Je sais que je vais encore radoter mais c'est plus fort que moi. Aussitôt que l'on me parle de valeurs québécoises, je me réfugie dans les valeurs plusieurs fois millénaires de mes ancêtres aborigènes.
La première valeur qu'ils m'ont apprise c'est que la terre n'appartient à personne. C'était du moins l'opinion des Anishnabés, un peuple nomade auquel je suis directement rattaché par ma grand-mère Adrienne Létourneau, née sur la réserve d'Akwasasné. Pas besoin d'y planter une croix ou un drapeau, mes ancêtres ne reconnaissaient pas le droit de propriété sur la terre.
Mes ancêtres aborigènes -Anishnabés, Micmacs, Vikings, Gaulois et Kényans- avaient aussi une vision toute poétique de la toponymie. Au lieu de donner aux lieux des noms de saints, de généraux, de maréchaux et autres députés d'arrière-ban, ils leur donnaient tout simplement des noms qui faisaient rêver.
On disait le Fleuve aux grandes eaux, la Rivière de l'enfilée d'aiguille, le Lac aux bleuets, l'Étang aux grenouilles...
On n'aurait jamais pensé à cette idée saugrenue de donner aux lieux le nom d'une personne humaine. Ç'aurait été de l'idolâtrie. Ou pire encore. Quelque chose de répugnant à tout le moins.
Évidemment, la laideur marque souvent des points contre la poésie.
Voilà pourquoi nous disons maintenant le Fleuve Saint-Laurent, la Rivière Saint-Maurice, le Lac Brouillette, l'Étang aux grenouilles Fitzgerald... Ça n'en finit plus d'être laid et imprononçable!
Tous ces saints, colons et charpentiers qui ont peuplé le monde ont été fort sympathiques à leur façon mais ce n'est pas une raison pour dépoétiser chacun de nos lieux.
Il serait sage de revenir aux anciennes appellations.
J'habite le village de Métabéroutin, au confluent du Fleuve Magtogoek et de la Rivière Tapiskwan Sipi. Nous sommes là depuis 8 000 ans. Et nos valeurs continuent de contaminer tous ceux et celles qui arrivent ici parce que ce sont des valeurs encore plus fondamentales que toutes ces leçons d'histoire politique qui ne s'étirent même pas au-delà de 100 ans...
lundi 30 septembre 2013
vendredi 27 septembre 2013
On peut être pauvre et sentir bon
Quand le soleil se lève sur la ville et que les pelouses ruissellent de rosée, Ti-Caille Landry part faire sa tournée des poubelles.
Ti-Caille Landry est ce gros gars qui claudique du pied gauche en traînant des gros sacs à vidanges remplis de canettes d'aluminium et autres bouteilles consignées. Il vit seul dans une chambre humide, sans fenêtre et basse de plafond. Il partage la toilette et la salle de bains avec dix autres éclopés qui ont échoué sur les rivages des Appartements Cinq-Étoiles. Son bloc passe au feu aux trois mois, mais la plupart du temps les pompiers arrivent à temps. Ou bien les résidents se débrouillent avec les moyens du bord pour l'éteindre, quitte à pisser dessus en rigolant puisque la vie ne peut pas être toujours triste et austère. Surtout pour des paumés qui doivent toujours attendre leur tour avant que d'aller chier ou pisser dans ces mautadits Appartements Cinq-Étoiles...
Avant-hier, Ti-Caille Landry a trouvé une bouteille de parfum Drakkar Noir dans le bac de la Pharmacie St-Louis & Laquerre en faisant sa tournée. Il y avait aussi des barres de chocolat passées date et des carnets de notes. Ça changeait de l'ordinaire.
Ti-Caille Landry s'est donc bourré de chocolat et comme il débutait sa tournée, hier, il sentait à plein nez le Drakkar Noir.
-L'important s'est de se lever de bonne heure Guétan, qu'il m'a dit lorsque je l'ai croisé dans le Parc Pie-XII... Mais partir trop tôt c'est pas mieux... Faut qu'tu puisses voir de quoi... La nuit, on voit rien... Je pars faire ma tournée des poubelles seulement quand le soleil se lève sur la ville et que les pelouses ruissellent de rosée... I' sent-tu bon c'te parfum-là Guétan, hein? C'est du Drakkar Noir! J'ai trouvé une grosse calvâsse de bouteille... M'a n'avoir pour un an! M'en va's sentir bon pis les femmes vont s'mettr' à m'aimer! Arf! Arf! Arf!
Je n'ai pas contredit Ti-Caille Landry. J'ai fouillé dans mes poches pour voir si je n'avais pas quelque menue monnaie pour me soulager la conscience d'un grand poids.
Je n'avais rien à lui donner. Même pas une médaille du Frère André.
Voilà pourquoi je vous ponds ce texte ce matin.
Pour me soulager la conscience.
Pour redonner à Ti-Caille Landry ses lettres de noblesse.
Et pour prouver qu'on peut être pauvre et sentir bon.
jeudi 26 septembre 2013
Visite d'un colporteur qui veut siéger à l'Hôtel de Ville de Trois-Rivières
Un colporteur qui se porte candidat au titre de conseiller municipal est passé chez-moi hier.
C'est un homme dans la trentaine qui s'est imprimé des photos en couleurs de lui-même sur des cartons. Un vrai professionnel qui fait un peu hipster.
-Est-ce que tu es socialiste? que je lui ai tout de suite demandé.
Il s'est mis à bredouiller. Il ne s'attendait pas à celle-là.
-Ben... heu... oui... je le suis un peu... mais... heu... je ne suis pas le candidat de la chicane... et heu...
Aussi bien vous le dire tout de suite, je ne suis pas du tout partisan de mon conseiller municipal actuel, Guy Doune, un yesman du maire Yves Lévesque, un visionnaire comme on en connaît dans d'autres procès.
-Moé j'aime autant te l'dire tout d'suite, j'suis socialiste... J'en ai plein l'cul d'la droite néo-libérale au pouvoir depuis les années '80... de cette droite qui se déguise en n'importe quoi pour ne faire passer que des programmes d'austérité à la grandeur de la planète... Plein l'cul des riches qui écrasent les pauvres... Des dettes publiques puis des profits privés... Plein l'cul des crosseurs, des faiseurs de pyramides de gypse et autres générateurs à enveloppes brunes pour payer des politiciens by the side...
Après lui avoir donné ces quelques punchs, il s'est empressé de me répondre par le leitmotiv de sa campagne.
-Je ne suis pas le candidat de la chicane... Je vais travailler avec n'importe qui si je suis élu, même avec le maire Lévesque... Je ne ferai pas de l'opposition systématique, qu'il m'a répondu.
-Hein!?! La politique c'est pas un chèque en blanc pour quatre ans... Il faut avoir des convictions avant, pendant et après... Travailler avec un dictateur qui veut plonger la ville dans le trou en menant toutes sortes de projets qui s'apparentent à des éléphants bruns... Ç'a pas d'bon sens! I' s'ra pas réélu Lévesque, anyway... Le monde est pas si cave à Trois-Rivières... On voit bien c'qui s'est passé à Montréal, Laval et Mascouche... C'est fini le temps des visionnaires-mon-cul, finie la vieille politique sale... Sois pas trop convivial avec Yves Lévesque dans ton porte-à-porte parce que ça pourrait nuire à ton élection m'sieur...
Il a quitté ma résidence un peu abasourdi.
J'attends avec impatience la visite de mon conseiller municipal actuel, Guy Doune himself.
J'anticipe déjà le monologue que je vais lui faire.
Je vais passer les visionnaires à la moulinette.
Croyez-moi. Foi de carré rouge, on lâche rien.
mercredi 25 septembre 2013
Le socialisme des imbéciles selon Nietzsche
Friedrich Nietzsche disait de l'antisémitisme qu'il était le socialisme des imbéciles. Il n'appréciait certes pas les socialistes, mais il leur aurait sans doute donné un point de plus sur les antisémites.
Hitler et ses zélotes ont fait de Nietzsche le grand philosophe qui leur fallait, le type qui proposait le renversement de toutes les valeurs, la philosophie à coups de marteau et la volonté de puissance.
Il faut dire que la soeur de Nietzsche, Elisabeth, a contribué à cette déformation de son oeuvre en mariant un agitateur antisémite, un certain Bernard Förster, avec lequel elle tentera d'établir une colonie aryenne au Paraguay... Elle va même adhérer au NSDAP et faire le salut hitlérien.
L'oeuvre de Nietzsche n'est certes pas celle d'un gourou qui songe à améliorer le sort des pauvres ou des malandrins. Il voudrait qu'on applique les dures lois de Manou, comme aux Indes. C'est-à-dire laisser l'eau croupie aux parias et l'eau potable aux nobles pour résumer l'idée. On naît dans une caste pour y mourir, sans possibilité de changement. Et c'est très bien ainsi pour cette grosse moustache.
Je ne dirais pas que Nietzsche était un humaniste. Il a parfois le charme du fou qui insulte tout le monde dans une fête ennuyante.
Il prêche la force mais n'a rien d'un fort.
Même qu'il est devenu fou, peut-être suite à la syphilis.
Nietzsche, complètement légume, se faisait torcher le cul par des préposées dévouées tandis que sa soeur transformait son oeuvre en pamphlet aryen. On n'a pas appliqué envers Nietzsche la dureté qu'il requérait pour ne pas se laisser broyer par des êtres faibles sans autre utilité que de servir les forts. D'où la futilité de sa philosophie en ce qui me concerne.
Son utilité est ailleurs.
C'est parfois un papillon, Nietzsche. Je veux dire qu'il n'est pas toujours méchant dans son oeuvre. Il a parfois une certaine légèreté qui est trahie par son lyrisme. Il aime les mots et la musique. Il adore Voltaire. Il est un clown triste.
Et il n'en penserait pas moins que le racisme est le socialisme des imbéciles.
mardi 24 septembre 2013
Les tournesols de Godro
Jean-Marc Gaudreault, alias Godro, alias Coyote, animait son atelier d'artiste-peintre à quelques pas de l'atelier que j'occupe en ce moment. Il était comme moi une créature qui hante les trottoirs du centre-ville et nous nous croisions souvent.
La dernière fois que je l'ai vu il m'a dit «Comment ça va gros salaud?» Il me disait ça sans méchanceté, peut-être pour me taquiner.
-Pis la peinture? que je lui ai répliqué.
-Il faut en faire tous les jours... qu'il m'a répondu.
Et il en faisait tous les jours, advienne que pourra.
Godro est décédé l'an dernier. Comme Yvon, Jeff, Viviers et tant d'autres artistes dans l'âme que j'ai connus.
L'atelier de Godro était situé dans le soubassement d'une maison attenante à la cathédrale de Trois-Rivières.
Il y avait toujours des tournesols devant son atelier. Un clin d'oeil à Van Gogh ou bien une passion pour une fleur résistante et nourrissante. Godro ne m'a pas laissé son secret.
Il a cependant laissé ses graines de tournesol à notre charmante voisine qui eut l'amabilité de nous en donner quelques-unes pour les semer.
Nous avons planté deux graines vers la mi-juin.
Moi et ma blonde nous sommes dits que nous ne verrions peut-être jamais leur floraison.
D'autant plus que les graines ont été plantées dans un pot qui est tombé au moins une bonne vingtaine de fois sous les rafales de pluie ou de vent.
Les deux graines sont devenues deux solides plantes à force de se faire brasser et, croyez-le ou non, les tournesols sont en fleurs.
Les tournesols de Godro.
Notre voisine ne doit pas en croire ses yeux.
Et nous aussi.
Voilà.
Salut Godro!
lundi 23 septembre 2013
Le hic d'être laïc...
Ce qui m'étonne le plus dans le cas de le projet de Charte dite des «valeurs québécoises» c'est qu'elle réussit à se mettre à dos autant de croyants que de laïcs.
Ainsi, le crucifix ne sera pas ôté de l'Assemblée Nationale. Il fait partie de notre histoire. En effet, c'est Duplessis et l'Union Nationale qui l'ont accroché là, du temps où l'Église et l'État ne faisaient qu'un. Cela ne fait même pas cent ans que c'est déjà de l'Histoire...
Il convient de dire, par ailleurs, que le gourou qui a fondé la secte des Chrétiens, Jésus, prêchait que nul ne doit servir deux maîtres et qu'il fallait choisir entre Dieu ou l'Argent, quitte pour remettre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
Je n'imagine pas Jésus se promener avec une croix dans le cou. Je l'imagine plus facilement avec une croix sur les épaules. On veut le tuer parce qu'il a renversé les tables des marchands du temple. Et parce qu'il fait chier les curés de l'époque. Ponce Pilate, représentant de César, s'en laverait bien les mains. Quelques coups de fouet, deux ou trois coups de bâton et il te le renverrait au Jardin des oliviers sans problèmes. Mais non, ce sont les curés qui rappliquent pour dire que Jésus se prend pour le roi des Juifs, d'où le crime de lèse-majesté qui est passible de la peine de mort selon l'article untel des lois romaines...
Je n'ai rien contre le christianisme ni contre quelque religion que ce soit.
Je ne crois en aucune d'entre elles. Je m'en tiens éloigné pour mon plus grand bénéfice spirituel et intellectuel.
Je suis en faveur de la laïcité non pas pour me venger des religions, mais pour m'en protéger, comme tout le monde.
On ne doit jamais accorder trop de pouvoir aux sorciers. Ils boivent trop et souvent n'ont pas les idées très claires. N'importe quelle crapule qui affirme son stupre est moins dommageable pour la communauté qu'un ange exterminateur, zélote d'une idée fixe qui se transforme souvent en lubie meurtrière.
Je suis aussi partisan de la paix.
De la grande crisse de paix pour tout le monde.
Je voudrais bien que toutes nos institutions soient laïques.
Mais l'on ne me fera pas croire que cela doive passer par l'histoire et le nouveau catéchisme.
Il y a un hic avec cette Charte des valeurs québécoises si les laïcs ne s'y reconnaissent pas, non?
Ainsi, le crucifix ne sera pas ôté de l'Assemblée Nationale. Il fait partie de notre histoire. En effet, c'est Duplessis et l'Union Nationale qui l'ont accroché là, du temps où l'Église et l'État ne faisaient qu'un. Cela ne fait même pas cent ans que c'est déjà de l'Histoire...
Il convient de dire, par ailleurs, que le gourou qui a fondé la secte des Chrétiens, Jésus, prêchait que nul ne doit servir deux maîtres et qu'il fallait choisir entre Dieu ou l'Argent, quitte pour remettre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
Je n'imagine pas Jésus se promener avec une croix dans le cou. Je l'imagine plus facilement avec une croix sur les épaules. On veut le tuer parce qu'il a renversé les tables des marchands du temple. Et parce qu'il fait chier les curés de l'époque. Ponce Pilate, représentant de César, s'en laverait bien les mains. Quelques coups de fouet, deux ou trois coups de bâton et il te le renverrait au Jardin des oliviers sans problèmes. Mais non, ce sont les curés qui rappliquent pour dire que Jésus se prend pour le roi des Juifs, d'où le crime de lèse-majesté qui est passible de la peine de mort selon l'article untel des lois romaines...
Je n'ai rien contre le christianisme ni contre quelque religion que ce soit.
Je ne crois en aucune d'entre elles. Je m'en tiens éloigné pour mon plus grand bénéfice spirituel et intellectuel.
Je suis en faveur de la laïcité non pas pour me venger des religions, mais pour m'en protéger, comme tout le monde.
On ne doit jamais accorder trop de pouvoir aux sorciers. Ils boivent trop et souvent n'ont pas les idées très claires. N'importe quelle crapule qui affirme son stupre est moins dommageable pour la communauté qu'un ange exterminateur, zélote d'une idée fixe qui se transforme souvent en lubie meurtrière.
Je suis aussi partisan de la paix.
De la grande crisse de paix pour tout le monde.
Je voudrais bien que toutes nos institutions soient laïques.
Mais l'on ne me fera pas croire que cela doive passer par l'histoire et le nouveau catéchisme.
Il y a un hic avec cette Charte des valeurs québécoises si les laïcs ne s'y reconnaissent pas, non?
samedi 21 septembre 2013
La manie de Archibald Streetview
La passion est tout ce qui sauve un homme de la puissante désintégration par l'habitude.
Il arrive néanmoins que cette passion devienne une coutume, voire même une habitude.
En pareil cas, il nous est loisible de dire que cet homme est possédé par une manie.
Il y a en de toutes sortes. Des grosses. Des petites.
Archibald Streetview avait la manie de dire oui, certes, en effet.
-Oui, certes, en effet, qu'il disait tout le temps en prenant un air plus bête que méchant.
C'était un homme de haute stature avec des épaules plutôt frêles. Il portait la moustache de Staline à moins que ce ne fût celle d'un Gallois vaguement Saxon. Il ne parlait pas un traître mot d'anglais parce que son père, George Streetview, avait grandi dans un orphelinat catholique francophone. Ce qui fait que même son père savait à peine dire yes or no.
Les oreilles de Archibald Streetview étaient décollées de sa tête et épousaient la forme d'un éventail. Archibald avait une bonne ouïe mais n'en avait pas besoin à son travail. Il portait des bouchons dans les oreilles toute la journée. Il fabriquait des palettes de bois avec deux cents autres collègues. La Brendon's Pallet Supply and Co. en faisait du vacarme et sans ses bouchons Archibald Streetview serait devenu sourd.
-Oui, certes, en effet, qu'il disait à ses collègues qui ne l'entendaient pas plus compte tenu qu'ils portaient eux aussi des bouchons dans les oreilles.
Tout ça pour dire qu'il y a des manies bien pires qui dérangent plus de gens encore.
Comme celle d'écrire des tas de connerie sur un blogue.
Ou bien sur Twitter.
Ou bien sur du vieux papier.
jeudi 19 septembre 2013
Les sacs à pains de Randy Lajoie
Chaque fois qu'il va à l'épicerie, Randy Lajoie déchire les sacs à pains avec ses ongles pour y faire des trous.
-Le pain, faut qu'ça respire... qu'il dit, Randy Lajoie, un homme dans la trentaine qui ressemble un peu à Quasimodo avec sa bosse dans le dos et ses yeux asymétriques.
Il passe au Palais de Justice régulièrement avec des charges ayant trait à sa manie de déchirer les sacs à pains pour qu'ils respirent. Le juge Lacroix le voit venir avec cette moue de dédain qui révèle qu'il en a assez de devoir punir des quasi légumes qui déchirent les sacs à pains à l'épicerie pour qu'ils respirent.
-C'est du vandalisme monsieur Lajoie! C'est une atteinte à la propriété! lui a répété maintes et maintes fois le juge Lacroix, en le condamnant à suivre des thérapies, à faire des travaux compensatoires, à compter les barreaux de cellules...
Il n'y a rien à faire avec Randy Lajoie.
Il continue de plonger ses doigts sales dans les sacs à pains.
Il traîne sa bosse d'une épicerie à l'autre pour percer pleins de trous, toujours, tout le temps.
-Le pain, faut qu'ça respire... qu'il dit, Randy Lajoie, un homme dans la trentaine qui ressemble un peu à Quasimodo avec sa bosse dans le dos et ses yeux asymétriques.
Il passe au Palais de Justice régulièrement avec des charges ayant trait à sa manie de déchirer les sacs à pains pour qu'ils respirent. Le juge Lacroix le voit venir avec cette moue de dédain qui révèle qu'il en a assez de devoir punir des quasi légumes qui déchirent les sacs à pains à l'épicerie pour qu'ils respirent.
-C'est du vandalisme monsieur Lajoie! C'est une atteinte à la propriété! lui a répété maintes et maintes fois le juge Lacroix, en le condamnant à suivre des thérapies, à faire des travaux compensatoires, à compter les barreaux de cellules...
Il n'y a rien à faire avec Randy Lajoie.
Il continue de plonger ses doigts sales dans les sacs à pains.
Il traîne sa bosse d'une épicerie à l'autre pour percer pleins de trous, toujours, tout le temps.
mercredi 18 septembre 2013
La maxime de Bill Blouin et les odeurs dans le bureau de la grosse Bertha
La meilleure chose à faire quand on ne sait pas quoi faire consiste à ne rien faire.
C'était la maxime de Bill Blouin, un concierge de taille mi-moyenne au regard plutôt doux. Et croyez-moi, ce gars-là n'avait eu besoin que d'incarner cela dans sa vie de tous les jours pour réussir à ne pas sombrer dans les abysses de la gloire.
-La célébrité, c'est pour se faire tirer après les manches par toutes sortes de gens qui ne t'aiment pas plus qu'une potiche...
Bill Blouin ne se disait cela qu'en lui-même puisqu'il n'avait pas vraiment d'amis ni de goût particulier pour la confidence. On savait qu'il pensait ainsi puisqu'il lui arrivait de parler dans les files d'attente, comme tout le monde.
Il ne faisait jamais rien qui sortait de la routine pour s'éviter l'incertitude de la nouveauté.
Bill Blouin laissait faire quand il ne savait pas quoi faire.
Il faisait ce qu'il fallait et sans plus.
Un jour, par exemple, la grosse Bertha Grimard arrive devant Bill Blouin pour lui déboucher une canne à propos de l'odeur de canard à la patte cassée qui règne dans son bureau.
-Ç'a pas été lavé mon bureau tabarnak! lui dit cette grosse mal élevée. Ça pue hostie!
-Bertha, de lui répondre Bill Blouin, ej'viens juste d'el laver le mosusse de plancher...
-Tu m'f'ras pas accrère ça! Ça sent 'a marde!
Bill Blouin retourne dans le bureau de Bertha et, franchement, ça sent la marde même si le plancher est frais lavé et que les poubelles sont vides.
Évidemment, Bill Blouin ne sait pas quoi faire et sa routine est menacée. Il est déjà 14h08 et généralement il serait déjà dans la salle des employés pour nettoyer la table et tout le reste avant la pause de 15h00.
La grosse Bertha n'aide pas sa cause.
-Ça pue! Ç'a pas d'bon sang! J'passerai pas toute la journée dans c't'odeur de marde! J'va's suffoquer! J'ai d'la job à faire aujourd'hui moé! C'est ta responsabilité Bill Blouin de trouver c'est quoi... Pour voir si ç'a du bon sang d'travailler dans une puanteur de même!
-Grosse calice! se dit en lui-même Bill Blouin.
Puis il cherche la cause de l'horrible puanteur, bien entendu, et trouve que ça sent drôle près du mur du fond, à deux pas du bureau de la grosse Bertha.
Bill Blouin s'empare donc de son marteau et pif, craque, boum il perce un trou dans le panneau de gypse.
Il plonge illico sa main dans le trou qu'il vient de faire et, hop! il en extirpe une souris morte qui sent pas bon.
-C'est ça qui puait Bertha, une souris morte...
-Aaaaarrr! se met à gueuler Bertha en montant sur sa chaise, comme dans les films.
-Est morte Bertha... Voyons don'... A' te f'ra p'us rien!
-Enlève-moé ça d'icitte calice! Enlève-moé çaaaa!!!
Bill Blouin jeta la souris morte dans un sac.
Quelques minutes plus tard, il revenait avec un aspirateur, un panneau de gypse et du plâtre.
-Tiens! Tout est réparé pis ça sent p'us la marde!
Grosse Bertha n'était plus là. Elle avait pris congé suite à ce traumatisme.
Comme quoi il y en a qui ne sont pas capables de prendre de la pression.
Et d'autres qui font quelque chose, même quand ils ne savent pas vraiment quoi faire.
C'était la maxime de Bill Blouin, un concierge de taille mi-moyenne au regard plutôt doux. Et croyez-moi, ce gars-là n'avait eu besoin que d'incarner cela dans sa vie de tous les jours pour réussir à ne pas sombrer dans les abysses de la gloire.
-La célébrité, c'est pour se faire tirer après les manches par toutes sortes de gens qui ne t'aiment pas plus qu'une potiche...
Bill Blouin ne se disait cela qu'en lui-même puisqu'il n'avait pas vraiment d'amis ni de goût particulier pour la confidence. On savait qu'il pensait ainsi puisqu'il lui arrivait de parler dans les files d'attente, comme tout le monde.
Il ne faisait jamais rien qui sortait de la routine pour s'éviter l'incertitude de la nouveauté.
Bill Blouin laissait faire quand il ne savait pas quoi faire.
Il faisait ce qu'il fallait et sans plus.
Un jour, par exemple, la grosse Bertha Grimard arrive devant Bill Blouin pour lui déboucher une canne à propos de l'odeur de canard à la patte cassée qui règne dans son bureau.
-Ç'a pas été lavé mon bureau tabarnak! lui dit cette grosse mal élevée. Ça pue hostie!
-Bertha, de lui répondre Bill Blouin, ej'viens juste d'el laver le mosusse de plancher...
-Tu m'f'ras pas accrère ça! Ça sent 'a marde!
Bill Blouin retourne dans le bureau de Bertha et, franchement, ça sent la marde même si le plancher est frais lavé et que les poubelles sont vides.
Évidemment, Bill Blouin ne sait pas quoi faire et sa routine est menacée. Il est déjà 14h08 et généralement il serait déjà dans la salle des employés pour nettoyer la table et tout le reste avant la pause de 15h00.
La grosse Bertha n'aide pas sa cause.
-Ça pue! Ç'a pas d'bon sang! J'passerai pas toute la journée dans c't'odeur de marde! J'va's suffoquer! J'ai d'la job à faire aujourd'hui moé! C'est ta responsabilité Bill Blouin de trouver c'est quoi... Pour voir si ç'a du bon sang d'travailler dans une puanteur de même!
-Grosse calice! se dit en lui-même Bill Blouin.
Puis il cherche la cause de l'horrible puanteur, bien entendu, et trouve que ça sent drôle près du mur du fond, à deux pas du bureau de la grosse Bertha.
Bill Blouin s'empare donc de son marteau et pif, craque, boum il perce un trou dans le panneau de gypse.
Il plonge illico sa main dans le trou qu'il vient de faire et, hop! il en extirpe une souris morte qui sent pas bon.
-C'est ça qui puait Bertha, une souris morte...
-Aaaaarrr! se met à gueuler Bertha en montant sur sa chaise, comme dans les films.
-Est morte Bertha... Voyons don'... A' te f'ra p'us rien!
-Enlève-moé ça d'icitte calice! Enlève-moé çaaaa!!!
Bill Blouin jeta la souris morte dans un sac.
Quelques minutes plus tard, il revenait avec un aspirateur, un panneau de gypse et du plâtre.
-Tiens! Tout est réparé pis ça sent p'us la marde!
Grosse Bertha n'était plus là. Elle avait pris congé suite à ce traumatisme.
Comme quoi il y en a qui ne sont pas capables de prendre de la pression.
Et d'autres qui font quelque chose, même quand ils ne savent pas vraiment quoi faire.
mardi 17 septembre 2013
Le gars qui se crissait des coups de bouteille d'eau sur les cuisses
La rue Royale traverse le centre-ville de Trois-Rivières. Les plus hauts bâtiments de la ville s'y trouvent, dont deux buildings de douze étages et la cathédrale. Le sol argileux de Trois-Rivières ne convient pas aux constructions en hauteur. C'est que la ville repose sur le lit d'une ancienne mer disparue il y a moins de huit milles ans avec la fonte des glaciers. Un réchauffement climatique naturel qui a bouleversé le monde du vivant. Il y eut bientôt une mer de feuillus et de conifères, puis d'autres créatures -dont la plus adaptable de tous, l'humain.
Je ne vous raconterai pas le temps du pléistocène trifluvien, mais je puis tout de même vous rapporter une anecdote qui ferait passer un barbare pour une personne fort gentille.
J'emprunte la rue Royale presque tous les jours sur ma bicyclette que je surnomme WD-40 pour me rappeler de mettre fréquemment du Jig-A-Loo. C'est une vieille Peugeot dite de montagne. Il n'y en a pas tant que ça sur la glaise de l'ancienne mer de Champlain. Il y a pourtant deux ou trois côtes pour se faire des gros mollets.
Je roulais hier sur la partie descendante de la rue Royale.
Je n'avais pas besoin de gros mollets. Ça descendait tout seul et plutôt vite. J'ai même eu le temps de passer sur la verte -que je vois blanche en tant que daltonien- au coin de Royale et St-Roch. J'avais à peine donné trois coups de pédale depuis la rue des Forges. Moment vivifiant où je sentais le Lac St-Pierre me rentrer par les narines sous l'impulsion des vents sud-ouest prédominants...
Et c'est alors que j'approchais du Parc des Patriotes, pour les uns, et Parc Victoria pour les autres, que je suis tombé sur ce macaque.
Il avait le cul relativement à l'air. Il marchait comme un canard. Il avait les cheveux bruns et coupés ras, la barbe pas faite et l'air gelé tight.
Le jeune homme dans la vingtaine se crissait des coups de bouteille d'eau sur ses cuisses en gueulant comme un damné.
Je n'y portais pas trop d'attention, bien sûr, puisque j'ai bien d'autres choses à faire.
Voilà que le gars gueule après moi en se crissant encore des coups de bouteille d'eau sur les cuisses.
-Heille! Tabarnak! Heille! J'te parle tabarnak!!!
Je me dis en moi-même que je pourrais facilement lui rentrer l'os du nez dans le front puis renonce sagement à tout incident en roulant tranquillement mon chemin.
Le gars continue de gueuler en se crissant des coups de bouteille d'eau.
Un plus loin, j'emprunte le rond-point de la Couronne. La rue Royale devient le boulevard Gene-H.-Kruger à partir de cet endroit. Je longe le Parc Pie-XII. Puis une dame d'un certain âge me fait signe d'arrêter en me pointant avec son thermos.
-Pourriez-vous ouvrir mon thermos, m'sieur? Ch'pas capable!
Elle a une clope dans la bouche. Une cigarette qu'elle s'est roulée fort maladroitement elle-même. Elle n'a manifestement pas de force dans les doigts cette pauvre femme.
Le couvercle de son thermos est taché de vieux café. Je n'écoute que mon courage et constate qu'il était tout de même bien serré puisque l'effort me remonte jusque dans le conduit de mon oreille interne.
-Pop!
-Merci m'sieur! Bonne journée!
-Bonne journée madame!
Enfin une personne heureuse...
J'en conclus qu'il y a des moyens de demander de l'aide.
Crier après quelqu'un en se donnant des coups de bouteille d'eau sur les cuisses, ça ne fait pas sérieux.
lundi 16 septembre 2013
La poésie du Docteur Jivago
Le Docteur Jivago fait partie de la liste des personnages de la littérature qui m'inspirent le plus.
Youri Jivago naît poète à l'enterrement de sa mère, dans le film de David Lean comme dans le roman de Boris Pasternak. Le jeune Youri est triste et ses yeux sont fixés sur le scintillement des rayons du soleil entre les branches. Il y perçoit l'infini qu'il tentera bientôt de coucher sur le papier et de vivre jusqu'aux bas-fonds de la vie. Cet infini qui s'incarne dans ce que certains appellent encore la poésie.
Au-delà de son histoire d'amour avec la blonde et rêveuse Lara, une âme semblable à la sienne, il y a le destin d'un homme face aux autres. Nous autres ou bien eux autres... Le Docteur Youri Jivago est bientôt happé par la guerre puis par la révolution. Au lieu de tuer, il soigne des vies. Au lieu de haïr, il aime à s'en cracher les yeux. Au lieu de penser en slogans, il écrit des vers.
Soigner des vies, c'est bien camarade, mais pas celle de ces fumiers...
Aimer, c'est bien. Mais il faut haïr son ennemi camarade... Et l'amour est un autre mythe bourgeois, n'est-ce pas? Une autre tactique pour garder son bétail tranquille...
Les slogans sont tout, camarade... Tes vers sont futiles Jivago. Parler des bouleaux et des beaux sapins de nos forêts quand les Blancs étripent nos camarades... quand la bourgeoisie internationale et cosmopolite menace la Patrie...
On devrait te fusiller Jivago... On ne te laisse vivant seulement parce que tu es naïf et bête... Mais tiens bien ta langue, connard, parce que tu es quand même un fils de bourgeois, un type en qui on ne peut pas vraiment faire confiance... Tu piges?
Docteur Jivago est une figure quasi christique qui passe par toutes les épreuves en préservant en lui-même la flamme d'un idéal hautement humaniste, humble et respectueux d'autrui.
On les imagine tous en train de se foutre de sa gueule. Quel connard peut bien écrire des vers en pleine révolution?
Pour qui se prend-t-il, ce Youri Jivago?
Il ne se prend pas pour le soldat d'une idée fixe. Il reconnaît qu'il faut combattre la pauvreté, la misère et la souffrance. Et il mène ce combat à pleines mains, sans armes ni fusils, comme un ange qui passe et surpasse l'enfer.
Youri Jivago naît poète à l'enterrement de sa mère, dans le film de David Lean comme dans le roman de Boris Pasternak. Le jeune Youri est triste et ses yeux sont fixés sur le scintillement des rayons du soleil entre les branches. Il y perçoit l'infini qu'il tentera bientôt de coucher sur le papier et de vivre jusqu'aux bas-fonds de la vie. Cet infini qui s'incarne dans ce que certains appellent encore la poésie.
Au-delà de son histoire d'amour avec la blonde et rêveuse Lara, une âme semblable à la sienne, il y a le destin d'un homme face aux autres. Nous autres ou bien eux autres... Le Docteur Youri Jivago est bientôt happé par la guerre puis par la révolution. Au lieu de tuer, il soigne des vies. Au lieu de haïr, il aime à s'en cracher les yeux. Au lieu de penser en slogans, il écrit des vers.
Soigner des vies, c'est bien camarade, mais pas celle de ces fumiers...
Aimer, c'est bien. Mais il faut haïr son ennemi camarade... Et l'amour est un autre mythe bourgeois, n'est-ce pas? Une autre tactique pour garder son bétail tranquille...
Les slogans sont tout, camarade... Tes vers sont futiles Jivago. Parler des bouleaux et des beaux sapins de nos forêts quand les Blancs étripent nos camarades... quand la bourgeoisie internationale et cosmopolite menace la Patrie...
On devrait te fusiller Jivago... On ne te laisse vivant seulement parce que tu es naïf et bête... Mais tiens bien ta langue, connard, parce que tu es quand même un fils de bourgeois, un type en qui on ne peut pas vraiment faire confiance... Tu piges?
Docteur Jivago est une figure quasi christique qui passe par toutes les épreuves en préservant en lui-même la flamme d'un idéal hautement humaniste, humble et respectueux d'autrui.
On les imagine tous en train de se foutre de sa gueule. Quel connard peut bien écrire des vers en pleine révolution?
Pour qui se prend-t-il, ce Youri Jivago?
Il ne se prend pas pour le soldat d'une idée fixe. Il reconnaît qu'il faut combattre la pauvreté, la misère et la souffrance. Et il mène ce combat à pleines mains, sans armes ni fusils, comme un ange qui passe et surpasse l'enfer.
vendredi 13 septembre 2013
Le Roi Chauve-Souris et la république des Champoux
Il était une fois un royaume en un temps tellement reculé qu'on peut dire n'importe quoi à ce sujet.
Les sujets de ce royaume étaient parfois grands, parfois petits. Cependant, la majeure partie de ceux-là étaient moyens.
Le roi du royaume était chauve et on l'appelait le Roi Chauve-Souris. Il fallait mieux sourire devant le Roi Chauve-Souris sans quoi il vous décolletait lui-même d'un coup d'épée tout en sacrant comme un charretier.
C'était un roi mauvais, pas très aimable et porté sur l'alcool. Il était barbu, poivre et sel de poils et seulement gros du ventre. Il régnait parce que son père régnait avant lui, son père qui avait été imbécile toute sa vie comme les dix générations de rois crétins précédents. Ce qui fait que les sujets de ce royaume se faisaient enculer par la monarchie depuis des siècles et des siècles.
C'est pendant le règne du Roi Chauve-Souris qu'est survenue la révolte dite des affamés. Les sujets avaient tellement faim qu'ils ont décidé un jour de ne plus obéir aux coups de fouet. Ils ont commencé par étriper les pauvres gars qui portaient l'uniforme des sales corvées militaires. Puis ils convainquirent les survivants de se rallier à leur cause que personne encore n'aurait pu vous définir autrement que par cette expression: il faut en finir avec le Roi Chauve-Souris et ces sales enculeurs du peuple.
Ce qui fait que le Roi Chauve-Souris n'a pas fait long feu ce jour-là.
Son palais a été investi par une foule en colère que rien ni personne ne pouvaient arrêter.
Le Roi Chauve-Souris s'est fait trancher la gorge par Germaine Labranche, une roturière particulièrement enragée qui n'entendait pas à sourire. Suite à cela, la tête du Roi Chauve-Souris fût placée au bout d'une pique et promenée partout dans les rues du royaume au son joyeux du pipeau.
Le royaume devint une république.
Le chose publique fût reprise par un nouveau type de tyrans.
Il y eut entre autres le secrétaire Lucien Champoux, un agité du coco qui ordonna à l'armée de passer à la mitraillette tous ceux qui riaient de lui et de ses belles idées.
Il en voulait aux rois, Lucien Champoux, mais il était bien pareil comme eux, susceptible, irritable et déraisonnable.
De sorte qu'il y a eu la dynastie des Champoux.
Tous les présidents de la république étaient des Champoux, tout le temps, parce que les sujets finissent toujours par se lasser de toujours recommencer le nettoyage.
Les sujets de ce royaume étaient parfois grands, parfois petits. Cependant, la majeure partie de ceux-là étaient moyens.
Le roi du royaume était chauve et on l'appelait le Roi Chauve-Souris. Il fallait mieux sourire devant le Roi Chauve-Souris sans quoi il vous décolletait lui-même d'un coup d'épée tout en sacrant comme un charretier.
C'était un roi mauvais, pas très aimable et porté sur l'alcool. Il était barbu, poivre et sel de poils et seulement gros du ventre. Il régnait parce que son père régnait avant lui, son père qui avait été imbécile toute sa vie comme les dix générations de rois crétins précédents. Ce qui fait que les sujets de ce royaume se faisaient enculer par la monarchie depuis des siècles et des siècles.
C'est pendant le règne du Roi Chauve-Souris qu'est survenue la révolte dite des affamés. Les sujets avaient tellement faim qu'ils ont décidé un jour de ne plus obéir aux coups de fouet. Ils ont commencé par étriper les pauvres gars qui portaient l'uniforme des sales corvées militaires. Puis ils convainquirent les survivants de se rallier à leur cause que personne encore n'aurait pu vous définir autrement que par cette expression: il faut en finir avec le Roi Chauve-Souris et ces sales enculeurs du peuple.
Ce qui fait que le Roi Chauve-Souris n'a pas fait long feu ce jour-là.
Son palais a été investi par une foule en colère que rien ni personne ne pouvaient arrêter.
Le Roi Chauve-Souris s'est fait trancher la gorge par Germaine Labranche, une roturière particulièrement enragée qui n'entendait pas à sourire. Suite à cela, la tête du Roi Chauve-Souris fût placée au bout d'une pique et promenée partout dans les rues du royaume au son joyeux du pipeau.
Le royaume devint une république.
Le chose publique fût reprise par un nouveau type de tyrans.
Il y eut entre autres le secrétaire Lucien Champoux, un agité du coco qui ordonna à l'armée de passer à la mitraillette tous ceux qui riaient de lui et de ses belles idées.
Il en voulait aux rois, Lucien Champoux, mais il était bien pareil comme eux, susceptible, irritable et déraisonnable.
De sorte qu'il y a eu la dynastie des Champoux.
Tous les présidents de la république étaient des Champoux, tout le temps, parce que les sujets finissent toujours par se lasser de toujours recommencer le nettoyage.
jeudi 12 septembre 2013
Célimène-salut-man Latoupie
À moins d'un ceci ou d'un cela, Célimène Latoupie était toujours partie sur la trotte.
-Quand on marche moins, i' vient un jour qu'on marche p'us, qu'elle disait.
Elle n'avait pas vingt ans, Célimène, mais déjà elle marchait tout le temps puisqu'elle n'avait jamais un rond pour l'autobus et encore moins un vélo pour raccourcir les distances.
-J'avais un bicyc' l'an passé mais là j'ai p'us d'bicyc...
Célimène dit toujours salut man aux gens qu'elle croise. Plusieurs la surnomment Célimène-salut-man pour cette raison. Ou bien Célimène-cérumen par méchanceté, comme la grosse Jessica Laflamme. Cependant la Laflamme a sacré le camp ailleurs on ne sait où.
Célimène pourrait être coquette mais elle ne l'est pas.
Elle s'habille comme la chienne à Jacques. Ses oripeaux sont composés de gilets et bas déchirés malencontreusement ou volontairement.
Sous ces montagnes de vêtements déchirés il y a Célimène-salut-man, une fille assez solide qui donne son corps au moins énervant et moins demandant des gars. Ces temps-ci c'est personne.
Elle est rentrée à la polyvalente pour terminer son secondaire trois.
Elle ne se fait pas trop d'illusions à ce sujet.
-J'hayis ça passer mes journées su' un banc d'école... C'est plate... J'ai pas d'mémoire...Chu poche... Chu juste bonne à rien faire pis c'est ça qu'j'voudrais faire dans 'a vie...
Évidemment il y a tout plein de monde pour ramener Célimène-salut-man vers les chemins les plus fréquentables. Elle sait d'instinct que ces chemins-là ne sont pas pour elle.
Ce qui fait que Célimène-salut-man a encore crissé l'école loin d'elle pas plus tard qu'hier, après deux jours de classe, comme l'an passé, comme l'année d'avant.
-Je full capote. L'école m'fait mal au ventre... J'y r'tourne p'us... Le bien-être aura juste à m'couper... Fuck that...
Alors elle s'en va voir ailleurs si elle s'y trouve.
Hier après-midi, elle lançait des galets dans la rivière en sifflotant.
Elle semblait heureuse.
Enfin! pour le temps que ça pouvait durer.
Et la morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
-Quand on marche moins, i' vient un jour qu'on marche p'us, qu'elle disait.
Elle n'avait pas vingt ans, Célimène, mais déjà elle marchait tout le temps puisqu'elle n'avait jamais un rond pour l'autobus et encore moins un vélo pour raccourcir les distances.
-J'avais un bicyc' l'an passé mais là j'ai p'us d'bicyc...
Célimène dit toujours salut man aux gens qu'elle croise. Plusieurs la surnomment Célimène-salut-man pour cette raison. Ou bien Célimène-cérumen par méchanceté, comme la grosse Jessica Laflamme. Cependant la Laflamme a sacré le camp ailleurs on ne sait où.
Célimène pourrait être coquette mais elle ne l'est pas.
Elle s'habille comme la chienne à Jacques. Ses oripeaux sont composés de gilets et bas déchirés malencontreusement ou volontairement.
Sous ces montagnes de vêtements déchirés il y a Célimène-salut-man, une fille assez solide qui donne son corps au moins énervant et moins demandant des gars. Ces temps-ci c'est personne.
Elle est rentrée à la polyvalente pour terminer son secondaire trois.
Elle ne se fait pas trop d'illusions à ce sujet.
-J'hayis ça passer mes journées su' un banc d'école... C'est plate... J'ai pas d'mémoire...Chu poche... Chu juste bonne à rien faire pis c'est ça qu'j'voudrais faire dans 'a vie...
Évidemment il y a tout plein de monde pour ramener Célimène-salut-man vers les chemins les plus fréquentables. Elle sait d'instinct que ces chemins-là ne sont pas pour elle.
Ce qui fait que Célimène-salut-man a encore crissé l'école loin d'elle pas plus tard qu'hier, après deux jours de classe, comme l'an passé, comme l'année d'avant.
-Je full capote. L'école m'fait mal au ventre... J'y r'tourne p'us... Le bien-être aura juste à m'couper... Fuck that...
Alors elle s'en va voir ailleurs si elle s'y trouve.
Hier après-midi, elle lançait des galets dans la rivière en sifflotant.
Elle semblait heureuse.
Enfin! pour le temps que ça pouvait durer.
Et la morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
mercredi 11 septembre 2013
Ma démarche artistique (pour ce qu'on en a à foutre...)
J'avais cinq ans. J'étonnais mon entourage avec cette faculté que j'avais de savoir dessiner des mains pourvues de cinq doigts. Ces dites mains n'étaient pas tout à fait en mouvement, mais vu mon jeune âge je ne récoltais que des félicitations de tout un chacun. Je savais trop bien, moi, que ces mains étaient mal dessinées... Puisqu'ils pensaient tous le contraire, aussi bien ne pas les décevoir et de poursuivre l'apprentissage pour ne pas déshonorer leur mauvais goût.
Le dessin est devenu mon bouclier protecteur et mon refuge en toutes circonstances où je souhaitais m'évader de mes devoirs et de mes obligations. C'était mon pays de Cocagne, ma terre de liberté, mon Olympe.
Je dessinais tout le temps, dans les marges de mes cahiers ou bien sur des feuilles volantes.
J'ai parodié Hergé, Uderzo, Morris et surtout Gotlib pour me permettre de les copier et d'apprendre quelque chose par moi-même.
Puis je me suis mis à produire des bédés que je voulais drôles et qui n'étaient pas encore matures, dont Les aventures de Alphonse Galoche... Galoche était un genre de anti-héros qui ne réussissait rien sinon de coucher avec la plus belle fille du monde. J'avais douze ans. Et je ne connaissais encore rien de la vie. Ni des filles.
J'ai envoyé Alphonse Galoche à Croc et Titanic. Un type m'a répondu que je devrais m'acheter le livre L'art de la BD aux Éditions Glénat pour parfaire mon éducation. Ce que je fis immédiatement. Je ne savais pas qu'il fallait remettre un produit final plutôt qu'un brouillon au crayon de plomb tracé sur des feuilles lignées...
J'ai appris. Puis j'ai bientôt publié mes trucs dans des fanzines et des journaux. Souvent bénévolement. Parfois pour quelques sous.
Pour me faire aimer de mes camarades de classe, je caricaturais les figures les plus désagréables de l'autorité en leur prêtant des traits stupides et en les plaçant dans des situations fangeuses. Je peine encore aujourd'hui à me débarrasser de cette vilaine habitude.
Du crayonné je suis passé à la plume, au feutre noir puis au pinceau à l'encre de chine.
J'ai quelques exemples que je pourrais vous montrer. Je me sens trop lâche pour les numériser. Cela viendra.
***
Parallèlement au dessin, j'ai toujours voué un culte à l'écriture.
Je me suis mis à écrire tout le temps, partout et pour n'importe quoi. Tellement que j'ai dû brûler des tas de pages couvertes de conneries d'adolescence. Des récits trop lourds. Un journal intime poche. Des romans bien trop compliqués pour que ça vaille la peine de les lire, dont Le 666e rat, roman post-apocalyptique fort heureusement passé à la déchiqueteuse.
Heureusement que l'on n'a jamais publié ces niaiseries. Je vivrais aujourd'hui avec le sentiment de l'échec.
J'écris encore ce matin, comme bien d'autres matins, et ne trouve encore pas moyen de fermer ma gueule.
***
Et vint la musique...
D'abord le tamtam, pour trouver le rythme, puis l'apprentissage en autodidacte de la flûte, de l'harmonica, de l'accordéon, du clavier et de la guitare.
L'harmonica est sans doute l'instrument que je maîtrise le mieux. Je pense souffler des blues honnêtes et déjantés.
Elle m'accompagne aussi, la musique, quand je suis las des griffonnages et des jeux de mots.
De sorte que je suis toujours occupé, incapable de me tourner les pouces bien longtemps, dévoré par un besoin de communiquer des trois fois rien.
***
La peinture... Je n'avais jamais osé toucher aux couleurs pour la simple et bonne raison que je suis daltonien. J'ai zéro sur seize sur le vert au test des couleurs.
Un jour de 2005, j'étais avec ma blonde au Dollarama et il m'a pris le goût d'acheter deux petites toiles, deux pinceaux et trois ou quatre couleurs. Le lendemain j'avais deux toiles représentant un couple d'Africains. Je les ai vernies et en avant la peinture!
Ma blonde m'a forcé à acheter un tableau de plus grand format sur lequel j'ai produit une scène de rameurs sur glaces. J'étais lancé.
Pour le vert, j'ai appris à lire sur les pots de couleurs et ma blonde me le dit si par mégarde je colore en cette couleur que je ne vois pas les visages de mes personnages.
Pour le reste, j'y suis allé avec un maximum de passion sans craindre de me salir les mains.
***
Bon! Assez parlé de moi.
J'ai exprimé maladroitement la partie la plus fondamentale de ma démarche artistique. Elle consiste en un besoin viscéral de communiquer par tous les moyens quelque chose que je ne comprends pas moi-même.
J'écris, je dessine, je peins, je chante, je souffle de l'harmonica, je gratte ma guitare et c'est clair que je suis en représentation permanente.
mardi 10 septembre 2013
À propos des visionnaires à Laval, Mascouche et Trois-Rivières
Laval, Mascouche et Trois-Rivières sont des villes qui ont eu le bonheur d'avoir pour maire un «visionnaire » .
Il ne demeure cependant qu'un seul visionnaire en poste et c'est à Trois-Rivières que nous avons la chance d'en profiter pleinement.
Vous vous demandez sûrement ce qu'est un visionnaire, n'est-ce pas?
Eh bien un visionnaire c'est un gars qui aime se faire photographier en première page d'un quelconque torchon régional en se donnant des airs de bon papa qui embrasse les bébés. On dit de lui qu'il est le roi de la ville, son pape ou son grand Khan.
Un visionnaire sourit à pleines dents et son entourage aussi, en se vantant d'avoir un bon bulletin.
Un visionnaire doit faire accroire qu'il est meilleur que tous et commettre le pire sans se faire d'accroires.
Un visionnaire travaille pour les pharaons, jamais pour les esclaves. C'est la tactique éprouvée même à Laval et à Mascouche pour obtenir et conserver le pouvoir. La démocratie n'est qu'un accommodement déraisonnable aux yeux d'un visionnaire. La démocratie est un chèque en blanc pour quatre ans. Et la ville un jeu de Monopoly.
Un visionnaire investit dans le béton et cache les dépassements de coûts de ces projets faramineux pour une raison qui nous échappe à tous et toutes parce que nous ne sommes pas des visionnaires.
Un visionnaire contribue à bâtir des pyramides de gypse, des festivals étendus sur toute l'année et autres investissements douteux. Il s'investit dans tout ce qui est clinquant et inutile pour la plus grande gloire de sa micro-république de bananes vertes en spécial.
Un visionnaire est généralement entouré de gens dévoués qui l'applaudissent sur commande et parfois même de bon coeur.
Le chômage, les bas salaires et tout ce qui est prosaïque n'inquiètent jamais le visionnaire. Cela inquiète le peuple, mais le peuple ne sait ni lire ni écrire la plupart du temps, ce qui fait qu'on peut gouverner sans se faire déranger par des tas de pouilleux qui n'ont que des belles paroles en poche. Une photo suffit. Une photo du visionnaire qui sourit à pleines dents au-dessus de sa belle cravate.
Le visionnaire voit. Il vainc. Il vient. C'est dans l'ordre que vous voulez: veni, vidi, vici. C'est ce qu'aurait dit Jules César, un type qu'un visionnaire doit nécessairement prendre pour modèle. Jules César, un gars qui parlait toujours de lui à la troisième personne du singulier, ce qui n'est pas commun, un truc que l'on ne trouve que chez les visionnaires et certaines gens qui suivent des thérapies pour s'en guérir.
Il va sans dire qu'un visionnaire est toujours houspillé par des crasseux que ce soit à Laval, Mascouche ou Trois-Rivières.
Mais à la toute fin, à qui confieriez-vous votre casse-croûte, hein?
Serait-ce à un gars propre de sa personne, visionnaire et qui se fait photographier avec des petits bébés en première page de La Pravda locale? Bien sûr que oui.
Qui voudrait d'une ville où l'on se mettrait à se passer de visionnaires pour payer ses dettes, par exemple, ou bien pour laisser au peuple ignorant le soin de décider quoi que ce soit, comme si les employés du casse-croûte devaient décider combien l'on retire d'impôt sur leur salaire?
La tête n'a besoin des bras et des pieds que pour les pyramides de gypse.
Un visionnaire pourrait tout faire tout seul s'il le voulait.
On devrait le remercier de permettre à deux ou trois gus de participer ici et là, comme si le visionnaire n'était pas capable de se passer d'eux.
Je doute néanmoins que l'époque soit facile pour les visionnaires.
Il y a bien trop de jaloux.
Bien trop de pouilleux.
Il ne demeure cependant qu'un seul visionnaire en poste et c'est à Trois-Rivières que nous avons la chance d'en profiter pleinement.
Vous vous demandez sûrement ce qu'est un visionnaire, n'est-ce pas?
Eh bien un visionnaire c'est un gars qui aime se faire photographier en première page d'un quelconque torchon régional en se donnant des airs de bon papa qui embrasse les bébés. On dit de lui qu'il est le roi de la ville, son pape ou son grand Khan.
Un visionnaire sourit à pleines dents et son entourage aussi, en se vantant d'avoir un bon bulletin.
Un visionnaire doit faire accroire qu'il est meilleur que tous et commettre le pire sans se faire d'accroires.
Un visionnaire travaille pour les pharaons, jamais pour les esclaves. C'est la tactique éprouvée même à Laval et à Mascouche pour obtenir et conserver le pouvoir. La démocratie n'est qu'un accommodement déraisonnable aux yeux d'un visionnaire. La démocratie est un chèque en blanc pour quatre ans. Et la ville un jeu de Monopoly.
Un visionnaire investit dans le béton et cache les dépassements de coûts de ces projets faramineux pour une raison qui nous échappe à tous et toutes parce que nous ne sommes pas des visionnaires.
Un visionnaire contribue à bâtir des pyramides de gypse, des festivals étendus sur toute l'année et autres investissements douteux. Il s'investit dans tout ce qui est clinquant et inutile pour la plus grande gloire de sa micro-république de bananes vertes en spécial.
Un visionnaire est généralement entouré de gens dévoués qui l'applaudissent sur commande et parfois même de bon coeur.
Le chômage, les bas salaires et tout ce qui est prosaïque n'inquiètent jamais le visionnaire. Cela inquiète le peuple, mais le peuple ne sait ni lire ni écrire la plupart du temps, ce qui fait qu'on peut gouverner sans se faire déranger par des tas de pouilleux qui n'ont que des belles paroles en poche. Une photo suffit. Une photo du visionnaire qui sourit à pleines dents au-dessus de sa belle cravate.
Le visionnaire voit. Il vainc. Il vient. C'est dans l'ordre que vous voulez: veni, vidi, vici. C'est ce qu'aurait dit Jules César, un type qu'un visionnaire doit nécessairement prendre pour modèle. Jules César, un gars qui parlait toujours de lui à la troisième personne du singulier, ce qui n'est pas commun, un truc que l'on ne trouve que chez les visionnaires et certaines gens qui suivent des thérapies pour s'en guérir.
Il va sans dire qu'un visionnaire est toujours houspillé par des crasseux que ce soit à Laval, Mascouche ou Trois-Rivières.
Mais à la toute fin, à qui confieriez-vous votre casse-croûte, hein?
Serait-ce à un gars propre de sa personne, visionnaire et qui se fait photographier avec des petits bébés en première page de La Pravda locale? Bien sûr que oui.
Qui voudrait d'une ville où l'on se mettrait à se passer de visionnaires pour payer ses dettes, par exemple, ou bien pour laisser au peuple ignorant le soin de décider quoi que ce soit, comme si les employés du casse-croûte devaient décider combien l'on retire d'impôt sur leur salaire?
La tête n'a besoin des bras et des pieds que pour les pyramides de gypse.
Un visionnaire pourrait tout faire tout seul s'il le voulait.
On devrait le remercier de permettre à deux ou trois gus de participer ici et là, comme si le visionnaire n'était pas capable de se passer d'eux.
Je doute néanmoins que l'époque soit facile pour les visionnaires.
Il y a bien trop de jaloux.
Bien trop de pouilleux.
lundi 9 septembre 2013
Oumphe... ou la sagesse de Rénald-grilled-cheese-de-calice
Rénald n'était pas un philosophe au sens propre, mais dans son sens sale il n'en était pas moins un sage.
Sa sagesse provenait essentiellement de son mutisme. Il ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, Rénald, et se contentait de hausser les épaules pour toute forme de commentaire.
Ce n'était pas un gars bien costaud, ni tout à fait un nabot. Pour dire vrai, Rénald était de constitution normale et ne portait jamais la moustache pour cette faculté qu'elle a de se tartiner de jaune d'oeuf ou bien de gruau. Rénald préférait être glabre et ressemblait à s'y méprendre à Clark Gable qui n'aurait pas un rond dans ses poches ni de moustache.
Cela faisait bientôt quinze ans que Rénald travaillait pour Allumettes Inc., une compagnie qui fabriquait des allumettes en bois vendues essentiellement en Autriche parce que le patron de la boîte avait de la famille là-bas.
Rénald était manutentionnaire depuis le tout début.
Le patron, Heinrich Baillargeon, avait voulu lui offrir un poste de contremaître mais il était évident que son mutisme serait un frein à la communication, qualité dont ne saurait se passer le gestionnaire d'une fabrique d'allumettes.
Rénald demeura donc à son poste de manutentionnaire et il ne s'en sentait pas plus mal. On suppose qu'il pensait en son for intérieur que rien ne lui était plus agréable que d'avoir la sainte paix. Il appert que ce ne sont que des suppositions et qu'il est possible que Rénald ait penser tout le contraire, quelque chose comme j'aimerais tant me faire des amis et partager une bonne tarte aux pommes.
On devrait donc se passer de suppositions et se concentrer sur les faits. Facts, nothing but facts, ce sont d'ailleurs les premiers mots du roman Hard Times de Charles Dickens. Quand les temps sont durs, certes, contentons-nous des faits. Et Rénald, non Rénald n'en sera pas l'exception.
Pour revenir aux faits, Rénald haussait les épaules et lâchait parfois un oumphe très banal.
-Comment ça va Rénald-big-crazy-boy, hein? lui disait Langevin.
-Oumphe... qu'il répondait.
-Préfères-tu la sauce dijonnaise à la mayonnaise mon p'tit Réré? lui demandait candidement Gertrude alias la stuck-up-full-make-up.
-Oumphe... ajoutait-il.
-Rentres-tu travailler d'main Rénald-grilled-chesse-de-calice? expectorait le gros Bill Lafrenière avec son haleine fétide.
-Oumphe... rajoutait Rénald.
Je pourrais vous donner encore mille exemples de sa sagesse, mais à quoi bon, hein?
On en reviendrait toujours à la même réponse toujours suivie d'un haussement d'épaules.
Cela passait pour de la sagesse chez Allumettes Inc. parce que tout le monde y parlait pour rien dire, pour tuer le temps qui sentait un tant soit peu le soufre dans ce coin-là. D'aucuns se croyaient en enfer de travailler là jour après jour avec un zouf qui ne sait dire que oumphe.
Pourtant, sa sagesse se manifesta lorsque la shop mit fit à ses activités.
-Faut j'farme, avait déclaré Heinrich Baillargeon. Chu tanné d'l'Autriche pis des allumettes. J'vends à perte depuis six mois. M'en va's tout vendre, déclarer faillite pis me r'partir une chaîne de poulet rôti su' 'a broche.
-Oumphe... conclut Rénald, comme si le rien était.
Tout le monde pleura de chaudes larmes en se demandant comment ils paieraient leur maison, leur auto, leur gâteau, leur polo, leur radeau, leurs cadeaux et autres oripeaux.
Rénald y alla d'un oumphe, encore et encore, jusqu'au chômage et jusqu'à l'aide sociale.
On le voit souvent sur sa galerie ces derniers temps.
Rénald boit un verre d'eau en se berçant et il fixe le vide devant lui.
Des gens passent de temps à autres, tentant vainement d'entreprendre une conversation.
Rénald leur répond invariablement oumphe, bien entendu, et s'il passe pour un sage, c'est bien malgré lui.
Sa sagesse provenait essentiellement de son mutisme. Il ne disait jamais un mot plus haut que l'autre, Rénald, et se contentait de hausser les épaules pour toute forme de commentaire.
Ce n'était pas un gars bien costaud, ni tout à fait un nabot. Pour dire vrai, Rénald était de constitution normale et ne portait jamais la moustache pour cette faculté qu'elle a de se tartiner de jaune d'oeuf ou bien de gruau. Rénald préférait être glabre et ressemblait à s'y méprendre à Clark Gable qui n'aurait pas un rond dans ses poches ni de moustache.
Cela faisait bientôt quinze ans que Rénald travaillait pour Allumettes Inc., une compagnie qui fabriquait des allumettes en bois vendues essentiellement en Autriche parce que le patron de la boîte avait de la famille là-bas.
Rénald était manutentionnaire depuis le tout début.
Le patron, Heinrich Baillargeon, avait voulu lui offrir un poste de contremaître mais il était évident que son mutisme serait un frein à la communication, qualité dont ne saurait se passer le gestionnaire d'une fabrique d'allumettes.
Rénald demeura donc à son poste de manutentionnaire et il ne s'en sentait pas plus mal. On suppose qu'il pensait en son for intérieur que rien ne lui était plus agréable que d'avoir la sainte paix. Il appert que ce ne sont que des suppositions et qu'il est possible que Rénald ait penser tout le contraire, quelque chose comme j'aimerais tant me faire des amis et partager une bonne tarte aux pommes.
On devrait donc se passer de suppositions et se concentrer sur les faits. Facts, nothing but facts, ce sont d'ailleurs les premiers mots du roman Hard Times de Charles Dickens. Quand les temps sont durs, certes, contentons-nous des faits. Et Rénald, non Rénald n'en sera pas l'exception.
Pour revenir aux faits, Rénald haussait les épaules et lâchait parfois un oumphe très banal.
-Comment ça va Rénald-big-crazy-boy, hein? lui disait Langevin.
-Oumphe... qu'il répondait.
-Préfères-tu la sauce dijonnaise à la mayonnaise mon p'tit Réré? lui demandait candidement Gertrude alias la stuck-up-full-make-up.
-Oumphe... ajoutait-il.
-Rentres-tu travailler d'main Rénald-grilled-chesse-de-calice? expectorait le gros Bill Lafrenière avec son haleine fétide.
-Oumphe... rajoutait Rénald.
Je pourrais vous donner encore mille exemples de sa sagesse, mais à quoi bon, hein?
On en reviendrait toujours à la même réponse toujours suivie d'un haussement d'épaules.
Cela passait pour de la sagesse chez Allumettes Inc. parce que tout le monde y parlait pour rien dire, pour tuer le temps qui sentait un tant soit peu le soufre dans ce coin-là. D'aucuns se croyaient en enfer de travailler là jour après jour avec un zouf qui ne sait dire que oumphe.
Pourtant, sa sagesse se manifesta lorsque la shop mit fit à ses activités.
-Faut j'farme, avait déclaré Heinrich Baillargeon. Chu tanné d'l'Autriche pis des allumettes. J'vends à perte depuis six mois. M'en va's tout vendre, déclarer faillite pis me r'partir une chaîne de poulet rôti su' 'a broche.
-Oumphe... conclut Rénald, comme si le rien était.
Tout le monde pleura de chaudes larmes en se demandant comment ils paieraient leur maison, leur auto, leur gâteau, leur polo, leur radeau, leurs cadeaux et autres oripeaux.
Rénald y alla d'un oumphe, encore et encore, jusqu'au chômage et jusqu'à l'aide sociale.
On le voit souvent sur sa galerie ces derniers temps.
Rénald boit un verre d'eau en se berçant et il fixe le vide devant lui.
Des gens passent de temps à autres, tentant vainement d'entreprendre une conversation.
Rénald leur répond invariablement oumphe, bien entendu, et s'il passe pour un sage, c'est bien malgré lui.
dimanche 8 septembre 2013
La consolation de la philosophie et La conjuration des imbéciles
Autrefois, l'enjouement de ma muse répondait aux agréments de mon âme et à la splendeur de ma fortune ;
aujourd'hui, les plus tristes accents conviennent seuls au déplorable état où je me trouve.
Boèce, Consolation de la philosophie, Livre I
Anicius Manlius Severinus Boethius, communément appelé Boèce, est né à Rome vers 470, à l'époque de la chute de l'Empire romain. Il a servi Théodoric, roi des Ostrogoths, qui en fit un consul. Malheureusement, Boèce fût soupçonné de s'opposer à Théodoric et de communiquer avec Justinien, l'empereur romain d'Orient. Puisque l'on n'entend pas à rire à cette époque, Boèce se vit condamner à la prison en 522 d'où il attendit le moment de sa mise à mort.
C'est là qu'il se mit à écrire Consolation de la philosophie, un texte que vous pouvez lire en ligne ici.
C'est l'oeuvre d'un condamné à mort qui se met à parler aux muses et aux grands esprits pour passer le temps.
***
Je vous ai déjà parlé de La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole. La consolation de la philosophie de Boèce y joue un rôle qui, sans être essentiel, est tout de même fort présent.
La conjuration des imbéciles est l'unique roman de John Kennedy Toole et croyez-moi qu'il ne lui en fallait pas plus pour rentrer dans la légende. Hormis le fait qu'il se soit suicidé avant que d'approfondir sa carrière dans le domaine des arts et des lettres, ce roman n'a rien de triste. C'est un feu roulant d'événements déconcertants qui font de ce roman l'un de mes livres-cultes.
Je ne trouve aucune correspondance littéraire pour ce roman. C'est une énigme dans le monde de la littérature.
Je ne vous en dirai pas plus puisque je risquerais de répéter ce que j'ai déjà écrit.
J'avais Boèce dans la tête et La consolation de la philosophie est désormais intimement reliée à La conjuration des imbéciles de J.K. Toole...
***
Évidemment, cela nous renvoie à L'histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, un célèbre ouvrage de Edward Gibbon. C'est disponible ici, gratuitement, sur Gallica.
Cela nous permet de comprendre l'époque où vivait Boèce.
Une époque de conjurations, de complots et de luttes de pouvoir acerbes.
Un sale temps pour un philosophe.
jeudi 5 septembre 2013
Rentrée scolaire pour Pierre De Ravages.
Tout écrivain qui se respecte doit commencer par un sujet imposé, sans quoi la littérature n'est jamais mise en pratique.
C'est du moins ce que prétendait Pierre De Ravages, un curé défroqué qui n'en était pas moins demeuré célibataire et professeur de littérature spécialisé en sociocritique.
Vous vous demandez sûrement ce qu'est la sociocritique, hein? Eh bien c'est l'une de ces niaiseries qui poussent à l'université afin de jeter un discrédit énorme sur l'enseignement des arts et autres fausses sciences. La sociocritique consiste en l'analyse sociologique d'un roman ou d'un poème pour vous chier une exégèse tout à fait stupide fondée sur trois fois rien. Cela finirait par vous dégoûter de lire des romans et des poèmes bien que les cours de sociocritique soient l'endroit idéal pour en lire discrètement dans le fond de la salle de cours tandis que le pauvre abruti baratine ses étudiants avec de la fatuité et du vent.
Pierre De Ravages avait cette particularité d'être plutôt laid de sa personne bien que cela n'ait rien à voir avec ce récit. Il avait les cheveux huileux qu'on aurait dit goudronnés de noir. Sa peau était vilaine. Ses dents étaient pourries. Et il zézayait comme quelqu'un qui se prenait pour Dieu et qui ne demeurera toujours qu'un sujet de rigolade entre méchants garnements qui boivent comme des trous tout en poursuivant leurs études en rien du tout.
De Ravages ne réussissait jamais à prendre le contrôle de sa classe. De la première à la dernière minute de chacun de ses cours, c'était comme s'il affrontait les démons de l'enfer avec sa sociocritique nulle à chier et ses petites gaguettes en l'air.
-Ze vais vous parler auzourd'hui de Zola... De Zerminal de Zola... Et nous zallons l'analyser d'un point de zue sociocritique... Hum... Voilà... Des queszions?
Il n'y avait jamais de questions. Et on se passait sous les pupitres le marquis de Sade, Claude Gauvreau, Mistral ou Charles Bukowski. N'importe quoi pourvu que ça fesse. De la littérature, quoi. Il n'y a pas de mal à ça.
De Ravages a sauté les plombs hier. C'était la rentrée scolaire et le groupe qu'il avait à sa charge était particulièrement belliqueux à son égard. Cela ne faisait pas cinq minutes qu'il zézayait devant sa classe que trois gars plutôt crasseux lui lancèrent des boules de papier sans même cacher leur geste. Ils étaient assis à deux pieds de lui et ils lui lançaient des boules de papier dans la face en riant comme des diables.
-Hin! Hin! Hin! J'te pitche une boule de papier dans face dude... qu'ils lui disaient. J'te pitche encore hin autre boule dans face! Pis encore hin autre dude! Hin! Hin! Hin!
De Ravages s'est mis à sangloter devant tout le monde, ce qui n'empêcha même pas ces mauvais garçons de le lapider encore avec des boules de papier.
-Un jour, oui un jour, nous l'aurons notre pays! déclara De Ravages d'un air soudainement stoïque.
Curieusement, il n'avait pas zézayé en disant cela mais pas moyen de savoir ce que cela voulait vraiment dire.
De Ravages a ensuite pris ses cliques et ses claques pour ne plus jamais revenir.
L'heure de la retraite avait sonnée.
C'est comme ça qu'on dit ça me semble-t-il.
L'université a confié les cours de sociocritique à Brenda Livernoche, une belle blonde qui se fout tellement de la sociocritique qu'elle ne nous fera lire que des romans à l'eau de rose pour y trouver des archétypes tout aussi niaiseux que ceux de De Ravages.
Les lanceurs de boulettes de papier devraient se calmer puisqu'ils risqueraient de passer pour des malotrus auprès de cette gente dame.
Comme quoi les gens respectent encore un peu la beauté et toutes ces affaires-là.
C'est du moins ce que prétendait Pierre De Ravages, un curé défroqué qui n'en était pas moins demeuré célibataire et professeur de littérature spécialisé en sociocritique.
Vous vous demandez sûrement ce qu'est la sociocritique, hein? Eh bien c'est l'une de ces niaiseries qui poussent à l'université afin de jeter un discrédit énorme sur l'enseignement des arts et autres fausses sciences. La sociocritique consiste en l'analyse sociologique d'un roman ou d'un poème pour vous chier une exégèse tout à fait stupide fondée sur trois fois rien. Cela finirait par vous dégoûter de lire des romans et des poèmes bien que les cours de sociocritique soient l'endroit idéal pour en lire discrètement dans le fond de la salle de cours tandis que le pauvre abruti baratine ses étudiants avec de la fatuité et du vent.
Pierre De Ravages avait cette particularité d'être plutôt laid de sa personne bien que cela n'ait rien à voir avec ce récit. Il avait les cheveux huileux qu'on aurait dit goudronnés de noir. Sa peau était vilaine. Ses dents étaient pourries. Et il zézayait comme quelqu'un qui se prenait pour Dieu et qui ne demeurera toujours qu'un sujet de rigolade entre méchants garnements qui boivent comme des trous tout en poursuivant leurs études en rien du tout.
De Ravages ne réussissait jamais à prendre le contrôle de sa classe. De la première à la dernière minute de chacun de ses cours, c'était comme s'il affrontait les démons de l'enfer avec sa sociocritique nulle à chier et ses petites gaguettes en l'air.
-Ze vais vous parler auzourd'hui de Zola... De Zerminal de Zola... Et nous zallons l'analyser d'un point de zue sociocritique... Hum... Voilà... Des queszions?
Il n'y avait jamais de questions. Et on se passait sous les pupitres le marquis de Sade, Claude Gauvreau, Mistral ou Charles Bukowski. N'importe quoi pourvu que ça fesse. De la littérature, quoi. Il n'y a pas de mal à ça.
De Ravages a sauté les plombs hier. C'était la rentrée scolaire et le groupe qu'il avait à sa charge était particulièrement belliqueux à son égard. Cela ne faisait pas cinq minutes qu'il zézayait devant sa classe que trois gars plutôt crasseux lui lancèrent des boules de papier sans même cacher leur geste. Ils étaient assis à deux pieds de lui et ils lui lançaient des boules de papier dans la face en riant comme des diables.
-Hin! Hin! Hin! J'te pitche une boule de papier dans face dude... qu'ils lui disaient. J'te pitche encore hin autre boule dans face! Pis encore hin autre dude! Hin! Hin! Hin!
De Ravages s'est mis à sangloter devant tout le monde, ce qui n'empêcha même pas ces mauvais garçons de le lapider encore avec des boules de papier.
-Un jour, oui un jour, nous l'aurons notre pays! déclara De Ravages d'un air soudainement stoïque.
Curieusement, il n'avait pas zézayé en disant cela mais pas moyen de savoir ce que cela voulait vraiment dire.
De Ravages a ensuite pris ses cliques et ses claques pour ne plus jamais revenir.
L'heure de la retraite avait sonnée.
C'est comme ça qu'on dit ça me semble-t-il.
L'université a confié les cours de sociocritique à Brenda Livernoche, une belle blonde qui se fout tellement de la sociocritique qu'elle ne nous fera lire que des romans à l'eau de rose pour y trouver des archétypes tout aussi niaiseux que ceux de De Ravages.
Les lanceurs de boulettes de papier devraient se calmer puisqu'ils risqueraient de passer pour des malotrus auprès de cette gente dame.
Comme quoi les gens respectent encore un peu la beauté et toutes ces affaires-là.
mercredi 4 septembre 2013
Chers lecteurs, chères lectrices
Du temps de Gogol et Dostoïevski, il leur semblait naturel de s'adresser directement à leurs lecteurs et lectrices tout en écrivant leurs récits.
Chers lecteurs et lectrices, je ferai tout comme eux.
Je tiens un tant soit peu le journal d'un écrivain avec le peu de talents que j'ai conquis à force de lire des tas de trucs déplaisants. Je flaire l'air nauséabond du temps et mes propos ne sont jamais paroles d'évangile. Je m'engage parfois au profit d'une cause pour donner du corps à mes valeurs. J'engage parfois mon esprit vers des états d'âme plus éthérés afin de ne pas sombrer dans une forme de psychose politico-religieuse.
Mes contes, fables et fariboles me délivrent de la tentation de devenir un de ces esprits de sérieux qui faisaient fulminer Nietzsche.
Je tiens fermement en ma légèreté, bien que je puisse me prévaloir d'être pesant.
Vous ne trouverez rien sur mon blogue qui ressemble à de la stratégie.
Je ne cherche ni à vaincre ni à perdre.
Je scrute le monde du point de vue d'un extra-terrestre, comme le Micromégas de Voltaire. Je ne prétends pas arriver à quoi que ce soit, chers lecteurs, et vous trouve gentils de m'accorder quelque importance pour meubler votre temps.
Je reviens de vacances. J'ai totalement décroché. Même mon blogue s'est tu.
Revenir à vous mes chers lecteurs, à l'Internet, au travail et à tout le reste, n'est pas tant de la routine qu'une évocation.
J'invoque les mânes des génies d'hier et de toujours d'alléger ma plume pour votre divertissement.
Merci de me lire, de me relire et même de commenter mes peccadilles.
Je n'écris pas vraiment pour vous, chers lecteurs, mais je suis content que vous soyez là.
J'écris pour moi-même.
Et je vous jure que je suis mon critique le plus acerbe.
À part de tout ça, je n'ai rien à ajouter pour cette fois-ci.