Évita ne s'appelait pas vraiment Évita. On ne voyait pas ce prénom-là sur sa carte d'assurance-maladie. Elle s'appelait, en fait, Georgette Laprise, un nom qui ne convenait pas du tout à son âge. Évita n'avait même pas trente ans. Personne de sa génération de type caucasien ne s'appelle Georgette, à moins de provenir de quelque coin reculé du globe où sévissent encore des curés sur les registres baptismaux.
Cette jeune femme, plutôt jolie et pas méchante pour deux sous, détestait son prénom. Évita, selon elle, cela faisait plus mystérieux que Georgette.
Évita Peron n'avait rien à voir dans le choix de son surnom. Georgette ne savait même pas qui c'était, Évita Peron, et Madonna n'était pas vraiment de sa génération. Elle trouvait que ça sonnait bien, Évita, et ça lui suffisait.
Évita aimait porter des vêtements qui laissaient voir le galbe de ses cuisses et le piercing de son nombril. Son physique étant plus avantageux que son vrai prénom, on peut comprendre qu'elle ait choisie cette voie pour mettre pleinement en valeur sa personnalité.
Elle se pavanait à moitié dénudée hiver comme été. La plupart des gens ne trouvaient rien à redire, sinon qu'elle devait se les geler l'hiver, disaient les vieilles, en parlant sans doute de ses ovaires.
Évita, qui n'était pas méchante pour deux sous comme je le disais précédemment, aimait chantonner toutes sortes de trucs où il était question de sweet love, de lovers et de paradise. Les mecs la regardaient avec de la bonne humeur bon enfant selon leur âge et leur expérience.
Georgette, alias Évita, savait bien qu'elle suscitait quelques émois, autrement elle aurait revêtu une poche de patates en jute. C'était même sa manière bien à elle d'être patriote en exhibant sans contrainte les charmants attributs de sa féminité sans complexe.
Mais voilà qu'un drôle de barbu s'était installé près de chez-elle. Il ne voyait pas d'un bon oeil le fait qu'elle s'affiche ainsi dans toute sa splendeur.
Le barbu, religionnaire de métier, disait à toutes ses filles ainsi qu'à ses femmes qu'elle était une prostituée, une mécréante, une impie. Pour les rappeler à la piété, il les obligeait à revêtir des poches de patates en jute dans lesquelles il pratiquait un trou pour qu'on ne puisse voir que leurs yeux.
-Comme ça, qu'il disait le sale plouc, je suis sûr que vous ne deviendrez pas des putains!
Il prenait le même autobus que Georgette tous les matins, ce barbu barbant qui, d'ailleurs, s'appelait Bubu Le Grand dans sa langue maternelle, le Chouinne-gomme, un dialecte à peu près disparu de la surface de la terre.
Un jour, n'en pouvant plus, il traita Évita de chienne et de prostituée pour son habitude de se montrer ainsi les jambes, les cuisses et la craque du cul.
-Allez vous habiller! Vous insultez Dieu! qu'il lui a dit, le tabarnak.
-Veux-tu bien aller chier ma calice de barbe en poils de cul? qu'elle lui a répondu du tac au tac. Chu chez-nous calice pis icitte on s'habille comme on veut. T'aimes pas ça? Crosse-toé avec une poignée d'braquettes pis décrisse!
Le barbu se tut par dépit puisque tous les passagers le regardaient comme s'il était le roi des ploucs.
Le pire c'est qu'il était lui-même vêtu étrangement. Il était déguisé en femme et portait une robe. Pourtant, personne ne lui reprochait quoi que ce soit. S'il voulait s'habiller en femme, c'était son affaire.
L'histoire s'arrêterait ici qu'on aurait de quoi s'en contenter.
Mais non! Notre société étant inclusive comme cela ne se peut pas, le barbu revint le soir même chez-lui pour découvrir ses affaires pliées dans des sacs verts sur la galerie de son appartement. Ses filles et ses femmes ne portaient plus leurs sacs de patates en jute sur le corps et s'étaient même vêtues un peu comme Évita, avec le g-string qui dépasse de la mini-jupe et tout le tralala.
-Qu'est-ce que vous faites femmes impies? leur demanda le barbu en agitant sa robe.
-On veut que tu foutes le camp! Va te masturber avec une poignée de braquettes! qu'elles lui dirent en lui jetant au visage leurs poches de patates.
-J'appelle la police!
-Pas nécessaire... C'est déjà fait et ils viennent te chercher sale connard!
Le barbu fût bientôt entouré de policiers qui lui expliquèrent sommairement ses droits, dont celui de communiquer avec un avocat.
On l'incarcéra pour violence conjugale, agressions sexuelles multiples, etc.
Le soir même, lorsque Georgette revint chez-elle, elle fût surprise de voir ses voisines écouter Madonna à plein volume dans l'appartement qu'occupait auparavant l'infâme barbu.
Filles et femmes dansaient lascivement en brandissant des bouteilles d'alcool qu'elles buvaient à larges rasades.
-Nous sommes libres! qu'elles criaient. Qu'il aille se faire foutre cet enculé!
Évita ne savait pas la bonne influence qu'elle pouvait avoir dans son quartier.
C'était une vraie patriote en son genre. Ses piercings et son g-string faisaient tomber les intégristes plus vite que tous les discours des stupides politiciens.
samedi 28 février 2015
vendredi 27 février 2015
Mon pays et le Code de vie d'Hérouxville
Je ne ferais pas un bon politicien et je m'en réjouis. D'abord, je ne suis pas politicien. Ensuite, j'aime me réjouir, rire de bon coeur et penser par moi-même sans me soumettre à un comité de crétins ambitieux.
J'ajoute que je n'ai aucune constance dans mes affirmations. Je défais ce que j'ai dit jadis. Je réfléchis souvent à voix haute et m'exprime tant bien que mal sur des sujets qui m'échappent selon l'effet produit par tel ou tel phénomène. J'adapte trop facilement ma pensée aux nouvelles données qui me parviennent. On dit qu'il n'y a que les fous qui ne changent jamais d'idées et moi, je m'en étonne, j'ai l'impression que je ne suis pas si fou que j'en ai l'air.
J'en viens à croire que non seulement je me trompe, mais que je puis aussi tromper, sans nécessairement faire usage de malice. Ce qui fait de moi un piètre analyste de l'actualité. D'aucuns diraient que je suis opportuniste alors qu'il est évident, à voir mon parcours, que je ne profite de rien et mets tous mes efforts pour me débarrasser de toute forme d'accointance avec quelque groupe que ce soit. J'évite les cocktails, les réceptions, les assemblées publiques, les réunions de comités, etc. Je ne participe qu'aux manifestations qui me semblent justes et refuse de jouer au mouton au sein de celles-ci.
***
Où veux-je en venir avec cette confession ridicule?
À ceci que mes opinions ont changé sur plusieurs sujets au cours des ans.
J'étais indépendantiste en 1987, quand plus personne n'y croyait.
En 1995, j'ai voté Oui tout en critiquant le nationalisme étriqué de Lucien Bouchard et Mario Dumont.
En 1996, après le référendum, je me suis dit citoyen du monde.
En 1997, j'ai flirté un temps avec le fédéralisme, dégoûté par le nationalisme à tête grise.
En 2001, j'étais un habitant de l'Île de la Tortue, fier de son appartenance aborigène.
Et maintenant? Je suis redevenu souverainiste. L'État canadien me semble une prison et la monarchie constitutionnelle est un anachronisme dont on ne se débarrassera jamais au sein de la Confédération. L'indépendance du Québec est une voie pour préserver nos valeurs au sein d'un monde où tout éclate. Les conservateurs, les libéraux et les libertariens méprisent le Québec et cette langue française que j'écris tous les jours. Cela vient me chercher. J'en viens à croire, peut-être à tort, que l'on finira de nous mépriser en tant que Québécois lorsque nous aurons un pays. Et je me dis que l'on ne saurait devenir maîtres chez-nous au sein du Canada puisque nous sommes radicalement différents des preachers de l'Ouest.
***
J'ai changé de position aussi sur le Code de vie de Hérouxville. J'ai tourné André Drouin en bourrique et me suis moqué de ce fameux code de vie sans même l'avoir lu.
La première fois que je l'ai lu, c'était hier via un commentaire laissé par Robert Barberis-Gervais sur le site Facebook de Victor-Lévy Beaulieu. Vous pouvez en prendre connaissance ici.
On les a traités de racistes, de xénophobes, voire d'imbéciles et d'ignorants. Hérouxville ne méritait pas ce traitement. En fait, je me sens cheap d'avoir ri de cela. Je me sens cheap de les avoir pris pour des culs-terreux, en parfait idiot d'intellectuel déconnecté que je suis.
Il y a même de l'humour dans le Code de vie d'Hérouxville. Il exprime clairement que nous avons des us et des coutumes qui ne sont pas négociables, comme les baignades publiques où les hommes côtoient les femmes, les policières qui peuvent arrêter un homme, l'arbre de Noël qui peut convenir autant aux croyants qu'aux athées en tant que référence culturelle, etc.
Cela semble con et grossier à première vue, alors que la vraie grossièreté est de se comporter dans notre pays comme si c'était une colonie où l'on peut traiter les indigènes comme des sauvages qu'il faut civiliser avec de fausses croyances réductrices.
Les aborigènes croyaient que la terre n'appartenait à personne et ne virent aucun mal à laisser de la place aux Français et aux Anglais. Ils ont été confinés dans des réserves pour laisser aux colonisateurs le soin d'occuper tout l'espace public.
Les Québécois sont fortement métissés avec les autochtones et il nous revient sans doute de réparer les erreurs du passé.
Par contre, cela ne signifie pas que nous devons commettre d'autres erreurs, dont celui de fouler nos valeurs au nom de je ne sais trop quelle religion qui débarque ici avec ses gros sabots pour faire du prosélytisme au détriment de valeurs communes conquises de haute lutte, comme l'égalité entre les hommes et les femmes, la liberté d'expression, la laïcité, etc.
Ce n'est pas aux intellectuels de décider qui nous sommes. Cette tâche incombe à tout un chacun d'entre nous. La liberté et la tolérance ne sont pas des vues de l'esprit, mais des valeurs qui ne peuvent pas s'accorder avec ceux qui prônent l'esclavage, la soumission et l'intolérance.
Voilà où j'en suis.
Si cela vous choque, moi ça me débloque.
J'ajoute que je n'ai aucune constance dans mes affirmations. Je défais ce que j'ai dit jadis. Je réfléchis souvent à voix haute et m'exprime tant bien que mal sur des sujets qui m'échappent selon l'effet produit par tel ou tel phénomène. J'adapte trop facilement ma pensée aux nouvelles données qui me parviennent. On dit qu'il n'y a que les fous qui ne changent jamais d'idées et moi, je m'en étonne, j'ai l'impression que je ne suis pas si fou que j'en ai l'air.
J'en viens à croire que non seulement je me trompe, mais que je puis aussi tromper, sans nécessairement faire usage de malice. Ce qui fait de moi un piètre analyste de l'actualité. D'aucuns diraient que je suis opportuniste alors qu'il est évident, à voir mon parcours, que je ne profite de rien et mets tous mes efforts pour me débarrasser de toute forme d'accointance avec quelque groupe que ce soit. J'évite les cocktails, les réceptions, les assemblées publiques, les réunions de comités, etc. Je ne participe qu'aux manifestations qui me semblent justes et refuse de jouer au mouton au sein de celles-ci.
***
Où veux-je en venir avec cette confession ridicule?
À ceci que mes opinions ont changé sur plusieurs sujets au cours des ans.
J'étais indépendantiste en 1987, quand plus personne n'y croyait.
En 1995, j'ai voté Oui tout en critiquant le nationalisme étriqué de Lucien Bouchard et Mario Dumont.
En 1996, après le référendum, je me suis dit citoyen du monde.
En 1997, j'ai flirté un temps avec le fédéralisme, dégoûté par le nationalisme à tête grise.
En 2001, j'étais un habitant de l'Île de la Tortue, fier de son appartenance aborigène.
Et maintenant? Je suis redevenu souverainiste. L'État canadien me semble une prison et la monarchie constitutionnelle est un anachronisme dont on ne se débarrassera jamais au sein de la Confédération. L'indépendance du Québec est une voie pour préserver nos valeurs au sein d'un monde où tout éclate. Les conservateurs, les libéraux et les libertariens méprisent le Québec et cette langue française que j'écris tous les jours. Cela vient me chercher. J'en viens à croire, peut-être à tort, que l'on finira de nous mépriser en tant que Québécois lorsque nous aurons un pays. Et je me dis que l'on ne saurait devenir maîtres chez-nous au sein du Canada puisque nous sommes radicalement différents des preachers de l'Ouest.
***
J'ai changé de position aussi sur le Code de vie de Hérouxville. J'ai tourné André Drouin en bourrique et me suis moqué de ce fameux code de vie sans même l'avoir lu.
La première fois que je l'ai lu, c'était hier via un commentaire laissé par Robert Barberis-Gervais sur le site Facebook de Victor-Lévy Beaulieu. Vous pouvez en prendre connaissance ici.
On les a traités de racistes, de xénophobes, voire d'imbéciles et d'ignorants. Hérouxville ne méritait pas ce traitement. En fait, je me sens cheap d'avoir ri de cela. Je me sens cheap de les avoir pris pour des culs-terreux, en parfait idiot d'intellectuel déconnecté que je suis.
Il y a même de l'humour dans le Code de vie d'Hérouxville. Il exprime clairement que nous avons des us et des coutumes qui ne sont pas négociables, comme les baignades publiques où les hommes côtoient les femmes, les policières qui peuvent arrêter un homme, l'arbre de Noël qui peut convenir autant aux croyants qu'aux athées en tant que référence culturelle, etc.
Cela semble con et grossier à première vue, alors que la vraie grossièreté est de se comporter dans notre pays comme si c'était une colonie où l'on peut traiter les indigènes comme des sauvages qu'il faut civiliser avec de fausses croyances réductrices.
Les aborigènes croyaient que la terre n'appartenait à personne et ne virent aucun mal à laisser de la place aux Français et aux Anglais. Ils ont été confinés dans des réserves pour laisser aux colonisateurs le soin d'occuper tout l'espace public.
Les Québécois sont fortement métissés avec les autochtones et il nous revient sans doute de réparer les erreurs du passé.
Par contre, cela ne signifie pas que nous devons commettre d'autres erreurs, dont celui de fouler nos valeurs au nom de je ne sais trop quelle religion qui débarque ici avec ses gros sabots pour faire du prosélytisme au détriment de valeurs communes conquises de haute lutte, comme l'égalité entre les hommes et les femmes, la liberté d'expression, la laïcité, etc.
Ce n'est pas aux intellectuels de décider qui nous sommes. Cette tâche incombe à tout un chacun d'entre nous. La liberté et la tolérance ne sont pas des vues de l'esprit, mais des valeurs qui ne peuvent pas s'accorder avec ceux qui prônent l'esclavage, la soumission et l'intolérance.
Voilà où j'en suis.
Si cela vous choque, moi ça me débloque.
mercredi 25 février 2015
Légalisons le cannabis, comme l'Alaska, le Colorado et l'État de Washigton....
Du temps où je fumais de la marijuana je n'aurais pas risqué d'écrire ce qui suit. Je ne voulais pas attirer l'attention. Je profitais de ma fumigation clandestinement, dans la crainte constante de subir les foudres d'une justice aveugle. Heureusement, il ne m'est jamais rien arrivé et mon casier judiciaire est vierge.
Je ne fume plus depuis un bon bout de temps et ne possède plus la moindre poussière de chanvre dans mes affaires. Ce n'est pas pour me confondre à une morale conservatrice que j'ai tout lâché. J'avais, comme qui dirait, fait le tour de la question. Je ne dis pas que je n'y reviendrai pas un jour ou l'autre quand il sera le temps de me rappeler ma folle jeunesse ou bien lorsqu'il me faudra soigner une douleur par des moyens naturels. Pour le moment, j'apprécie ma sobriété relative, à peine perturbée par deux ou trois coupes de vin blanc par mois.
L'Alaska a légalisé le pot par référendum hier. Il devient le troisième État des États-Unis à l'autoriser après les États du Colorado et de Washington. Comme les consultations populaires sont rares au Canada, il faudra attendre la possible élection du Parti libéral de Justin Trudeau pour voir cette mesure s'appliquer ici. Cela pourrait se faire d'ici 2016.
Il importe de savoir que le premier président des États-Unis, George Washington, était lui-même un poteux qui recommandait de séparer les plants mâles des plants femelles puisque, selon lui, le plant femelle du chanvre produit un excellent tabac qui favorise la détente et l'imagination...
La marijuana fût d'abord interdite aux États-Unis autour des années '30 parce que c'était une drogue pratiquement gratuite qui, selon les conceptions racistes des Blancs, dévoyait les Nègres, les Indiens et les Mexicains. L'alcool enrichissait la famille Kennedy, entre autres, et c'était le psychotrope de prédilection des Visages-Pâles.
La prohibition de l'alcool fût, bien sûr, une catastrophe sur le plan social. L'alcool de contrebande permit à la pègre de s'équiper de mitraillettes pour semer le chaos. Quand l'alcool fût décriminalisé, les bandits s'emparèrent du marché des autres drogues pour s'équiper de mitraillettes et continuer de semer le désordre.
La prohibition des drogues est un échec total, que ce soit pour l'alcool, la marijuana et même la cocaïne. Au lieu de contrôler le produit et d'en soutirer des taxes lucratives, nos gouvernements ont préféré créer de nouvelles catégories de criminels au nom d'une morale où les premières victimes de la criminalisation ne sont pas tant les vendeurs que les consommateurs et les contribuables. Pour chaque dollar investi dans la lutte contre les drogues, il se fait sans doute cent dollars pour les bandits à cravates. Un cent dollars qui sera converti en mitraillettes, en grenades ou bien en hécatombes.
Les premiers qui ne veulent pas de la légalisation de la marijuana sont les criminels eux-mêmes qui voient là une perte de profits considérable.
Le gouvernement canadien, qu'il soit conservateur ou libéral, pourrait hésiter avant de légaliser. Les personnes arrêtées dans le cadre de l'ancienne loi pourrait réclamer des indemnisations en prétendant, avec raison, qu'ils ont été victimes d'une loi stupide et condamnés injustement.
Quoi qu'il en soit, le non-fumeur que je suis se positionne en faveur de la légalisation du cannabis.
En 2015, il serait temps de laisser de côté notre morale de Visages-Pâles qui se saoulent à l'alcool à 99% en vente libre dans les pharmacies et les succursales de la SAQ. Le pot est bien moins dommageable que l'alcool. Certains ne savent pas boire. D'autres ne savent pas fumer. Qu'on leur paie des thérapies au lieu de dépenser des sommes exorbitantes dans les escouades policières qui font des opérations pour la frime parce qu'elles sont incapables de venir à bout des drogues.
Je ne fume plus depuis un bon bout de temps et ne possède plus la moindre poussière de chanvre dans mes affaires. Ce n'est pas pour me confondre à une morale conservatrice que j'ai tout lâché. J'avais, comme qui dirait, fait le tour de la question. Je ne dis pas que je n'y reviendrai pas un jour ou l'autre quand il sera le temps de me rappeler ma folle jeunesse ou bien lorsqu'il me faudra soigner une douleur par des moyens naturels. Pour le moment, j'apprécie ma sobriété relative, à peine perturbée par deux ou trois coupes de vin blanc par mois.
L'Alaska a légalisé le pot par référendum hier. Il devient le troisième État des États-Unis à l'autoriser après les États du Colorado et de Washington. Comme les consultations populaires sont rares au Canada, il faudra attendre la possible élection du Parti libéral de Justin Trudeau pour voir cette mesure s'appliquer ici. Cela pourrait se faire d'ici 2016.
Il importe de savoir que le premier président des États-Unis, George Washington, était lui-même un poteux qui recommandait de séparer les plants mâles des plants femelles puisque, selon lui, le plant femelle du chanvre produit un excellent tabac qui favorise la détente et l'imagination...
La marijuana fût d'abord interdite aux États-Unis autour des années '30 parce que c'était une drogue pratiquement gratuite qui, selon les conceptions racistes des Blancs, dévoyait les Nègres, les Indiens et les Mexicains. L'alcool enrichissait la famille Kennedy, entre autres, et c'était le psychotrope de prédilection des Visages-Pâles.
La prohibition de l'alcool fût, bien sûr, une catastrophe sur le plan social. L'alcool de contrebande permit à la pègre de s'équiper de mitraillettes pour semer le chaos. Quand l'alcool fût décriminalisé, les bandits s'emparèrent du marché des autres drogues pour s'équiper de mitraillettes et continuer de semer le désordre.
La prohibition des drogues est un échec total, que ce soit pour l'alcool, la marijuana et même la cocaïne. Au lieu de contrôler le produit et d'en soutirer des taxes lucratives, nos gouvernements ont préféré créer de nouvelles catégories de criminels au nom d'une morale où les premières victimes de la criminalisation ne sont pas tant les vendeurs que les consommateurs et les contribuables. Pour chaque dollar investi dans la lutte contre les drogues, il se fait sans doute cent dollars pour les bandits à cravates. Un cent dollars qui sera converti en mitraillettes, en grenades ou bien en hécatombes.
Les premiers qui ne veulent pas de la légalisation de la marijuana sont les criminels eux-mêmes qui voient là une perte de profits considérable.
Le gouvernement canadien, qu'il soit conservateur ou libéral, pourrait hésiter avant de légaliser. Les personnes arrêtées dans le cadre de l'ancienne loi pourrait réclamer des indemnisations en prétendant, avec raison, qu'ils ont été victimes d'une loi stupide et condamnés injustement.
Quoi qu'il en soit, le non-fumeur que je suis se positionne en faveur de la légalisation du cannabis.
En 2015, il serait temps de laisser de côté notre morale de Visages-Pâles qui se saoulent à l'alcool à 99% en vente libre dans les pharmacies et les succursales de la SAQ. Le pot est bien moins dommageable que l'alcool. Certains ne savent pas boire. D'autres ne savent pas fumer. Qu'on leur paie des thérapies au lieu de dépenser des sommes exorbitantes dans les escouades policières qui font des opérations pour la frime parce qu'elles sont incapables de venir à bout des drogues.
mardi 24 février 2015
Pourquoi pas une rue Chuck-Guité à Shawinigan?
Copie d'une lettre envoyée au courrier des lecteurs des quotidiens du Québec. Sera-t-elle publiée?
***
Pourquoi pas une rue Chuck-Guité à Shawinigan?
Staline avait une ville à son nom de son vivant. Elle s'appelait Stalingrad. Il devait aussi y avoir des rues qui s'appelaient Staline sur tout le territoire de l'URSS. La commission de toponymie soviétique permettait ce genre de culte de la personnalité.
Pour en revenir au Très Honorable Jean Chrétien, il semble qu'il ne soit pas encore mort.
L'honorable Chuck Guité non plus, qui a payé pour tous ceux qui n'ont pas été embêtés par la justice.
Chuck Guité mériterait qu'on nomme la 4e rue de Shawinigan la rue Chuck-Guité pour souligner son apport exceptionnel à la communauté canadienne et, par extension, shawiniganaise.
On pourrait ensuite songer à attribuer le nom du Très Honorable Jean Chrétien à la 5e rue, de son vivant bien entendu, pour que ses partisans puissent lui rendre un culte de la personnalité de son vivant, malgré les règles contraignantes de la Commission de toponymie du Québec qui stipulent qu'un homme doit être mort depuis au moins un an avant que d'honorer sa mémoire.
Puisque personne ne sait écrire Shawinigan convenablement, il serait aussi une bonne idée de la rebaptiser Chrétienville.
J'espère que le conseil municipal de Shawinigan retiendra mes humbles suggestions.
Gaétan Bouchard
Courriel: bouchard.gaetan@gmail.com
Les nuages, les merveilleux nuages...
"- Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"
Charles Baudelaire, Le spleen de Paris
- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"
Charles Baudelaire, Le spleen de Paris
J'ai été fortement impressionné par le Docteur Jivago, tant par le roman de Boris Pasternak que par le film de David Lean. Dans un cas comme dans l'autre, tout commence avec les obsèques de la mère de Youri Jivago qui lui laisse en legs une balalaïka. Le jeune orphelin est déjà poète et contemple le scintillement du soleil ou bien l'éclat de la lune qui tous deux jouent avec les branches pour projeter ombres et lumières. Youri Jivago ne sera pas seulement médecin. Il est et sera surtout un homme qui a la capacité de s'émerveiller tout autant que celle de s'indigner. Son serment d'Hippocrate se conjugue à celui de mener une vie qui corresponde aux exigences de sa sensibilité artistique et de l'humanisme qui nécessairement l'accompagne.
Je ne suis pas docteur et pas tout à fait poète. Pourtant, d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu cette faculté de me perdre dans les nuages. À l'école, je passais mon temps à regarder les arbres et les nuages. À l'âge adulte, j'ai continué de rêvasser devant les arbres qui poussaient dans la cour que je pouvais voir par la fenêtre du bureau où je travaillais. C'est un peu comme si je n'étais jamais tout à fait là tout en y étant pleinement. Selon ma vision du monde, le sens de l'existence se trouve dans l'infini et non dans les menus détails des obligations quotidiennes.
Jeudi soir dernier, par exemple, j'étais fasciné par un croissant de lune qui apparaissait au Nord-Ouest. La planète Vénus, alias l'étoile du berger, scintillait à deux portées d'étoile de cette lune qui faisait figure de berceau. J'étais sur mon balcon avec les sacs d'épicerie dans les bras et j'oubliais tout le reste pour me concentrer seulement sur ce spectacle.
-Regarde comme c'est beau mon amour... que j'ai dit à ma blonde qui a l'habitude de me voir la tête partie dans les nuages.
Et nous fûmes deux à regarder la planète scintillante ainsi que le croissant de lune.
Puisque je peins de temps à autre, je me perds régulièrement dans l'observation des branches, des oiseaux et des astres. Tout cela me semble bien plus réel que les labyrinthes et les minotaures de la politique.
Cette faculté d'émerveillement contribue sans doute autant à ma perte qu'à mon salut.
J'aurai toujours la tête ailleurs.
Et c'est très bien ainsi.
lundi 23 février 2015
La majorité silencieuse n'est pas sur Twitter
Simon faisait partie de la majorité silencieuse. Il avait tout de même un doute puisqu'il était toujours seul et avait peu d'amis pour le conforter dans cette position. Il avait même fini par se croire victime d'un quelconque complot gauchiste puisque tout un chacun autour de lui en voulait au gouvernement, aux fédéralistes et, bien sûr, aux riches. Et ce petit monde qui gravitait autour de lui, ce petit monde qu'il appelait le petit peuple, eh bien il s'en trouvait plusieurs pour porter des pancartes, taper sur des chaudrons et s'agrafer des carrés rouges en feutrine sur le revers de leur veste.
La majorité silencieuse, pour Simon, c'était Éric Duhaime, Nathalie Normandeau ainsi que Thatcheromania68, Pinochetterie72 et autres avatars couards qui s'agitent un tant soit peu sur Twitter pour rappeler au monde entier qu'il y aura toujours des larbins pour se convaincre entre eux qu'ils forment la majorité silencieuse.
Il existe, bien entendu, des tas de gens qui n'ont rien à dire. Ils ne pensent pas former une majorité silencieuse. Ils sont simplement silencieux et obéiraient à n'importe quoi, un cochon ou bien un commissaire du peuple. Ils répondent toujours oui aux messages lancés par le centre de commandement de la fourmilière. Ils comptent pour pas grand chose dans l'évolution des sociétés, sinon à maintenir temporairement un statu quo. On ne marche pas tous à la même vitesse et ceux-là ont besoin de longues pauses pour soigner leurs ampoules.
Simon s'appelait L'Antioui67 sur Twitter. Évidemment que c'était un couard et qu'il prenait un malin plaisir à s'attaquer à ces péquistes, socialistes et syndicalistes qui se croyaient courageux seulement parce qu'ils écrivaient sous leur vrai nom. Si la majorité silencieuse de Simon se montrait moins tolérante, ils crèveraient tous en prison ces satanés gauchistes... Enfin! Pour le moment L'Antioui67 prenait part au combat en rappelant à tous ces trous du cul qu'ils étaient désuets, obsolètes, anachroniques, anti-modernes, etc.
Simon s'était fait à l'idée qu'il était fédéraliste, libéral, conservateur et libertarien de surcroît. Il n'allait jamais aux réunions des fédés, des libéraux, des conservateurs ou bien des libertariens puisqu'il avait juste assez d'argent pour se payer une vieille bagnole ainsi qu'une ligne Internet. Les réunions à 100$ lui semblaient inaccessibles. Les impôts et les taxes de la damnée gauche l'empêchaient de devenir riche. Il ne comprenait pas que les riches ne payaient pas d'impôts et qu'ils pelletaient dans la cour des pauvres toutes leurs responsabilités sociales. Dépenses publiques, profits privés: cela n'entrait pas dans la tête obtuse de L'Antioui67.
Simon travaillait à petit salaire dans un endroit heureusement non-syndiqué et il comprenait que son patron ne pouvait pas le payer plus à cause de ces satanés gauchistes qui voulaient faire payer les riches.
L'Antioui67 inondait Twitter de messages sarcastiques pour se conférer l'illusion qu'il n'était pas une couille molle, un larbin, voire un lèche-bottes.
On lui répondait des tas de conneries sur les bandits à cravates, les paradis fiscaux, Chuck Guité, l'UPAC, la Commission Charbonneau, la CECO, la pègre libérale, etc.
La majorité silencieuse allait avoir sa revanche. C'était évident. Un jour tous les Thatcheromania68 et les Pinochetterie72 seraient au rendez-vous...sur Twitter.
En attendant, ils devaient tous souffrir de voir leurs gouvernements ne pas pouvoir gouverner dans l'ordre et le calme...
samedi 21 février 2015
L'austérité c'est du vol
Qu'est-ce que l'austérité? Une idéologie qui nous dit que notre pays et ses ressources ne nous appartiennent pas. C'est la propriété exclusive des banquiers et autres bandits à cravates qui nous lancent quelques rogatons de temps à autres pour nous récompenser d'être de bons chiens, bien dressés et bien obéissants.
On pense à tort que leur contrôle sur le monde est immuable. On pense à tort qu'on ne peut rien y changer.
Il faudra vingt-quatre heures pour changer tout ça quand nous serons prêts à le faire.
Pas quatre ans. Ni trois ans. Vingt-quatre heures et notre monde pourrait changer de fond en comble.
Vous pourriez croire que j'affiche un optimisme béat. Pas du tout. Je suis même trop réaliste.
"L'homme ordinaire ne sait pas que tout est possible" , écrivait David Roussel dans L'univers concentrationnaire. Ce qu'il disait pour les camps de concentration vaut aussi pour ceux qui ont cru qu'il n'y aurait pas de fin aux camps de concentration.
Un autre philosophe, Héraclite, nous a laissé cette maxime selon laquelle on ne se lave jamais deux fois dans le même fleuve. On le surnommait l'Obscur, Héraclite, et cela semble pourtant clair comme de l'eau de roche. Rien n'est jamais fixé à jamais, ni le pouvoir, ni les fortunes; ni la pauvreté, ni les infortunes.
Tout est appelé à changer.
Voler les citoyens, comme le font sans vergogne les banquiers et leurs larbins de service, est la loi de l'instant. Ce n'est pas la loi pour toujours. La loi de la gravité est immuable. Encore pouvons-nous envoyer des fusées dans l'espace qui défient les lois de nos ancêtres pré-spatiopithèques qui se croyaient à jamais cloués au sol.
De simples réparateurs de bicyclettes, les frères Wrigth, sont venus à bout des préjugés des plus grands physiciens de leur époque, lesquels croyaient dur comme fer qu'aucun objet plus lourd que l'air ne pouvait voler par ses propres moyens, du moins sans faire usage d'énormes ballons remplis de gaz.
Les économistes libertariens me font penser à ces grands savants qui se font crémer par des réparateurs de vélos, lesquels ont inauguré l'ère de la conquête spatiale.
En fait, tout a changé autour de nous sauf l'économie. Elle est demeurée ancrée dans les vieux concepts issus du XIXe siècle. Les riches sont aussi avares qu'à cette époque et se trouvent encore des tas de larbins pour conclure que les syndicats nuisent à la société, "leur" société plus lourde que l'air qui ne décolle jamais et nous englue dans le travail forcé des enfants et des vieillards. Comme dans les romans de Charles Dickens, qui était pourtant un conservateur ayant quelques accès de lucidité devant une page blanche.
Pour paraphraser Proudhon, l'austérité c'est du vol.
Ce n'est pas le vol des frères Wright. C'est le vol dans son acception criminelle.
Que pouvons-nous faire? Je ne sais pas ce que vous pouvez faire. Moi, je fais ce que je peux. Je signe des pétitions. Je porte des pancartes. Je tape sur des chaudrons. Je descends dans la rue. Et je ne manque pas une occasion pour dire et redire à mes proches que nous sommes gouvernés par les valets des bandits à cravates.
Une communauté humaine est sans avenir si elle ne se donne aucun but. Le fric qu'on retire de nos poches pour payer ceux qui volent le bien public n'est pas un but digne de ce nom. C'est même indigne du génie de l'être humain.
L'aspiration au bonheur, à la justice et à l'égalité sont des buts louables pour l'humanité.
Beaucoup de sang a été versé au nom de ses buts, parce que les loups ne lâcheront pas le morceau de viande sans avoir combattu.
On dit que l'homme est un loup pour l'homme. Ce n'est pas tout à fait faux.
L'homme tel qu'il est doit être contenu dans un filet de lois pour l'empêcher de mettre en action sa seconde nature. Encore faut-il que ces lois soient justes et servent tout le monde, pas seulement une poignée de vautours.
Qui joue à l'ange fait souvent la bête, disait Blaise Pascal. Cela porte aussi à réfléchir.
Cependant, on ne va pas s'emberlificoter avec des tas de notions philosophiques pour construire notre avion comme l'ont fait les frères Wright, sans se soucier de l'avis des savants et autres rats de bibliothèques pour qui la vie n'existe que dans les livres et les données de tel ou tel institut de ronds-de-cuir.
La vie est un livre bien plus vaste que toutes les bibliothèques du monde. Elle ne saurait être toute contenue dans un bréviaire ou bien une idéologie.
Il nous est possible d'inventer du nouveau, à chaque seconde s'il le faut.
L'austérité n'est qu'un mythe. L'argent n'est que du vol.
Et le monde, quoi qu'on en dise, tourne bien plus vite qu'on ne l'eût cru.
On pense à tort que leur contrôle sur le monde est immuable. On pense à tort qu'on ne peut rien y changer.
Il faudra vingt-quatre heures pour changer tout ça quand nous serons prêts à le faire.
Pas quatre ans. Ni trois ans. Vingt-quatre heures et notre monde pourrait changer de fond en comble.
Vous pourriez croire que j'affiche un optimisme béat. Pas du tout. Je suis même trop réaliste.
"L'homme ordinaire ne sait pas que tout est possible" , écrivait David Roussel dans L'univers concentrationnaire. Ce qu'il disait pour les camps de concentration vaut aussi pour ceux qui ont cru qu'il n'y aurait pas de fin aux camps de concentration.
Un autre philosophe, Héraclite, nous a laissé cette maxime selon laquelle on ne se lave jamais deux fois dans le même fleuve. On le surnommait l'Obscur, Héraclite, et cela semble pourtant clair comme de l'eau de roche. Rien n'est jamais fixé à jamais, ni le pouvoir, ni les fortunes; ni la pauvreté, ni les infortunes.
Tout est appelé à changer.
Voler les citoyens, comme le font sans vergogne les banquiers et leurs larbins de service, est la loi de l'instant. Ce n'est pas la loi pour toujours. La loi de la gravité est immuable. Encore pouvons-nous envoyer des fusées dans l'espace qui défient les lois de nos ancêtres pré-spatiopithèques qui se croyaient à jamais cloués au sol.
De simples réparateurs de bicyclettes, les frères Wrigth, sont venus à bout des préjugés des plus grands physiciens de leur époque, lesquels croyaient dur comme fer qu'aucun objet plus lourd que l'air ne pouvait voler par ses propres moyens, du moins sans faire usage d'énormes ballons remplis de gaz.
Les économistes libertariens me font penser à ces grands savants qui se font crémer par des réparateurs de vélos, lesquels ont inauguré l'ère de la conquête spatiale.
En fait, tout a changé autour de nous sauf l'économie. Elle est demeurée ancrée dans les vieux concepts issus du XIXe siècle. Les riches sont aussi avares qu'à cette époque et se trouvent encore des tas de larbins pour conclure que les syndicats nuisent à la société, "leur" société plus lourde que l'air qui ne décolle jamais et nous englue dans le travail forcé des enfants et des vieillards. Comme dans les romans de Charles Dickens, qui était pourtant un conservateur ayant quelques accès de lucidité devant une page blanche.
Pour paraphraser Proudhon, l'austérité c'est du vol.
Ce n'est pas le vol des frères Wright. C'est le vol dans son acception criminelle.
Que pouvons-nous faire? Je ne sais pas ce que vous pouvez faire. Moi, je fais ce que je peux. Je signe des pétitions. Je porte des pancartes. Je tape sur des chaudrons. Je descends dans la rue. Et je ne manque pas une occasion pour dire et redire à mes proches que nous sommes gouvernés par les valets des bandits à cravates.
Une communauté humaine est sans avenir si elle ne se donne aucun but. Le fric qu'on retire de nos poches pour payer ceux qui volent le bien public n'est pas un but digne de ce nom. C'est même indigne du génie de l'être humain.
L'aspiration au bonheur, à la justice et à l'égalité sont des buts louables pour l'humanité.
Beaucoup de sang a été versé au nom de ses buts, parce que les loups ne lâcheront pas le morceau de viande sans avoir combattu.
On dit que l'homme est un loup pour l'homme. Ce n'est pas tout à fait faux.
L'homme tel qu'il est doit être contenu dans un filet de lois pour l'empêcher de mettre en action sa seconde nature. Encore faut-il que ces lois soient justes et servent tout le monde, pas seulement une poignée de vautours.
Qui joue à l'ange fait souvent la bête, disait Blaise Pascal. Cela porte aussi à réfléchir.
Cependant, on ne va pas s'emberlificoter avec des tas de notions philosophiques pour construire notre avion comme l'ont fait les frères Wright, sans se soucier de l'avis des savants et autres rats de bibliothèques pour qui la vie n'existe que dans les livres et les données de tel ou tel institut de ronds-de-cuir.
La vie est un livre bien plus vaste que toutes les bibliothèques du monde. Elle ne saurait être toute contenue dans un bréviaire ou bien une idéologie.
Il nous est possible d'inventer du nouveau, à chaque seconde s'il le faut.
L'austérité n'est qu'un mythe. L'argent n'est que du vol.
Et le monde, quoi qu'on en dise, tourne bien plus vite qu'on ne l'eût cru.
vendredi 20 février 2015
Comment Cédrick Marceau est devenu un vrai poète
Cédrick Marceau avait toujours été du genre à préférer les bandes dessinées aux livres sans images, jusqu'à ce qu'il atteigne la maturité. Dès la première giclée de sa puberté, Cédrick s'est mis en tête que l'enfance était terminée. Il délaissa Lucky Luke et Astérix pour se consacrer à l'intelligence puisque, n'étant pas très beau, il voyait là sa seule chance de séduire une femme un tant soit peu brillante qui se fermerait les yeux pour lui donner plein de petits bisous tout partout sur son petit corps décharné. Cédrick avait bel et bien ressenti que Mélinda, Colinda et Sarah, des filles derrière lesquelles il s'asseyait à l'école pour reluquer leur popotin, étaient du genre à ne pas s'intéresser à Morris et Uderzo.
Cédrick Marceau avait dès lors compris qu'il devait changer du tout au tout pour le bonheur de ces dames qui préféraient, pour une raison mystérieuse, les physiques ingrats sur lesquels était montée une tête bien faite. Mélinda lisait Proust et Hermann Broch. Colinda, quant à elle, décortiquait les oeuvres de Marx, Sartre et Raymond Aron. Sarah, d'un naturel plus rêveur, ne parlait que de Rimbaud, Baudelaire et Nelligan. Toutes les trois étaient fort jolies aux yeux de Cédrick qui revenaient toujours à la maison avec l'envie de s'enfermer dans sa chambre à double tour pour attraper une tendinite du poignet.
Quand il avait fini de s'essouffler, Cédrick s'arrachait les yeux et la tête jusqu'à très tard dans la nuit afin de se formater un nouveau cerveau en mesure de soutenir une longue conversation avec Mélinda, Colinda ou bien Sarah.
Il lui fallut au moins un an de grandes lectures avant que de se risquer à parler à l'une des trois et, paresse oblige, c'est sur Sarah que Cédrick jeta son dévolu. Il était bien plus simple de lire de la poésie que de se faire fondre les méninges avec La mort de Virgile ou bien L'Être et le Néant...
-Tu... tu... tu... tu lis de la poésie, hein? qu'il demanda à Sarah.
-Oui, lui répondit-elle en le fixant indécemment dans les yeux. Je lis en ce moment Pablo Neruda. Et toi, tu lis aussi de la poésie?
-B... b... bien sûr. Je ne lis que ça! Et même... même que j'écris des vers...
-Oh! J'aimerais bien les lire! J'a-do-re la poésie!
Cédrick regretta presque de lui avoir dit cela puisqu'il n'écrivait pas des vers. Il en mettait de temps à autres sur des hameçons, à la pêche, mais écrire des vers? Au grand jamais.
-Je te les ferai lire... hum... demain... Je vais les apporter à l'école.
-J'ai bien hâte de les lire! Bisou...
-Pardon?
-Bisou! Je te donne un bisou... Les poètes méritent un bisou, voyons donc!
Et elle l'embrassa sur la joue. Cédrick devint rouge comme une tomate et rentra encore plus vite à la maison pour s'enfermer à double tour.
Au bout de cinq minutes, il revint de ses émotions et se rappela qu'il avait promis de lui faire lire des vers. Il n'en avait jamais écrit mais il jouissait du bonheur d'avoir lu Tristan Tzara, un dadaïste qui écrivait des suites de conneries qui semblaient faciles à aligner sur du papier.
Cédrick prit son stylo et une feuille vierge puis fit glisser de la poésie sous ses doigts. Au bout de dix minutes, il avait son premier poème. Il ne lui en fallait pas plus pour le moment. Il prétexterait qu'il avait oublié les autres à la maison, dans sa chambre fermée à double tour qui sentait un peu trop la puberté.
Le lendemain, Cédrick s'avança vers Sarah qui, encore une fois, lui donna un bisou.
-Ah salut Cédrick! Bisou...
-Aem... fit-il pour contrôler ses émissions... Aem... Je t'ai apporté un de mes poèmes...
-Ah oui? Bisou...
Elle lui donna un autre bisou et Cédrick ne vit cette fois que sa bouche pulpeuse qui sentait la gomme baloune sur son appendice braqué comme celui d'un jeune chevreuil. Il s'efforça d'effacer cette vision pour reprendre ses esprits et lui présenter l'objet de cette rencontre: son poème.
-Je l'ai écrit hier soir... Mes autres poèmes sont chez-moi...
-Tu permets que je le lise à voix haute? J'aime lire les poèmes à voix haute pour en goûter toute la force!
-Bien sûr... bien sûr... lui répondit-il d'un air pas tout à fait rassuré.
-Ok... Je commence... Hum...
Davy Crockett
Croquette de poulet
Poulet frit Kentucky
Kentucky Derby
Bing bang rentre dedans
Tant pis pour les prudents
Prudentielle à vie
L'assurance de vivre
Vivre en amour tous les jours
Journée monotone
Monochrome
Polychrome
Chromosome...
-Tu en as écrit plusieurs comme ça?
-Heu oui...
-Et je pourrais les voir... chez-toi? répliqua-t-elle en se mordillant les lèvres et en grattant du pied.
-Heu oui... Quand?
-Tout de suite? qu'elle ajouta en le dévisageant des yeux jusqu'au bas-ventre.
-Aem... Heu... Je... Aem...
-C'est oui ou c'est non?
-Aem... Oui... Mes parents sont absents...
-D'accord allons-y.
Il serait un peu scabreux de vous raconter la suite. Disons que Cédrick dût s'expliquer sur les poèmes qu'il avait perdus mais qu'il se rattrapa en lui en inventant quelques-uns de son cru, agitant sa langue, ses jambes et ses bras. Sarah, pas difficile pour deux sous, écoeurée elle aussi de ne pas goûter à la "substantifique moelle de la vie", ne put que se réjouir de cette poésie orale qui rappelait celle des amants des chansons de Georges Brassens.
-Aaaaaah! hurla-t-elle.
-Saaaaraaaaah! hurla-t-il.
Le lendemain, Sarah faisait semblant de ne l'avoir jamais connu. Elle l'ignora totalement et se mit même à embrasser le gros Tellier devant lui d'une manière indécente et presque révoltante. Ce gros Tellier qui ne lisait que la section des sports dans les journaux et se targuait de ne jamais se laver parce que les filles aiment selon lui qu'il sente le gras mou.
Cédrick revint chez-lui, ce soir-là, avec la larme à l'oeil.
Au bout de ses larmes, il se mit à écrire des vers, des vrais vers cette fois-là, où il était question d'un amour déchu, de sperme qui sèche sur un corps froid, de truies lubriques et de toutes sortes de trucs plus ou moins vulgaires.
Il était enfin devenu un vrai poète.
jeudi 19 février 2015
Plus personne ne me critique
Il y a tellement de sujets sérieux dont je devrais traiter que je m'en veux parfois de me retrancher vers la culture de mon jardin comme si j'étais le plus candide des crétins.
Tandis que le monde est mis à feu et à sang, il se trouve un Trifluvien pour écrire des niaiseries sur Josué Caleçon ou autres énergumènes qui n'existent même pas. S'ils existent, c'est certain que l'auteur de ces lignes déforme tout au mépris de l'objectivité journalistique. D'ailleurs, il prétend faire de la littérature, ce nigaud, et c'est tellement lancé cul par-dessus tête que personne n'en doute.
Assez parlé de moi à la troisième personne du singulier. Vous finiriez par croire que je souhaite faire de la politique... À César ce qui est à César et à Gaétan ce qui est à Guétan (personne ne prononce mon prénom comme il faut, misère!).
Revenons à nos cretons.
Heureusement que les lecteurs ne sont plus ce qu'ils étaient lorsque j'ai débuté dans l'écriture de ce blogue. Il y a dix ans, des tas de sans-desseins me répliquaient que je n'étais pas ceci ou cela, que je ne respectais pas la religion ou la patrie, peu importe laquelle. Maintenant, c'est plutôt le calme plat. Les critiques se font rares et j'imagine que les gens ont autre chose à faire que de me traiter de plouc. À moins que je ne sois devenu inaccessible ou bien susceptible de créer toujours l'unanimité.
Je ne reçois plus que des commentaires positifs, hormis un libertarien de temps à autre qui se pointe pour me traiter de sale artiste barbu et crotté. Je ne suis pourtant ni sale ni crotté et fréquente à peu près aucun artiste. Je dirais même que je ne fréquente à peu près personne, sinon la parenté et quelques rares amis qui se comptent sur le bout des doigts. J'ai un côté sauvage fortement prononcé qui peut aussi expliquer le retrait progressif des commentaires négatifs sur mon blogue. C'est qu'ils ne trouvent aucune emprise sur ma personne totalement désintéressée et un brin trop autarcique. De plus, j'ai tendance à les éliminer d'un clic quand ils me font trop chier.
Ces propos que je tiens en ce moment ne méritent, évidemment, aucun commentaire. C'est tellement ordinaire que même moi je ne trouverais rien à y redire.
-On s'en fout de ton blogue et des commentaires, dude! Qu'est-cé qu'ça peut bien nous crisser, hein? Monsieur écrit des trucs poches et personne n'ose lui dire qu'il est pourri! Tout le monde le trouve gentil, agréable, drôle... Voyons donc! Reviens sur terre gros phoque!
Je suis mon meilleur contradicteur. Cela peut expliquer pourquoi personne ne ressent le besoin de m'insulter. Je le fais envers moi-même avec un art consommé.
C'est tout ce que j'ai trouvé à vous raconter et je vous avoue que ce n'est pas grand chose. C'est à la limite d'être plate.
Pourquoi l'avoir fait?
Parce que j'étais à court d'histoires comme celle de Josué Caleçon, vous savez celle que j'ai écrite hier et qui m'a fait rire toute la journée puisque je suis bon public envers mes créations.
Bon je vais aller voir ailleurs si j'essuie.
C'est tout pour aujourd'hui. Au revoir.
Tandis que le monde est mis à feu et à sang, il se trouve un Trifluvien pour écrire des niaiseries sur Josué Caleçon ou autres énergumènes qui n'existent même pas. S'ils existent, c'est certain que l'auteur de ces lignes déforme tout au mépris de l'objectivité journalistique. D'ailleurs, il prétend faire de la littérature, ce nigaud, et c'est tellement lancé cul par-dessus tête que personne n'en doute.
Assez parlé de moi à la troisième personne du singulier. Vous finiriez par croire que je souhaite faire de la politique... À César ce qui est à César et à Gaétan ce qui est à Guétan (personne ne prononce mon prénom comme il faut, misère!).
Revenons à nos cretons.
Heureusement que les lecteurs ne sont plus ce qu'ils étaient lorsque j'ai débuté dans l'écriture de ce blogue. Il y a dix ans, des tas de sans-desseins me répliquaient que je n'étais pas ceci ou cela, que je ne respectais pas la religion ou la patrie, peu importe laquelle. Maintenant, c'est plutôt le calme plat. Les critiques se font rares et j'imagine que les gens ont autre chose à faire que de me traiter de plouc. À moins que je ne sois devenu inaccessible ou bien susceptible de créer toujours l'unanimité.
Je ne reçois plus que des commentaires positifs, hormis un libertarien de temps à autre qui se pointe pour me traiter de sale artiste barbu et crotté. Je ne suis pourtant ni sale ni crotté et fréquente à peu près aucun artiste. Je dirais même que je ne fréquente à peu près personne, sinon la parenté et quelques rares amis qui se comptent sur le bout des doigts. J'ai un côté sauvage fortement prononcé qui peut aussi expliquer le retrait progressif des commentaires négatifs sur mon blogue. C'est qu'ils ne trouvent aucune emprise sur ma personne totalement désintéressée et un brin trop autarcique. De plus, j'ai tendance à les éliminer d'un clic quand ils me font trop chier.
Ces propos que je tiens en ce moment ne méritent, évidemment, aucun commentaire. C'est tellement ordinaire que même moi je ne trouverais rien à y redire.
-On s'en fout de ton blogue et des commentaires, dude! Qu'est-cé qu'ça peut bien nous crisser, hein? Monsieur écrit des trucs poches et personne n'ose lui dire qu'il est pourri! Tout le monde le trouve gentil, agréable, drôle... Voyons donc! Reviens sur terre gros phoque!
Je suis mon meilleur contradicteur. Cela peut expliquer pourquoi personne ne ressent le besoin de m'insulter. Je le fais envers moi-même avec un art consommé.
C'est tout ce que j'ai trouvé à vous raconter et je vous avoue que ce n'est pas grand chose. C'est à la limite d'être plate.
Pourquoi l'avoir fait?
Parce que j'étais à court d'histoires comme celle de Josué Caleçon, vous savez celle que j'ai écrite hier et qui m'a fait rire toute la journée puisque je suis bon public envers mes créations.
Bon je vais aller voir ailleurs si j'essuie.
C'est tout pour aujourd'hui. Au revoir.
mercredi 18 février 2015
La paix mondiale selon Josué Caleçon
Existe-t-il quelque chose de plus important que la paix dans le monde? Tout le monde semble avoir cette expression en bouche et pourtant la paix prépare la guerre, la paix fait la guerre, la paix c'est la guerre...
Josué avait un drôle de prénom. On ne s'attend pas à ce qu'un gars s'appelle Josué. José est fréquent chez les Sud-Américains. Peut-être même chez les Espagnols. Mais Josué? On n'avait jamais entendu ça. Le patronyme de Josué était tout aussi étrange: Caleçon. Comment peut-on vraiment s'appeler Josué Caleçon, hein? Je vous le demande. Je ne trouve pas réponse à cela.
Josué Caleçon était grand et mince. Il était même très grand et très mince. Ce gars dans la trentaine devait faire dans les deux mètres virgule deux décimètres. C'était un géant bâti sur un cadre en cure-dents. Il devait peser autour de soixante-cinq kilos, ce qui n'est pas beaucoup pour un grand escogriffe. Un léger défaut d'élocution, essentiellement dû à une électrocution survenue dans sa tendre jeunesse, faisait en sorte qu'il zézayait en tremblant comme une feuille chaque fois qu'il prenait la parole. Heureusement, cela ne se produisait pas souvent. Ce qui lui permettait de cacher ce léger défaut pour se contenter aux yeux d'autrui d'être grand, mince et pauvre comme la gale.
On ne lui connaissait aucun métier. Josué se promenait d'un petit boulot à l'autre. Des boulots qui n'exigeaient aucune effort physique puisqu'il avait des maux de dos sévères.
Josué Caleçon travaillait surtout dans le domaine de la charité bien ordonnée qui ne commençait jamais par lui-même. Il distribuait du pain passé date aux pauvres pour un organisme quelconque. Ou bien il triait des vieux trucs pour l'Armée du Salut. Il lui arrivait aussi de faire semblant de travailler parce qu'on n'avait pas su quoi lui faire faire avec la subvention. Parfois, il devait s'asseoir derrière une table pour récolter des dons dans une boîte de conserve arborant le logo de telle ou telle patente. Bref, Josué Caleçon vivait à moitié de l'aide sociale et à moitié de subventions salariales.
Cela lui laissait le temps, bien entendu, d'en apprendre plus sur le monde et les idées.
Josué Caleçon passait la majeure partie de ses temps libres entre sa télévision, qui n'était même pas un écran plat, et la bibliothèque du quartier où il empruntait des livres qui traitaient surtout de ramonages de cheminée, puisqu'il s'était mis en tête de devenir ramoneur, ce qui était tout à fait irréaliste puisqu'il avait le vertige et n'avait pas bon dos.
Cela ne signifie pas que Josué Caleçon n'avait pas sa petite opinion sur l'état du monde et ses tas de gens qui le peuplent.
-La paix zans l'monde c'est z'impo'tant! qu'il disait en se donnant de l'importance à ses collègues de misère, dont Ibrahim Pavelovitch Doubrovski, un gars plutôt costaud qui était né quelque part en Russie et qui avait immigré ici pour devenir chanteur rock.
-Toi comprendre que paix dans monde faire se quand hommes plus guerre! que lui disait Doubrovski en ajustant ses écouteurs pour mieux se curer les oreilles avec une toune de AC/DC, son groupe fétiche.
-Z'est un messaze pou' l'monde entier! qu'il lui répondait du tac au tac en enlevant l'écouteur droit de Doubrovski pour qu'il puisse l'entendre.
-Toi pas toucher écouteur! Toi dourak! Moi écouter AC/DC! que Doubrovski répliquait en prenant des airs de Slave insulté. Et Dieu sait qu'ils ont l'air mauvais quand ils se sentent insultés, les Russes.
Doubrovski était d'ailleurs le seul à lui parler parce qu'au fond de lui-même ce Russe avait bon coeur pour les personnes plus ou moins marginales et rejetées de tout réseau social digne de ce nom.
-Toi viens avec moi pour saouler gueule ce soir! Mais laisse écouter moi AC/DC!
-Ze n'bois zamais!
Et c'est bien vrai que Josué Caleçon ne buvait jamais.
Ça ne l'empêchait pas d'être saoul pour autant. Ou d'être comme s'il était saoul ou bien sous l'effet de quelque puissant psychotrope.
J'en tiens pour exemple la dernière mésaventure de Josué Caleçon. Il lui est passé par la tête, comme ça, qu'il avait un message de paix à transmettre au monde. Il était devant son téléviseur vétuste à écouter les nouvelles de TVA quand il eût comme une illumination. La télé lui crachait que l'État islamique décapitait des chrétiens et que les autres bombardaient des civils. Devant ce maelstrom de têtes coupées et de visages arrachés, Josué Caleçon s'est sottement convaincu qu'il pouvait changer quelque chose à l'état désordonné de ce monde.
Bien qu'il soit la plupart du temps gentil, affable et courtois jusqu'à en être timoré, Josué Caleçon s'est soudainement investi d'une mission qui aurait fait passer Moïse pour un amateur. Comme il n'avait pour tout bâton de prophète qu'un bâton de baseball, qu'il laissait toujours près de la porte d'entrée pour se protéger de ses voisins turbulents, Josué Caleçon s'en empara comme d'un sceptre pour l'aider à transmettre le message qui s'était emparé de son esprit dérouté.
-Z'ai un messaze de paix mondiale pour tout l'monde! qu'il cria en brandissant son bâton de baseball.
Puis Josué Caleçon dévala quatre à quatre les marches de son escalier pour se diriger tout de go à la station de radio de son village, laquelle se trouvait fort heureusement à cinq minutes de marche de chez-lui.
Il grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier menant à la station de radio CJRT 88,3 FM puis, brandissant son bâton de baseball devant les animateurs et techniciens de radio médusés, il leur ordonna de lui laisser la possibilité de transmettre son message au monde entier via les ondes radiophoniques.
-Z'ai un messaze de paix mondiale! Donnez-moi un micro! Vite ou ze vais tout casser! Argh! hurlait-il en faisant de grands mouvements circulaires au-dessus de sa tête avec son bâton de baseball.
Les animateurs et techniciens, qui étaient plutôt freluquets et pas courageux pour deux sous, se cachèrent dans la salle de mises en ondes. La porte fût fermée et ensuite bloquée avec un vieux fil électrique entouré autour de la poignée et rattaché à un vieux meuble.
-Ouvrez-moi! Ouvrez-moi! gueula encore Josué Caleçon. Z'ai un messaze de paix mondiale!
Quelques instants plus tard, des instants qui parurent une éternité pour les couards de la radio, des policiers firent irruption dans la station pour appréhender Josué Caleçon.
-Vous ne pouvez pas m'arrêter! qu'il gueula sans zézayer, alors que les flics lui passaient les menottes.
-Monsieur vous avez le droit de garder le silence et de parler seulement en présence d'un avocat...
Bon. Vous pouvez vous imaginer le reste.
Josué Caleçon fût incarcéré à la prison du comté.
Son procès aura lieu dans trois mois.
-Dommage Josué arrêté! déclare à tout un chacun Doubrovski. Lui trrrès gentil quand trrravail ici. Mais crackpot. Oui lui crackpot. Et ça, c'est misèrrre. Oui c'est trrrès misèrrre.
Sacré Doubrovski. Toujours prêt à reconnaître le malheur des autres et à les protéger des travers de notre monde sans pitié pour les hommes d'amour et de paix comme Josué Caleçon.
Josué avait un drôle de prénom. On ne s'attend pas à ce qu'un gars s'appelle Josué. José est fréquent chez les Sud-Américains. Peut-être même chez les Espagnols. Mais Josué? On n'avait jamais entendu ça. Le patronyme de Josué était tout aussi étrange: Caleçon. Comment peut-on vraiment s'appeler Josué Caleçon, hein? Je vous le demande. Je ne trouve pas réponse à cela.
Josué Caleçon était grand et mince. Il était même très grand et très mince. Ce gars dans la trentaine devait faire dans les deux mètres virgule deux décimètres. C'était un géant bâti sur un cadre en cure-dents. Il devait peser autour de soixante-cinq kilos, ce qui n'est pas beaucoup pour un grand escogriffe. Un léger défaut d'élocution, essentiellement dû à une électrocution survenue dans sa tendre jeunesse, faisait en sorte qu'il zézayait en tremblant comme une feuille chaque fois qu'il prenait la parole. Heureusement, cela ne se produisait pas souvent. Ce qui lui permettait de cacher ce léger défaut pour se contenter aux yeux d'autrui d'être grand, mince et pauvre comme la gale.
On ne lui connaissait aucun métier. Josué se promenait d'un petit boulot à l'autre. Des boulots qui n'exigeaient aucune effort physique puisqu'il avait des maux de dos sévères.
Josué Caleçon travaillait surtout dans le domaine de la charité bien ordonnée qui ne commençait jamais par lui-même. Il distribuait du pain passé date aux pauvres pour un organisme quelconque. Ou bien il triait des vieux trucs pour l'Armée du Salut. Il lui arrivait aussi de faire semblant de travailler parce qu'on n'avait pas su quoi lui faire faire avec la subvention. Parfois, il devait s'asseoir derrière une table pour récolter des dons dans une boîte de conserve arborant le logo de telle ou telle patente. Bref, Josué Caleçon vivait à moitié de l'aide sociale et à moitié de subventions salariales.
Cela lui laissait le temps, bien entendu, d'en apprendre plus sur le monde et les idées.
Josué Caleçon passait la majeure partie de ses temps libres entre sa télévision, qui n'était même pas un écran plat, et la bibliothèque du quartier où il empruntait des livres qui traitaient surtout de ramonages de cheminée, puisqu'il s'était mis en tête de devenir ramoneur, ce qui était tout à fait irréaliste puisqu'il avait le vertige et n'avait pas bon dos.
Cela ne signifie pas que Josué Caleçon n'avait pas sa petite opinion sur l'état du monde et ses tas de gens qui le peuplent.
-La paix zans l'monde c'est z'impo'tant! qu'il disait en se donnant de l'importance à ses collègues de misère, dont Ibrahim Pavelovitch Doubrovski, un gars plutôt costaud qui était né quelque part en Russie et qui avait immigré ici pour devenir chanteur rock.
-Toi comprendre que paix dans monde faire se quand hommes plus guerre! que lui disait Doubrovski en ajustant ses écouteurs pour mieux se curer les oreilles avec une toune de AC/DC, son groupe fétiche.
-Z'est un messaze pou' l'monde entier! qu'il lui répondait du tac au tac en enlevant l'écouteur droit de Doubrovski pour qu'il puisse l'entendre.
-Toi pas toucher écouteur! Toi dourak! Moi écouter AC/DC! que Doubrovski répliquait en prenant des airs de Slave insulté. Et Dieu sait qu'ils ont l'air mauvais quand ils se sentent insultés, les Russes.
Doubrovski était d'ailleurs le seul à lui parler parce qu'au fond de lui-même ce Russe avait bon coeur pour les personnes plus ou moins marginales et rejetées de tout réseau social digne de ce nom.
-Toi viens avec moi pour saouler gueule ce soir! Mais laisse écouter moi AC/DC!
-Ze n'bois zamais!
Et c'est bien vrai que Josué Caleçon ne buvait jamais.
Ça ne l'empêchait pas d'être saoul pour autant. Ou d'être comme s'il était saoul ou bien sous l'effet de quelque puissant psychotrope.
J'en tiens pour exemple la dernière mésaventure de Josué Caleçon. Il lui est passé par la tête, comme ça, qu'il avait un message de paix à transmettre au monde. Il était devant son téléviseur vétuste à écouter les nouvelles de TVA quand il eût comme une illumination. La télé lui crachait que l'État islamique décapitait des chrétiens et que les autres bombardaient des civils. Devant ce maelstrom de têtes coupées et de visages arrachés, Josué Caleçon s'est sottement convaincu qu'il pouvait changer quelque chose à l'état désordonné de ce monde.
Bien qu'il soit la plupart du temps gentil, affable et courtois jusqu'à en être timoré, Josué Caleçon s'est soudainement investi d'une mission qui aurait fait passer Moïse pour un amateur. Comme il n'avait pour tout bâton de prophète qu'un bâton de baseball, qu'il laissait toujours près de la porte d'entrée pour se protéger de ses voisins turbulents, Josué Caleçon s'en empara comme d'un sceptre pour l'aider à transmettre le message qui s'était emparé de son esprit dérouté.
-Z'ai un messaze de paix mondiale pour tout l'monde! qu'il cria en brandissant son bâton de baseball.
Puis Josué Caleçon dévala quatre à quatre les marches de son escalier pour se diriger tout de go à la station de radio de son village, laquelle se trouvait fort heureusement à cinq minutes de marche de chez-lui.
Il grimpa quatre à quatre les marches de l'escalier menant à la station de radio CJRT 88,3 FM puis, brandissant son bâton de baseball devant les animateurs et techniciens de radio médusés, il leur ordonna de lui laisser la possibilité de transmettre son message au monde entier via les ondes radiophoniques.
-Z'ai un messaze de paix mondiale! Donnez-moi un micro! Vite ou ze vais tout casser! Argh! hurlait-il en faisant de grands mouvements circulaires au-dessus de sa tête avec son bâton de baseball.
Les animateurs et techniciens, qui étaient plutôt freluquets et pas courageux pour deux sous, se cachèrent dans la salle de mises en ondes. La porte fût fermée et ensuite bloquée avec un vieux fil électrique entouré autour de la poignée et rattaché à un vieux meuble.
-Ouvrez-moi! Ouvrez-moi! gueula encore Josué Caleçon. Z'ai un messaze de paix mondiale!
Quelques instants plus tard, des instants qui parurent une éternité pour les couards de la radio, des policiers firent irruption dans la station pour appréhender Josué Caleçon.
-Vous ne pouvez pas m'arrêter! qu'il gueula sans zézayer, alors que les flics lui passaient les menottes.
-Monsieur vous avez le droit de garder le silence et de parler seulement en présence d'un avocat...
Bon. Vous pouvez vous imaginer le reste.
Josué Caleçon fût incarcéré à la prison du comté.
Son procès aura lieu dans trois mois.
-Dommage Josué arrêté! déclare à tout un chacun Doubrovski. Lui trrrès gentil quand trrravail ici. Mais crackpot. Oui lui crackpot. Et ça, c'est misèrrre. Oui c'est trrrès misèrrre.
Sacré Doubrovski. Toujours prêt à reconnaître le malheur des autres et à les protéger des travers de notre monde sans pitié pour les hommes d'amour et de paix comme Josué Caleçon.
mardi 17 février 2015
L'avenir de mon blogue
Hier, je suis tombé par hasard sur un article où il était question de l'avenir des blogues. Je ne me souviens plus où j'ai lu ça et, franchement, je n'ai pas envie de googler pour le retrouver. Était-ce dans Le Devoir ou La Presse? Hum... Cela faisait référence à Andrew Sullivan, un type que je ne lisais jamais et qui a décidé de fermer son blogue. Un blogue de 30 000 abonnés qui lui faisait faire un million de dollars par année. Ce qui, vous l'aurez compris, n'est pas du tout mon cas.
Il me semble que j'entends parler depuis des lustres de la fin des blogues et des journaux imprimés.
Pour les journaux imprimés, il faut s'attendre à voir disparaître des tas de publications. Et ce n'est pas seulement parce qu'elles sont imprimées qu'elles disparaîtront.
Il y a des tas de quotidiens et d'hebdomadaires au Québec, entre autres, qui ne correspondent plus du tout aux goûts du lectorat. On a l'impression qu'il ne s'y est rien passé depuis le début des années '80. Journalistes et chroniqueurs semblent englués dans de vieilles habitudes qui ne font plus lever la pâte et le papier. La prose y est sèche et on sent le manque d'intérêt qui agite ces plumes qui se croient sérieuses seulement parce qu'elles sont soporifiques.
Le seul chroniqueur que je lisais, dans ma région, s'appelait Jean-Paul Arseneau. Sa plume truculente et sa personne elle-même se sont éteintes il y a de cela presque vingt ans. Depuis, je dois me contenter de quelques saillies de Jean-Marc Beaudoin, dans Le Nouvelliste, lequel peut encore se prévaloir du fait d'avoir une plume entre les mains malgré ses dérives de droite que je lui pardonne.
Je m'éloigne de mon sujet, je sais.
Comment ne pas s'en éloigner alors qu'il est question de l'avenir des blogues?
Il y a un avenir pour mon blogue à tout le moins.
J'aime cette plate-forme. Tout ce qu'il faut pour me requinquer et me redonner l'illusion de parler à quelqu'un, peut-être vous, alors que je suis un has-been des médias communautaires à qui l'on a enlevé le goût et la possibilité de communiquer via la presse écrite ou bien les ondes de la radio.
Je me suis retranché vers l'Internet pour survivre de ma passion sans recevoir le moindre sou. Mon blogue, en somme, est un défi envers ceux qui m'ont congédié de mes postes de rédacteur en chef et de directeur de la programmation. Un défi envers ceux qui vivement souhaitèrent que je me taise à jamais.
D'un billet à l'autre (j'en ai rédigés plus de 2200 à ce jour...) je suis passé d'un ton revanchard à une attitude plus conviviale. Le ressentiment s'est effacé pour laisser place à l'art et aux Belles-lettres.
Honnêtement, je me fous d'avoir 30 000 abonnés et de faire du fric avec mon blogue.
Ce qui m'intéresse, c'est de me recréer à chaque fois que je m'installe devant mon clavier pour transmettre quelque chose via mon blogue.
J'aime bloguer. J'aime écrire.
Mon plus grand fan, je vous le dis sans vergogne, c'est moi-même.
J'aime recevoir des commentaires, bien entendu. J'en reçois sur mon blogue, sur Facebook ou bien sur Twitter. Cependant, je ne suis pas à la recherche de bons commentaires. Ma démarche est essentiellement personnelle. Je veux me dépasser, me transcender. Je veux que mes textes soient aussi nobles, aussi bons et aussi beaux que ceux de Maupassant, Dostoïevski, Tchékhov, Boulgakov ou Chalamov. Pour un Français, je veux valoir quatre Russes, dont un Ukrainien.
L'avenir de mon blogue est assuré. Je n'ai pas encore dit mon dernier mot, malheureusement pour ceux qui pourraient s'ennuyer à me lire.
Pour les autres, n'ayez crainte. Je vais demeurer ici, presque tous les jours, jusqu'à la fin de mon temps.
L'avenir des blogues, je m'en fous.
Ils peuvent tous fermer l'un après l'autre, incapables d'aller plus loin qu'une pause Kit-Kat ou bien le partage d'une vidéo sur YouTube.
Le mien aspire à l'éternité, rien de moins.
Et c'est tout ce que j'ai à dire sur le sujet.
Merci beaucoup. Bonne journée.
Il me semble que j'entends parler depuis des lustres de la fin des blogues et des journaux imprimés.
Pour les journaux imprimés, il faut s'attendre à voir disparaître des tas de publications. Et ce n'est pas seulement parce qu'elles sont imprimées qu'elles disparaîtront.
Il y a des tas de quotidiens et d'hebdomadaires au Québec, entre autres, qui ne correspondent plus du tout aux goûts du lectorat. On a l'impression qu'il ne s'y est rien passé depuis le début des années '80. Journalistes et chroniqueurs semblent englués dans de vieilles habitudes qui ne font plus lever la pâte et le papier. La prose y est sèche et on sent le manque d'intérêt qui agite ces plumes qui se croient sérieuses seulement parce qu'elles sont soporifiques.
Le seul chroniqueur que je lisais, dans ma région, s'appelait Jean-Paul Arseneau. Sa plume truculente et sa personne elle-même se sont éteintes il y a de cela presque vingt ans. Depuis, je dois me contenter de quelques saillies de Jean-Marc Beaudoin, dans Le Nouvelliste, lequel peut encore se prévaloir du fait d'avoir une plume entre les mains malgré ses dérives de droite que je lui pardonne.
Je m'éloigne de mon sujet, je sais.
Comment ne pas s'en éloigner alors qu'il est question de l'avenir des blogues?
Il y a un avenir pour mon blogue à tout le moins.
J'aime cette plate-forme. Tout ce qu'il faut pour me requinquer et me redonner l'illusion de parler à quelqu'un, peut-être vous, alors que je suis un has-been des médias communautaires à qui l'on a enlevé le goût et la possibilité de communiquer via la presse écrite ou bien les ondes de la radio.
Je me suis retranché vers l'Internet pour survivre de ma passion sans recevoir le moindre sou. Mon blogue, en somme, est un défi envers ceux qui m'ont congédié de mes postes de rédacteur en chef et de directeur de la programmation. Un défi envers ceux qui vivement souhaitèrent que je me taise à jamais.
D'un billet à l'autre (j'en ai rédigés plus de 2200 à ce jour...) je suis passé d'un ton revanchard à une attitude plus conviviale. Le ressentiment s'est effacé pour laisser place à l'art et aux Belles-lettres.
Honnêtement, je me fous d'avoir 30 000 abonnés et de faire du fric avec mon blogue.
Ce qui m'intéresse, c'est de me recréer à chaque fois que je m'installe devant mon clavier pour transmettre quelque chose via mon blogue.
J'aime bloguer. J'aime écrire.
Mon plus grand fan, je vous le dis sans vergogne, c'est moi-même.
J'aime recevoir des commentaires, bien entendu. J'en reçois sur mon blogue, sur Facebook ou bien sur Twitter. Cependant, je ne suis pas à la recherche de bons commentaires. Ma démarche est essentiellement personnelle. Je veux me dépasser, me transcender. Je veux que mes textes soient aussi nobles, aussi bons et aussi beaux que ceux de Maupassant, Dostoïevski, Tchékhov, Boulgakov ou Chalamov. Pour un Français, je veux valoir quatre Russes, dont un Ukrainien.
L'avenir de mon blogue est assuré. Je n'ai pas encore dit mon dernier mot, malheureusement pour ceux qui pourraient s'ennuyer à me lire.
Pour les autres, n'ayez crainte. Je vais demeurer ici, presque tous les jours, jusqu'à la fin de mon temps.
L'avenir des blogues, je m'en fous.
Ils peuvent tous fermer l'un après l'autre, incapables d'aller plus loin qu'une pause Kit-Kat ou bien le partage d'une vidéo sur YouTube.
Le mien aspire à l'éternité, rien de moins.
Et c'est tout ce que j'ai à dire sur le sujet.
Merci beaucoup. Bonne journée.
lundi 16 février 2015
En direct de mon atelier
J'ai agité mes pinceaux en fin de semaine. La froideur et l'humidité du dehors, conjuguées au plaisir d'être auprès de ma blonde, m'ont tenu à l'intérieur. J'en ai profité pour boire de bons vins blancs, bouffer du jambon à la bière, écouter de la bonne musique et aimer tendrement mon amoureuse. Cela fait quatorze ans que nous vivons ensemble et c'est toujours aussi féerique, toujours aussi drôle et vivifiant.
Assez parler de nous, Je vous présente ici ma dernière toile ainsi que ma prochaine.
Le pont couvert, qui n'a pas encore de titre, est le plus grand tableau que j'aie peint jusqu'à maintenant. Le format, à l'oeil, doit tourner autour de un mètre par un mètre et demi. Trois pieds par cinq pieds ou quelque chose du genre pour les Nord-Américains.
Ma mère, en voyant la photo, m'a dit que j'ai peint le pont couvert de Ste-Clothilde-de-Horton, près duquel habitait feue ma grand-mère Valéda Lefebvre. Ce n'est pas le cas. J'ai peint ce pont couvert de mémoire, comme tout ce que je peins par ailleurs. Je déteste faire usage de photos. Ça triche et ça jure avec l'art brut que j'entends pratiquer. Quant au cheval, eh bien le mari de ma grand-mère, feu Rodolphe René, le grand-père qui est mort un an avant ma naissance, s'occupait des chevaux du bonhomme Whitehead, le boss de l'usine de textile Wabasso, à Trois-Rivières. Ma mère me dit qu'il aimait dessiner des chevaux. J'ai donc communiquer avec les mânes de mes grands-parents sans le savoir en peignant ce tableau.
Ma prochaine toile sera sur le thème d'une vente de garage qui se passe à deux pas d'un dépanneur. Comme j'ai vendu mes tableaux Vente de garage et Le dépanneur Ti-Oui, il y avait comme un trou dans ma production qu'il me fallait combler. Je peins aussi pour moi, voyez-vous. Pas seulement par narcissisme, mais aussi pour décorer ma vie et ma galerie d'art.
Je vous laisse là-dessus, chers lecteurs et lectrices, mes semblables, mes frères et mes soeurs...
Assez parler de nous, Je vous présente ici ma dernière toile ainsi que ma prochaine.
Le pont couvert, qui n'a pas encore de titre, est le plus grand tableau que j'aie peint jusqu'à maintenant. Le format, à l'oeil, doit tourner autour de un mètre par un mètre et demi. Trois pieds par cinq pieds ou quelque chose du genre pour les Nord-Américains.
Ma mère, en voyant la photo, m'a dit que j'ai peint le pont couvert de Ste-Clothilde-de-Horton, près duquel habitait feue ma grand-mère Valéda Lefebvre. Ce n'est pas le cas. J'ai peint ce pont couvert de mémoire, comme tout ce que je peins par ailleurs. Je déteste faire usage de photos. Ça triche et ça jure avec l'art brut que j'entends pratiquer. Quant au cheval, eh bien le mari de ma grand-mère, feu Rodolphe René, le grand-père qui est mort un an avant ma naissance, s'occupait des chevaux du bonhomme Whitehead, le boss de l'usine de textile Wabasso, à Trois-Rivières. Ma mère me dit qu'il aimait dessiner des chevaux. J'ai donc communiquer avec les mânes de mes grands-parents sans le savoir en peignant ce tableau.
Ma prochaine toile sera sur le thème d'une vente de garage qui se passe à deux pas d'un dépanneur. Comme j'ai vendu mes tableaux Vente de garage et Le dépanneur Ti-Oui, il y avait comme un trou dans ma production qu'il me fallait combler. Je peins aussi pour moi, voyez-vous. Pas seulement par narcissisme, mais aussi pour décorer ma vie et ma galerie d'art.
Je vous laisse là-dessus, chers lecteurs et lectrices, mes semblables, mes frères et mes soeurs...
Le pont couvert (titre provisoire)
Vente de garage (état du tableau, 15 février, 16h30)
Vente de garage (état du tableau, 15 février, 19h00)
dimanche 15 février 2015
En direct de ma bibliothèque personnelle
Je n'avais rien à lire hier sinon ce qui traîne dans ma bibliothèque personnelle, dont tout a été lu ou presque. Les livres, voyez-vous, ne me servent pas de bibelots. Je les lis avec passion et gourmandise, surtout lorsqu'ils sont bons. Autrement, je les rejette du revers de la main en me promettant de les soumettre sous peu à l'élagage.
J'étais donc dans le sous-sol à consulter mon inventaire.
Trois contes de Gustave Flaubert? Je les ai déjà lus. Dont La légende de St-Julien l'hospitalier, de loin le meilleur des trois. Je préfère cependant Bouvard et Pécuchet ainsi que Le dictionnaire des idées reçues. La meilleure création de Flaubert, cela dit, c'est Guy de Maupassant.
Des livres de Maupassant sont d'ailleurs passés entre mes mains. La maison Tellier. Boule de Suif. Le Horla. J'adore Maupassant, vous l'aurez compris. Je le préfère à son mentor, Flaubert, qui m'apparaît souvent lourd et monotone. Maupassant est clair, net et précis.
N'allez pas croire que j'ai raison sur tout. Si je me trompe, c'est de bon coeur et sans malice envers ces auteurs qui transitent nonchalamment sous mes yeux exigeants de lecteur impatient de trouver de la moelle autour des os.
Tiens, tiens, L'adolescent de Dostoïevski,,, Je l'ai lu, évidemment. Et je ne le relirai pas. Dostoïevski peut être aussi raseur que sublime. Il faut se taper des dizaines de pages de platitudes avant que de tomber sur un pur joyau de psychologie humaine. Ses nouvelles sont moins assommantes. Néanmoins, on ne peut pas ignorer Crime et châtiment, Les possédés et Les Frères Karamazov si l'on raffole de haute voltige existentielle. Malheureusement, je n'ai pas la tête à une relecture. Je laisse de côté Dostoïevski.
Puis je tombe sur Les naufragés de l'autocar et La perle de John Steinbeck. Quel lascar ce Steinbeck! Il ne m'ennuie jamais. Cependant j'ai tout lu ça et ne me sens pas en état de les relire.
Qu'est-ce qu'il me reste alors? La momie de Théopile Gauthier. Jamais lu et pas intéressé à lire ça. Cela me semble trop enfantin. J'ai passé l'âge, que je me dis en mon for intérieur. Idem pour d'autres trucs du même ordre. Élagage? Hum...
Et voilà Alphonse Daudet. J'aime la plume de Daudet autant que celle de Marcel Aymé. Je les lis pour me reposer de tous ceux qui ne savent pas se faire comprendre quand ils s'adonnent aux Belles-lettres. J'ai lu et relu Daudet depuis ma tendre enfance, de La chèvre de Monsieur Séguin à Tartarin de Tarascon. Pur plaisir. Idem pour Marcel Aymé, essentiellement pour Le passe-muraille, La bonne peinture et Le confort intellectuel.
Je ne lirai pas ça non plus...
Et Tchékhov? Hum... Ce serait bien de relire un peu de Tchékhov... Salle 6, entre autres. Et tous ces autres petits textes débordants de vie et d'humilité.
Où sont Les âmes mortes de Gogol? Il me semble que j'avais ça...
J'emporterai donc Tchékhov dans mon lit. Pour finalement me retrancher sur une connerie publiée par Sélections du digérer pour le lecteur, une connerie bourrée d'images intitulée Qu'est-ce qui s'est vraiment passé? où l'on traite de l'homme au masque de fer, du naufrage du Lusitania et de l'assassinat de John F. Kennedy...
J'ai perdu mon temps devant ma bibliothèque pour finir avec ce florilège d'événements insolites...
Je ne suis pas très fier de moi.
Tchékhov attendra à ce soir. Ou à demain.
Enfin! Je serais dû pour faire un tour à la librairie ou bien à la bibliothèque municipale...
J'étais donc dans le sous-sol à consulter mon inventaire.
Trois contes de Gustave Flaubert? Je les ai déjà lus. Dont La légende de St-Julien l'hospitalier, de loin le meilleur des trois. Je préfère cependant Bouvard et Pécuchet ainsi que Le dictionnaire des idées reçues. La meilleure création de Flaubert, cela dit, c'est Guy de Maupassant.
Des livres de Maupassant sont d'ailleurs passés entre mes mains. La maison Tellier. Boule de Suif. Le Horla. J'adore Maupassant, vous l'aurez compris. Je le préfère à son mentor, Flaubert, qui m'apparaît souvent lourd et monotone. Maupassant est clair, net et précis.
N'allez pas croire que j'ai raison sur tout. Si je me trompe, c'est de bon coeur et sans malice envers ces auteurs qui transitent nonchalamment sous mes yeux exigeants de lecteur impatient de trouver de la moelle autour des os.
Tiens, tiens, L'adolescent de Dostoïevski,,, Je l'ai lu, évidemment. Et je ne le relirai pas. Dostoïevski peut être aussi raseur que sublime. Il faut se taper des dizaines de pages de platitudes avant que de tomber sur un pur joyau de psychologie humaine. Ses nouvelles sont moins assommantes. Néanmoins, on ne peut pas ignorer Crime et châtiment, Les possédés et Les Frères Karamazov si l'on raffole de haute voltige existentielle. Malheureusement, je n'ai pas la tête à une relecture. Je laisse de côté Dostoïevski.
Puis je tombe sur Les naufragés de l'autocar et La perle de John Steinbeck. Quel lascar ce Steinbeck! Il ne m'ennuie jamais. Cependant j'ai tout lu ça et ne me sens pas en état de les relire.
Qu'est-ce qu'il me reste alors? La momie de Théopile Gauthier. Jamais lu et pas intéressé à lire ça. Cela me semble trop enfantin. J'ai passé l'âge, que je me dis en mon for intérieur. Idem pour d'autres trucs du même ordre. Élagage? Hum...
Et voilà Alphonse Daudet. J'aime la plume de Daudet autant que celle de Marcel Aymé. Je les lis pour me reposer de tous ceux qui ne savent pas se faire comprendre quand ils s'adonnent aux Belles-lettres. J'ai lu et relu Daudet depuis ma tendre enfance, de La chèvre de Monsieur Séguin à Tartarin de Tarascon. Pur plaisir. Idem pour Marcel Aymé, essentiellement pour Le passe-muraille, La bonne peinture et Le confort intellectuel.
Je ne lirai pas ça non plus...
Et Tchékhov? Hum... Ce serait bien de relire un peu de Tchékhov... Salle 6, entre autres. Et tous ces autres petits textes débordants de vie et d'humilité.
Où sont Les âmes mortes de Gogol? Il me semble que j'avais ça...
J'emporterai donc Tchékhov dans mon lit. Pour finalement me retrancher sur une connerie publiée par Sélections du digérer pour le lecteur, une connerie bourrée d'images intitulée Qu'est-ce qui s'est vraiment passé? où l'on traite de l'homme au masque de fer, du naufrage du Lusitania et de l'assassinat de John F. Kennedy...
J'ai perdu mon temps devant ma bibliothèque pour finir avec ce florilège d'événements insolites...
Je ne suis pas très fier de moi.
Tchékhov attendra à ce soir. Ou à demain.
Enfin! Je serais dû pour faire un tour à la librairie ou bien à la bibliothèque municipale...
vendredi 13 février 2015
On dirait que j'ai un Vic-20 ce matin
Je ne dispose malheureusement pas de tout le temps dont j'aurais besoin pour écrire. Je m'installe devant mon portable, avec le sentiment que je vais vous sortir une bonne histoire, que je me surprends à hurler de rage devant les mises à jour qui s'emparent de mon outil de travail pour remettre à plus tard ce qui ne pouvait pas attendre.
Les mises à jour comportent plus de 150 Mégabits. Cela signifie que mon portable ne sera pas disponible avant une demie heure. J'emprunte donc le portable de ma blonde. J'installe ma souris parce que je déteste travailler sans elle. Le logiciel de la souris se télécharge automatiquement dès que je la rentre dans le port USB. Cependant le système d'exploitation du portable me conseille de cliquer sur tel ou tel centre de maintenance pour cette satanée souris. Ce que je fais et cela entraîne, évidemment, un autre téléchargement...
Je regarde le temps passé. Ma demie heure d'écriture disponible s'est déjà écoulée. C'est déjà le temps de fermer le portable pour me rendre au travail.
Et moi qui voulais vous parler de La Scouine, de Albert Laberge, des originaux et détraqués de Louis Fréchette, des dicts du passant de Louis-Georges Godin, des diableries de Mikhaïl Boulgakov, de l'Hôtel de Ville de Trois-Rivières qui oublie que dans la maxime romaine du pain et des jeux, panem et circenses, il y a le mot pain, et pas seulement le mot jeux...
Je dépasse ma demie heure avec la rage au coeur. Je n'ai pas pu sortir tout ce que j'avais en tête compte tenu de ces maudites mises à jour et de cette technologie de merde qui semblent me renvoyer aux années '80, à l'époque où l'on s'extasiait de dessiner un carré rouge avec un Vic-20...
Les mises à jour comportent plus de 150 Mégabits. Cela signifie que mon portable ne sera pas disponible avant une demie heure. J'emprunte donc le portable de ma blonde. J'installe ma souris parce que je déteste travailler sans elle. Le logiciel de la souris se télécharge automatiquement dès que je la rentre dans le port USB. Cependant le système d'exploitation du portable me conseille de cliquer sur tel ou tel centre de maintenance pour cette satanée souris. Ce que je fais et cela entraîne, évidemment, un autre téléchargement...
Je regarde le temps passé. Ma demie heure d'écriture disponible s'est déjà écoulée. C'est déjà le temps de fermer le portable pour me rendre au travail.
Et moi qui voulais vous parler de La Scouine, de Albert Laberge, des originaux et détraqués de Louis Fréchette, des dicts du passant de Louis-Georges Godin, des diableries de Mikhaïl Boulgakov, de l'Hôtel de Ville de Trois-Rivières qui oublie que dans la maxime romaine du pain et des jeux, panem et circenses, il y a le mot pain, et pas seulement le mot jeux...
Je dépasse ma demie heure avec la rage au coeur. Je n'ai pas pu sortir tout ce que j'avais en tête compte tenu de ces maudites mises à jour et de cette technologie de merde qui semblent me renvoyer aux années '80, à l'époque où l'on s'extasiait de dessiner un carré rouge avec un Vic-20...
jeudi 12 février 2015
Fifty Shades of Grey pour une chienne lubrique
Sarane Alexandrian concluait dans son essai intitulé Les libérateurs de l'amour que la sexualité représentait pour lui l'occasion de rêver plutôt que la nécessité de faire des cauchemars. Il préférait, de loin, Laclos au Marquis de Sade.
Ginette, fan de Fifty Shades of Grey, pensait tout le contraire. Cette petite boulotte aux cheveux noirs frisés n'en pinçait que pour les hommes les plus virils qui soient, c'est-à-dire pour ceux qui prenaient le contrôle total de son corps rigide et, disons-le, un tant soit peu frigide. Elle aimait faire la planche et un homme n'était pas homme s'il ne lui rentrait pas son vilebrequin dans le troufignon en lui lacérant ses hanches avec ses ongles crottés.
Gino était plutôt un sacré rêveur et sa vision de la sexualité s'associait à la tendresse et surtout à l'amour. Ce grand gaillard au corps athlétique avait été formaté par l'idéal romantique. Caresser et savourer lentement le corps d'une femme lui faisait tourner la tête. Le fouet et les artifices ne lui disaient rien qu'y vaille. Sa prostate fonctionnait bien et un petit mot doux l'aurait fait éjaculer.
Or, Ginette et Gino se sont rencontrés dans un bar. Ginette regardait Gino depuis un moment quand elle vint à sa table pour lui demander si elle pouvait s'asseoir auprès de lui pour entamer une discussion. Une demie heure plus tard, les deux humains étaient dans une chambre d'hôtel en train de se déshabiller pour peut-être faire l'amour.
-Frappe-moi, lui dit tout de go Ginette. Prends-moi comme une bête! rajouta-t-elle en lui présentant son postérieur.
-Heu... fit Gino. Quoi?
-Frappe-moi! lui cria-t-elle. Frappe-moi j'te dis!
-Es-tu folle tabarnak? J'pourrais te tuer d'un coup d'poing! s'indigna-t-il.
-T'es pas un homme si tu ne me frappes pas!
-Parce que tu penses que t'es une femme juste parce que tu veux t'faire cogner? Mange d'la marde!
-Oh oui j'aime ça! Redis-le moi!
-Redire quoi?
-Dis-moi de manger d'la marde! Traite moi de chienne! De salope! De truie! Oh oui frappe moi!!!
-J'veux pas t'frapper! Ni frapper qui que ce soit! Fuck! Chu un lover moé!
Ginette se revira dans le lit pour s'asseoir sur sa croupe, tout à fait insultée et en colère.
-T'es une tapette, non? C'est ça, tu n'aimes pas les femmes?
-Va soigner tes bébites christ de folle! Moé ej' décalice! lui répondit-il en remettant ses vêtements.
Ginette s'élança sur Gino pour tenter de le frapper. Il la projeta sur le lit. Ce qui eut l'heur de plaire à Ginette.
-Oh oui! Rejette-moi! Lance-moi sur le lit, sur les murs, sur le plancher!
Elle revint vers lui en brandissant ses petits poings. Il la relança contre le lit et courut vers la porte de la chambre d'hôtel pour s'enfuir à toutes jambes.
Une fine neige tombait dehors. La température était moins froide qu'elle ne l'avait été le matin.
Gino se sentait mieux. Ses rêves étaient intacts.
-C'est vraiment une christ de folle! se dit-il en se dirigeant vers un resto ouvert vingt-quatre heures histoire de se taper une pizza pour mieux digérer ses émotions.
Ginette pleurait dans le lit de la chambre d'hôtel. Elle s'en voulait de ne rencontrer que des hommes sans virilité qui refusait de la battre comme une poche de patates.
Elle avait été élevée par sa mère, traitée comme une petite princesse, sans jamais avoir vu son père. Elle sublimait en l'homme le père manquant qui ne la traiterait pas en petite princesse, mais en chienne lubrique qu'il fallait contenir à coups de trique.
Chacun son trip. Celui de Gino était d'aimer et d'être aimé.
C'était définitivement le genre de gars qui ne s'intéressait pas à la lecture de romans comme Fifty Shades of Grey.
__________
Simplement une suggestion de relecture:
Du cul, du cul, du cul...
Ginette, fan de Fifty Shades of Grey, pensait tout le contraire. Cette petite boulotte aux cheveux noirs frisés n'en pinçait que pour les hommes les plus virils qui soient, c'est-à-dire pour ceux qui prenaient le contrôle total de son corps rigide et, disons-le, un tant soit peu frigide. Elle aimait faire la planche et un homme n'était pas homme s'il ne lui rentrait pas son vilebrequin dans le troufignon en lui lacérant ses hanches avec ses ongles crottés.
Gino était plutôt un sacré rêveur et sa vision de la sexualité s'associait à la tendresse et surtout à l'amour. Ce grand gaillard au corps athlétique avait été formaté par l'idéal romantique. Caresser et savourer lentement le corps d'une femme lui faisait tourner la tête. Le fouet et les artifices ne lui disaient rien qu'y vaille. Sa prostate fonctionnait bien et un petit mot doux l'aurait fait éjaculer.
Or, Ginette et Gino se sont rencontrés dans un bar. Ginette regardait Gino depuis un moment quand elle vint à sa table pour lui demander si elle pouvait s'asseoir auprès de lui pour entamer une discussion. Une demie heure plus tard, les deux humains étaient dans une chambre d'hôtel en train de se déshabiller pour peut-être faire l'amour.
-Frappe-moi, lui dit tout de go Ginette. Prends-moi comme une bête! rajouta-t-elle en lui présentant son postérieur.
-Heu... fit Gino. Quoi?
-Frappe-moi! lui cria-t-elle. Frappe-moi j'te dis!
-Es-tu folle tabarnak? J'pourrais te tuer d'un coup d'poing! s'indigna-t-il.
-T'es pas un homme si tu ne me frappes pas!
-Parce que tu penses que t'es une femme juste parce que tu veux t'faire cogner? Mange d'la marde!
-Oh oui j'aime ça! Redis-le moi!
-Redire quoi?
-Dis-moi de manger d'la marde! Traite moi de chienne! De salope! De truie! Oh oui frappe moi!!!
-J'veux pas t'frapper! Ni frapper qui que ce soit! Fuck! Chu un lover moé!
Ginette se revira dans le lit pour s'asseoir sur sa croupe, tout à fait insultée et en colère.
-T'es une tapette, non? C'est ça, tu n'aimes pas les femmes?
-Va soigner tes bébites christ de folle! Moé ej' décalice! lui répondit-il en remettant ses vêtements.
Ginette s'élança sur Gino pour tenter de le frapper. Il la projeta sur le lit. Ce qui eut l'heur de plaire à Ginette.
-Oh oui! Rejette-moi! Lance-moi sur le lit, sur les murs, sur le plancher!
Elle revint vers lui en brandissant ses petits poings. Il la relança contre le lit et courut vers la porte de la chambre d'hôtel pour s'enfuir à toutes jambes.
Une fine neige tombait dehors. La température était moins froide qu'elle ne l'avait été le matin.
Gino se sentait mieux. Ses rêves étaient intacts.
-C'est vraiment une christ de folle! se dit-il en se dirigeant vers un resto ouvert vingt-quatre heures histoire de se taper une pizza pour mieux digérer ses émotions.
Ginette pleurait dans le lit de la chambre d'hôtel. Elle s'en voulait de ne rencontrer que des hommes sans virilité qui refusait de la battre comme une poche de patates.
Elle avait été élevée par sa mère, traitée comme une petite princesse, sans jamais avoir vu son père. Elle sublimait en l'homme le père manquant qui ne la traiterait pas en petite princesse, mais en chienne lubrique qu'il fallait contenir à coups de trique.
Chacun son trip. Celui de Gino était d'aimer et d'être aimé.
C'était définitivement le genre de gars qui ne s'intéressait pas à la lecture de romans comme Fifty Shades of Grey.
__________
Simplement une suggestion de relecture:
Du cul, du cul, du cul...
mercredi 11 février 2015
Belzébuth, le dieu des mouches
L'homme était assis sur une chaise et il se parlait à lui-même sans bouger les lèvres. C'était un homme entre deux âges, au visage glabre, qui avait coutume de cligner d'un oeil quand une mouche volait devant lui. On ne savait rien de lui, sinon qu'il ne travaillait pas et s'asseyait toujours sur la même chaise à la bibliothèque municipale. Et comme il n'y avait pas vraiment de mouches à la bibliothèque, surtout l'hiver, eh bien il clignait rarement des yeux par temps froid.
Les bibliothécaires auraient pu dire qu'il était un érudit mais ils se foutaient pas mal des lectures des abonnés. C'était des bibliothécaires qui n'aimaient pas lire. Ils passaient leur temps sur Facebook à partager des photos de petits chats. Ils occupaient cet emploi par dépit, parce qu'il y avait un membre de leur famille qui était haut placé dans l'administration municipale. Ce qui fait qu'ils méprisaient tous ceux et celles qui les emmerdaient avec Mark Twain, Fedor Dostoïevski ou bien le Marquis de Sade.
-Je suis bibliothécaire, m'sieur, qu'ils disaient. Je ne suis pas critique littéraire...
Évidemment, je dis ils parce qu'ils étaient tous de sexe masculin, compte tenu des goûts du gestionnaire du service, un homme à hommes qui ne se voyait pas travailler avec des filles qui passent leur temps à piailler pour rien en se limant les ongles.
Je m'égare un peu en vous racontant cela, chers lecteurs et lectrices, alors que je me suis engagé à vous raconter l'histoire de cet homme au visage glabre qui s'asseyait toujours sur la même chaise à la bibliothèque, ne clignant des yeux qu'à l'occasion du vol d'une mouche.
Que lisait-il, hein? Il lisait essentiellement des traités sur l'occultisme, sur Baal Zeboub, entre autres, mieux connu sous le sobriquet de Belzébuth, alias le dieu des mouches. Il se tapait tout ce qui avait pu s'écrire à ce sujet, de manière systématique. Il rédigeait des fiches pour s'orienter dans ses lectures et avait monté une bibliographie impressionnante sur le sujet.
C'était un fou, au mieux un original, enfin quelqu'un qui trippait un peu trop fort sur les mouches.
Ce qui ne devait pas advenir arriva, bien entendu.
Une mouche était sortie de son hibernation, en plein mois de février, pour virevolter autour de l'homme qui se mit subitement à cligner des yeux comme un stroboscope.
-Une mouche! Une mouche! se mit-il à crier. Ouaaa! Enfer et damnation éternelle! Vade retro Baal Zeboub!
-Monsieur! lui répliqua un bibliothécaire de façon impérative. Veuillez garder le silence! C'est une bibliothèque ici!
Le monsieur arrêta de crier. Il mordit dans un ouvrage sur Belzébuth et tomba raide mort, étouffé par une boulette de papier qui se coinça dans sa gorge.
-Aem! Aem! Eurk! qu'il fit. Et après, plus rien. Pas un son. Pas un râle.
Les bibliothécaires firent venir l'ambulance sans entreprendre d'exercice de réanimation puisqu'ils n'avaient pas suivi leur cours de RCR. Ce qui valut un blâme au gestionnaire de la bibliothèque puisque la loi oblige qu'il y ait toujours au moins un employé en service qui ait son certificat de RCR.
La mouche virevolta une demie heure autour du cadavre de l'érudit jusqu'à ce que les ambulanciers arrivent sur les lieux pour l'emporter à la morgue de l'hôpital. On l'enterra dans une fosse commune, évidemment, puisqu'il n'avait ni famille ni police d'assurance.
Y'a-t-il une morale à cette histoire? Il n'y en a pas, comme d'habitude. Sinon qu'il faut savoir abdiquer devant les forces invisibles et indicibles.
Les bibliothécaires auraient pu dire qu'il était un érudit mais ils se foutaient pas mal des lectures des abonnés. C'était des bibliothécaires qui n'aimaient pas lire. Ils passaient leur temps sur Facebook à partager des photos de petits chats. Ils occupaient cet emploi par dépit, parce qu'il y avait un membre de leur famille qui était haut placé dans l'administration municipale. Ce qui fait qu'ils méprisaient tous ceux et celles qui les emmerdaient avec Mark Twain, Fedor Dostoïevski ou bien le Marquis de Sade.
-Je suis bibliothécaire, m'sieur, qu'ils disaient. Je ne suis pas critique littéraire...
Évidemment, je dis ils parce qu'ils étaient tous de sexe masculin, compte tenu des goûts du gestionnaire du service, un homme à hommes qui ne se voyait pas travailler avec des filles qui passent leur temps à piailler pour rien en se limant les ongles.
Je m'égare un peu en vous racontant cela, chers lecteurs et lectrices, alors que je me suis engagé à vous raconter l'histoire de cet homme au visage glabre qui s'asseyait toujours sur la même chaise à la bibliothèque, ne clignant des yeux qu'à l'occasion du vol d'une mouche.
Que lisait-il, hein? Il lisait essentiellement des traités sur l'occultisme, sur Baal Zeboub, entre autres, mieux connu sous le sobriquet de Belzébuth, alias le dieu des mouches. Il se tapait tout ce qui avait pu s'écrire à ce sujet, de manière systématique. Il rédigeait des fiches pour s'orienter dans ses lectures et avait monté une bibliographie impressionnante sur le sujet.
C'était un fou, au mieux un original, enfin quelqu'un qui trippait un peu trop fort sur les mouches.
Ce qui ne devait pas advenir arriva, bien entendu.
Une mouche était sortie de son hibernation, en plein mois de février, pour virevolter autour de l'homme qui se mit subitement à cligner des yeux comme un stroboscope.
-Une mouche! Une mouche! se mit-il à crier. Ouaaa! Enfer et damnation éternelle! Vade retro Baal Zeboub!
-Monsieur! lui répliqua un bibliothécaire de façon impérative. Veuillez garder le silence! C'est une bibliothèque ici!
Le monsieur arrêta de crier. Il mordit dans un ouvrage sur Belzébuth et tomba raide mort, étouffé par une boulette de papier qui se coinça dans sa gorge.
-Aem! Aem! Eurk! qu'il fit. Et après, plus rien. Pas un son. Pas un râle.
Les bibliothécaires firent venir l'ambulance sans entreprendre d'exercice de réanimation puisqu'ils n'avaient pas suivi leur cours de RCR. Ce qui valut un blâme au gestionnaire de la bibliothèque puisque la loi oblige qu'il y ait toujours au moins un employé en service qui ait son certificat de RCR.
La mouche virevolta une demie heure autour du cadavre de l'érudit jusqu'à ce que les ambulanciers arrivent sur les lieux pour l'emporter à la morgue de l'hôpital. On l'enterra dans une fosse commune, évidemment, puisqu'il n'avait ni famille ni police d'assurance.
Y'a-t-il une morale à cette histoire? Il n'y en a pas, comme d'habitude. Sinon qu'il faut savoir abdiquer devant les forces invisibles et indicibles.
mardi 10 février 2015
Ils peuvent bien manger un hostie d'char de marde!
Mes professeurs ont tenté en vain de m'enseigner que ce n'était pas beau de sacrer et de blasphémer. Mon père sacrait allègrement comme le faisait à peu près tous les hommes et les femmes du quartier populaire où nous nous trouvions pour y survivre tant bien que mal.
Je tenais de mon père ce mépris de l'autorité qui prenait forme dans ces concours de sacres que nous organisions entre amis à la sortie des classes. Je les gagnais souvent puisque j'étais mal embouché comme tout Bouchard qui ne respecte rien, surtout pas les bourgeois et les dames patronnesses des beaux quartiers qui nous regardaient de haut pour mieux nous mépriser.
-Hostie d'tabarnak de cibouère de saint-sacrament de calice de mange-marde de saint-chrême de christ de viârge d'étole de curé sale! que je disais, par exemple, en me gonflant le torse pour que ça sorte dru et solide.
J'avais compris que le langage de mes proches n'était pas beau, pas bon et pas fin pour que les gens bien éduqués, collés sur le pouvoir, puissent nous chier dans la bouche et nous ordonner de récurer leur maison, leur piscine et leurs chiottes.
***
Une polémique tout à fait vide s'est formée il y a peu autour de Christian Bégin, un animateur de Télé-Québec qui a eu la franchise de laisser parler son coeur face à des gens qui manifestaient contre les politiques d'austérité du gouvernement libéral-saoudien du Québec. Il a dit au gouvernement Couillard de "manger d'la marde".
Denise Bombardier, bourgeoise d'Outremont qui joue aux extra-lucides par compassion envers sa classe de pleins d'marde, a reproché à Christian Bégin de manquer de politesse et de civilité dans un article puant le caca bouilli paru dans le Journal de Monrial.
C'est pas beau sacrer. C'est pas beau dire mange d'la marde.
Michel Chartrand, paix à son âme, sacrait comme un charretier pour se porter à la défense des travailleurs. Et il l'a fait bien mieux que Denise Bombardier et tous ces greluchons qui se croient porteurs de Lumières alors qu'ils ne sont que des lâches qui ne montent jamais au front pour défendre les plus humbles. Ils se battent pour des virgules et des points-virgules comme si le sort de l'humanité en dépendait. Ils se battent pour du fric, de l'éclat social, de la vanité vaine et encore plus vide que celle de l'Ecclésiaste.
Vous voudriez donner des leçons de style à des gens qui ont du coeur au ventre et ne craignent pas de mettre leur tête sur le billot pour combattre l'injustice?
Vous croyez que l'injustice se combat avec de beaux mots et des phrases bien ciselées?
Je respecte les arts et les lettres, mais je ne respecte pas les lâches et les larbins qui s'en prennent aux voix qui crient dans le dessert des riches.
Je sais bien perler français. Je parle aussi l'anglais et le singe. Cela dit, je n'ai pas honte d'utiliser la langue vernaculaire pour signifier mon opposition à toute forme d'autorité et d'inhumanité outrancières.
Sacrer, c'est me sentir en symbiose avec mon peuple et ma classe sociale.
Donc, tous ces bourgeois peuvent bien manger un hostie d'gros char de marde.
samedi 7 février 2015
L'écriture ou la vie?
J'achève la lecture de L'écriture ou la vie de Jorge Semprun, un récit autobiographique dans lequel il raconte sa difficulté à décrire son expérience de prisonnier du camp de concentration de Buchenwald. Comment, en effet, raconter l'indicible? Plus personne ne voulait entendre parler de la guerre suite à la Libération. De plus, l'ex-prisonnier lui-même avait une soif de vivre incommensurable pour échapper à la mort qui l'avait guetté à chaque heure du jour tout le long de son incarcération dans un camp nazi.
L'écriture ou la vie est une lecture pesante où la littérature l'emporte sur le témoignage, au grand dam du lecteur envers qui l'auteur n'a certainement pas à demander son avis. On peut comprendre, cependant son récit n'a pas la force et l'intensité auxquelles nous conduisent Primo Levi ou bien Varlam Chalamov.
Cela dit, je m'en voudrais de passer pour un esthète face à l'expression de la souffrance humaine qui, bien entendu, n'a pas à marcher dans mes souliers de Québécois tenu à l'écart de l'expérience ultime du Mal.
Qui plus est, je ne m'engageais pas dans une critique littéraire en vous ramenant devant vos yeux ce récit de Jorge Semprun.
J'en venais plutôt à soutenir comme Semprun qu'il est ardu de témoigner d'expériences difficiles qui n'intéressent ni les vivants ni les survivants. (Pour ce qui est des morts, il est déjà trop tard...)
Cela me vient à l'esprit en songeant à ma petite expérience de préposé aux bénéficiaires, un métier que j'ai exercé pendant quatre ans pour payer mes études.
Je peux facilement écrire sur Pierre, Jean, Jacques et toutes sortes de bouffonneries. Par contre, rien ne sort aisément de ces quatre années à travailler auprès des malades et des mourants. C'est comme si ma soif de vivre l'avait emporté sur la mort.
J'avais à peine 19 ans lorsque je fis mon premier quart de travail au Centre hospitalier de l'Université Laval. J'étais relativement narcissique à cette époque et devins préposé aux bénéficiaires pour la simple et bonne raison que j'avais besoin d'argent. Je n'avais pas comme qui dirait la vocation. J'en ai peu connus qui l'avait. La plupart des préposés y avaient appris le métier sur le tas, tout comme moi. Certains étaient humains, d'autres ne l'étaient pas nécessairement. Je faisais partie de la première catégorie compte tenu de mon éducation et des valeurs intrinsèques qui s'y rattachaient.
Je n'étais pas travailleur à Buchenwald, c'est évident, mais j'ai vu des trucs que je ne trouve pas encore la force de raconter. J'y reviendrai sans doute un jour, quand je serai vieux et malade. Pour le moment, j'effleure à peine ce sujet, comme si la vie était plus forte que la mort.
Raconter la vie d'un hôpital, c'est comme revenir du Vietnam. Personne ne veut vraiment entendre les récits que je pourrais raconter sur le sang, le vomi et les autres excrétions du corps humain. Qui s'intéresserait à ces cadavres que nous emballions dans un linceul en mettant une étiquette aux poignets et une aux pieds avant que de les envoyer dans le réfrigérateur de la morgue? Qui voudrait entendre des histoires de yeux révulsés, de langues démesurées qui sortent de la bouche quand survient le dernier râle?
Je m'en veux de comparer mon expérience de vie à celle de Jorge Semprun. Il n'y a pas de commune mesure entre ce qu'il a enduré et ce que j'ai vu. J'étais bien payé pour faire mon boulot et je mangeais huit fois par jour...
Pourtant, je ressens ce vertige d'écrire sur la mort, la souffrance et la maladie. Je le fais de temps à autres, plutôt rarement, alors qu'il me serait possible d'aligner des pages et des pages.
Où veux-je en venir avec cela? Je n'en ai aucune idée. Mes doigts se promènent sur le clavier pour vous rapporter ça comme si je n'avais rien trouvé de mieux à faire.
Ça ne vous dit rien sur L'écriture ou la vie de Jorge Semprun, rien sur les hôpitaux.
Ça en dit trop long sur moi.
Je vais tout de même publier ce billet que je déteste déjà pour son narcissisme outrancier.
Il me serait facile de le détruire.
Trop facile sans doute.
Je vous prie de le tenir pour un défoulement qui ne m'arrivera pas souvent.
L'écriture ou la vie est une lecture pesante où la littérature l'emporte sur le témoignage, au grand dam du lecteur envers qui l'auteur n'a certainement pas à demander son avis. On peut comprendre, cependant son récit n'a pas la force et l'intensité auxquelles nous conduisent Primo Levi ou bien Varlam Chalamov.
Cela dit, je m'en voudrais de passer pour un esthète face à l'expression de la souffrance humaine qui, bien entendu, n'a pas à marcher dans mes souliers de Québécois tenu à l'écart de l'expérience ultime du Mal.
Qui plus est, je ne m'engageais pas dans une critique littéraire en vous ramenant devant vos yeux ce récit de Jorge Semprun.
J'en venais plutôt à soutenir comme Semprun qu'il est ardu de témoigner d'expériences difficiles qui n'intéressent ni les vivants ni les survivants. (Pour ce qui est des morts, il est déjà trop tard...)
Cela me vient à l'esprit en songeant à ma petite expérience de préposé aux bénéficiaires, un métier que j'ai exercé pendant quatre ans pour payer mes études.
Je peux facilement écrire sur Pierre, Jean, Jacques et toutes sortes de bouffonneries. Par contre, rien ne sort aisément de ces quatre années à travailler auprès des malades et des mourants. C'est comme si ma soif de vivre l'avait emporté sur la mort.
J'avais à peine 19 ans lorsque je fis mon premier quart de travail au Centre hospitalier de l'Université Laval. J'étais relativement narcissique à cette époque et devins préposé aux bénéficiaires pour la simple et bonne raison que j'avais besoin d'argent. Je n'avais pas comme qui dirait la vocation. J'en ai peu connus qui l'avait. La plupart des préposés y avaient appris le métier sur le tas, tout comme moi. Certains étaient humains, d'autres ne l'étaient pas nécessairement. Je faisais partie de la première catégorie compte tenu de mon éducation et des valeurs intrinsèques qui s'y rattachaient.
Je n'étais pas travailleur à Buchenwald, c'est évident, mais j'ai vu des trucs que je ne trouve pas encore la force de raconter. J'y reviendrai sans doute un jour, quand je serai vieux et malade. Pour le moment, j'effleure à peine ce sujet, comme si la vie était plus forte que la mort.
Raconter la vie d'un hôpital, c'est comme revenir du Vietnam. Personne ne veut vraiment entendre les récits que je pourrais raconter sur le sang, le vomi et les autres excrétions du corps humain. Qui s'intéresserait à ces cadavres que nous emballions dans un linceul en mettant une étiquette aux poignets et une aux pieds avant que de les envoyer dans le réfrigérateur de la morgue? Qui voudrait entendre des histoires de yeux révulsés, de langues démesurées qui sortent de la bouche quand survient le dernier râle?
Je m'en veux de comparer mon expérience de vie à celle de Jorge Semprun. Il n'y a pas de commune mesure entre ce qu'il a enduré et ce que j'ai vu. J'étais bien payé pour faire mon boulot et je mangeais huit fois par jour...
Pourtant, je ressens ce vertige d'écrire sur la mort, la souffrance et la maladie. Je le fais de temps à autres, plutôt rarement, alors qu'il me serait possible d'aligner des pages et des pages.
Où veux-je en venir avec cela? Je n'en ai aucune idée. Mes doigts se promènent sur le clavier pour vous rapporter ça comme si je n'avais rien trouvé de mieux à faire.
Ça ne vous dit rien sur L'écriture ou la vie de Jorge Semprun, rien sur les hôpitaux.
Ça en dit trop long sur moi.
Je vais tout de même publier ce billet que je déteste déjà pour son narcissisme outrancier.
Il me serait facile de le détruire.
Trop facile sans doute.
Je vous prie de le tenir pour un défoulement qui ne m'arrivera pas souvent.
jeudi 5 février 2015
Devant la Vieille Prison de Trois-Rivières pour libérer Raïf Badawi
Une vingtaine de personnes se sont rassemblées hier soir devant la Vieille Prison de Trois-Rivières pour y tenir une vigile afin de libérer le blogueur saoudien Raïf Badawi. Une neige fine n'a pas eu raison des chandelles qui dispersaient un tant soit peu les ombres et l'obscurité. Un symbole à utiliser contre ceux que le bon docteur Philippe Couillard, Premier Ministre du Québec et ex-employé de la dictature saoudienne, surnomme avec raison les "chevaliers de l'obscurantisme"...
Post-scriptum:
Article du quotidien Le Nouvelliste
Amnistie Internationale
Site Facebook de la section francophone de Amnistie Internationale
Cliquez ici et signez la pétition afin de libérer Raïf Badawi.
D'aucuns, dont le maire de Trouville, prétendent qu'il ne sert à rien de signer des pétitions ou bien de manifester. Pourtant, il ne suffit que d'une poignée de gens décidés pour changer les choses. La centrale nucléaire de Gentilly 2 a mis fin à ses opérations suite aux manifestations répétées d'une poignée de militants. Cette poignée, avec peu ou prou de moyens financiers, ont eu raison de tous les mutants de la planète des singes.
Les mille coups de fouets que doit recevoir Raïf Badawi ne vont pas plus loin que cinquante pour le moment. Il est même possible de rêver qu'il soit amnistié suite aux pressions internationales provoquées par quelques poignées de personnes disséminées un peu partout dans le monde.
Beaucoup de gens autour de moi se convainquent que toutes ces pétitions, ces vigiles et ces manifestations ne donnent rien. C'est une manière de se donner bonne conscience afin de continuer à se divertir loin de tous les problèmes auxquels l'humanité fait face.
Je ne jugerai pas les gens qui demeurent passifs face aux crimes contre l'humanité. Si l'on trouve dix justes autour de soi, on sait que Sodome et Gomorrhe ne seront pas rasées...
Merci à la section trifluvienne du groupe Amnistie Internationale d'avoir organisé cette vigile. Merci à tous ces justes, petits et grands, qui sont venus témoigner leur solidarité envers un obscur blogueur saoudien condamné à mille coups de fouet pour avoir donné librement son opinion sur la conduite de son pays et de son peuple.
Post-scriptum:
Article du quotidien Le Nouvelliste
Amnistie Internationale
Site Facebook de la section francophone de Amnistie Internationale
Cliquez ici et signez la pétition afin de libérer Raïf Badawi.
mercredi 4 février 2015
Ce soir à Trois-Rivières: vigile pour la libération du blogueur Raïf Badawi
Une vigile aura lieu ce soir à 19h30 devant l'entrée principale de la Vieille Prison, au centre-ville de Trois-Rivières. Une vigile dans le but de libérer le blogueur saoudien Raïf Badawi, condamné à la prison et à mille coups de fouets par la gérontocratie d'Arabie Saoudite. On lui reproche d'avoir ridiculisé la police des moeurs sur son blogue... Ne sommes nous pas au XXIe siècle? Cette culture si particulière, dont parlait notre bon docteur Philippe Couillard, Premier Ministre du Québec et ex-employé du régime saoudien, nous oblige à la solidarité envers tous ceux et celles qui tentent d'y apporter un peu de Lumières. C'est une manière d'éduquer les autocrates saoudiens ainsi que notre Premier Ministre.
Il existe bien des causes pour tenir des vigiles ou des manifestations. Celle-ci vaut bien les autres. Cependant, Raïf Badawi a courageusement ouvert une brèche au coeur de ce régime parmi les plus répressifs de la planète. Un régime fréquemment dénoncé pour financer le terrorisme. Moi-même blogueur et blagueur à toute heure, je m'en voudrais de ne pas manifester ma solidarité envers mon lointain frère de combat. Ici, je ne risque rien, sinon des peccadilles. Raïf Badawi risque sa vie pour ses idées.
Je serai donc à la vigile ce soir à 19h30. Y serez-vous?
Si vous ne pouvez pas y être, ayez tout de même la gentillesse et la grandeur d'âme de signer cette pétition du groupe Amnistie Internationale. Cliquez ici pour ce faire. Merci beaucoup.
La vie nous réserve bien des surprises
Il est des histoires qui nous rappellent à tous que la vie n'a presque pas plus de sens qu'en a la mort.
Prenons cet homme, surnommé Gadget, simplement parce qu'il portait toujours un long manteau comme l'inspecteur du même nom.
Gadget, un grand mince aux oreilles molles, avait cette habitude de déprimer. Il ne prenait jamais de vitamine D l'hiver et il finissait toujours par se nourrir de l'envie de mourir.
Un jour qu'il déprimait plus que d'ordinaire il prit le flingue que lui avait laissé son grand-père en héritage. C'était un flingue de policier des années '50 puisque son grand-père, Gérard Gadouas, était constable.
Gadget se colla donc le pistolet sur la tempe et -bang!- il se tira une balle dans la tête.
La balle ne lui fit décoller qu'une partie du visage ainsi qu'une petite zone du cerveau. Le sang se coagula avant qu'il ne se vide tout à fait, tant et si bien qu'on le retrouva à moitié mort pour finalement le ramener à la vie à l'hôpital.
Gadget se réveilla défiguré mais de bonne humeur. La zone du cerveau qu'il s'était fait décoller avec son flingue était justement celle qui lui faisait voir la vie tout de travers.
-Comment vous sentez-vous? lui demanda le médecin lors de sa première visite.
-Je me sens bien. Je n'ai plus envie de mourir, répondit Gadget. Je mangerais bien un bon bol de gruau... Vous en avez?
Depuis, on le voit traverser la ville de long en large tous les jours, avec son visage à moitié arraché et sa bonne humeur. Gadget siffle, chante et rigole à qui mieux mieux, comme s'il n'avait jamais tenté de s'enlever la vie.
Comme quoi la vie nous réserve bien des surprises...
Prenons cet homme, surnommé Gadget, simplement parce qu'il portait toujours un long manteau comme l'inspecteur du même nom.
Gadget, un grand mince aux oreilles molles, avait cette habitude de déprimer. Il ne prenait jamais de vitamine D l'hiver et il finissait toujours par se nourrir de l'envie de mourir.
Un jour qu'il déprimait plus que d'ordinaire il prit le flingue que lui avait laissé son grand-père en héritage. C'était un flingue de policier des années '50 puisque son grand-père, Gérard Gadouas, était constable.
Gadget se colla donc le pistolet sur la tempe et -bang!- il se tira une balle dans la tête.
La balle ne lui fit décoller qu'une partie du visage ainsi qu'une petite zone du cerveau. Le sang se coagula avant qu'il ne se vide tout à fait, tant et si bien qu'on le retrouva à moitié mort pour finalement le ramener à la vie à l'hôpital.
Gadget se réveilla défiguré mais de bonne humeur. La zone du cerveau qu'il s'était fait décoller avec son flingue était justement celle qui lui faisait voir la vie tout de travers.
-Comment vous sentez-vous? lui demanda le médecin lors de sa première visite.
-Je me sens bien. Je n'ai plus envie de mourir, répondit Gadget. Je mangerais bien un bon bol de gruau... Vous en avez?
Depuis, on le voit traverser la ville de long en large tous les jours, avec son visage à moitié arraché et sa bonne humeur. Gadget siffle, chante et rigole à qui mieux mieux, comme s'il n'avait jamais tenté de s'enlever la vie.
Comme quoi la vie nous réserve bien des surprises...
mardi 3 février 2015
Que faire d'un pigeon sur le point de mourir gelé?
Il fait -28 Celsius ce matin, -36 C avec les vents et l'humidité qui lève de la voie maritime du fleuve Magtogoek.
Ma collègue de travail a trouvé ce pigeon ce matin sur les marches de l'escalier.
Il vit encore mais ne semble pas très fort.
Il s'est à peine débattu. J'ai pu le prendre sans mal avec un vieux chiffon.
Puis je l'ai déposé dans la boîte de carton que l'on voit ici sur la photo. Je l'ai recouvert avec le vieux chiffon. J'ai refermé la boîte le temps qu'il se réchauffe un peu.
Je ne sais pas s'il va survivre, bien honnêtement.
S'il meurt, ce pauvre pigeon, il ressentira toujours bien une petite chaleur avant que de rendre l'âme.
Prions pour lui...