-Carl Langevin? T'as pas pris tes pilules?
-Y'a pas moyen de t'faire stepper sacré Joey! répliqua Langevin. Une bombe tomberait à côté d'toé pis tu bougerais même pas!
C'est vrai qu'il n'aurait pas bougé, Joey.
Et quel est son secret?
D'abord, il ne croit en rien.
Ensuite, il ne s'attend à rien de bon de l'humanité.
Il s'étonne d'un geste de bonté, d'un moment de solidarité. Il est indifférent envers les cris, les bruits, les médisances, le mépris, la haine et toutes ces sortes de trucs. Il s'y est tellement habitué que cela ne lui fait plus rien, d'où sa résistance phénoménale au stress et toutes ces sortes d'affaires.
Sacré Joey!
mercredi 13 mai 2015
La Coupe Stanley, c'est rien du tout
Le Canadiens de Montréal a perdu contre le Ligthning de Tampa Bay hier soir. C'est une bonne chose. Je ne supportais plus de voir tous ces fanions et logos des Canadiens brandis par la moitié des Québécois. Je ne supportais plus d'entendre ces reportages délirants sur ces connards qui vont allumer des lampions ou bien marcher à genoux dans l'escalier menant à l'Oratoire Saint-Joseph...
Il y a une limite à faire passer le sport avant l'indignation politique. Et cette limite a largement été atteinte. Le hockey demeure pour moi le refuge des larbins. Tant mieux pour ceux qui aiment ça. Tant mieux que les Canadiens aient perdu pour ceux qui n'aiment pas ça.
L'émeute semble avoir été évitée cette année. Les vitres des commerces n'ont pas volé en éclats sur la rue Sainte-Catherine, comme c'est de coutume après une défaite en séries éliminatoires. Les larbins sont demeurés calmes cette fois-ci.
Nous pouvons enfin passer à autre chose. Passons au combat plus sportif contre les libéraux qui veulent appauvrir le Québec et les Québécois pour le bénéfice d'une poignée de milliardaires mafieux sans coeur et sans âme.
Sortons les drapeaux rouges, les drapeaux verts, blancs et rouges, les fleurdelisés à la rigueur, et marchons dans les rues pour une victoire qui nous mènera plus loin qu'une simple Coupe Stanley portée par-dessus les têtes de millionnaires sur patins à glace.
Évidemment, il faudra attendre que le pain se transige entre dix et vingt dollars la tranche avant que le peuple n'en vienne à l'évidence qu'il faut se révolter contre les bandits au pouvoir...
J'ai bon espoir que ça viendra.
Il y a une limite à faire passer le sport avant l'indignation politique. Et cette limite a largement été atteinte. Le hockey demeure pour moi le refuge des larbins. Tant mieux pour ceux qui aiment ça. Tant mieux que les Canadiens aient perdu pour ceux qui n'aiment pas ça.
L'émeute semble avoir été évitée cette année. Les vitres des commerces n'ont pas volé en éclats sur la rue Sainte-Catherine, comme c'est de coutume après une défaite en séries éliminatoires. Les larbins sont demeurés calmes cette fois-ci.
Nous pouvons enfin passer à autre chose. Passons au combat plus sportif contre les libéraux qui veulent appauvrir le Québec et les Québécois pour le bénéfice d'une poignée de milliardaires mafieux sans coeur et sans âme.
Sortons les drapeaux rouges, les drapeaux verts, blancs et rouges, les fleurdelisés à la rigueur, et marchons dans les rues pour une victoire qui nous mènera plus loin qu'une simple Coupe Stanley portée par-dessus les têtes de millionnaires sur patins à glace.
Évidemment, il faudra attendre que le pain se transige entre dix et vingt dollars la tranche avant que le peuple n'en vienne à l'évidence qu'il faut se révolter contre les bandits au pouvoir...
J'ai bon espoir que ça viendra.
mardi 12 mai 2015
Pays de marde, journal de marde, chefferie du PQ de marde
Je ne devrais jamais lire la section commentaires des texticules publiés par le Journal de Montréal. Je me permets aussi d'ajouter que je ne devrais jamais lire le Journal de Montréal. On y trouve un fatras de chats écrasés et de réflexions stupides sur les destinées de notre communauté.
Les commentaires, vous l'aurez deviné, sont encore pires que les propos tenus par les chroniqueurs réguliers de ce torchon. Cela ne vole pas haut, au départ, et ça ne s'améliore pas à l'arrivée.
Si je me fie aux commentaires, je n'ai pas la cote parmi mes pairs. D'abord, je suis un intellectuel, ce qui est tout à fait impardonnable. Comme tout intellectuel qui se respecte, je soutiens les manifestations contre l'austérité. Ce qui fait de moi un communiste. Puis, comme j'ai le malheur d'être un tant soit peu artiste, c'est bien évident que je suis un crotté, que je me lave ou non. Je suis aussi d'ascendance autochtone, donc un maudit Sauvage qui ne paie pas ses comptes d'Hydro-Québec, qui bloque des ponts et qui tire sur les policiers de la Sûreté du Québec... Bref, je n'ai rien pour me faire aimer des chroniqueurs et des gérants d'estrade de ce journal jaune.
Incidemment, le Parti Québécois se prépare à nommer à sa tête Pierre-Karl Péladeau, alias PKP, le propriétaire du Journal de Montréal. Celui qui finance la haine des manifestants, des artistes et des crottés veut nous montrer la voie pour obtenir un pays...
Je ravale de travers seulement à vous dire ça.
Quel merveilleux pays nous attend!
Un vrai tabarnak de pays de marde où l'on cassera du sucre sur le dos des intellectuels, des artistes et des indignés du Québec.
Les commentaires, vous l'aurez deviné, sont encore pires que les propos tenus par les chroniqueurs réguliers de ce torchon. Cela ne vole pas haut, au départ, et ça ne s'améliore pas à l'arrivée.
Si je me fie aux commentaires, je n'ai pas la cote parmi mes pairs. D'abord, je suis un intellectuel, ce qui est tout à fait impardonnable. Comme tout intellectuel qui se respecte, je soutiens les manifestations contre l'austérité. Ce qui fait de moi un communiste. Puis, comme j'ai le malheur d'être un tant soit peu artiste, c'est bien évident que je suis un crotté, que je me lave ou non. Je suis aussi d'ascendance autochtone, donc un maudit Sauvage qui ne paie pas ses comptes d'Hydro-Québec, qui bloque des ponts et qui tire sur les policiers de la Sûreté du Québec... Bref, je n'ai rien pour me faire aimer des chroniqueurs et des gérants d'estrade de ce journal jaune.
Incidemment, le Parti Québécois se prépare à nommer à sa tête Pierre-Karl Péladeau, alias PKP, le propriétaire du Journal de Montréal. Celui qui finance la haine des manifestants, des artistes et des crottés veut nous montrer la voie pour obtenir un pays...
Je ravale de travers seulement à vous dire ça.
Quel merveilleux pays nous attend!
Un vrai tabarnak de pays de marde où l'on cassera du sucre sur le dos des intellectuels, des artistes et des indignés du Québec.
dimanche 10 mai 2015
Don d'observation 2
Je me dois de faire suite à un billet où je parlais narcissiquement de mon don d'observation. Cela explique pourquoi j'ai trouvé mon titre avant même que d'avoir écrit le texte qui, en ce moment, défile sous mes doigts sur mon clavier.
Les autobus sont des mines d'art pour tout collectionneur d'anecdotes et autres faits humains.
J'ai pris l'autobus vendredi dernier.
Comme il était tôt, je me trouvais tout fin seul au terminus du centre-ville de Trois-Rivières. J'attendais la bus du circuit numéro 2 en rêvassant, les mains vides et la tête légère.
Tout à coup, un jeune homme boutonneux s'est approché de moi. Il n'était pas très grand, pas très gros, et ses pupilles étaient dilatées, conférant à son regard un air un tant soit peu démoniaque. Heureusement qu'il portait aussi un tamtam sous le bras. Il est plutôt rare que les musiciens soient de méchantes personnes selon mon code de valeurs bien personnel. Et c'était d'autant mieux que le jeune homme s'approchait de moi d'un air de mort-vivant, prêt à jouer son dernier roulement de tambour.
-J'te fais-tu peur? Tout le monde a peur de moé! J'suis autiste. Tout le monde me fuit parce que j'suis autiste! qu'il m'a dit en me fixant avec son regard d'outre-tombe.
-J'ai pas peur de toé, que j'lui ai dit. On peut même piquer une jasette tandis que j'attends ma bus...
-Ah oui? T'as pas peur de moé? J'suis autiste. Tout le monde a peur de moé pis s'enfuit quand ils me voient... rajouta-t-il sans cligner des yeux.
-J'ai pas peur de toé... La preuve: j'te parle.
-Moé, là, moé, j'me questionne sur la conscience... Pourquoi j'suis plus conscient qu'les autres? Est-ce à cause d'la drogue? me questionna-t-il en surdimensionnant ses yeux.
-T'as pas besoin d'me poser des questions... Tu trouves tes réponses tout seul... T'en sais plus long que moé j'n'en saurai jamais sur toé-même mon gars...
-Moé, là, moé, j'viens d'une famille d'autistes. Mon grand-père a fondé la ville de Baie-Rivard. Il s'appelle Rivard. Il a sa statue dans le Parc des Pionniers à Baie-Rivard. C'est un pionnier... Est-ce que vous dites ça, pionnier, à Trois-Rivières? Est-ce que t'as peur de moé pis tu veux t'en aller?
-J'ai pas peur de toé... J'viens de t'el' dire. Pis pour ce qui est des pionniers, les pionniers de Trois-Rivières s'appellent aussi des pionniers...
Il s'ensuivit une longue conversation sur l'autisme, les pionniers et la conscience ayant trait à l'abus des drogues. Puis l'autobus que je devais prendre s'est stationnée devant moi.
-J'm'excuse mais je dois y aller mon gars...
-T'as peur de moé parce qu'ej' suis autiste? T'es comme les autres, hein? Tu fuies...
-Voyons don'! C'est mal me connaître... J'serais passé ma journée à côté d'toé si mon autobus serait pas arrivé...
-Ah ouin? Tu prends la bus?
-Pourquoi tu penses que je suis assis à l'arrêt d'autobus, man?
Il m'a regardé d'un air zombiesque sans mot dire.
Je lui ai serré la main. Puis je lui ai souhaité une bonne journée, conscient qu'il vivrait sans doute une autre journée d'enfer avec les fantômes et les pionniers de son esprit.
J'ai rencontré d'autres personnes étranges au cours de la journée mais je me sens trop épuisé mentalement pour vous parler davantage à ce sujet. Il faut bien que je me garde des munitions en réserve. Cela dit, je me demande si ce n'était pas la pleine lune vendredi dernier. Et je me demande aussi si je n'ai pas la faculté d'attirer vers moi des personnages étranges qui viennent tester ma tolérance et mon empathie.
Il y a un fonds de superstition en moi. Je crois, à l'instar de toutes les grandes traditions métaphysiques, que les dieux s'incarnent dans des personnages pauvres et repoussants pour voir comment nous nous comportons face à nos semblables. Zeus s'est déguisé en mendiant. Ulysse aussi. Et Jésus semble même l'avoir fait selon la légende de Julien l'hospitalier, si bien rendue par le talent de Gustave Flaubert.
Qui me dit que ce jeune drogué boutonneux portant le patronyme des Rivard de Baie-Rivard n'était pas un dieu, hein? Était-ce Kitché Manitou, Odin ou bien Baal Zéboub lui-même qui venait me faire passer un examen? Si c'est le cas, je ne crains pas de l'avoir passé haut la main. Non pas parce que je me sens moralement supérieur, mais bien parce que je me sens moralement con. Ce qui me permet d'excuser tout et son contraire. Donc, comme on dit au Québec après une bonne chanson ou bon conte, excusez-la...
Les autobus sont des mines d'art pour tout collectionneur d'anecdotes et autres faits humains.
J'ai pris l'autobus vendredi dernier.
Comme il était tôt, je me trouvais tout fin seul au terminus du centre-ville de Trois-Rivières. J'attendais la bus du circuit numéro 2 en rêvassant, les mains vides et la tête légère.
Tout à coup, un jeune homme boutonneux s'est approché de moi. Il n'était pas très grand, pas très gros, et ses pupilles étaient dilatées, conférant à son regard un air un tant soit peu démoniaque. Heureusement qu'il portait aussi un tamtam sous le bras. Il est plutôt rare que les musiciens soient de méchantes personnes selon mon code de valeurs bien personnel. Et c'était d'autant mieux que le jeune homme s'approchait de moi d'un air de mort-vivant, prêt à jouer son dernier roulement de tambour.
-J'te fais-tu peur? Tout le monde a peur de moé! J'suis autiste. Tout le monde me fuit parce que j'suis autiste! qu'il m'a dit en me fixant avec son regard d'outre-tombe.
-J'ai pas peur de toé, que j'lui ai dit. On peut même piquer une jasette tandis que j'attends ma bus...
-Ah oui? T'as pas peur de moé? J'suis autiste. Tout le monde a peur de moé pis s'enfuit quand ils me voient... rajouta-t-il sans cligner des yeux.
-J'ai pas peur de toé... La preuve: j'te parle.
-Moé, là, moé, j'me questionne sur la conscience... Pourquoi j'suis plus conscient qu'les autres? Est-ce à cause d'la drogue? me questionna-t-il en surdimensionnant ses yeux.
-T'as pas besoin d'me poser des questions... Tu trouves tes réponses tout seul... T'en sais plus long que moé j'n'en saurai jamais sur toé-même mon gars...
-Moé, là, moé, j'viens d'une famille d'autistes. Mon grand-père a fondé la ville de Baie-Rivard. Il s'appelle Rivard. Il a sa statue dans le Parc des Pionniers à Baie-Rivard. C'est un pionnier... Est-ce que vous dites ça, pionnier, à Trois-Rivières? Est-ce que t'as peur de moé pis tu veux t'en aller?
-J'ai pas peur de toé... J'viens de t'el' dire. Pis pour ce qui est des pionniers, les pionniers de Trois-Rivières s'appellent aussi des pionniers...
Il s'ensuivit une longue conversation sur l'autisme, les pionniers et la conscience ayant trait à l'abus des drogues. Puis l'autobus que je devais prendre s'est stationnée devant moi.
-J'm'excuse mais je dois y aller mon gars...
-T'as peur de moé parce qu'ej' suis autiste? T'es comme les autres, hein? Tu fuies...
-Voyons don'! C'est mal me connaître... J'serais passé ma journée à côté d'toé si mon autobus serait pas arrivé...
-Ah ouin? Tu prends la bus?
-Pourquoi tu penses que je suis assis à l'arrêt d'autobus, man?
Il m'a regardé d'un air zombiesque sans mot dire.
Je lui ai serré la main. Puis je lui ai souhaité une bonne journée, conscient qu'il vivrait sans doute une autre journée d'enfer avec les fantômes et les pionniers de son esprit.
J'ai rencontré d'autres personnes étranges au cours de la journée mais je me sens trop épuisé mentalement pour vous parler davantage à ce sujet. Il faut bien que je me garde des munitions en réserve. Cela dit, je me demande si ce n'était pas la pleine lune vendredi dernier. Et je me demande aussi si je n'ai pas la faculté d'attirer vers moi des personnages étranges qui viennent tester ma tolérance et mon empathie.
Il y a un fonds de superstition en moi. Je crois, à l'instar de toutes les grandes traditions métaphysiques, que les dieux s'incarnent dans des personnages pauvres et repoussants pour voir comment nous nous comportons face à nos semblables. Zeus s'est déguisé en mendiant. Ulysse aussi. Et Jésus semble même l'avoir fait selon la légende de Julien l'hospitalier, si bien rendue par le talent de Gustave Flaubert.
Qui me dit que ce jeune drogué boutonneux portant le patronyme des Rivard de Baie-Rivard n'était pas un dieu, hein? Était-ce Kitché Manitou, Odin ou bien Baal Zéboub lui-même qui venait me faire passer un examen? Si c'est le cas, je ne crains pas de l'avoir passé haut la main. Non pas parce que je me sens moralement supérieur, mais bien parce que je me sens moralement con. Ce qui me permet d'excuser tout et son contraire. Donc, comme on dit au Québec après une bonne chanson ou bon conte, excusez-la...
jeudi 7 mai 2015
Les Plouffe
Vous allez peut-être rire de moi. Je suis en train de lire le roman Les Plouffe de Roger Lemelin. Le téléroman et le film nous ont tellement pris d'assaut que l'on a fini par oublier qu'il y avait un roman à l'origine de cette histoire.
Roger Lemelin m'est apparu comme l'un de nos grands auteurs, malgré tous mes préjugés que je ne m'explique pas encore.
Le film de Gilles Carles colle tout à fait au roman. Presque tout à fait. Il occulte un tant soit peu l'atmosphère de nationalisme fascisant dans lequel baigne l'univers des Plouffe.
Le roman se déroule à une période trouble de notre histoire, les années '30 et '40, où le catholicisme souillait notre âme collective.
L'histoire tourne un tant soit peu autour de l'apprenti journaliste Denis Boucher qui travaille pour le journal L'Action Chrétienne tout en collaborant sous le pseudonyme de l'Indou pour la feuille de chou fasciste Le Nationaliste, où l'on vénère Mussolini, Hitler, Franco et Salazar. Il se fera menacer par la Gendarmerie Royale du Canada pour ses écrits vitrioliques. Ce qui le poussera à vouloir devenir romancier plutôt que journaliste... Ce Denis Boucher est-il le double d'un certain Roger Lemelin dans sa jeunesse? Cela reste à voir. Mon enquête ne fait que commencer.
Cela dit, l'auteur du roman Les Plouffe mérite sa place à part dans notre univers littéraire. Il vaut mieux que Les Demis-Civilisés de Jean-Charles Harvey, un demi roman qui présentait lui aussi une critique du nationalisme fascisant en laissant de côté l'Ars Magna de la littérature. La critique de la société est subtile dans Les Plouffe. Ce qui sert un peu mieux les arts et les lettres...
La plume de Roger Lemelin est claire, charnue et limpide. Elle regorge d'anecdotes et coule de source, sans trop de fioritures, d'adverbes et d'adjectifs sirupeux. C'est ni trop amer, ni trop sucré. C'est, en comme, de la littéraire saine et équilibrée.
Les Plouffe, au risque de passer pour un ringard, vaut vraiment le détour. Et le public québécois ne s'y est pas trompé. Ce nom de famille est devenu illustre dans notre culture, tant par le papier, la télévision ou le cinéma.
mercredi 6 mai 2015
L'Alberta est maintenant socialiste!
L'Alberta est devenue socialiste hier. Une vague orange a déferlé sur la province la plus à droite de la confédération canadienne. Le Nouveau Parti Démocratique (NPQ) a remporté la victoire. Du coup, on peut sentir un vent d'espoir chez nos voisins canadiens. Un vent qui pourra souffler jusqu'au Québec lorsque nous sortirons nous aussi de notre torpeur conservatrice.
J'étais en Alberta en 1993. À cette époque, tous les pauvres quittaient la province suite aux réductions dans l'aide sociale. Les provinces de Colombie-Britannique et de Saskatchewan absorbaient ces vagues de déshérités et de dépossédés qui fuyaient les politiques d'austérité. L'Alberta n'avait plus de coeur et son âme était souillée par une idéologie ultraconservatrice et presque libertarienne.
Il s'est produit un miracle hier en Alberta. En janvier, personne n'aurait cru possible cette victoire du NPD. Pourtant, aujourd'hui les conservateurs et autres abrutis de droite ont le caquet bas. Les riches et les compagnies pétrolières seront avisés de payer leur juste part. Et les conservateurs de Stephen Harper viennent peut-être de perdre les prochaines élections fédérales qui auront lieu cet automne.
***
En janvier 2015, l'Alberta était encore ultraconservatrice. Quatre mois plus tard, elle est socialiste.
En ce moment, au Québec, on a souvent l'impression que la droite contrôle tout pour toujours. Pourtant, je crois que ce n'est qu'un écran de fumée, qu'une passade dans notre histoire qui retrouvera bientôt sa voie naturelle vers le bien commun et la république.
En 1788, en France, tout le monde croyait que le roi et l'aristocratie seraient au pouvoir pour toujours.
En 1916, en Russie, tout le monde croyait que le tsar et ses cosaques seraient aussi toujours là.
Puis, finalement, tout change, tout tourne.
Le Québec saura lui aussi se débarrasser de Couillard, l'ex-associé de Arthur Porter qui conseille les princes d'Arabie Saoudite et place son blé dans des paradis fiscaux.
Un jour les Québécois et les Québécoises sortiront de leur sommeil.
Et nous nous réveillerons dans un Québec indépendant et socialiste.
***
Pour le moment, permettez-moi d'écrire:
mardi 5 mai 2015
Yoooo-o!
Le bruit est une nuisance publique. Tout le monde sait ça. Sauf les abrutis. Ils pullulent par temps chauds. Comme les insectes après la pluie. Il faut vivre avec ou s'en débarrasser sans se pourrir l'esprit avec l'idée que l'on pourrait totalement les éradiquer de notre environnement. À vrai dire, les abrutis sont là pour rester. À moins d'un revirement de la situation sociale, ils devraient décupler au cours des prochains mois et des prochaines années.
Joey dit Le Fucker était un jeune gaillard trop maigre dans ses habits trop grands. Il portait une belle calotte de baseball, trop fois trop grande pour lui évidemment. Sa calotte arborait un magnifique signe de piastre doré qui témoignait bien plus de sa pauvreté que de sa richesse, dans tous les sens du terme. La palette de sa calotte était portée derrière sa tête, comme le font les vendeurs de poudre et parfois les gangstas. Joey dit Le Fucker, voyez-vous, était un Yo.
-Yo man! qu'il disait dans le fin fond de l'autobus municipal du circuit numéro 32. J'ai d'la fuckin' bonne miouse man... Yo! D'la fuckin' miouse de Super Gangsta Fucks the Cops, t'sais, el' vidéo avec un fuckin' nice car pimpé au boutte qui jumpe comme une fuckin' frog... Full nice, yeah!
Il activa son smartphone qui dégueula aussitôt une bouillie informe de rythmes électroniques mâtinés de sonneries qui sciaient les couilles autant que les ovaires des malheureux passagers de l'autobus.
Joey Le Fucker comprenait que le respect envers lui-même passait par le mépris de tous ses congénères qui n'appréciaient pas Super Gangsta Fucks the Cops.
-Kill the cops! Yo! Yo! Yoooooo-o! Kill the cops! Yooooo-o! Piece of shit! Mothafucka! Son of a bitch! Rape the witch! Turn off the switch! Yoooo-o! hurlait son smartphone auquel était branché un satané haut-parleur, comme si le volume n'était déjà pas assez fort.
L'autobus était bondé: des vieillards, des moins vieux et des bébés. Joey Le Fucker n'en avait rien à foutre de tous ces ploucs stupides qui ne représentaient rien à ces yeux, sinon des victimes potentielles à intimider pour se donner l'impression qu'il n'était pas un hostie de pas de couilles sans génie, un deux cellules monté sur un cadre de plastique cheap pour incultes indécrottables.
Évidemment, les passagers n'en pouvaient plus de supporter cette sale musique de zoufs.
Adrienne Montambeault en pouvait encore moins que les autres. Bien qu'elle avait soixante-dix piges, la vieille retraitée possédait aussi son smartphone dans lequel elle pouvait elle aussi brancher un haut-parleur de haute qualité super tonitruant. Ça valait tout de même mille cinq cents dollars. Il ne se faisait rien de mieux sur le marché. C'était introuvable partout. Son fils l'avait commandé sur l'Internet. Une vraie merveille de puissance sonore centuplant chaque air de violon, dont ceux de Vivaldi.
Justement, Adrienne avait Les quatre saisons de Vivaldi dans son smartphone, dont Le Printemps, interprété par Nigel Kennedy.
Elle brancha son haut-parleur dans son smartphone, sélectionna Le Printemps, puis l'autobus fût bientôt sous le contrôle de Vivaldi. On n'entendait presque plus les airs batraciens de Joey Le Fucker.
C'était splendide. Tout le monde se mit à applaudir, soulagé d'être momentanément débarrassé de Joey Le Fucker qui fixait le plancher d'un air méchant.
-Si j'avais un morceau, man, je sluggerais la vieille chienne, man, yooo-o! déclara-t-il devant sa bande de débiles mentaux.
-Qu'est-cé tu dis man? J't'entends full pas! lui dit Koko le Cousineau, un gars gelé tight qui avait les deux yeux cross side. El' violon joue trop fort man...
La suite de l'histoire n'est pas difficile à connaître. Adrienne débarqua au terminus sans avoir oublié d'éteindre Vivaldi. Joey Le Fucker poursuivit son chemin avec Super Gangsta Fucks the Cops, à plein volume évidemment, histoire de faire chier autant de gens que possible là où il mettait ses chouclaques délacés.
Toute personne qu'il croisait avait une belle pensée pour lui.
-J'espère que quelqu'un va lui donner un bon coup de poing dans 'a face!
lundi 4 mai 2015
Vente de garage & patinoires de quartier hors-saison
Ce tableau s'intitule Vente de garage. C'est un thème qui m'obsède puisque c'est la deuxième fois que je m'y soumets.
Idem pour le thème de la patinoire du quartier. J'ai offert au Défi Pierre Lavoie ma deuxième patinoire de quartier. L'an dernier, je leur avais offert ma première. Comme quoi je suis aussi régulier que redondant pour les causes qui me tiennent à coeur.
Je vous reviens bientôt avec un triptyque sur lequel glissent mes pinceaux en ce moment. D'ici là, vous êtes toujours bienvenus tous et toutes à mon atelier-galerie d'art Simplement, sis sur la rue Niverville à Trois-Rivières, tout près de la cathédrale et de la Binerie Chik.
Je suis ouvert les samedis et dimanches de 13h00 à 17h00.
Ma deuxième patinoire de quartier ci-dessus.
Ci-dessous ma première patinoire de quartier.
dimanche 3 mai 2015
Le don d'observation
Le don d'observation est consubstantiel au talent de l'artiste-peintre tout autant qu'il l'est de l'écrivain. Je me targue de me prévaloir de ces deux statuts, bien que je ne sois pas reconnu par mes pairs institutionnalisés. La plupart de mes expositions, je les ai tenues chez moi. La plupart de mes textes, je les ai publiés ici. Pourtant, mon petit doigt me dit que j'ai un peu de talent malgré mon mépris de l'ambition. Si l'ambition doit passer par des génuflexions et des têtes baissées, vous comprendrez que je préférasse de loin ma position d'anachorète des arts et des lettres à celle de fonctionnaire vivant de prébendes et de per diem. Bref, je ne vis pas mon art au crochet de la société. Je ne sais pas si c'est tout à mon honneur, mais je sais, chers lecteurs et lectrices. que je ne vous coûte rien. Je paie de mes deniers et de mon âme les produits de mon art. Et lorsque je les vends, c'est tout à fait simplement, à la bonne franquette, comme l'on vendrait des fèves au lard ou des cretons.
Cela dit, je n'entamais pas ce billet pour me plaindre, ce qui est toujours trop facile pour tout égotiste qui fabrique de l'art. Il me faut donc revenir au don d'observation, sans quoi je finirai par me vouer moi-même aux gémonies. Je vaux mieux que ça, nah!
***
Qu'en est-il du don d'observation, hein? Eh bien il repose sur un besoin de comprendre le monde et les gens qui l'habitent. Contempler un arbre qui vient d'ouvrir ses feuilles est du même ordre que de s'étonner d'un nez trop long au milieu d'un visage trop petit.
Tout m'étonne encore bien que j'aie quarante-sept ans. C'est comme si rien n'avait changé dans mon tempérament propice à rêvasser depuis ma tendre enfance. Je suis toujours dans la lune comme on dit. Tout me porte à concevoir le moindre événement comme un moment historique aussi lourd de sens que la pendaison de Louis Riel ou l'invention de la roue.
Le don d'observation est en quelque sorte mon instinct de conservation, voire mon besoin de conversation. J'observe puis j'écris, je dessine, je chante, joue de l'harmonica, de la guitare ou du clavier. Pourquoi? Parce que je suis un thermomètre vivant. Une espèce de fou qui prend la température du genre humain sans se salir les mains.
***
Vendredi, pour vous illustrer mon point de vue, j'ai justement croisé des individus particuliers.
J'ai vu une petite madame qui devait faire dans les vingt-deux kilogrammes lorsque détrempée. La petite madame avait une voix fluette ainsi qu'un nez trop long au milieu d'un visage trop petit. Lorsqu'elle parlait, on aurait cru entendre une poulie de corde à linge qui grince un mi aiguë depuis soixante ans: mi, mi, miiii...
-Là, là j'suis allé voir mon médecin pis mon médecin m'a dit de manger plus d'épinards pis des vitamines de fer... En seulement que moé j'mange comme un tit' oiseau. Un biscuit soda avec un morceau de fromage pis j'suis pleine,,, J'ai pas une grosse faim moé là pis toutte coûte tellement cher! Bonyenne d'la vie! Mi, mi, miiiii...
Je l'ai perdue de vue après deux ou trois minutes. Pourtant, elle habite encore ma tête, puisque ce satané don d'observation s'occupe de me bourrer le crâne de ce genre de conneries.
***
Un peu plus tard, j'ai vu un petit Indien. Il était vêtu d'une veste de cuir noire recouverte de franges, de perles de plastique et de similis os d'oiseaux. Le petit Indien, qui devait lui aussi approcher la soixantaine, était sur son trente-et-un, avec sa chemise d'un blanc impeccable et ses bottes de cow-boy bien reluisantes. Des lunettes de soleil camouflaient ses yeux. Il tenait une clémentine dans sa dextre et un lecteur Mp3 dans sa senestre. Sa jambe droite rythmait un air que je n'entendais pas. Était-ce Johnny Cash ou Georges Hamel? Impossible de le dire.
Les automobilistes tournaient tous et toutes la tête vers lui. Le petit Indien flashait à l'arrêt d'autobus bien plus que votre humble serviteur. C'est à peine si l'on me regardait et, franchement, je ne m'en plaignais pas. Toute l'attention était subtilisée par ce presque sosie de Little Beaver, le lutteur nain des années soixante-dix.
L'autobus a fini par le faire disparaître de ma vue, lui aussi, et je suis demeuré avec cette image mentale de cet inconnu qui finira sans doute sur l'un de mes tableaux, dans l'une de mes chansons ou bien sur mon blogue, comme c'est le cas en ce moment.
***
Ma blonde, qui me connaît trop, sait que je n'assiste jamais à un événement insolite sans que cela ne finisse sur mon blogue.
La semaine dernière, dans un quartier populaire de Saint-Hyacinthe, j'ai vu un vieux monsieur qui se cachait derrière un coin de maison en fumant une cigarette. Faisait-il cela pour se cacher de sa femme qui ne devait pas savoir qu'il avait recommencé à fumer? Attendait-il de surprendre un passant pour lui faire les poches? Toutes les spéculations étaient possibles.
-J'gage qu'i' va finir sur ton blogue, m'a dit ma blonde, avec raison.
Je n'ai rien répliqué. Si j'ai répliqué, je ne m'en souviens plus.
Il a finalement terminé sur mon blogue, même s'il n'y avait pas grand' chose là-dedans.
Pourquoi suis-je doté du don d'observation, hein?
Pourquoi suis-je tenu d'avoir ce quelconque talent?
Je n'ai pas de réponse valable à vous offrir.
D'aucuns collectionnent les timbres.
Moi, je collectionne des anecdotes.
Des anecdotes que je vais répéter dix, vingt et cent fois à mon entourage, jusqu'à ce que mon récit soit bien ficelé.
J'ai presque honte de vous raconter ça. Sûrement que vous aviez mieux à faire que de me lire ou de m'écouter en lisant ceci à voix haute.
Enfin! J'ai vidé mon sac. Je peux maintenant vous laisser pour reposer ma tête de ces suites incongrues d'observations.
Cela dit, je n'entamais pas ce billet pour me plaindre, ce qui est toujours trop facile pour tout égotiste qui fabrique de l'art. Il me faut donc revenir au don d'observation, sans quoi je finirai par me vouer moi-même aux gémonies. Je vaux mieux que ça, nah!
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Qu'en est-il du don d'observation, hein? Eh bien il repose sur un besoin de comprendre le monde et les gens qui l'habitent. Contempler un arbre qui vient d'ouvrir ses feuilles est du même ordre que de s'étonner d'un nez trop long au milieu d'un visage trop petit.
Tout m'étonne encore bien que j'aie quarante-sept ans. C'est comme si rien n'avait changé dans mon tempérament propice à rêvasser depuis ma tendre enfance. Je suis toujours dans la lune comme on dit. Tout me porte à concevoir le moindre événement comme un moment historique aussi lourd de sens que la pendaison de Louis Riel ou l'invention de la roue.
Le don d'observation est en quelque sorte mon instinct de conservation, voire mon besoin de conversation. J'observe puis j'écris, je dessine, je chante, joue de l'harmonica, de la guitare ou du clavier. Pourquoi? Parce que je suis un thermomètre vivant. Une espèce de fou qui prend la température du genre humain sans se salir les mains.
***
Vendredi, pour vous illustrer mon point de vue, j'ai justement croisé des individus particuliers.
J'ai vu une petite madame qui devait faire dans les vingt-deux kilogrammes lorsque détrempée. La petite madame avait une voix fluette ainsi qu'un nez trop long au milieu d'un visage trop petit. Lorsqu'elle parlait, on aurait cru entendre une poulie de corde à linge qui grince un mi aiguë depuis soixante ans: mi, mi, miiii...
-Là, là j'suis allé voir mon médecin pis mon médecin m'a dit de manger plus d'épinards pis des vitamines de fer... En seulement que moé j'mange comme un tit' oiseau. Un biscuit soda avec un morceau de fromage pis j'suis pleine,,, J'ai pas une grosse faim moé là pis toutte coûte tellement cher! Bonyenne d'la vie! Mi, mi, miiiii...
Je l'ai perdue de vue après deux ou trois minutes. Pourtant, elle habite encore ma tête, puisque ce satané don d'observation s'occupe de me bourrer le crâne de ce genre de conneries.
***
Un peu plus tard, j'ai vu un petit Indien. Il était vêtu d'une veste de cuir noire recouverte de franges, de perles de plastique et de similis os d'oiseaux. Le petit Indien, qui devait lui aussi approcher la soixantaine, était sur son trente-et-un, avec sa chemise d'un blanc impeccable et ses bottes de cow-boy bien reluisantes. Des lunettes de soleil camouflaient ses yeux. Il tenait une clémentine dans sa dextre et un lecteur Mp3 dans sa senestre. Sa jambe droite rythmait un air que je n'entendais pas. Était-ce Johnny Cash ou Georges Hamel? Impossible de le dire.
Les automobilistes tournaient tous et toutes la tête vers lui. Le petit Indien flashait à l'arrêt d'autobus bien plus que votre humble serviteur. C'est à peine si l'on me regardait et, franchement, je ne m'en plaignais pas. Toute l'attention était subtilisée par ce presque sosie de Little Beaver, le lutteur nain des années soixante-dix.
L'autobus a fini par le faire disparaître de ma vue, lui aussi, et je suis demeuré avec cette image mentale de cet inconnu qui finira sans doute sur l'un de mes tableaux, dans l'une de mes chansons ou bien sur mon blogue, comme c'est le cas en ce moment.
***
Ma blonde, qui me connaît trop, sait que je n'assiste jamais à un événement insolite sans que cela ne finisse sur mon blogue.
La semaine dernière, dans un quartier populaire de Saint-Hyacinthe, j'ai vu un vieux monsieur qui se cachait derrière un coin de maison en fumant une cigarette. Faisait-il cela pour se cacher de sa femme qui ne devait pas savoir qu'il avait recommencé à fumer? Attendait-il de surprendre un passant pour lui faire les poches? Toutes les spéculations étaient possibles.
-J'gage qu'i' va finir sur ton blogue, m'a dit ma blonde, avec raison.
Je n'ai rien répliqué. Si j'ai répliqué, je ne m'en souviens plus.
Il a finalement terminé sur mon blogue, même s'il n'y avait pas grand' chose là-dedans.
Pourquoi suis-je doté du don d'observation, hein?
Pourquoi suis-je tenu d'avoir ce quelconque talent?
Je n'ai pas de réponse valable à vous offrir.
D'aucuns collectionnent les timbres.
Moi, je collectionne des anecdotes.
Des anecdotes que je vais répéter dix, vingt et cent fois à mon entourage, jusqu'à ce que mon récit soit bien ficelé.
J'ai presque honte de vous raconter ça. Sûrement que vous aviez mieux à faire que de me lire ou de m'écouter en lisant ceci à voix haute.
Enfin! J'ai vidé mon sac. Je peux maintenant vous laisser pour reposer ma tête de ces suites incongrues d'observations.
vendredi 1 mai 2015
Drapeau rouge
C'est aujourd'hui le Premier Mai, la Fête internationale des travailleurs et des travailleuses.
Il y a cent cinquante ans, les capitalistes trouvaient irréaliste de voir les travailleurs réclamer la semaine de ... soixante heures (!).
Ils trouvaient tout aussi utopique d'offrir l'éducation gratuite pour tous, une manière d'empêcher les compagnies de faire des profits avec les enfants de neuf ans qui travaillaient dans les mines ou bien les usines de textile, là où leur petit corps et leurs petites mains étaient nécessaires et rentables.
Évidemment, toute manifestation était illégale il y a cent cinquante ans. Les cosaques, les policiers ou bien la soldatesque fonçaient sur les manifestants avec la matraque ou le sabre. Le sang du peuple, rouge comme les drapeaux qu'il brandissait, coulait dans les rues.
À peine quelques intellectuels s'indignaient, les moutons noirs de l'élite, que l'on condamnait souvent à l'exil, à la prison ou bien à la misère pour simplement avoir brandi le drapeau rouge.
Le drapeau rouge n'est pas le drapeau de Staline qui a perverti le mouvement ouvrier en le confondant avec le despotisme de quelques-uns. C'est le drapeau de ceux qui tiraient à bout portant sur les manifestants des Champs de Mars, en France, lors de la Première République. Ce drapeau rouge signifiait que les forces de l'ordre ne feraient pas de quartiers aux manifestants. Ironiquement, les manifestants finirent par adopter ce drapeau rouge pour renvoyer le même message à ceux qui faisaient couler le sang du peuple: nous aussi, nous ne ferons pas de quartiers!
En ces jours sombres où le capitalisme sauvage résiste à la justice sociale, il n'est pas rare de voir réapparaître ces propos que l'on croyait d'une autre époque. Les capitalistes et leurs marionnettes se gaussent du mouvement syndical, du monde ouvrier, de l'éducation et des soins de santé gratuits et accessibles pour tous. Ils souhaitent rétablir la semaine de cent heures, abolir la loi du salaire minimum, augmenter l'âge de la retraite, bref détruire tous nos acquis sociaux afin de remplir les poches des crosseurs qui n'en ont jamais assez.
Le drapeau rouge et le socialisme ne sont pas totalitaires. Ils sont à la base indissociables de l'aspiration à la justice sociale ainsi qu'à la liberté pour tous. Ils témoignent des combats menés par nos frères et soeurs du monde entier pour mettre un terme à l'exploitation de l'homme par l'homme.
Des gens ont été découpés en rondelles, de l'Amérique latine à la Sainte Russie, pour avoir réclamé un monde plus juste où la pauvreté serait éradiquée.
Aujourd'hui, c'est le moment de nous rappeler leur combat pour un monde meilleur.
Aujourd'hui, c'est le moment de brandir le drapeau rouge.
Solidarité, camarades du monde entier, contre tous les despotes de la terre. Solidarité contre les sauveurs suprêmes, les dieux, les césars et les tribuns. Sauvons-nous nous-mêmes. Décrétons le salut commun pour que le voleur rende gorge, pour tirer l'esprit du cachot...