Les météorologues annonçaient vingt centimètres de neige. Il en est certainement tombé au moins quinze de plus. Et pas n'importe quelle neige. C'est de la neige collante qui pèse lourd sur le bras. Je n'en suis pas tout à fait venu à bout en deux heures de travail. Il y a encore un gros banc de neige qui pourrait bien devenir un bloc de glace si ça se met à geler. J'aime bien l'hiver. J'aime moins la pelle. Je dis ça comme ça.
***
Hergé était en dépression nerveuse quand il a produit Tintin au Tibet. Toutes ces scènes de blanc intense l'accompagnaient au cours de cette période. L'album est épuré. Le style de Hergé est réduit à sa plus simple expression. On dirait presque des estampes japonaises.
Dehors, ce matin, c'est blanc comme au Tibet.
Je ne suis pas en dépression nerveuse, fort heureusement, puisque je suis tombé dans la drôlerie depuis mon enfance.
Évidemment, cela n'intéresse personne.
Aussi bien regarder une scène de Tintin au Tibet tout en préparant le Printemps Durable...
jeudi 28 février 2013
mercredi 27 février 2013
Métaphore du hockey et de la révolution
Il ne faut pas se laisser désabuser par les sarcasmes des gérants d'estrade pour être fort sur la patinoire.
Ils peuvent gueuler, roter et vous lancer des statistiques en pleine gueule du haut de leurs gradins.
Pourtant, la partie se fait sur la glace, avec plus ou moins de libre-arbitre.
Développer un bon coup de patin est plus important que de répondre aux quolibets des gros ivrognes qui ont de la difficulté à mettre un pied devant l'autre.
Se pratiquer à tous les jours à la victoire, avant et après les matchs décisifs, sans jamais perdre de vue qu'il y aura d'autres saisons, parfois meilleures, parfois médiocres, parce que la vie peut être chienne.
Et ne jamais oublier de saisir l'occasion de prendre la puck pour scorer des buts.
Ils peuvent gueuler, roter et vous lancer des statistiques en pleine gueule du haut de leurs gradins.
Pourtant, la partie se fait sur la glace, avec plus ou moins de libre-arbitre.
Développer un bon coup de patin est plus important que de répondre aux quolibets des gros ivrognes qui ont de la difficulté à mettre un pied devant l'autre.
Se pratiquer à tous les jours à la victoire, avant et après les matchs décisifs, sans jamais perdre de vue qu'il y aura d'autres saisons, parfois meilleures, parfois médiocres, parce que la vie peut être chienne.
Et ne jamais oublier de saisir l'occasion de prendre la puck pour scorer des buts.
mardi 26 février 2013
Et maintenant le PQ matraque son propre peuple
Matraquer son propre peuple relève des tactiques mondiales d'austérité pratiquées par les gouvernements qui servent l'avidité des bandits à cravates. De temps à autres, il y a en un qui se lève, comme Boïko Borissov, ex-Premier Ministre de la Bulgarie, pour dire que «(...) chaque goutte de sang versé est une honte pour nous tous.(…) Je ne veux pas faire partie d'un gouvernement sous l'autorité duquel les policiers battent le peuple. »
Un message que Borissov envoie aux bandits à cravates qui lui demandent d'augmenter les tarifs d'électricité et de matraquer les manifestants qui s'y opposent par centaines de milliers, jour après jour, semaine après semaine. Il y a des limites à se positionner du côté des scélérats quand on a rêvé toute sa vie d'avoir le courage d'un héros.
***
Le courage, il n'y a que ça d'intéressant dans la vie.
Vous pouvez me lancer des statistiques en pleine gueule, me roter les comptines des banquiers ou bien me faire lire les bulletins paroissiaux d'un quelconque gros cave que cela m'indiffère totalement.
Je vois encore une fois le sang du peuple couler dans la rue. Sous un gouvernement péquiste qui plus est. Un gouvernement dont certains membres portaient le carré rouge l'an dernier et jouaient même de la casserole.
C'est évident que le nationalisme bébête l'emportera toujours sur la justice sociale au sein de ce parti qui cautionne le conservatisme depuis 1984. Tout a commencé avec le beau risque de René Lévesque, voter conservateur au fédéral, pour faire élire Mulroney, lequel a appelé Lucien Bouchard en renfort, Lucien qui devint Saint-Lucien ensuite pour mener le PQ à pratiquer des politiques d'austérité qui rappelaient les méthodes de Séraphin Poudrier... Ce même Lucien Lucide Bouchard qui traite les Québécois de paresseux et mange à tous les râteliers en souhaitant se mériter l'étiquette de monsieur.
Michel Chartrand avait raison de se méfier du PQ depuis sa fondation. Il savait d'instinct que le PQ n'était pas un parti par et pour le peuple, mais simplement un parti bourgeois comme le Parti libéral ou la défunte Action Démocratique. Un parti qui n'hésite pas à sortir les matraques pour faire couler le sang du peuple dans la rue.
La gauche n'a pas à faire de compromis ou de concessions avec les représentants de la bourgeoisie. Il est naturel pour un gauchiste d'avoir du coeur et du courage.
La gratuité scolaire est tout aussi importante que la santé pour tous, que le travail pour tous, que le revenu de citoyenneté garanti pour tous.
Imagine-t-on une suffragette, au début du siècle, concéder le vote des femmes qu'à celles qui gagnent deux millions par année? Non. Le vote des femmes est pour toutes, sans concessions. Comme la gratuité scolaire est pour tous et toutes, sans plier devant les exigences des banquiers et de leurs licheux de raies.
Nous sommes maîtres chez-nous maintenant.
Pas demain. Pas hier.
Mais aujourd'hui.
Et dans ce pays qui nous appartient, je ne veux pas voir couler le sang du peuple.
Je ne veux pas voir des policiers fendre le crâne des manifestants et péter la machine à images d'un gars de La Presse.
Péquistes, s'il vous reste un peu de coeur et de courage, déchirez votre carte de membre.
Joignez-vous aux forces de la vraie gauche.
Venez gonfler les rangs de ceux et celles qui continueront de jouer de la casserole dans nos rues jusqu'à la victoire, en dépit des efforts des policiers à leur fendre le crâne comme dans une hostie de république de bananes pourrites et corrompues.
***
lundi 25 février 2013
Rien de plus facile que de changer le monde
Il n'y a rien de plus facile que de changer le monde.
Si le monde le savait, ça ferait longtemps que le changement se serait produit. Mais le monde ne le savait pas. Et ce n'est pas tant qu'il ne le savait pas qu'il ne le voyait pas. Le monde ne voyait rien du tout. Il manquait des images. Il manquait des photos. Le show était rare.
Maintenant qu'on a le son et les images à la micro-seconde près, le monde change facilement, c'est sûr, parce que le monde ne s'emmerde pas longtemps avec les théories et les textes bien léchés. Un mot peut faire une bonne farce mais le monde change avec du son et des images, autrement ça ne vaut plus la peine de sortir dans la rue pour se filmer en train d'accomplir quelque acte de bravoure et d'engagement communautaire.
Donc, il n'y a rien de plus facile que de changer le monde.
Tout le monde finira bien par le voir, en dépit de le savoir.
Et ça se fera en un clin d'oeil, comme ça, puisque c'est ainsi que cela se fait dans un bon film.
dimanche 24 février 2013
Pouvoir au peuple! (Vieille rengaine toujours d'actualité)
J'ai participé à ma première manifestation en 2013 samedi matin. J'étais avec ma blonde. Nous nous sommes joints à un fort contingent de manifestants qui protestaient avec raison contre la réforme de l'assurance-emploi. Les conservateurs continuent de licher le cul des capitalistes. Traiter les chômeurs comme de la crotte fait partie de leurs idées fixes.
J'ai manifesté dans ma ville, à Trois-Rivières. La manif est partie du Stade de baseball Fernand-Bédard, sur le terrain de l'Expo. Il y avait une forte présence de la FTQ-Construction ainsi que d'autres locaux syndicaux. Les travailleurs saisonniers sont particulièrement visés par la réforme de l'assurance-emploi. On a fait le beau risque à Ottawa d'envoyer des tas de Conservateurs-Macoutes chez chaque chômeur et chômeuse pour qu'ils se sentent coupables d'avoir perdu leur salaire.
Ce sont les habituelles tactiques de chiens sales développés au cours de la révolution industrielle pour mater le peuple et les travailleurs. Si on écoutait le peuple, se disent les conservateurs, il se mettrait à demander la semaine de soixante heures avec l'école gratuite pour les enfants de moins de douze ans... L'argent ne pousse pas dans les arbres. Il faut battre cette canaille à coups de trique ou bien avec une canne à pommeau d'or... Il faut leur enlever toute forme de sécurité sociale. Il faut en faire de la main d'oeuvre docile, soumise et malléable. Il faut casser les syndicats, les féministes, les socialistes, les étudiants...
Eh bien, nous sommes encore là, sans-culottes modernes, cul-terreux, carrés rouges et casseroles pour rappeler aux bourgeois qu'ils ne l'auront pas facilement et qu'ils devront abdiquer, comme le tsar Nicolas II jadis, parce que le jeu a assez duré.
N'empêche que l'on a le bonheur de les envoyer se faire foutre dans la rue, eux et tous les esclavagistes modernes, ces pharaons des pyramides de gypse qui servent à nourrir la mafia et la politique version old school.
Samedi, j'étais du côté des ouvriers.
Mardi prochain, même si je ne serai pas présent, je serai du côté de ceux et celles qui réclament la gratuité scolaire avant, pendant et après un petit règne péquiste ordinaire. Leur sommet de l'éducation, ils peuvent se le rouler serré dans le cul. Le PQ flirte avec les petits-bourgeois, comme d'habitude.
Les concessions, c'est bon pour les bourgeois.
La gratuité scolaire, du primaire jusqu'à l'université, est un combat qui se mène sans faire de concession pour qui ou quoi que ce soit.
Idem pour tous les autres luttes populaires.
Laissons braire les éditorialistes de La Presse, les dinosaures de la petite droite pour journaux jaunes et autres larbins.
Il ne sert à rien de convaincre un bourgeois, quel qu'il soit: pure perte de temps et d'énergie.
Il faut convaincre le peuple que ce pays lui appartient; l'air, la terre, l'eau, le feu: tout.
Nous ne sommes pas les locataires de ce pays.
Nous en sommes les propriétaires.
Ce n'est pas vrai qu'on va obéir à une poignée de fripouilles capitalistes qui veulent écraser leur botte de fer dans nos gueules d'indignés.
Ouvriers, étudiants, chômeurs, assistés sociaux: nous formons tous cette canaille que détestent tant les voyous qui appliquent le programme des riches en faisant semblant de servir les pauvres.
Préparons-nous à lutter ensemble.
Préparons-nous à reprendre la rue.
Préparons-nous à prendre pleinement le pouvoir.
J'ai manifesté dans ma ville, à Trois-Rivières. La manif est partie du Stade de baseball Fernand-Bédard, sur le terrain de l'Expo. Il y avait une forte présence de la FTQ-Construction ainsi que d'autres locaux syndicaux. Les travailleurs saisonniers sont particulièrement visés par la réforme de l'assurance-emploi. On a fait le beau risque à Ottawa d'envoyer des tas de Conservateurs-Macoutes chez chaque chômeur et chômeuse pour qu'ils se sentent coupables d'avoir perdu leur salaire.
Ce sont les habituelles tactiques de chiens sales développés au cours de la révolution industrielle pour mater le peuple et les travailleurs. Si on écoutait le peuple, se disent les conservateurs, il se mettrait à demander la semaine de soixante heures avec l'école gratuite pour les enfants de moins de douze ans... L'argent ne pousse pas dans les arbres. Il faut battre cette canaille à coups de trique ou bien avec une canne à pommeau d'or... Il faut leur enlever toute forme de sécurité sociale. Il faut en faire de la main d'oeuvre docile, soumise et malléable. Il faut casser les syndicats, les féministes, les socialistes, les étudiants...
Eh bien, nous sommes encore là, sans-culottes modernes, cul-terreux, carrés rouges et casseroles pour rappeler aux bourgeois qu'ils ne l'auront pas facilement et qu'ils devront abdiquer, comme le tsar Nicolas II jadis, parce que le jeu a assez duré.
N'empêche que l'on a le bonheur de les envoyer se faire foutre dans la rue, eux et tous les esclavagistes modernes, ces pharaons des pyramides de gypse qui servent à nourrir la mafia et la politique version old school.
Samedi, j'étais du côté des ouvriers.
Mardi prochain, même si je ne serai pas présent, je serai du côté de ceux et celles qui réclament la gratuité scolaire avant, pendant et après un petit règne péquiste ordinaire. Leur sommet de l'éducation, ils peuvent se le rouler serré dans le cul. Le PQ flirte avec les petits-bourgeois, comme d'habitude.
Les concessions, c'est bon pour les bourgeois.
La gratuité scolaire, du primaire jusqu'à l'université, est un combat qui se mène sans faire de concession pour qui ou quoi que ce soit.
Idem pour tous les autres luttes populaires.
Laissons braire les éditorialistes de La Presse, les dinosaures de la petite droite pour journaux jaunes et autres larbins.
Il ne sert à rien de convaincre un bourgeois, quel qu'il soit: pure perte de temps et d'énergie.
Il faut convaincre le peuple que ce pays lui appartient; l'air, la terre, l'eau, le feu: tout.
Nous ne sommes pas les locataires de ce pays.
Nous en sommes les propriétaires.
Ce n'est pas vrai qu'on va obéir à une poignée de fripouilles capitalistes qui veulent écraser leur botte de fer dans nos gueules d'indignés.
Ouvriers, étudiants, chômeurs, assistés sociaux: nous formons tous cette canaille que détestent tant les voyous qui appliquent le programme des riches en faisant semblant de servir les pauvres.
Préparons-nous à lutter ensemble.
Préparons-nous à reprendre la rue.
Préparons-nous à prendre pleinement le pouvoir.
mercredi 20 février 2013
Je ne veux pas faire partie d'un gouvernement sous l'autorité duquel les policiers battent le peuple...
« Nous avons fait de
notre mieux depuis quatre ans, mais chaque goutte de sang versé est une honte
pour nous tous.(…) Je ne veux pas faire partie d'un gouvernement sous l'autorité
duquel les policiers battent le peuple. »
Boïko Borissov
Ex-Premier ministre de la Bulgarie
Il a démissionné hier suite à plusieurs jours de
manifestations contre la hausse de l’électricité.
mardi 19 février 2013
Le tour du chapeau
J'ai encore failli parler de moi ce matin. Comme j'allais vous raconter une histoire soporifique à propos des aventures de mon petit moi, voilà que j'ai réalisé la nécessité de m'afficher plutôt en tant qu'illusionniste des arts et des lettres.
Voici donc le récit, tout à fait inventé, d'un lapin qui n'avait pas de chapeau.
Ce lapin n'en avait pas besoin.
La nature lui avait offerte tout le pelage dont il avait besoin.
Et son pelage était tout blanc. Blanc comme la neige avec plus de poils collés sur la langue.
Le lapin filait d'ailleurs à vive allure sur le lac gelé.
-Brrr... rongeait-il entre ses dents. Il fait tout de même froid et je mangerais bien quelque fourrage encore vert...
Il n'y avait plus rien de vert sous cette latitude et le pauvre lapin sans chapeau devait manger du fourrage déverdi.
-Ça n'fait rien, le printemps reviendra bien! rajouta le lapin blanc en mangeant du vieux foin desséché par le froid.
Passa subitement un mauvais homme dans les parages. Il tua le lapin blanc, bien sûr, et promit de s'en faire un beau chapeau.
-Ah! hurla le vieux singe. Je passerai désormais tous mes hivers bien au chaud sous ce beau chapeau!
Comme quoi les lapins ne sortent pas toujours des chapeaux pour tout le monde.
lundi 18 février 2013
Jean-Marc Fournier, les casseroles et les carrés rouges
Jean-Marc Fournier, chef de l'opposition intérimaire à l'Assemblée Nationale du Québec, parlait avec mépris la semaine dernière des casseroles. Ce n'est pas qu'il en ait contre les batteries de cuisine. Sa glaire était plutôt expédiée sur le dos de ceux et celles pour qui ce gentilhomme cautionnait la bastonnade, le poivrage et le matraquage de son propre peuple lors du Printemps érable, comme dans la pire des monarchies à chier.
Les casseroles étaient dans la rue l'an dernier pour dénoncer la corruption, le bradage de nos ressources naturelles et la barbarie policière poussée à l'extrême envers des populations de tous âges et toutes origines, comme du temps du tsar Nicolas II.
Je ne sais pas quel Raspoutine, Poutine ou Roi de la Poutine conseillait les libéraux quant à la légitimité de matraquer leur propre peuple. Et j'aimerais bien que les politiciens comme Jean-Marc Fournier soient imputables pour cette dérive vers l'État policier et ces 3400 arrestations survenues lors du Printemps érable, triste record qui ne fait que dénoter le mépris des libéraux envers les concitoyens.
À sa place, je fermerais ma gueule. Mais je ne suis pas à sa place. Comme il ne se mettait pas à la place de celui ou celle qui recevait des coups de matraques.
***
Il n'y a pas que Jean-Marc Fournier qui en ait contre les casseroles, les carrés rouges et les sans-culottes.
André Pratte, éditorialiste de La Presse, utilisait lors du Printemps érable la métaphore du bâton et du serpent pour justifier la bastonnade envers des manifestants désarmés et en grande majorité pacifiques. On le savait à la défense de tout ce qui brille et sonne dans le tiroir-caisse. On ne l'aurait cru si violent derrière son masque de froideur décrépit. Il poursuit son oeuvre plusieurs fois par semaine pour irriter les quelques gauchistes qui le lisent encore pour se donner mauvaise humeur.
Richard Martineau s'est aligné sur les pires sectaires libertariens qui soient et il s'est mis à livrer sa logorrhée quotidienne à propos de ces zoufs qui bloquent les ponts et les les routes. Il y a mis tout son mépris au point de se croire Raymond Aron en mai 68. Anarchopanda ne ressemble pourtant pas à Jean-Paul Sartre. Une révolution tant culturelle que sociale éclate sous sa fenêtre et le voilà qui rampe vers tout ce qu'il y a de plus miteux et vert-de-gris. Il se prend pour un Béret blanc de je ne sais trop quelle contre-révolution à gogo. Il en vient à ne plus sourciller devant les matraquages et les arrestations arbitraires qui se passent partout autour de lui. Quel héroïsme, se cacher derrière les matraques... Et jeter son fiel sur les héros, les vrais, pour défendre les brutes et les truands.
Et puis il y a bien sûr Monsieur Satan lui-même. Un triste individu maire de je ne sais trop quel trou perdu où l'on n'aime pas que les ados traînent dans les parcs. C'est un vrai rocker. Houlala. Si ce n'était que de cet ange exterminateur à rabais on aurait foutu tous les carrés rouges en prison pour cinq ans après leur avoir offert la bastonnade. Il sévit encore à la télé, pour ceux qui n'ont pas l'Internet.
***
Mépriser les casseroles est absurde quand on y songe un peu. Mépriser ces gens qui cautionnent les coups de bâtons, ce n'est pas sans utilité. Fermer sa gueule devant la violence du pouvoir, pour profiter de prébendes quelconques, cela pèse comme de la crotte face à une jeune idéaliste de quinze ans qui porte un carré rouge en criant qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia. Chacun ses héros. Les miens, je ne les ai pas trouvés dans La Presse ni dans Le Journal de Montréal.
Je les ai trouvés dans la rue. Dans cette rue que détestent tant Jean-Marc Fournier et tous ces gentilshommes qui se croient l'élite de je ne sais trop quel trip de promoteurs en démolition des services publics.
Je ne connaissais pas tous leur nom. Mais je sentais chez ces casseroles une droiture d'âme que je ne voyais pas chez tous les scribes de nos modernes pharaons qui détournent l'argent public en élevant des pyramides de gypse ou bien des escaliers décoratifs.
Et préparons-nous à faire un beau concert pour souligner le premier anniversaire du Printemps érable. Un jour, ce sera un congé férié. Et nous serons fiers d'avoir fait partie des casseroles qui ont libéré le Québec de trente années de conservatisme obsolète.
Vive les casseroles!
Les casseroles étaient dans la rue l'an dernier pour dénoncer la corruption, le bradage de nos ressources naturelles et la barbarie policière poussée à l'extrême envers des populations de tous âges et toutes origines, comme du temps du tsar Nicolas II.
Je ne sais pas quel Raspoutine, Poutine ou Roi de la Poutine conseillait les libéraux quant à la légitimité de matraquer leur propre peuple. Et j'aimerais bien que les politiciens comme Jean-Marc Fournier soient imputables pour cette dérive vers l'État policier et ces 3400 arrestations survenues lors du Printemps érable, triste record qui ne fait que dénoter le mépris des libéraux envers les concitoyens.
À sa place, je fermerais ma gueule. Mais je ne suis pas à sa place. Comme il ne se mettait pas à la place de celui ou celle qui recevait des coups de matraques.
***
Il n'y a pas que Jean-Marc Fournier qui en ait contre les casseroles, les carrés rouges et les sans-culottes.
André Pratte, éditorialiste de La Presse, utilisait lors du Printemps érable la métaphore du bâton et du serpent pour justifier la bastonnade envers des manifestants désarmés et en grande majorité pacifiques. On le savait à la défense de tout ce qui brille et sonne dans le tiroir-caisse. On ne l'aurait cru si violent derrière son masque de froideur décrépit. Il poursuit son oeuvre plusieurs fois par semaine pour irriter les quelques gauchistes qui le lisent encore pour se donner mauvaise humeur.
Richard Martineau s'est aligné sur les pires sectaires libertariens qui soient et il s'est mis à livrer sa logorrhée quotidienne à propos de ces zoufs qui bloquent les ponts et les les routes. Il y a mis tout son mépris au point de se croire Raymond Aron en mai 68. Anarchopanda ne ressemble pourtant pas à Jean-Paul Sartre. Une révolution tant culturelle que sociale éclate sous sa fenêtre et le voilà qui rampe vers tout ce qu'il y a de plus miteux et vert-de-gris. Il se prend pour un Béret blanc de je ne sais trop quelle contre-révolution à gogo. Il en vient à ne plus sourciller devant les matraquages et les arrestations arbitraires qui se passent partout autour de lui. Quel héroïsme, se cacher derrière les matraques... Et jeter son fiel sur les héros, les vrais, pour défendre les brutes et les truands.
Et puis il y a bien sûr Monsieur Satan lui-même. Un triste individu maire de je ne sais trop quel trou perdu où l'on n'aime pas que les ados traînent dans les parcs. C'est un vrai rocker. Houlala. Si ce n'était que de cet ange exterminateur à rabais on aurait foutu tous les carrés rouges en prison pour cinq ans après leur avoir offert la bastonnade. Il sévit encore à la télé, pour ceux qui n'ont pas l'Internet.
***
Mépriser les casseroles est absurde quand on y songe un peu. Mépriser ces gens qui cautionnent les coups de bâtons, ce n'est pas sans utilité. Fermer sa gueule devant la violence du pouvoir, pour profiter de prébendes quelconques, cela pèse comme de la crotte face à une jeune idéaliste de quinze ans qui porte un carré rouge en criant qu'il y a de l'argent dans les poches de la mafia. Chacun ses héros. Les miens, je ne les ai pas trouvés dans La Presse ni dans Le Journal de Montréal.
Je les ai trouvés dans la rue. Dans cette rue que détestent tant Jean-Marc Fournier et tous ces gentilshommes qui se croient l'élite de je ne sais trop quel trip de promoteurs en démolition des services publics.
Je ne connaissais pas tous leur nom. Mais je sentais chez ces casseroles une droiture d'âme que je ne voyais pas chez tous les scribes de nos modernes pharaons qui détournent l'argent public en élevant des pyramides de gypse ou bien des escaliers décoratifs.
Et préparons-nous à faire un beau concert pour souligner le premier anniversaire du Printemps érable. Un jour, ce sera un congé férié. Et nous serons fiers d'avoir fait partie des casseroles qui ont libéré le Québec de trente années de conservatisme obsolète.
Vive les casseroles!
dimanche 17 février 2013
Dérives
Lors de la Révolution russe, en février 1917, le tsar Nicolas II s'est servi de la police plutôt que de l'armée pour mater les émeutiers. Quand les policiers se sont mis à frapper et tuer les manifestants, des divisions de l'armée se sont rangées du côté du peuple en tirant sur les policiers. Quelques heures plus tard, le tsar Nicolas II était arrêté. La monarchie était abolie. La république était établie.
Dérives, le documentaire présenté ici par 99% Médias, démontre avec vigueur que le système s'est servi des policiers comme d'une police politique qui enfreignait jour après jour tous les principes de base du code de déontologie. 3 400 personnes ont été arrêtés pendant le Printemps érable. On a voulu traité le peuple comme le faisait le tsar Nicolas II. Et on a fait qu'accélérer le chemin qui mène à la révolution sociale. Ce n'est pas pour rien que le drapeau rouge a flotté au-dessus de l'Assemblée Nationale l'an passé. Ce n'est pas pour rien que la lutte sociale va reprendre.
jeudi 14 février 2013
Un amour de Saint-Valentin...
Le soleil perçait entre les nuages et la neige fondait.
Toute la ville baignait dans la sloche.
Une petite fille en bottes de skidoo courrait devant un homme et une femme.
L'homme était plutôt vieux et grisonnant. Sa barbe était au moins de trois jours sinon plus. Ce petit bonhomme trapu portait des lunettes semi-teintées. Il ramenait sa chevelure gris sale vers l'occiput, comme les adeptes du rockabilly. Son pantalon brun était trop long pour lui. Il s'était fait un renfort de marin avec le bas de ses culottes pour éviter qu'elles ne traînent dans la flotte. Il ne portait pas de bottes, mais des chouclaques de piètre qualité.
La femme n'était pas très jolie non plus. Elle devait avoir entre vingt-cinq et trente-cinq ans. Elle avait un nez un peu porcin et son regard semblait un peu perdu. Elle était grosse mais ses pattes étaient menues dans ses leggings noirs. Ses cheveux étaient tout aussi noirs et ramenés derrière sa tête pour former une queue de cheval. Elle s'était faite la barbe. Et elle portait aussi des chouclaques de piètre qualité, en tous points semblables à ceux du vieux monsieur.
Comme je croisais leur chemin sur le trottoir, le vieux s'est arrêté, obligeant la dame à s'immobiliser elle aussi.
-Moé, lui disait le vieux d'un air solennel, moé j'ai pour mon dire qu'un gars d'même c'est bon juste le premier du mois... Mais le deux du mois pis l'reste du mois... t'es fâballe! Final bâton!
La pauvre femme ne disait rien. Elle semblait contempler un point fixe quelque part, ailleurs, nulle part.
-Moé, chu pas juste le gars qui est bon l'premier du mois, el' jour du chèque! Moé chu bon el' premier, el' deux pis el' trois cent quatre du mois! J'fais des provisions pour qu'i' aiye tout l'temps què'que chose su' 'a table! J'dépense pas toutte mon chèque el' premier bâtard! M'entends-tu? Dis-moé qu'c'est pas vrai c'que j'te dis, hein? C'est-y vrai ou pas vrai?
Elle ne disait rien. Elle avait ce sempiternel regard fixe et un peu gaga.
Je comprenais, en trois ou quatre paroles, que le vieux faisait la cour à cette pauvre femme pas mal snappée qui peinait à mettre un pied devant l'autre.
La petite fille courrait loin devant, lançant une motte ici et là. Elle riait toute seule en s'imaginant combattre quelques démons imaginaires. Elle avait les yeux cernés et l'air un peu trop pâle pour son jeune âge. Son manteau d'hiver était rose sale et un peu troué. Ses bottes étaient laides.
Toute la ville baignait dans la sloche.
Une petite fille en bottes de skidoo courrait devant un homme et une femme.
L'homme était plutôt vieux et grisonnant. Sa barbe était au moins de trois jours sinon plus. Ce petit bonhomme trapu portait des lunettes semi-teintées. Il ramenait sa chevelure gris sale vers l'occiput, comme les adeptes du rockabilly. Son pantalon brun était trop long pour lui. Il s'était fait un renfort de marin avec le bas de ses culottes pour éviter qu'elles ne traînent dans la flotte. Il ne portait pas de bottes, mais des chouclaques de piètre qualité.
La femme n'était pas très jolie non plus. Elle devait avoir entre vingt-cinq et trente-cinq ans. Elle avait un nez un peu porcin et son regard semblait un peu perdu. Elle était grosse mais ses pattes étaient menues dans ses leggings noirs. Ses cheveux étaient tout aussi noirs et ramenés derrière sa tête pour former une queue de cheval. Elle s'était faite la barbe. Et elle portait aussi des chouclaques de piètre qualité, en tous points semblables à ceux du vieux monsieur.
Comme je croisais leur chemin sur le trottoir, le vieux s'est arrêté, obligeant la dame à s'immobiliser elle aussi.
-Moé, lui disait le vieux d'un air solennel, moé j'ai pour mon dire qu'un gars d'même c'est bon juste le premier du mois... Mais le deux du mois pis l'reste du mois... t'es fâballe! Final bâton!
La pauvre femme ne disait rien. Elle semblait contempler un point fixe quelque part, ailleurs, nulle part.
-Moé, chu pas juste le gars qui est bon l'premier du mois, el' jour du chèque! Moé chu bon el' premier, el' deux pis el' trois cent quatre du mois! J'fais des provisions pour qu'i' aiye tout l'temps què'que chose su' 'a table! J'dépense pas toutte mon chèque el' premier bâtard! M'entends-tu? Dis-moé qu'c'est pas vrai c'que j'te dis, hein? C'est-y vrai ou pas vrai?
Elle ne disait rien. Elle avait ce sempiternel regard fixe et un peu gaga.
Je comprenais, en trois ou quatre paroles, que le vieux faisait la cour à cette pauvre femme pas mal snappée qui peinait à mettre un pied devant l'autre.
La petite fille courrait loin devant, lançant une motte ici et là. Elle riait toute seule en s'imaginant combattre quelques démons imaginaires. Elle avait les yeux cernés et l'air un peu trop pâle pour son jeune âge. Son manteau d'hiver était rose sale et un peu troué. Ses bottes étaient laides.
mardi 12 février 2013
Entrevue avec un chocolat fin
-Si vous aviez à vous décrire... comment le feriez-vous, hein?
-Je dirais que je suis un chocolat... un chocolat fin...
-Nous offrons cinquante cents de plus que le salaire minimum... parce que la loi dit qu'on n'est pas tenu de payer l'uniforme des employés quand ils gagnent cinquante cents de plus que le salaire minimum... Ce qui fait que l'employé doit payer son uniforme...
-Oui, j'en conviens. J'aime ça me payer des uniformes... Votre uniforme est plutôt joli... Brun comme un... chocolat fin. C'est votre épouse qui les fabrique?
-Non, c'est ma belle-soeur. Ils sont un peu chers mais ils durent longtemps.
-Tant mieux! J'aime ce qui dure!
-Par ailleurs, je vous mentionne que nous n'avons pas d'heures de maladies...
-Je pensais justement que je n'en avais pas besoin...
-Les employés ne bénéficient d'aucune forme d'assurance dentaire ou d'assurance salaire...
-Quand l'employé est trop gâté, j'ai pour mon dire qu'il devient un polisson!
-Et nous ne payons que les congés légaux...
-Bien entendu, quand c'est illégal, c'est lourd à porter...
-Il faut être disponible en tous temps pour des heures supplémentaires...
-Si ce n'était que de moi, je dormirais sur mon lieu de travail... Ici, ça semble chaud... C'est tellement humide chez moi... Beaucoup trop humide pour un chocolat... fin...
-Je dirais que je suis un chocolat... un chocolat fin...
-Nous offrons cinquante cents de plus que le salaire minimum... parce que la loi dit qu'on n'est pas tenu de payer l'uniforme des employés quand ils gagnent cinquante cents de plus que le salaire minimum... Ce qui fait que l'employé doit payer son uniforme...
-Oui, j'en conviens. J'aime ça me payer des uniformes... Votre uniforme est plutôt joli... Brun comme un... chocolat fin. C'est votre épouse qui les fabrique?
-Non, c'est ma belle-soeur. Ils sont un peu chers mais ils durent longtemps.
-Tant mieux! J'aime ce qui dure!
-Par ailleurs, je vous mentionne que nous n'avons pas d'heures de maladies...
-Je pensais justement que je n'en avais pas besoin...
-Les employés ne bénéficient d'aucune forme d'assurance dentaire ou d'assurance salaire...
-Quand l'employé est trop gâté, j'ai pour mon dire qu'il devient un polisson!
-Et nous ne payons que les congés légaux...
-Bien entendu, quand c'est illégal, c'est lourd à porter...
-Il faut être disponible en tous temps pour des heures supplémentaires...
-Si ce n'était que de moi, je dormirais sur mon lieu de travail... Ici, ça semble chaud... C'est tellement humide chez moi... Beaucoup trop humide pour un chocolat... fin...
lundi 11 février 2013
Trop de soliloques c'est comme pas assez
L'inspiration ne vient pas toujours d'elle-même. Quand elle ne vient pas, l'artiste parle généralement de lui-même, sujet qui n'intéresse personne ou si peu que l'on se demande pourquoi développer tant de passion pour ces soliloques foireux. La vie ce n'est pas Facebook, tout le monde sait ça.
Flavienne savait ça.
-Y'a une chose que j'sais pis c'est au moins ça! qu'elle disait quand on lui parlait de soliloques.
Elle demandait aussi qu'elle était la signification du mot soliloque. Et quand on lui disait que ça voulait dire monologue elle virait toute à l'envers, Flavienne.
-Pourquoi c'est faire que vous dites pas monologue au lieu de soliloque, tout l'monde comprendrait sans s'casser el'cul baptince!
Tout le monde lui donnait raison, bien entendu, mais le vocabulaire ça sert aussi à compliquer les choses et à distinguer les niveaux de formatage éducatif. Soliloque ça fait plus recherché que monologue. On y sent un peu de ce charabia universitaire propre aux gens de lettres qui se moquent des pauvres gens et de leur manie de tout ignorer.
-Soliloque, monologue! C'est toutte la même affaire!!! reprenait alors Flavienne, pour nous rappeler qu'il y a des dialogues qui s'établissent à brûle-pourpoint dans la vie. Arrêtez-moé don' ça ces soliloquages du maudaille!
Après avoir dit ça, elle ne disait plus rien. On passait à la caisse enregistreuse et Flavienne nous faisait payer nos commandes, comme d'habitude.
-Vous m'ferez pas des soliloques toutte la semaine j'espère? répliquait-elle d'un air narquois. On est juste lundi... S'i' faut s'rendre jusqu'à vendeur-di pour ces câlines de soliloques, la s'maine va être longue en bâtard!
Assez de soliloques. Flavienne avait bien raison. La cafétéria ne se prête pas toujours à des discussions oiseuses.
Et toute la semaine s'est écoulée autrement, à parler des missiles nucléaires en Corée du Nord et des parties de hockey.
Flavienne savait ça.
-Y'a une chose que j'sais pis c'est au moins ça! qu'elle disait quand on lui parlait de soliloques.
Elle demandait aussi qu'elle était la signification du mot soliloque. Et quand on lui disait que ça voulait dire monologue elle virait toute à l'envers, Flavienne.
-Pourquoi c'est faire que vous dites pas monologue au lieu de soliloque, tout l'monde comprendrait sans s'casser el'cul baptince!
Tout le monde lui donnait raison, bien entendu, mais le vocabulaire ça sert aussi à compliquer les choses et à distinguer les niveaux de formatage éducatif. Soliloque ça fait plus recherché que monologue. On y sent un peu de ce charabia universitaire propre aux gens de lettres qui se moquent des pauvres gens et de leur manie de tout ignorer.
-Soliloque, monologue! C'est toutte la même affaire!!! reprenait alors Flavienne, pour nous rappeler qu'il y a des dialogues qui s'établissent à brûle-pourpoint dans la vie. Arrêtez-moé don' ça ces soliloquages du maudaille!
Après avoir dit ça, elle ne disait plus rien. On passait à la caisse enregistreuse et Flavienne nous faisait payer nos commandes, comme d'habitude.
-Vous m'ferez pas des soliloques toutte la semaine j'espère? répliquait-elle d'un air narquois. On est juste lundi... S'i' faut s'rendre jusqu'à vendeur-di pour ces câlines de soliloques, la s'maine va être longue en bâtard!
Assez de soliloques. Flavienne avait bien raison. La cafétéria ne se prête pas toujours à des discussions oiseuses.
Et toute la semaine s'est écoulée autrement, à parler des missiles nucléaires en Corée du Nord et des parties de hockey.
jeudi 7 février 2013
Luc Tamerland a toujours fui les mondanités
Luc Tamerland a toujours fui les mondanités. Il est comme ça depuis toujours. Et comme il frise maintenant la quarantaine, il n'est pas pour changer.
-On apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces! qu'il dit. Je déteste les mondanités! Pouah!
Luc Tamerland est un petit bonhomme carré d'épaules qui sourit comme l'Ombre Jaune, dans les aventures de Bob Morane, sauf que Tamerland n'est pas l'Ombre Jaune. Il se veut aussi effacé qu'une ombre, sans doute, mais le jaune c'est encore trop voyant pour lui, bien que ce soit sa couleur préférée.
Il boite légèrement d'une jambe ces derniers temps parce qu'il s'est foulé la cheville. Autrement, Tamerland marche normalement.
-J'ai hâte que ça finisse c'te maudite affaire! qu'il lance parfois en claudiquant.
Cette fois-là, il s'en allait dans une hostie de sortie mondaine. C'était sa première en quarante ans et il envisageait déjà le pire.
-Les mondanités! Pouah!
C'était devenu son refrain. Il s'accompagnait d'un battement de doigts sur ses hanches. Yeah.
-Les mondanités! Pouah! Pou-aaaah! Les mondanités! Pouah! Pou-aaaah!
Tamerland se donnait du beat pour se rendre au Château Le Marlo-Vert, là où se tenait la rencontre de tous les commis de FSF Stores, une de ces compagnies qui vend toutes sortes de cochonneries à rabais.
Tamerland, évidemment, travaillait pour FSF Stores.
Il n'avait pas mis de cravate. Il ne se sentait pas l'âme d'un flasheux d'autant plus qu'il n'avait qu'une job de marde payée au salaire minimum plus cinquante cents de l'heure. Pas de quoi se pavaner en bourgeois d'occasion. Et puis Tamerland était tellement simple qu'il n'avait qu'une seule chemise, un seul tee-shirt et un seul pantalon. Tous gris évidemment. Pour passer le plus inaperçu possible.
Ils devaient bien être trois cents dans la salle de réception. On leur avait tous remis un carton et un badge d'identification. Celui de Luc était rouge. On avait imprimé sur son badge une face de clown avec une bulle qui disait Bonjour je m'appelle Luc Tamerland. C'était d'un ridicule consommé. Luc avait l'air d'un gros suçon, comme tous les pauvrichons rassemblés là.
Un gros tarlais exprimait au micro la vision de la compagnie. Tamerland ne l'écoutait pas. Il savait que le lendemain rien n'aurait changé au magasin, sinon qu'ils feraient plus d'heures encore pour compenser le roulement de personnel. Personne ne voulait passer sa vie chez FSF Stores, non personne. et c'est à se demander pourquoi Tamerland y travaillait.
Le gros tarlais résumait bien toutes ses petites vies qui rêvaient de voir grand, ne serait-ce qu'un tout petit peu.
-J'étais arrivé au boutte de mon chômage... J'étais pour r'tomber su' l'BS... Ça fait que j'ai accepté n'importe quelle job... Les premiers pis les seuls qui m'ont rappelé à date c'est FSF Stores... Ça empêche pas qu'à c't'heure j'suis gérant de district pis que j'gagne proche vingt milles par année... J'ai une grosse tévé plasma... La compagnie me prête un char... J'ai acheté une maison... Ça fait que si ça peut m'arriver ça peut vous arriver à vous autres aussi grâce à l'avancement que permet FSF Stores!!! Oui FSF Stores! Disons tous oui à FSF Stores!
-Oui FSF Stores! Oui! Oui! répétèrent les lèche-culs.
Puis tous les têteux se sont mis à applaudir. Tous sauf Tamerland. Il se demandait vraiment ce qu'il faisait là.
C'est là qu'il s'est levé d'un coup et qu'il a fait revoler en l'air son badge et ses feuilles de valet de pisse pour FSF Stores.
Tamerland venait de décider de crisser son camp.
-Je déteste les mondanités! qu'il disait, comme toujours. Pouah!
Tamerland boitait encore sur le chemin du retour.
Il pleuvait, comme il pleut toujours quand on vient de perdre sa job.
Il réfléchissait au moyen de devenir gardien d'immeuble vide, métier qui lui apparaissait de plus en plus comme un rêve à la mesure de ses moyens.
Ou bien il ne réfléchissait pas du tout.
Il se laissait aller au vent.
Il en avait vu d'autres.
Tamerland savait d'instinct que la vie c'est une beurrée de marde. Que plus ça va moins y'a de pain.
Mais bon il sait autre chose aussi.
Après la pluie le beau temps.
Et il a recommencé à travailler pour GHG Stores, une compagnie rivale de FSF Stores, mais en plus nonchalant. On n'écoeure pas le staff avec des sessions de formation. On les paie treize piastres de l'heure. Pis on leur donne des congés de maladie. Des soins dentaires gratuits. Des quossins de même. Le boss c'est un gosse de riches qui a l'air de se crisser de toutte. Ça laisse un peu de lousse.
-On apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces! qu'il dit. Je déteste les mondanités! Pouah!
Luc Tamerland est un petit bonhomme carré d'épaules qui sourit comme l'Ombre Jaune, dans les aventures de Bob Morane, sauf que Tamerland n'est pas l'Ombre Jaune. Il se veut aussi effacé qu'une ombre, sans doute, mais le jaune c'est encore trop voyant pour lui, bien que ce soit sa couleur préférée.
Il boite légèrement d'une jambe ces derniers temps parce qu'il s'est foulé la cheville. Autrement, Tamerland marche normalement.
-J'ai hâte que ça finisse c'te maudite affaire! qu'il lance parfois en claudiquant.
Cette fois-là, il s'en allait dans une hostie de sortie mondaine. C'était sa première en quarante ans et il envisageait déjà le pire.
-Les mondanités! Pouah!
C'était devenu son refrain. Il s'accompagnait d'un battement de doigts sur ses hanches. Yeah.
-Les mondanités! Pouah! Pou-aaaah! Les mondanités! Pouah! Pou-aaaah!
Tamerland se donnait du beat pour se rendre au Château Le Marlo-Vert, là où se tenait la rencontre de tous les commis de FSF Stores, une de ces compagnies qui vend toutes sortes de cochonneries à rabais.
Tamerland, évidemment, travaillait pour FSF Stores.
Il n'avait pas mis de cravate. Il ne se sentait pas l'âme d'un flasheux d'autant plus qu'il n'avait qu'une job de marde payée au salaire minimum plus cinquante cents de l'heure. Pas de quoi se pavaner en bourgeois d'occasion. Et puis Tamerland était tellement simple qu'il n'avait qu'une seule chemise, un seul tee-shirt et un seul pantalon. Tous gris évidemment. Pour passer le plus inaperçu possible.
Ils devaient bien être trois cents dans la salle de réception. On leur avait tous remis un carton et un badge d'identification. Celui de Luc était rouge. On avait imprimé sur son badge une face de clown avec une bulle qui disait Bonjour je m'appelle Luc Tamerland. C'était d'un ridicule consommé. Luc avait l'air d'un gros suçon, comme tous les pauvrichons rassemblés là.
Un gros tarlais exprimait au micro la vision de la compagnie. Tamerland ne l'écoutait pas. Il savait que le lendemain rien n'aurait changé au magasin, sinon qu'ils feraient plus d'heures encore pour compenser le roulement de personnel. Personne ne voulait passer sa vie chez FSF Stores, non personne. et c'est à se demander pourquoi Tamerland y travaillait.
Le gros tarlais résumait bien toutes ses petites vies qui rêvaient de voir grand, ne serait-ce qu'un tout petit peu.
-J'étais arrivé au boutte de mon chômage... J'étais pour r'tomber su' l'BS... Ça fait que j'ai accepté n'importe quelle job... Les premiers pis les seuls qui m'ont rappelé à date c'est FSF Stores... Ça empêche pas qu'à c't'heure j'suis gérant de district pis que j'gagne proche vingt milles par année... J'ai une grosse tévé plasma... La compagnie me prête un char... J'ai acheté une maison... Ça fait que si ça peut m'arriver ça peut vous arriver à vous autres aussi grâce à l'avancement que permet FSF Stores!!! Oui FSF Stores! Disons tous oui à FSF Stores!
-Oui FSF Stores! Oui! Oui! répétèrent les lèche-culs.
Puis tous les têteux se sont mis à applaudir. Tous sauf Tamerland. Il se demandait vraiment ce qu'il faisait là.
C'est là qu'il s'est levé d'un coup et qu'il a fait revoler en l'air son badge et ses feuilles de valet de pisse pour FSF Stores.
Tamerland venait de décider de crisser son camp.
-Je déteste les mondanités! qu'il disait, comme toujours. Pouah!
Tamerland boitait encore sur le chemin du retour.
Il pleuvait, comme il pleut toujours quand on vient de perdre sa job.
Il réfléchissait au moyen de devenir gardien d'immeuble vide, métier qui lui apparaissait de plus en plus comme un rêve à la mesure de ses moyens.
Ou bien il ne réfléchissait pas du tout.
Il se laissait aller au vent.
Il en avait vu d'autres.
Tamerland savait d'instinct que la vie c'est une beurrée de marde. Que plus ça va moins y'a de pain.
Mais bon il sait autre chose aussi.
Après la pluie le beau temps.
Et il a recommencé à travailler pour GHG Stores, une compagnie rivale de FSF Stores, mais en plus nonchalant. On n'écoeure pas le staff avec des sessions de formation. On les paie treize piastres de l'heure. Pis on leur donne des congés de maladie. Des soins dentaires gratuits. Des quossins de même. Le boss c'est un gosse de riches qui a l'air de se crisser de toutte. Ça laisse un peu de lousse.
mercredi 6 février 2013
La vie n'est pas si compliquée
On pense que la vie est compliquée alors qu'elle peut être si facile quand on le réalise, comme ça, du jour au lendemain.
Winifrid Lalonde-Pelletier ne croit en pas grand chose parce qu'elle n'a pas le temps de s'attarder à ça.
Elle est de taille moyenne et plutôt solide sur ses pattes. Coquette mais pas trop.
Winifrid chauffe des autobus scolaires soir et matin. Et le reste du temps elle joue au curling pour un club féminin qui a gagné autant de médailles que d'épaulettes.
Son chum s'appelle parfois Kyle et parfois François. Ce sont eux qui l'appellent. Winifrid n'appelle personne. Elle n'est pas très sociable quand elle participe à un tournoi.
Un jour qu'elle jouait au curling, elle a eu mal au ventre.
Elle est allée aux toilettes.
Puis elle n'a pas été malade mais juste sur le bord de l'être.
Winifrid est donc sortie dehors pour prendre de l'air.
Et vous savez quoi?
Tout le monde était dans la rue. Ça riait et ça chantait. C'était la fête.
-Qu'est-cé qu'i' s'passe? qu'elle a demandée, Winifrid. C'est-tu le carnaval?
-Ben nooo-oon! C'est la révolution! qu'on lui a répondu.
Winifrid est retournée en-dedans du Curling Brochu pour l'annoncer à ses partenaires.
-Heille les filles! C'est plein de monde dehors pis i' disent que c'est la révolution!
-J'ai mon voyage! répondirent les filles.
La partie de curling a tout de même continué et l'équipe de Winifrid a gagnée.
Comme quoi la vie, ce n'est pas si compliqué.
C'est un autre mensonge des riches qu'il fallait bien dénoncer.
mardi 5 février 2013
L'éducation gratuite pour tous tabarnak!
Ils travaillaient seize à vingt-et-une heures par jour dans des fabriques dirigées par des crapules sans âme ni conscience. Et l'esclavage commençait à neuf ou dix ans. Il n'y avait pas mieux que les petits enfants pour se faufiler là où un homme normalement constitué ne passait pas. Quelques-uns furent broyés par la machine, bien entendu, mais on n'arrête pas une chaîne de production trop longtemps. Il faut livrer ses quotas. Et satisfaire ces nobles actionnaires qui doivent bien savoir ce qu'ils font.
Puis, il y a eu des syndicats. Des méchants syndicats. Si méchants qu'ils exigeaient la semaine de soixante heures, un congé le dimanche et l'éducation gratuite pour les enfants jusqu'à douze ans. Tout le monde sait bien que l'argent ne pousse pas dans les arbres. Ce qui fait que les syndicalistes furent brutalement matraqués pour avoir eu des idées aussi subversives.
Les coups de matraques ne semblaient pourtant pas les arrêter. Les nobles actionnaires se sont faits écoeurer jusqu'au creux des lits qu'ils partageaient auprès de damoiseaux ou de demoiselles un peu trop portés sur les beaux sentiments. Ce qui fait que la société s'est transformée.
Lentement mais sûrement, on s'est mis à relever la tête dans les bas-fonds de la société. On s'est mis à s'éprendre de rêve, de beauté et de liberté.
On s'est mis à prendre la rue de plus en plus souvent puisque plus rien ne pouvait arrêter la masse, ni la police et encore moins l'armée qui en vint à fraterniser avec le peuple contre les puissants à la mode du jour.
Des fortunes se sont brisées pour ne pas avoir compris que les temps avaient changés.
D'autres se sont faites en exportant ailleurs l'avidité.
Cependant, nous avons fait un petit pas vers une société plus égalitaire et plus juste.
L'éducation gratuite, du primaire jusqu'à l'université, n'est qu'un tout petit pas de plus.
Les nobles actionnaires seront toujours là pour vous dire, par la voix d'une putain embauchée pour railler la démocratie, que nous n'avons pas les moyens de nous permettre la justice sociale.
Ces moyens-là, nous les prendrons. Comme ce fût le cas par le passé. Et ils le savent en haut lieu, dans leur tour d'ivoire.
Bientôt, nous nous retrouverons tous et toutes dans la rue camarades.
Pour l'éducation gratuite.
Pour la nationalisation de nos ressources naturelles.
Pour le revenu minimum de citoyenneté.
Pour se bâtir un pays à la mesure de nos intelligences mises en commun.
Puis, il y a eu des syndicats. Des méchants syndicats. Si méchants qu'ils exigeaient la semaine de soixante heures, un congé le dimanche et l'éducation gratuite pour les enfants jusqu'à douze ans. Tout le monde sait bien que l'argent ne pousse pas dans les arbres. Ce qui fait que les syndicalistes furent brutalement matraqués pour avoir eu des idées aussi subversives.
Les coups de matraques ne semblaient pourtant pas les arrêter. Les nobles actionnaires se sont faits écoeurer jusqu'au creux des lits qu'ils partageaient auprès de damoiseaux ou de demoiselles un peu trop portés sur les beaux sentiments. Ce qui fait que la société s'est transformée.
Lentement mais sûrement, on s'est mis à relever la tête dans les bas-fonds de la société. On s'est mis à s'éprendre de rêve, de beauté et de liberté.
On s'est mis à prendre la rue de plus en plus souvent puisque plus rien ne pouvait arrêter la masse, ni la police et encore moins l'armée qui en vint à fraterniser avec le peuple contre les puissants à la mode du jour.
Des fortunes se sont brisées pour ne pas avoir compris que les temps avaient changés.
D'autres se sont faites en exportant ailleurs l'avidité.
Cependant, nous avons fait un petit pas vers une société plus égalitaire et plus juste.
L'éducation gratuite, du primaire jusqu'à l'université, n'est qu'un tout petit pas de plus.
Les nobles actionnaires seront toujours là pour vous dire, par la voix d'une putain embauchée pour railler la démocratie, que nous n'avons pas les moyens de nous permettre la justice sociale.
Ces moyens-là, nous les prendrons. Comme ce fût le cas par le passé. Et ils le savent en haut lieu, dans leur tour d'ivoire.
Bientôt, nous nous retrouverons tous et toutes dans la rue camarades.
Pour l'éducation gratuite.
Pour la nationalisation de nos ressources naturelles.
Pour le revenu minimum de citoyenneté.
Pour se bâtir un pays à la mesure de nos intelligences mises en commun.
lundi 4 février 2013
Le Jour de la barbotte
Yvon ce n'est pas le gars qui niaise longtemps. Ça ne faisait pas trois jours qu'il avait perdu son poste de caissier au Dépanneur Ducoin qu'il était déjà reparti en business.
-C'est pas vrai que j'va's rester là à m'tourner 'es pouces! s'était-il dit.
Et il s'était dit aussi qu'il allait s'en sortir grâce à une idée de génie.
-M'en va's ramasser des commanditaires pour un happening. ça va s'appeler le Jour de la barbotte...
Yvon se monte un kit de promotion, avec des photos de barbotes et tout le reste. Puis il sollicite les vendeurs de bière, de chips et de liqueur. Puis des politiciens. Et puis des contracteurs.
C'était il y a vingt ans.
Aujourd'hui Yvon est le PDG du Jour de la barbotte et il gagne 125 000$ par année plus les déplacements un peu partout dans le monde pour faire de la pub pour le Jour de la barbote.
Il a réussi sa vie et, comme il dit, quand on veut on peut.
-J'en ai connu assez des trous d'cul qui ont pas réussi dans 'a vie que moé j'ai réussi pis mangez toutte d'la marde!!!
Évidemment, il ne dit jamais ça en public.
Seulement en privé au Bar Ducoin, quand il est fin saoul.
dimanche 3 février 2013
Le Nouvelliste, Le Journal de Montréal, Line Beauchamp & Denise Bombardier
Je suis allé déjeuner au même restaurant que d'habitude hier matin. Je ne vous dirai pas où c'est. Autrement vous serez bientôt des milliers à vous y rendre. Et il me sera difficile d'y goûter cette quiétude qui prend pour moi des airs de rituel.
Contrairement à l'habitude, il n'y avait plus aucun journal de disponible à l'endroit où ils sont généralement consignés pour les clients du resto.
La serveuse a dû se rendre compte que je cherchais quelque torchon puisqu'elle m'en a passé deux, Le Journal de Montréal ainsi que Le Nouvelliste.
Je l'ai remercié, évidemment, puisque je suis poli.
Puis j'ai commencé par Le Nouvelliste, une petite feuille locale qui nous rappelle que la majorité des gens de ma région sont illettrés. C'est à peine s'ils comprennent le sens général d'un paragraphe. Alors pourquoi Le Nouvelliste devrait-il se forcer? Même ceux et celles qui travaillent pour cette feuille de choufleur écrivent sur un ton toujours froid, obligé et sans style. C'est à peine de la copie pour parlementaires. Cela permet aux commerçants locaux d'annoncer leurs rabais sur le boeuf haché et de vanter le petit maire de la ville. Il est partout, ce petit maire. Et cela fait petite ville qu'une feuille poche comme Le Nouvelliste... Même les offres d'emplois font dur. C'est comme si tout le monde sacrait son camp de la région. Et plus le monde s'en va, et plus on voit la face du petit maire dans ce torchon, lui et tous ses projets de BS de luxe. L'avidité a tout dénaturé dans la région, même Le Nouvelliste. S'il n'y avait pas Guy Godin qui écrit parfois dans le courrier des lecteurs pour dénoncer notre petit maire des bécosses je ne l'ouvrirais même pas.
J'ai rapidement sauté au Journal de Montréal. Comme la majorité des Québécois peinent dans l'exercice de la compréhension de texte, ce torchon provincial accorde bien plus de place aux photographies et, visuellement parlant, c'est plus agréable que ce que nous offre Le Nouvelliste.
Le Journal de Montréal est bourré de photos d'incendies, de chars qui sont rentrés dans un poteau et de politiciens qui ont l'air de se rentrer des concombres dans le cul. Bien que cela soit de la vile copie pour emballer du poisson, c'est plus humoristique. Les vrais génies du Journal de Montréal sont ses infographistes, parce que pour les textes on ne peut pas dire que ça lève très haut, bien qu'il y a eu Jean Barbe jadis. La plupart du temps ce sont des têtards de droite qui s'y expriment. La gauche y est représentée par quelques chroniqueurs folkloriques, une poignée de lurons pour que le Journal ait l'air un peu objectif et la gauche moins subversive.
Hier matin, la page frontispice était consacrée à une entrevue de Denise Bombardier avec Line Beauchamp, ex-ministre libérale de l'éducation pendant le Printemps Érable.
Denise Bombardier est une comédienne qui vit nettement au-dessus de ses moyens intellectuels. Je sais bien que je reprends l'expression créée par Dany Laferrière pour qualifier l'oeuvre de Richard Martineau, lui aussi chroniqueur au Journal. Mais ça lui colle tout aussi bien. N'en déplaise à Laferrière... Qui de mieux que Denise Bombardier pour comprendre celle qui s'est sentie trahie par son grand Tom?
Line Beauchamp figurait hier en première page, étendue sur un sofa couleur banane, en bottes d'hiver. J'ai été naïve... C'est le titre qui a été accordé à ce publireportage tout juste bon pour se torcher le nez parce qu'on ne voudrait pas faire du tort à son cul.
La pauvrette a cautionné le matraquage de son propre peuple l'an dernier et elle vient se présenter en petite victime sous la plume sèche de Madame Pète-Sec. Cela me rappelle tout de suite un passage des Frères Karamazov quand le poète laisse entendre qu'il ne faut pas regarder le naufrage au loin mais lui qui souffre, les deux pieds au sec sur la rive, d'assister à la mort des naufragés. C'est du narcissisme à l'état pur, un état que l'on trouve fréquemment chez les marquises mais rarement chez les phoques.
Ça tape sur la gueule des citoyens, ça veut déposséder le peuple de ses droits et de ses ressources naturelles, et puis ça vient pleurnicher en bottes d'hiver sur un sofa jaune banane. Madame Ducon-Lajoie trouve qu'on ne respecte plus les femmes en situation d'autorité. Puis on voit Liline étendue sur son sofa, avec ses p'tits pié-pieds, en train de faire un peu de cocooning. Elle parle de son ex-homme, de sa vie, tralalère, pour faire oublier un ou deux yeux perdus, des dents cassés, des arrestations arbitraires... qui nous ont valu des critiques de l'ONU sacrament!!!
J'ai refermé le Journal assez vite. Il y a des limites à montrer son caca et à nous faire accroire qu'il goûte bon.
J'ai terminé mon p'tit-dèj' sans journaux.
La prochaine fois, j'emmènerai un livre. Le dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert. Ou bien L'exégèse des lieux communs de Léon Bloy. N'importe quoi permettant d'entretenir une certaine indignation face à ce brouet excrémentiel que l'on tient à faire passer pour des analyses fines de l'actualité. Ce ne sont que des ectoplasmes de petits-bourgeois qui n'ont rien à dire et qui nous les vomissent tout de même.
Contrairement à l'habitude, il n'y avait plus aucun journal de disponible à l'endroit où ils sont généralement consignés pour les clients du resto.
La serveuse a dû se rendre compte que je cherchais quelque torchon puisqu'elle m'en a passé deux, Le Journal de Montréal ainsi que Le Nouvelliste.
Je l'ai remercié, évidemment, puisque je suis poli.
Puis j'ai commencé par Le Nouvelliste, une petite feuille locale qui nous rappelle que la majorité des gens de ma région sont illettrés. C'est à peine s'ils comprennent le sens général d'un paragraphe. Alors pourquoi Le Nouvelliste devrait-il se forcer? Même ceux et celles qui travaillent pour cette feuille de choufleur écrivent sur un ton toujours froid, obligé et sans style. C'est à peine de la copie pour parlementaires. Cela permet aux commerçants locaux d'annoncer leurs rabais sur le boeuf haché et de vanter le petit maire de la ville. Il est partout, ce petit maire. Et cela fait petite ville qu'une feuille poche comme Le Nouvelliste... Même les offres d'emplois font dur. C'est comme si tout le monde sacrait son camp de la région. Et plus le monde s'en va, et plus on voit la face du petit maire dans ce torchon, lui et tous ses projets de BS de luxe. L'avidité a tout dénaturé dans la région, même Le Nouvelliste. S'il n'y avait pas Guy Godin qui écrit parfois dans le courrier des lecteurs pour dénoncer notre petit maire des bécosses je ne l'ouvrirais même pas.
J'ai rapidement sauté au Journal de Montréal. Comme la majorité des Québécois peinent dans l'exercice de la compréhension de texte, ce torchon provincial accorde bien plus de place aux photographies et, visuellement parlant, c'est plus agréable que ce que nous offre Le Nouvelliste.
Le Journal de Montréal est bourré de photos d'incendies, de chars qui sont rentrés dans un poteau et de politiciens qui ont l'air de se rentrer des concombres dans le cul. Bien que cela soit de la vile copie pour emballer du poisson, c'est plus humoristique. Les vrais génies du Journal de Montréal sont ses infographistes, parce que pour les textes on ne peut pas dire que ça lève très haut, bien qu'il y a eu Jean Barbe jadis. La plupart du temps ce sont des têtards de droite qui s'y expriment. La gauche y est représentée par quelques chroniqueurs folkloriques, une poignée de lurons pour que le Journal ait l'air un peu objectif et la gauche moins subversive.
Hier matin, la page frontispice était consacrée à une entrevue de Denise Bombardier avec Line Beauchamp, ex-ministre libérale de l'éducation pendant le Printemps Érable.
Denise Bombardier est une comédienne qui vit nettement au-dessus de ses moyens intellectuels. Je sais bien que je reprends l'expression créée par Dany Laferrière pour qualifier l'oeuvre de Richard Martineau, lui aussi chroniqueur au Journal. Mais ça lui colle tout aussi bien. N'en déplaise à Laferrière... Qui de mieux que Denise Bombardier pour comprendre celle qui s'est sentie trahie par son grand Tom?
Line Beauchamp figurait hier en première page, étendue sur un sofa couleur banane, en bottes d'hiver. J'ai été naïve... C'est le titre qui a été accordé à ce publireportage tout juste bon pour se torcher le nez parce qu'on ne voudrait pas faire du tort à son cul.
La pauvrette a cautionné le matraquage de son propre peuple l'an dernier et elle vient se présenter en petite victime sous la plume sèche de Madame Pète-Sec. Cela me rappelle tout de suite un passage des Frères Karamazov quand le poète laisse entendre qu'il ne faut pas regarder le naufrage au loin mais lui qui souffre, les deux pieds au sec sur la rive, d'assister à la mort des naufragés. C'est du narcissisme à l'état pur, un état que l'on trouve fréquemment chez les marquises mais rarement chez les phoques.
Ça tape sur la gueule des citoyens, ça veut déposséder le peuple de ses droits et de ses ressources naturelles, et puis ça vient pleurnicher en bottes d'hiver sur un sofa jaune banane. Madame Ducon-Lajoie trouve qu'on ne respecte plus les femmes en situation d'autorité. Puis on voit Liline étendue sur son sofa, avec ses p'tits pié-pieds, en train de faire un peu de cocooning. Elle parle de son ex-homme, de sa vie, tralalère, pour faire oublier un ou deux yeux perdus, des dents cassés, des arrestations arbitraires... qui nous ont valu des critiques de l'ONU sacrament!!!
J'ai refermé le Journal assez vite. Il y a des limites à montrer son caca et à nous faire accroire qu'il goûte bon.
J'ai terminé mon p'tit-dèj' sans journaux.
La prochaine fois, j'emmènerai un livre. Le dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert. Ou bien L'exégèse des lieux communs de Léon Bloy. N'importe quoi permettant d'entretenir une certaine indignation face à ce brouet excrémentiel que l'on tient à faire passer pour des analyses fines de l'actualité. Ce ne sont que des ectoplasmes de petits-bourgeois qui n'ont rien à dire et qui nous les vomissent tout de même.
vendredi 1 février 2013
Un survivant trop joyeux
Raymond avait pris un café avec de la crème de noisettes. Il aimait ça en caltor la crème de noisettes.
-C'est bon, qu'il disait, la crème de noisettes.
Ça lui prenait au moins ça avant de commencer son shift, alias son quart de travail.
-Ahem! Ça m'prend un bon café à 'a crème de noésettes avant mon shift... C'est bon en caltor... Ahem!
Raymond n'est pas grand. Y'est chauve mais sympathique. Même si ses expressions se ramènent à peu près toutes à son café à la crème de noisettes. C'est son goût du moment pis i' fait du millage là-dessus. Y'a deux semaines, Raymond parlait tout le temps d'son jus d'orange.
-Ahem! Ça m'prend un jus d'orange el' matin! qu'i' disait en faisant ses yeux de globules...
Hostie qu'on s'en calissait. Va chier Raymond que l'on se disait en nous-mêmes, à 'a Mine.
Eh oui. Raymond c'est un gars qui travaille pour la Mine Tomexco. Comme moé. Pis toé. Pis tous ceusses qui vivent autour parce qu'y a rien d'autre autour. Y'a trop de permafrost. Que dis-je! Trop de pergélisol... C'est ben calice pis les patates poussent pas dans notre coin. Tout ce qui pousse icitte c'est d'l'argent. Pis l'argent, bin faut aller l'chercher dans l'fin fond d'la Mine, oué monsieur, à peine mieux traiter que les zoufs qui font sauter la baraque dans Germinal d'Émile Zola. Quoi? Vous pensez qu'on s'cultive pas à 'a Mine? J'lis Germinal su' 'a bole. Pis j'lis Germinal pendant mes breaks. Ça parle des gars qui travaillent dans une mine pis i' d'viennent tellement en calice qu'i' font la grève avec el' drapeau rouge pis toutte le kit toé chose...
Tout ça pour dire que Raymond a failli passé out pas plus tard que le mois passé.
Y'était dans la sixième galerie quand ça s'est effondré. Brrrroum! Moé j'étais sur la bole en train de lire Germinal. J'ai figé net quand j'ai entendu les alarmes de sécurité résonner comme el' tabarnak. W-hein! W-hein! W-hein!
Ça fait que j'ai r'monté mes culottes pis j'ai couru vers la sortie, comme de raison.
Arrivé en haut, on apprend que Raymond pis vingt-trois autres gars sont peut-être morts dans la sixième galerie.
La femme de Raymond arrive en braillant. A' sait que j'lui parle de temps en temps, quand ça lui arrive de parler. Moé j'su's un parleux. Mais Raymond... Hostie i' parle ben rien qu'd'son mosusse de café à 'a crème de noésettes à 'a marde!
N'empêche qu'i' était peut-être mort pis que d'voir sa femme brailler, ça m'faisait faire comme un motton dans 'a gorge.
-Raymond! Raymond! qu'A' braillait.
Les journalistes étaient tous là avec leurs caméras pis leu' kodaks. Le show était commencé.
Y'ont voulu m'crisser un micro sous l'nez. J'voulais rien savoir. J'me su's poussé sans rien dire.
On capotait en pensant à nos chums coincés dans 'a sixième galerie. Raymond était peut-être mort... Pis l'gros Lamothe, Mike P'tit Paquet Gervais, Lionel Casavant, Rodriguo, Vaclav... Tabarnak!
Ça faisait vingt-quatre heures qu'i' faisaient des recherches quand y'ont découvert Raymond dans 'es toilettes d'la sixième galerie. Tous 'es autres étaient morts sous l'effondrement, sauf Raymond, parce que les toilettes l'ont protégé...
Quand y'est r'monté en haut d'la mine sa femme braillait d'joie, évidemment, pis les journalistes voulaient tous lui sauter dessus.
On aurait cru que Raymond aurait pleurer pis qu'i' y'aurait été contristé pis toutte le kit... Non... Raymond était un peu dépassé par les évènements et se sentaient trop heureux compte tenu de la tragédie...
Raymond riait, sautait, dansait, se tapait dans les mains, claquait des pieds pis chantait des chansons gaies.
-Gros jambon! Gros jambon-on! Ah bin gros jambon!!! Chu en vie! Tralalère! J'ai sur-vé-cu! J'ai sur-vé-cu! Je suis le meilleur! Je suis un champion! Yahou! Ouais! Kiss my ass everybody! Youppi! Yeah! Rock and roll!
Les caméras tournaient. Ça a été l'sujet de l'heure pendant une semaine. Comment un type comme Raymond pouvait perdre la tête après avoir vu la mort d'aussi près. On en avait même parlé à Tout l'monde en chie.
Au bout d'une semaine, on passa à autre chose. Pis Raymond a rempli lui-même ses déclarations pour la CSST.
-Va falloir en r'venir d'la fois qu'j'étais trop content d'être en vie! Comme si j'm'en rappelais... Caltor! qu'il m'a dit, Raymond, la dernière fois qu'j'l'ai vu.
C'était au Tim Motton's. Raymond buvait encore son hostie de café à la crème de noisettes tout en lisant son journal. Il était bien content de ne plus faire les manchettes. Et personne ne lui en voulait vraiment d'être mongol, même qu'on se proposait de le nommer président honoraire de notre club de dards.
C'est vrai qu'il shakait un peu plus que de coutume. Son médecin lui prescrit d'la marde qui l'rend shakeux pour rien.
Raymond est tombé su' 'a CSST et passe le plus clair de son temps entre le Tim Motton's pis son salon, où il écoute de vieux succès sur son ordi en attendant d'avoir meilleure mine.
-C'est bon, qu'il disait, la crème de noisettes.
Ça lui prenait au moins ça avant de commencer son shift, alias son quart de travail.
-Ahem! Ça m'prend un bon café à 'a crème de noésettes avant mon shift... C'est bon en caltor... Ahem!
Raymond n'est pas grand. Y'est chauve mais sympathique. Même si ses expressions se ramènent à peu près toutes à son café à la crème de noisettes. C'est son goût du moment pis i' fait du millage là-dessus. Y'a deux semaines, Raymond parlait tout le temps d'son jus d'orange.
-Ahem! Ça m'prend un jus d'orange el' matin! qu'i' disait en faisant ses yeux de globules...
Hostie qu'on s'en calissait. Va chier Raymond que l'on se disait en nous-mêmes, à 'a Mine.
Eh oui. Raymond c'est un gars qui travaille pour la Mine Tomexco. Comme moé. Pis toé. Pis tous ceusses qui vivent autour parce qu'y a rien d'autre autour. Y'a trop de permafrost. Que dis-je! Trop de pergélisol... C'est ben calice pis les patates poussent pas dans notre coin. Tout ce qui pousse icitte c'est d'l'argent. Pis l'argent, bin faut aller l'chercher dans l'fin fond d'la Mine, oué monsieur, à peine mieux traiter que les zoufs qui font sauter la baraque dans Germinal d'Émile Zola. Quoi? Vous pensez qu'on s'cultive pas à 'a Mine? J'lis Germinal su' 'a bole. Pis j'lis Germinal pendant mes breaks. Ça parle des gars qui travaillent dans une mine pis i' d'viennent tellement en calice qu'i' font la grève avec el' drapeau rouge pis toutte le kit toé chose...
Tout ça pour dire que Raymond a failli passé out pas plus tard que le mois passé.
Y'était dans la sixième galerie quand ça s'est effondré. Brrrroum! Moé j'étais sur la bole en train de lire Germinal. J'ai figé net quand j'ai entendu les alarmes de sécurité résonner comme el' tabarnak. W-hein! W-hein! W-hein!
Ça fait que j'ai r'monté mes culottes pis j'ai couru vers la sortie, comme de raison.
Arrivé en haut, on apprend que Raymond pis vingt-trois autres gars sont peut-être morts dans la sixième galerie.
La femme de Raymond arrive en braillant. A' sait que j'lui parle de temps en temps, quand ça lui arrive de parler. Moé j'su's un parleux. Mais Raymond... Hostie i' parle ben rien qu'd'son mosusse de café à 'a crème de noésettes à 'a marde!
N'empêche qu'i' était peut-être mort pis que d'voir sa femme brailler, ça m'faisait faire comme un motton dans 'a gorge.
-Raymond! Raymond! qu'A' braillait.
Les journalistes étaient tous là avec leurs caméras pis leu' kodaks. Le show était commencé.
Y'ont voulu m'crisser un micro sous l'nez. J'voulais rien savoir. J'me su's poussé sans rien dire.
On capotait en pensant à nos chums coincés dans 'a sixième galerie. Raymond était peut-être mort... Pis l'gros Lamothe, Mike P'tit Paquet Gervais, Lionel Casavant, Rodriguo, Vaclav... Tabarnak!
Ça faisait vingt-quatre heures qu'i' faisaient des recherches quand y'ont découvert Raymond dans 'es toilettes d'la sixième galerie. Tous 'es autres étaient morts sous l'effondrement, sauf Raymond, parce que les toilettes l'ont protégé...
Quand y'est r'monté en haut d'la mine sa femme braillait d'joie, évidemment, pis les journalistes voulaient tous lui sauter dessus.
On aurait cru que Raymond aurait pleurer pis qu'i' y'aurait été contristé pis toutte le kit... Non... Raymond était un peu dépassé par les évènements et se sentaient trop heureux compte tenu de la tragédie...
Raymond riait, sautait, dansait, se tapait dans les mains, claquait des pieds pis chantait des chansons gaies.
-Gros jambon! Gros jambon-on! Ah bin gros jambon!!! Chu en vie! Tralalère! J'ai sur-vé-cu! J'ai sur-vé-cu! Je suis le meilleur! Je suis un champion! Yahou! Ouais! Kiss my ass everybody! Youppi! Yeah! Rock and roll!
Les caméras tournaient. Ça a été l'sujet de l'heure pendant une semaine. Comment un type comme Raymond pouvait perdre la tête après avoir vu la mort d'aussi près. On en avait même parlé à Tout l'monde en chie.
Au bout d'une semaine, on passa à autre chose. Pis Raymond a rempli lui-même ses déclarations pour la CSST.
-Va falloir en r'venir d'la fois qu'j'étais trop content d'être en vie! Comme si j'm'en rappelais... Caltor! qu'il m'a dit, Raymond, la dernière fois qu'j'l'ai vu.
C'était au Tim Motton's. Raymond buvait encore son hostie de café à la crème de noisettes tout en lisant son journal. Il était bien content de ne plus faire les manchettes. Et personne ne lui en voulait vraiment d'être mongol, même qu'on se proposait de le nommer président honoraire de notre club de dards.
C'est vrai qu'il shakait un peu plus que de coutume. Son médecin lui prescrit d'la marde qui l'rend shakeux pour rien.
Raymond est tombé su' 'a CSST et passe le plus clair de son temps entre le Tim Motton's pis son salon, où il écoute de vieux succès sur son ordi en attendant d'avoir meilleure mine.