On ne voulait jamais aller faire des commissions chez madame Bibondaine. Elle ne nous laissait que dix cents de pourboire ou bien quatre bouteilles consignées. Pas de quoi même s'acheter un sac de chips.
Elle appelait chez M'man, madame Bibondaine.
-Pourriez-vous m'envoyer un de vos p'tits gar-rrr-çons? qu'elle lui disait au téléphone d'une voix chevrotante.
Évidemment, M'man ne savait pas refuser. C'était néanmoins tout un aria pour nous envoyer chercher les commissions de madame Bibondaine.
-A nous donne juste dix cennes de tipsse tabarnak! qu'on disait à M'man.
-Arrêtez de sacrer mes jéritols! qu'elle nous répondait.
-Ça sent la boule à mites chez m'dame Bibondaine M'man! On étouffe! Eurk! Eurk! que je devais répliquer en choeur avec mon jeune frère.
Ce qui fait que M'man nous promettait un pourboire plus généreux.
-Si vous y allez j'vous donne cinquante cents chaque!
-Ok d'abord, disions-nous en maugréant.
Zip, zap, on montait chez madame Bibondaine pour aller chercher sa liste de commissions et zip, zap au Marché Ferland pour ramener une orange, un Kik Cola et des biscuits Goglu. En retour, cinq cents chacun et deux bouteilles vides.
-Vous êtes bin smatte les ti-gars. J'va's vous fa're fa're toutes mes commissions pour vous récompenser!
-N-ooooon! pensions-nous.
Puis zip, zap, retour à la maison.
Et zip, zap au dépanneur pour un chips, du chocolat pis de la liqueur.
Tout compte fait, ce n'était pas si pire que de faire les commissions pour madame Bibondaine. Surtout quand la mère rajoutait 500% sur son pitoyable 10 cents de pourboire.
mercredi 29 février 2012
mardi 28 février 2012
La maladie de Ti-Caille Lachance, le gars qui trompe sa blonde à tour de bras
La jalousie est une maladie mentale qui atteint particulièrement les maris trompeurs.
Prenons Ti-Caille Lachance. C'est un mari trompeur. Il n'est pas vraiment marié, mais bon, c'est idoine. Il jure à sa blonde qu'il n'est qu'avec elle, que pour elle, jusqu'à la fin des temps et même plus loin. Donc, il ment. S'il disait «je baise avec tout ce que je peux, même un chihuahua», eh bien il serait nettement plus près de la vérité. Et qui dit vérité dit respect. Dans un cas comme dans l'autre, Ti-Caille n'en méritait pas et, de plus, il était laid.
Quoi qu'il en soit Ti-Caille trompait Norma Boutin à fond de train. Norma qui était serveuse au resto Au bon gravy 101. Une fille pas pire mais un peu facilitante dans la jalousie de Ti-Caille dans la mesure qu'elle ne voulait jamais lui déplaire puisque, sottement sans doute, elle l'aimait son Ti-Caille.
Ti-Caille était jaloux en chien. Il ne fallait pas que Norma sourie à un inconnu. Oh que non. Ti-Caille lui piquait automatiquement une crise.
-Pourquoi tu le r'gardes comme ça, hein? T'as baisé avec, hein? qu'il gueulait tandis que Norma lui disait sur un ton très doucereux qu'il avait besoin d'une thérapie.
Et remarquez que le gars auquel s'adressait son sourire pouvait être un client régulier d'Au bon gravy 101 ou bien un oncle, voire le curé de la paroisse, un camelot ou un cyclope. Ti-Caille était jaloux comme dix, le sacrament, et le soir même il prétendait aider une fille à joindre les deux bouts en lui mettant la queue dans la bouche et un vingt piastres sur le comptoir. Elle pouvait être grosse, maigre, laide, belle, et à la limite ressembler à un chihuahua. Ti-Caille voulait se rincer. That's it.
Et on parle pour parler que cette histoire-là est loin d'être finie. Norma lui pardonne tout. Encore hier, Ti-Caille a pété sa coche quand il l'a vue en train d'aider un vieux monsieur purulent à traverser la rue.
Quand il les a vus, Ti-Caille Lachance a arrêté son char et, sans saluer le vieux purulent, s'est mis à engueuler Norma devant tout le monde, l'hostie de sale.
-Qu'est-cé tu fais avec lui, hein? T'en profites pendant que j'su's pas là ma tabarnaque? qu'il lui a dit, Ti-Caille.
Évidemment, il ne savait pas que le vieux purulent s'appelait Processe Langevin, le Processe Langevin qui avait remporté plusieurs prix dans le domaine du pugilat. Il avait beau être tout croche, Processe, qu'il était encore capable d'un superbe trois secondes d'énergie pure. Énergie qui se concentra au thorax de Ti-Caille qui tomba au sol, le souffle coupé, la bite rentrée sous le prépuce. Processe Langevin ne cligna même pas des yeux et retomba doucement sur ses deux pattes croches.
-Puis-je vous inviter à prendre un chocolat chaud avec moi mademoiselle Norma? poursuivit Processe en souriant gentiment à notre Norma totalement médusée.
-Volontiers... Je crois que j'ai besoin de changer d'air... qu'elle lui a répondu. Puis elle retendit le bras pour le soutenir dans sa claudication exacerbée par le passage des ans.
Quant à Ti-Caille Lachance, même l'auteur le plus bouseux finirait par lui dire qu'il peut bien aller chier et crever tout seul dans son coin. Permettez-moi de m'en calisser aussi.
Prenons Ti-Caille Lachance. C'est un mari trompeur. Il n'est pas vraiment marié, mais bon, c'est idoine. Il jure à sa blonde qu'il n'est qu'avec elle, que pour elle, jusqu'à la fin des temps et même plus loin. Donc, il ment. S'il disait «je baise avec tout ce que je peux, même un chihuahua», eh bien il serait nettement plus près de la vérité. Et qui dit vérité dit respect. Dans un cas comme dans l'autre, Ti-Caille n'en méritait pas et, de plus, il était laid.
Quoi qu'il en soit Ti-Caille trompait Norma Boutin à fond de train. Norma qui était serveuse au resto Au bon gravy 101. Une fille pas pire mais un peu facilitante dans la jalousie de Ti-Caille dans la mesure qu'elle ne voulait jamais lui déplaire puisque, sottement sans doute, elle l'aimait son Ti-Caille.
Ti-Caille était jaloux en chien. Il ne fallait pas que Norma sourie à un inconnu. Oh que non. Ti-Caille lui piquait automatiquement une crise.
-Pourquoi tu le r'gardes comme ça, hein? T'as baisé avec, hein? qu'il gueulait tandis que Norma lui disait sur un ton très doucereux qu'il avait besoin d'une thérapie.
Et remarquez que le gars auquel s'adressait son sourire pouvait être un client régulier d'Au bon gravy 101 ou bien un oncle, voire le curé de la paroisse, un camelot ou un cyclope. Ti-Caille était jaloux comme dix, le sacrament, et le soir même il prétendait aider une fille à joindre les deux bouts en lui mettant la queue dans la bouche et un vingt piastres sur le comptoir. Elle pouvait être grosse, maigre, laide, belle, et à la limite ressembler à un chihuahua. Ti-Caille voulait se rincer. That's it.
Et on parle pour parler que cette histoire-là est loin d'être finie. Norma lui pardonne tout. Encore hier, Ti-Caille a pété sa coche quand il l'a vue en train d'aider un vieux monsieur purulent à traverser la rue.
Quand il les a vus, Ti-Caille Lachance a arrêté son char et, sans saluer le vieux purulent, s'est mis à engueuler Norma devant tout le monde, l'hostie de sale.
-Qu'est-cé tu fais avec lui, hein? T'en profites pendant que j'su's pas là ma tabarnaque? qu'il lui a dit, Ti-Caille.
Évidemment, il ne savait pas que le vieux purulent s'appelait Processe Langevin, le Processe Langevin qui avait remporté plusieurs prix dans le domaine du pugilat. Il avait beau être tout croche, Processe, qu'il était encore capable d'un superbe trois secondes d'énergie pure. Énergie qui se concentra au thorax de Ti-Caille qui tomba au sol, le souffle coupé, la bite rentrée sous le prépuce. Processe Langevin ne cligna même pas des yeux et retomba doucement sur ses deux pattes croches.
-Puis-je vous inviter à prendre un chocolat chaud avec moi mademoiselle Norma? poursuivit Processe en souriant gentiment à notre Norma totalement médusée.
-Volontiers... Je crois que j'ai besoin de changer d'air... qu'elle lui a répondu. Puis elle retendit le bras pour le soutenir dans sa claudication exacerbée par le passage des ans.
Quant à Ti-Caille Lachance, même l'auteur le plus bouseux finirait par lui dire qu'il peut bien aller chier et crever tout seul dans son coin. Permettez-moi de m'en calisser aussi.
lundi 27 février 2012
À propos des marionnettes qui font de la politique pour défaire des vies
La politique n'est pas un art. Dire qu'elle est l'art du mensonge, c'est autant insulter l'art que le mensonge. La politique, c'est la course pour se pavaner dans l'illusion d'une gloire d'autant plus vaine qu'elle est pratiquement impuissante.
La politique, telle qu'elle se pratique en hauts lieux, c'est du théâtre de marionnettes, et encore qu'on insulte les marionnettes, les vraies, celles qui sont faites avec du papier et du chiffon, pas avec des menteurs, des hypocrites et surtout des valets.
Les fils dépassent de plus en plus. Tout le monde voit bien qui tirent sur les ficelles et on se ferme la gueule en pitchant de la marde sur les marionnettes plutôt que sur les marionnettistes.
Une marionnette tombe et un nouveau guignol apparaît aussitôt pour le remplacer. Au début il est bon, il sent frais et il cause bien. Puis il devient de la marde, comme tous les autres, se met à faire n'importe quoi n'importe comment parce qu'on lui dit de faire tout croche, de rembourser ses élections, de faire payer le peuple pour leurs pyramides de gypse et autres conneries inutiles...
Crache le cash, l'élu du peuple, pauvre cloche, sacrée marionnette de rien du tout, symbole d'une démocratie encore plus caricaturale que tout ce que pourrait vous torcher sur papier un caricaturiste hargneux.
Les médias officiel se relaieront pour vous parler des cors aux pieds de l'élu du peuple ou bien de sa participation à tel ou tel gala de peureux qui se donnent des médailles pour bénéficier d'un peu de courage par procuration.
Tout est beau, rose et enjoué dans le petit hebdo local comme si nous étions en Corée du Nord. L'élu du peuple sera présenté sous son jour le plus paternel, son look de vendeur de chars ou bien son air de boeuf. On verra presque de la lumière sortir de son crâne, souvent dégarni par ailleurs puisque les vieux renards cachent plus de cartes dans leurs manches. De plus, il y a tellement de cadavres dans leur garde-robe que c'est du bonbon pour le marionnettiste que de les faire gesticuler à droite et à gauche comme des triples cons en manque de sensations fortes.
Comme dans tous les guignols, les gendarmes se pointent de temps à autres pour matraquer la méchante marionnette. Elle est illico remplacée par une autre. Et c'est toujours la même main qui les fait gigoter, un petit tour à droite, un petit tour à gauche... Tu fais ce que je te dis ou panpan sur la caboche, pauvre cloche.
-Untel en fait trop, diront les marionnettistes. Faudrait bien faire semblant de l'arrêter... On lui versera du miel et de l'or sur la tête quand il sortira de là pour service rendu à notre portefeuille... Chose-Bine peut le remplacer... Il fera semblant d'être de gauche... Cette autre tête d'oeuf fera tout aussi bien l'affaire... Chose-Bine nous crissera peut-être moins dans la marde que l'autre avec ses hosties de proverbes de tarlais... Le principal, c'est encore qu'il sache leur faire cracher du cash... On a des rêves à bâtir, nous...
La politique, telle qu'elle se pratique en hauts lieux, c'est du théâtre de marionnettes, et encore qu'on insulte les marionnettes, les vraies, celles qui sont faites avec du papier et du chiffon, pas avec des menteurs, des hypocrites et surtout des valets.
Les fils dépassent de plus en plus. Tout le monde voit bien qui tirent sur les ficelles et on se ferme la gueule en pitchant de la marde sur les marionnettes plutôt que sur les marionnettistes.
Une marionnette tombe et un nouveau guignol apparaît aussitôt pour le remplacer. Au début il est bon, il sent frais et il cause bien. Puis il devient de la marde, comme tous les autres, se met à faire n'importe quoi n'importe comment parce qu'on lui dit de faire tout croche, de rembourser ses élections, de faire payer le peuple pour leurs pyramides de gypse et autres conneries inutiles...
Crache le cash, l'élu du peuple, pauvre cloche, sacrée marionnette de rien du tout, symbole d'une démocratie encore plus caricaturale que tout ce que pourrait vous torcher sur papier un caricaturiste hargneux.
Les médias officiel se relaieront pour vous parler des cors aux pieds de l'élu du peuple ou bien de sa participation à tel ou tel gala de peureux qui se donnent des médailles pour bénéficier d'un peu de courage par procuration.
Tout est beau, rose et enjoué dans le petit hebdo local comme si nous étions en Corée du Nord. L'élu du peuple sera présenté sous son jour le plus paternel, son look de vendeur de chars ou bien son air de boeuf. On verra presque de la lumière sortir de son crâne, souvent dégarni par ailleurs puisque les vieux renards cachent plus de cartes dans leurs manches. De plus, il y a tellement de cadavres dans leur garde-robe que c'est du bonbon pour le marionnettiste que de les faire gesticuler à droite et à gauche comme des triples cons en manque de sensations fortes.
Comme dans tous les guignols, les gendarmes se pointent de temps à autres pour matraquer la méchante marionnette. Elle est illico remplacée par une autre. Et c'est toujours la même main qui les fait gigoter, un petit tour à droite, un petit tour à gauche... Tu fais ce que je te dis ou panpan sur la caboche, pauvre cloche.
-Untel en fait trop, diront les marionnettistes. Faudrait bien faire semblant de l'arrêter... On lui versera du miel et de l'or sur la tête quand il sortira de là pour service rendu à notre portefeuille... Chose-Bine peut le remplacer... Il fera semblant d'être de gauche... Cette autre tête d'oeuf fera tout aussi bien l'affaire... Chose-Bine nous crissera peut-être moins dans la marde que l'autre avec ses hosties de proverbes de tarlais... Le principal, c'est encore qu'il sache leur faire cracher du cash... On a des rêves à bâtir, nous...
vendredi 24 février 2012
jeudi 23 février 2012
Sacré Chose-Bine, fonctionnaire oublié au Ministère
-Qu'est-ce tu veux qu'on faize? qu'il disait tout le temps.
Et on ne s'y habituait pas. On avait juste l'envie de lui botter le cul pour qu'il fasse quelque chose. Mais non, il ne faisait rien. Il ne s'intéressait à rien, sinon à ce que lui chiait le Canal W. À la maison, sa télé était toujours sur le Canal W. C'est comme si tout le reste l'indifférait.
Il s'appelait Chose. Chose-là. T'sais Chose-Bine le grand slaque qui dit tout le temps «Qu'est-ce tu veux qu'on faize?»
Il était toujours peigné pareil, le grand slaque. La couette sur le côté.
Et habillé pareillement tous les jours: veston mauve, chemise verte et pantalon caca d'oie. Le grand slaque en avait des tas comme ça chez-lui. Chose-Bine avait acheté un lot de vestons mauves, chemises vertes et pantalons caca d'oie. Plus besoin de se soucier de ce qu'il allait porter pour le reste de ses jours.
Évidemment, Chose-Bine travaillait au Ministère. Lequel? Bof. Ça ne l'intéressait même pas lui-même, Chose-Bine.
Et quoi qu'on lui demande, quoi que l'on fasse, il disait tout le temps, qu'est-ce tu veux qu'on faize.
On l'aurait assommé à coups de pelle, mais bien sûr cela ne se faisait pas.
Aussi les uns et les autres faisaient autre chose pendant que lui ne faisait rien, ou à peu près rien.
C'est vrai que son job était biz. Il était enfermé toute la journée dans un bureau sans ordinateur, avec un papier, un crayon et un verre d'eau. Pourquoi? Chose-Bine ne le savait pas lui-même. On suppose qu'on ne savait pas quoi lui faire faire et que le syndicat avait défendu bravement son droit à un bureau, un papier, un crayon et un verre d'eau. Pour le téléphone, le syndicat avait sans doute convenu que cela ne lui était pas nécessaire. Le titre de son poste serait déterminé l'un de ces jours.
Et ce jour n'était jamais arrivé. Chose-Bine avait été oublié dans ce bureau. Et il ne faisait rien. Son crayon et son papier n'avaient pas bougé de son bureau depuis quinze ans.
La concierge trichait un peu. Elle changeait son papier et son crayon à tous les 3 janvier. Et elle époussetait son bureau une fois par jour. Donc, rien n'y paraissait.
Au Ministère, dans son bureau vide, Chose-Bine passait ses journées à fixer une tache sur un mur sans rien dire. Il buvait une gorgée d'eau de temps en temps.
Et qu'on lui demande quoi que ce soit, oui, Chose-Bine n'avait qu'une seule réponse:
-Qu'est-ce tu veux qu'on faize, hein?
Sacré Chose-Bine...
Et on ne s'y habituait pas. On avait juste l'envie de lui botter le cul pour qu'il fasse quelque chose. Mais non, il ne faisait rien. Il ne s'intéressait à rien, sinon à ce que lui chiait le Canal W. À la maison, sa télé était toujours sur le Canal W. C'est comme si tout le reste l'indifférait.
Il s'appelait Chose. Chose-là. T'sais Chose-Bine le grand slaque qui dit tout le temps «Qu'est-ce tu veux qu'on faize?»
Il était toujours peigné pareil, le grand slaque. La couette sur le côté.
Et habillé pareillement tous les jours: veston mauve, chemise verte et pantalon caca d'oie. Le grand slaque en avait des tas comme ça chez-lui. Chose-Bine avait acheté un lot de vestons mauves, chemises vertes et pantalons caca d'oie. Plus besoin de se soucier de ce qu'il allait porter pour le reste de ses jours.
Évidemment, Chose-Bine travaillait au Ministère. Lequel? Bof. Ça ne l'intéressait même pas lui-même, Chose-Bine.
Et quoi qu'on lui demande, quoi que l'on fasse, il disait tout le temps, qu'est-ce tu veux qu'on faize.
On l'aurait assommé à coups de pelle, mais bien sûr cela ne se faisait pas.
Aussi les uns et les autres faisaient autre chose pendant que lui ne faisait rien, ou à peu près rien.
C'est vrai que son job était biz. Il était enfermé toute la journée dans un bureau sans ordinateur, avec un papier, un crayon et un verre d'eau. Pourquoi? Chose-Bine ne le savait pas lui-même. On suppose qu'on ne savait pas quoi lui faire faire et que le syndicat avait défendu bravement son droit à un bureau, un papier, un crayon et un verre d'eau. Pour le téléphone, le syndicat avait sans doute convenu que cela ne lui était pas nécessaire. Le titre de son poste serait déterminé l'un de ces jours.
Et ce jour n'était jamais arrivé. Chose-Bine avait été oublié dans ce bureau. Et il ne faisait rien. Son crayon et son papier n'avaient pas bougé de son bureau depuis quinze ans.
La concierge trichait un peu. Elle changeait son papier et son crayon à tous les 3 janvier. Et elle époussetait son bureau une fois par jour. Donc, rien n'y paraissait.
Au Ministère, dans son bureau vide, Chose-Bine passait ses journées à fixer une tache sur un mur sans rien dire. Il buvait une gorgée d'eau de temps en temps.
Et qu'on lui demande quoi que ce soit, oui, Chose-Bine n'avait qu'une seule réponse:
-Qu'est-ce tu veux qu'on faize, hein?
Sacré Chose-Bine...
mercredi 22 février 2012
Mobilisation monstre des Mutants de la Planète des Singes à Gentilly 2
mardi 21 février 2012
Un nouvel épisode des Mutants de la Planète des Singes pour Gentilly 2
On voudrait tourner un nouvel épisode des mutants de La Planète des Singes à Gentilly 2. Cela donna lieu à une manifestation monstre hier. Employés, politiciens et distributeurs d'enveloppes brunes ont fait la fête. Nous, citoyens, n'avons pas les moyens de nous payer la une du Nouvelliste...
Fuck le nucléaire. 800 000 ans de radiations en cas d'erreur humaine...ou autres tremblements de terre.
Merci de manifester contre le nucléaire la gagne...
Fuck le nucléaire. 800 000 ans de radiations en cas d'erreur humaine...ou autres tremblements de terre.
Merci de manifester contre le nucléaire la gagne...
Tranche de vie
-Ouvre-moé 'a porte beubé... Ej'viens juste charcher mes deux tranches de jambon cuit dans l'frigidaire...
Tout a commencé comme ça. Samedi soir à minuit pile. Et face contre terre pour l'ivrogne qui gueulait ça en frappant la porte à petits coups répétés sur un rythme presque cubain.
R'toc-toque-toc-toc-toque-toque... Ouvre-moé 'a porte beubé... Et surtout ces deux hosties de tranches de jambon cuit qu'il venait chercher dans l'frigidaire de sa blonde qui s'avérait son ex-blonde à ce moment-là, comme d'habitude.
-Va chier tabarnak! J'te doés rien! Tes tranches de jambon cuit tu peux t'les crisser dans l'cul! que lui répondait sa dulcinée, comme d'habitude.
Les deux étaient pas mal fuckés. Lui, le gars qui ressemblait à un cure-dent recouvert d'une couche de cérumen en guise de cheveux, lui c'était la bière. Elle, qui ressemblait à un cactus qui aurait pris de l'humidité, elle était toujours sur les pilules. Un couple maudit comme on en voit d'autres dans ce quartier-là.
Ce soir-là, nos deux énergumènes y mirent le paquet pour leurs deux hosties de tranches de jambon cuit, prétexte pour baiser mal sale, peut-être, comme d'habitude. Et demain, menouche, menouche, smack, smack, mon amour, main dans la main comme deux hosties de frostés qui gazouillent l'amour au printemps hâtif.
-Ej'veux mes deux tranches de jambon cuit! Ouvre-moé 'a porte beubé! Ouvre-moé don' là!!!
-Va chier!
Évidemment, les voisins en avaient plein le cul. Surtout ceux qui se situaient au même palier, juste à côté. Et aussi tous les autres qui ne se plaignaient pas, qui enduraient sans rien dire, par une forme de fatalité, celle de vivre dans un quartier pauvre sans doute.
Les voisins du palier, c'était les Grimousier, des Français de France qui en avaient vu d'autres mais qui, cette fois-là, n'en pouvaient plus.
-Putain! Cela fait une semaine qu'ils te font de ces boucans dans leur piaule de mes deux! J'm'en vais leur foutre les flics au cul, moi, taberna-cleuuu!!! qu'il disait, Victor Grimousier, informaticien, avant que d'appeler les flics.
Il faut dire à la décharge de Grimousier que c'était la centième fois cette année qu'il leur disait sur tous les tons de se fermer la gueule parce qu'eux, les Grimousier, voulaient dormir, entre autres, ou bien faire l'amour sur un concerto de Vivaldi ou bien whatever c'est pas de nos affaires.
Et là, les Grimousier devaient gérer cette histoire de tranches de jambon cuit...
C'était à en hurler de rage.
Les flics se présentèrent, bien sûr. Ils vinrent cogner à la porte des Grimousier pour prendre leur déposition. Entre temps, les deux caves étaient tous les deux étendus sur le plancher de la cuisine en train de se dire des je t'aime mon calice ou des je t'aime mon tabarnak.
-Vous devriez changer de quartier, lui a dit l'agente Gravelle, une petite bouscotte avec des taches de rousseur sur le nez.
-Ah oui? lui a répondu la Grimousier, qu'on n'avait pas entendu jusque là, Julie Grimousier étant une grande brune aux yeux convergents.
-Et dans quel putain d'quartier devrions-nous vivre madame l'agent? ironisa Grimousier. Dans le vôtre sans doute, où il y a des piaules à trois cent milles balles? Hého! Taberna-cleu! Les lois ne s'appliquent pas dans l'quartier des prolos, c'est ça, hein, dites? Et je suis qui moi, Ducon-Lajoie?
Enfin, tout le monde put dormir après cet épisode.
Sauf l'ivrogne, dont le nom nous échappe.
Il se leva du plancher de la cuisine vers les deux heures du matin pour subtiliser ses deux tranches de jambon cuit dans le frigidaire. Puis il s'en alla chez-lui pour se faire un sandwiche parce que sa blonde n'avait pas de pain, seulement ces deux tranches de jambon cuit. Ce qui promettait une nouvelle chicane pour le lendemain, comme d'habitude.
-T'as mangé mes deux tranches de jambon cuit qui m'restait mon hostie de chien!
Oui, on l'imagine déjà en train de gueuler, la folle.
Surtout chez les Grimousier qui, eux aussi, vont bien finir par s'y faire.
À moins que Smart, le voisin d'à côté qui a l'air perdu ne pète les plombs un de ces quatre. Comme l'an dernier quand il avait assommé à coups de tuyau le voisin du haut qui faisait jouer la musique trop fort.
Il n'y a que des tranches de vie dans ce quartier-là. Oui monsieur.
Tout a commencé comme ça. Samedi soir à minuit pile. Et face contre terre pour l'ivrogne qui gueulait ça en frappant la porte à petits coups répétés sur un rythme presque cubain.
R'toc-toque-toc-toc-toque-toque... Ouvre-moé 'a porte beubé... Et surtout ces deux hosties de tranches de jambon cuit qu'il venait chercher dans l'frigidaire de sa blonde qui s'avérait son ex-blonde à ce moment-là, comme d'habitude.
-Va chier tabarnak! J'te doés rien! Tes tranches de jambon cuit tu peux t'les crisser dans l'cul! que lui répondait sa dulcinée, comme d'habitude.
Les deux étaient pas mal fuckés. Lui, le gars qui ressemblait à un cure-dent recouvert d'une couche de cérumen en guise de cheveux, lui c'était la bière. Elle, qui ressemblait à un cactus qui aurait pris de l'humidité, elle était toujours sur les pilules. Un couple maudit comme on en voit d'autres dans ce quartier-là.
Ce soir-là, nos deux énergumènes y mirent le paquet pour leurs deux hosties de tranches de jambon cuit, prétexte pour baiser mal sale, peut-être, comme d'habitude. Et demain, menouche, menouche, smack, smack, mon amour, main dans la main comme deux hosties de frostés qui gazouillent l'amour au printemps hâtif.
-Ej'veux mes deux tranches de jambon cuit! Ouvre-moé 'a porte beubé! Ouvre-moé don' là!!!
-Va chier!
Évidemment, les voisins en avaient plein le cul. Surtout ceux qui se situaient au même palier, juste à côté. Et aussi tous les autres qui ne se plaignaient pas, qui enduraient sans rien dire, par une forme de fatalité, celle de vivre dans un quartier pauvre sans doute.
Les voisins du palier, c'était les Grimousier, des Français de France qui en avaient vu d'autres mais qui, cette fois-là, n'en pouvaient plus.
-Putain! Cela fait une semaine qu'ils te font de ces boucans dans leur piaule de mes deux! J'm'en vais leur foutre les flics au cul, moi, taberna-cleuuu!!! qu'il disait, Victor Grimousier, informaticien, avant que d'appeler les flics.
Il faut dire à la décharge de Grimousier que c'était la centième fois cette année qu'il leur disait sur tous les tons de se fermer la gueule parce qu'eux, les Grimousier, voulaient dormir, entre autres, ou bien faire l'amour sur un concerto de Vivaldi ou bien whatever c'est pas de nos affaires.
Et là, les Grimousier devaient gérer cette histoire de tranches de jambon cuit...
C'était à en hurler de rage.
Les flics se présentèrent, bien sûr. Ils vinrent cogner à la porte des Grimousier pour prendre leur déposition. Entre temps, les deux caves étaient tous les deux étendus sur le plancher de la cuisine en train de se dire des je t'aime mon calice ou des je t'aime mon tabarnak.
-Vous devriez changer de quartier, lui a dit l'agente Gravelle, une petite bouscotte avec des taches de rousseur sur le nez.
-Ah oui? lui a répondu la Grimousier, qu'on n'avait pas entendu jusque là, Julie Grimousier étant une grande brune aux yeux convergents.
-Et dans quel putain d'quartier devrions-nous vivre madame l'agent? ironisa Grimousier. Dans le vôtre sans doute, où il y a des piaules à trois cent milles balles? Hého! Taberna-cleu! Les lois ne s'appliquent pas dans l'quartier des prolos, c'est ça, hein, dites? Et je suis qui moi, Ducon-Lajoie?
Enfin, tout le monde put dormir après cet épisode.
Sauf l'ivrogne, dont le nom nous échappe.
Il se leva du plancher de la cuisine vers les deux heures du matin pour subtiliser ses deux tranches de jambon cuit dans le frigidaire. Puis il s'en alla chez-lui pour se faire un sandwiche parce que sa blonde n'avait pas de pain, seulement ces deux tranches de jambon cuit. Ce qui promettait une nouvelle chicane pour le lendemain, comme d'habitude.
-T'as mangé mes deux tranches de jambon cuit qui m'restait mon hostie de chien!
Oui, on l'imagine déjà en train de gueuler, la folle.
Surtout chez les Grimousier qui, eux aussi, vont bien finir par s'y faire.
À moins que Smart, le voisin d'à côté qui a l'air perdu ne pète les plombs un de ces quatre. Comme l'an dernier quand il avait assommé à coups de tuyau le voisin du haut qui faisait jouer la musique trop fort.
Il n'y a que des tranches de vie dans ce quartier-là. Oui monsieur.
lundi 20 février 2012
La société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis
«Il disait encore: À ceux qui ignorent, enseignez-leur le plus de choses que vous pourrez; la société est coupable de ne pas donner l'instruction gratis; elle répond de la nuit qu'elle produit.»
C'est M. Myriel qui disait ça, l'évêque de Digne dans Les Misérables de Victor Hugo.
Tout ce qui s'est écrit dans ce roman va à l'encontre de la morale des petits-bourgeois et autres petites âmes conservatrices, sinon réactionnaires.
C'est un appel aux lumières, un rappel que la bonté de l'homme peut se trouver chez un ancien forçat, celui-là même qui a volé les chandeliers en or de l'évêque de Digne. C'est ce même Jean Valjean qui récupère une gamine martyrisée par des aubergistes sans coeur qui la traitent comme une esclave. Ce même bougre qui remet un village sur pieds en prodiguant sa générosité et sa passion.
L'inspecteur Javert qui le poursuit, merde d'entre les merdes, ne lui arrive pas à la cheville au plan de la moralité et de l'humanité. Il ressemble à ces militants de droite qui se collent tellement à la loi qu'ils en oublient l'esprit, la constitution ultime, c'est-à-dire l'approbation de la rue.
Ce sont les Jean Valjean et les Gavroche qui font la révolution dans les Misérables. Ce sont les pauvres qui montent les barricades, prennent la rue et s'opposent à la tyrannie.
***
Des jeunes manifestent en ce moment au Québec contre l'augmentation des frais de scolarité.
Je leur donne tort s'ils luttent seulement pour le gel. Je leur donne entièrement raison s'ils réclament l'instruction gratis.
C'est une question de principes.
Si l'on peut envoyer des satellites dans l'espace et vaincre les lois de la gravité, je ne vois pas pourquoi l'on ne serait pas capable de vaincre les présumées lois de l'économie, conneries inventées par des banquiers sans scrupules qui souhaitent s'en mettre plein les poches.
Pas besoin d'avoir lu Karl Marx pour comprendre qu'on se fait tous fourrer par ces discours à sens unique sur l'impossibilité de changer quoi que ce soit. Je préfère Les Misérables au Capital. Chacun son trip. J'y trouve plus de sagesse, somme toute. Plus de poésie.
C'est au nom de cet idéal humaniste d'un gus comme Victor Hugo que je suis en faveur de l'instruction gratis.
L'équipe libérale du Premier ministre du Québec Jean Lesage était une équipe du tonnerre. Ils ont non seulement nationalisé l'électricité, mais promu le principe de l'éducation gratuite pour tous du primaire jusqu'à l'université. C'était des hommes de savoir et de culture, des vrais Rouges, et pas des imitations. Des socialistes qui s'ignoraient sans doute, mais des sages qui ont tiré la province de la noirceur.
Pourquoi faudrait-il revenir en arrière? Et surtout, pour qui devrions-nous reculer? Devant quels asticots ou magiciens d'Oz cachés derrière un écran de fumée devons-nous faire plusieurs pas de reculons, hein?
***
Quand l'inspecteur Javert comprend que Jean Valjean est un homme bon, le pauvre se suicide. Voilà pourquoi la mesquinerie perdure chez les mesquins. Admettre leur mesquinerie mènerait à leur propre anéantissement.
Ce n'est pas la réflexion du siècle, peut-être, mais je n'ai rien trouvé de mieux pour finir.
C'est M. Myriel qui disait ça, l'évêque de Digne dans Les Misérables de Victor Hugo.
Tout ce qui s'est écrit dans ce roman va à l'encontre de la morale des petits-bourgeois et autres petites âmes conservatrices, sinon réactionnaires.
C'est un appel aux lumières, un rappel que la bonté de l'homme peut se trouver chez un ancien forçat, celui-là même qui a volé les chandeliers en or de l'évêque de Digne. C'est ce même Jean Valjean qui récupère une gamine martyrisée par des aubergistes sans coeur qui la traitent comme une esclave. Ce même bougre qui remet un village sur pieds en prodiguant sa générosité et sa passion.
L'inspecteur Javert qui le poursuit, merde d'entre les merdes, ne lui arrive pas à la cheville au plan de la moralité et de l'humanité. Il ressemble à ces militants de droite qui se collent tellement à la loi qu'ils en oublient l'esprit, la constitution ultime, c'est-à-dire l'approbation de la rue.
Ce sont les Jean Valjean et les Gavroche qui font la révolution dans les Misérables. Ce sont les pauvres qui montent les barricades, prennent la rue et s'opposent à la tyrannie.
***
Des jeunes manifestent en ce moment au Québec contre l'augmentation des frais de scolarité.
Je leur donne tort s'ils luttent seulement pour le gel. Je leur donne entièrement raison s'ils réclament l'instruction gratis.
C'est une question de principes.
Si l'on peut envoyer des satellites dans l'espace et vaincre les lois de la gravité, je ne vois pas pourquoi l'on ne serait pas capable de vaincre les présumées lois de l'économie, conneries inventées par des banquiers sans scrupules qui souhaitent s'en mettre plein les poches.
Pas besoin d'avoir lu Karl Marx pour comprendre qu'on se fait tous fourrer par ces discours à sens unique sur l'impossibilité de changer quoi que ce soit. Je préfère Les Misérables au Capital. Chacun son trip. J'y trouve plus de sagesse, somme toute. Plus de poésie.
C'est au nom de cet idéal humaniste d'un gus comme Victor Hugo que je suis en faveur de l'instruction gratis.
L'équipe libérale du Premier ministre du Québec Jean Lesage était une équipe du tonnerre. Ils ont non seulement nationalisé l'électricité, mais promu le principe de l'éducation gratuite pour tous du primaire jusqu'à l'université. C'était des hommes de savoir et de culture, des vrais Rouges, et pas des imitations. Des socialistes qui s'ignoraient sans doute, mais des sages qui ont tiré la province de la noirceur.
Pourquoi faudrait-il revenir en arrière? Et surtout, pour qui devrions-nous reculer? Devant quels asticots ou magiciens d'Oz cachés derrière un écran de fumée devons-nous faire plusieurs pas de reculons, hein?
***
Quand l'inspecteur Javert comprend que Jean Valjean est un homme bon, le pauvre se suicide. Voilà pourquoi la mesquinerie perdure chez les mesquins. Admettre leur mesquinerie mènerait à leur propre anéantissement.
Ce n'est pas la réflexion du siècle, peut-être, mais je n'ai rien trouvé de mieux pour finir.
dimanche 19 février 2012
La plus haute instance constitutionnelle de notre beau pays
Tout le monde sait ça. La rue est la plus haute instance constitutionnelle de tout pays.
Des vérités comme ça, ça se cachait bien avant.
Plus maintenant.
Des vérités comme ça, ça se cachait bien avant.
Plus maintenant.
vendredi 17 février 2012
Suite d'impressions printanières
Ils sont vingt, cinquante ou cent à piailler dans le grand chêne aux branches verglacées qui déjà ruissellent comme au printemps.
Ce sont de petits oiseaux dont on ne voit que les silhouettes dans un jeu d'ombres chinoises qui tient de l'estampe japonaise.
S'ils étaient cent quatre ou bien quatre-vingt-dix-neuf, ce ne serait pas de la poésie.
***
Ça sent la pisse de chat un peu partout au hasard des rues et ruelle. La brume du port confère des airs de mystère aux aubes du jour. La vapeur des bancs de neige se mélange à l'air condensé du grand fleuve. On apprécie bien l'âme de cette ville qu'à cinq heures du matin.
***
Les giboulées du printemps... Vieille expression lue dans un livre d'enseignement officiel... C'est rare qu'on entend ça. C'est comme pour it's raining cats and dogs. Personne ne parle comme ça en anglais, sauf dans les livres d'enseignement officiel. Les giboulées du printemps...
***
Je joue Le Printemps de Vivaldi sur ma guitare. Oh, c'est presque Le Printemps, à une note près. Et qu'est-ce qu'on en a à foutre, hum? Rien, bien entendu.
Il y a des limites à se croire poète quand on pèse plus de deux cents livres.
Ce sont de petits oiseaux dont on ne voit que les silhouettes dans un jeu d'ombres chinoises qui tient de l'estampe japonaise.
S'ils étaient cent quatre ou bien quatre-vingt-dix-neuf, ce ne serait pas de la poésie.
***
Ça sent la pisse de chat un peu partout au hasard des rues et ruelle. La brume du port confère des airs de mystère aux aubes du jour. La vapeur des bancs de neige se mélange à l'air condensé du grand fleuve. On apprécie bien l'âme de cette ville qu'à cinq heures du matin.
***
Les giboulées du printemps... Vieille expression lue dans un livre d'enseignement officiel... C'est rare qu'on entend ça. C'est comme pour it's raining cats and dogs. Personne ne parle comme ça en anglais, sauf dans les livres d'enseignement officiel. Les giboulées du printemps...
***
Je joue Le Printemps de Vivaldi sur ma guitare. Oh, c'est presque Le Printemps, à une note près. Et qu'est-ce qu'on en a à foutre, hum? Rien, bien entendu.
Il y a des limites à se croire poète quand on pèse plus de deux cents livres.
mercredi 15 février 2012
Il jouait de l'harmonica à cinq heures du matin dans le quartier Saint-Roch
Je joue de l'harmonica. Pas trop mal. Enfin, je crois. J'écoute un truc et je le reproduis presque spontanément, à quelques notes mineures près.
Mais je ne veux pas vous parler de moi, voyons. Je vous respecte beaucoup trop. Aussi, je vais vous parler d'un autre harmoniciste, anonyme celui-là. Cette anecdote va compenser mon entrée en matière narcissique. C'était pour me fondre à la mode du jour. C'est in de s'afficher un gros ego nul à chier. Surtout quand on n'a rien de substantiel à raconter.
Aussi, je vais vous raconter l'histoire de cet harmoniciste anonyme. On ajoutera ce texticule au répertoire des contes de langue françoise un jour et cela fera le plaisir de quelque amateur de langues mortes du futur.
Il jouait de l'harmonica à cinq heures du matin dans le quartier Saint-Roch (NDLA: c'est le titre)
C'était vers cinq heures le matin, un matin d'automne, sur la rue St-Roch, au coeur de la Basse-Ville de Québec.
Je m'en allais travailler, traînant mon ego de gars qui avait besoin d'un bon café. Et on s'en achetait toujours du très bon à ma job. Aussi, je m'en allais d'un pas allègre vers un travail où les jours s'écoulaient paisiblement dans une atmosphère de bonne camaraderie.
Soudain, je croise l'harmoniciste anonyme.
Il ressemble à un type qui n'a plus toute sa tête mais encore toutes ses oreilles. Il ressemble vaguement à Bourvil en deux fois plus petit et une fois plus large. Ses cheveux de paille sont éméchés et sa barbe a bien plus que trois jours. Et il souffle à pleins poumons dans son harmonica. Il souffle un air rapide et incompréhensible que je n'arrive même pas à décoder. C'est comme La chevauchée des Valkyries en trois fois soixante-dix-huit tours.
C'est l'été. Les fenêtres sont ouvertes. Et le sosie de Bourvil s'en soucie peu. Et même qu'il ajoute des paroles à son solo de ruine-babines.
-Ouaaaa! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ouep! Houba! Houba! Mama!
Je viens pour lui donner une piastre. Il s'arrête et me regarde.
-Ej'prends pas l'argent m'sieur... 'ien qu'les cigarettes...
-Je n'ai pas de cigarette...
-D'abord ej'm'en va's prendre l'argent...
L'harmoniciste anonyme a pris l'argent.
Puis il a continué sa chanson en s'accompagnant sur son harmonica, qui était probablement en clé de sol.
-Ouaaaa! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ouep! Houba! Houba! Mama!
Après coup, j'ai remarqué que le pauvre homme ne m'avait même pas mendié.
Ça s'est passé tout naturellement dans ma tête.
Pas parce que je suis si bon que ça.
Seulement parce que cet harmoniciste anonyme avait une technique infaillible pour se faire une piastre à cinq heures du matin.
Mais je ne veux pas vous parler de moi, voyons. Je vous respecte beaucoup trop. Aussi, je vais vous parler d'un autre harmoniciste, anonyme celui-là. Cette anecdote va compenser mon entrée en matière narcissique. C'était pour me fondre à la mode du jour. C'est in de s'afficher un gros ego nul à chier. Surtout quand on n'a rien de substantiel à raconter.
Aussi, je vais vous raconter l'histoire de cet harmoniciste anonyme. On ajoutera ce texticule au répertoire des contes de langue françoise un jour et cela fera le plaisir de quelque amateur de langues mortes du futur.
Il jouait de l'harmonica à cinq heures du matin dans le quartier Saint-Roch (NDLA: c'est le titre)
C'était vers cinq heures le matin, un matin d'automne, sur la rue St-Roch, au coeur de la Basse-Ville de Québec.
Je m'en allais travailler, traînant mon ego de gars qui avait besoin d'un bon café. Et on s'en achetait toujours du très bon à ma job. Aussi, je m'en allais d'un pas allègre vers un travail où les jours s'écoulaient paisiblement dans une atmosphère de bonne camaraderie.
Soudain, je croise l'harmoniciste anonyme.
Il ressemble à un type qui n'a plus toute sa tête mais encore toutes ses oreilles. Il ressemble vaguement à Bourvil en deux fois plus petit et une fois plus large. Ses cheveux de paille sont éméchés et sa barbe a bien plus que trois jours. Et il souffle à pleins poumons dans son harmonica. Il souffle un air rapide et incompréhensible que je n'arrive même pas à décoder. C'est comme La chevauchée des Valkyries en trois fois soixante-dix-huit tours.
C'est l'été. Les fenêtres sont ouvertes. Et le sosie de Bourvil s'en soucie peu. Et même qu'il ajoute des paroles à son solo de ruine-babines.
-Ouaaaa! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ouep! Houba! Houba! Mama!
Je viens pour lui donner une piastre. Il s'arrête et me regarde.
-Ej'prends pas l'argent m'sieur... 'ien qu'les cigarettes...
-Je n'ai pas de cigarette...
-D'abord ej'm'en va's prendre l'argent...
L'harmoniciste anonyme a pris l'argent.
Puis il a continué sa chanson en s'accompagnant sur son harmonica, qui était probablement en clé de sol.
-Ouaaaa! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ej'su's tout nu dans 'a rue pis j'ai p'us rrrrien! Ouep! Houba! Houba! Mama!
Après coup, j'ai remarqué que le pauvre homme ne m'avait même pas mendié.
Ça s'est passé tout naturellement dans ma tête.
Pas parce que je suis si bon que ça.
Seulement parce que cet harmoniciste anonyme avait une technique infaillible pour se faire une piastre à cinq heures du matin.
mardi 14 février 2012
La Saint-Valentin beurrée de chocolat de Beurt Legalet
Ça fait bien quarante-huit ans que Beurt Legalet est célibataire. Disons plutôt qu'il est vierge.
Le jour de la Saint-Valentin, il s'achète des chocolats et se réfugie chez-lui pour embrasser son oreiller en s'imaginant que c'est une princesse. Son oreiller est beurré de chocolat le lendemain, mais bon, on a déjà vu pire comme péché.
Même ses rêves sont chastes.
-Ej'préfère être tout seul, qu'il dit souvent, parce que je suis laid.
Sacré Beurt Legalet! C'est vrai qu'il est laid. Mais y'a des laids qui sont matchés, direz-vous. Oui, on peut dire ça, mais les laids timides sont encore plus mal pris, vous le savez bien. Et Beurt Legalet, eh bien, c'est justement un laid timide...
Et Beurt se propose ce soir de vivre une autre hostie de Saint-Valentin!
lundi 13 février 2012
Bob Bibeau rencontre Robert Bibeau et le prend par surprise
Robert Bibeau alias Bob Bibeau n'est pas du genre à se prendre au sérieux. Et c'est bien dommage pour les autres. Enfin, pour ceux qui lèvent le nez sur ce genre d'attitude.
Il a l'air jovial, Bob Bibeau. Ses grosses lunettes rondes et ses grosses joues... Franchement Bob Bibeau a l'air d'un vrai clown. Et c'est un drôle de numéro, c'est certain. On n'en trouve pas des tas comme lui.
Ces temps-ci, Bob Bibeau en arrache pour arriver. Son chèque de chômage est retardé pour ixe raison. Et il est sur le bord de manger le mastic qui tient les fenêtres.
Bob a tout essayé pour se trouver une djiobbe au cours des derniers jours et rien, non, rien de rien... Il a parcouru la ville d'un bout à l'autre pour remettre ses cévés en mains propres ou bien en mains sales. Tout le monde se crisse de lui.
-Bonjour je suis Robert Bibeau et j'aimerais postuler pour n'importe quel poste dans votre entreprise... j'attends mon chèque de chômage... pis je crève de faim...
Cette stratégie ne semble pas être la bonne puisqu'il n'obtient aucune entrevue, même pour travailler dans les fastes foudes. En ces jours néfastes, Bob Bibeau se souvient des conseils de Rita Lampron, responsable du chômage payée par l'État, qui lui a dit la semaine passée que le chômage cela ne signifiait pas d'être payé par l'État toute sa vie.
-Il faut que vous osiez m'sieur Bibeau. Moé mon beau-frère s'est trouvé une djiobbe en fonçant... Faut foncer m'sieur Bibeau... Faut pas vivre aux crochets de l'État... L'État, c'est toutte nous z'autres qui payons pour ça!
Sacré Rita Lampron! Une djiobbe avec six semaines de vacances payées plus les massothérapies et tout le tralala des apparatchiks locaux...
Foncer... Oui, Bob Bibeau va foncer et se trouver une djiobbe de bon à rien comme celle de cette sacrée Rita Lampron.
Mais comment faire? En consultant le ouèbe c't'affaire!
Bob Bibeau se rend à la bibliothèque municipale et se réserve une session d'Internet gratuite. Puis il va sur Google et il tape Robert Bibeau, rien que pour voir. Les résultats de recherche le renvoient tous vers un homonyme qui pratique le golf lors de tel tournoi de notables et qui, comme par miracle, est responsable des ressources humaines au bureau de chômage.
Bob Bibeau fait tout de suite le lien avec ce Robert Bibeau sorti presque de nulle part. Ce bon Robert Bibeau va lui trouver une djiobbe.
-Je dois absolument rencontrer ce Robert Bibeau. Je vais le prendre par surprise... oui...
Bob se met sur son trente-six pour cette entrevue improvisée qui témoignera qu'il est un fonceur.
Bibeau entoure le col de sa belle chemise hawaïenne bleue d'un noeud papillon à pois jaune. Puis il se détartre les dents d'un coup de langue et en avant l'aventure!
-On ne pourra pas dire que je ne suis pas original!
Puis Robert Bob Bibeau fonce sur le bureau de Robert Bibeau, un type plutôt malingre, pas très malin et même un peu mesquin. Rien de jovial. Rien qu'une boule de ressentiment.
-Qui êtes-vous? Qu'est-ce que vous faites dans mon bureau? Qui vous a dit d'entrer?
-Il faut foncer dans la vie, m'sieur Robert Bibeau, je me présente, puisque je m'appelle moi-même Robert Bibeau... Regardez ici, en haut, sur mon cévé: Robert Bibeau... J'suis au chômage et ej'crève de faim. Et comme vous êtes responsable du chômage... ahem... responsable de l'embauche au chômage... et que vous vous appelez Robert Bibeau, comme moi... ahem... On pourrait s'entendre, hum?
-De grâce... Prenez rendez-vous avant de vous présenter ici... On n'est pas à l'étable ici, compris?
-Ej'veux une djiobbe calice! Ej'crève de faim! Mon chèque de chômage est en r'tard! que lui répond Bob Bibeau en désespoir de cause.
L'autre Robert Bibeau ne fronce même pas un sourcil. Il conserve cet air froid et indifférent de tous ceux qui sont payés par l'État pour s'amuser des chômeurs, comme ce pauvre Bob Bibeau, qui s'est présenté à lui d'un coeur pur, avec de nobles intentions pour servir le chômage, comme cette sacrée Rita Lampron, tiens, ou n'importe quel autre fonctionnaire qui travaille dans cette ville: avoir une djiobbe pour la vie...
Robert Bob Bibeau est donc retourné chez-lui, dépité, comme d'habitude, et sans djobbe.
-Qu'est-cé que j'va's avoir à inventer demain pour arrêter d'crever d'faim sacrament!!! qu'il s'est dit en lui-même, même s'il semble que tous ses voisins l'aient entendu.
Non, il n'y a pas de place nulle part pour tous les Bob Bibeau de ce monde.
Il a l'air jovial, Bob Bibeau. Ses grosses lunettes rondes et ses grosses joues... Franchement Bob Bibeau a l'air d'un vrai clown. Et c'est un drôle de numéro, c'est certain. On n'en trouve pas des tas comme lui.
Ces temps-ci, Bob Bibeau en arrache pour arriver. Son chèque de chômage est retardé pour ixe raison. Et il est sur le bord de manger le mastic qui tient les fenêtres.
Bob a tout essayé pour se trouver une djiobbe au cours des derniers jours et rien, non, rien de rien... Il a parcouru la ville d'un bout à l'autre pour remettre ses cévés en mains propres ou bien en mains sales. Tout le monde se crisse de lui.
-Bonjour je suis Robert Bibeau et j'aimerais postuler pour n'importe quel poste dans votre entreprise... j'attends mon chèque de chômage... pis je crève de faim...
Cette stratégie ne semble pas être la bonne puisqu'il n'obtient aucune entrevue, même pour travailler dans les fastes foudes. En ces jours néfastes, Bob Bibeau se souvient des conseils de Rita Lampron, responsable du chômage payée par l'État, qui lui a dit la semaine passée que le chômage cela ne signifiait pas d'être payé par l'État toute sa vie.
-Il faut que vous osiez m'sieur Bibeau. Moé mon beau-frère s'est trouvé une djiobbe en fonçant... Faut foncer m'sieur Bibeau... Faut pas vivre aux crochets de l'État... L'État, c'est toutte nous z'autres qui payons pour ça!
Sacré Rita Lampron! Une djiobbe avec six semaines de vacances payées plus les massothérapies et tout le tralala des apparatchiks locaux...
Foncer... Oui, Bob Bibeau va foncer et se trouver une djiobbe de bon à rien comme celle de cette sacrée Rita Lampron.
Mais comment faire? En consultant le ouèbe c't'affaire!
Bob Bibeau se rend à la bibliothèque municipale et se réserve une session d'Internet gratuite. Puis il va sur Google et il tape Robert Bibeau, rien que pour voir. Les résultats de recherche le renvoient tous vers un homonyme qui pratique le golf lors de tel tournoi de notables et qui, comme par miracle, est responsable des ressources humaines au bureau de chômage.
Bob Bibeau fait tout de suite le lien avec ce Robert Bibeau sorti presque de nulle part. Ce bon Robert Bibeau va lui trouver une djiobbe.
-Je dois absolument rencontrer ce Robert Bibeau. Je vais le prendre par surprise... oui...
Bob se met sur son trente-six pour cette entrevue improvisée qui témoignera qu'il est un fonceur.
Bibeau entoure le col de sa belle chemise hawaïenne bleue d'un noeud papillon à pois jaune. Puis il se détartre les dents d'un coup de langue et en avant l'aventure!
-On ne pourra pas dire que je ne suis pas original!
Puis Robert Bob Bibeau fonce sur le bureau de Robert Bibeau, un type plutôt malingre, pas très malin et même un peu mesquin. Rien de jovial. Rien qu'une boule de ressentiment.
-Qui êtes-vous? Qu'est-ce que vous faites dans mon bureau? Qui vous a dit d'entrer?
-Il faut foncer dans la vie, m'sieur Robert Bibeau, je me présente, puisque je m'appelle moi-même Robert Bibeau... Regardez ici, en haut, sur mon cévé: Robert Bibeau... J'suis au chômage et ej'crève de faim. Et comme vous êtes responsable du chômage... ahem... responsable de l'embauche au chômage... et que vous vous appelez Robert Bibeau, comme moi... ahem... On pourrait s'entendre, hum?
-De grâce... Prenez rendez-vous avant de vous présenter ici... On n'est pas à l'étable ici, compris?
-Ej'veux une djiobbe calice! Ej'crève de faim! Mon chèque de chômage est en r'tard! que lui répond Bob Bibeau en désespoir de cause.
L'autre Robert Bibeau ne fronce même pas un sourcil. Il conserve cet air froid et indifférent de tous ceux qui sont payés par l'État pour s'amuser des chômeurs, comme ce pauvre Bob Bibeau, qui s'est présenté à lui d'un coeur pur, avec de nobles intentions pour servir le chômage, comme cette sacrée Rita Lampron, tiens, ou n'importe quel autre fonctionnaire qui travaille dans cette ville: avoir une djiobbe pour la vie...
Robert Bob Bibeau est donc retourné chez-lui, dépité, comme d'habitude, et sans djobbe.
-Qu'est-cé que j'va's avoir à inventer demain pour arrêter d'crever d'faim sacrament!!! qu'il s'est dit en lui-même, même s'il semble que tous ses voisins l'aient entendu.
Non, il n'y a pas de place nulle part pour tous les Bob Bibeau de ce monde.
vendredi 10 février 2012
La vie est une suite de hasards aux liens ténus
La vie est une suite de hasards aux liens ténus. La vie tourne sur un dix cents, comme on dit par chez-nous. Ou bien sur un deux piastres. Je ne sais pas trop.
C'était en 2001, l'année de mon Odyssée de l'espace.
Je rencontre un gars qui vend des sites ouèbes aux entreprises. Il a un projet pour faire travailler du monde et il aimerait que ce soit des gens de la rue, parce qu'il mendiait sur la rue deux ans avant que je ne rencontre ce gars devenu prospère.
Il avait cet air pressé de tous les businessman mais on sentait une certaine chaleur humaine, bien que son bureau était dans un sous-sol sans fenêtre. Il n'y avait pas de décoration ni de papiers. Seulement un bureau, deux chaises roulantes et une table. Des murs blancs. Rien. Sinon cet ordinateur qui l'avait tiré de la misère et de la pauvreté. Quant au gars, il ressemblait à Tom Cruise qui aurait bu trop de café et aurait de puissantes poches de thé sous les yeux. Il devait travailler trop.
-Y'a à peine deux ans j'mendiais à Montréal, mon chum... Gaston qu'tu t'appelles?
-Non. Gaétan.
-Ok Gate. Ben là, Gate, j'me suis sorti d'la marde. Les affaires vont ben. Pis j'pourrais faire travailler les jeunes qui veulent s'en sortir... Y'en a dans ton local qui s'cherchent d'la job, hein? Ben, cré moé, i' vont arrêter d'crever d'faim... I' pourraient faire neuf à dix piastres de l'heure juste en faisant du placement d'produits pour moé sur le ouèbe... J'les f'rais tchatter toute la journée pis j'leu' r'filerais un chèque avant 'a fin d'la semaine toé chose... Pis money talks buddy. They're gonna become winners, all of 'em dude! I' passeront p'us pour des fucking losers qui quêtent su' 'a rue ou ben don' qu'i' font du squeegee... Ç'pas une vie ça tabarnak! Comment c'qu'tu veux awouère une famille pis nourrir des enfants, hein? En plus, moé j'm'en crisse qu'i' z'ayent des anneaux dans l'nez pis toutte le kit. En arrière d'un ordi, on s'en crisse de c'que t'as d'l'air. Le principal c'est qu't'allumes... Pis ces jeunes crisses-là apprennent ben plus vite les nouvelles technos, man... Moé j'me dis qu'c'est une win-win situation. Tout l'monde gagne, même les skouidjis.
Son speech était tel que tel. Mais il m'a convaincu d'en apprendre un peu plus sur le clavardage et le placement de produits. Ce qui fait que je me suis amusé à parler avec des Russes, des Mongols, des Australiens et des Martiens. Je riais à m'en péter les côtes.
Un peu plus tard, je rencontre une femme sur le ouèbe, pour la rigolade encore une fois. On en rigole un coup et on se fixe un rendez-vous. On va prendre un café et mettons que ça n'engage à rien.
C'était le 10 février 2001. Par un jour de verglas. Le pont Laviolette était couvert de glace.On s'est rencontré. On n'a même pas pris de café. Ce fût le coup de foudre. Bedang! Crack! Boum!
Je ne vous raconterai pas tous les détails de cette histoire. Peut-être ma blonde le fera-t-elle un jour.
Ce petit café qui n'engageait à rien est devenu quelque chose comme un amour qui ne s'est jamais tari depuis.
Et tout ça parce qu'il y a eu ce gars qui vendait des sites Internet, dont le nom m'échappe.
Sans lui, je n'aurais jamais eu la curiosité de tchatter. Cela m'était indifférent.
Le plus drôle, c'est que cela m'est indifférent depuis presque dix ans. Et c'est idem pour ma blonde. On a su ce que c'était et on s'est mis à préférer écouter des vidéos sur YouTube, mettons.
Sans ce gars-là, je n'aurais jamais rencontré ma blonde, l'amour de ma vie.
La vie est curieusement faite.
Elle est une suite d'enchaînements qui n'en sont pas au moment où ils se produisent.
Je ne savais pas que ce gars-là qui vendait des sites web me dirigerait vers elle, ma belle blablonde d'amourrrrr-euh!
Et pour ce qui est des skouidjis ils n'ont rien voulu savoir de son projet.
-C'est trop capitalisse man. Fuck le capitalisse! qu'ils m'ont à peu près répondus.
Et c'est encore plus phoqué que je ne croyais puisque même sans eux, eh bien je n'aurais pas rencontré ma blonde itou...
Passons plutôt aux choses sérieuses.
Nous sommes toujours ensemble, moi et ma blonde, et on s'aime encore en ce 10 février 2012. Onze ans et c'est comme si c'était hier. Oua. Y'a rien de mieux que l'amour, croyez-moi.
***
Je t'aime Carole.
C'était en 2001, l'année de mon Odyssée de l'espace.
Je rencontre un gars qui vend des sites ouèbes aux entreprises. Il a un projet pour faire travailler du monde et il aimerait que ce soit des gens de la rue, parce qu'il mendiait sur la rue deux ans avant que je ne rencontre ce gars devenu prospère.
Il avait cet air pressé de tous les businessman mais on sentait une certaine chaleur humaine, bien que son bureau était dans un sous-sol sans fenêtre. Il n'y avait pas de décoration ni de papiers. Seulement un bureau, deux chaises roulantes et une table. Des murs blancs. Rien. Sinon cet ordinateur qui l'avait tiré de la misère et de la pauvreté. Quant au gars, il ressemblait à Tom Cruise qui aurait bu trop de café et aurait de puissantes poches de thé sous les yeux. Il devait travailler trop.
-Y'a à peine deux ans j'mendiais à Montréal, mon chum... Gaston qu'tu t'appelles?
-Non. Gaétan.
-Ok Gate. Ben là, Gate, j'me suis sorti d'la marde. Les affaires vont ben. Pis j'pourrais faire travailler les jeunes qui veulent s'en sortir... Y'en a dans ton local qui s'cherchent d'la job, hein? Ben, cré moé, i' vont arrêter d'crever d'faim... I' pourraient faire neuf à dix piastres de l'heure juste en faisant du placement d'produits pour moé sur le ouèbe... J'les f'rais tchatter toute la journée pis j'leu' r'filerais un chèque avant 'a fin d'la semaine toé chose... Pis money talks buddy. They're gonna become winners, all of 'em dude! I' passeront p'us pour des fucking losers qui quêtent su' 'a rue ou ben don' qu'i' font du squeegee... Ç'pas une vie ça tabarnak! Comment c'qu'tu veux awouère une famille pis nourrir des enfants, hein? En plus, moé j'm'en crisse qu'i' z'ayent des anneaux dans l'nez pis toutte le kit. En arrière d'un ordi, on s'en crisse de c'que t'as d'l'air. Le principal c'est qu't'allumes... Pis ces jeunes crisses-là apprennent ben plus vite les nouvelles technos, man... Moé j'me dis qu'c'est une win-win situation. Tout l'monde gagne, même les skouidjis.
Son speech était tel que tel. Mais il m'a convaincu d'en apprendre un peu plus sur le clavardage et le placement de produits. Ce qui fait que je me suis amusé à parler avec des Russes, des Mongols, des Australiens et des Martiens. Je riais à m'en péter les côtes.
Un peu plus tard, je rencontre une femme sur le ouèbe, pour la rigolade encore une fois. On en rigole un coup et on se fixe un rendez-vous. On va prendre un café et mettons que ça n'engage à rien.
C'était le 10 février 2001. Par un jour de verglas. Le pont Laviolette était couvert de glace.On s'est rencontré. On n'a même pas pris de café. Ce fût le coup de foudre. Bedang! Crack! Boum!
Je ne vous raconterai pas tous les détails de cette histoire. Peut-être ma blonde le fera-t-elle un jour.
Ce petit café qui n'engageait à rien est devenu quelque chose comme un amour qui ne s'est jamais tari depuis.
Et tout ça parce qu'il y a eu ce gars qui vendait des sites Internet, dont le nom m'échappe.
Sans lui, je n'aurais jamais eu la curiosité de tchatter. Cela m'était indifférent.
Le plus drôle, c'est que cela m'est indifférent depuis presque dix ans. Et c'est idem pour ma blonde. On a su ce que c'était et on s'est mis à préférer écouter des vidéos sur YouTube, mettons.
Sans ce gars-là, je n'aurais jamais rencontré ma blonde, l'amour de ma vie.
La vie est curieusement faite.
Elle est une suite d'enchaînements qui n'en sont pas au moment où ils se produisent.
Je ne savais pas que ce gars-là qui vendait des sites web me dirigerait vers elle, ma belle blablonde d'amourrrrr-euh!
Et pour ce qui est des skouidjis ils n'ont rien voulu savoir de son projet.
-C'est trop capitalisse man. Fuck le capitalisse! qu'ils m'ont à peu près répondus.
Et c'est encore plus phoqué que je ne croyais puisque même sans eux, eh bien je n'aurais pas rencontré ma blonde itou...
Passons plutôt aux choses sérieuses.
Nous sommes toujours ensemble, moi et ma blonde, et on s'aime encore en ce 10 février 2012. Onze ans et c'est comme si c'était hier. Oua. Y'a rien de mieux que l'amour, croyez-moi.
***
Je t'aime Carole.
jeudi 9 février 2012
Dix conseils pour la mode en 2012!!!
Je vais lire de temps à autres sur ***. On se croirait en religion. Chez les spiritueux, on dit par exemple les trois voies du salut, les huit sentiers de la délivrance ou bien les dix commandements. Sur ***, eh bien ce sont les trois manières de se trouver un bon shampoing, les huit remèdes à la peau sèche ou bien les dix conseils pour la mode en 2012. C'est tout aussi poche et vaporeux. Il y a des tas de gens qui savent rire et bien écrire. Et *** fait la promotion des plus calculateurs du genre qui vous pondent des trucs nuls à chier.
Bon, je vais écrire à leur manière, juste pour voir si cela peut boucler mes fins de mois, tiens.
Je faire parvenir ce texte à leur chef de pupitre et je vous reviens avec des nouvelles.
***
Mes dix conseils pour la mode en 2012
Par Gaétan Bouchard, calculateur de conseils
1- Calissez-vous de la mode, en 2012 comme en 2023.
2- Les filles maigres qui deviennent mannequins c'est le reflet d'une culture de marde qui fait tripper quelques bourgeois et puis c'est tout. La plupart du monde s'en crisse. Ils remplissent leur frigidaire. C'est bien assez. Alors crissez vous en donc vous aussi, hein, pourquoi pas?
3- Portez des trucs où ne figurent ni logo ni message. Ne devenez pas un homme-sandwich bénévole.
4- S'habiller sobrement, quand on est obélisquoforme, eh bien cela tient presque du bon goût.
5- Si les mannequins portent pour chapeau un poisson pourri en 2012, vous n'êtes pas tenus de faire pareil, que vous soyez homme ou femme. Envoyez-leur plutôt de la nourriture pour les soutenir dans leur lutte contre ceux qui les charcutent avec une délectation morbide.
6- Ouvrir les fenêtres, même l'hiver, ne serait-ce qu'une ou deux minutes, permet de bien faire ventiler la maison. Cela n'a rien à voir avec la mode, mais c'est tout de même un bon conseil pour ne pas avoir à respirer de l'air vicié.
7- On ne devrait jamais porter du noir l'été, c'est trop chaud.
8- Les incontinents ne doivent pas porter de pantalons bleu pale cette année.
9- Honni soit qui mal y pense. Je pense que c'est la devise d'un roi. Lequel? Cela ne me tente même pas de googler. Même un singe sait faire ça.
10- J'ai mes 400 mots. Veuillez déposer l'argent dans mon compte. Merci.
____
*** Je ne vous dirai pas c'est qui, non, même en privé.
Bon, je vais écrire à leur manière, juste pour voir si cela peut boucler mes fins de mois, tiens.
Je faire parvenir ce texte à leur chef de pupitre et je vous reviens avec des nouvelles.
***
Mes dix conseils pour la mode en 2012
Par Gaétan Bouchard, calculateur de conseils
1- Calissez-vous de la mode, en 2012 comme en 2023.
2- Les filles maigres qui deviennent mannequins c'est le reflet d'une culture de marde qui fait tripper quelques bourgeois et puis c'est tout. La plupart du monde s'en crisse. Ils remplissent leur frigidaire. C'est bien assez. Alors crissez vous en donc vous aussi, hein, pourquoi pas?
3- Portez des trucs où ne figurent ni logo ni message. Ne devenez pas un homme-sandwich bénévole.
4- S'habiller sobrement, quand on est obélisquoforme, eh bien cela tient presque du bon goût.
5- Si les mannequins portent pour chapeau un poisson pourri en 2012, vous n'êtes pas tenus de faire pareil, que vous soyez homme ou femme. Envoyez-leur plutôt de la nourriture pour les soutenir dans leur lutte contre ceux qui les charcutent avec une délectation morbide.
6- Ouvrir les fenêtres, même l'hiver, ne serait-ce qu'une ou deux minutes, permet de bien faire ventiler la maison. Cela n'a rien à voir avec la mode, mais c'est tout de même un bon conseil pour ne pas avoir à respirer de l'air vicié.
7- On ne devrait jamais porter du noir l'été, c'est trop chaud.
8- Les incontinents ne doivent pas porter de pantalons bleu pale cette année.
9- Honni soit qui mal y pense. Je pense que c'est la devise d'un roi. Lequel? Cela ne me tente même pas de googler. Même un singe sait faire ça.
10- J'ai mes 400 mots. Veuillez déposer l'argent dans mon compte. Merci.
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*** Je ne vous dirai pas c'est qui, non, même en privé.
mercredi 8 février 2012
Une nuit de pleine lune à l'hôpital
Évidemment, c'est le genre d'histoires qui se produisent à la pleine lune, autrement on ne s'en étonnerait pas. Et encore faut-il que le ciel soit dégagé la nuit pour que la lune produise pleinement son effet sur les marées cérébrales. Alors tout homme plus ou moins bien équilibré capte un nouveau poste. Un poste où le lunatique peut avoir la sensation qu'il capte enfin tous les postes. Et c'est là que les fusibles sautent. Et ce sont ces nuits-là où l'on assiste à toutes sortes de débordements. Surtout dans les hôpitaux.
Cette nuit-là tous les patients hurlaient sur le département de gériatrie. Mais personne ne hurlait autant que ce petit monsieur d'à peine cent dix livres qui venait d'être transféré du bloc opératoire.
Le monsieur dans la soixantaine avait fait un ACV et il avait manqué d'oxygène au cerveau. Ce qui fait qu'il était revenu sous une autre forme qui n'était plus lui-même. Sa femme et ses enfants disaient que c'était un homme calme, doux, tendre. Et depuis l'ACV, il hurlait comme un damné, crachait au visage des visiteurs, secouait ses contentions, menaçait encore de se commettre un autre infarctus.
Il disait toutes sortes d'incongruités et aucun médicament n'arrivait à l'assommer.
-Vous êtes des hosties d'chiens sales! Mon cabanon tabarnak! Vous êtes rentrés d'dans avec votre Dodge mes saint-chrêmes! Sortez-moé d'icitte que j'aille chez mon frère Roland pour y acheter du sirop pour ma tante Georgina! Ah pis j'ai des coquerelles dans les yeux! Oubliez l'eau de Vichy! C'est quoi ça du boeuf storgonoche? J'ai envie d'caca! Passez-moé l'annuaire pour que je tchèque mon billet d'sissequaranteneuffe. Heille! Fido! J't'ai dit d'pas japper! J'entends des mouches! Oua! L'asphalte est asphalté sacrament!
On n'y comprenait rien. Il avait les yeux révulsés et ses nerfs étaient tellement tendus que le lit levait presque sous ses spasmes.
C'était la pleine lune. Ses fils, ses filles et sa femme veillaient sur lui à tour de rôle.
Il mourut au matin. Les médecins n'y purent rien.
Moi et Bernie avons lavé le corps puis l'avons placé sur la civière sans l'envelopper dans un linceul. On l'a recouvert d'un drap et on l'a emmené tout simplement à la morgue.
Il avait les yeux encore révulsés. Et sa langue pendait.
C'était la pleine lune. Et la nuit était loin d'être terminée.
Cette nuit-là tous les patients hurlaient sur le département de gériatrie. Mais personne ne hurlait autant que ce petit monsieur d'à peine cent dix livres qui venait d'être transféré du bloc opératoire.
Le monsieur dans la soixantaine avait fait un ACV et il avait manqué d'oxygène au cerveau. Ce qui fait qu'il était revenu sous une autre forme qui n'était plus lui-même. Sa femme et ses enfants disaient que c'était un homme calme, doux, tendre. Et depuis l'ACV, il hurlait comme un damné, crachait au visage des visiteurs, secouait ses contentions, menaçait encore de se commettre un autre infarctus.
Il disait toutes sortes d'incongruités et aucun médicament n'arrivait à l'assommer.
-Vous êtes des hosties d'chiens sales! Mon cabanon tabarnak! Vous êtes rentrés d'dans avec votre Dodge mes saint-chrêmes! Sortez-moé d'icitte que j'aille chez mon frère Roland pour y acheter du sirop pour ma tante Georgina! Ah pis j'ai des coquerelles dans les yeux! Oubliez l'eau de Vichy! C'est quoi ça du boeuf storgonoche? J'ai envie d'caca! Passez-moé l'annuaire pour que je tchèque mon billet d'sissequaranteneuffe. Heille! Fido! J't'ai dit d'pas japper! J'entends des mouches! Oua! L'asphalte est asphalté sacrament!
On n'y comprenait rien. Il avait les yeux révulsés et ses nerfs étaient tellement tendus que le lit levait presque sous ses spasmes.
C'était la pleine lune. Ses fils, ses filles et sa femme veillaient sur lui à tour de rôle.
Il mourut au matin. Les médecins n'y purent rien.
Moi et Bernie avons lavé le corps puis l'avons placé sur la civière sans l'envelopper dans un linceul. On l'a recouvert d'un drap et on l'a emmené tout simplement à la morgue.
Il avait les yeux encore révulsés. Et sa langue pendait.
C'était la pleine lune. Et la nuit était loin d'être terminée.
mardi 7 février 2012
La légende bien vivante de Jos Pioui, alias l'Indien
Les quartiers pauvres sont remplis de personnes plus ou moins en-dehors de la norme, tant pour la forme que pour le langage.
En fait la norme c'est la bourgeoisie. Une fraction d'une fraction de quelque chose qui commence à ressembler à une poussière. Tout le reste, qu'ils soient des milliards ou pas, on s'en fout. La norme c'est ceux que l'on voit au cinéma ou ceux qui causent sur les ondes officielles en prenant des airs affectés sur des rires qui s'apparentent à de la pose. Ouais, la norme c'est la bourgeoisie. Celle qui fait semblant deuh... depuis toujours ou presque toujours.
Dans les quartiers pauvres, tout est vrai, brut et sincère. C'est rempli d'infirmes et d'éclopés, de gros, de maigres, de laids, de beaux, de n'importe quoi.
Jos Pioui, alias l'Indien, est pas mal magané. C'est comme s'il n'avait pas de tronc, seulement les bras et les jambes. Pioui n'en est pas moins un joueur de hockey fabuleux qui, sur la patinoire du quartier, file comme filait Lafleur le démon blanc des Glorieux du temps où ils remportaient la coupe Stanley.
Pioui peut exécuter toutes sortes de feintes avec son corps disproportionné. Comme il mesure à peine quatre pieds cinq pouces il peut aisément se faufiler entre les jambes de ses adversaires. De reculons, c'est comme s'il tricotait avec ses patins. Oui, Pioui est une vraie merveille sur la glace. Mais comme il est né dans le bas de la ville, on ignore son talent et on le laisse sécher sur la patinoire du quartier, misère de misère sale...
N'empêche que Jos Pioui, alias l'Indien, n'est pas que le meilleur scoreur du Parc des Épinettes. Il est aussi un fin intellectuel qui a lu à peu près tout ce qui se lit en caractères latins. Il a un don pour enregistrer des lectures à une vitesse folle. Et il vous parlerait pendant des heures de tous les liens que ses lectures peuvent avoir entre elles, bien mieux que n'importe quel professeur d'université désabusé ou bien cocaïnomane.
Et on se fout bien de ce talent, bien entendu, parce que Pioui n'a pas de tronc. On a beau dire qu'on est pour l'intégration qu'on voit bien plus d'hommes sans tronc dans les quartiers pauvres. Ou bien des gros, gros, gros. Ou des maigres, maigres, maigres.
Donc, c'est certain que Jos Pioui n'a pas de chance. Pas plus que nous tous qui jouons avec lui au hockey. On parle avec lui de littérature et de femmes. Parce que Pioui, bien entendu, aime bien les femmes. Il en prendrait bien une sans tronc, mais n'aurait pas d'objection à en prendre une avec un tronc, si ça se trouve.
-L'important, c'est d'aimer pis d'être aimé! qu'il dit parfois Jos Pioui, comme nous tous d'ailleurs, en quoi cela n'a rien de très original.
Il a une petite moustache à la Clark Gable, Jos Pioui, et même qu'il lui ressemblerait un peu si ce n'était de l'écart beaucoup trop petit entre ses yeux qui lui donne des airs de mandarin.
Jos Pioui ne travaille pas. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas essayé. On lui trouvait un mauvais caractère. Pioui passait son temps à dire qu'il faut être honnête dans la vie. De quoi se faire virer, c'est certain.
Il était encore là hier soir, sur la patinoire du Parc des Épinettes. Il se pratiquait à snapper des poques sur la bande. Clak! Clak! Il te snappait ça en tabarnak, Jos Pioui, alias l'Indien.
Bien sûr qu'il est différent des autres. Mais nous sommes tous différents des autres dans le quartier. Y'en a un qui lui manque un oeil. L'autre n'a plus d'oreille. Et c'est comme ça. On n'y peut rien. Et personne ne pleure pour autant.
En fait la norme c'est la bourgeoisie. Une fraction d'une fraction de quelque chose qui commence à ressembler à une poussière. Tout le reste, qu'ils soient des milliards ou pas, on s'en fout. La norme c'est ceux que l'on voit au cinéma ou ceux qui causent sur les ondes officielles en prenant des airs affectés sur des rires qui s'apparentent à de la pose. Ouais, la norme c'est la bourgeoisie. Celle qui fait semblant deuh... depuis toujours ou presque toujours.
Dans les quartiers pauvres, tout est vrai, brut et sincère. C'est rempli d'infirmes et d'éclopés, de gros, de maigres, de laids, de beaux, de n'importe quoi.
Jos Pioui, alias l'Indien, est pas mal magané. C'est comme s'il n'avait pas de tronc, seulement les bras et les jambes. Pioui n'en est pas moins un joueur de hockey fabuleux qui, sur la patinoire du quartier, file comme filait Lafleur le démon blanc des Glorieux du temps où ils remportaient la coupe Stanley.
Pioui peut exécuter toutes sortes de feintes avec son corps disproportionné. Comme il mesure à peine quatre pieds cinq pouces il peut aisément se faufiler entre les jambes de ses adversaires. De reculons, c'est comme s'il tricotait avec ses patins. Oui, Pioui est une vraie merveille sur la glace. Mais comme il est né dans le bas de la ville, on ignore son talent et on le laisse sécher sur la patinoire du quartier, misère de misère sale...
N'empêche que Jos Pioui, alias l'Indien, n'est pas que le meilleur scoreur du Parc des Épinettes. Il est aussi un fin intellectuel qui a lu à peu près tout ce qui se lit en caractères latins. Il a un don pour enregistrer des lectures à une vitesse folle. Et il vous parlerait pendant des heures de tous les liens que ses lectures peuvent avoir entre elles, bien mieux que n'importe quel professeur d'université désabusé ou bien cocaïnomane.
Et on se fout bien de ce talent, bien entendu, parce que Pioui n'a pas de tronc. On a beau dire qu'on est pour l'intégration qu'on voit bien plus d'hommes sans tronc dans les quartiers pauvres. Ou bien des gros, gros, gros. Ou des maigres, maigres, maigres.
Donc, c'est certain que Jos Pioui n'a pas de chance. Pas plus que nous tous qui jouons avec lui au hockey. On parle avec lui de littérature et de femmes. Parce que Pioui, bien entendu, aime bien les femmes. Il en prendrait bien une sans tronc, mais n'aurait pas d'objection à en prendre une avec un tronc, si ça se trouve.
-L'important, c'est d'aimer pis d'être aimé! qu'il dit parfois Jos Pioui, comme nous tous d'ailleurs, en quoi cela n'a rien de très original.
Il a une petite moustache à la Clark Gable, Jos Pioui, et même qu'il lui ressemblerait un peu si ce n'était de l'écart beaucoup trop petit entre ses yeux qui lui donne des airs de mandarin.
Jos Pioui ne travaille pas. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas essayé. On lui trouvait un mauvais caractère. Pioui passait son temps à dire qu'il faut être honnête dans la vie. De quoi se faire virer, c'est certain.
Il était encore là hier soir, sur la patinoire du Parc des Épinettes. Il se pratiquait à snapper des poques sur la bande. Clak! Clak! Il te snappait ça en tabarnak, Jos Pioui, alias l'Indien.
Bien sûr qu'il est différent des autres. Mais nous sommes tous différents des autres dans le quartier. Y'en a un qui lui manque un oeil. L'autre n'a plus d'oreille. Et c'est comme ça. On n'y peut rien. Et personne ne pleure pour autant.
lundi 6 février 2012
Fais pas ta prière Tom Douli
Bien sûr que Tom Douli ne pouvait pas tout connaître et tout faire comme du monde.
On ne peut pas dire, par exemple, qu'il laçait ses souliers de façon symétrique. Non, ils étaient toujours mal lacés. Il y avait toujours une grosse boucle qui pendait d'un côté et un long spaghetti de l'autre.
Tout le reste était à l'avenant. Son linge était élimé et sa peau un peu trop grasse. Il mesurait cinq pieds treize pouces et pesait sans doute deux cents livres et trois poussières. Sa barbe était toujours de trois jours et ce n'est pas parce qu'il ne se rasait pas le matin. Son système pileux faisait en sorte qu'il avait toujours une barbe de trois jours douze heures après son rasage matinal. Évidemment, il ressemblait plus à la Bête qu'à la Belle. Et pour le reste, qu'est-ce qu'on en a à foutre de son enveloppe corporelle, hein?
D'autant plus que Tom Douli avait cette très grande qualité d'être avenant. Il se portait au secours de tout un chacun sans sourciller, sans compter, comme si c'était NOR-MAL!
Et ce n'était pas normal. Ce qui fait que Tom Douli était perçu comme un homme très gentil, mais en même temps comme le gus pas mal naïf qu'on arnaque facilement.
Tom Douli s'en sacrait. Il savait qu'Untel lui mentait et que Telle Autre était conne.
Pourtant, c'était dans sa nature de croire en la parole de tout un chacun, même de ceux qui n'en ont pas. C'était comme une manière de les mettre à l'épreuve. Une étrange manière de s'amuser direz-vous avec raison. Néanmoins il faut considérer qu'il n'y a pas grand' chose à faire dans ce coin-là. Aussi Tom Douli, comme plusieurs autres, se distrayait d'un rien et sûrement autant des bons à rien.
Il ne faisait jamais sa prière Tom Douli.
-Pourquoi prier, hein? Je r'garde les nuages, le soleil, l'eau, la terre... Les arbres... Les roches... Pis j'me dis rien. Rien du tout. Rien de rien. J'fais juste être là. Drette là. Juste là. Pis je r'garde mes nuages pis toutte le kit... Pis j'me sens ben... Pis j'me dis aide ton prochain Tom Douli parce qu'on va tous y passer anyway, les drettes comme les gauches... On va tomber comme des mouches... Pis on va se r'garder dans 'es yeux en s'disant rien. Rien du tout. Rien de rien. Juste parce qu'i' faudra être là... Pour la dernière fois... Oua... Mais en attendant, calice, aimons-nous les uns les autres pis fuck le reste!!!
Fuck le reste... Il sacrait beaucoup Tom Douli. Les gens sacrent beaucoup trop. Ils ne devraient pas faire ça. Non. Pas du tout.
On ne peut pas dire, par exemple, qu'il laçait ses souliers de façon symétrique. Non, ils étaient toujours mal lacés. Il y avait toujours une grosse boucle qui pendait d'un côté et un long spaghetti de l'autre.
Tout le reste était à l'avenant. Son linge était élimé et sa peau un peu trop grasse. Il mesurait cinq pieds treize pouces et pesait sans doute deux cents livres et trois poussières. Sa barbe était toujours de trois jours et ce n'est pas parce qu'il ne se rasait pas le matin. Son système pileux faisait en sorte qu'il avait toujours une barbe de trois jours douze heures après son rasage matinal. Évidemment, il ressemblait plus à la Bête qu'à la Belle. Et pour le reste, qu'est-ce qu'on en a à foutre de son enveloppe corporelle, hein?
D'autant plus que Tom Douli avait cette très grande qualité d'être avenant. Il se portait au secours de tout un chacun sans sourciller, sans compter, comme si c'était NOR-MAL!
Et ce n'était pas normal. Ce qui fait que Tom Douli était perçu comme un homme très gentil, mais en même temps comme le gus pas mal naïf qu'on arnaque facilement.
Tom Douli s'en sacrait. Il savait qu'Untel lui mentait et que Telle Autre était conne.
Pourtant, c'était dans sa nature de croire en la parole de tout un chacun, même de ceux qui n'en ont pas. C'était comme une manière de les mettre à l'épreuve. Une étrange manière de s'amuser direz-vous avec raison. Néanmoins il faut considérer qu'il n'y a pas grand' chose à faire dans ce coin-là. Aussi Tom Douli, comme plusieurs autres, se distrayait d'un rien et sûrement autant des bons à rien.
Il ne faisait jamais sa prière Tom Douli.
-Pourquoi prier, hein? Je r'garde les nuages, le soleil, l'eau, la terre... Les arbres... Les roches... Pis j'me dis rien. Rien du tout. Rien de rien. J'fais juste être là. Drette là. Juste là. Pis je r'garde mes nuages pis toutte le kit... Pis j'me sens ben... Pis j'me dis aide ton prochain Tom Douli parce qu'on va tous y passer anyway, les drettes comme les gauches... On va tomber comme des mouches... Pis on va se r'garder dans 'es yeux en s'disant rien. Rien du tout. Rien de rien. Juste parce qu'i' faudra être là... Pour la dernière fois... Oua... Mais en attendant, calice, aimons-nous les uns les autres pis fuck le reste!!!
Fuck le reste... Il sacrait beaucoup Tom Douli. Les gens sacrent beaucoup trop. Ils ne devraient pas faire ça. Non. Pas du tout.
vendredi 3 février 2012
Le Jour de la barbotte
C'était enfin le Jour de la barbotte. C'était une idée de Ti-Beurne, le Jour de la barbotte. Aussi laissons-lui le bonheur de s'expliquer, ce Ti-Beurne qui a de la jarnigoine.
-Ça fait qu'là ej'me su's dit: Ti Beurne! Faut qu'tu fasses que'que chose pour le peuple entre la Fête des Rois pis la Saint-Valentin... Pis comme sont pas mal toutte célibataires aux alentours de moé, ben ça prenait une activité sportive... Ça fait que j'me su's dit: organisons le Jour de la barbotte! Pas le Jour de la marmotte ça fait b'en qu'trop américain à mon goût... J'leu' laisse leu' marmotte, moé j'fête la barbotte!
Et le Jour de la barbotte, mes amis, c'était une pêche hivernale sur le lac Saint-Pierre, une «pêche blanche» comme on dit, suivie d'un festin de tout ce qui grouille dans le grand fleuve Magtogoek, dont peut-être des barbottes ...
-Si la barbotte se pointe les ouïes en-dehors du trou de glace, c'est qu'on va bouillir cet été!
Évidemment Ti-Beurne ne se souciait pas de savoir que la barbotte brune hiberne dans la vase durant la saison froide. Elle ne sort qu'au printemps et vit dans toutes les eaux, même les plus polluées. Quand les fleuves et les rivières seront vides de poissons, croyez-moi, il restera encore des barbottes brunes. Elles ne sont pas tuables et mangent tout ce qui traîne dans le fond.
On peut dire que Ti-Beurne avait réussi son coup. On a pris du bon air en fixant un point au loin qui ressemblait à l'éternité.
De retour à la maison mobile de Ti-Beurne, qui demeure près de l'île Saint-Eugène, tout le monde a mangé du maskinongé que Ti-Beurne a péché, un monstre qui pesait au moins trente-quatre livres.
Ti-Beurne l'a fait fumer à l'érable dans son cabanon. Il l'a servi sur un plateau pour souper. Le maskinongé fumé à l'érable était accompagné de sa célèbre «sauce barbare», dont la recette provient de Ti-Bob Lafrenière lui-même. C'est une sauce tartare améliorée, si l'on peut s'exprimer ainsi. Elle est constituée de mayonnaise, de relish et, bien sûr, de fines herbes. Mais pas n'importe herbe, vous vous doutez bien. C'était essentiellement de la marijuana... Et une variété plutôt concentrée en THC. Ce qui fait que tout le monde planait chez Ti-Beurne en affirmant n'avoir jamais mangé un aussi bon et aussi gros brochet géant.
Pour ce qui est de la barbotte, c'était d'autant plus son jour qu'elle n'a pas finie dans nos assiettes. Elle n'a pas pu voir son ombre et le printemps n'a pas été particulièrement hâtif.
Ti-Beurne parle déjà d'une deuxième édition du Jour de la barbotte pour l'an prochain. Personne ne s'y oppose. Surtout pas les mangeurs de cannabis sativa. D'autant plus qu'il ne se passe jamais rien à Baie-Jolie entre la Fête des Rois et la Saint-Valentin.
-Ça fait qu'là ej'me su's dit: Ti Beurne! Faut qu'tu fasses que'que chose pour le peuple entre la Fête des Rois pis la Saint-Valentin... Pis comme sont pas mal toutte célibataires aux alentours de moé, ben ça prenait une activité sportive... Ça fait que j'me su's dit: organisons le Jour de la barbotte! Pas le Jour de la marmotte ça fait b'en qu'trop américain à mon goût... J'leu' laisse leu' marmotte, moé j'fête la barbotte!
Et le Jour de la barbotte, mes amis, c'était une pêche hivernale sur le lac Saint-Pierre, une «pêche blanche» comme on dit, suivie d'un festin de tout ce qui grouille dans le grand fleuve Magtogoek, dont peut-être des barbottes ...
-Si la barbotte se pointe les ouïes en-dehors du trou de glace, c'est qu'on va bouillir cet été!
Évidemment Ti-Beurne ne se souciait pas de savoir que la barbotte brune hiberne dans la vase durant la saison froide. Elle ne sort qu'au printemps et vit dans toutes les eaux, même les plus polluées. Quand les fleuves et les rivières seront vides de poissons, croyez-moi, il restera encore des barbottes brunes. Elles ne sont pas tuables et mangent tout ce qui traîne dans le fond.
On peut dire que Ti-Beurne avait réussi son coup. On a pris du bon air en fixant un point au loin qui ressemblait à l'éternité.
De retour à la maison mobile de Ti-Beurne, qui demeure près de l'île Saint-Eugène, tout le monde a mangé du maskinongé que Ti-Beurne a péché, un monstre qui pesait au moins trente-quatre livres.
Ti-Beurne l'a fait fumer à l'érable dans son cabanon. Il l'a servi sur un plateau pour souper. Le maskinongé fumé à l'érable était accompagné de sa célèbre «sauce barbare», dont la recette provient de Ti-Bob Lafrenière lui-même. C'est une sauce tartare améliorée, si l'on peut s'exprimer ainsi. Elle est constituée de mayonnaise, de relish et, bien sûr, de fines herbes. Mais pas n'importe herbe, vous vous doutez bien. C'était essentiellement de la marijuana... Et une variété plutôt concentrée en THC. Ce qui fait que tout le monde planait chez Ti-Beurne en affirmant n'avoir jamais mangé un aussi bon et aussi gros brochet géant.
Pour ce qui est de la barbotte, c'était d'autant plus son jour qu'elle n'a pas finie dans nos assiettes. Elle n'a pas pu voir son ombre et le printemps n'a pas été particulièrement hâtif.
Ti-Beurne parle déjà d'une deuxième édition du Jour de la barbotte pour l'an prochain. Personne ne s'y oppose. Surtout pas les mangeurs de cannabis sativa. D'autant plus qu'il ne se passe jamais rien à Baie-Jolie entre la Fête des Rois et la Saint-Valentin.
jeudi 2 février 2012
Pour tout savoir sur Jojo33, milliardaire plus riche que Bill Gates, oui monsieur
C'est fou ce que l'on peut faire avec des logarithmes. Et avec tout ce qui a trait aux mathématiques en général.
Jojo33 l'avait compris depuis longtemps. Enfin, depuis trois ou quatre mois, à force de googler.
Et il était devenu crack non seulement en informatique mais en tout ce qui a trait à toutes les connaissances humaines. Ce Jojo33 était malin comme ça ne se pouvait pas. Il avait développé un machin sur l'Internet qui lui avait tout de suite fait empocher des millions le jour même où il le mettait en ligne. Ah! pour être malin, oui Jojo33 était malin...
Il ne s'est pas arrêté là. Il a fouillé dans ses logarithmes et zip, zap, zouffe! voilà qu'il a créé un bidule dont le monde entier ne peut plus se passer parce qu'en plus d'être malin Jojo33 sait compter. Il compresse des données d'un tour d'équation mes amis que c'en est incroyable.
Donc, Jojo33 est devenu encore plus riche. Extrêmement riche.
Il ne compressait pas seulement les données, Jojo33, mais il compressait aussi ses dépenses. Aussi était-il le seul et unique employé de sa patente. Tous les autres n'étaient que des clones virtuels de lui-même programmés dans toutes les langues de la terre grâce à ses fameux logarithmes.
Comme tout le monde, Ernest Malouin rêvait d'en savoir plus sur Jojo33. Malouin faisait dur dans tous les sens du terme. C'était un malpropre, d'abord et avant tout. Ses cheveux étaient gras et sa peau cramoisie. Par contre, il avait l'oeil doux. Malouin était aussi un journaliste alcoolique et fouille-merde de faits divers. Ce qui fait qu'il crut à forte raison détenir le scoop de sa carrière: une entrevue avec Jojo33.
Comment était-il entré en contact avec Jojo33? Eh bien, comme Jojo33, Malouin collectionnait les films de Bud Spencer. D'un forum à l'autre sur Bud Spencer, Malouin voyait toujours le nickname Jojo33 tout partout, partout. Il a fini par lui envoyer son courriel puis à partager des inédits de Bud Spencer. En fin de compte, ils en vinrent à se fixer un rendez-vous dans un fast food où l'on vend des frites, de la sauce et du fromage en crottes.
Parfait! Malouin a le scoop de sa vie. Il saura enfin qui est ce satané milliardaire de Jojo33 sans lequel l'Internet ne serait pas ce qu'il est de nos jours!!!
Jojo33 lui avait dit qu'il le reconnaîtrait facilement avec son tee-shirt à l'effigie de sa compagnie World Wide Jojo.
Malouin arrive saoul raide à son rendez-vous, comme d'habitude, mais il se rend bien compte que Jojo33 c'est sa soeur Philomène, Philomène Malouin oui.
-Qu'est-cé tu fais là Philomène avec ton tee-shirt World Wide Jojo sacrament?
-Jojo33, c'est moi, gros cave... que lui répond Philomène. Mais tu vois, j'ai appris les logarithmes et je suis devenue riche, extrêmement riche. Ha! Ha! Ha!
-J'ai mon hostie de voyage! Ma propre soeur, milliardaire! C'est elle, Jojo33!
-Oui, c'est moâ... R'viens-en calice! Et alors, cet inédit de Bud Spencer, tu l'as avec toi? Je suis prête à te donner cent piastres mon fwèwe... Gros hostie d'maillet! Ha! Ha! Qui c'est qui est la brain d'la famille, hein mon Ernest?
-Ç'a toujours été toé Philomène, tu l'sais ben... Moé j'boés trop...
Jojo33 l'avait compris depuis longtemps. Enfin, depuis trois ou quatre mois, à force de googler.
Et il était devenu crack non seulement en informatique mais en tout ce qui a trait à toutes les connaissances humaines. Ce Jojo33 était malin comme ça ne se pouvait pas. Il avait développé un machin sur l'Internet qui lui avait tout de suite fait empocher des millions le jour même où il le mettait en ligne. Ah! pour être malin, oui Jojo33 était malin...
Il ne s'est pas arrêté là. Il a fouillé dans ses logarithmes et zip, zap, zouffe! voilà qu'il a créé un bidule dont le monde entier ne peut plus se passer parce qu'en plus d'être malin Jojo33 sait compter. Il compresse des données d'un tour d'équation mes amis que c'en est incroyable.
Donc, Jojo33 est devenu encore plus riche. Extrêmement riche.
Il ne compressait pas seulement les données, Jojo33, mais il compressait aussi ses dépenses. Aussi était-il le seul et unique employé de sa patente. Tous les autres n'étaient que des clones virtuels de lui-même programmés dans toutes les langues de la terre grâce à ses fameux logarithmes.
Comme tout le monde, Ernest Malouin rêvait d'en savoir plus sur Jojo33. Malouin faisait dur dans tous les sens du terme. C'était un malpropre, d'abord et avant tout. Ses cheveux étaient gras et sa peau cramoisie. Par contre, il avait l'oeil doux. Malouin était aussi un journaliste alcoolique et fouille-merde de faits divers. Ce qui fait qu'il crut à forte raison détenir le scoop de sa carrière: une entrevue avec Jojo33.
Comment était-il entré en contact avec Jojo33? Eh bien, comme Jojo33, Malouin collectionnait les films de Bud Spencer. D'un forum à l'autre sur Bud Spencer, Malouin voyait toujours le nickname Jojo33 tout partout, partout. Il a fini par lui envoyer son courriel puis à partager des inédits de Bud Spencer. En fin de compte, ils en vinrent à se fixer un rendez-vous dans un fast food où l'on vend des frites, de la sauce et du fromage en crottes.
Parfait! Malouin a le scoop de sa vie. Il saura enfin qui est ce satané milliardaire de Jojo33 sans lequel l'Internet ne serait pas ce qu'il est de nos jours!!!
Jojo33 lui avait dit qu'il le reconnaîtrait facilement avec son tee-shirt à l'effigie de sa compagnie World Wide Jojo.
Malouin arrive saoul raide à son rendez-vous, comme d'habitude, mais il se rend bien compte que Jojo33 c'est sa soeur Philomène, Philomène Malouin oui.
-Qu'est-cé tu fais là Philomène avec ton tee-shirt World Wide Jojo sacrament?
-Jojo33, c'est moi, gros cave... que lui répond Philomène. Mais tu vois, j'ai appris les logarithmes et je suis devenue riche, extrêmement riche. Ha! Ha! Ha!
-J'ai mon hostie de voyage! Ma propre soeur, milliardaire! C'est elle, Jojo33!
-Oui, c'est moâ... R'viens-en calice! Et alors, cet inédit de Bud Spencer, tu l'as avec toi? Je suis prête à te donner cent piastres mon fwèwe... Gros hostie d'maillet! Ha! Ha! Qui c'est qui est la brain d'la famille, hein mon Ernest?
-Ç'a toujours été toé Philomène, tu l'sais ben... Moé j'boés trop...