Je ne suis pas un parangon de vertu et encore moins un sage. Néanmoins l'expérience de mes quarante-sept années de vie m'a appris à m'écarter du désespoir et du ressentiment. Je n'ai aucun autre mérite en cette matière que celui de ne pas vouloir souffrir pour des idées ou des sentiments qu'il m'est possible d'ignorer sans trop d'efforts. Cela dit, je ne suis pas tout à fait un monstre d'insensibilité et il m'arrive de comprendre les douleurs psychiques provoquées par le manque de mansuétude et de compassion des égoïstes pour qui les gens ne comptent pour rien.
J'ai rencontré récemment un gars de Grand-Mère qui était d'une tristesse abyssale. C'était un jeune homme dans la vingtaine qui portait une tuque de hipster et du poil au menton qui s'apparentait plus à du duvet de canard qu'à une barbe de viking. Le gars avait des yeux encore trop doux pour son âge et ses propos témoignaient de la fraîcheur de son indignation. Je ne sais pas comment il s'appelait. J'en suis venu à lui parler tout à fait par hasard, si l'on peut appeler un hasard une manifestation.
-Salut, que je lui ai dit, alors qu'il soufflait dans une corne de carnaval en plastique à mes côtés.
-Salut, qu'il m'a répondu, en frère de combat, après avoir délaissé l'orifice de sa corne tonitruante.
-On doit bien être deux ou trois cents je crois...
-Oui... J'peux pas comprendre que tous les 150 000 habitants de Trois-Rivières ne soient pas ici...
-Hum, lui rétorqué-je.
-Le monde sont larves! Ils se font plumer tous les jours, toutes les heures et toutes les secondes sans rien faire, sans broncher! Ils se font enculer par les libéraux et les capitalistes! Ils se font vider les poches par les riches qui ne paient jamais d'impôts! Ils votent pour des pourris sales! Ils prennent leurs informations dans les fuckin' médias corpos pleins d'marde qui leu' bourrent le trou d'cul avec toutes sortes de niaiseries pas d'classe: Mario Dumont, La Voix, Éric Duhaime le fasciste et tous les Martineau flasques et bedonnants du Québec! Ils encouragent les sans-coeur et sans-âme comme porte-parole de la minorité mafieuse! J'en ai plein l'cul, man, oui plein l'cul de ce monde crétin, nul à chier, rampant, vomitif... Oui, man, ils nous chient dans la bouche et il faudrait leur dire merci! Sacrament de calice de tabarnak de libéraux sales! Hostie d'riches de saint-cibouère! Ça va prendre une révolution, man, une fucking grosse révolution pour qu'el monde retrouve sa dignité, pour qu'on puisse boire l'eau du fleuve ou d'la rivière, pour qu'el monde puisse s'aimer sans avoir à penser à chaque heure d'la journée à payer pour les riches qui nous plument comme des hosties de dindes pas de têtes! Hosties de bourgeois sans coeur de calice! Les seuls qui peuvent parler dans les médias corpos sont ceux qui gagnent soixante milles et plus par année! Jamais qu'on entend le point de vue des pauvres! Jamais! À bas le capitalisme, man!
Son discours était beaucoup plus long que ce petit bout collé ici sur mon blogue.
J'acquiesçais à ses propos sans trop verser dans l'hypersensibilité puisque je suis moi-même devenu un vieux con qui en a vu d'autres. Je partageais ses vues et sa colère, mais je me taisais afin qu'il puisse vivre pleinement sa jeunesse dans toute la candeur de sa révolte contre l'injustice.
Ce gars-là, c'était moi avec trente ans de moins.
Et même à mon âge presque vénérable, je me reconnaissais encore dans cette révolte. Autrement, je n'aurais pas manifesté à ses côtés.
Le gars de Grand-Mère a repris sa corne de plastique et a soufflé un bon coup.
-Poueeeeeeeeeet!
-Nous, on l'a pas volé! qu'on s'est mis à scander en choeur.
Et puis, le reste, je ne m'en souviens plus.
J'ai rencontré un autre ami et la manif s'est poursuivie tout simplement.
Je n'ai pas revu le gars de Grand-Mère.
C'est pour cette raison, peut-être, que je vous en parle aujourd'hui.
mardi 31 mars 2015
lundi 30 mars 2015
La droite qui a du coeur...
"Singulière idée que d'écrire pour ceux qui dédaignent l'écriture! Amère ironie de prétendre persuader et convaincre alors que ma certitude profonde est que la part du monde encore susceptible de rachat n'appartient qu'aux enfants, aux héros et aux martyrs."
Georges Bernanos, Préface pour Les grands cimetières sous la lune
Georges Bernanos était un homme de droite qui avait, malgré tout, le coeur à la bonne place. Pendant la guerre civile espagnole, autour de 1936, il a dénoncé avec vigueur cette droite catholique qui soutenait le régime autoritaire du général Franco. Au contraire de nombreuses crapules de droite, Bernanos s'est indigné des souffrances infligées aux syndicalistes et aux communistes au nom d'un esprit qui n'avait de chrétien que le nom. Tout ce que je vous raconte se retrouve dans son livre intitulé Les grands cimetières sous la lune.
Se réjouir du malheur d'autrui est le summum de la barbarie. Même si je n'approuve pas les idées de droite, je ne me réjouirai jamais du malheur et des souffrances des hommes et des femmes de droite. Je ne réclamerai pas qu'on les pende à la lanterne ou bien qu'on les achève à coups de bâtons de baseball. Il y a une limite que je ne franchirai jamais, et c'est celle de la haine de l'humanité.
Je déteste le capitalisme, la morale de l'argent, le fascisme et l'austérité libérale. Cependant je ne me joindrai pas à la cohorte de ceux et celles qui voudraient plonger tous ceux qui pensent autrement dans une fournaise de glaives. J'aime mon prochain et mon prochain n'est pas celui qui me ressemble le plus, mais celui que je pourrais détester.
Que l'on soit de droite ou de gauche, il est indigne de réclamer la bastonnade contre des manifestants et de se réjouir des torts qu'on peut leur faire.
Je suis outré par ces gens qui prétendent qu'il n'y a aucune raison de manifester. Je le suis encore plus par ceux qui veulent les battre et se font les propagandistes de la haine aveugle véhiculée par certains éléments des forces policières.
Je condamne toutes les violences, autant celles de la gauche que celles de la droite.
Bernanos ne se réjouirait pas qu'une manifestante se soit fait tirer dessus en plein visage. Il n'aurait pas fait une page Facebook pour ridiculiser la manifestante blessée. Il n'aurait pas laissé un commentaire stupide sur cette affaire. Je crois même qu'il se serait comporté en gentleman, c'est-à-dire en bon chrétien, pour ce que ce mot peut encore signifier.
Le malheur avec la droite actuelle, la droite libertarienne, c'est qu'elle n'adhère à aucune valeur morale. On pouvait encore reprocher à Franco de renier la philosophie chrétienne. Reprochera-t-on à un libertarien de renier une forme d'humanisme quelconque alors qu'il se tient éloigné de toute forme de discours qui n'est pas en espèces sonnantes?
Je souhaite que les gens de droite qui ont encore un peu de coeur se joignent à moi pour refuser de se réjouir quand un homme ou une femme se fait tabasser par des policiers au cours d'une manifestation. Je souhaite qu'ils ne fassent pas partie de ces hordes de fascistes sans coeur et sans âme qui exacerbent les conflits sociaux au nom de l'argent, de cet argent qui n'est pas un but en soi, mais un outil pour les échanges entre les êtres humains, bref de cet argent qui est aussi une relation humaine.
Je cherche des Bernanos parmi les commentateurs et les critiques issus des rangs de la droite québécoise. J'en trouve fort peu. Il doit bien y en avoir quelques-uns. Je souhaite qu'ils se lèvent et qu'ils se manifestent.
vendredi 27 mars 2015
Mononcle Tom, Matante Jemima et le budget libéral
Le budget libéral a été déposé hier à l'Assemblée Nationale du Québec.
Je ne tiens pas à l'analyser. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) le soutient. J'en conclus que ce sera un autre budget qui favorisera les bandits à cravates. Comme d'habitude. Réjouissez-vous, bourgeois et esclavagistes modernes!
Il y avait des manifestants devant l'Assemblée Nationale, hier, suite au dépôt du budget.
Des tas de policiers de la Sûreté du Québec(SQ) encerclaient les manifestants. Ils étaient dotés de tout un arsenal au cas où les bandits à cravates leur donneraient l'ordre de faire verser le sang du peuple dans la rue. Il y avait aussi des chiens, des vrais chiens avec des crocs. Des bergers allemands. De pauvres chiens auxquels on a enseigné quelques méthodes fascistes de contrôle de foule.
Après la manifestation, chiens et policiers ont reçu leur gâterie pour avoir réprimé une fois de plus des jeunes qui apprennent à la dure les joies et les douleurs de la démocrasserie. Des augmentations de salaire pour les flics de la SQ et un bel os de jambon pour les chiens.
Il se trouvera des tas de larbins dans les médias traditionnels pour justifier les matraques, les chiens ou les mitrailleuses. Les méthodes de Pinochet sont à la mode chez une certaine classe de jambons qui n'ont jamais porté une pancarte de leur vie, ni signé une pétition, ni contesté l'autorité sous quelque forme que ce soit.
Ils ont toujours une belle pensée pour les régimes autoritaires où l'on réprime dans le sang les manifestations contre la dictature.
Ces petits caniches obéissants se dispensent de la honte d'obéir servilement en jouissant du malheur des insoumis. Ils aiment ce monde pollué, polluant et politiquement centré sur les intérêts des mafieux. Ils traitent les écologistes d'enverdeurs et prennent les manifestants pour de petites merdes auxquelles il faut donner la bastonnade.
Pendant les manifestations pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, les protestataires traitaient d'Oncle Tom les Noirs qui ne voulaient pas s'y joindre. Oncle Tom est le personnage principal du roman Uncle Tom's Cabin Harriet Beecher Stowe. C'est un serviteur dévoué, fidèle à son maître et à sa maîtresse blancs.
Combien y'a-t-il de Mononcle Tom et de Matante Jemima au Québec?
Combien de serviteurs dévoués, fidèles à leurs maîtres, pour se satisfaire de leur esclavage, du déni de leurs droits civiques, de leur statut d'objets dans un pays qui ne leur appartient pas?
Je pourrais poursuivre ad nauseam,
Doit-on se soucier de l'opinion de Mononcle Tom et de Matante Jemima si l'on est un esclave qui rêve de s'affranchir? Pas du tout.
L'essentiel est de poursuivre le combat pour l'émancipation.
L'essentiel c'est de reprendre la rue, malgré les larbins, les policiers, les chiens et les bandits à cravates.
Je ne tiens pas à l'analyser. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) le soutient. J'en conclus que ce sera un autre budget qui favorisera les bandits à cravates. Comme d'habitude. Réjouissez-vous, bourgeois et esclavagistes modernes!
Il y avait des manifestants devant l'Assemblée Nationale, hier, suite au dépôt du budget.
Des tas de policiers de la Sûreté du Québec(SQ) encerclaient les manifestants. Ils étaient dotés de tout un arsenal au cas où les bandits à cravates leur donneraient l'ordre de faire verser le sang du peuple dans la rue. Il y avait aussi des chiens, des vrais chiens avec des crocs. Des bergers allemands. De pauvres chiens auxquels on a enseigné quelques méthodes fascistes de contrôle de foule.
Après la manifestation, chiens et policiers ont reçu leur gâterie pour avoir réprimé une fois de plus des jeunes qui apprennent à la dure les joies et les douleurs de la démocrasserie. Des augmentations de salaire pour les flics de la SQ et un bel os de jambon pour les chiens.
Il se trouvera des tas de larbins dans les médias traditionnels pour justifier les matraques, les chiens ou les mitrailleuses. Les méthodes de Pinochet sont à la mode chez une certaine classe de jambons qui n'ont jamais porté une pancarte de leur vie, ni signé une pétition, ni contesté l'autorité sous quelque forme que ce soit.
Ils ont toujours une belle pensée pour les régimes autoritaires où l'on réprime dans le sang les manifestations contre la dictature.
Ces petits caniches obéissants se dispensent de la honte d'obéir servilement en jouissant du malheur des insoumis. Ils aiment ce monde pollué, polluant et politiquement centré sur les intérêts des mafieux. Ils traitent les écologistes d'enverdeurs et prennent les manifestants pour de petites merdes auxquelles il faut donner la bastonnade.
Pendant les manifestations pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis, les protestataires traitaient d'Oncle Tom les Noirs qui ne voulaient pas s'y joindre. Oncle Tom est le personnage principal du roman Uncle Tom's Cabin Harriet Beecher Stowe. C'est un serviteur dévoué, fidèle à son maître et à sa maîtresse blancs.
Combien y'a-t-il de Mononcle Tom et de Matante Jemima au Québec?
Combien de serviteurs dévoués, fidèles à leurs maîtres, pour se satisfaire de leur esclavage, du déni de leurs droits civiques, de leur statut d'objets dans un pays qui ne leur appartient pas?
Je pourrais poursuivre ad nauseam,
Doit-on se soucier de l'opinion de Mononcle Tom et de Matante Jemima si l'on est un esclave qui rêve de s'affranchir? Pas du tout.
L'essentiel est de poursuivre le combat pour l'émancipation.
L'essentiel c'est de reprendre la rue, malgré les larbins, les policiers, les chiens et les bandits à cravates.
jeudi 26 mars 2015
Les caissières trouvent que ça coûte cher
Il est des événements anodins en apparence qui peuvent prendre des proportions bien plus grandes qu'elles ne semblaient à prime abord.
Évidemment, je ne parle pas des cors aux pieds, bien que cela puisse entraver l'itinéraire d'une promenade ou bien d'une manifestation. Certains n'ont aucune résistance quand ils souffrent de cors aux pieds. Ils en auraient pour n'importe quoi, pour une dent qui branle, pour un pied de céleri, mais pas pour les cors aux pieds.
Je ne m'en vais certes pas vous raconter une histoire de cors aux pieds. J'en aurais très peu à dire sur le sujet puisque je vous le dis.
Non, chers lecteurs et lectrices, je vais plutôt vous parler des caissières.
N'allez pas croire que c'est pour me plaindre du mauvais service à la clientèle, du tutoiement outrancier ou de l'impatience de certaines d'entre elles.
J'aurais pu tout aussi bien parler des caissiers, mais mon propos n'a rien à voir avec le sexe masculin, puisqu'il s'agissait bien de caissières.
-Accouche qu'on baptise! que je vous entends me dire de l'autre côté de l'écran plat.
J'accouche, oui, oui, comme Socrate qui se croyait accoucheur d'âmes. Je n'arrive pas à la cheville de Socrate. On ne me connaît pas pour mes questions sans fin. Ma sagesse n'est souvent que passagère. La plupart du temps, je conviens que je ne suis qu'un christ de fou.
Je, me, moi et encore rien sur les caissières... Oui, il est temps que j'accouche.
Eh bien voilà. J'ai été surpris ces derniers temps par des caissières qui, plutôt que de me dire des trucs conventionnels, comme «Carte CAA? Air Miles? Coupons rabais?», m'ont fait part de leur étonnement pour le montant d'argent associé à mes petites emplettes.
Je passe à la caisse avec un petit paquet de fromage qui fait squouik-squouik, une bouteille de Pam à l'huile d'olive, deux contenants de framboises et peut-être un oignon.
-Quoi! s'étonne la caissière en regardant le montant qui apparaît sur l'écran. Ça coûte don' ben cher!!! Vingt-cinq piastres pour trois ou quatre quossins...
Je la regarde, un peu médusé. Elle se demande si elle a commis une erreur. Mais non, c'est vraiment vingt-cinq dollars pour tout ça.
-Vingt-cinq piastres, bâtard! J'en r'viens pas! Y'où c'est qu'on s'en va?
-L'hostie d'austérité, que je lui réplique. Ça stresse même l'économie...
-On se fait plumer comme des caves! qu'elle me répond du tac au tac.
J'emporte mes trois ou quatre quossins et reviens à la maison, songeur et un tant soit peu indigné par les bandits à cravates et autres mafieux qui volent l'argent du peuple.
Deux jours plus tard, je tombe sur une autre caissière dans un commerce quelconque qui a la même réaction.
-Hein!?! Cinquante-trois piastres pour trois ou quatre affaires! Ça coûte don' ben cher! J'ai mon voyage!
J'en reparle à ma blonde, bien sûr, puisque je lui raconte tout plusieurs fois jusqu'à ce que je ponde un texte et même après l'avoir écrit, la pauvre.
Elle aussi s'étonne d'entendre des caissières lui signifier que ça coûte cher.
-Sur quoi devrais-je écrire ce matin? que je lui demande.
-Écris sur les caissières qui s'étonnent que ça coûte cher, qu'elle m'a répondu.
Voilà. C'est fait.
Évidemment, je ne parle pas des cors aux pieds, bien que cela puisse entraver l'itinéraire d'une promenade ou bien d'une manifestation. Certains n'ont aucune résistance quand ils souffrent de cors aux pieds. Ils en auraient pour n'importe quoi, pour une dent qui branle, pour un pied de céleri, mais pas pour les cors aux pieds.
Je ne m'en vais certes pas vous raconter une histoire de cors aux pieds. J'en aurais très peu à dire sur le sujet puisque je vous le dis.
Non, chers lecteurs et lectrices, je vais plutôt vous parler des caissières.
N'allez pas croire que c'est pour me plaindre du mauvais service à la clientèle, du tutoiement outrancier ou de l'impatience de certaines d'entre elles.
J'aurais pu tout aussi bien parler des caissiers, mais mon propos n'a rien à voir avec le sexe masculin, puisqu'il s'agissait bien de caissières.
-Accouche qu'on baptise! que je vous entends me dire de l'autre côté de l'écran plat.
J'accouche, oui, oui, comme Socrate qui se croyait accoucheur d'âmes. Je n'arrive pas à la cheville de Socrate. On ne me connaît pas pour mes questions sans fin. Ma sagesse n'est souvent que passagère. La plupart du temps, je conviens que je ne suis qu'un christ de fou.
Je, me, moi et encore rien sur les caissières... Oui, il est temps que j'accouche.
Eh bien voilà. J'ai été surpris ces derniers temps par des caissières qui, plutôt que de me dire des trucs conventionnels, comme «Carte CAA? Air Miles? Coupons rabais?», m'ont fait part de leur étonnement pour le montant d'argent associé à mes petites emplettes.
Je passe à la caisse avec un petit paquet de fromage qui fait squouik-squouik, une bouteille de Pam à l'huile d'olive, deux contenants de framboises et peut-être un oignon.
-Quoi! s'étonne la caissière en regardant le montant qui apparaît sur l'écran. Ça coûte don' ben cher!!! Vingt-cinq piastres pour trois ou quatre quossins...
Je la regarde, un peu médusé. Elle se demande si elle a commis une erreur. Mais non, c'est vraiment vingt-cinq dollars pour tout ça.
-Vingt-cinq piastres, bâtard! J'en r'viens pas! Y'où c'est qu'on s'en va?
-L'hostie d'austérité, que je lui réplique. Ça stresse même l'économie...
-On se fait plumer comme des caves! qu'elle me répond du tac au tac.
J'emporte mes trois ou quatre quossins et reviens à la maison, songeur et un tant soit peu indigné par les bandits à cravates et autres mafieux qui volent l'argent du peuple.
Deux jours plus tard, je tombe sur une autre caissière dans un commerce quelconque qui a la même réaction.
-Hein!?! Cinquante-trois piastres pour trois ou quatre affaires! Ça coûte don' ben cher! J'ai mon voyage!
J'en reparle à ma blonde, bien sûr, puisque je lui raconte tout plusieurs fois jusqu'à ce que je ponde un texte et même après l'avoir écrit, la pauvre.
Elle aussi s'étonne d'entendre des caissières lui signifier que ça coûte cher.
-Sur quoi devrais-je écrire ce matin? que je lui demande.
-Écris sur les caissières qui s'étonnent que ça coûte cher, qu'elle m'a répondu.
Voilà. C'est fait.
mercredi 25 mars 2015
Fuck ma génération X!
Les étudiants manifestaient dans les rues de Montréal et Québec. Ils étaient plus de dix milles. Les médias corporatifs préfèrent dire quelques milliers...
Je ne voudrais pas passer pour le vieux qui se sert des jeunes comme de la chair à matraques pour la promotion de ses idées. J'ai l'excuse de participer aux manifs autant que faire se peut et j'y vais même quand nous sommes trois pelés et un tondu.
Cela dit, il y a eu 274 arrestations à Québec hier soir. Ce qui dépasse l'entendement dans un pays qui s'est doté d'une constitution qui reconnaît le droit d'association et la liberté d'expression.
Les étudiants déambulaient pourtant dans les rues hier en scandant le slogan des policiers qui se sont faits voler leur fonds de retraite par le gouvernement libéral du vizir Philippe-Flop Couillard.
-Nous, on l'a pas volé!
Le vol fait évidemment référence aux bandits qui soutiennent le gouvernement du Parti libéral du Québec. Les gens âgés de quarante ans et plus trouvent ça parfaitement normal, en général, que les bandits détournent les fonds publics. Ils trouvent tout aussi normal que les riches détournent leur fric vers les paradis fiscaux. Tout ce qu'ils trouvent d'anormal, en somme, c'est de voir des jeunes crottés dans les rues en train de revendiquer l'avènement d'un monde plus juste, plus propre et plus honnête.
Ce n'est que le début, bien sûr, et le combat va continuer.
Tous les commentateurs de droite des médias corporatifs vont vomir leur haine de ces pauvrichons qui portent des pancartes au lieu de se soumettre comme tous les larbins le font tous les jours.
Ils vont se donner des airs de forts en gueule, ces lopettes et ces jambons de la génération X, la mienne, la pire génération d'imbéciles heureux et de larves rampantes que le Québec ait mis au monde.
Je me réjouis de penser que le monde et les temps changent.
Bientôt, la génération X s'effacera et on ne gardera pour tout souvenir d'elle que ses remugles et ses airs de baveux à la Pinochet.
Une génération plus engagée s'est levée en 2012 et je me réjouis de constater qu'elle n'a pas encore abdiquée.
Les jambons peuvent continuer de réclamer la bastonnade pour tous ces jeunes indignés qui sont nettement moins cons et moins larves que leurs parents.
Bien sûr que je généralise.
Comme tous les commentateurs de la génération X qui vont le faire toute la journée.
Fuck la génération X!
Je ne voudrais pas passer pour le vieux qui se sert des jeunes comme de la chair à matraques pour la promotion de ses idées. J'ai l'excuse de participer aux manifs autant que faire se peut et j'y vais même quand nous sommes trois pelés et un tondu.
Cela dit, il y a eu 274 arrestations à Québec hier soir. Ce qui dépasse l'entendement dans un pays qui s'est doté d'une constitution qui reconnaît le droit d'association et la liberté d'expression.
Les étudiants déambulaient pourtant dans les rues hier en scandant le slogan des policiers qui se sont faits voler leur fonds de retraite par le gouvernement libéral du vizir Philippe-Flop Couillard.
-Nous, on l'a pas volé!
Le vol fait évidemment référence aux bandits qui soutiennent le gouvernement du Parti libéral du Québec. Les gens âgés de quarante ans et plus trouvent ça parfaitement normal, en général, que les bandits détournent les fonds publics. Ils trouvent tout aussi normal que les riches détournent leur fric vers les paradis fiscaux. Tout ce qu'ils trouvent d'anormal, en somme, c'est de voir des jeunes crottés dans les rues en train de revendiquer l'avènement d'un monde plus juste, plus propre et plus honnête.
Ce n'est que le début, bien sûr, et le combat va continuer.
Tous les commentateurs de droite des médias corporatifs vont vomir leur haine de ces pauvrichons qui portent des pancartes au lieu de se soumettre comme tous les larbins le font tous les jours.
Ils vont se donner des airs de forts en gueule, ces lopettes et ces jambons de la génération X, la mienne, la pire génération d'imbéciles heureux et de larves rampantes que le Québec ait mis au monde.
Je me réjouis de penser que le monde et les temps changent.
Bientôt, la génération X s'effacera et on ne gardera pour tout souvenir d'elle que ses remugles et ses airs de baveux à la Pinochet.
Une génération plus engagée s'est levée en 2012 et je me réjouis de constater qu'elle n'a pas encore abdiquée.
Les jambons peuvent continuer de réclamer la bastonnade pour tous ces jeunes indignés qui sont nettement moins cons et moins larves que leurs parents.
Bien sûr que je généralise.
Comme tous les commentateurs de la génération X qui vont le faire toute la journée.
Fuck la génération X!
mardi 24 mars 2015
Chacun sa route, les poubelles au chemin...
Éphrem Laramée n'avait foi en rien. On se doutait bien qu'il devait croire en quelque chose, comme si son incroyance n'était qu'une façade pour se protéger des effets pervers des systèmes de pensée et des institutions. Évidemment, il ne formulait aucun discours qui puisse nous permettre d'emprunter ce raccourci.
-Je n'ai foi en rien, qu'il disait. Chacun sa route, chacun son chemin, qu'il chantonnait sur un air connu de Tonton David.
Son prénom pourrait porter à penser qu'il était très vieux. Eh bien pas du tout. Éphrem avait à peine vingt-trois ans. Il devait son prénom étrange à ses origines haïtiennes. Aussi bien le dire tout de suite, Éphrem Laramée avait la peau foncée et ne connaissait que quelques mots de créole puisqu'il était né au Québec et adopté par des parents à la peau claire originaires de Montréal, David Laramée et Flora Béliveau en l'occurrence.
Éphrem était ce qu'on appelle un bon Jack, un gars qui pouvait vous prêter sa collection de DVD et oublier qu'il vous l'avait prêtée pour ne pas vous faire porter l'odieux de ne pas la lui avoir remise au bout de deux ans. Rien ne comptait pour lui sinon sa guitare sèche, la seule chose au monde qu'il ne vous aurait jamais prêtée.
-Chacun sa route, chacun son chemin... qu'il murmurait en grattant sa guitare dont les cordes n'avaient pas été changées depuis au moins deux ans.
Il était plutôt grand, un peu costaud et avait un visage enfantin et imberbe.
Éphrem participait à toutes les manifs où il avait l'impression de ne pas être là que pour satisfaire la soif de pouvoir d'un parti ou bien d'un comité.
C'était un gars engagé mais pas un gars qu'on pouvait facilement soumettre.
Éphrem était éboueur parce qu'il détestait l'école et que c'était le seul emploi qui avait retenu ses services au bout de deux ou trois cents demandes d'emploi. C'était un bon gars, Éphrem, mais il ne faudrait pas croire que le monde est mené par de bons gars. Le seul bon gars qu'il avait trouvé dans ses recherches d'emploi c'était le gros Gervais, gérant de la compagnie Les déchets propres.
C'était un sale boulot, vous vous en doutez bien, mais Éphrem n'avait pas d'autre alternative et espérait, évidemment, devenir chanteur populaire. Il jouait dans les bars une fois par six mois et on le payait surtout en bière et en alcool frelaté.
Éphrem se contentait, pour le moment, de cette vie absurde. Il ramassait des vidanges de nuit et, de jour, il dormait ou bien grattait sa guitare.
Il ne croyait en rien, je vous l'ai déjà dit, et ce n'est pas parce qu'il était un méchant homme.
Il avait seulement compris que ce monde-ci est rempli d'ordures.
-Chacun sa route, les poubelles au chemin... chantait-il par-dessus les accords simples qui sortaient de sa guitare.
Éphrem Laramée était un christ de bon gars.
Si j'en parle au passé, ce n'est pas parce qu'il est mort.
C'est tout simplement parce que je ne l'ai jamais revu depuis que je ne vis plus à Montréal.
Cela me réconcilie avec l'humanité de penser qu'il y a du bon monde sur cette planète.
J'aurai toujours une belle pensée pour Éphrem Laramée chaque fois que je sortirai mes vidanges.
-Je n'ai foi en rien, qu'il disait. Chacun sa route, chacun son chemin, qu'il chantonnait sur un air connu de Tonton David.
Son prénom pourrait porter à penser qu'il était très vieux. Eh bien pas du tout. Éphrem avait à peine vingt-trois ans. Il devait son prénom étrange à ses origines haïtiennes. Aussi bien le dire tout de suite, Éphrem Laramée avait la peau foncée et ne connaissait que quelques mots de créole puisqu'il était né au Québec et adopté par des parents à la peau claire originaires de Montréal, David Laramée et Flora Béliveau en l'occurrence.
Éphrem était ce qu'on appelle un bon Jack, un gars qui pouvait vous prêter sa collection de DVD et oublier qu'il vous l'avait prêtée pour ne pas vous faire porter l'odieux de ne pas la lui avoir remise au bout de deux ans. Rien ne comptait pour lui sinon sa guitare sèche, la seule chose au monde qu'il ne vous aurait jamais prêtée.
-Chacun sa route, chacun son chemin... qu'il murmurait en grattant sa guitare dont les cordes n'avaient pas été changées depuis au moins deux ans.
Il était plutôt grand, un peu costaud et avait un visage enfantin et imberbe.
Éphrem participait à toutes les manifs où il avait l'impression de ne pas être là que pour satisfaire la soif de pouvoir d'un parti ou bien d'un comité.
C'était un gars engagé mais pas un gars qu'on pouvait facilement soumettre.
Éphrem était éboueur parce qu'il détestait l'école et que c'était le seul emploi qui avait retenu ses services au bout de deux ou trois cents demandes d'emploi. C'était un bon gars, Éphrem, mais il ne faudrait pas croire que le monde est mené par de bons gars. Le seul bon gars qu'il avait trouvé dans ses recherches d'emploi c'était le gros Gervais, gérant de la compagnie Les déchets propres.
C'était un sale boulot, vous vous en doutez bien, mais Éphrem n'avait pas d'autre alternative et espérait, évidemment, devenir chanteur populaire. Il jouait dans les bars une fois par six mois et on le payait surtout en bière et en alcool frelaté.
Éphrem se contentait, pour le moment, de cette vie absurde. Il ramassait des vidanges de nuit et, de jour, il dormait ou bien grattait sa guitare.
Il ne croyait en rien, je vous l'ai déjà dit, et ce n'est pas parce qu'il était un méchant homme.
Il avait seulement compris que ce monde-ci est rempli d'ordures.
-Chacun sa route, les poubelles au chemin... chantait-il par-dessus les accords simples qui sortaient de sa guitare.
Éphrem Laramée était un christ de bon gars.
Si j'en parle au passé, ce n'est pas parce qu'il est mort.
C'est tout simplement parce que je ne l'ai jamais revu depuis que je ne vis plus à Montréal.
Cela me réconcilie avec l'humanité de penser qu'il y a du bon monde sur cette planète.
J'aurai toujours une belle pensée pour Éphrem Laramée chaque fois que je sortirai mes vidanges.
dimanche 22 mars 2015
La fièvre de l'encabané
Il a neigé hier.
Il a neigé cette nuit.
Il a neigé tout l'hiver.
Il a fait froid en novembre, décembre, janvier, février et mars.
Parfois, la neige fond, oui parfois elle fond...
Du coup, il fait moins froid, parfois...
Et puis viendra un jour où la neige ne sera plus là...
Et on verra pousser des pissenlits, puis des tulipes, des lilas, des pommiers...
Cependant, cela ne se passera pas comme ça aujourd'hui.
Aujourd'hui, il y a encore de la neige...
On entend encore les déneigeuses arracher l'asphalte dans les rues.
Je n'ose même pas penser à la profusion de nids de poules qu'il y aura au printemps dans nos rues.
La terre est encore gelée jusqu'à six pieds de profondeur.
Les tuyaux pourraient péter avec le dégel.
...
...
...
Ils ont une expression au Yukon pour décrire l'état d'âme d'un hiver trop long: cabin fever. L'expression ne vient pas que des Yukonnais, mais c'est de ceux-là que j'ai entendu cela la première fois.
Je me sens sur le bord d'attraper la fièvre de l'encabané.
...
En supplément, notre poète national, Émile Nelligan, vous récite ce poème d'outre-tombe:
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai.
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire ! où-vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…
Il a neigé cette nuit.
Il a neigé tout l'hiver.
Il a fait froid en novembre, décembre, janvier, février et mars.
Parfois, la neige fond, oui parfois elle fond...
Du coup, il fait moins froid, parfois...
Et puis viendra un jour où la neige ne sera plus là...
Et on verra pousser des pissenlits, puis des tulipes, des lilas, des pommiers...
Cependant, cela ne se passera pas comme ça aujourd'hui.
Aujourd'hui, il y a encore de la neige...
On entend encore les déneigeuses arracher l'asphalte dans les rues.
Je n'ose même pas penser à la profusion de nids de poules qu'il y aura au printemps dans nos rues.
La terre est encore gelée jusqu'à six pieds de profondeur.
Les tuyaux pourraient péter avec le dégel.
...
...
...
Ils ont une expression au Yukon pour décrire l'état d'âme d'un hiver trop long: cabin fever. L'expression ne vient pas que des Yukonnais, mais c'est de ceux-là que j'ai entendu cela la première fois.
Je me sens sur le bord d'attraper la fièvre de l'encabané.
...
En supplément, notre poète national, Émile Nelligan, vous récite ce poème d'outre-tombe:
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai.
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire ! où-vis-je ? où vais-je ?
Tous ses espoirs gisent gelés :
Je suis la nouvelle Norvège
D’où les blonds ciels s’en sont allés.
Pleurez, oiseaux de février,
Au sinistre frisson des choses,
Pleurez, oiseaux de février,
Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,
Aux branches du genévrier.
Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À tout l’ennui que j’ai, que j’ai !…
jeudi 19 mars 2015
Jacques Bérubé alias Jack Be-Cool
Il en est des langues comme il en est des cheveux. Les blondes et les blonds qui se teignent en noir se sentent toujours épiés par ceux qui pourraient démasquer la couleur d'origine de leurs poils. Ils croient épouser une couleur de cheveux alors que la repousse les trahit constamment. Il est difficile de cacher ses racines capillaires autant qu'il l'est de dissimuler ses racines culturelles.
Jacques Bérubé aimait se faire appeler Jack Be-Cool parce que cela faisait plus anglais. Ses cheveux noirs étaient teints en blond pour se conférer un air caucasien qui, par ailleurs, ne lui allait pas très bien. Il n'avait pas toujours le fric pour s'acheter de la teinture et ses cheveux finissaient par dévoiler deux couleurs. Pour pallier à la situation, Jack se les blanchissait au peroxyde, ce qui lui chauffait horriblement la tête.
-It sores quand tu veux être nice, qu'il se disait pour justifier sa douleur.
Cet énergumène de dix-huit ans n'était ni grand ni gros. Jack était moyen en tout et n'aspirait qu'à être comme tout le monde, c'est-à-dire blond aux yeux bleus et anglophone. Malheureusement, il provenait de Baie-Comeau et portait les gênes d'une famille québécoise métissée de Français, d'Innu et de Micmac. Les traits de son visage étaient plutôt de type aborigène, avec des pommettes bien gonflées, un nez droit et aquilin ainsi que des yeux légèrement bridés. Il étudiait en comptabilité au Cégep du Vieux-Montréal et détestait, vous vous en doutez bien, l'image de loser que lui renvoyait son miroir. Comment allait-il réussir dans la vie avec sa gueule et son accent de métèque?
-Je veux becoming someone, qu'il répétait souvent en inspectant son cuir chevelu brûlé par le peroxyde. Je just want pas devenir un ass-hole.
Le pauvre Jack ne connaissait malheureusement que des bribes d'anglais et n'aurait pas été capable d'entreprendre une vraie conversation dans la langue de Bill Gates. Il ne comprenait pas la moitié de ce qui se disait ou s'écrivait en anglais. Cependant, il avait appris à faire semblant en hochant de la tête chaque fois qu'un gus lui disait quelque chose en anglais.
-Yes, yes, yes. All right. It's a shitty place. Fuck that.
Jack ne mettait évidemment aucun effort pour bien parler et bien écrire le français, cette langue de perdants, de nuls à chier et d'incapables qui ne font que brailler tout le temps pour préserver des chansons ou des films que personne ne veut voir et entendre.
Son groupe préféré, Full Shit For Everybody, chantait en anglais. Son film préféré, Total Gore, était un film anglais. Et c'était idoine pour sa pin-up préférée, une anglaise surnommée Red Princess Layla. Pourquoi le français existait-il? Pourquoi ces professeurs l'emmerdaient-ils constamment avec Émile Nelligan ou Luc what-the-fuck Plamondon pour ne nommer que ceux qu'il avait retenus.
-They speak même pas anglais, qu'il disait, Jack, en tournant les mèches de ses cheveux feints en blond.
Vu de l'extérieur, on comprenait que Jack n'était pas encore devenu lui-même. Il était l'expression de son époque, bien entendu, et ressemblait à tous ses amis qui, comme lui, détestaient profondément leur statut de colonisé. Ils aspiraient à s'accaparer la culture des conquérants avec plus ou moins d'aisance, ne réalisant pas qu'on ne respecte généralement pas ceux qui ne se respectent pas eux-mêmes.
Encore quelques années et Jack Be-Cool redeviendra Jacques Bérubé. Ses cheveux noirs de jais ne seront plus teints en blond et sa langue sera soit celle du conquérant ou bien celle de ses parents, puisqu'on ne peut pas vivre toute sa vie entre deux chaises, une position inconfortable qui mène tout droit à celle de loser dans n'importe quelle langue ou coin reculé du globe.
***
Il peut sembler ringard d'adopter ce point de vue. Ça l'est sans doute un peu. L'auteur de ces lignes se fait vieux et ne comprend plus son époque. Peut-être qu'il serait dû pour un long repos dans une cabane de bois isolée de la dégénérescence de sa culture...
Jacques Bérubé aimait se faire appeler Jack Be-Cool parce que cela faisait plus anglais. Ses cheveux noirs étaient teints en blond pour se conférer un air caucasien qui, par ailleurs, ne lui allait pas très bien. Il n'avait pas toujours le fric pour s'acheter de la teinture et ses cheveux finissaient par dévoiler deux couleurs. Pour pallier à la situation, Jack se les blanchissait au peroxyde, ce qui lui chauffait horriblement la tête.
-It sores quand tu veux être nice, qu'il se disait pour justifier sa douleur.
Cet énergumène de dix-huit ans n'était ni grand ni gros. Jack était moyen en tout et n'aspirait qu'à être comme tout le monde, c'est-à-dire blond aux yeux bleus et anglophone. Malheureusement, il provenait de Baie-Comeau et portait les gênes d'une famille québécoise métissée de Français, d'Innu et de Micmac. Les traits de son visage étaient plutôt de type aborigène, avec des pommettes bien gonflées, un nez droit et aquilin ainsi que des yeux légèrement bridés. Il étudiait en comptabilité au Cégep du Vieux-Montréal et détestait, vous vous en doutez bien, l'image de loser que lui renvoyait son miroir. Comment allait-il réussir dans la vie avec sa gueule et son accent de métèque?
-Je veux becoming someone, qu'il répétait souvent en inspectant son cuir chevelu brûlé par le peroxyde. Je just want pas devenir un ass-hole.
Le pauvre Jack ne connaissait malheureusement que des bribes d'anglais et n'aurait pas été capable d'entreprendre une vraie conversation dans la langue de Bill Gates. Il ne comprenait pas la moitié de ce qui se disait ou s'écrivait en anglais. Cependant, il avait appris à faire semblant en hochant de la tête chaque fois qu'un gus lui disait quelque chose en anglais.
-Yes, yes, yes. All right. It's a shitty place. Fuck that.
Jack ne mettait évidemment aucun effort pour bien parler et bien écrire le français, cette langue de perdants, de nuls à chier et d'incapables qui ne font que brailler tout le temps pour préserver des chansons ou des films que personne ne veut voir et entendre.
Son groupe préféré, Full Shit For Everybody, chantait en anglais. Son film préféré, Total Gore, était un film anglais. Et c'était idoine pour sa pin-up préférée, une anglaise surnommée Red Princess Layla. Pourquoi le français existait-il? Pourquoi ces professeurs l'emmerdaient-ils constamment avec Émile Nelligan ou Luc what-the-fuck Plamondon pour ne nommer que ceux qu'il avait retenus.
-They speak même pas anglais, qu'il disait, Jack, en tournant les mèches de ses cheveux feints en blond.
Vu de l'extérieur, on comprenait que Jack n'était pas encore devenu lui-même. Il était l'expression de son époque, bien entendu, et ressemblait à tous ses amis qui, comme lui, détestaient profondément leur statut de colonisé. Ils aspiraient à s'accaparer la culture des conquérants avec plus ou moins d'aisance, ne réalisant pas qu'on ne respecte généralement pas ceux qui ne se respectent pas eux-mêmes.
Encore quelques années et Jack Be-Cool redeviendra Jacques Bérubé. Ses cheveux noirs de jais ne seront plus teints en blond et sa langue sera soit celle du conquérant ou bien celle de ses parents, puisqu'on ne peut pas vivre toute sa vie entre deux chaises, une position inconfortable qui mène tout droit à celle de loser dans n'importe quelle langue ou coin reculé du globe.
***
Il peut sembler ringard d'adopter ce point de vue. Ça l'est sans doute un peu. L'auteur de ces lignes se fait vieux et ne comprend plus son époque. Peut-être qu'il serait dû pour un long repos dans une cabane de bois isolée de la dégénérescence de sa culture...
mercredi 18 mars 2015
Vivement le printemps!
Je serais dû pour écrire une historiette, un conte ou bien une fable. Un peu de littérature me permet de me soutirer des puits sans fonds de l'actualité pour mieux me consacrer à des thèmes universels et intemporels. Je veux bien faire partie de mon temps et de mon monde, mais à distance, comme le Micromégas de Voltaire, cet extra-terrestre qui observe les Terriens du point de vue de Sirius...
Le malheur c'est que je ne connais pas grand chose de Sirius. Je n'en connais même pas assez de ma propre planète qui recèle tant de mythes et tant de mystères.
Dans le doute, il m'est toujours loisible d'écrire quelque chose à propos de la température.
L'hiver perdure et le printemps tarde à se montrer le bouton de pissenlit.
La neige soufflait encore hier sur mon pays. Je ressentais un spleen à la hauteur d'un hiver qui ne finit plus.
Réfléchir sous de telles conditions tient parfois de l'exploit. Les Québécois ont beau être faits aussi forts que les Sibériens qu'il y a des limites à ne pas franchir.
Le sol est encore gelé jusqu'à deux mètres de profondeur et les lacs sont toujours enfouis sous soixante centimètres d'épaisseur de glace. Les signes du dégel se font à peine voir et entendre. Bien sûr, les corneilles poussent leurs chants pour nous rappeler que la dernière tempête s'approche. Cependant, aucune hirondelle n'est là pour faire le printemps.
Les érables ne coulent pas. On se pourlèche encore sur les récoltes de sirop de l'an passé.
La politique? Elle est aussi triste et prosaïque que la froideur. L'austérité poursuit son chemin, dépouillant les pauvres et les humbles de tous leurs maigres biens pour le plus grand plaisir des saigneurs de la Terre.
Je pourrais continuer ainsi pendant des pages et des pages. Vous finiriez par avoir le goût de vous pendre.
Oui, c'est encore l'hiver. Non, ce n'est pas le printemps.
Trois-Rivières est pourtant sous la même latitude que Madrid, là où il pousse des oranges.
L'Île de la Tortue demeure une terre relativement inhospitalière où il faut bosser dur pour se payer des oranges de Floride ou bien d'Espagne sous l'oeil avide de nos riches insatiables.
Même ceux et celles qui sont habitués finissent par en avoir assez.
Pourquoi parlons-nous tant de météo? C'est évident... Nous passons d'une température de cul à l'autre. Nos hivers sont trop longs. Nos étés sont trop chauds. Le printemps ne dure qu'un temps. L'automne est terminé en septembre.
Je n'avais vraiment rien à dire aujourd'hui.
Je m'étonne d'avoir rempli tant d'espace avec le néant qui m'habite.
Vivement le printemps!
mardi 17 mars 2015
Les marchands de bonheur sont des ordures
Ma blonde est tombée par hasard sur l'entrevue d'un conférencier qui parlait du bonheur. Je ne sais pas qui c'était mais vous le voyez venir. C'était une espèce de charlatan pour bourgeois gentilhomme qui s'amuse à vous trouver des raisons pour être heureux dans la biologie, Spinoza ou bien dans le processus d'individuation propre au lexique de la psychologie. Ma blonde, intelligente comme moi, l'a ignoré au bout de quelques secondes. Elle l'a supprimé d'un seul clic.
-Son bonheur c'est de vider vos poches... que nous nous sommes dits.
Évidemment, le grelot avait mentionné qu'il n'y avait pas de clé pour le bonheur. S'il n'avait dit que cela, il gagnerait fort mal sa vie. Il fallait bien qu'il emberlificote son discours à la manière de Clotaire Rapaille qui s'offre la ville de Québec avec des théories bidons sur l'esprit reptilien et sa rencontre avec Félix Leclerc sur les plages bombardées de la Normandie...
J'aurai la finesse d'esprit de ne pas vous dire ce qu'est le bonheur.
J'ai ma petite idée à ce sujet mais je ne la conserve que pour moi, comme l'on se tairait sur un bon emplacement pour la pêche ou pour goûter à la tranquillité d'esprit.
Les sophistes m'emmerdent royalement. Je les fuis comme la peste. Dès que j'en vois un, je change de trottoir.
Bien sûr qu'il existe des esprits fragiles, comme Monsieur Jourdain, alias le bourgeois gentilhomme de Molière, pour s'acheter tout un tas de leçons inutiles sur la musique, les arts ou les lettres. Comme ils n'ont pas le temps de vivre pleinement ces expériences, ils s'exercent à les vivre par procuration pour le plus grand bonheur des vendeurs de vent.
Rien ne me rend plus pourpre de colère que les motivologues, pédagogues et autres donneurs de leçons sur l'art de vivre.
Cela me rappelle cette anecdote de Alain Stanké à propos d'un docteur montréalais qui avait été pressenti pour recevoir le Prix Nobel de médecine compte tenu de ses recherches sur le stress. L'épouse du docteur avait avoué à Stanké que son mari surconsommait des quantités considérables de valium... Tout un spécialiste du stress! Non mais, quelle connerie!
Spécialistes du bonheur, de la sobriété ou de quoi ce soit ne méritent que du mépris.
Le bonheur, c'est comme des carrés de sucre à la crème. Quand tu n'en as pas, tu t'en fais. Je me contente de ce proverbe bien québécois pour ne pas succomber sous les griffes des Clotaire Rapaille de ce monde.
-Son bonheur c'est de vider vos poches... que nous nous sommes dits.
Évidemment, le grelot avait mentionné qu'il n'y avait pas de clé pour le bonheur. S'il n'avait dit que cela, il gagnerait fort mal sa vie. Il fallait bien qu'il emberlificote son discours à la manière de Clotaire Rapaille qui s'offre la ville de Québec avec des théories bidons sur l'esprit reptilien et sa rencontre avec Félix Leclerc sur les plages bombardées de la Normandie...
J'aurai la finesse d'esprit de ne pas vous dire ce qu'est le bonheur.
J'ai ma petite idée à ce sujet mais je ne la conserve que pour moi, comme l'on se tairait sur un bon emplacement pour la pêche ou pour goûter à la tranquillité d'esprit.
Les sophistes m'emmerdent royalement. Je les fuis comme la peste. Dès que j'en vois un, je change de trottoir.
Bien sûr qu'il existe des esprits fragiles, comme Monsieur Jourdain, alias le bourgeois gentilhomme de Molière, pour s'acheter tout un tas de leçons inutiles sur la musique, les arts ou les lettres. Comme ils n'ont pas le temps de vivre pleinement ces expériences, ils s'exercent à les vivre par procuration pour le plus grand bonheur des vendeurs de vent.
Rien ne me rend plus pourpre de colère que les motivologues, pédagogues et autres donneurs de leçons sur l'art de vivre.
Cela me rappelle cette anecdote de Alain Stanké à propos d'un docteur montréalais qui avait été pressenti pour recevoir le Prix Nobel de médecine compte tenu de ses recherches sur le stress. L'épouse du docteur avait avoué à Stanké que son mari surconsommait des quantités considérables de valium... Tout un spécialiste du stress! Non mais, quelle connerie!
Spécialistes du bonheur, de la sobriété ou de quoi ce soit ne méritent que du mépris.
Le bonheur, c'est comme des carrés de sucre à la crème. Quand tu n'en as pas, tu t'en fais. Je me contente de ce proverbe bien québécois pour ne pas succomber sous les griffes des Clotaire Rapaille de ce monde.
lundi 16 mars 2015
Ah! ces modèles de bonne gestion des fonds publics...
Je reviens d'une fin de semaine de contemplation dans le fin fond du rang St-Pierre à Hérouxville. Je n'ai pas vidé mon sac comme il le fallait la semaine dernière, suite aux propos de Jean Lala Tremblay et du vizir Phillipe Couillard. Ces démagogues ont laissé entendre que Greenpeace et les intellectuels étaient responsables des malheurs économiques du Saguenay. Même le maire de Trois-Rivières a fait de la surenchère à ce sujet. Mais lui, bon, même ses amis commencent à en avoir soupé. On ne se mettra pas à tirer sur des ambulances...
Tout le monde sait qu'il n'y a rien de plus immoral que de faire appel à la moralité des riches quand il s'adonne à se moquer des lois et des règles de vie en communauté. Un bandit ne devrait jamais se faire reprocher de voler des gens ou bien de ne pas respecter les lois puisque sans les bandits les gens ne travailleraient pas... à enrichir les fripouilles qui nous dépouillent.
Les clients, ces maudits fous, réclament que l'on respecte certaines normes environnementales quand ils font le choix d'acheter tel ou tel produit. Si votre papier ne respecte pas leur choix, c'est votre hostie de problème! Ceux qui ne comprennent pas ça ne comprendront jamais rien et resteront pauvres dans un pays de sodomites passifs qui se croient de connivence avec les bandits alors que les bandits les traitent comme des crottes de nez.
Voter à droite est la meilleure manière de se soumettre. C'est la seule manière d'abdiquer devant les bandits. Si vous aimez dilapider les fonds publics, votez à droite et vous serez bien servi en ce sens. Bien mieux qu'avec la gauche et ses petits déjeuners pour les enfants pauvres et ses écoles pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Avec la droite, on est en business, prêt à rendre les riches repus et à affamer les pauvres.
***
Le projet de Centre hospitalier de l'Université McGill a coûté près de un milliard de dollars de fonds publics. Le vizir Philippe Couillard et son partenaire d'affaires Arthur Porter étaient derrière ce projet. Arthur Porter aurait détourné 20 millions de dollars. Nos deux loustics siégeaient aussi sur le comité de surveillance du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS) et avaient accès à des documents classés Top Secret... TABARNAK! est la seule expression qui me vienne à l'esprit quand j'y songe et que je me demande quel est le lien entre l'Arabie Saoudite et la chute des deux tours du World Trade Center...
Le vizir Couillard, ex-employé de l'Arabie Saoudite et conseiller spécial d'un prince des lieux, n'a certes pas de leçons de morale à prodiguer à qui que ce soit, sinon aux intellectuels et aux militants de Greenpeace qui, on le sait bien, sont devenus les boucs émissaires de la mauvaise gestion au quotidien du Saguenay et autres trous environnants.
Je m'inquiète bien plus des liens existants entre Arthur Porter, Philippe Couillard et l'Arabie Saoudite que je ne m'inquiète de la vente de papier qui ne respecte aucune norme. Évidemment, vaut mieux détourner l'attention quand on a les deux pieds dans la mélasse. La propagande et la démagogie doivent toujours être au service des gens à la morale élastique sans lesquels 30% du fric lié aux subventions publiques n'aboutirait pas dans les poches de la mafia.
***
J'ai encore des vacances devant moi.
Je sais bien que je ne réglerai pas le sort du monde, surtout qu'il y a du monde qui vote pour la pourriture par manque d'imagination ou bien par soumission aveugle, je ne sais trop.
J'ai le malheur d'être un intellectuel plutôt près de Greenpeace.
Il m'est difficile de comprendre que les riches ont le droit de tout faire pour notre bien à tous.
Il m'est difficile d'admettre qu'il n'y a rien de plus noble que d'engraisser des bandits quand il s'agit de favoriser l'avancement de notre communauté.
Il m'est impossible, en conclusion, de me soumettre à une bande de malfrats libéraux ou conservateurs.
Tout le monde sait qu'il n'y a rien de plus immoral que de faire appel à la moralité des riches quand il s'adonne à se moquer des lois et des règles de vie en communauté. Un bandit ne devrait jamais se faire reprocher de voler des gens ou bien de ne pas respecter les lois puisque sans les bandits les gens ne travailleraient pas... à enrichir les fripouilles qui nous dépouillent.
Les clients, ces maudits fous, réclament que l'on respecte certaines normes environnementales quand ils font le choix d'acheter tel ou tel produit. Si votre papier ne respecte pas leur choix, c'est votre hostie de problème! Ceux qui ne comprennent pas ça ne comprendront jamais rien et resteront pauvres dans un pays de sodomites passifs qui se croient de connivence avec les bandits alors que les bandits les traitent comme des crottes de nez.
Voter à droite est la meilleure manière de se soumettre. C'est la seule manière d'abdiquer devant les bandits. Si vous aimez dilapider les fonds publics, votez à droite et vous serez bien servi en ce sens. Bien mieux qu'avec la gauche et ses petits déjeuners pour les enfants pauvres et ses écoles pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Avec la droite, on est en business, prêt à rendre les riches repus et à affamer les pauvres.
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Le projet de Centre hospitalier de l'Université McGill a coûté près de un milliard de dollars de fonds publics. Le vizir Philippe Couillard et son partenaire d'affaires Arthur Porter étaient derrière ce projet. Arthur Porter aurait détourné 20 millions de dollars. Nos deux loustics siégeaient aussi sur le comité de surveillance du Service canadien de renseignements et de sécurité (SCRS) et avaient accès à des documents classés Top Secret... TABARNAK! est la seule expression qui me vienne à l'esprit quand j'y songe et que je me demande quel est le lien entre l'Arabie Saoudite et la chute des deux tours du World Trade Center...
Le vizir Couillard, ex-employé de l'Arabie Saoudite et conseiller spécial d'un prince des lieux, n'a certes pas de leçons de morale à prodiguer à qui que ce soit, sinon aux intellectuels et aux militants de Greenpeace qui, on le sait bien, sont devenus les boucs émissaires de la mauvaise gestion au quotidien du Saguenay et autres trous environnants.
Je m'inquiète bien plus des liens existants entre Arthur Porter, Philippe Couillard et l'Arabie Saoudite que je ne m'inquiète de la vente de papier qui ne respecte aucune norme. Évidemment, vaut mieux détourner l'attention quand on a les deux pieds dans la mélasse. La propagande et la démagogie doivent toujours être au service des gens à la morale élastique sans lesquels 30% du fric lié aux subventions publiques n'aboutirait pas dans les poches de la mafia.
***
J'ai encore des vacances devant moi.
Je sais bien que je ne réglerai pas le sort du monde, surtout qu'il y a du monde qui vote pour la pourriture par manque d'imagination ou bien par soumission aveugle, je ne sais trop.
J'ai le malheur d'être un intellectuel plutôt près de Greenpeace.
Il m'est difficile de comprendre que les riches ont le droit de tout faire pour notre bien à tous.
Il m'est difficile d'admettre qu'il n'y a rien de plus noble que d'engraisser des bandits quand il s'agit de favoriser l'avancement de notre communauté.
Il m'est impossible, en conclusion, de me soumettre à une bande de malfrats libéraux ou conservateurs.
vendredi 13 mars 2015
I won't give a shit for Jean Tremblay
Jean Tremblay, mayor of Saguenay, has recently said that we've got to figth against Greenpeace and intellectuals. That is why I'm written in English today on my blog, to be sure I could find a way to protect the environment as well as the intellectuals.
There are too much shit-for-brains by these times in Quebec who talk and act like fascists. A bunch of bullies became politicians for promoting hate. If you know how to read and write, you're on the way to become the scapegoat of those fucking jerks.
Usually, I write in French. But now, I ought to improve my English in the case those stupid fascists would take too much power in Quebec. We never know what could happen, especially when you see all our brains flying out through other provinces in Canada and even other countries.
I won't give a shit for Jean Tremblay, Philippe Couillard and other demagogues.
There are too much shit-for-brains by these times in Quebec who talk and act like fascists. A bunch of bullies became politicians for promoting hate. If you know how to read and write, you're on the way to become the scapegoat of those fucking jerks.
Usually, I write in French. But now, I ought to improve my English in the case those stupid fascists would take too much power in Quebec. We never know what could happen, especially when you see all our brains flying out through other provinces in Canada and even other countries.
I won't give a shit for Jean Tremblay, Philippe Couillard and other demagogues.
jeudi 12 mars 2015
Clé pour comprendre la raison d'être de mon blogue
Tout écrivain est condamné à reprendre inlassablement les mêmes thèmes sous des angles qui lui semblent nouveaux. Les récits de la Kolyma, de Varlam Chalamov, en est un bel exemple. Les récits de Chalamov s'entrecoupent et se répètent, mais tout cela se tient comme le témoignage d'un survivant de l'enfer.
Ma vie n'a rien à envier de Chalamov. J'ai le bonheur de vivre libre et relativement heureux. Mes malheurs ne sont pas ceux de vivre dans un camp de travail à me nourrir de gruau de poisson pourri assaisonné de coups de poings sur la gueule. Dans mon pays, malgré les hauts cris de certaines charognes qui font profession de politicien, les intellectuels ne sont pas encore condamnés aux travaux forcés. Leur sort n'est pas toujours enviable, mais on ne peut pas dire qu'ils sont systématiquement considérés comme des ennemis du peuple pour la plus grande joie des hitléro-staliniens de ce monde.
Là où je me répète aujourd'hui sur mon blogue, ce n'est certes pas pour vous raconter des peurs sur les régimes totalitaires. Vous vous doutez déjà qu'il y a mieux à faire d'une communauté humaine que de tous nous condamner à la médiocrité et au cannibalisme.
Je me répète à propos du Journal d'un écrivain de Dostoïevski, ce sacré Dostoïevski qui, à l'instar de tous ces auteurs russes, revient si souvent sous ma plume. J'ai contracté tout jeune la manie de citer les écrivains et poètes russes, manie en partie alimentée par feu mon directeur de thèse de maîtrise en philosophie, le très regretté Alexis Klimov. Sa passion pour les arts et les lettres était telle qu'il me donnait l'envie de me claquer tout ce qu'il avait lu. Dont le Journal d'un écrivain de Dostoïevski.
Pourquoi je vous reviens encore avec le Journal d'un écrivain?
Eh bien, parce que mon blogue, d'un billet à l'autre, me semble une copie conforme du Journal d'un écrivain. Talent en moins, me direz-vous, mais bon je ne suis pas susceptible et admets la critique.
Le Journal d'un écrivain se promène d'un sujet à l'autre. Il couvre autant l'actualité que les arts, la philosophie et la littérature. Dostoïevski s'y permet tout. Un jour, il écrit sur la politique du tsar. Le lendemain, il nous surprend avec un récit déjanté sur la communication entre les morts. Il n'est jamais là où on l'attend parce qu'il craint sans doute de s'endormir dans l'actualité.
Ses textes les plus mauvais sont ceux qui font référence à l'actualité. Ils vieillissent mal. Le conservatisme de ses vues finit par nous lasser. Par contre, ses nouvelles sont éternelles en ceci qu'elles n'épousent pas nécessairement une idéologie. J'en tire des leçons et m'efforce tant bien que mal à ne pas m'enfoncer dans l'actualité pour survivre à mes points de vue changeants. Rien de mieux que de rédiger un conte, une fable ou bien un récit pour me délivrer du mal et m'obliger à renaître.
Plusieurs de mes lecteurs, en lisant ce billet-ci, se diront en eux-mêmes que je n'avais pas besoin de vous raconter ça. C'est tout aussi soporifique qu'un commentaire sur l'oeuvre du Docteur Mailloux, j'en conviens.
Néanmoins, cela me démangeait de me répéter à ce sujet, histoire de vous donner une clé pour mieux saisir la raison d'être de ce blogue. Cela ne vous empêchera pas de dormir ce soir et moi non plus, je sais.
Je vous raconte ça en me disant que j'aurais mieux fait de vous raconter l'histoire d'un chapeau qui est sorti d'un lapin lors de la Pâques orthodoxe de 1932. Vous m'auriez cru tout aussi cinglé. Toutefois, la littérature ne condamne pas les excès, au contraire des opinions sur l'actualité, qui doivent être bien argumentées, bien documentées et, souvent, bien ennuyantes.
Ma vie n'a rien à envier de Chalamov. J'ai le bonheur de vivre libre et relativement heureux. Mes malheurs ne sont pas ceux de vivre dans un camp de travail à me nourrir de gruau de poisson pourri assaisonné de coups de poings sur la gueule. Dans mon pays, malgré les hauts cris de certaines charognes qui font profession de politicien, les intellectuels ne sont pas encore condamnés aux travaux forcés. Leur sort n'est pas toujours enviable, mais on ne peut pas dire qu'ils sont systématiquement considérés comme des ennemis du peuple pour la plus grande joie des hitléro-staliniens de ce monde.
Là où je me répète aujourd'hui sur mon blogue, ce n'est certes pas pour vous raconter des peurs sur les régimes totalitaires. Vous vous doutez déjà qu'il y a mieux à faire d'une communauté humaine que de tous nous condamner à la médiocrité et au cannibalisme.
Je me répète à propos du Journal d'un écrivain de Dostoïevski, ce sacré Dostoïevski qui, à l'instar de tous ces auteurs russes, revient si souvent sous ma plume. J'ai contracté tout jeune la manie de citer les écrivains et poètes russes, manie en partie alimentée par feu mon directeur de thèse de maîtrise en philosophie, le très regretté Alexis Klimov. Sa passion pour les arts et les lettres était telle qu'il me donnait l'envie de me claquer tout ce qu'il avait lu. Dont le Journal d'un écrivain de Dostoïevski.
Pourquoi je vous reviens encore avec le Journal d'un écrivain?
Eh bien, parce que mon blogue, d'un billet à l'autre, me semble une copie conforme du Journal d'un écrivain. Talent en moins, me direz-vous, mais bon je ne suis pas susceptible et admets la critique.
Le Journal d'un écrivain se promène d'un sujet à l'autre. Il couvre autant l'actualité que les arts, la philosophie et la littérature. Dostoïevski s'y permet tout. Un jour, il écrit sur la politique du tsar. Le lendemain, il nous surprend avec un récit déjanté sur la communication entre les morts. Il n'est jamais là où on l'attend parce qu'il craint sans doute de s'endormir dans l'actualité.
Ses textes les plus mauvais sont ceux qui font référence à l'actualité. Ils vieillissent mal. Le conservatisme de ses vues finit par nous lasser. Par contre, ses nouvelles sont éternelles en ceci qu'elles n'épousent pas nécessairement une idéologie. J'en tire des leçons et m'efforce tant bien que mal à ne pas m'enfoncer dans l'actualité pour survivre à mes points de vue changeants. Rien de mieux que de rédiger un conte, une fable ou bien un récit pour me délivrer du mal et m'obliger à renaître.
Plusieurs de mes lecteurs, en lisant ce billet-ci, se diront en eux-mêmes que je n'avais pas besoin de vous raconter ça. C'est tout aussi soporifique qu'un commentaire sur l'oeuvre du Docteur Mailloux, j'en conviens.
Néanmoins, cela me démangeait de me répéter à ce sujet, histoire de vous donner une clé pour mieux saisir la raison d'être de ce blogue. Cela ne vous empêchera pas de dormir ce soir et moi non plus, je sais.
Je vous raconte ça en me disant que j'aurais mieux fait de vous raconter l'histoire d'un chapeau qui est sorti d'un lapin lors de la Pâques orthodoxe de 1932. Vous m'auriez cru tout aussi cinglé. Toutefois, la littérature ne condamne pas les excès, au contraire des opinions sur l'actualité, qui doivent être bien argumentées, bien documentées et, souvent, bien ennuyantes.
mercredi 11 mars 2015
Épître au maire de Saguenay: Je suis intellectuel
Le maire de Saguenay a déclaré hier qu'il fallait mobiliser les gens de son patelin contre les militants de Greenpeace et les intellectuels de ce monde. Il a même menacé de défenestrer les militants de Greenpeace qui se présenteraient à l'Hôtel de Ville. S'ajoute à ce tempérament sanguin et foncièrement despotique la manie qu'il a de se poser en chevalier du christianisme, une religion dite d'amour qu'il sert avec tout ce qu'il est capable d'afficher en termes de haine et de mépris d'autrui.
Je sais depuis l'école polyvalente Sainte-Ursule qu'il est mal vu d'être un intellectuel. L'intellectuel, c'est le Schtroumf à lunette qui fait chier tout le monde avec le respect des lois et des livres. Le Schtroumpf à lunette c'est celui qui reprend les Schroumpfs corrompus ou les Bleuets du Lac St-Jean.
Quoi de plus normal que de vouloir l'assommer, l'enfermer dans un casier ou bien l'empoisonner au polonium, comme semblent le faire certains Russes avec les journalistes et les militants de l'opposition. Ces trouble-fêtes méritent d'être éliminés afin de permettre aux salauds de poursuivre leurs saloperies.
Je suis un intellectuel. Je porte des lunettes. Sous le régime des Khmers Rouges, on m'aurait tué du simple fait que je porte des lunettes. On ne fait pas de révolution digne de ce nom avec des gens qui lisent des livres voyez-vous. Surtout quand notre révolution constitue un retour au Moyen-Âge, avec l'amour courtois et la belle croisade chrétienne qui flambe tout sur son passage.
Heureusement que j'ai appris à me battre en plus de savoir lire et écrire.
J'ai toujours été un intellectuel de combat.
Ceux qui se moquaient des intellectuels et des artistes, je ne me suis jamais gêné pour les assommer à grands coups de Dostoïevski dans la gueule. Je n'ai jamais craint les rustres, les malabars et autres crétins forts en gueule mais petits en cervelle. Le muscle le plus important, c'est le cerveau.
J'ai aussi l'avantage de mesurer six pieds deux pouces et de peser tout près de deux cent quatre-vingt-dix livres. Je ne suis pas facile à tasser de là. J'ai de la portée de bras autant que de la portée intellectuelle. Et, de plus, j'ai l'âme d'un artiste et un coeur d'or.
Je ne dis pas ça pour me vanter, loin s'en faut. Je dis ça pour rappeler au maire Tremblay qu'il n'y aura pas que des frileux et des poules mouillées devant lui.
À sa place, je m'enfermerais à double tour dans mon Hôtel de Ville et je mettrais des panneaux de bois après les fenêtres dans l'hypothèse que des militants de Greenpeace ou bien des intellectuels de combat considèrent les lieux comme une sorte de Bastille.
Je suis un intellectuel et j'en suis fier.
La fierté d'être ignorant, inculte et superstitieux, je la laisse au maire de Saguenay et à ses cerbères conservateurs.
La destitution d'un si pitoyable personnage ne devrait même pas être exigée. Cela devrait aller de soi. À moins que les fascistes n'aient investi nos gouvernements pour faire la vie dure à tout ce qui pense et réfléchit dans notre si belle colonie. Après tout, on ne demandera pas à des mafieux de respecter l'intelligence, l'environnement ou la culture. L'argent est tout ce qui compte quand tu ne sais ni lire ni écrire.
***
Pour les abonnés de Twitter:
#jesuisintellectuel
Je sais depuis l'école polyvalente Sainte-Ursule qu'il est mal vu d'être un intellectuel. L'intellectuel, c'est le Schtroumf à lunette qui fait chier tout le monde avec le respect des lois et des livres. Le Schtroumpf à lunette c'est celui qui reprend les Schroumpfs corrompus ou les Bleuets du Lac St-Jean.
Quoi de plus normal que de vouloir l'assommer, l'enfermer dans un casier ou bien l'empoisonner au polonium, comme semblent le faire certains Russes avec les journalistes et les militants de l'opposition. Ces trouble-fêtes méritent d'être éliminés afin de permettre aux salauds de poursuivre leurs saloperies.
Je suis un intellectuel. Je porte des lunettes. Sous le régime des Khmers Rouges, on m'aurait tué du simple fait que je porte des lunettes. On ne fait pas de révolution digne de ce nom avec des gens qui lisent des livres voyez-vous. Surtout quand notre révolution constitue un retour au Moyen-Âge, avec l'amour courtois et la belle croisade chrétienne qui flambe tout sur son passage.
Heureusement que j'ai appris à me battre en plus de savoir lire et écrire.
J'ai toujours été un intellectuel de combat.
Ceux qui se moquaient des intellectuels et des artistes, je ne me suis jamais gêné pour les assommer à grands coups de Dostoïevski dans la gueule. Je n'ai jamais craint les rustres, les malabars et autres crétins forts en gueule mais petits en cervelle. Le muscle le plus important, c'est le cerveau.
J'ai aussi l'avantage de mesurer six pieds deux pouces et de peser tout près de deux cent quatre-vingt-dix livres. Je ne suis pas facile à tasser de là. J'ai de la portée de bras autant que de la portée intellectuelle. Et, de plus, j'ai l'âme d'un artiste et un coeur d'or.
Je ne dis pas ça pour me vanter, loin s'en faut. Je dis ça pour rappeler au maire Tremblay qu'il n'y aura pas que des frileux et des poules mouillées devant lui.
À sa place, je m'enfermerais à double tour dans mon Hôtel de Ville et je mettrais des panneaux de bois après les fenêtres dans l'hypothèse que des militants de Greenpeace ou bien des intellectuels de combat considèrent les lieux comme une sorte de Bastille.
Je suis un intellectuel et j'en suis fier.
La fierté d'être ignorant, inculte et superstitieux, je la laisse au maire de Saguenay et à ses cerbères conservateurs.
La destitution d'un si pitoyable personnage ne devrait même pas être exigée. Cela devrait aller de soi. À moins que les fascistes n'aient investi nos gouvernements pour faire la vie dure à tout ce qui pense et réfléchit dans notre si belle colonie. Après tout, on ne demandera pas à des mafieux de respecter l'intelligence, l'environnement ou la culture. L'argent est tout ce qui compte quand tu ne sais ni lire ni écrire.
***
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#jesuisintellectuel
mardi 10 mars 2015
Ceux qui veulent le pouvoir ne le méritent pas
Ceux qui veulent le pouvoir ne le méritent pas. Lorsque je vois des candidats solliciter mon vote, j'en viens le poil tout hérissé.
-Votez pour moi! Moi je suis le meilleur! Avec moi vous votez pour vous! Moi je suis le candidat du peuple! Moi je suis ceci ou cela!
-Toi, va donc chier! que je pense en moi-même.
À mon avis, le pouvoir devrait revenir à ceux et celles qui n'en veulent pas.
Dans un comté comme le mien, il me semble qu'on devrait pouvoir proposer un nom parmi tous les citoyens et citoyennes. Je voudrais bien que Madame Chose soit ma députée. C'est une bonne personne qui partage son sucre à la crème avec tout le monde. Elle n'a jamais dit une seule fois dans sa vie qu'elle voulait le pouvoir. Ce serait ma raison de proposer son nom pour me représenter. Elle ne saurait faire pire que tous ces valets des mafieux qui s'aspergent d'eau de Cologne pour camoufler leur odeur de corruption,
L'autre option qui me semble intéressante serait la stochocratie. Comme tous les citoyens sont égaux, on pourrait procéder à un tirage au sort pour se doter d'une assemblée de représentants. Les Islandais l'ont fait récemment pour leur constitution. On met tous les noms des citoyens dans un grand grand chapeau et on tire au sort 120 délégués. Au lieu de nous retrouver avec des gens malpropres qui courent après le pouvoir pour nous fourrer, nous aurions pour représentants des inconnus qui nous ressemblent. Ces inconnus pourraient bien être Untel ou Madame Chose.
On se choisirait ensuite un président par scrutin majoritaire à deux tours, un genre d'arbitre suprême aux pouvoirs limités.
***
En ce moment, une élection générale se résume à un candidat qui se vante d'être le meilleur ainsi qu'à des travailleurs d'élections qui s'acharnent à bourrer des autobus de petits vieux pour paqueter les urnes de votes qui vous valent un transport gratuit vers le bureau de scrutin. Des valets vous appellent pour faire sortir le vote: notre candidat est le meilleur, la preuve c'est qu'il le dit lui-même...
Pauvres valets! Vous n'aurez rien d'autre qu'une cuisse de poulet avec un petit contenant de salade de chou pour votre soumission. Vous pensez que votre candidat se soucie de ce que vous pensez? Pas du tout. Tout a été décidé d'avance dans les officines du parti. Vous n'êtes que des pions dont il se contrefout. Il fera semblant de vous sourire, semblant de vous serrer la main, semblant de vous connaître jusqu'à ce qu'il soit élu. Il vous rappellera dans quatre ans pour vous offrir encore une cuisse de poulet. Vous n'aurez ni votre job ni votre subvention parce que vous êtes des trous du cul tout juste bons à récompenser d'une cuisse de poulet.
C'est ça la démocratie actuelle: pas grand' chose...
***
Je le répète: tous ceux et celles qui veulent le pouvoir ne le méritent pas.
N'importe quel Ti-Coune ferait mieux que ces égos surdimensionnés qui veulent le pouvoir pour le pouvoir, se servant des causes et des revendications comme d'un écran de fumée derrière lequel ils complotent entre eux pour nous fourrer. Aussitôt qu'ils sont élus, ils vous chient dans la bouche en prétendant qu'ils ne peuvent pas faire ceci ou cela parce que conserver le pouvoir nécessite le statu quo afin que les mafieux continuent de se remplir les poches.
La stochocratie et les référendums d'initiative populaire sont peut-être des moyens de contrecarrer les plans des assoiffés de pouvoir. Ne sommes nous pas tous libres et égaux? Pourquoi se donner des maîtres sinon que pour se soumettre à plus crottés que soi-même?
C'était l'objet de ma réflexion.
Pour ceux qui veulent la poursuivre, je vous propose ce lien, un essai de la philosophe Simone Weil intitulé Note sur la suppression générale des partis politiques.
Si cette lecture vous semble trop lourde, cliquez plutôt sur ce lien.
-Votez pour moi! Moi je suis le meilleur! Avec moi vous votez pour vous! Moi je suis le candidat du peuple! Moi je suis ceci ou cela!
-Toi, va donc chier! que je pense en moi-même.
À mon avis, le pouvoir devrait revenir à ceux et celles qui n'en veulent pas.
Dans un comté comme le mien, il me semble qu'on devrait pouvoir proposer un nom parmi tous les citoyens et citoyennes. Je voudrais bien que Madame Chose soit ma députée. C'est une bonne personne qui partage son sucre à la crème avec tout le monde. Elle n'a jamais dit une seule fois dans sa vie qu'elle voulait le pouvoir. Ce serait ma raison de proposer son nom pour me représenter. Elle ne saurait faire pire que tous ces valets des mafieux qui s'aspergent d'eau de Cologne pour camoufler leur odeur de corruption,
L'autre option qui me semble intéressante serait la stochocratie. Comme tous les citoyens sont égaux, on pourrait procéder à un tirage au sort pour se doter d'une assemblée de représentants. Les Islandais l'ont fait récemment pour leur constitution. On met tous les noms des citoyens dans un grand grand chapeau et on tire au sort 120 délégués. Au lieu de nous retrouver avec des gens malpropres qui courent après le pouvoir pour nous fourrer, nous aurions pour représentants des inconnus qui nous ressemblent. Ces inconnus pourraient bien être Untel ou Madame Chose.
On se choisirait ensuite un président par scrutin majoritaire à deux tours, un genre d'arbitre suprême aux pouvoirs limités.
***
En ce moment, une élection générale se résume à un candidat qui se vante d'être le meilleur ainsi qu'à des travailleurs d'élections qui s'acharnent à bourrer des autobus de petits vieux pour paqueter les urnes de votes qui vous valent un transport gratuit vers le bureau de scrutin. Des valets vous appellent pour faire sortir le vote: notre candidat est le meilleur, la preuve c'est qu'il le dit lui-même...
Pauvres valets! Vous n'aurez rien d'autre qu'une cuisse de poulet avec un petit contenant de salade de chou pour votre soumission. Vous pensez que votre candidat se soucie de ce que vous pensez? Pas du tout. Tout a été décidé d'avance dans les officines du parti. Vous n'êtes que des pions dont il se contrefout. Il fera semblant de vous sourire, semblant de vous serrer la main, semblant de vous connaître jusqu'à ce qu'il soit élu. Il vous rappellera dans quatre ans pour vous offrir encore une cuisse de poulet. Vous n'aurez ni votre job ni votre subvention parce que vous êtes des trous du cul tout juste bons à récompenser d'une cuisse de poulet.
C'est ça la démocratie actuelle: pas grand' chose...
***
Je le répète: tous ceux et celles qui veulent le pouvoir ne le méritent pas.
N'importe quel Ti-Coune ferait mieux que ces égos surdimensionnés qui veulent le pouvoir pour le pouvoir, se servant des causes et des revendications comme d'un écran de fumée derrière lequel ils complotent entre eux pour nous fourrer. Aussitôt qu'ils sont élus, ils vous chient dans la bouche en prétendant qu'ils ne peuvent pas faire ceci ou cela parce que conserver le pouvoir nécessite le statu quo afin que les mafieux continuent de se remplir les poches.
La stochocratie et les référendums d'initiative populaire sont peut-être des moyens de contrecarrer les plans des assoiffés de pouvoir. Ne sommes nous pas tous libres et égaux? Pourquoi se donner des maîtres sinon que pour se soumettre à plus crottés que soi-même?
C'était l'objet de ma réflexion.
Pour ceux qui veulent la poursuivre, je vous propose ce lien, un essai de la philosophe Simone Weil intitulé Note sur la suppression générale des partis politiques.
Si cette lecture vous semble trop lourde, cliquez plutôt sur ce lien.
dimanche 8 mars 2015
Retour sur la manif contre l'austérité à Trois-Rivières
Comme prévu, j'ai participé à la manif contre l'austérité dans le cadre de la Journée internationale de la femme. Nous devions être autour de cinq cents personnes. C'est beaucoup pour une petite ville comme Trois-Rivières. La plus grosse à laquelle j'aie assistée était celle contre la guerre en Irak, manif tenue autour de 2002 si je ne m'abuse. Nous étions autour de mil cinq cents personnes cette fois-là.
J'ai parlé avec trois personnes pendant la manif. La première étant un ancien responsable du syndicat de l'aluminerie où mon père travaillait. Il m'a parlé de son mépris des partis politiques, du fait que les membres qui militent dans un parti sont toujours liés par l'idéologie. Il m'a dit qu'il admirait Michel Chartrand, admiration que je partage aussi.
Puis j'ai croisé Pierre avec qui j'ai discuté tout au long du parcours au lieu de scander des slogans. On s'entendait à peine parler et, à mon avis, la présence de mes pieds à cette manif me semblait amplement suffisante. On m'a remis une feuille avec des slogans à scander. Je l'ai mise dans mes poches et je n'ai rien scandé.
La manif a emprunté la rue des Forges du poste de police jusqu'au centre-ville.
Elle s'est terminée dans le Parc Champlain.
Voici quelques photos que j'ai prises:
Un congé férié pour la journée de la femme
C'est aujourd'hui la journée internationale de la femme et je me prépare à une manifestation contre l'austérité. D'ici deux heures je serai dans la rue avec mes frères et soeurs de combat. Pour le moment, je suis bien au chaud devant mon clavier à me questionner sur cette Journée de la femme qui n'est toujours pas un congé férié.
Nous avons un jour férié pour le Nouvel An, pour Pâques, pour la Fête de la Reine (alias Fête de Dollard-le-tueur-d'Indiens convertie en Fête des Patriotes au Québec pour envoyer chier les Orangistes canadiens), pour la Fête nationale du Québec, pour la Fête du Canada, pour la Fête du travail et, enfin, pour l'Action de Grâces et pour Noël.
À mon avis, il manque quatre jours fériés à notre calendrier: la Journée de la femme le 8 mars, la Fête des travailleurs le 1er mai et la Fête des aborigènes le 21 juin. On pourrait aussi penser à une fête pour souligner la lutte contre le racisme, quelque chose comme le pendant du Martin Luther King Day américain. On pourrait prendre la même date, soit le troisième lundi du mois de janvier, pour souligner avec nos voisins américains la nécessité de nous rappeler les combats menés pour l'égalité des droits sur tout le continent.
Entre le Nouvel An et Pâques il y a un gros trou de trois mois sans jour férié. Cela ferait du bien d'en obtenir un ou deux de plus.
Les femmes continuent de subir les effets de la discrimination un peu partout dans le monde, même ici. Qu'une femme tente de devenir Première Ministre et vous verrez toutes les charognes du Québec murmurer qu'elle devrait se faire tirer. Les femmes occupent de moins bons emplois avec de moins bons salaires parce que l'on privilégie encore la violence et l'intimidation masculines dans toutes les sphères du pouvoir.
De plus, l'intégrisme religieux, protégé par nos chartes, nous rappellent que nos chartes ne protègent pas toujours les femmes victimes des religions. La suprématie de Dieu, qui ne peut s'appeler Déesse, m'incite à penser que les femmes ne sont pas encore sorties du bois. Il fait encore sombre dans notre monde où l'on prétend que la femme est libre. La culture du viol est toujours présente. Les femmes, quand elles fraient avec le pouvoir, se font encore traiter d'hystériques tout juste bonnes pour le magasinage.
Les femmes représentent grosso modo 52% de la population humaine. Et elles sont encore traitées comme du bétail. Leur combat pour leur affranchissement mériterait depuis longtemps d'être reconnu par l'attribution d'un jour férié, pour que tout un chacun se rappelle que leur émancipation n'est pas négociable.
Je dois maintenant me préparer pour ma manif contre l'austérité. J'aurai une belle pensée pour ma mère, ma conjointe, ses filles et toutes celles qui travaillent à petit salaire pour nous rappeler que la lutte doit se poursuivre. Les femmes sont encore une fois les premières victimes de l'austérité libérale. Les femmes ne comptent pour rien au sein du gouvernement libéral et servent encore de potiches qui répètent ce que les hommes ont décidé.
Pour finir, je vous laisse sur ce petit texte en rappel intitulé Les femmes ne sont pas des pieds de cendriers.
Nous avons un jour férié pour le Nouvel An, pour Pâques, pour la Fête de la Reine (alias Fête de Dollard-le-tueur-d'Indiens convertie en Fête des Patriotes au Québec pour envoyer chier les Orangistes canadiens), pour la Fête nationale du Québec, pour la Fête du Canada, pour la Fête du travail et, enfin, pour l'Action de Grâces et pour Noël.
À mon avis, il manque quatre jours fériés à notre calendrier: la Journée de la femme le 8 mars, la Fête des travailleurs le 1er mai et la Fête des aborigènes le 21 juin. On pourrait aussi penser à une fête pour souligner la lutte contre le racisme, quelque chose comme le pendant du Martin Luther King Day américain. On pourrait prendre la même date, soit le troisième lundi du mois de janvier, pour souligner avec nos voisins américains la nécessité de nous rappeler les combats menés pour l'égalité des droits sur tout le continent.
Entre le Nouvel An et Pâques il y a un gros trou de trois mois sans jour férié. Cela ferait du bien d'en obtenir un ou deux de plus.
Les femmes continuent de subir les effets de la discrimination un peu partout dans le monde, même ici. Qu'une femme tente de devenir Première Ministre et vous verrez toutes les charognes du Québec murmurer qu'elle devrait se faire tirer. Les femmes occupent de moins bons emplois avec de moins bons salaires parce que l'on privilégie encore la violence et l'intimidation masculines dans toutes les sphères du pouvoir.
De plus, l'intégrisme religieux, protégé par nos chartes, nous rappellent que nos chartes ne protègent pas toujours les femmes victimes des religions. La suprématie de Dieu, qui ne peut s'appeler Déesse, m'incite à penser que les femmes ne sont pas encore sorties du bois. Il fait encore sombre dans notre monde où l'on prétend que la femme est libre. La culture du viol est toujours présente. Les femmes, quand elles fraient avec le pouvoir, se font encore traiter d'hystériques tout juste bonnes pour le magasinage.
Les femmes représentent grosso modo 52% de la population humaine. Et elles sont encore traitées comme du bétail. Leur combat pour leur affranchissement mériterait depuis longtemps d'être reconnu par l'attribution d'un jour férié, pour que tout un chacun se rappelle que leur émancipation n'est pas négociable.
Je dois maintenant me préparer pour ma manif contre l'austérité. J'aurai une belle pensée pour ma mère, ma conjointe, ses filles et toutes celles qui travaillent à petit salaire pour nous rappeler que la lutte doit se poursuivre. Les femmes sont encore une fois les premières victimes de l'austérité libérale. Les femmes ne comptent pour rien au sein du gouvernement libéral et servent encore de potiches qui répètent ce que les hommes ont décidé.
Pour finir, je vous laisse sur ce petit texte en rappel intitulé Les femmes ne sont pas des pieds de cendriers.
samedi 7 mars 2015
La rue Chuck-Guité: une autre lettre publiée dans Le Nouvelliste
Le Nouvelliste a aussi publiée ma lettre à propos de la nouvelle rue Jean-Chrétien à Shawinigan. Je proposais de désigner une rue pour Chuck Guité, le pauvre homme qui a payé pour tous les autres qui s'en sont sortis avec à peine une chiquenaude suite au scandale des commandites et du référendum volé de 1995.
Mon épître a été publiée à mon insu lundi le 2 mars dernier en page 12 du Nouvelliste.
Dommage qu'elle ne figure que dans l'édition papier. Peut-être qu'ils ont fini par connaître mon blogue où je publie intégralement tout ce que je leur fais parvenir quand cela me démange un tant soit peu.
La lettre est ici pour ceux et celles qui ne l'auraient pas encore lue.
Mon épître a été publiée à mon insu lundi le 2 mars dernier en page 12 du Nouvelliste.
Dommage qu'elle ne figure que dans l'édition papier. Peut-être qu'ils ont fini par connaître mon blogue où je publie intégralement tout ce que je leur fais parvenir quand cela me démange un tant soit peu.
La lettre est ici pour ceux et celles qui ne l'auraient pas encore lue.
Ma lettre a été publiée dans Le Nouvelliste
Ma lettre à propos des futurs professeurs qui patinent sur la bottine en français a été publiée à la page 12 de l'édition papier du quotidien Le Nouvelliste, vendredi le 6 mars 2015. La version numérique est ici.
De l'autre côté de l'univers
On ne connaît rien de l'inconnu. Si l'on y comprenait quelque chose, c'est évident que l'inconnu ne s'appellerait pas l'inconnu. Ce nominalisme à l'emporte-pièce ne doit pas pour autant nous faire oublier que l'homme veut toujours en savoir trop, même si son savoir se limite plus souvent qu'autrement à des suites de chiffres qui ne correspondent en rien aux fondements de l'univers.
L'univers, comme tout le monde le sait, n'est que tohu-bohu depuis le tout début. Encore qu'on ne sait rien du début. Il n'y a qu'à regarder la Terre tourner autour du soleil pour comprendre que l'univers n'aime pas les chiffres ronds. Il manque toujours un petit quelque chose pour faire une journée de vingt-quatre heures ou bien une année de trois cent soixante-cinq jours. Même les années bissextiles ne suffisent pas. À chaque millénaire il faut traficoter le calendrier pour arriver à des jours à peu près normaux. Et remarquez bien que l'on ne parle que de la Terre et de ses calendes plus ou moins grecques. Imaginez le reste de la galaxie, puis l'univers et même l'au-delà: un chaos où nos chiffres n'arrivent jamais tout à fait pile.
C'est ce que se disait en lui-même Raymond Plamondon, inventeur de son métier, qui passait ses journées à s'imaginer des trucs encore plus compliqués que les bosons de Higgs pour tenter tant bien que mal de comprendre le microcosme, le macrocosme et le cosmos.
D'habitude, Raymond se contentait d'inventer des trucs pratiques, comme le chapeau Easy-Smoking qui le rendit célèbre et riche. Tout ce bel argent qu'il avait fait lui avait d'ailleurs permis d'investir dans ses recherches sur le monde occulte.
À force de creuser et recreuser, il finit par se patenter un accélérateur de particules d'un tout nouveau genre dans l'arrière-cour de son domaine familial. Il avait réussi à miniaturiser son appareil à un point tel qu'il tenait dans un paquet de cigarettes.
Son premier test fût une telle réussite qu'il fit apparaître dans sa cour un trou de ver. Aventurier comme il l'était, Raymond n'hésita pas un instant à passer le pas de cette porte interstellaire nouvellement créée pour aller voir quel bon temps il faisait de l'autre-côté de l'espace-temps.
Raymond s'étira comme un long spaghetti de trillions de kilomètres pour finalement atterrir de l'autre côté de l'univers. C'est-à-dire en-dehors de celui-ci. Oui, oui, vous m'avez bien lu: il existait un autre univers qui englobait notre univers -et plusieurs autres univers et ainsi de suite...
Notre univers était pour cet univers de la taille d'un boson de Higgs et figurait parmi des tas d'autres univers tout aussi banals et invisibles à l'oeil nu.
En fait, notre univers n'était qu'une infime partie d'un tout qui ressemblait à une guimauve que l'on fait griller sur un feu de camp.
Dans ce monde, tout était fondé sur le chiffre onze. Il y avait onze guimauves qui grillaient sur des bâtonnets d'on ne sait trop quel métal et aussi onze sacs de guimauves. Évidemment, il y avait plein de supermarchés avec tout plein de guimauves. On en trouvait au moins onze à tous les onzes kilomètres, un kilomètre ayant la valeur de onze milles mètres dans ce coin-là du trans-univers. Onze soleils balayaient les onze terres qui gravitaient autour. Et les gens, bien que sympathiques, étaient dotés de onze yeux.
-Je suis Terrien que leur dit Raymond tout en leur demandant s'il pouvait lui aussi manger une guimauve.
Les étrangers acquiescèrent en clignant de leurs onze yeux.
Maladroit comme il était, Raymond ne réalisa pas sur le coup qu'il venait de dévorer notre univers. Tout disparut en un clin d'oeil, la Terre, le Soleil, la Voie Lactée et toutes les galaxies. Pas besoin de dire que les humains disparurent aussi.
-Où est ma porte interstellaire? se demanda Raymond. Voulez-vous bien me dire où est passé mon trou de ver?
-Tu viens de le manger, lui répondirent onze bouches.
-Ah non! Et comment vais-je faire pour revenir chez-nous maintenant?
-Ton monde n'existe plus... Que veux-tu? Cela nous est arrivé nous aussi... Mange tes guimauves... Il faut que des mondes meurent pour se régaler...
-Puisque vous le dites... C'est tout de même déprimant de penser que le monde n'est que de la guimauve...
-Sais-tu jouer de la guitare à onze cordes?
-Pas du tout.
-D'accord, je vais te l'apprendre...
Lez onze soleils se couchèrent sous les onze planètes.
Puis Raymond Plamondon se coucha aussi, songeant à son monde disparut à jamais dans sa bouche insatiable.
L'univers, comme tout le monde le sait, n'est que tohu-bohu depuis le tout début. Encore qu'on ne sait rien du début. Il n'y a qu'à regarder la Terre tourner autour du soleil pour comprendre que l'univers n'aime pas les chiffres ronds. Il manque toujours un petit quelque chose pour faire une journée de vingt-quatre heures ou bien une année de trois cent soixante-cinq jours. Même les années bissextiles ne suffisent pas. À chaque millénaire il faut traficoter le calendrier pour arriver à des jours à peu près normaux. Et remarquez bien que l'on ne parle que de la Terre et de ses calendes plus ou moins grecques. Imaginez le reste de la galaxie, puis l'univers et même l'au-delà: un chaos où nos chiffres n'arrivent jamais tout à fait pile.
C'est ce que se disait en lui-même Raymond Plamondon, inventeur de son métier, qui passait ses journées à s'imaginer des trucs encore plus compliqués que les bosons de Higgs pour tenter tant bien que mal de comprendre le microcosme, le macrocosme et le cosmos.
D'habitude, Raymond se contentait d'inventer des trucs pratiques, comme le chapeau Easy-Smoking qui le rendit célèbre et riche. Tout ce bel argent qu'il avait fait lui avait d'ailleurs permis d'investir dans ses recherches sur le monde occulte.
À force de creuser et recreuser, il finit par se patenter un accélérateur de particules d'un tout nouveau genre dans l'arrière-cour de son domaine familial. Il avait réussi à miniaturiser son appareil à un point tel qu'il tenait dans un paquet de cigarettes.
Son premier test fût une telle réussite qu'il fit apparaître dans sa cour un trou de ver. Aventurier comme il l'était, Raymond n'hésita pas un instant à passer le pas de cette porte interstellaire nouvellement créée pour aller voir quel bon temps il faisait de l'autre-côté de l'espace-temps.
Raymond s'étira comme un long spaghetti de trillions de kilomètres pour finalement atterrir de l'autre côté de l'univers. C'est-à-dire en-dehors de celui-ci. Oui, oui, vous m'avez bien lu: il existait un autre univers qui englobait notre univers -et plusieurs autres univers et ainsi de suite...
Notre univers était pour cet univers de la taille d'un boson de Higgs et figurait parmi des tas d'autres univers tout aussi banals et invisibles à l'oeil nu.
En fait, notre univers n'était qu'une infime partie d'un tout qui ressemblait à une guimauve que l'on fait griller sur un feu de camp.
Dans ce monde, tout était fondé sur le chiffre onze. Il y avait onze guimauves qui grillaient sur des bâtonnets d'on ne sait trop quel métal et aussi onze sacs de guimauves. Évidemment, il y avait plein de supermarchés avec tout plein de guimauves. On en trouvait au moins onze à tous les onzes kilomètres, un kilomètre ayant la valeur de onze milles mètres dans ce coin-là du trans-univers. Onze soleils balayaient les onze terres qui gravitaient autour. Et les gens, bien que sympathiques, étaient dotés de onze yeux.
-Je suis Terrien que leur dit Raymond tout en leur demandant s'il pouvait lui aussi manger une guimauve.
Les étrangers acquiescèrent en clignant de leurs onze yeux.
Maladroit comme il était, Raymond ne réalisa pas sur le coup qu'il venait de dévorer notre univers. Tout disparut en un clin d'oeil, la Terre, le Soleil, la Voie Lactée et toutes les galaxies. Pas besoin de dire que les humains disparurent aussi.
-Où est ma porte interstellaire? se demanda Raymond. Voulez-vous bien me dire où est passé mon trou de ver?
-Tu viens de le manger, lui répondirent onze bouches.
-Ah non! Et comment vais-je faire pour revenir chez-nous maintenant?
-Ton monde n'existe plus... Que veux-tu? Cela nous est arrivé nous aussi... Mange tes guimauves... Il faut que des mondes meurent pour se régaler...
-Puisque vous le dites... C'est tout de même déprimant de penser que le monde n'est que de la guimauve...
-Sais-tu jouer de la guitare à onze cordes?
-Pas du tout.
-D'accord, je vais te l'apprendre...
Lez onze soleils se couchèrent sous les onze planètes.
Puis Raymond Plamondon se coucha aussi, songeant à son monde disparut à jamais dans sa bouche insatiable.
vendredi 6 mars 2015
L'austérité en tant que source de joie
Une blague n'attend pas l'autre avec le cheikh Philippe Couillard. Hier, alors qu'il continuait de faire honte aux Québécois en France, il nous apprenait que l'austérité pouvait aussi être perçu comme une source de joie.
Depuis qu'il consulte son bréviaire libertarien avec le fanatisme du nouveau converti, le cheikh Couillard applique à la lettre la recette des laborantins de l'économie qui veulent traiter la populace comme de la merde afin de satisfaire l'appétit insatiable des riches qui les financent. On croit qu'il est possible de revenir au servage en oubliant que les aristocrates finissent souvent pendus à la lanterne depuis 1789. On se nourrit de l'illusion que les luttes populaires peuvent être rayées d'un trait de crayon sur une colonne de chiffres. Pourtant, la colère gronde dans les rues et ces larbins qui se réfugient dans les hautes études économiques oublient qu'ils ont une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes trop bien garnies de théories déconnectées des réalités sociales.
L'économie, plutôt que de se relever, se plante d'aplomb. Commerces et entreprises ferment leurs portes puisque tout un chacun craint de manquer d'argent pour passer au travers de l'austérité. Où sont les résultats? Il y a plus de chômeurs, moins d'argent, moins de transactions. Pourtant, le cheikh Couillard n'y voit que de la joie. Une crise économique se pointe à l'horizon et voilà nos libertariens qui accusent la gauche, les syndicats et les rebelles de ne pas les laisser faire tout ce qu'ils veulent, d'où la moins grande source de joie de l'austérité...
Les Américains sont sortis de la crise économique de 1929 en se débarrassant du président Hoover, un genre de libertarien déconnecté, pour le remplacer par Roosevelt et sa politique d'investissements publics appelée le New Deal. Avec les masses de chômeurs qui prenaient la rue, Roosevelt a compris que c'était soit le New Deal, soit la révolution. L'économie a finalement pris de l'essor et, depuis, presque personne n'a remis en question la nécessité des investissements publics pour favoriser la justice sociale ainsi qu'un meilleur partage de la richesse.
***
Maintenant, laissez-moi passer de la théorie à la pratique.
Il y aura une manifestation contre l'austérité à Trois-Rivières. Elle aura lieu dimanche le 8 mars prochain. Le rassemblement est prévu pour 10h00, dans le stationnement attenant au poste de police sur la rue des Forges. Tous les détails sont ici.
Il va sans dire que j'y serai avec mes camarades pour démontrer à Couillard et aux libertariens que nous avons une autre définition de l'austérité.
Loin de nous rendre moroses, elle nous incite à combattre l'injustice sociale ainsi que les valets du capitalisme sauvage.
Oui, je serai là parmi mes frères et soeurs de combat pour brandir ma pancarte et scander des slogans à la mesure de mon indignation de voir le Québec entre les mains des laborantins libertariens.
Ceux qui croient que cela ne changera rien n'ont qu'à rester chez-eux. L'histoire saura bien, comme d'habitude, se passer d'eux.
Pour les autres, je me prépare avec cet hymne à la résistance.
Depuis qu'il consulte son bréviaire libertarien avec le fanatisme du nouveau converti, le cheikh Couillard applique à la lettre la recette des laborantins de l'économie qui veulent traiter la populace comme de la merde afin de satisfaire l'appétit insatiable des riches qui les financent. On croit qu'il est possible de revenir au servage en oubliant que les aristocrates finissent souvent pendus à la lanterne depuis 1789. On se nourrit de l'illusion que les luttes populaires peuvent être rayées d'un trait de crayon sur une colonne de chiffres. Pourtant, la colère gronde dans les rues et ces larbins qui se réfugient dans les hautes études économiques oublient qu'ils ont une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes trop bien garnies de théories déconnectées des réalités sociales.
L'économie, plutôt que de se relever, se plante d'aplomb. Commerces et entreprises ferment leurs portes puisque tout un chacun craint de manquer d'argent pour passer au travers de l'austérité. Où sont les résultats? Il y a plus de chômeurs, moins d'argent, moins de transactions. Pourtant, le cheikh Couillard n'y voit que de la joie. Une crise économique se pointe à l'horizon et voilà nos libertariens qui accusent la gauche, les syndicats et les rebelles de ne pas les laisser faire tout ce qu'ils veulent, d'où la moins grande source de joie de l'austérité...
Les Américains sont sortis de la crise économique de 1929 en se débarrassant du président Hoover, un genre de libertarien déconnecté, pour le remplacer par Roosevelt et sa politique d'investissements publics appelée le New Deal. Avec les masses de chômeurs qui prenaient la rue, Roosevelt a compris que c'était soit le New Deal, soit la révolution. L'économie a finalement pris de l'essor et, depuis, presque personne n'a remis en question la nécessité des investissements publics pour favoriser la justice sociale ainsi qu'un meilleur partage de la richesse.
***
Maintenant, laissez-moi passer de la théorie à la pratique.
Il y aura une manifestation contre l'austérité à Trois-Rivières. Elle aura lieu dimanche le 8 mars prochain. Le rassemblement est prévu pour 10h00, dans le stationnement attenant au poste de police sur la rue des Forges. Tous les détails sont ici.
Il va sans dire que j'y serai avec mes camarades pour démontrer à Couillard et aux libertariens que nous avons une autre définition de l'austérité.
Loin de nous rendre moroses, elle nous incite à combattre l'injustice sociale ainsi que les valets du capitalisme sauvage.
Oui, je serai là parmi mes frères et soeurs de combat pour brandir ma pancarte et scander des slogans à la mesure de mon indignation de voir le Québec entre les mains des laborantins libertariens.
Ceux qui croient que cela ne changera rien n'ont qu'à rester chez-eux. L'histoire saura bien, comme d'habitude, se passer d'eux.
Pour les autres, je me prépare avec cet hymne à la résistance.
jeudi 5 mars 2015
MANIF CONTRE L'AUSTÉRITÉ À TROIS-RIVIÈRES
MANIF CONTRE L'AUSTÉRITÉ À TROIS-RIVIÈRES
Dimanche 8 mars 2015 à 10h00
Lieu du rassemblement et trajet :
Stationnement à côté du poste de police
2250, boul des Forges, Trois-Rivières (Coin Papineau)
En direction d’un rassemblement au parc Champlain.
Dans le cadre de la journée internationale des femmes, vous êtes invité-es à manifester votre désaccord contre les mesures d’austérité lors d’une marche qui se tiendra à Trois-Rivières, le dimanche 8 mars 2015 à 10h00.
Cette marche de 1,7 km a pour but de souligner la Journée internationale des femmes et de manifester contre tous les effets négatifs des mesures d’austérité du gouvernement Couillard envers les femmes.
Toute la population est invitée, famille, groupes populaires, communautaires, syndicats, etc. Des animateurs seront présents pour les enfants. Un arrêt de 15 minutes aura lieu devant le bureau du ministre libéral Jean-Denis Girard, où une soupe sera servie.
N’oubliez pas vos casseroles!
Dimanche 8 mars 2015 à 10h00
Lieu du rassemblement et trajet :
Stationnement à côté du poste de police
2250, boul des Forges, Trois-Rivières (Coin Papineau)
En direction d’un rassemblement au parc Champlain.
Dans le cadre de la journée internationale des femmes, vous êtes invité-es à manifester votre désaccord contre les mesures d’austérité lors d’une marche qui se tiendra à Trois-Rivières, le dimanche 8 mars 2015 à 10h00.
Cette marche de 1,7 km a pour but de souligner la Journée internationale des femmes et de manifester contre tous les effets négatifs des mesures d’austérité du gouvernement Couillard envers les femmes.
Toute la population est invitée, famille, groupes populaires, communautaires, syndicats, etc. Des animateurs seront présents pour les enfants. Un arrêt de 15 minutes aura lieu devant le bureau du ministre libéral Jean-Denis Girard, où une soupe sera servie.
N’oubliez pas vos casseroles!
Éphémérides du 5 mars
Rosa Luxembourg est née le 5 mars 1871. C'était une militante féministe et socialiste. Elle fût assassinée par le gouvernement socialiste allemand suite à la révolte spartakiste de Berlin.
Joseph Staline, un tyran communiste qui a tué au moins 30 millions de personnes, est mort le 5 mars 1953.
Des tas de gens sont nés ou morts un 5 mars. Fred, l'un de mes dessinateurs préférés pour la poésie de ses créations, est né un 5 mars. Patsy Cline est morte un 5 mars.
Je pourrais vous défiler toute une liste de gens nés ou bien morts un 5 mars -et cela nous mènerait à quoi, hein? À rien du tout.
Le 5 mars est une journée comme les autres.
Je ne me souviens pas de tous les 5 mars que j'ai vécus.
On m'a souvent rappelé qu'il faisait beau et chaud le 5 mars 1968. Les gens se promenaient en tee-shirts sur les trottoirs de Trois-Rivières. La neige avait toute fondue. Le lendemain, le 6 mars 1968, il y avait une tempête de neige.
On est un raccourci. Mon père et ma mère me l'ont souvent dit et redit. Pour la simple et bonne raison que je suis né le 5 mars 1968.
Mon père était en grève à la Reynold's Aluminium de Cap-de-la-Madeleine. Ce qui expliquait, selon lui, ma propension à me porter à la défense des opprimés. Selon moi, cela provient surtout du fait que je fais partie des opprimés. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
Je suis né bleu comme un schtroumf avec le cordon ombilical entouré autour de la gorge. On m'a mis dans un incubateur pour me réchapper. Et me voilà parmi vous, 47 ans plus tard, pour vous écrire toutes sortes de niaiseries sur ce blogue.
Pour ceux qui s'intéressent à l'astrologie, je suis né sous le signe Poissons. Cela ne veut pas dire qu'on peut tout me faire gober. Cela signifie que l'eau est mon élément. Enfin! J'ai le droit de le penser.
Je suis marmotte selon l'astrologie autochtone. Pourtant, je ne dors pas plus qu'il ne faut.
Pour les Chinois, on dit que je suis singe de feu. J'aurais beaucoup de talent mais je serais facilement démontable, comme tous ceux de ma génération.
Il est possible que tout cela ne soit que des balivernes.
D'autres naîtront ou mourront un 5 mars.
Je leur souhaite à l'avance bonne fête ou bien mes condoléances.
Par ailleurs, tous ceux et celles qui s'appellent Cinq-Mars m'intriguent depuis toujours.
Comment peut-on avoir Cinq-Mars pour patronyme et pourquoi?
Voilà pour mes éphémérides du 5 mars. Je ne trouve rien d'autre à rajouter.
Joseph Staline, un tyran communiste qui a tué au moins 30 millions de personnes, est mort le 5 mars 1953.
Des tas de gens sont nés ou morts un 5 mars. Fred, l'un de mes dessinateurs préférés pour la poésie de ses créations, est né un 5 mars. Patsy Cline est morte un 5 mars.
Je pourrais vous défiler toute une liste de gens nés ou bien morts un 5 mars -et cela nous mènerait à quoi, hein? À rien du tout.
Le 5 mars est une journée comme les autres.
Je ne me souviens pas de tous les 5 mars que j'ai vécus.
On m'a souvent rappelé qu'il faisait beau et chaud le 5 mars 1968. Les gens se promenaient en tee-shirts sur les trottoirs de Trois-Rivières. La neige avait toute fondue. Le lendemain, le 6 mars 1968, il y avait une tempête de neige.
On est un raccourci. Mon père et ma mère me l'ont souvent dit et redit. Pour la simple et bonne raison que je suis né le 5 mars 1968.
Mon père était en grève à la Reynold's Aluminium de Cap-de-la-Madeleine. Ce qui expliquait, selon lui, ma propension à me porter à la défense des opprimés. Selon moi, cela provient surtout du fait que je fais partie des opprimés. On n'est jamais si bien servi que par soi-même.
Je suis né bleu comme un schtroumf avec le cordon ombilical entouré autour de la gorge. On m'a mis dans un incubateur pour me réchapper. Et me voilà parmi vous, 47 ans plus tard, pour vous écrire toutes sortes de niaiseries sur ce blogue.
Pour ceux qui s'intéressent à l'astrologie, je suis né sous le signe Poissons. Cela ne veut pas dire qu'on peut tout me faire gober. Cela signifie que l'eau est mon élément. Enfin! J'ai le droit de le penser.
Je suis marmotte selon l'astrologie autochtone. Pourtant, je ne dors pas plus qu'il ne faut.
Pour les Chinois, on dit que je suis singe de feu. J'aurais beaucoup de talent mais je serais facilement démontable, comme tous ceux de ma génération.
Il est possible que tout cela ne soit que des balivernes.
D'autres naîtront ou mourront un 5 mars.
Je leur souhaite à l'avance bonne fête ou bien mes condoléances.
Par ailleurs, tous ceux et celles qui s'appellent Cinq-Mars m'intriguent depuis toujours.
Comment peut-on avoir Cinq-Mars pour patronyme et pourquoi?
Voilà pour mes éphémérides du 5 mars. Je ne trouve rien d'autre à rajouter.
mercredi 4 mars 2015
D'ermites à célébrités
Vivre en retrait du monde était sa stratégie pour vivre en symbiose avec son irrépressible besoin de poésie et de contemplation. Il s'était bâti un chalet au Nord de La Tuque, un chalet chauffé au bois et éclairé au naphta. C'était pas plus grand qu'une remise et ça lui suffisait bien amplement pour décrocher du monde.
On le surnommait l'ermite. Il s'appelait Victor Moreau. C'était un gars fort comme un ours qui ne chassait jamais. Il pêchait, cueillait des baies et s'achetait des trucs à La Tuque pour parfaire son régime alimentaire: du fromage, du lait en poudre, des oeufs, du boudin, etc.
Il devait avoir autour de soixante ans, peut-être plus, mais c'est dur à dire. Les ermites finissent par ne plus vieillir.
Le seul qui allait parfois chez-lui c'est le petit bonhomme Gérard Massicotte. Ce célibataire et vieux garçon empruntait souvent le chemin de bois qui passait sur le terrain de Victor Moreau et, à force de passer, ils avaient fini par se parler et à devenir des amis. Massicotte avait l'avantage de jouer de la guitare, tout comme Moreau, ce qui fait qu'il supportait sa compagnie le temps de jouer quelques airs improvisés autour d'une bouteille ou deux de vin rouge.
Massicotte devait avoir autour de cinquante-cinq ans. C'était un genre d'homme à tout faire qui rafistolait tous les chalets du coin. Travailler en ville lui répugnait. Il n'acceptait que des contrats dans son coin et, s'il n'avait pas de contrat, eh bien il se contentait de peu, se suffisant à lui-même avec la chasse, la pêche et la trappe.
Victor Moreau était à la retraite. Il avait travaillé dans le domaine des chemins de fer et du syndicalisme. Sa femme était morte depuis dix ans et ses enfants étaient partis vivre aux États-Unis.
Ils se voyaient de temps à autres pendant les vacances de Noël et pour le congé de Pâques. Le reste du temps ils communiquaient entre eux par téléphone puisque Moreau n'était pas vraiment un gars qui trippait sur l'informatique, contrairement à son gars et ses deux filles qui travaillaient dans la Silicone Valley.
Tout aurait pu s'arrêter comme ça pour ces deux gaillards puisque tout semblait à jamais déterminé dans leurs vies. On se disait qu'un Atikamekw retrouverait un jour les corps de Moreau et Massicotte gisant sur le plancher de leur chalet, morts depuis deux semaines.
Pourtant, la musique allait mettre fin à leur ermitage.
Moreau et Massicotte furent un jour invités à jouer lors d'un jam session à la taverne Windsor. Ils y sont allés, après s'être faits tirer la manche, et tout le monde fût plus que ravis de les entendre. Les sons qui sortaient de leurs guitares étaient dignes de ce qui se faisait de plus grand dans le monde de la musique folk.
Du coup, on les demanda partout, pour des spectacles de charité, puis pour des événements spéciaux.
Le duo Moreau et Massicotte fût tellement en demande qu'à un certain moment ils durent songer à s'établir en ville, à Montréal, sous l'impulsion de leurs fans qui leur disaient de ne pas gaspiller leur temps à se mourir dans un trou au Nord de La Tuque.
Ce qui devait arriver arriva. Ils devinrent extrêmement célèbres, se mirent à boire comme des trous, abandonnèrent leurs chalets, perdirent aux cartes et vinrent s'établir dans un minuscule studio de Montréal qui sentait la misère et la cigarette.
Depuis, ils rêvent du temps où ils avaient un chalet.
Et s'ils grattent encore leurs guitares, tous les soirs de la semaine dans quelque bar perdu de la métropole, c'est pour se rappeler qu'ils n'auraient jamais dû toucher à une guitare de leur chienne de vie.
Victor Moreau ne se surnommait plus l'ermite, mais le vieux drogué.
Et Gérard Massicotte, quant à lui, s'appelait maintenant Ti-Boutte.
Ils se disaient souvent entre eux qu'ils n'auraient jamais dû quitter La Tuque.
Deux heures plus tard ils étaient saouls et gelés raides. Ils avaient tout oublié.
Comme quoi, le bonheur des uns peut aussi faire le malheur des autres.
On le surnommait l'ermite. Il s'appelait Victor Moreau. C'était un gars fort comme un ours qui ne chassait jamais. Il pêchait, cueillait des baies et s'achetait des trucs à La Tuque pour parfaire son régime alimentaire: du fromage, du lait en poudre, des oeufs, du boudin, etc.
Il devait avoir autour de soixante ans, peut-être plus, mais c'est dur à dire. Les ermites finissent par ne plus vieillir.
Le seul qui allait parfois chez-lui c'est le petit bonhomme Gérard Massicotte. Ce célibataire et vieux garçon empruntait souvent le chemin de bois qui passait sur le terrain de Victor Moreau et, à force de passer, ils avaient fini par se parler et à devenir des amis. Massicotte avait l'avantage de jouer de la guitare, tout comme Moreau, ce qui fait qu'il supportait sa compagnie le temps de jouer quelques airs improvisés autour d'une bouteille ou deux de vin rouge.
Massicotte devait avoir autour de cinquante-cinq ans. C'était un genre d'homme à tout faire qui rafistolait tous les chalets du coin. Travailler en ville lui répugnait. Il n'acceptait que des contrats dans son coin et, s'il n'avait pas de contrat, eh bien il se contentait de peu, se suffisant à lui-même avec la chasse, la pêche et la trappe.
Victor Moreau était à la retraite. Il avait travaillé dans le domaine des chemins de fer et du syndicalisme. Sa femme était morte depuis dix ans et ses enfants étaient partis vivre aux États-Unis.
Ils se voyaient de temps à autres pendant les vacances de Noël et pour le congé de Pâques. Le reste du temps ils communiquaient entre eux par téléphone puisque Moreau n'était pas vraiment un gars qui trippait sur l'informatique, contrairement à son gars et ses deux filles qui travaillaient dans la Silicone Valley.
Tout aurait pu s'arrêter comme ça pour ces deux gaillards puisque tout semblait à jamais déterminé dans leurs vies. On se disait qu'un Atikamekw retrouverait un jour les corps de Moreau et Massicotte gisant sur le plancher de leur chalet, morts depuis deux semaines.
Pourtant, la musique allait mettre fin à leur ermitage.
Moreau et Massicotte furent un jour invités à jouer lors d'un jam session à la taverne Windsor. Ils y sont allés, après s'être faits tirer la manche, et tout le monde fût plus que ravis de les entendre. Les sons qui sortaient de leurs guitares étaient dignes de ce qui se faisait de plus grand dans le monde de la musique folk.
Du coup, on les demanda partout, pour des spectacles de charité, puis pour des événements spéciaux.
Le duo Moreau et Massicotte fût tellement en demande qu'à un certain moment ils durent songer à s'établir en ville, à Montréal, sous l'impulsion de leurs fans qui leur disaient de ne pas gaspiller leur temps à se mourir dans un trou au Nord de La Tuque.
Ce qui devait arriver arriva. Ils devinrent extrêmement célèbres, se mirent à boire comme des trous, abandonnèrent leurs chalets, perdirent aux cartes et vinrent s'établir dans un minuscule studio de Montréal qui sentait la misère et la cigarette.
Depuis, ils rêvent du temps où ils avaient un chalet.
Et s'ils grattent encore leurs guitares, tous les soirs de la semaine dans quelque bar perdu de la métropole, c'est pour se rappeler qu'ils n'auraient jamais dû toucher à une guitare de leur chienne de vie.
Victor Moreau ne se surnommait plus l'ermite, mais le vieux drogué.
Et Gérard Massicotte, quant à lui, s'appelait maintenant Ti-Boutte.
Ils se disaient souvent entre eux qu'ils n'auraient jamais dû quitter La Tuque.
Deux heures plus tard ils étaient saouls et gelés raides. Ils avaient tout oublié.
Comme quoi, le bonheur des uns peut aussi faire le malheur des autres.
mardi 3 mars 2015
Patiner sur la bottine en français
Les futurs profs en arrachent en français. À peine 50% d'entre eux réussissent leur examen de français à l'université.Pendant ce temps, des génies de la langue française sont condamnés à de petits boulots... J'ai connu des tas d'universitaires diplômés qui auraient pu enseigner le français, la littérature ou l'histoire avec passion.Sans certificat de pédagogie, ils sont devenus serveurs dans des restaurants, préposés au stationnement ou simplement assistés sociaux.Les jobs d'enseignants ne sont pas acquises aux plus méritants, mais à ceux qui obéissent à la primauté de l'inculture et du narcissisme pédagogique.Dans le domaine des lettres et des sciences humaines, l'université se débarrasse rapidement des meilleurs pour ne promouvoir que les étudiants les plus médiocres. "Y'a pas d'place nulle part pour tous les Ovide Plouffe du monde entier", disait-il.Oui, le Québec craint ses intellectuels et favorise l'ascension sociale des cuistres. Par contre, pas question de patiner sur la bottine au hockey universitaire: il y a des limites au fait d'être poche et incompétent!
dimanche 1 mars 2015
La paix dans le monde...
L'humanisme, comme le pacifisme, sont des positions difficiles à tenir dans un monde où se produit tant de violence et de barbarie. Je respecte profondément les doux et les pacifiques, tout comme je respecte les enfants. Par contre, j'ai beau fouiller dans ma cervelle, de la revirer de tous bords tous côtés, que je ne trouve pas le moyen de croire qu'un beau discours, serait-il tenu par le Messie lui-même, puisse venir à bout d'une idéologie meurtrière.
Cela dit, la vérité est la première victime de toute guerre. Je ne sais pas qui a dit ça, mais j'adhère totalement à cette idée.
Dans le roman 1984 de George Orwell, un roman d'une si terrible actualité, l'ennemi change de visage de jour en jour. Hier, c'était l'Eurasie, et le lendemain nous n'avons jamais été en guerre avec l'Eurasie...
Hier, l'Irak socialiste et laïque du tyran Saddam Hussein était l'alliée des États-Unis contre l'Iran des ayatollahs. On l'a fournie en armes de destruction massive. Le lendemain, nous n'avons jamais été en guerre contre l'Iran. L'Irak est devenu l'ennemi public. Et elle possède des armes de destruction massive...
Les Américains ont aussi soutenu Ousama Ben Laden et les talibans dans leur guerre contre les soviétiques d'Afghanistan. Quelques années plus tard, quand les deux tours sont tombées, on a accusé l'ancien agent de la CIA Ben Laden d'avoir orchestré le coup. Le rôle de l'Arabie Saoudite, une dictature soutenue par le Canada et les États-Unis, n'est pas tout à fait clair dans cet attentat... Qui croire? Quoi comprendre? Et si c'était l'Arabie Saoudite?
Nous créons l'ami et l'ennemi. Et nous faisons la guerre. La guerre contre ce que nous soutenions hier. La guerre contre ce que nous soutiendrons demain.
Je comprends qu'on ne vit pas au royaume de Walt Disney,
Je comprends surtout que nous vivons dans un sale monde et à une sale époque.
Cela dit, la vérité est la première victime de toute guerre. Je ne sais pas qui a dit ça, mais j'adhère totalement à cette idée.
Dans le roman 1984 de George Orwell, un roman d'une si terrible actualité, l'ennemi change de visage de jour en jour. Hier, c'était l'Eurasie, et le lendemain nous n'avons jamais été en guerre avec l'Eurasie...
Hier, l'Irak socialiste et laïque du tyran Saddam Hussein était l'alliée des États-Unis contre l'Iran des ayatollahs. On l'a fournie en armes de destruction massive. Le lendemain, nous n'avons jamais été en guerre contre l'Iran. L'Irak est devenu l'ennemi public. Et elle possède des armes de destruction massive...
Les Américains ont aussi soutenu Ousama Ben Laden et les talibans dans leur guerre contre les soviétiques d'Afghanistan. Quelques années plus tard, quand les deux tours sont tombées, on a accusé l'ancien agent de la CIA Ben Laden d'avoir orchestré le coup. Le rôle de l'Arabie Saoudite, une dictature soutenue par le Canada et les États-Unis, n'est pas tout à fait clair dans cet attentat... Qui croire? Quoi comprendre? Et si c'était l'Arabie Saoudite?
Nous créons l'ami et l'ennemi. Et nous faisons la guerre. La guerre contre ce que nous soutenions hier. La guerre contre ce que nous soutiendrons demain.
Je comprends qu'on ne vit pas au royaume de Walt Disney,
Je comprends surtout que nous vivons dans un sale monde et à une sale époque.