Allez voir sur Facebook. Ou bien Youtube.
Mais ici, sur mon blog, un bilan de l'année 2011?
Il y a eu des guerres, des meurtres, des viols, des vols.
Il y a eu des traités de paix, des survivants, des actes de générosité, des dons.
Il y a eu de tout et de rien.
Des pages d'histoire se sont écrites. D'autres se sont effacées.
Qu'est-ce que je retiens de 2011? Rien, ou si peu que cela ne vaut pas la peine d'en parler.
Il y a eu des cons, des nuls à chier, des assassins et des politiciens.
Il y a eu des bons, des gens aimables, des cours de RCR et des chansons.
S'il faut résumer l'année par une chanson, eh bien tiens, la voici.
samedi 31 décembre 2011
jeudi 29 décembre 2011
Kik et Flafla trippent seulement sur le cash
André «Kik» Gauthier est matérialiste à l'os et sa blonde l'est aussi.
Toute leur putain de vie tourne autour du cash. Même leur vie spirituelle.
Il n'y a jamais rien de gratuit dans la vie de Kik Gauthier et de sa blonde, Flavie «Flafla» Poisson-Laramée.
Aussi les deux s'achètent de la religion comme s'ils s'achetaient des shorts. Ils ne pratiquent pas d'autre foi que celle de bien paraître. Si tout le monde pratiquait le mazdéisme eh bien on les trouverait là. Là où c'est payant.
Ils paient pour tout et rien ne leur est plus naturel pour eux que de parler de leurs achats.
Ils sont généreux avec l'argent des autres puisqu'ils les impliquent toujours dans leurs petites magouilles pour faire du cash facilement.
Évidemment, leur carte de crédit est défoncée et leur maison hypothéquée. Mais ils auront droit à leur Floride et à tous les plaisirs que pourrait s'offrir un Gouverneur général vivant aux crochets de l'État.
Kik et Flavie sont bien gréés. Ils ont une télé plasma 3D avec un écran de 3 mètres. Ils ont un sauna. Ils ont un spa. Ils ont une piscine, deux autos, un quatre roues, un chalet, un ceci et un cela.
Évidemment, ils n'ont jamais une crisse de cenne. C'est pour pouvoir emprunter aux autres, quitte à se faire de nouveaux amis quand ils ne peuvent plus rembourser les anciens.
Ils détestent les arts et la littérature. Traitent les artistes de BS. Méprisent les pauvres. Alouette.
On ne doit pas les détester mais plutôt les plaindre.
Esclaves de la matière, ils ne savent plus rêver.
Et tout le monde sait que le rêve, c'est comme le sommeil. Cela ne s'achète pas. Tu l'as ou bien tu ne l'as pas.
Et ne venez pas me dire qu'un sommeil artificiel vaut mieux que pas de sommeil du tout.
Non, ne venez pas compliquer la démonstration vers laquelle se dirige ce petit conte moral.
Ne devient pas Voltaire qui veut.
Ne faites pas les rabats-joie et comprenez, s'il-vous-plaît, qu'il y en a plein de Kik et de Flafla de nos jours qui courent comme des poules pas de tête d'un bord à l'autre de la cour, à la recherche de je ne sais quoi, sinon de rêves frelatés qui se vivent dans la plus parfaite impuissance créatrice.
Oui, ils sont plates, soporifiques et inertes, Kik et Flala. Mais chacun sa vie. Réjouissons-nous que cela ne soit pas la nôtre.
Voilà. C'est dit.
mardi 27 décembre 2011
Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça
Avant d'écrire au je, c'est certain qu'il faut être singulier. Ou bien se croire à tout le moins singulier.
Un type qui revient d'une guerre où il n'y eut aucun survivant est en mesure d'écrire convenablement à la première personne du singulier. Surtout s'il fût justement ce survivant qui nous forcera désormais à parler d'une guerre où il n'y eut qu'un seul survivant.
Un je trop pluriel a quelque chose de lassant et de trop peu divertissant.
Rimbaud revenait d'une guerre où il fût le seul survivant. Tous les autres devinrent des épaves qui finirent leurs jours entre les bras de l'absinthe.
La démonstration est faite. Je est un autre. Ou bien il n'en vaut pas la peine.
***
Je parlais avec un grand ami de ces écrivains qui tiennent plus à l'étiquette d'écrivain qu'ils ne tiennent à écrire une oeuvre qui vaille vraiment la peine d'être lue. Leur objectif est de flasher parmi le monde, certainement pas d'écrire quelque chose d'à peu près valable.
Faut-il s'en soucier? Non.
D'abord ça n'intéresse personne. Et puis le jugement de la postérité sera sévère pour ces oeuvres nulles et non avenues.
Le pétage de bretelles sur des mots qui ne valent même pas le son du vent, cela ne sert à rien.
On va passer ça au pilon pour cause d'ennui. Tandis qu'on cherchera toujours à télécharger Rimbaud ou bien des vieux Astérix. Pourquoi? Parce que ce n'est pas ennuyant!!!
***
Bon, pour finir, un peu de je.
Ma théorie littéraire bien à moi. Pour ce que ça vaut, tiens.
Moins je comprends ce que je voulais dire en écrivant un texte et plus il s'approche d'un certain idéal, aussi risible soit-il.
Si je m'efforce de penser avant d'écrire, c'est toujours un texte de crétin d'intello qui va sortir. Et je n'ai pas envie en cette ère de rapidité de réfléchir sur des problèmes qui n'en sont pas.
Vous pouvez écrire au je si ça vous chante.
Il reste que moins je comprends ce que je voulais dire, plus je vise dans le mille.
Enfin, presque.
Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça.
Un type qui revient d'une guerre où il n'y eut aucun survivant est en mesure d'écrire convenablement à la première personne du singulier. Surtout s'il fût justement ce survivant qui nous forcera désormais à parler d'une guerre où il n'y eut qu'un seul survivant.
Un je trop pluriel a quelque chose de lassant et de trop peu divertissant.
Rimbaud revenait d'une guerre où il fût le seul survivant. Tous les autres devinrent des épaves qui finirent leurs jours entre les bras de l'absinthe.
La démonstration est faite. Je est un autre. Ou bien il n'en vaut pas la peine.
***
Je parlais avec un grand ami de ces écrivains qui tiennent plus à l'étiquette d'écrivain qu'ils ne tiennent à écrire une oeuvre qui vaille vraiment la peine d'être lue. Leur objectif est de flasher parmi le monde, certainement pas d'écrire quelque chose d'à peu près valable.
Faut-il s'en soucier? Non.
D'abord ça n'intéresse personne. Et puis le jugement de la postérité sera sévère pour ces oeuvres nulles et non avenues.
Le pétage de bretelles sur des mots qui ne valent même pas le son du vent, cela ne sert à rien.
On va passer ça au pilon pour cause d'ennui. Tandis qu'on cherchera toujours à télécharger Rimbaud ou bien des vieux Astérix. Pourquoi? Parce que ce n'est pas ennuyant!!!
***
Bon, pour finir, un peu de je.
Ma théorie littéraire bien à moi. Pour ce que ça vaut, tiens.
Moins je comprends ce que je voulais dire en écrivant un texte et plus il s'approche d'un certain idéal, aussi risible soit-il.
Si je m'efforce de penser avant d'écrire, c'est toujours un texte de crétin d'intello qui va sortir. Et je n'ai pas envie en cette ère de rapidité de réfléchir sur des problèmes qui n'en sont pas.
Vous pouvez écrire au je si ça vous chante.
Il reste que moins je comprends ce que je voulais dire, plus je vise dans le mille.
Enfin, presque.
Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça.
jeudi 22 décembre 2011
Un peu de politique de marde...
Le Québec est une pépinière de politiciens corrompus qui se perçoivent comme des despotes éclairés.
Si l'on dénonce la corruption, il s'en trouvera des polis p'tits chiens pour dire que l'on s'en prend au Québec.
Comme Untel disait que l'on s'en prenait à la Libye quand on vomissait sur sa sale tronche de tyran.
Fuck it. Un crosseur c'est un crosseur, qu'il ait ou non un drapeau dans le cul.
***
La Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) est une patente qui me fait penser à l'Union Nationale de Maurice Duplessis qui, lors de sa fondation, réunissait des transfuges libéraux et des conservateurs. Ce sont évidemment les conservateurs qui ont pris le dessus. Gouin a été tassé. Duplessis a pris toute la place.
Un peu de populisme de droite, il n'y a que ça de vrai pour freiner le progrès social. On n'a pas fini de se cogner les orteils un peu partout avec ces nostalgiques de la Grande Noirceur.
Les médias nous font avaler des couleuvres et des patentes à gosses comme la CAQ. Les conservateurs ne sont pas bien loin.
C'est une coalition identitaire, nationaleuse et hypocrite. Une coalition whiter than white pour les habitants et autres côlons du Québec.
Son but est de faire payer les pauvres pour enrichir les riches.
Ses moyens seront vils, sales et ignobles, comme c'est toujours le cas pour la droite populiste qui fait semblant de ne pas être de droite.
L'éducation sera moins que jamais gratuite.
Nos ressources naturelles seront vendues pour trois fois rien, comme si nous étions un peuple de guénilloux et de quêteux.
Les droits sociaux se limiteront à voter une fois tous les quatre ans pour des épais qui se prennent pour Nabuchodonosor roi de Babylone.
Il y en aura des pyramides de gypse et des monuments inutiles pour se donner l'impression qu'on bouge.
Il y en aura des pyramides de gypse et des monuments inutiles pour se donner l'impression qu'on bouge.
Pour paraphraser Hamlet, je dirais qu'il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume de la poutine...
***
Je me méfie aussi des éléments castristes de Québec Solidaire, même si j'apprécie le travail de son unique député à l'Assemblée Nationale.
On devient mauve de rage quand on apprend que d'anciens militants d'organisations d'extrême-droite comme le Heritage Front militent maintenant pour les conservateurs.
Je suis tout aussi mauve quand j'apprends que des militants d'organisations totalitaires d'extrême-gauche militent pour Québec Solidaire.
Il y a un ver solitaire dans Québec Solidaire.
Les droits et les libertés de la personne, ce n'est pas négociable. Que ce soit pour un chien de nazi ou bien pour un fasciste de gauche.
La liberté n'est pas une marque de yogourt comme dirait l'autre.
La liberté n'est pas une marque de yogourt comme dirait l'autre.
***
Les classes sociales existent. Je veux bien essayer de ne pas y croire. Mais ça me revient toujours en pleine face.
Quand t'es né pour un petit pain, tu dois fermer ta gueule et les applaudir pour leur beau programme...
Les politiciens bourgeois vont te voler ton pain et te rire en pleine face. Ils vont même te dire que c'est pour ton bien. Que les pauvres consomment trop de malbouffe. Qu'ils ne sont pas assez zen. Qu'ils ne pensent qu'à l'argent...
Tous les partis politiques sont sous la houlette de petits ou grands bourgeois.
Très peu de gens du peuple font partie des décideurs.
Comme dans la vraie vie, on isole les pauvres dans un coin et on remonte le son de la fanfare pour ne pas les entendre crier.
Les guignols des médias organisent des guignolées où les pauvres doivent se taire, comme d'habitude.
On ne critique pas vraiment l'injustice sociale. On donne des miettes au bon peuple en lui faisant miroiter des conneries comme des amphithéâtres ou bien des parties de hockey.
On finance ça avec l'argent des pauvres.
On privatise les profits.
On socialise les dépenses.
Ça va bien en tabarnak au Québec...
***
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés...
mercredi 21 décembre 2011
La lumière aura raison des ténèbres
C'est aujourd'hui le solstice d'hiver. Les jours vont rallonger. La lumière aura raison des ténèbres chaque jour un peu plus.
Et puis après?
Pour la suite, je n'ai trouvé que ceci.
Et puis après?
Pour la suite, je n'ai trouvé que ceci.
mardi 20 décembre 2011
Paix sur la terre aux hommes de bon vouloir
Le gros Bobin est un hostie de sans-dessein. Du lever jusqu'au coucher du soleil, le gros Bobin accumule les bassesses humaines, les niaiseries et les violences gratuites. Il ne vaut guère mieux la nuit bien qu'il finisse par dormir et crisser la paix à tout le monde.
Le gros Bobin se lève toujours en sacrant comme un déchaîné.
Il se cogne l'orteil ou bien s'invente un autre prétexte pour sacrer.
-Comment ça s'fait que tu r'gardais le gars d'même au dépanneur hier soir ma tabarnak? qu'il dit à Lucie, la femme qui partage sa vie, une petite femme chétive qui ne raconte jamais rien. La victime idéale pour ce gros calice de sale jaloux comme tous les hosties de tarlais.
Évidemment, le gros Bobin se metà cogner tôt le matin. C'est parfois les murs et souvent Lucie. Pif! Paf! L'hostie de maillet bûche pour se donner de l'existence alors qu'il ne fout rien de ses journées, sinon trouver des trucs pour boire et des fleurs pour s'excuser auprès de celle qu'il appelle tendrement «sa crisse de folle».
Le gros Bobin frappe ensuite ses enfants. Puis ses employés, verbalement seulement, pour ne pas se faire pogner par les boeufs. C'est un homme respectable et respecté dans la ville. Un gars qui fait de l'argent.
Il peut donc continuer à frapper toute la maisonnée en toute impunité, en autant que rien ne sorte de la maison évidemment.
Aussi le gros Bobin fait-il régner un véritable régime de terreur dans cette calice de cambuse de plein d'marde qu'il s'est acheté dans un beau quartier de sans-génie qui se prennent pour des dieux.
-Mes hosties, qu'il raisonne à voix haute, m'en va's toutte vous faire passer out!
Puis, un beau jour, son fils Raymond Bobin Junior, un petit gars aussi timoré que sa pauvre mère, décide de ramener un peu d'ordre et de justice dans ce monde.
C'est le matin. Le gros Bobin est en train de battre sa femme à coups de ceinture. Il sacre comme le gros crisse de sale qu'il sera toujours. Il sacre à en cracher son dentier. Il est chaud comme un hostie de politicien provincial et il faut qu'il lui crisse une rince.
Raymond Bobin Junior médite ce coup contre son père depuis longtemps.
C'est le coup dit de la poêle de fonte.
Il y a bien sûr le coup de la DPJ, ou le coup de la police, mais Raymond Bobin Junior est timoré et plutôt ignorant. Il ne lit jamais et tout ce qu'il a pour se représenter la justice c'est une poêle de fonte.
Bien entendu, il crisse un solide coup de poêle de fonte sur la tête de son père, le gros Bobin, un hostie de trou d'cul si vous voulez mon avis.
Le gros Bobin meurt après le quinzième coup bien que le premier eût été suffisant.
C'est la veille de Noël.
Le sapin scintille encore dans la demi pénombre du matin.
Personne ne pleure dans la maison.
Tout le monde ressent la délivrance, la rédemption.
-Tu nous as fait un bien beau cadeau de Noël mon junior... lui dit sa mère en séchant des larmes de joie.
-On va enterrer le corps dans la fosse à purin des Galarneau... qu'il lui répond. Comme ça personne ne va s'en rendre compte. Au lieu d'essuyer le sang on mettra un nouveau prélart...
Oui, Raymond Bobin Junior est devenu l'homme de la maison en cette veille de Noël féérique où régne enfin la paix sur terre pour les hommes et les femmes de bon vouloir.
Le gros Bobin se lève toujours en sacrant comme un déchaîné.
Il se cogne l'orteil ou bien s'invente un autre prétexte pour sacrer.
-Comment ça s'fait que tu r'gardais le gars d'même au dépanneur hier soir ma tabarnak? qu'il dit à Lucie, la femme qui partage sa vie, une petite femme chétive qui ne raconte jamais rien. La victime idéale pour ce gros calice de sale jaloux comme tous les hosties de tarlais.
Évidemment, le gros Bobin se metà cogner tôt le matin. C'est parfois les murs et souvent Lucie. Pif! Paf! L'hostie de maillet bûche pour se donner de l'existence alors qu'il ne fout rien de ses journées, sinon trouver des trucs pour boire et des fleurs pour s'excuser auprès de celle qu'il appelle tendrement «sa crisse de folle».
Le gros Bobin frappe ensuite ses enfants. Puis ses employés, verbalement seulement, pour ne pas se faire pogner par les boeufs. C'est un homme respectable et respecté dans la ville. Un gars qui fait de l'argent.
Il peut donc continuer à frapper toute la maisonnée en toute impunité, en autant que rien ne sorte de la maison évidemment.
Aussi le gros Bobin fait-il régner un véritable régime de terreur dans cette calice de cambuse de plein d'marde qu'il s'est acheté dans un beau quartier de sans-génie qui se prennent pour des dieux.
-Mes hosties, qu'il raisonne à voix haute, m'en va's toutte vous faire passer out!
Puis, un beau jour, son fils Raymond Bobin Junior, un petit gars aussi timoré que sa pauvre mère, décide de ramener un peu d'ordre et de justice dans ce monde.
C'est le matin. Le gros Bobin est en train de battre sa femme à coups de ceinture. Il sacre comme le gros crisse de sale qu'il sera toujours. Il sacre à en cracher son dentier. Il est chaud comme un hostie de politicien provincial et il faut qu'il lui crisse une rince.
Raymond Bobin Junior médite ce coup contre son père depuis longtemps.
C'est le coup dit de la poêle de fonte.
Il y a bien sûr le coup de la DPJ, ou le coup de la police, mais Raymond Bobin Junior est timoré et plutôt ignorant. Il ne lit jamais et tout ce qu'il a pour se représenter la justice c'est une poêle de fonte.
Bien entendu, il crisse un solide coup de poêle de fonte sur la tête de son père, le gros Bobin, un hostie de trou d'cul si vous voulez mon avis.
Le gros Bobin meurt après le quinzième coup bien que le premier eût été suffisant.
C'est la veille de Noël.
Le sapin scintille encore dans la demi pénombre du matin.
Personne ne pleure dans la maison.
Tout le monde ressent la délivrance, la rédemption.
-Tu nous as fait un bien beau cadeau de Noël mon junior... lui dit sa mère en séchant des larmes de joie.
-On va enterrer le corps dans la fosse à purin des Galarneau... qu'il lui répond. Comme ça personne ne va s'en rendre compte. Au lieu d'essuyer le sang on mettra un nouveau prélart...
Oui, Raymond Bobin Junior est devenu l'homme de la maison en cette veille de Noël féérique où régne enfin la paix sur terre pour les hommes et les femmes de bon vouloir.
lundi 19 décembre 2011
Repose en paix Vaclav Havel, mon héros
Deux morts, deux biographies diamètralement opposées. Une vie de tyran d'un côté. Une vie de militant des droits de l'homme de l'autre.
Le tyran Kim Kong Il est mort vendredi dernier. Crachons un coup sur du vomi et oublions-le.
Pour ce qui est de Vaclav Havel, je me permets de lui rendre hommage.
Je ne vous présenterai pas sa biographie complète. Je ne suis pas très didactique le lundi matin.
Cependant, je puis vous dire qu'il fait partie de ma courte liste de héros.
Vaclav Havel savait que la liberté avait un prix et il l'a payée fort cher.
Il a fait bien plus que chiâler. Il s'est exposé corps et âme pour la liberté dans un pays qui ne souffrait pas qu'elle puisse exister. Il a porté des pancartes. Il a signé des pétitions. Il a dénoncé la dictature tant par la parole que par l'écriture.
Le gouvernement communiste tchécoslovaque l'a condamné à la prison pour ses activités, bien entendu.
Pourtant, Vaclav Havel écrira avec prémonition que la Tchécoslovaquie était devenue tellement corrompue que le jour où il faudra lui trouver un président qui soit honnête c'est en prison qu'on ira le chercher.
Il reprenait l'idée de Gandhi selon laquelle la place d'un homme juste est en prison quand l'État emprisonne injustement.
Et c'est en prison que le peuple est allé chercher Vaclav Havel pour le nommer président de la république dans la foulée de la révolution de velours qui renversa la dictature communiste.
L'homme juste de la Tchécoslovaquie était sorti de prison pour ramener un peu plus de liberté et de beauté dans une société qui en avait bien besoin.
On n'a pas pris un avocat, un militaire ou bien un homme d'affaires pour lutter contre la tyrannie et la corruption, mais un artiste, un homme de théâtre, un militant des droits de l'homme: Vaclav Havel.
Cela porte à réfléchir, camarades.
Fuck Kim Jong Il.
Repose en paix Vaclav Havel.
Le tyran Kim Kong Il est mort vendredi dernier. Crachons un coup sur du vomi et oublions-le.
Pour ce qui est de Vaclav Havel, je me permets de lui rendre hommage.
Je ne vous présenterai pas sa biographie complète. Je ne suis pas très didactique le lundi matin.
Cependant, je puis vous dire qu'il fait partie de ma courte liste de héros.
Vaclav Havel savait que la liberté avait un prix et il l'a payée fort cher.
Il a fait bien plus que chiâler. Il s'est exposé corps et âme pour la liberté dans un pays qui ne souffrait pas qu'elle puisse exister. Il a porté des pancartes. Il a signé des pétitions. Il a dénoncé la dictature tant par la parole que par l'écriture.
Le gouvernement communiste tchécoslovaque l'a condamné à la prison pour ses activités, bien entendu.
Pourtant, Vaclav Havel écrira avec prémonition que la Tchécoslovaquie était devenue tellement corrompue que le jour où il faudra lui trouver un président qui soit honnête c'est en prison qu'on ira le chercher.
Il reprenait l'idée de Gandhi selon laquelle la place d'un homme juste est en prison quand l'État emprisonne injustement.
Et c'est en prison que le peuple est allé chercher Vaclav Havel pour le nommer président de la république dans la foulée de la révolution de velours qui renversa la dictature communiste.
L'homme juste de la Tchécoslovaquie était sorti de prison pour ramener un peu plus de liberté et de beauté dans une société qui en avait bien besoin.
On n'a pas pris un avocat, un militaire ou bien un homme d'affaires pour lutter contre la tyrannie et la corruption, mais un artiste, un homme de théâtre, un militant des droits de l'homme: Vaclav Havel.
Cela porte à réfléchir, camarades.
Fuck Kim Jong Il.
Repose en paix Vaclav Havel.
vendredi 16 décembre 2011
La mairesse Laminoux chatte sur le réseau Rencontres en tous genres point comme
Le pouvoir sent tellement mauvais qu'on laisse facilement monter au sommet les plus médiocres d'entre les hommes.
Comme si le pouvoir était un dépotoir.
Que ce soit celui-ci ou celui-là c'est tout le temps la même calice de marde. C'est ce que tout le monde se dit en faisant semblant de croire que ça va changer une fois tous les quatre ans.
De temps à autres, le pouvoir tombe entre les mains d'un personnage qui ressort du lot, que ce soit par sa méchanceté ou bien par sa bonté. La plupart du temps le pouvoir tombe entre les mains des politiciens de fond de shed. Des petits baveux du temps de la polyvalente ou du séminaire. Des fraîches-pet et autres fra'-chiés. La communauté ne s'en sort pas trop mal s'ils en font le moins possible. S'il leur prend des rêves de grandeur, c'est tout le monde qui est pris par la poche, si vous voyez ce que je veux dire.
Aussi, tout le monde dans cette ville était plutôt content que la mairesse Fabienne Laminoux et les députés du coin ne soient pas toujours dans les médias à péter des bulles pour stresser tout un chacun.
Fabienne Laminoux ne parlait presque pas. Elle donnait son sang à la Croix-Rose, bien sûr, lors de la collecte annuelle de sang de la mairesse. Et elle assistait aux funérailles de ses concitoyens quand ils valaient quelques onces de notoriété facile. Pour le reste Fabienne Laminoux était une petite bonne femme timide qui s'enfermait dans son bureau toute la journée pour chatter avec ses amants virtuels de la France. Laminoux balançait toute la job à son directeur général. C'est lui qui devait appliquer les directives du conseil et la mairesse lui avait dit qu'elle le crisserait dehors si elle apprenait qu'il faisait des crosses.
Donc, l'harmonie régnait dans cette ville parce que Laminoux ne faisait presque rien, sinon surveiller en disant aux fautifs d'arrêter le niaisage et toutes ces affaires-là.
Le nick de Laminoux était Fée-des-Neiges sur le réseau Rencontres en tous genres point comme. Mais bon, ça n'a rien à voir avec le sujet.
Pas plus que de vous dire qu'elle ressemblait vaguement à madame Rose Ouellette mieux connue sous le nom de La Poune.
Le député fédéral de cette ville s'appellait Bob. Lui aussi ne faisait rien. Bob chattait toute la journée sur des sites de cul. C'est son attaché politique qui se claquait toute la job. Bob organisait La Randonnée du député, une balade en vélo de trois kilomètres organisée chaque année pour faire semblant qu'il était présent dans le comté. Par contre, il ne dépensait pas un sou. Il s'enfermait dans son bureau toute la journée et se contentait de son salaire de député pour s'amuser sur le ouèbe. Rien ne se développait dans le comté mais rien ne se dégradait vraiment aussi. C'était toujours le même bon vieux comté plate où il ne se passait jamais rien pour le plus grand bien de tous. Bob, alias Roberto Lampron, était maigre et pas très grand. Il ressemblait à rien de précis. Peut-être Symphorien. Ou bien Ozzy.
La députée provinciale, Maude Tharée, était tout à fait effacée, enfermée elle aussi dans son bureau d'où elle placotait toute la journée au téléphone avec sa famille, sa belle-soeur, ses tantes, sa mère, ses amies, alouette. Tous les appels importants passaient aussi par l'attaché politique dont on ne sait pas plus le nom. Ils se claquent toute la job pendant que les élus se décrottent le nez.
Maude Tharée avait seulement dépensée 28,92$ en frais de restaurant au cours de toute l'année précédente. Elle payait ses factures avec son salaire de députée. De toutes façons sa mère lui avait laissé des blocs appartements desquels elle soutirait une bonne source de revenus sans avoir à lever le petit doigt. Elle avait son gars pour s'occuper des blocs comme elle avait son gus pour le bureau de comté.
Elle ressemblait à une girafe sans cou. Et puait le parfum bon marché à la vanille.
Tout le monde était bien content de sa paresse. Ça coûtait moins cher.
Évidemment, c'était deux députés indépendants, membres d'aucun parti.
C'était comme si ce coin de pays n'existait pas.
Un coin sans idéologie officielle.
Où l'on tenait l'administration publique par l'habitude.
Les rues et les trottoirs étaient bien déneigés.
Il n'y avait pas trop de trous sur les routes principales.
On nourrissait les pauvres tant bien que mal en les faisant boire pour oublier.
Le nom de cette ville se terminait par le suffixe ville. C'était Machinville ou Fèvreville. Y'en avait tellement avant les fusions municipales des villes qui se terminaient en ville que je ne m'y retrouve plus.
Oui, c'était une ville plate en crisse, gouvernée par des épais.
Ces braves gens ne faisaient rien de bien mais surtout rien de mal.
Il faudrait songer à remercier le ciel pour leur manque d'enthousiasme.
Cette ville n'avait pas changée, certes. Il n'y avait pas de progrès, en effet.
Ok pour tout ça.
Cependant personne ne me fera dire qu'ils étaient malheureux dans ce coin-là, avant les fusions municipales, où l'on avait parfois l'impression que l'État n'existait pas.
Comme si le pouvoir était un dépotoir.
Que ce soit celui-ci ou celui-là c'est tout le temps la même calice de marde. C'est ce que tout le monde se dit en faisant semblant de croire que ça va changer une fois tous les quatre ans.
De temps à autres, le pouvoir tombe entre les mains d'un personnage qui ressort du lot, que ce soit par sa méchanceté ou bien par sa bonté. La plupart du temps le pouvoir tombe entre les mains des politiciens de fond de shed. Des petits baveux du temps de la polyvalente ou du séminaire. Des fraîches-pet et autres fra'-chiés. La communauté ne s'en sort pas trop mal s'ils en font le moins possible. S'il leur prend des rêves de grandeur, c'est tout le monde qui est pris par la poche, si vous voyez ce que je veux dire.
Aussi, tout le monde dans cette ville était plutôt content que la mairesse Fabienne Laminoux et les députés du coin ne soient pas toujours dans les médias à péter des bulles pour stresser tout un chacun.
Fabienne Laminoux ne parlait presque pas. Elle donnait son sang à la Croix-Rose, bien sûr, lors de la collecte annuelle de sang de la mairesse. Et elle assistait aux funérailles de ses concitoyens quand ils valaient quelques onces de notoriété facile. Pour le reste Fabienne Laminoux était une petite bonne femme timide qui s'enfermait dans son bureau toute la journée pour chatter avec ses amants virtuels de la France. Laminoux balançait toute la job à son directeur général. C'est lui qui devait appliquer les directives du conseil et la mairesse lui avait dit qu'elle le crisserait dehors si elle apprenait qu'il faisait des crosses.
Donc, l'harmonie régnait dans cette ville parce que Laminoux ne faisait presque rien, sinon surveiller en disant aux fautifs d'arrêter le niaisage et toutes ces affaires-là.
Le nick de Laminoux était Fée-des-Neiges sur le réseau Rencontres en tous genres point comme. Mais bon, ça n'a rien à voir avec le sujet.
Pas plus que de vous dire qu'elle ressemblait vaguement à madame Rose Ouellette mieux connue sous le nom de La Poune.
Le député fédéral de cette ville s'appellait Bob. Lui aussi ne faisait rien. Bob chattait toute la journée sur des sites de cul. C'est son attaché politique qui se claquait toute la job. Bob organisait La Randonnée du député, une balade en vélo de trois kilomètres organisée chaque année pour faire semblant qu'il était présent dans le comté. Par contre, il ne dépensait pas un sou. Il s'enfermait dans son bureau toute la journée et se contentait de son salaire de député pour s'amuser sur le ouèbe. Rien ne se développait dans le comté mais rien ne se dégradait vraiment aussi. C'était toujours le même bon vieux comté plate où il ne se passait jamais rien pour le plus grand bien de tous. Bob, alias Roberto Lampron, était maigre et pas très grand. Il ressemblait à rien de précis. Peut-être Symphorien. Ou bien Ozzy.
La députée provinciale, Maude Tharée, était tout à fait effacée, enfermée elle aussi dans son bureau d'où elle placotait toute la journée au téléphone avec sa famille, sa belle-soeur, ses tantes, sa mère, ses amies, alouette. Tous les appels importants passaient aussi par l'attaché politique dont on ne sait pas plus le nom. Ils se claquent toute la job pendant que les élus se décrottent le nez.
Maude Tharée avait seulement dépensée 28,92$ en frais de restaurant au cours de toute l'année précédente. Elle payait ses factures avec son salaire de députée. De toutes façons sa mère lui avait laissé des blocs appartements desquels elle soutirait une bonne source de revenus sans avoir à lever le petit doigt. Elle avait son gars pour s'occuper des blocs comme elle avait son gus pour le bureau de comté.
Elle ressemblait à une girafe sans cou. Et puait le parfum bon marché à la vanille.
Tout le monde était bien content de sa paresse. Ça coûtait moins cher.
Évidemment, c'était deux députés indépendants, membres d'aucun parti.
C'était comme si ce coin de pays n'existait pas.
Un coin sans idéologie officielle.
Où l'on tenait l'administration publique par l'habitude.
Les rues et les trottoirs étaient bien déneigés.
Il n'y avait pas trop de trous sur les routes principales.
On nourrissait les pauvres tant bien que mal en les faisant boire pour oublier.
Le nom de cette ville se terminait par le suffixe ville. C'était Machinville ou Fèvreville. Y'en avait tellement avant les fusions municipales des villes qui se terminaient en ville que je ne m'y retrouve plus.
Oui, c'était une ville plate en crisse, gouvernée par des épais.
Ces braves gens ne faisaient rien de bien mais surtout rien de mal.
Il faudrait songer à remercier le ciel pour leur manque d'enthousiasme.
Cette ville n'avait pas changée, certes. Il n'y avait pas de progrès, en effet.
Ok pour tout ça.
Cependant personne ne me fera dire qu'ils étaient malheureux dans ce coin-là, avant les fusions municipales, où l'on avait parfois l'impression que l'État n'existait pas.
jeudi 15 décembre 2011
La sagesse de Aouaw le chat de ruelle
Aouaw était le plus vieux chat de la ruelle. Cela faisait presque dix ans qu'il avait élu tanière dans un petit hangar abandonné où il s'approvisionnait en rats et souris de toutes sortes.
Aouaw complétait son alimentation avec ce que les humains lui donnaient de bon coeur ou bien à contrecoeur.
Il y avait bien sûr les Frissekizes garnis de bon jus de viande que lui laissait la bonne femme Gendron, pour lui seul. La bonne femme Gendron chassait tous les autres chats qui auraient voulu s'en prendre à sa gamelle. Par contre, il n'était pas question de vivre chez la bonne femme Gendron. Elle ne voulait pas de poils de chats sur son tapis. Et puis Aouaw lui-même préférait nettement la liberté.
-Owww! qu'il disait devant Miaw le roux et Grizoune-aux-yeux-bridés. Les humains? Laissez-moi vous dire qu'il ne faut pas trop s'en approcher et qu'il faut toujours préparer la fuite. L'attaque est toujours la meilleure défense en pareil cas. Ce qui fait que j'ai toujours mordu et griffé quand je sentais le danger, quand je lisais dans l'âme de ces singes déguisés en je ne sais quoi une volonté d'anéantir, de punir, de battre. Sachez utiliser les humains pour les jours où la chasse n'est pas bonne. Trouvez-vous une bonne tanière, avec un bon matelas de carton, et hop! On dort, on rêve, on chasse, on mange et la vie est belle! Miaou!!!
Évidemment, Aouaw disait tout ça en pure pensée puisque tout le monde sait que les chats font de la télépathie accompagné de mimiques discursives. Un froncement de sourcil et un regard intense prendraient huit paragraphes touffus en langage humain pour en saisir tout le sens. Aussi prendrons-nous quelques raccourcis pour ne pas s'empêtrer dans la translittération.
Miaw le roux trouvait que Inw, le chat domestique noir des humains de la famille Bournival, était bien chanceux d'être toujours à la chaleur et d'être soigné par la magie des humains quand il avait mal au cul ou bien aux dents.
Aouaw, le vieux matou, voyait les choses bien autrement. Et comme il sentait ses derniers jours venir, il ressentait comme le besoin de transmettre quelque chose comme une sagesse de chat.
-Les magiciens? Appelons-les plutôt les tortionnaires! Pour un chat qui revient combien sont exterminés après avoir été mis en cage? Méfiez-vous des humains! Pour un humain qui donne une bouchée, il y en a des tas qui ne demandent qu'à vous crever les yeux ou bien à vous injecter un quelconque poison mortel après avoir passé un temps dans des camps de concentration où on vous fait bouffer un truc innommable qui a la couleur de la crotte. Non, je vous dis. J'aime mieux avoir mal au cul et aux dents que de m'en remettre à ces sorciers qui font toutes sortes de fumée et de bruits pour je ne sais trop quoi. Nos cousins les tigres savent comment s'y prendre avec les singes, qu'ils soient nus ou bien à fourrure. Mais nous, les petits chats, on ressemble à des écureuils devant ces gorilles. On doit garder la tête basse, toujours regarder à gauche et à droite, ajuster ses vibrisses et tout le tsointsoin pour ne pas se faire prendre. Sachez-les utiliser quand la chasse n'est pas bonne. Et c'est tout.
Évidemment, Aouaw creva sur ces paroles. C'est vrai qu'il faisait moins vingt cette nuit-là. Aouw était trop vieux pour passer une nuit de plus à grelotter.
Miaw le roux joua un temps avec le cadavre, comme s'il pouvait le ressusciter, puis il le sortit du hangar pour le laisser au milieu de la ruelle d'où les humains pourraient le ramasser pour le jeter aux vidanges.
Miaw revint vers la tanière de Aouaw, et se coucha sur le carton aux côtés de Grizoune-aux-yeux-bridés histoire de partager un peu de chaleur.
-C'était tout de même un chic chat, n'est-ce pas Grizoune?
-Miaou, qu'elle lui répondit mentalement.
Il faisait froid comme il avait toujours fait froid dans ce coin de pays.
Miaw et Grizoune allaient se charger de transmettre la sagesse de Aouaw aux autres félins des environs ainsi qu'à leurs propres rejetons. Et tout ça par la seule force de la pensée. Sans déguisement.
Aouaw complétait son alimentation avec ce que les humains lui donnaient de bon coeur ou bien à contrecoeur.
Il y avait bien sûr les Frissekizes garnis de bon jus de viande que lui laissait la bonne femme Gendron, pour lui seul. La bonne femme Gendron chassait tous les autres chats qui auraient voulu s'en prendre à sa gamelle. Par contre, il n'était pas question de vivre chez la bonne femme Gendron. Elle ne voulait pas de poils de chats sur son tapis. Et puis Aouaw lui-même préférait nettement la liberté.
-Owww! qu'il disait devant Miaw le roux et Grizoune-aux-yeux-bridés. Les humains? Laissez-moi vous dire qu'il ne faut pas trop s'en approcher et qu'il faut toujours préparer la fuite. L'attaque est toujours la meilleure défense en pareil cas. Ce qui fait que j'ai toujours mordu et griffé quand je sentais le danger, quand je lisais dans l'âme de ces singes déguisés en je ne sais quoi une volonté d'anéantir, de punir, de battre. Sachez utiliser les humains pour les jours où la chasse n'est pas bonne. Trouvez-vous une bonne tanière, avec un bon matelas de carton, et hop! On dort, on rêve, on chasse, on mange et la vie est belle! Miaou!!!
Évidemment, Aouaw disait tout ça en pure pensée puisque tout le monde sait que les chats font de la télépathie accompagné de mimiques discursives. Un froncement de sourcil et un regard intense prendraient huit paragraphes touffus en langage humain pour en saisir tout le sens. Aussi prendrons-nous quelques raccourcis pour ne pas s'empêtrer dans la translittération.
Miaw le roux trouvait que Inw, le chat domestique noir des humains de la famille Bournival, était bien chanceux d'être toujours à la chaleur et d'être soigné par la magie des humains quand il avait mal au cul ou bien aux dents.
Aouaw, le vieux matou, voyait les choses bien autrement. Et comme il sentait ses derniers jours venir, il ressentait comme le besoin de transmettre quelque chose comme une sagesse de chat.
-Les magiciens? Appelons-les plutôt les tortionnaires! Pour un chat qui revient combien sont exterminés après avoir été mis en cage? Méfiez-vous des humains! Pour un humain qui donne une bouchée, il y en a des tas qui ne demandent qu'à vous crever les yeux ou bien à vous injecter un quelconque poison mortel après avoir passé un temps dans des camps de concentration où on vous fait bouffer un truc innommable qui a la couleur de la crotte. Non, je vous dis. J'aime mieux avoir mal au cul et aux dents que de m'en remettre à ces sorciers qui font toutes sortes de fumée et de bruits pour je ne sais trop quoi. Nos cousins les tigres savent comment s'y prendre avec les singes, qu'ils soient nus ou bien à fourrure. Mais nous, les petits chats, on ressemble à des écureuils devant ces gorilles. On doit garder la tête basse, toujours regarder à gauche et à droite, ajuster ses vibrisses et tout le tsointsoin pour ne pas se faire prendre. Sachez-les utiliser quand la chasse n'est pas bonne. Et c'est tout.
Évidemment, Aouaw creva sur ces paroles. C'est vrai qu'il faisait moins vingt cette nuit-là. Aouw était trop vieux pour passer une nuit de plus à grelotter.
Miaw le roux joua un temps avec le cadavre, comme s'il pouvait le ressusciter, puis il le sortit du hangar pour le laisser au milieu de la ruelle d'où les humains pourraient le ramasser pour le jeter aux vidanges.
Miaw revint vers la tanière de Aouaw, et se coucha sur le carton aux côtés de Grizoune-aux-yeux-bridés histoire de partager un peu de chaleur.
-C'était tout de même un chic chat, n'est-ce pas Grizoune?
-Miaou, qu'elle lui répondit mentalement.
Il faisait froid comme il avait toujours fait froid dans ce coin de pays.
Miaw et Grizoune allaient se charger de transmettre la sagesse de Aouaw aux autres félins des environs ainsi qu'à leurs propres rejetons. Et tout ça par la seule force de la pensée. Sans déguisement.
mercredi 14 décembre 2011
Tomtom Palourdeau est un hostie de bon diable
Tomtom Palourdeau est issu d'une famille pauvre qui a de la noblesse de caractère.
En ces temps de déliquescence et de détournement des valeurs, tout semble favoriser la pourriture.
On arrose l'ivraie et on jette le bon grain.
Pourtant, la famille de Tomtom ne marche pas comme ça dans la vie.
Chez les Palourdeau, il faut se porter au secours de toute personne dans le besoin sans tenir compte de ses limites tant matérielles qu'intellectuelles.
Au moins signifier sa présence. Ne pas détourner le regard ou le coeur devant celui ou celle qui souffre. Être pleinement là pour autruis, sans attendre de récompense ou de compensation. Seulement pour ne pas devenir de l'ivraie, de la pourriture qui se donne des grands airs.
Aucune foi ne supporte cette démarche bien qu'il existe un certain respect pour les hommes et les femmes de bien dans la famille de Tomtom. Ils ne sont pas vraiment chrétiens ni bouddhistes. Vaguement animistes. Pas très bavards sur la cause première de l'univers.
Tous les membres de la famille ont eu des démêlées avec la justice, même Tomtom.
Les Palourdeau ne sont pas vraiment des anges aux yeux de la loi des hommes, mais bon sang s'il y a des gus qui méritent d'aller au Ciel c'est bien Tomtom et sa famille, les Palourdeau.
Tomtom Palourdeau est un spécimen représentatif de cette bonté bien active qui règne au sein de cette famille.
Comme tous les Palourdeau, il fait peur à première vue. Tomtom a l'allure d'un gars qui travaille pour le shylock du quartier: grand, gros avec tout plein de cicatrices dans le visage. Il porte une veste de cuir avec des franges. Il sent le tabac et la marijuana. Il boit. Il lui manque des dents. Il est couvert de tatouages.
C'est pourtant un gars d'une bonté terrible, Tomtom.
Il donnerait sa chemise et peut-être qu'il l'a même déjà fait.
Oui, Tomtom est un bon bonhomme, sensible, attentionné, avec toujours une bonne parole même pour les plus pourris d'entre nous.
-Il doit être bien malheureux, que nous dit Tomtom lorsqu'on lui parle d'un crosseur ou bien d'un shylock. Pourquoi se casser la tête alors qu'on pourrait seulement s'aimer tabarnak?
Tomtom sacre beaucoup, je dirais même beaucoup trop. Cependant il n'y a que les bourgeois pour vouloir donner des cours de diction au peuple. Ça les écoeure de ne pas faire partie de la bande. Alors ils disent de ne pas dire tabarnak. Et ils aident les gens hypocritement en attendant la médaille ou bien la récompense. Ce n'est jamais tout à fait gratuit. Pas comme ça l'est pour Tomtom et les Palourdeau.
Bien sûr les Palourdeau ne sont pas tout à fait honnêtes. Ils font des affaires sur le marché noir. Ils travaillent au noir. Ils font ceci ou cela tout croche et tout de travers.
Néanmoins l'on ne trouve pas mieux que ceux-là dans toute cette putain de ville pour soutenir la cause de l'amour et de l'harmonie entre les humains.
Si les anges existaient et s'ils descendaient sur terre pour faire sauter cette Sodome des temps nouveaux qu'est devenue la ville où vivent les Palourdeau, eh bien sûrement qu'ils remettraient ça.
Pourquoi? Parce que les Palourdeau sauvent cette ville d'hypocrites et de malfaisants qui se vantent de faire souffrir Untel ou Unetelle, de faire plier les genoux aux pauvres ou bien whatever. Je vous jure que c'est une ville de pleins d'marde sans bonté.
Pour ce qui est de Tomtom, j'oubliais de vous dire qu'il passe les publisacs le mardi et effectue toutes sortes de menus travaux pour de l'argent et parfois pour faire plaisir à quelqu'un qui n'a pas un sou.
Il s'informe de la santé et de l'état de tout un chacun.
Il prend le temps d'écouter ce qu'on lui dit quand on lui parle.
Il dit merci, bonjour, je vous en prie, vous êtes bien aimable.
Il n'entre jamais chez quelqu'un les mains vides.
Il donne à tout le monde, même aux riches.
Bref, ce type-là ce n'est pas une merde.
Comme tous les Palourdeau d'ailleurs.
En ces temps de déliquescence et de détournement des valeurs, tout semble favoriser la pourriture.
On arrose l'ivraie et on jette le bon grain.
Pourtant, la famille de Tomtom ne marche pas comme ça dans la vie.
Chez les Palourdeau, il faut se porter au secours de toute personne dans le besoin sans tenir compte de ses limites tant matérielles qu'intellectuelles.
Au moins signifier sa présence. Ne pas détourner le regard ou le coeur devant celui ou celle qui souffre. Être pleinement là pour autruis, sans attendre de récompense ou de compensation. Seulement pour ne pas devenir de l'ivraie, de la pourriture qui se donne des grands airs.
Aucune foi ne supporte cette démarche bien qu'il existe un certain respect pour les hommes et les femmes de bien dans la famille de Tomtom. Ils ne sont pas vraiment chrétiens ni bouddhistes. Vaguement animistes. Pas très bavards sur la cause première de l'univers.
Tous les membres de la famille ont eu des démêlées avec la justice, même Tomtom.
Les Palourdeau ne sont pas vraiment des anges aux yeux de la loi des hommes, mais bon sang s'il y a des gus qui méritent d'aller au Ciel c'est bien Tomtom et sa famille, les Palourdeau.
Tomtom Palourdeau est un spécimen représentatif de cette bonté bien active qui règne au sein de cette famille.
Comme tous les Palourdeau, il fait peur à première vue. Tomtom a l'allure d'un gars qui travaille pour le shylock du quartier: grand, gros avec tout plein de cicatrices dans le visage. Il porte une veste de cuir avec des franges. Il sent le tabac et la marijuana. Il boit. Il lui manque des dents. Il est couvert de tatouages.
C'est pourtant un gars d'une bonté terrible, Tomtom.
Il donnerait sa chemise et peut-être qu'il l'a même déjà fait.
Oui, Tomtom est un bon bonhomme, sensible, attentionné, avec toujours une bonne parole même pour les plus pourris d'entre nous.
-Il doit être bien malheureux, que nous dit Tomtom lorsqu'on lui parle d'un crosseur ou bien d'un shylock. Pourquoi se casser la tête alors qu'on pourrait seulement s'aimer tabarnak?
Tomtom sacre beaucoup, je dirais même beaucoup trop. Cependant il n'y a que les bourgeois pour vouloir donner des cours de diction au peuple. Ça les écoeure de ne pas faire partie de la bande. Alors ils disent de ne pas dire tabarnak. Et ils aident les gens hypocritement en attendant la médaille ou bien la récompense. Ce n'est jamais tout à fait gratuit. Pas comme ça l'est pour Tomtom et les Palourdeau.
Bien sûr les Palourdeau ne sont pas tout à fait honnêtes. Ils font des affaires sur le marché noir. Ils travaillent au noir. Ils font ceci ou cela tout croche et tout de travers.
Néanmoins l'on ne trouve pas mieux que ceux-là dans toute cette putain de ville pour soutenir la cause de l'amour et de l'harmonie entre les humains.
Si les anges existaient et s'ils descendaient sur terre pour faire sauter cette Sodome des temps nouveaux qu'est devenue la ville où vivent les Palourdeau, eh bien sûrement qu'ils remettraient ça.
Pourquoi? Parce que les Palourdeau sauvent cette ville d'hypocrites et de malfaisants qui se vantent de faire souffrir Untel ou Unetelle, de faire plier les genoux aux pauvres ou bien whatever. Je vous jure que c'est une ville de pleins d'marde sans bonté.
Pour ce qui est de Tomtom, j'oubliais de vous dire qu'il passe les publisacs le mardi et effectue toutes sortes de menus travaux pour de l'argent et parfois pour faire plaisir à quelqu'un qui n'a pas un sou.
Il s'informe de la santé et de l'état de tout un chacun.
Il prend le temps d'écouter ce qu'on lui dit quand on lui parle.
Il dit merci, bonjour, je vous en prie, vous êtes bien aimable.
Il n'entre jamais chez quelqu'un les mains vides.
Il donne à tout le monde, même aux riches.
Bref, ce type-là ce n'est pas une merde.
Comme tous les Palourdeau d'ailleurs.
mardi 13 décembre 2011
La politique et la malhonnêteté
Un artiste ne devrait jamais s'ébattre trop longtemps dans les eaux fangeuses de la politique. La politique est un monde rempli d'appétits insatiables, de ruses déloyales et de malhonnnêteté en tous genres. Seul un politicien pourrait dire le contraire. Ou bien un type qui passe le café et les biscuits lors des réunions de tel ou tel parti qui conspire dans les coulisses du pouvoir sur l'art d'écraser le peuple.
Bon, je suis un peu artiste et j'ai mes très petites idées sur la politique. Je me suis souvent trompé et chaque fois que je m'exprime à ce sujet je crains de le faire encore. Je ne suis pas Dieu, moi, et encore moins un militant qui ne se trompe jamais pour mieux tromper tout le monde.
Pour résumer le tout, je m'en tiens à la logique formelle. C'est-à-dire aux faits. Toutes les raisons du monde ne valent pas un fait. Il faut savoir, à mon avis, départager l'opinion des faits, bruts et idéologiquement neutres.
La gauche, la droite? Des prétextes pour oublier la relation qu'un homme doit avoir entre sa condition mortelle et l'immortalité cosmique, entre le temps et l'infini.
Nous allons tous crever un jour ou l'autre, que l'on soit de gauche ou de droite. Alors pourquoi n'apprendrait-on pas à vivre ensemble une vie digne de ce nom?
La politique est le domaine exclusif du mensonge.
La vie est le domaine exclusif de la vérité.
***
Cela dit, je me fous des messies politiques que les médias québécois nous inventent et nous rentrent dans la gueule à grands coups de sondages gnangnans.
Rien à foutre des petits bourgeois au sourire photoshoppé qui se prennent pour Duplessis, René Lévesque ou Fanfreluche.
Pendant que les petits bourgeois s'expriment sur les nécessités et vicissitudes de l'État, les pauvres se taisent et avalent le tas, toujours plus gros, que le capitalisme sauvage vaut bien leur faire gober.
On vend nos ressources naturelles pour cent fois rien. Et on trouve que les pauvres en demandent trop après les avoir déposséder de leur terre et de leur pays.
On construit des pyramides de gypse pour générer des enveloppes brunes qui viennent graisser les spin doctors et autres têteux du parti au pouvoir.
Si quelqu'un se lève pour dire que tout ça c'est de la grosse marde, de la corruption et de la fiente de petits-bourgeois, eh bien on dira qu'il est anti-Québécois.
S'attaquer à tous ces partis et ces militants qui plongent le Québec dans la pourriture, ce n'est pas manquer de patriotisme, pour ce que vaut le patriotisme et autres saluts niaiseux aux drapeaux.
Personne n'a le monopole de la québécité. Surtout pas les politiciens.
***
Un artiste ne devrait jamais parler de politique. Et seulement leur laisser la parole, les enveloppes brunes et tous les stratagèmes merdeux.
On ne peut pas échapper à la politique, bien sûr. Elle rattrape tout le monde un jour ou l'autre. Ne serait-ce que parce que c'est l'endroit où triomphent l'injustice et la tyrannie.
On peut sans doute changer la politique. Si vous avez une petite idée à ce sujet, faites-le moi savoir. Mais de grâce, ne me parlez pas de tel ou tel programme politique. Je vais vous bâiller dans la face.
Bon, je suis un peu artiste et j'ai mes très petites idées sur la politique. Je me suis souvent trompé et chaque fois que je m'exprime à ce sujet je crains de le faire encore. Je ne suis pas Dieu, moi, et encore moins un militant qui ne se trompe jamais pour mieux tromper tout le monde.
Pour résumer le tout, je m'en tiens à la logique formelle. C'est-à-dire aux faits. Toutes les raisons du monde ne valent pas un fait. Il faut savoir, à mon avis, départager l'opinion des faits, bruts et idéologiquement neutres.
La gauche, la droite? Des prétextes pour oublier la relation qu'un homme doit avoir entre sa condition mortelle et l'immortalité cosmique, entre le temps et l'infini.
Nous allons tous crever un jour ou l'autre, que l'on soit de gauche ou de droite. Alors pourquoi n'apprendrait-on pas à vivre ensemble une vie digne de ce nom?
La politique est le domaine exclusif du mensonge.
La vie est le domaine exclusif de la vérité.
***
Cela dit, je me fous des messies politiques que les médias québécois nous inventent et nous rentrent dans la gueule à grands coups de sondages gnangnans.
Rien à foutre des petits bourgeois au sourire photoshoppé qui se prennent pour Duplessis, René Lévesque ou Fanfreluche.
Pendant que les petits bourgeois s'expriment sur les nécessités et vicissitudes de l'État, les pauvres se taisent et avalent le tas, toujours plus gros, que le capitalisme sauvage vaut bien leur faire gober.
On vend nos ressources naturelles pour cent fois rien. Et on trouve que les pauvres en demandent trop après les avoir déposséder de leur terre et de leur pays.
On construit des pyramides de gypse pour générer des enveloppes brunes qui viennent graisser les spin doctors et autres têteux du parti au pouvoir.
Si quelqu'un se lève pour dire que tout ça c'est de la grosse marde, de la corruption et de la fiente de petits-bourgeois, eh bien on dira qu'il est anti-Québécois.
S'attaquer à tous ces partis et ces militants qui plongent le Québec dans la pourriture, ce n'est pas manquer de patriotisme, pour ce que vaut le patriotisme et autres saluts niaiseux aux drapeaux.
Personne n'a le monopole de la québécité. Surtout pas les politiciens.
***
Un artiste ne devrait jamais parler de politique. Et seulement leur laisser la parole, les enveloppes brunes et tous les stratagèmes merdeux.
On ne peut pas échapper à la politique, bien sûr. Elle rattrape tout le monde un jour ou l'autre. Ne serait-ce que parce que c'est l'endroit où triomphent l'injustice et la tyrannie.
On peut sans doute changer la politique. Si vous avez une petite idée à ce sujet, faites-le moi savoir. Mais de grâce, ne me parlez pas de tel ou tel programme politique. Je vais vous bâiller dans la face.
lundi 12 décembre 2011
À propos de la sagesse, du temps qui passe et des soucoupes volantes
Le temps passe a une vitesse folle. En moins de temps que ça ne prend pour lacer ses souliers. Et voilà que la barbe est grise, que les dents tombent et que l'oeil faiblit.
Boire, manger et respirer deviennent des dangers sous contrôle.
Et je ne parle même pas du reste. C'est comme ça, la vie. Un peu stupide. Cependant, on y tient comme l'on se rappelle qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras.
On mise tout sur le numéro un. Le numéro deux, c'est encore une abstraction.
Sauf pour les sages. Ceux qui ont besoin d'aide pour lacer leurs souliers et qui dans l'ensemble travaillent plutôt mal.
On imagine difficilement un sage sur des quarts de travail. On le conçoit bien plus souvent seul, sans besogne ni besoin, avec un sac à dos, un tonneau, un vieux chien mouillé ou bien un baluchon.
Bref, la sagesse ne se vit qu'en-dehors de ce monde, dans un état où l'humanité n'est qu'un spectacle où l'on tient le meilleur rôle, celui du type qui pue et qui n'a pas besoin d'amour, d'amis, de famille, de clan, de bande, de meute ou bien de communauté économique.
Je ne suis probablement pas un sage. La vie passe vite, avec ou sans sac à dos. Et puis je me lave. J'ai une amoureuse auprès de moi que j'aime et qui m'aime. J'ai des amis. Un clan de rebelles. Une bande de souverains indépendants et autonomes. Une meute de gens bons. Une communauté de bons vivants et autres aidants surnaturels.
Bref, je ne suis pas seul au monde.
Je n'ai pas nécessairement envie de l'être et ne me plains jamais d'être seul quand ça se produit.
Mais bon, on ne bâtira pas une grande sagesse sur ce texte à propos du temps qui passe, de la sagesse et de je ne sais quoi.
Déjà 6:37 du matin. Lundi, le 12 décembre 2011.
Et moi qui croyais que l'on se déplacerait en soucoupe volante pour aller travailler le matin en l'an 2000...
Je me demande bien pourquoi tout a foiré.
Enfin, pas tant que ça.
En fait, je ne me demande rien du tout.
J'écris pour me délier les doigts, une fois de plus.
Boire, manger et respirer deviennent des dangers sous contrôle.
Et je ne parle même pas du reste. C'est comme ça, la vie. Un peu stupide. Cependant, on y tient comme l'on se rappelle qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras.
On mise tout sur le numéro un. Le numéro deux, c'est encore une abstraction.
Sauf pour les sages. Ceux qui ont besoin d'aide pour lacer leurs souliers et qui dans l'ensemble travaillent plutôt mal.
On imagine difficilement un sage sur des quarts de travail. On le conçoit bien plus souvent seul, sans besogne ni besoin, avec un sac à dos, un tonneau, un vieux chien mouillé ou bien un baluchon.
Bref, la sagesse ne se vit qu'en-dehors de ce monde, dans un état où l'humanité n'est qu'un spectacle où l'on tient le meilleur rôle, celui du type qui pue et qui n'a pas besoin d'amour, d'amis, de famille, de clan, de bande, de meute ou bien de communauté économique.
Je ne suis probablement pas un sage. La vie passe vite, avec ou sans sac à dos. Et puis je me lave. J'ai une amoureuse auprès de moi que j'aime et qui m'aime. J'ai des amis. Un clan de rebelles. Une bande de souverains indépendants et autonomes. Une meute de gens bons. Une communauté de bons vivants et autres aidants surnaturels.
Bref, je ne suis pas seul au monde.
Je n'ai pas nécessairement envie de l'être et ne me plains jamais d'être seul quand ça se produit.
Mais bon, on ne bâtira pas une grande sagesse sur ce texte à propos du temps qui passe, de la sagesse et de je ne sais quoi.
Déjà 6:37 du matin. Lundi, le 12 décembre 2011.
Et moi qui croyais que l'on se déplacerait en soucoupe volante pour aller travailler le matin en l'an 2000...
Je me demande bien pourquoi tout a foiré.
Enfin, pas tant que ça.
En fait, je ne me demande rien du tout.
J'écris pour me délier les doigts, une fois de plus.
vendredi 9 décembre 2011
Jeannine
Jeannine a soixante-quinze ans aujourd'hui.
Elle est le deuxième enfant de Rodolphe et Valéda. Ses parents étaient plus ou moins des enfants d'agriculteurs de St-Léonard-d'Aston et Ste-Clothilde-de-Horton. Ils avaient des racines acadiennes et micmacs.
Les parents de Jeannine se sont établis aux Trois-Rivières pour venir y gagner leur vie. C'est-à-dire pour travailler à la Wabasso Textile, comme la plupart des nouveaux arrivants de la P'tite Pologne et des alentours.
Jeannine n'aimait pas beaucoup l'école. Elle aimait mieux travailler que de s'ennuyer sur les bancs d'école.
Et elle en a travaillé une shot.
Je pense qu'elle a commencé dans une shop de chips située dans la paroisse Sainte-Cécile. Elle racontait que le boss leur permettait de ramener des miettes de chips à la maison. C'était probablement les seuls avantages sociaux. C'était dans le temps de Duplessis...
Puis elle est devenue couturière. Elle a bossé à la Wabasso, comme son père et tous les autres membres de la famille. Puis chez Lampron Shirt, près des Cinq-Coins, à fabriquer des shorts ou bien des gilets.
Elle a rencontré un homme, un Métis de la Vallée de la Matapédia, et ils ont eu quatre enfants. Quatre garçons. Des bouches à nourrir et à surnourrir. Quatre colosses de six pieds deux cents livres minimum.
Alors elle a travaillé de plus belle. Elle a continué à faire de la couture à la maison tout en torchant ses quatre enfants. On lui livrait des piles et des piles de vêtements. Et Jeannine était payée à la pièce pour tout ça.
Ensuite, elle s'est mise à faire du ménage chez des gens. Comme elle était scrupuleusement honnête on la recommandait un peu partout. C'est ainsi qu'elle finit par obtenir un poste de préposé aux bénéficiaires dans un foyer pour personnes âgées du secteur public. Le meilleur salaire et les meilleures conditions de travail de sa vie. À la maison, on en profita pour changer les électroménagers, les meubles, la télé, alouette.
Puis elle tomba malade. Comme bien des femmes au tournant de la cinquantaine.
Elle surmonta ses petits bobos puis continua ses travaux de couture.
Elle tricota, broda, épingla, et coetera.
Puis son mari mourrut d'un cancer.
Elle devint veuve autour de sa soixantième année.
Elle continua à tricoter, broder, épingler et à s'occuper du club de l'Âge d'Or.
Ses quatre garçons sont tous devenus des hommes. De gros et grands bonhommes qui ne s'en laissent pas imposer facilement. Des kings à leur manière, comme leur papa leur a enseigné.
S'ils chantent, dansent et sourient, ça vient de la mère, sans aucun doute. De leur mère qui chante, danse et sourie encore à soixante-quinze ans.
Soixante-quinze ans qu'elle a aujourd'hui, Jeannine.
Et au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, Jeannine, eh bien c'est ma mère.
Bonne fête Mouman!
Elle est le deuxième enfant de Rodolphe et Valéda. Ses parents étaient plus ou moins des enfants d'agriculteurs de St-Léonard-d'Aston et Ste-Clothilde-de-Horton. Ils avaient des racines acadiennes et micmacs.
Les parents de Jeannine se sont établis aux Trois-Rivières pour venir y gagner leur vie. C'est-à-dire pour travailler à la Wabasso Textile, comme la plupart des nouveaux arrivants de la P'tite Pologne et des alentours.
Jeannine n'aimait pas beaucoup l'école. Elle aimait mieux travailler que de s'ennuyer sur les bancs d'école.
Et elle en a travaillé une shot.
Je pense qu'elle a commencé dans une shop de chips située dans la paroisse Sainte-Cécile. Elle racontait que le boss leur permettait de ramener des miettes de chips à la maison. C'était probablement les seuls avantages sociaux. C'était dans le temps de Duplessis...
Puis elle est devenue couturière. Elle a bossé à la Wabasso, comme son père et tous les autres membres de la famille. Puis chez Lampron Shirt, près des Cinq-Coins, à fabriquer des shorts ou bien des gilets.
Elle a rencontré un homme, un Métis de la Vallée de la Matapédia, et ils ont eu quatre enfants. Quatre garçons. Des bouches à nourrir et à surnourrir. Quatre colosses de six pieds deux cents livres minimum.
Alors elle a travaillé de plus belle. Elle a continué à faire de la couture à la maison tout en torchant ses quatre enfants. On lui livrait des piles et des piles de vêtements. Et Jeannine était payée à la pièce pour tout ça.
Ensuite, elle s'est mise à faire du ménage chez des gens. Comme elle était scrupuleusement honnête on la recommandait un peu partout. C'est ainsi qu'elle finit par obtenir un poste de préposé aux bénéficiaires dans un foyer pour personnes âgées du secteur public. Le meilleur salaire et les meilleures conditions de travail de sa vie. À la maison, on en profita pour changer les électroménagers, les meubles, la télé, alouette.
Puis elle tomba malade. Comme bien des femmes au tournant de la cinquantaine.
Elle surmonta ses petits bobos puis continua ses travaux de couture.
Elle tricota, broda, épingla, et coetera.
Puis son mari mourrut d'un cancer.
Elle devint veuve autour de sa soixantième année.
Elle continua à tricoter, broder, épingler et à s'occuper du club de l'Âge d'Or.
Ses quatre garçons sont tous devenus des hommes. De gros et grands bonhommes qui ne s'en laissent pas imposer facilement. Des kings à leur manière, comme leur papa leur a enseigné.
S'ils chantent, dansent et sourient, ça vient de la mère, sans aucun doute. De leur mère qui chante, danse et sourie encore à soixante-quinze ans.
Soixante-quinze ans qu'elle a aujourd'hui, Jeannine.
Et au cas où vous ne l'auriez pas encore compris, Jeannine, eh bien c'est ma mère.
Bonne fête Mouman!
mercredi 7 décembre 2011
Proust, Dostoïevski et l'ennui
Je n'ai retenu qu'une seule phrase après avoir lu tous les tomes d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Je les ai tous lus dans le cadre d'un séminaire de lecture à l'université. Tous...
Et je n'ai retenu qu'une seule phrase, tirée de Du côté de chez Swann.
«Il se pourrait que certains chefs-d'oeuvre aient été écrits en bâillant.»
Pour le reste, rien. Cette phrase m'obsède et résume toute l'oeuvre de Proust: un chef -d'oeuvre d'ennui.
***
L'ennui est un moteur des actions humaines.
Certains préfèrent continuer à vivre telle ou telle bêtise plutôt que de s'ennuyer.
Souffrir vaut même mieux que de s'ennuyer.
Alors ils souffrent, pour échapper à l'ennui. La souffrance, ça rappelle qu'on est sculpté dans du vivant. C'est physique, j'imagine.
Je ne vois pas très bien le rapport que ça peut avoir avec Marcel Proust, que j'aurais bien aimé apprécier et qui finalement ne me dit rien du tout.
Ne retenir qu'une seule phrase d'un auteur après s'être claqué l'épaisseur d'une bible, c'est pas pour se faire aimer.
Vous n'avez pas idée comment l'on peut s'ennuyer à l'université...
***
Dostoïevski? Je pourrais vous citer des tas de passages. Ce n'était pas un maître de l'ennui. Mais il comprenait sans doute que l'ennui était au coeur des actions et des inactions humaines.
Il rapporte dans une de ses nouvelles que si nous vivions tous dans un beau palais de verre l'avenir de l'humanité dépendrait de celui qui, par lassitude et ennui, briserait ce palais de verre. Comme si l'homme n'était fait que pour le mouvement, l'action, l'aventure...
Bon, vous pouvez croire que je délire.
Pourquoi pas, hein?
Y'a pas de raison de s'en priver.
Et je n'ai retenu qu'une seule phrase, tirée de Du côté de chez Swann.
«Il se pourrait que certains chefs-d'oeuvre aient été écrits en bâillant.»
Pour le reste, rien. Cette phrase m'obsède et résume toute l'oeuvre de Proust: un chef -d'oeuvre d'ennui.
***
L'ennui est un moteur des actions humaines.
Certains préfèrent continuer à vivre telle ou telle bêtise plutôt que de s'ennuyer.
Souffrir vaut même mieux que de s'ennuyer.
Alors ils souffrent, pour échapper à l'ennui. La souffrance, ça rappelle qu'on est sculpté dans du vivant. C'est physique, j'imagine.
Je ne vois pas très bien le rapport que ça peut avoir avec Marcel Proust, que j'aurais bien aimé apprécier et qui finalement ne me dit rien du tout.
Ne retenir qu'une seule phrase d'un auteur après s'être claqué l'épaisseur d'une bible, c'est pas pour se faire aimer.
Vous n'avez pas idée comment l'on peut s'ennuyer à l'université...
***
Dostoïevski? Je pourrais vous citer des tas de passages. Ce n'était pas un maître de l'ennui. Mais il comprenait sans doute que l'ennui était au coeur des actions et des inactions humaines.
Il rapporte dans une de ses nouvelles que si nous vivions tous dans un beau palais de verre l'avenir de l'humanité dépendrait de celui qui, par lassitude et ennui, briserait ce palais de verre. Comme si l'homme n'était fait que pour le mouvement, l'action, l'aventure...
Bon, vous pouvez croire que je délire.
Pourquoi pas, hein?
Y'a pas de raison de s'en priver.
mardi 6 décembre 2011
Le Carême de Ron
-Quand la fripotte te prend, ben tu te défripes au lieu de t'enfirouâper. Y'a toujours bin des maudites limites à se l'entendre dire jéritol de jériflush! Moé, parce que j'va's parler pour moé, bin j'su's c'que j'su's pis ça r'garde parsonne d'autre que moé. M'en va's dire comme c'te gars: ça va faire!
Ron disait ça en prenant un air choqué qui ne lui allait pas du tout. Il ressemblait trop à Olivier Guimond pour que ça passe. Il avait toujours cet air de mononcle sympathique qui lui collait au visage même s'il était plutôt déplaisant. Il était d'ailleurs à l'âge d'être plusieurs fois mononcle, cinquante-deux ou cinquante-trois ans peut-être, et il disait vraiment n'importe quoi, ce sacré Ron, comme vous venez de l'entendre. Surtout quand il levait le coude. Autant dire tous les jours.
Sauf pendant le Carême. Ron était un fervent chrétien, même si ça ne parassait pas trop. Je veux dire que Ron se trouvait souvent dans l'état où l'on a besoin d'un bon Samaritain. Comme si Ron testait la bonté des uns et des autres en vivant dans cet état perpétuellement second, sinon tertiaire, voire larvaire.
Et pendant les quarante jours du Carême, du mercredi des cendres au dimanche de la résurrection, Ron ne buvait plus une seule goutte d'alcool. Seulement de l'eau et de la soupe aux nouilles. Il traversait le Carême en récoutant de vieux albums de Neil Diamond ou bien de Machin Humperpickle-kelkechose.
Ron parlait peu pendant le Carême, pardonnait tout à tous et se couvrait la tête de cendres pour ses derniers mois de péché et d'ivresse.
Puis son foie se rétablissait, à force de prière et d'eau de source.
Il fallait le voir le dimanche de Pâques, à la taverne, après quarante jours d'abstinence.
-Donne-moé une once de d'ça, une once de d'ça, une once de d'ça pis encore une once de d'ça pis mélange-moé ça dans un grand verre avec du lait!
Après quelques verres de ce drink improvisé, Ron redevenait paf comme tout un chacun l'avait toujours connu. Et il se remettait à délirer, comme d'habitude.
-Quand la fripotte te prend c'est l'temps de t'enfirouâper dans les fripeux d'bottines de viârge! Ha! Ha! Moé, là, j'ai pour mon dire que l'temps y'est mauvais quand y'est couvert en seulement qu'i' faut qu'i mouille pour pas qu'i' neige...
Ron était ressuscité d'entre les morts et encore saoul mort, désagréable et délirant.
Désagréable? Oui. Ron vomissait partout. Et tout le monde le ramassait, oui.
Mais bon... Qui n'est pas désagréable quand il se saoule? Et comme tout le monde se saoulait dans cette taverne, on peut dire que Ron passait presque inaperçu, sauf dans la période du Carême où son absence se faisait sentir. Comme s'il était divertissant somme toute pour tous ces paumés et pauvres ivrognes hilares et malades.
Conclusion? Je sais pas. J'ai rien trouvé. Faites-moi signe si vous trouvez une morale pour cette histoire qui n'en est peut-être même pas une. C'est juste du vrai, comme d'habitude. Et gratuit par-dessus le marché.
C'est l'histoire de Ron, le gars qui ne buvait pas pendant le Carême.
Ron disait ça en prenant un air choqué qui ne lui allait pas du tout. Il ressemblait trop à Olivier Guimond pour que ça passe. Il avait toujours cet air de mononcle sympathique qui lui collait au visage même s'il était plutôt déplaisant. Il était d'ailleurs à l'âge d'être plusieurs fois mononcle, cinquante-deux ou cinquante-trois ans peut-être, et il disait vraiment n'importe quoi, ce sacré Ron, comme vous venez de l'entendre. Surtout quand il levait le coude. Autant dire tous les jours.
Sauf pendant le Carême. Ron était un fervent chrétien, même si ça ne parassait pas trop. Je veux dire que Ron se trouvait souvent dans l'état où l'on a besoin d'un bon Samaritain. Comme si Ron testait la bonté des uns et des autres en vivant dans cet état perpétuellement second, sinon tertiaire, voire larvaire.
Et pendant les quarante jours du Carême, du mercredi des cendres au dimanche de la résurrection, Ron ne buvait plus une seule goutte d'alcool. Seulement de l'eau et de la soupe aux nouilles. Il traversait le Carême en récoutant de vieux albums de Neil Diamond ou bien de Machin Humperpickle-kelkechose.
Ron parlait peu pendant le Carême, pardonnait tout à tous et se couvrait la tête de cendres pour ses derniers mois de péché et d'ivresse.
Puis son foie se rétablissait, à force de prière et d'eau de source.
Il fallait le voir le dimanche de Pâques, à la taverne, après quarante jours d'abstinence.
-Donne-moé une once de d'ça, une once de d'ça, une once de d'ça pis encore une once de d'ça pis mélange-moé ça dans un grand verre avec du lait!
Après quelques verres de ce drink improvisé, Ron redevenait paf comme tout un chacun l'avait toujours connu. Et il se remettait à délirer, comme d'habitude.
-Quand la fripotte te prend c'est l'temps de t'enfirouâper dans les fripeux d'bottines de viârge! Ha! Ha! Moé, là, j'ai pour mon dire que l'temps y'est mauvais quand y'est couvert en seulement qu'i' faut qu'i mouille pour pas qu'i' neige...
Ron était ressuscité d'entre les morts et encore saoul mort, désagréable et délirant.
Désagréable? Oui. Ron vomissait partout. Et tout le monde le ramassait, oui.
Mais bon... Qui n'est pas désagréable quand il se saoule? Et comme tout le monde se saoulait dans cette taverne, on peut dire que Ron passait presque inaperçu, sauf dans la période du Carême où son absence se faisait sentir. Comme s'il était divertissant somme toute pour tous ces paumés et pauvres ivrognes hilares et malades.
Conclusion? Je sais pas. J'ai rien trouvé. Faites-moi signe si vous trouvez une morale pour cette histoire qui n'en est peut-être même pas une. C'est juste du vrai, comme d'habitude. Et gratuit par-dessus le marché.
C'est l'histoire de Ron, le gars qui ne buvait pas pendant le Carême.
lundi 5 décembre 2011
L'ordre et la justice selon Mary-Louise McDougal
La vie n'est pas si simple qu'il n'y paraît.
Il faut faire avec. Que faire d'autre, hein?
C'est pourquoi Mary-Louise McDougal avait décidé d'aller s'acheter un chips au dépanneur, pour passer le temps.
Il était vers les huit heures du soir. Il faisait noir comme chez le loup. On n'avait pas encore remplacé la lampe du reverbère malgré les promesses du conseiller municipal, du maire et même du chef des pompiers. Cela faisait déjà un bon sept jours que la rue Ménard menant au dépanneur Rinfret était plongée dans l'obscurité. Et Mary-Louise, par sécurité, préférait s'éclairer à la lampe de poche histoire de savoir à qui elle avait affaire. Dans ce quartier, on ne savait jamais sur qui l'on pouvait tomber. Dont des voleurs de sacoches.
Des voleurs de sacoches comme Jo The Vedge. Un sniffeux de colle qui ne s'en prenait qu'aux vieilles, faibles et sans défense.
Aux vieilles comme Mary-Louise par exemple.
Jo The Vedge, ce nul, ne se doutait pas de la force de sa victime. La McDougal avait travaillé toute sa vie dans la restauration et elle avait des muscles d'acier. Voilà pourquoi elle lui calissa un coup de lampe de poche sur le museau quand il vint pour tenter de s'emparer subrepticement de sa sacoche. Et elle lui asséna plutôt deux coups qu'un seul. Voire trois coups et plus encore. En fait, elle réduisit en bouillie le visage de Jo The Vedge qui finit par s'enfuir tant bien que mal avec son air de coque-l'oeil.
Mary-Louise ne crut pas nécessaire d'appeler les policiers. Elle avait encore sa sacoche.
Elle rentra au dépanneur. S'acheta des chips et de la liqueur. Puis elle revint lentement chez elle. Avec sa lampe de poche qui fonctionnait encore très bien. Une lampe de poche qui lui tenait lieu de gourdin et qui lui permettait de faire régner l'ordre et la justice dans le quartier.
Il faut faire avec. Que faire d'autre, hein?
C'est pourquoi Mary-Louise McDougal avait décidé d'aller s'acheter un chips au dépanneur, pour passer le temps.
Il était vers les huit heures du soir. Il faisait noir comme chez le loup. On n'avait pas encore remplacé la lampe du reverbère malgré les promesses du conseiller municipal, du maire et même du chef des pompiers. Cela faisait déjà un bon sept jours que la rue Ménard menant au dépanneur Rinfret était plongée dans l'obscurité. Et Mary-Louise, par sécurité, préférait s'éclairer à la lampe de poche histoire de savoir à qui elle avait affaire. Dans ce quartier, on ne savait jamais sur qui l'on pouvait tomber. Dont des voleurs de sacoches.
Des voleurs de sacoches comme Jo The Vedge. Un sniffeux de colle qui ne s'en prenait qu'aux vieilles, faibles et sans défense.
Aux vieilles comme Mary-Louise par exemple.
Jo The Vedge, ce nul, ne se doutait pas de la force de sa victime. La McDougal avait travaillé toute sa vie dans la restauration et elle avait des muscles d'acier. Voilà pourquoi elle lui calissa un coup de lampe de poche sur le museau quand il vint pour tenter de s'emparer subrepticement de sa sacoche. Et elle lui asséna plutôt deux coups qu'un seul. Voire trois coups et plus encore. En fait, elle réduisit en bouillie le visage de Jo The Vedge qui finit par s'enfuir tant bien que mal avec son air de coque-l'oeil.
Mary-Louise ne crut pas nécessaire d'appeler les policiers. Elle avait encore sa sacoche.
Elle rentra au dépanneur. S'acheta des chips et de la liqueur. Puis elle revint lentement chez elle. Avec sa lampe de poche qui fonctionnait encore très bien. Une lampe de poche qui lui tenait lieu de gourdin et qui lui permettait de faire régner l'ordre et la justice dans le quartier.
vendredi 2 décembre 2011
Gris, brun et drabe
Il tarde à neiger. Les gazons n'ont pas tout à fait déverdis. L'automne se fait long et s'insinue comme un mal lancinant. Tout est gris, brun et drabe.
Dès que la neige s'installera tout redeviendra clair et lumineux. Ce sera comme une page vierge. Ouais.
Mais pour le moment, c'est gris, brun et drabe.
Vivement l'hiver, ma saison préférée...
Dès que la neige s'installera tout redeviendra clair et lumineux. Ce sera comme une page vierge. Ouais.
Mais pour le moment, c'est gris, brun et drabe.
Vivement l'hiver, ma saison préférée...
jeudi 1 décembre 2011
C'est la faute à Grumeausier, un athée qui mange des chips
Isaac Bashevis Singer raconte quelque part l'histoire d'un gus qui ne croit pas en Dieu, emmerde tout le monde avec sa quête de vérité et finalement vit extrêmement seul, malheureux et misérable. Je ne me souviens pas du titre du conte. Aussi, je vous recommanderai de lire ses oeuvres complètes par les moyens qui vous sont offerts. Vous ne le regretterez pas. C'est un prix Nobel qui vaut son bâton de dynamite. Je vous en passe ce papier.
Je pourrais googler une demie heure de plus et tout vous rapporter tout cuit dans le bec que cela m'aurait fait perdre un temps fou. Un temps précieux pour vous parler justement d'un fou, Grumeausier. Un gars qui fait penser à ce gus qui ne croyait pas en Dieu dans ce conte de Isaac B. Singer.
Grumeausier est un vrai rabat-joie.
Évidemment, il ne croit pas en Dieu. C'est son affaire. Et remarquez que c'est ne pas facile de penser que Dieu croit en nous. Alors on comprend que plusieurs en viennent à considérer ce problème ontologique comme de l'opium. Une drogue pour cantonner la raison entre les bornes des rites. Des habitudes malsaines qui relèvent des psychopathologies collectives comme le fascisme et les émissions de téléréalité.
Quoi qu'il en soit, Grumeausier n'est pas gras.
Non, il est d'un poids normal. C'est-à-dire statistiquement hors de commentaire.
Sinon qu'il mange beaucoup de croustilles, mais ça n'a rien à voir avec ce que je m'efforce de vous raconter en digressant comme un type subitement atteint de logorrhée.
Grumeausier, qu'il ne soit pas gras ou qu'il mange des chips, sérieusement, ça n'aide pas l'intelligence de ce conte.
Car c'est un conte que je vous écris là.
Grumeausier est un per-son-na-ge. Une création. Il vient du fin fonds de mon esprit. Et je le lance sur le papier comme ça, sans le connaître, comme si j'en connaissais des tas comme ça.
Eh oui. Il y en a des tas comme Grumeausier.
Mais mon Grumeausier à moi est athée, pas gras et avaleur de chips.
Il est rabat-joie parce que si vous lui parlez de Star Wars, par exemple, il vous rappelle tout de suite qu'il n'y a pas de son dans l'espace. Par conséquent on ne devrait pas entendre de bruits de rayons laser et d'explosion.
-Ah! Tu nous fais chier Grumeausier! que tout le monde lui dit... ou bien lui dirait.
Et Grumeausier rajoute son grain de sel dans tout.
On lui parle de politique? Grumeausier vous rapporte les mille et une raisons de ne pas croire un seul instant en cette foire d'enfoirés. Il a le raccourci facile mais malheureusement juste. Et comme personne n'aime la chicane autour de lui, on finit par trouver qu'il est non seulement un rabat-joie, mais aussi un emmerdeur.
Évidemment, on n'invite jamais Grumausier dans les partys et c'est très bien ainsi puisqu'il préfère la solitude. Il s'emmerde moins tout seul qu'en groupe. Donc, il ne bénéficie d'aucun réseau social. Il vit loin et éloigné de tous, étouffé par sa maudite conscience d'avoir raison contre tous.
Grumeausier déteste la danse des canards.
Grumeausier ne supporte pas les superstitions et les trouve non seulement ridicules mais imbécillisantes.
Grumeausier est pauvre puisqu'il dit ce qu'il pense vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans inhibition, comme s'il était perpétuellement connecté à son combat contre l'ignorance.
-Je n'ai pas à feindre ma vie! dit-il parfois pour se rendre intéressant.
Et tout le monde, évidemment, lui rappelle de se la fermer.
Grumeausier n'est pas homme à se laisser taire.
Aussi, il continue de gueuler. Souvent tout seul chez-lui. Ou bien sur Facebook. Ça dépend.
Grumeausier trouve toujours l'exception qui rend la règle infirme.
C'est un maudit rabat-joie, certes.
Il fait chier tout le monde, en effet.
Mais sacrament, c'est pas de la faute de Grumeausier s'il n'y a pas de son dans l'espace!!!
Je pourrais googler une demie heure de plus et tout vous rapporter tout cuit dans le bec que cela m'aurait fait perdre un temps fou. Un temps précieux pour vous parler justement d'un fou, Grumeausier. Un gars qui fait penser à ce gus qui ne croyait pas en Dieu dans ce conte de Isaac B. Singer.
Grumeausier est un vrai rabat-joie.
Évidemment, il ne croit pas en Dieu. C'est son affaire. Et remarquez que c'est ne pas facile de penser que Dieu croit en nous. Alors on comprend que plusieurs en viennent à considérer ce problème ontologique comme de l'opium. Une drogue pour cantonner la raison entre les bornes des rites. Des habitudes malsaines qui relèvent des psychopathologies collectives comme le fascisme et les émissions de téléréalité.
Quoi qu'il en soit, Grumeausier n'est pas gras.
Non, il est d'un poids normal. C'est-à-dire statistiquement hors de commentaire.
Sinon qu'il mange beaucoup de croustilles, mais ça n'a rien à voir avec ce que je m'efforce de vous raconter en digressant comme un type subitement atteint de logorrhée.
Grumeausier, qu'il ne soit pas gras ou qu'il mange des chips, sérieusement, ça n'aide pas l'intelligence de ce conte.
Car c'est un conte que je vous écris là.
Grumeausier est un per-son-na-ge. Une création. Il vient du fin fonds de mon esprit. Et je le lance sur le papier comme ça, sans le connaître, comme si j'en connaissais des tas comme ça.
Eh oui. Il y en a des tas comme Grumeausier.
Mais mon Grumeausier à moi est athée, pas gras et avaleur de chips.
Il est rabat-joie parce que si vous lui parlez de Star Wars, par exemple, il vous rappelle tout de suite qu'il n'y a pas de son dans l'espace. Par conséquent on ne devrait pas entendre de bruits de rayons laser et d'explosion.
-Ah! Tu nous fais chier Grumeausier! que tout le monde lui dit... ou bien lui dirait.
Et Grumeausier rajoute son grain de sel dans tout.
On lui parle de politique? Grumeausier vous rapporte les mille et une raisons de ne pas croire un seul instant en cette foire d'enfoirés. Il a le raccourci facile mais malheureusement juste. Et comme personne n'aime la chicane autour de lui, on finit par trouver qu'il est non seulement un rabat-joie, mais aussi un emmerdeur.
Évidemment, on n'invite jamais Grumausier dans les partys et c'est très bien ainsi puisqu'il préfère la solitude. Il s'emmerde moins tout seul qu'en groupe. Donc, il ne bénéficie d'aucun réseau social. Il vit loin et éloigné de tous, étouffé par sa maudite conscience d'avoir raison contre tous.
Grumeausier déteste la danse des canards.
Grumeausier ne supporte pas les superstitions et les trouve non seulement ridicules mais imbécillisantes.
Grumeausier est pauvre puisqu'il dit ce qu'il pense vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans inhibition, comme s'il était perpétuellement connecté à son combat contre l'ignorance.
-Je n'ai pas à feindre ma vie! dit-il parfois pour se rendre intéressant.
Et tout le monde, évidemment, lui rappelle de se la fermer.
Grumeausier n'est pas homme à se laisser taire.
Aussi, il continue de gueuler. Souvent tout seul chez-lui. Ou bien sur Facebook. Ça dépend.
Grumeausier trouve toujours l'exception qui rend la règle infirme.
C'est un maudit rabat-joie, certes.
Il fait chier tout le monde, en effet.
Mais sacrament, c'est pas de la faute de Grumeausier s'il n'y a pas de son dans l'espace!!!
mercredi 30 novembre 2011
Un député épais parmi tant d'autres
Georges Sanschagrin était député au parlement. C'était un épais. Un épais qu'on pouvait tirer par des ficelles, comme une marionnette.
Le golf était son passe-temps préféré selon sa biographie officielle.
L'alcool prenait tout le reste du temps pour le fin observateur des boires et déboires du député.
Il ne disait que des conneries, comme le Premier Ministre, lui-même marionnette, l'entendait bien.
Il s'était fait élire en disant des conneries.
Il avait trouvé tout plein de contrats à trois fois le prix normal. Des contrats pour les marionnettistes.
Et on appelait ça du «développement économique». Détourner les fonds publics vers les marionnettistes.
Sanschagrin était un épais pitoyable, certes.
Mais il n'était pas la source du problème.
Le député Sanschagrin n'en était que le messager, le porte-parole...
Le golf était son passe-temps préféré selon sa biographie officielle.
L'alcool prenait tout le reste du temps pour le fin observateur des boires et déboires du député.
Il ne disait que des conneries, comme le Premier Ministre, lui-même marionnette, l'entendait bien.
Il s'était fait élire en disant des conneries.
Il avait trouvé tout plein de contrats à trois fois le prix normal. Des contrats pour les marionnettistes.
Et on appelait ça du «développement économique». Détourner les fonds publics vers les marionnettistes.
Sanschagrin était un épais pitoyable, certes.
Mais il n'était pas la source du problème.
Le député Sanschagrin n'en était que le messager, le porte-parole...
lundi 28 novembre 2011
Les baveux du temps de la poly ont pris du galon
On dirait que les baveux du temps de la poly ont pris du galon.
Comme si le seul muscle qui ne comptait pas était le cerveau. À moins qu'il ne faille ce cerveau de «m'en va's t'en crisser rien qu'une». Cerveau pas très musclé qui permet aux baveux du temps de la poly de prospérer et d'opérer dans le monde parallèle qui gouverne cette démocratie d'opérette.
Évidemment, le vrai pouvoir se tient toujours ailleurs.
Les méchants perdent toujours, même dans les mauvais films.
La confiance aux institutions est essentielle pour maintenir le système en place.
Cette confiance est disparue. Grâce à nos amis les baveux du temps de la poly.
-Écoute! qu'ils disent. R'garde. Moé là moé...
Et ils se jouent des lois comme des journaux en siphonnant le fric de la communauté.
Pour qu'ils s'écoutent, se regardent et se disent des trucs comme «moé là moé».
Ça va passer, je le sais.
Parce que la nature a horreur du vide.
Mais bon, en attendant, je voulais vous offrir ce texticule pour vous consoler.
Comme si le seul muscle qui ne comptait pas était le cerveau. À moins qu'il ne faille ce cerveau de «m'en va's t'en crisser rien qu'une». Cerveau pas très musclé qui permet aux baveux du temps de la poly de prospérer et d'opérer dans le monde parallèle qui gouverne cette démocratie d'opérette.
Évidemment, le vrai pouvoir se tient toujours ailleurs.
Les méchants perdent toujours, même dans les mauvais films.
La confiance aux institutions est essentielle pour maintenir le système en place.
Cette confiance est disparue. Grâce à nos amis les baveux du temps de la poly.
-Écoute! qu'ils disent. R'garde. Moé là moé...
Et ils se jouent des lois comme des journaux en siphonnant le fric de la communauté.
Pour qu'ils s'écoutent, se regardent et se disent des trucs comme «moé là moé».
Ça va passer, je le sais.
Parce que la nature a horreur du vide.
Mais bon, en attendant, je voulais vous offrir ce texticule pour vous consoler.
mercredi 23 novembre 2011
La révolution est commencée
Les mendiants gouvernent les rois depuis des temps immémoriaux.
Depuis les premiers anachorètes de l'Inde qui défiaient les rois il y a 3 000 ans, via les cyniques grecs qui se moquaient de tout, jusqu'aux sans-culottes d'Occupons Montréal, on les voit narguer les autorités pour les rappeler à leurs devoirs envers la communauté.
Les rois veulent bien les prendre pour des bouffons. Pourtant, ce sont les bouffons qui renversent les gouvernements.
Les mendiants leur disent en pleine face que leurs paroles camouflent l'avidité de leurs privilèges.
Les scribes et autres prêtres officiels tentent tant bien que mal de freiner ces anachorètes chrysostomes qui défient l'autorité temporelle et stimulent les masses sur Facebook ou Youtube.
Bientôt, les journaux et les médias vendus au Veau d'Or seront submergés par ces voix provenant des tréfonds des jungles, des forêts et des HLM.
On aura cru à une simple émeute, une petite manifestation...
Et c'était déjà le début de la révolution.
Une force autant physique que spirituelle.
Une pensée qui faisait son chemin parmi les mortels.
L'idée que l'avidité est un cycle qui tire à sa fin.
L'idée que nous sommes déjà au coeur d'une révolution...
Depuis les premiers anachorètes de l'Inde qui défiaient les rois il y a 3 000 ans, via les cyniques grecs qui se moquaient de tout, jusqu'aux sans-culottes d'Occupons Montréal, on les voit narguer les autorités pour les rappeler à leurs devoirs envers la communauté.
Les rois veulent bien les prendre pour des bouffons. Pourtant, ce sont les bouffons qui renversent les gouvernements.
Les mendiants leur disent en pleine face que leurs paroles camouflent l'avidité de leurs privilèges.
Les scribes et autres prêtres officiels tentent tant bien que mal de freiner ces anachorètes chrysostomes qui défient l'autorité temporelle et stimulent les masses sur Facebook ou Youtube.
Bientôt, les journaux et les médias vendus au Veau d'Or seront submergés par ces voix provenant des tréfonds des jungles, des forêts et des HLM.
On aura cru à une simple émeute, une petite manifestation...
Et c'était déjà le début de la révolution.
Une force autant physique que spirituelle.
Une pensée qui faisait son chemin parmi les mortels.
L'idée que l'avidité est un cycle qui tire à sa fin.
L'idée que nous sommes déjà au coeur d'une révolution...
mardi 22 novembre 2011
Liberté 55 pour Jack Latourbe
Quand on laisse la peur entrer en soi l'on devient la peur.
C'est une vieille sagesse que l'on saisit encore ça et là sur l'Île de la Tortue, un continent rebaptisé du nom d'un Européen pour une raison qui échappe à cette même sagesse...
Jack Latourbe n'a peur de rien.
C'est un mélange d'Iyéyou*, de Tinglit, de Français, d'Irlandais et de Kenyan. Une espèce comme on en rencontre partout sur la Terre de nos jours. Rien d'étonnant.
Aussi, Jack Latourbe n'est pas étonné par ses origines. Il les tient pour une suite de hasards. Et tant qu'à choisir, aussi bien pousser son Cri. Ce qui fait que Jack Latourbe s'affirme en tant que Cri pour être un peu plus en symbiose avec sa grand-mère Kokomis qui lui a enseigné à parler l'iyéyou, pour être de pair avec l'humus de son continent.
Latourbe pratique le plus vieux métier du monde. Il est caissier, le seul caissier de Chibougawa.
C'est lui qui change les chèques.
C'est lui qui gère les transferts d'argent.
Lui qui sait la combine pour ouvrir le coffre-fort.
Jack Latourbe se fout bien sûr de son boulot. C'est un homme trop intelligent pour se nourrir de passions sans intérêt.
Sa passion, c'est la forêt.
Aussi, dès qu'il a fini de travailler, le guichet automatique le remplace.
Latourbe peut regagner sa chère forêt. Il enfourche son quatre roues et en avant le paradis!
Son paradis, c'est le lac Iyéyou. Tout un lac où personne ne passe, sinon Ernie Diamond, un Cri de Weskaganish qui emprunte ce chemin pour se rendre à son lot de trappe R-23.
Latourbe consacre tous ses temps libres à vivre en forêt comme les Anciens, c'est-à-dire comme un vrai homme habitant l'Île de la Tortue.
Pour financer ce rêve, il doit compter de l'argent de neuf à cinq, du lundi au vendredi.
Les temps sont durs... Bien sûr, bien sûr...
Mais l'âge de la retraite s'approche.
L'âge où Jack Latourbe pourra se retirer avec un petit magot pour financer ses expéditions.
Il ne lui reste plus que six semaines à travailler.
Six semaines pour apposer des tampons et parapher des documents.
Puis bye, bye la visite.
Latourbe s'enfoncera dans sa chère forêt avec son chéquier et sa Liberté 55.
*Iyéyou: Cri
C'est une vieille sagesse que l'on saisit encore ça et là sur l'Île de la Tortue, un continent rebaptisé du nom d'un Européen pour une raison qui échappe à cette même sagesse...
Jack Latourbe n'a peur de rien.
C'est un mélange d'Iyéyou*, de Tinglit, de Français, d'Irlandais et de Kenyan. Une espèce comme on en rencontre partout sur la Terre de nos jours. Rien d'étonnant.
Aussi, Jack Latourbe n'est pas étonné par ses origines. Il les tient pour une suite de hasards. Et tant qu'à choisir, aussi bien pousser son Cri. Ce qui fait que Jack Latourbe s'affirme en tant que Cri pour être un peu plus en symbiose avec sa grand-mère Kokomis qui lui a enseigné à parler l'iyéyou, pour être de pair avec l'humus de son continent.
Latourbe pratique le plus vieux métier du monde. Il est caissier, le seul caissier de Chibougawa.
C'est lui qui change les chèques.
C'est lui qui gère les transferts d'argent.
Lui qui sait la combine pour ouvrir le coffre-fort.
Jack Latourbe se fout bien sûr de son boulot. C'est un homme trop intelligent pour se nourrir de passions sans intérêt.
Sa passion, c'est la forêt.
Aussi, dès qu'il a fini de travailler, le guichet automatique le remplace.
Latourbe peut regagner sa chère forêt. Il enfourche son quatre roues et en avant le paradis!
Son paradis, c'est le lac Iyéyou. Tout un lac où personne ne passe, sinon Ernie Diamond, un Cri de Weskaganish qui emprunte ce chemin pour se rendre à son lot de trappe R-23.
Latourbe consacre tous ses temps libres à vivre en forêt comme les Anciens, c'est-à-dire comme un vrai homme habitant l'Île de la Tortue.
Pour financer ce rêve, il doit compter de l'argent de neuf à cinq, du lundi au vendredi.
Les temps sont durs... Bien sûr, bien sûr...
Mais l'âge de la retraite s'approche.
L'âge où Jack Latourbe pourra se retirer avec un petit magot pour financer ses expéditions.
Il ne lui reste plus que six semaines à travailler.
Six semaines pour apposer des tampons et parapher des documents.
Puis bye, bye la visite.
Latourbe s'enfoncera dans sa chère forêt avec son chéquier et sa Liberté 55.
*Iyéyou: Cri
lundi 21 novembre 2011
Pourquoi devrais-je avoir honte de rêver, hein?
Il y a des tas de choses qu'il serait possible d'écrire rien que pour se délier les doigts ou bien la langue.
Des tas de trucs me révoltent. Et l'expression de ma révolte, chers lecteurs et lectrices, me semble vaine ce matin et peut-être même demain matin.
Ce n'est pas que je ne sois pas solidaire. Loin de là. Mais il y a des limites au-delà desquelles la marde sent vraiment trop mauvais.
Alors j'effectue un pas de côté.
Je prends ma guitare ou mes pinceaux.
Je joue un petit blues maison ou bien je peinds un lapin géant qui fait office de mascotte dans un centre commercial.
Ça n'apporte pas de solutions aux problèmes du monde.
Pourquoi devrais-je avoir honte de rêver, hein?
Des tas de trucs me révoltent. Et l'expression de ma révolte, chers lecteurs et lectrices, me semble vaine ce matin et peut-être même demain matin.
Ce n'est pas que je ne sois pas solidaire. Loin de là. Mais il y a des limites au-delà desquelles la marde sent vraiment trop mauvais.
Alors j'effectue un pas de côté.
Je prends ma guitare ou mes pinceaux.
Je joue un petit blues maison ou bien je peinds un lapin géant qui fait office de mascotte dans un centre commercial.
Ça n'apporte pas de solutions aux problèmes du monde.
Pourquoi devrais-je avoir honte de rêver, hein?
vendredi 18 novembre 2011
Il était une fois dans un château
Il était une fois un château dans lequel vivaient un roi, une reine ainsi qu'une flopée d'esclaves.
Le roi s'appelait Kokodak le onzième.
Et la reine s'appelait Minoutte Moumoutte, de la famille des Moumoutte, propriétaires de la compagnie qui produisait alors la fameuse sauce Moumoutte, bonne pour le poisson, frais ou pas.
Bon, ça ne faisait pas trois jours qu'ils s'étaient mariés que les esclaves tombèrent en grève. Le peuple en profita pour abolir la monarchie. Ce qui fait que le château revint au peuple.
Kokodak le onzième devint Kokodak le concierge. On lui permit de demeurer dans le château à titre de torcheux. Il devait dorénavant passer la moppe et le balai dans son château qui avait été converti en pavillon pour les personnes âgées.
Minoutte Moumoutte continua à porter son nom, mais pas son argent.
La fameuse sauce Moumoutte fût nationalisée. C'était pour payer les soins de santé et tout le tralala.
Les Moumoutte recevaient trois caisses de sauce Citoyen Moumoutte gratuitement à tous les mois. Avec les profits de la vente, ils pouvaient s'acheter du savon ou bien du dentifrice.
Minoutte Moumoutte, à force de faire jouer ses contacts, obtint un poste de journalière dans une fabrique nationale d'urinoirs.
Tout ça pour dire que rien n'est jamais fixé dans le béton. Rien.
Tout ce qui est en haut redescendra.
C'est pas que je sois pour ou contre.
Mais dans ce pays-là, ça se passait comme ça.
Le roi s'appelait Kokodak le onzième.
Et la reine s'appelait Minoutte Moumoutte, de la famille des Moumoutte, propriétaires de la compagnie qui produisait alors la fameuse sauce Moumoutte, bonne pour le poisson, frais ou pas.
Bon, ça ne faisait pas trois jours qu'ils s'étaient mariés que les esclaves tombèrent en grève. Le peuple en profita pour abolir la monarchie. Ce qui fait que le château revint au peuple.
Kokodak le onzième devint Kokodak le concierge. On lui permit de demeurer dans le château à titre de torcheux. Il devait dorénavant passer la moppe et le balai dans son château qui avait été converti en pavillon pour les personnes âgées.
Minoutte Moumoutte continua à porter son nom, mais pas son argent.
La fameuse sauce Moumoutte fût nationalisée. C'était pour payer les soins de santé et tout le tralala.
Les Moumoutte recevaient trois caisses de sauce Citoyen Moumoutte gratuitement à tous les mois. Avec les profits de la vente, ils pouvaient s'acheter du savon ou bien du dentifrice.
Minoutte Moumoutte, à force de faire jouer ses contacts, obtint un poste de journalière dans une fabrique nationale d'urinoirs.
Tout ça pour dire que rien n'est jamais fixé dans le béton. Rien.
Tout ce qui est en haut redescendra.
C'est pas que je sois pour ou contre.
Mais dans ce pays-là, ça se passait comme ça.
jeudi 17 novembre 2011
LA SOLDE, du McComber tout cru
Christian Mistral m'a fait découvrir l'écrivain, blogueur, cyclo-nomade et musicien Éric McComber.
Il vient de publier récemment La Solde aux Éditions La Mèche.
C'est l'histoire de Émile Duncan, un double littéraire sans doute.
Pour John Fante, ce double s'appelait Bandini.
Henry Chinaski pour Charles Bukowsky.
Et ce trio de doubles a peut-être ceci en commun: c'est du matériau brut.
Néanmoins, je crois que les éditeurs ont tort de rapprocher Bukowsky et McComber. Autant que j'aurais tort de le faire ici. Ce sont des raccourcis qui détournent de l'oeuvre. Qui la réduise à l'état d'une imitation pure et simple. D'un livre à la manière deuh.
Les livres à la manière deuh, qu'est-ce qu'on s'en crisse.
La Solde de Éric McComber est une oeuvre qui vaut l'ouvrier.
Son artisan a ceci de remarquable qu'il peut vous raconter une scène ordurière, heavy et plutôt poche avec une plume qui jamais ne vacille. Sa syntaxe est solide. Même dans l'utilisation des intonations, onomatopées et accents.
C'est dans la suite de ses romans précédents, Sans Connaissance et Antarctique.
Émile Duncan est assisté social, chômeur, guitariste et chanteur slaqué par son band.
Il est en grosse crisse de deppe sale dans un appartement où il semble se terrer pour survivre à Montréal.
Il se trouve une job de réviseur dans une fabrique d'agendas scolaires en anglais destinés à nos voisins américains.
Le roman La Solde semble lui-même bâti sur le modèle de l'agenda scolaire, avec des petits dessins et des proverbes didactiques en exergue.
Mais quel agenda scolaire!
Lundi. Émile Duncan se décrotte le nez.
Mardi. Émile Duncan se mérite une baise décevante, joue au mauvais gars pour une fille qui n'aime pas les bons gars. Petite scène porno.
Mercredi. La même fille pète une coche et casse toutte dans le logement.
Jeudi. Se décrotte encore le nez. Ne file pas un bon coton. Crises intérieures sur les actualités.
Etc.
Évidemment, j'en passe.
C'est plutôt underground.
Pas toujours très sensé.
Peut-être plus noir que Sans Connaissance.
Émile Duncan mange des pâtes au ketchup.
Et il ne file pas un bon coton.
Tout ce qui sort un peu de cette tête est un chaos de poésie et de froideur, comme chez le Lautréamont des Chants de Maldoror.
Il me semble que le meilleur reste à venir sur la trajectoire d'Émile Duncan. Que La Solde est la fin d'une cycle.
Bientôt, Montréal sera loin.
Montréal, Saturne dévorant ses propres enfants.
Montréal qui fait péter des coches pas rien qu'à Émile Duncan.
Montréal et cette vie à la con à faire semblant deuh.
À renier l'amour au nom d'une raison déraisonnante...
Vive la campagne calvaire! Et le grand air!
Bientôt, Émile Duncan sera à vélo, loin de Montréal, loin du Québec.
Et il jouera de la guitare sur les routes de France et de tous les machins trucs d'Europe.
Oua. Finies les pâtes au ketchup.
Et enfin un peu de gaieté.
La Solde, c'est la face sombre de la Lune pour l'oeuvre de McComber.
Il faut se la taper, cette face sombre, pour mieux apprécier la suite. Puisqu'il y aura certainement une suite.
Elle n'est pas sans humour, cette face sombre. On la traverse en y voyant quelques éclaircies.
C'est à lire au coin du feu ou bien ailleurs, dans une manufacture par exemple.
C'est du McComber tout cru.
Et la morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
Il vient de publier récemment La Solde aux Éditions La Mèche.
C'est l'histoire de Émile Duncan, un double littéraire sans doute.
Pour John Fante, ce double s'appelait Bandini.
Henry Chinaski pour Charles Bukowsky.
Et ce trio de doubles a peut-être ceci en commun: c'est du matériau brut.
Néanmoins, je crois que les éditeurs ont tort de rapprocher Bukowsky et McComber. Autant que j'aurais tort de le faire ici. Ce sont des raccourcis qui détournent de l'oeuvre. Qui la réduise à l'état d'une imitation pure et simple. D'un livre à la manière deuh.
Les livres à la manière deuh, qu'est-ce qu'on s'en crisse.
La Solde de Éric McComber est une oeuvre qui vaut l'ouvrier.
Son artisan a ceci de remarquable qu'il peut vous raconter une scène ordurière, heavy et plutôt poche avec une plume qui jamais ne vacille. Sa syntaxe est solide. Même dans l'utilisation des intonations, onomatopées et accents.
C'est dans la suite de ses romans précédents, Sans Connaissance et Antarctique.
Émile Duncan est assisté social, chômeur, guitariste et chanteur slaqué par son band.
Il est en grosse crisse de deppe sale dans un appartement où il semble se terrer pour survivre à Montréal.
Il se trouve une job de réviseur dans une fabrique d'agendas scolaires en anglais destinés à nos voisins américains.
Le roman La Solde semble lui-même bâti sur le modèle de l'agenda scolaire, avec des petits dessins et des proverbes didactiques en exergue.
Mais quel agenda scolaire!
Lundi. Émile Duncan se décrotte le nez.
Mardi. Émile Duncan se mérite une baise décevante, joue au mauvais gars pour une fille qui n'aime pas les bons gars. Petite scène porno.
Mercredi. La même fille pète une coche et casse toutte dans le logement.
Jeudi. Se décrotte encore le nez. Ne file pas un bon coton. Crises intérieures sur les actualités.
Etc.
Évidemment, j'en passe.
C'est plutôt underground.
Pas toujours très sensé.
Peut-être plus noir que Sans Connaissance.
Émile Duncan mange des pâtes au ketchup.
Et il ne file pas un bon coton.
Tout ce qui sort un peu de cette tête est un chaos de poésie et de froideur, comme chez le Lautréamont des Chants de Maldoror.
Il me semble que le meilleur reste à venir sur la trajectoire d'Émile Duncan. Que La Solde est la fin d'une cycle.
Bientôt, Montréal sera loin.
Montréal, Saturne dévorant ses propres enfants.
Montréal qui fait péter des coches pas rien qu'à Émile Duncan.
Montréal et cette vie à la con à faire semblant deuh.
À renier l'amour au nom d'une raison déraisonnante...
Vive la campagne calvaire! Et le grand air!
Bientôt, Émile Duncan sera à vélo, loin de Montréal, loin du Québec.
Et il jouera de la guitare sur les routes de France et de tous les machins trucs d'Europe.
Oua. Finies les pâtes au ketchup.
Et enfin un peu de gaieté.
La Solde, c'est la face sombre de la Lune pour l'oeuvre de McComber.
Il faut se la taper, cette face sombre, pour mieux apprécier la suite. Puisqu'il y aura certainement une suite.
Elle n'est pas sans humour, cette face sombre. On la traverse en y voyant quelques éclaircies.
C'est à lire au coin du feu ou bien ailleurs, dans une manufacture par exemple.
C'est du McComber tout cru.
Et la morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude.
mercredi 16 novembre 2011
Raymond Diamond, gardien de stationnement désert
Il est des métiers dont on ne soupçonne pas le bien qu'ils peuvent procurer à ceux qui doivent les pratiquer.
Raymond Diamond, un cinquantenaire de la Mauricie, est gardien de stationnement désert.
Il n'y a jamais d'autos. Jamais. Et personne. Non. Personne.
La firme BXP le paie dix piastres de l'heure pour surveiller ce stationnement, aux confins de la ville. C'est quoi la firme BXP? Raymond Diamond travaille pour eux depuis dix ans et tout ce qu'il sait d'elle c'est qu'elle le paie tous les jeudis par dépôt bancaire informatisé.
Il n'est pas sans connaître Bob Panneton, le répartiteur de la firme BXP. Mais Bob est sous-traitant pour BXP. Et il n'en sait pas plus long que Raymond à ce sujet.
Pourquoi n'y-a-t-il jamais d'autos? Pourquoi surveiller un stationnement désert?
Raymond a cessé de se casser la tête depuis bien longtemps.
Il se contente de rentrer dans sa guérite du lundi au vendredi, de neuf heures le matin à cinq heures le soir.
Sa guérite est équipée d'un système de chauffage et de climatisation. Il a même la télé, mais Raymond préfère écouter sa propre musique. Dont les oeuvres de Chostakovitch.
Autour de sa guérite, c'est la forêt. Il y a même un lac, un point d'eau tout aussi désert que son stationnement pour y voir voler des oiseaux quand il n'y a rien d'autre à faire.
La plupart du temps, Raymond lit des grands classiques de la littérature.
Ou bien des livres d'histoire, de chimie ou de physique théorique.
Il gratte aussi sa guitare à l'occasion en regardant les oiseaux planer au-dessus du lac.
C'est un érudit à sa manière et n'emmerde personne avec ça. D'autant plus qu'il n'y a jamais personne qui vienne le voir. Même pas le gros Bob, le répartiteur sous-traitant de BXP-machin-chose, qui se contente de l'appeler une fois aux trois mois.
Oh! Bien sûr qu'il a une vie en-dehors du travail, Raymond. Il publie dans des revues qui ne le paient jamais toutes sortes de trucs compliqués, comme la morale de Saint-Augustin comparée à celle de Spartacus. Et il joue de la musique avec des amis. Et il a sa blonde, l'amour et trois chats.
Évidemment, il aime, il boit, il mange, il dort, comme tout le monde, et n'est pas nécessairement plate en-dehors de son travail.
Mais son travail qui ne sert à rien, qui le paie pour surveiller un stationnement vide, aux confins de la ville, au milieu de nulle part, eh bien Raymond ne l'échangerait pour rien au monde.
-Pourvu qu'on me paie, c'est le principal!
Et c'est tout ce qu'il trouve à redire, Raymond.
Il tourne les pages de Gibbons, un truc à propos du déclin de l'empire romain.
Il regarde les oiseaux.
Il a même installé sa chaise à l'extérieur de la guérite.
Et il travaille...
Raymond Diamond, un cinquantenaire de la Mauricie, est gardien de stationnement désert.
Il n'y a jamais d'autos. Jamais. Et personne. Non. Personne.
La firme BXP le paie dix piastres de l'heure pour surveiller ce stationnement, aux confins de la ville. C'est quoi la firme BXP? Raymond Diamond travaille pour eux depuis dix ans et tout ce qu'il sait d'elle c'est qu'elle le paie tous les jeudis par dépôt bancaire informatisé.
Il n'est pas sans connaître Bob Panneton, le répartiteur de la firme BXP. Mais Bob est sous-traitant pour BXP. Et il n'en sait pas plus long que Raymond à ce sujet.
Pourquoi n'y-a-t-il jamais d'autos? Pourquoi surveiller un stationnement désert?
Raymond a cessé de se casser la tête depuis bien longtemps.
Il se contente de rentrer dans sa guérite du lundi au vendredi, de neuf heures le matin à cinq heures le soir.
Sa guérite est équipée d'un système de chauffage et de climatisation. Il a même la télé, mais Raymond préfère écouter sa propre musique. Dont les oeuvres de Chostakovitch.
Autour de sa guérite, c'est la forêt. Il y a même un lac, un point d'eau tout aussi désert que son stationnement pour y voir voler des oiseaux quand il n'y a rien d'autre à faire.
La plupart du temps, Raymond lit des grands classiques de la littérature.
Ou bien des livres d'histoire, de chimie ou de physique théorique.
Il gratte aussi sa guitare à l'occasion en regardant les oiseaux planer au-dessus du lac.
C'est un érudit à sa manière et n'emmerde personne avec ça. D'autant plus qu'il n'y a jamais personne qui vienne le voir. Même pas le gros Bob, le répartiteur sous-traitant de BXP-machin-chose, qui se contente de l'appeler une fois aux trois mois.
Oh! Bien sûr qu'il a une vie en-dehors du travail, Raymond. Il publie dans des revues qui ne le paient jamais toutes sortes de trucs compliqués, comme la morale de Saint-Augustin comparée à celle de Spartacus. Et il joue de la musique avec des amis. Et il a sa blonde, l'amour et trois chats.
Évidemment, il aime, il boit, il mange, il dort, comme tout le monde, et n'est pas nécessairement plate en-dehors de son travail.
Mais son travail qui ne sert à rien, qui le paie pour surveiller un stationnement vide, aux confins de la ville, au milieu de nulle part, eh bien Raymond ne l'échangerait pour rien au monde.
-Pourvu qu'on me paie, c'est le principal!
Et c'est tout ce qu'il trouve à redire, Raymond.
Il tourne les pages de Gibbons, un truc à propos du déclin de l'empire romain.
Il regarde les oiseaux.
Il a même installé sa chaise à l'extérieur de la guérite.
Et il travaille...
mardi 15 novembre 2011
Alcide Malenfant fume quatre paquets par jour et il veut qu'on lui crisse la paix
Alcide Malenfant est vieux, bourré de rhumatismes, et toujours en train de fumer des Crévenne É.
Il s'allume toujours avec son mégot, de sorte qu'il fume quatre paquets par jour minimum.
À part fumer, il ne fait rien.
Il se berce en regardant la télé dans le fumoir de son foyer pour vieux.
Et dans le fumoir, c'est comme s'il fumait quatre-vingts paquets par jour tellement il y a de boucane.
Pourtant Alcide survit. Il a beau avoir le teint vert qu'il n'achale personne.
On l'a donné pour mort au moins cent fois depuis dix ans. Et il est encore là, à quatre-vingt-dix-sept ans sonnés, sans famille, sans amis ni personne, à fumer comme une cheminée tous les jours.
Le médecin, les infirmières, les préposés, les résidents et les visiteurs lui ont tous dit qu'il fumait trop.
Et il les a tous envoyés chier, en leur disant de lui crisser la paix.
Il meurt tranquillement dans son coin.
Le condamné à mort avait droit à sa cigarette. Enfin, il avait droit à tirer une touche avant que d'être pendu.
Pourquoi pas Alcide, d'autant plus qu'il paie ses cigarettes et son loyer.
Hein?
Il s'allume toujours avec son mégot, de sorte qu'il fume quatre paquets par jour minimum.
À part fumer, il ne fait rien.
Il se berce en regardant la télé dans le fumoir de son foyer pour vieux.
Et dans le fumoir, c'est comme s'il fumait quatre-vingts paquets par jour tellement il y a de boucane.
Pourtant Alcide survit. Il a beau avoir le teint vert qu'il n'achale personne.
On l'a donné pour mort au moins cent fois depuis dix ans. Et il est encore là, à quatre-vingt-dix-sept ans sonnés, sans famille, sans amis ni personne, à fumer comme une cheminée tous les jours.
Le médecin, les infirmières, les préposés, les résidents et les visiteurs lui ont tous dit qu'il fumait trop.
Et il les a tous envoyés chier, en leur disant de lui crisser la paix.
Il meurt tranquillement dans son coin.
Le condamné à mort avait droit à sa cigarette. Enfin, il avait droit à tirer une touche avant que d'être pendu.
Pourquoi pas Alcide, d'autant plus qu'il paie ses cigarettes et son loyer.
Hein?
lundi 14 novembre 2011
Moé, là, moé...
Le moi est toujours ridicule. Écoutez un moi qui s'exprime et entendez l'imbécillité en action.
-Moé, là, moé... Moé j'su's quelqu'un ou quelqu'une qui... Moé, là, moé...
Le monde s'écroule. L'environnement se dégrade. La pauvreté et la misère se répandent comme la peste. La corruption, la collusion et la confusion règnent partout. Et qu'entendons-nous?
-Moé, là, moé...
Je voudrais entendre quelqu'un qui raconte des agissements et des méditations qui me feraient croire en la possibilité de transcender la condition humaine. Un moi moins masturbateur. Un moi tourné vers autruis. Un moi qui s'oublierait pour mieux se révéler.
Entendre brailler, chiâler ou mugir une personne singulière qui n'a même pas été torturée dans une dictature sud-américaine ou bien battue, ou bien détruite, n'est-ce pas le comble de l'ennui?
-Moé, là, moé...
Une simple personne qui n'a rien à raconter hormis ses brosses ou ses baises, voire sa job...
-Moé, là, moé...
C'est sans doute dans l'air du temps. Tant qu'on peut changer d'air, aussi bien en profiter pour ne pas vivre sa vie parmi des égoïstes sans envergure qui se prennent pour des stars.
L'humilité n'est pas une vertu qui rabaisse l'homme. Au contraire, elle lui permet de dépasser le point zéro de l'expérience humaine.
Imaginez un sage oriental dépourvu d'humilité. C'est inconcevable. La sagesse et l'humilité vont de pair. Et convenons que ce n'est pas la sagesse ni l'humilité qui mènent notre monde.
-Moé, là, moé...
Moé, là, moé, j'ai seulement envie de tourner le dos à toutes ces poussières de nombrils du monde.
J'ai seulement envie de rêver...
Moé, là, moé...
-Moé, là, moé... Moé j'su's quelqu'un ou quelqu'une qui... Moé, là, moé...
Le monde s'écroule. L'environnement se dégrade. La pauvreté et la misère se répandent comme la peste. La corruption, la collusion et la confusion règnent partout. Et qu'entendons-nous?
-Moé, là, moé...
Je voudrais entendre quelqu'un qui raconte des agissements et des méditations qui me feraient croire en la possibilité de transcender la condition humaine. Un moi moins masturbateur. Un moi tourné vers autruis. Un moi qui s'oublierait pour mieux se révéler.
Entendre brailler, chiâler ou mugir une personne singulière qui n'a même pas été torturée dans une dictature sud-américaine ou bien battue, ou bien détruite, n'est-ce pas le comble de l'ennui?
-Moé, là, moé...
Une simple personne qui n'a rien à raconter hormis ses brosses ou ses baises, voire sa job...
-Moé, là, moé...
C'est sans doute dans l'air du temps. Tant qu'on peut changer d'air, aussi bien en profiter pour ne pas vivre sa vie parmi des égoïstes sans envergure qui se prennent pour des stars.
L'humilité n'est pas une vertu qui rabaisse l'homme. Au contraire, elle lui permet de dépasser le point zéro de l'expérience humaine.
Imaginez un sage oriental dépourvu d'humilité. C'est inconcevable. La sagesse et l'humilité vont de pair. Et convenons que ce n'est pas la sagesse ni l'humilité qui mènent notre monde.
-Moé, là, moé...
Moé, là, moé, j'ai seulement envie de tourner le dos à toutes ces poussières de nombrils du monde.
J'ai seulement envie de rêver...
Moé, là, moé...
vendredi 11 novembre 2011
L'adolescent de Dostoïevski
Je viens de terminer la lecture de L'adolescent, un roman tardif de Dostoïevski.
J'hésite à vous résumer l'intrigue puisque l'action se passe toujours dans la sphère de la conscience tourmentée chez le grand Fiodor. C'est un roman psychologique. Comme toujours chez Dostoïevski.
Toute l'intrigue de son roman Crime et châtiments repose sur le meurtre crapuleux de l'étudiant Raskolnikov. Il tue une prêteuse sur gages et sa soeur cadette en se donnant toutes les raisons du monde. Si Napoléon peut massacrer des millions d'êtres humains pour son «idée» alors pourquoi faudrait-il hésiter pour tuer une vieille? Évidemment, cela ne se passe pas aussi bien. Et le nihiliste Raskolnikov s'enfonce dans sa conscience tourmentée, au creux de l'abîme. Toute l'action se passe dans la tête de Raskolnikov. Son châtiment, c'est d'être tourmenté par son crime, d'être puni par l'idée de la rédemption.
Pour L'adolescent, l'intrigue n'y est aussi qu'un prétexte pour démontrer les déchirements intérieurs et les ressentiments de l'adolescent, fils bâtard d'un noble. Arkadi Dolgorouki, l'adolescent en question, a lui aussi son «idée». Il veut devenir aussi riche que Rothschild parce que tout le monde se pliera à ses volontés quand il aura de l'argent, même les nobles d'entre les nobles, parce que l'argent permet tout, dont l'ennoblissement des bâtards. On peut facilement s'acheter des titres de noblesse en Autriche...
Arkadi est balancé dans le grand monde au sortir de l'école et projette de rencontrer son vrai père et sa vraie mère qu'il n'a pratiquement jamais vus. Il est armé de son «idée».
Sa mère Sofia Andréevna était une jeune fille de dix-huit ans mariée à Makar Dolgorouki, un serf dans la cinquantaine déjà père de deux enfants, quand elle fit la rencontre du père biologique d'Arkadi, un noble, Andrei Petrovitch Versilov. La mère partira avec Versilov et Arkadi le bâtard portera le nom de Dolgorouki plutôt que celui de Versilov.
La dualité est présente dans L'adolescent comme dans toutes les oeuvres de Dostoïevski. Les personnages semblent toujours avoir un double. Ils ne sont jamais tout noir ou tout blanc. Plus Dostoïevski veut faire sérieux et plus il devient drôle. C'est un pince-sans-rire, comme Gogol. À ne jamais prendre au premier, ni même au second degré.
Il y a bien sûr une intrigue dans L'adolescent... L'histoire d'une lettre qu'Arkadi porte sur lui, une lettre qui pourrait détruire tout son entourage si l'on savait qu'elle existait. Cette lettre, au lieu de la détruire, il l'a cousue dans son manteau pour être sûr que personne ne mette le grappin dessus.
Et le jeune Arkadi sait qu'il peut se venger de tout un chacun à tout moment grâce à cette lettre. Et en même temps, Arkadi s'abandonne à la célèbre procrastination russe des années nihilistes. Il parasite un prince qui veut épouser sa soeur noble. Il emprunte de l'argent qu'il mise au jeu, tous les soirs, parmi le grand monde. Et plutôt que de mettre son plan à exécution, il change de scénario, revient, repart, tergiverse.
D'autres gredins moins avisés apprennent l'existence de cette lettre et pourraient faire beaucoup d'argent s'ils tombaient en sa possession. On pense qu'Arkadi l'a cachée quelque part dans son logis.
Entre temps, Arkadi apprend à aimer son père biologique, malgré tout, même s'ils aiment la même femme...
Et il écrit ses mémoires... Arkadi n'a même pas trente ans qu'il veut publier ses mémoires...
C'est absurde, comme dans tous les romans de Dostoïevski. Le gros de l'action se passe dans la tête d'Arkadi, comme dans celle de Raskolnikov ou de Stravoguine dans le roman Les possédés.
Je renonce à vous en dire plus.
Je vous laisse sur l'extrait d'une lettre de Nicolas Semenovitch. C'est l'ancien maître d'école d'Arkadi. Il lui demande son avis pour la publication de ses mémoires d'enfant d'une famille de hasard.
«Je l'avoue je ne voudrais pas être le romancier d'un héros d'une famille de hasard! (...) Cependant des Mémoires comme les vôtres pourraient, je crois, servir de matériaux à une future oeuvre d'art, au futur tableau, désordonné, mais d'une époque déjà écoulée. Certes, quand l'actualité aura passé et que viendra l'avenir, l'artiste futur découvrira des formes belles même pour figurer le désordre et le chaos passés. C'est alors que seront nécessaires des Mémoires commes les vôtres: ils fourniront des matériaux, pourvu qu'ils soient sincères, en dépit de leur caractère chaotique et fortuit... Il subsistera du moins quelques traits véridiques qui permettront de deviner ce qui a pu se cacher dans l'âme de tel ou tel adolescent du temps des troubles, enquête qui n'est nullement méprisable, puisque ce sont les adolescents qui forment une génération...»
_____
Source:
Dostoïevski, L'adolescent, Traduit et annoté par Pierre Pascal, Gallimard, collection Le livre de poche, 1956
J'hésite à vous résumer l'intrigue puisque l'action se passe toujours dans la sphère de la conscience tourmentée chez le grand Fiodor. C'est un roman psychologique. Comme toujours chez Dostoïevski.
Toute l'intrigue de son roman Crime et châtiments repose sur le meurtre crapuleux de l'étudiant Raskolnikov. Il tue une prêteuse sur gages et sa soeur cadette en se donnant toutes les raisons du monde. Si Napoléon peut massacrer des millions d'êtres humains pour son «idée» alors pourquoi faudrait-il hésiter pour tuer une vieille? Évidemment, cela ne se passe pas aussi bien. Et le nihiliste Raskolnikov s'enfonce dans sa conscience tourmentée, au creux de l'abîme. Toute l'action se passe dans la tête de Raskolnikov. Son châtiment, c'est d'être tourmenté par son crime, d'être puni par l'idée de la rédemption.
Pour L'adolescent, l'intrigue n'y est aussi qu'un prétexte pour démontrer les déchirements intérieurs et les ressentiments de l'adolescent, fils bâtard d'un noble. Arkadi Dolgorouki, l'adolescent en question, a lui aussi son «idée». Il veut devenir aussi riche que Rothschild parce que tout le monde se pliera à ses volontés quand il aura de l'argent, même les nobles d'entre les nobles, parce que l'argent permet tout, dont l'ennoblissement des bâtards. On peut facilement s'acheter des titres de noblesse en Autriche...
Arkadi est balancé dans le grand monde au sortir de l'école et projette de rencontrer son vrai père et sa vraie mère qu'il n'a pratiquement jamais vus. Il est armé de son «idée».
Sa mère Sofia Andréevna était une jeune fille de dix-huit ans mariée à Makar Dolgorouki, un serf dans la cinquantaine déjà père de deux enfants, quand elle fit la rencontre du père biologique d'Arkadi, un noble, Andrei Petrovitch Versilov. La mère partira avec Versilov et Arkadi le bâtard portera le nom de Dolgorouki plutôt que celui de Versilov.
La dualité est présente dans L'adolescent comme dans toutes les oeuvres de Dostoïevski. Les personnages semblent toujours avoir un double. Ils ne sont jamais tout noir ou tout blanc. Plus Dostoïevski veut faire sérieux et plus il devient drôle. C'est un pince-sans-rire, comme Gogol. À ne jamais prendre au premier, ni même au second degré.
Il y a bien sûr une intrigue dans L'adolescent... L'histoire d'une lettre qu'Arkadi porte sur lui, une lettre qui pourrait détruire tout son entourage si l'on savait qu'elle existait. Cette lettre, au lieu de la détruire, il l'a cousue dans son manteau pour être sûr que personne ne mette le grappin dessus.
Et le jeune Arkadi sait qu'il peut se venger de tout un chacun à tout moment grâce à cette lettre. Et en même temps, Arkadi s'abandonne à la célèbre procrastination russe des années nihilistes. Il parasite un prince qui veut épouser sa soeur noble. Il emprunte de l'argent qu'il mise au jeu, tous les soirs, parmi le grand monde. Et plutôt que de mettre son plan à exécution, il change de scénario, revient, repart, tergiverse.
D'autres gredins moins avisés apprennent l'existence de cette lettre et pourraient faire beaucoup d'argent s'ils tombaient en sa possession. On pense qu'Arkadi l'a cachée quelque part dans son logis.
Entre temps, Arkadi apprend à aimer son père biologique, malgré tout, même s'ils aiment la même femme...
Et il écrit ses mémoires... Arkadi n'a même pas trente ans qu'il veut publier ses mémoires...
C'est absurde, comme dans tous les romans de Dostoïevski. Le gros de l'action se passe dans la tête d'Arkadi, comme dans celle de Raskolnikov ou de Stravoguine dans le roman Les possédés.
Je renonce à vous en dire plus.
Je vous laisse sur l'extrait d'une lettre de Nicolas Semenovitch. C'est l'ancien maître d'école d'Arkadi. Il lui demande son avis pour la publication de ses mémoires d'enfant d'une famille de hasard.
«Je l'avoue je ne voudrais pas être le romancier d'un héros d'une famille de hasard! (...) Cependant des Mémoires comme les vôtres pourraient, je crois, servir de matériaux à une future oeuvre d'art, au futur tableau, désordonné, mais d'une époque déjà écoulée. Certes, quand l'actualité aura passé et que viendra l'avenir, l'artiste futur découvrira des formes belles même pour figurer le désordre et le chaos passés. C'est alors que seront nécessaires des Mémoires commes les vôtres: ils fourniront des matériaux, pourvu qu'ils soient sincères, en dépit de leur caractère chaotique et fortuit... Il subsistera du moins quelques traits véridiques qui permettront de deviner ce qui a pu se cacher dans l'âme de tel ou tel adolescent du temps des troubles, enquête qui n'est nullement méprisable, puisque ce sont les adolescents qui forment une génération...»
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Source:
Dostoïevski, L'adolescent, Traduit et annoté par Pierre Pascal, Gallimard, collection Le livre de poche, 1956
jeudi 10 novembre 2011
Le poète qui souffrait de voir des naufragés périr au loin
Imaginons un poète. Il est sur le rivage et souffre de voir naufragés périr au loin.
Et vous savez ce qu'il dit le poète?
-Ne regardez pas ces gens qui souffrent au loin mais moi qui souffre de les voir souffrir...
Ce n'est pas tout à fait comme ça que Dostoïevski a rapporté ça dans Les frères Karamazov. Mais bon, on ne s'encombrera pas de citations ce matin.
Retenons-en seulement la portée philosophique.
Se faire le porteur de toutes les douleurs du monde, ça ne sauvera pas pour autant les naufragés.
Au lieu de ressentir, il faut agir.
Enfin, pour ceux qui croient que l'on devrait au moins se servir de son cellulaire pour demander de l'aide pour les naufragés. Il y a des gens payés pour les sauver de nos jours. Nous savons vivre, quoi, sans qu'il ne soit nécessaire de rêver tant que ça.
Et vous savez ce qu'il dit le poète?
-Ne regardez pas ces gens qui souffrent au loin mais moi qui souffre de les voir souffrir...
Ce n'est pas tout à fait comme ça que Dostoïevski a rapporté ça dans Les frères Karamazov. Mais bon, on ne s'encombrera pas de citations ce matin.
Retenons-en seulement la portée philosophique.
Se faire le porteur de toutes les douleurs du monde, ça ne sauvera pas pour autant les naufragés.
Au lieu de ressentir, il faut agir.
Enfin, pour ceux qui croient que l'on devrait au moins se servir de son cellulaire pour demander de l'aide pour les naufragés. Il y a des gens payés pour les sauver de nos jours. Nous savons vivre, quoi, sans qu'il ne soit nécessaire de rêver tant que ça.
mercredi 9 novembre 2011
Automne
C'était un jour de novembre sans nuages. Le sol avait gelé. Les dernières feuilles rougies par le froid allaient bientôt dégarnir tous les arbres.
Les feuilles mortes craquaient sous les pas.
L'air était vif et frais.
Bref, c'était un jour d'automne.
Les feuilles mortes craquaient sous les pas.
L'air était vif et frais.
Bref, c'était un jour d'automne.
mardi 8 novembre 2011
Joey l'Indien, sculpteur et christ de bon Jack
Joey l'Indien a toujours fait de la sculpture depuis qu'il est haut comme trois pommes.
Son père, Jack Laroche, un Métis de l'Alberta, lui avait enseigné ça lors des innombrables parties de chasse et pêche de son enfance.
-Tiens mon ti-Joey... qu'il lui disait en bon vieux français... Prends el'couteau pis sculpte que'que chose avec mon homme...
Et Joey apprit à sculpter des ours, des oies, des fourmis, n'importe quoi.
Aujourd'hui, Joey Laroche est en moyen.
Tout le monde s'arrache ses sculptures.
Il n'assiste jamais aux lancements de ses collections.
Joey vit retiré dans le Nord et on ne communique avec lui que par la poste restante de Chibougamau.
Il sculpte, sculpte et sculpte encore.
Et l'argent rentre dans son compte bancaire, sans relâche, depuis bientôt trente ans.
Ça lui a permis de se payer un chalet, des bonnes raquettes, un canot d'écorce de bouleau authentique et tout le confort de l'Indien moderne quoi, sauf la télévision. Joey ne supporte pas la télé. Ça lui gruge du temps pour ses sculptures.
À part de ça Joey ne porte pas de moustache.
Il est très petit. Pas plus haut que trois pommes. Mais autonome et marié à une femme à peine plus grande que lui. Ils ont trois enfants.
Le soir, Joey joue parfois du tambour au coin du feu. Il lance son cri. Sa femme l'accompagne à la guitare. Elle s'appelle Samantha Bournival. Elle est agente de la faune au Parc National.
Hum...
C'est à peu près tout ce que je sais à propos de Joey l'Indien, un sculpteur certes, mais aussi un christ de bon Jack.
Son père, Jack Laroche, un Métis de l'Alberta, lui avait enseigné ça lors des innombrables parties de chasse et pêche de son enfance.
-Tiens mon ti-Joey... qu'il lui disait en bon vieux français... Prends el'couteau pis sculpte que'que chose avec mon homme...
Et Joey apprit à sculpter des ours, des oies, des fourmis, n'importe quoi.
Aujourd'hui, Joey Laroche est en moyen.
Tout le monde s'arrache ses sculptures.
Il n'assiste jamais aux lancements de ses collections.
Joey vit retiré dans le Nord et on ne communique avec lui que par la poste restante de Chibougamau.
Il sculpte, sculpte et sculpte encore.
Et l'argent rentre dans son compte bancaire, sans relâche, depuis bientôt trente ans.
Ça lui a permis de se payer un chalet, des bonnes raquettes, un canot d'écorce de bouleau authentique et tout le confort de l'Indien moderne quoi, sauf la télévision. Joey ne supporte pas la télé. Ça lui gruge du temps pour ses sculptures.
À part de ça Joey ne porte pas de moustache.
Il est très petit. Pas plus haut que trois pommes. Mais autonome et marié à une femme à peine plus grande que lui. Ils ont trois enfants.
Le soir, Joey joue parfois du tambour au coin du feu. Il lance son cri. Sa femme l'accompagne à la guitare. Elle s'appelle Samantha Bournival. Elle est agente de la faune au Parc National.
Hum...
C'est à peu près tout ce que je sais à propos de Joey l'Indien, un sculpteur certes, mais aussi un christ de bon Jack.
lundi 7 novembre 2011
L'histoire d'Eugène le journaliste de L'Hebdo Madaire
Il serait utile et nécessaire de parler de ceci ou cela.
Pourtant, ce matin-là Eugène ne parlait ni de ceci et encore moins de cela.
Il s'abandonnait complètement au matin, aux merveilleux nuages et tout le tsoin-tsoin.
C'était mieux que ceci ou cela.
Vraiment mieux.
J'oubliais de dire qu'Eugène ne portait pas de moustache. Sa peau avait brûlé en profondeur lors d'un incendie et il était glabre à jamais.
Eugène mesurait quatre pieds huit pouces. Il était journaliste dans un hebdo local et devait écrire des conneries du genre «le maire Untel est tout un bon vivant» et autres niaiseries qui donnent envie de se torcher avec son papier puant.
À part de ça, il tentait d'écrire un roman de science-fiction mais il buvait trop. Il avait à peine rêver d'écrire le premier chapitre.
Son oeuvre, ce serait ses articles nuls à chier et lèche-cul qu'il écrivait pour L'Hebdo Madaire, le journal de la région.
Ce qui fait qu'Eugène se saoulait encore et toujours plus, comme n'importe quel idiot qui doit respirer un air pestilentiel quelque part dans un trou situé au beau milieu de nulle part.
Pourtant, ce matin-là Eugène ne parlait ni de ceci et encore moins de cela.
Il s'abandonnait complètement au matin, aux merveilleux nuages et tout le tsoin-tsoin.
C'était mieux que ceci ou cela.
Vraiment mieux.
J'oubliais de dire qu'Eugène ne portait pas de moustache. Sa peau avait brûlé en profondeur lors d'un incendie et il était glabre à jamais.
Eugène mesurait quatre pieds huit pouces. Il était journaliste dans un hebdo local et devait écrire des conneries du genre «le maire Untel est tout un bon vivant» et autres niaiseries qui donnent envie de se torcher avec son papier puant.
À part de ça, il tentait d'écrire un roman de science-fiction mais il buvait trop. Il avait à peine rêver d'écrire le premier chapitre.
Son oeuvre, ce serait ses articles nuls à chier et lèche-cul qu'il écrivait pour L'Hebdo Madaire, le journal de la région.
Ce qui fait qu'Eugène se saoulait encore et toujours plus, comme n'importe quel idiot qui doit respirer un air pestilentiel quelque part dans un trou situé au beau milieu de nulle part.
samedi 5 novembre 2011
Une phrase toute simple qui en dit long
Je retourne à mes pinceaux ce matin pour vous présenter bientôt quelques visions nouvelles produites à la sueur de mon front.
jeudi 3 novembre 2011
Je ferme souvent ma gueule à ce sujet
Je ferme souvent ma gueule quand j'entends les gens s'exprimer à propos de leur religion.
Cela dit, j'ai ma petite idée là-dessus, mais pourquoi les blesser avec ma vision des choses?
Je me tais. Pas tout le temps. Mais souvent.
Quoi que j'en pense j'ai la conviction que la liberté d'expression est une valeur fondamentale de notre communauté.
On peut rire de tout. Même de la religion. Même de Pauline Marois. Même de Céline Dion.
Il faut bien qu'il y ait une soupape pour faire sortir la vapeur. Il faut bien rire un peu, pour détendre l'atmosphère.
On ne peut tout de même pas endurer le fait d'avoir tout le temps à dévisser sa tête devant les autres, pour ne pas les blesser...
Surtout ne pas leur dire que leurs gugusses religieux c'est de la maladie mentale..
Du toc. Du prêt-à-penser beau, bon, pas cher. De l'idolâtrie.
Il y a plein de mystères dans le cosmos mais rien ne m'en semble plus éloigné que ces pattes de lapin porte-bonheur auxquels ils s'attachent comme une manière de se dégager de la responsabilité d'envisager la réalité crue. Cette réalité qui est bien plus mystérieuse.
Chacun pensera et dira ce qu'il voudra.
La plupart du temps, je vais me la fermer à ce sujet.
Cela dit, j'ai ma petite idée là-dessus, mais pourquoi les blesser avec ma vision des choses?
Je me tais. Pas tout le temps. Mais souvent.
Quoi que j'en pense j'ai la conviction que la liberté d'expression est une valeur fondamentale de notre communauté.
On peut rire de tout. Même de la religion. Même de Pauline Marois. Même de Céline Dion.
Il faut bien qu'il y ait une soupape pour faire sortir la vapeur. Il faut bien rire un peu, pour détendre l'atmosphère.
On ne peut tout de même pas endurer le fait d'avoir tout le temps à dévisser sa tête devant les autres, pour ne pas les blesser...
Surtout ne pas leur dire que leurs gugusses religieux c'est de la maladie mentale..
Du toc. Du prêt-à-penser beau, bon, pas cher. De l'idolâtrie.
Il y a plein de mystères dans le cosmos mais rien ne m'en semble plus éloigné que ces pattes de lapin porte-bonheur auxquels ils s'attachent comme une manière de se dégager de la responsabilité d'envisager la réalité crue. Cette réalité qui est bien plus mystérieuse.
Chacun pensera et dira ce qu'il voudra.
La plupart du temps, je vais me la fermer à ce sujet.
mercredi 2 novembre 2011
Je viens de recevoir mon exemplaire du dernier roman de Éric McComber
Je viens de recevoir mon exemplaire de La Solde, un nouveau roman de Éric McComber, un auteur dont je vous ai déjà parlé.
Et je vous parlerai souvent de lui parce que c'est tout sauf un clone de Bukowsky, expression réductrice d'éditeur en mal de publicité. McComber n'est pas une copie. Il est incopiable. Inclassable. Et par cela même une plume honnête, lucide et enjouée.
Cela dit, il ne faut jamais lire les cartons de couverture. Ça vous dégoûte assez vite. C'est trop réducteur.
On ne dit pas d'Untel qu'il est dans la lignée de Rabelais, Molière ou Céline sans le réduire à un second rôle.
Et l'oeuvre de McComber est unique cibouère!
J'ai lu de lui Sans Connaissance, Antarctique et bien sûr ses blogs tout aussi déjantés.
Ça tient de la fiction autobiographique, bien sûr, mais c'est sans complaisance envers l'ego.
Émile Duncan traverse les premières années de l'âge adulte avec sa guitare, ses livres, ses baises et ses misères.
Le ton est unique.
Et les québécismes fort nombreux.
On y parle sans fioritures.
Je reviendrai vous parler de La Solde, qui est justement en solde puisque le lancement a eu lieu la semaine dernière. C'est la suite des aventures de Émile Duncan. L'action se passe cette fois-ci à Montréal dans une shop d'agendas scolaires destinés aux écoles américaines...
Et je vous parlerai souvent de lui parce que c'est tout sauf un clone de Bukowsky, expression réductrice d'éditeur en mal de publicité. McComber n'est pas une copie. Il est incopiable. Inclassable. Et par cela même une plume honnête, lucide et enjouée.
Cela dit, il ne faut jamais lire les cartons de couverture. Ça vous dégoûte assez vite. C'est trop réducteur.
On ne dit pas d'Untel qu'il est dans la lignée de Rabelais, Molière ou Céline sans le réduire à un second rôle.
Et l'oeuvre de McComber est unique cibouère!
J'ai lu de lui Sans Connaissance, Antarctique et bien sûr ses blogs tout aussi déjantés.
Ça tient de la fiction autobiographique, bien sûr, mais c'est sans complaisance envers l'ego.
Émile Duncan traverse les premières années de l'âge adulte avec sa guitare, ses livres, ses baises et ses misères.
Le ton est unique.
Et les québécismes fort nombreux.
On y parle sans fioritures.
Je reviendrai vous parler de La Solde, qui est justement en solde puisque le lancement a eu lieu la semaine dernière. C'est la suite des aventures de Émile Duncan. L'action se passe cette fois-ci à Montréal dans une shop d'agendas scolaires destinés aux écoles américaines...
Présence de Régent Ladouceur à la Maison de la Culture de Trois-Rivières
Allez donc voir l'exposition «Présence» de l'artiste-peintre Régent Ladouceur qui se tient en ce moment à la Maison de la Culture de Trois-Rivières.
Régent présente des tableaux sobres, à la fois obscurs et lumineux, qui rappellent un peu l'hyperréalisme et dénotent une certaine quête de transcendance.
Je suis toujours marqué par ses lignes presque fluorescentes qui soulignent son dessin tout en contrastes. De la lumière qui jaillit de l'ombre.
C'est à voir et à revoir.
Et pour ce qui est de l'entendre, cette exposition, eh bien figurez-vous que c'est mon frère Christian qui a enregistré le guide audio à partir des extraits des carnets de notes de l'artiste-peintre.
***
Autre lien pour l'exposition de Régent Ladouceur:
http://www.le-report-art.com/2011/10/au-centre-dexposition-raymond-lasnier.html
mardi 1 novembre 2011
Le 1 du 1 de l'année 2011...
Que s'est-il passé le 1er janvier 1111, le 1 du 1 de l'an 1111? Hum?
J'ai beau fouillé sur le ouèbe que je ne trouve que des niaiseries.
Qu'arrivera-t-il le 1er novembre 2011, le 1 du 11 de l'an 2011? Hein?
La même chose que d'habitude, probablement.
Il y en a qui seront heureux aujourd'hui.
D'autres seront malheureux.
La chance ne joue jamais pour tout le monde en même temps.
Et il y en a des tas qui ne méritent pas tant de malchance.
Les chiffres n'ont rien à voir là-dedans.
À chaque jour suffit sa peine et si possible sa joie.
J'ai beau fouillé sur le ouèbe que je ne trouve que des niaiseries.
Qu'arrivera-t-il le 1er novembre 2011, le 1 du 11 de l'an 2011? Hein?
La même chose que d'habitude, probablement.
Il y en a qui seront heureux aujourd'hui.
D'autres seront malheureux.
La chance ne joue jamais pour tout le monde en même temps.
Et il y en a des tas qui ne méritent pas tant de malchance.
Les chiffres n'ont rien à voir là-dedans.
À chaque jour suffit sa peine et si possible sa joie.
lundi 31 octobre 2011
Nous sommes simplement du bon monde
Le je est détestable. Tout le monde a pu se l'est dit à un moment ou l'autre de sa vie. Même moi. Alors vous dire à qui l'on attribue cela m'est indifférent.
Tout comme vous pourriez être tout à fait indifférent à mon ego.
D'ailleurs, ce n'est pas pour me vanter mais j'ai réussi le tour de force de limiter autant que faire se pouvait la surutilisation de mon je dans tout ce qui s'appelle écriture, peinture et musique.
Je l'ai fait par défi, plus que par convention, pour que de la contrainte naisse des parcelles de ce que je considère sûrement à tort pour du génie.
Je ne suis pas parfait, moi. Ni vous. Ni personne.
Cependant, j'ai refusé de centrer mes créations sur mon nombril, avec plus ou moins de réussite puisque je me permets parfois un texte comme celui-ci...
Je fais de mon mieux et plus encore. Si, si...
Je ne vous raconterai pas mes journées mais, croyez-moi, je bosse en sacrament pour arriver à ces quelques choses que je donne ou vends ça et là pour me faire accroire que je me taille une place dans l'épopée des arts et des lettres.
«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent», raconte l'Ecclésiaste.
Ce n'est pas fou. Pourtant, l'artiste carbure trop souvent à la gloire, au «prrrré-cieux», par tous les moyens.
Que le Grand Esprit que je ne connais pas personnellement me préserve de la gloire.
Et qu'il m'apporte mon pain quotidien.
Des gens aimables qui m'achètent des toiles ou bien des mots parce que je ne les emmerde pas tout le temps avec mon je. Mes bons produits du terroir urbain suivent leur chemin et meublent ma vie d'un peu de féérie.
Il y a du bon et du beau monde aussi.
Et vous n'êtes même pas obligés de m'acheter quelque chose pour qu'en quelque part je nous aime.
Il m'arrive de penser que l'être humain est une merde, la plus vile de toutes les créatures vivantes, la pire série d'ADN de l'univers. Hitler et compagnie, sérieusement, ça porte à vomir l'être humain.
Il m'arrive aussi de peindre tous les êtres humains souriants, aimables, loufoques...
Je nous vois tous nobles et bons, la main sur le coeur, prêts à soutenir son prochain dans l'épreuve.
Et je ne sais pas pourquoi je fais ça.
Je suis peut-être stupide.
Pourtant, je m'assume bien ainsi.
Nous sommes du bon monde, simplement du bon monde...
Tout comme vous pourriez être tout à fait indifférent à mon ego.
D'ailleurs, ce n'est pas pour me vanter mais j'ai réussi le tour de force de limiter autant que faire se pouvait la surutilisation de mon je dans tout ce qui s'appelle écriture, peinture et musique.
Je l'ai fait par défi, plus que par convention, pour que de la contrainte naisse des parcelles de ce que je considère sûrement à tort pour du génie.
Je ne suis pas parfait, moi. Ni vous. Ni personne.
Cependant, j'ai refusé de centrer mes créations sur mon nombril, avec plus ou moins de réussite puisque je me permets parfois un texte comme celui-ci...
Je fais de mon mieux et plus encore. Si, si...
Je ne vous raconterai pas mes journées mais, croyez-moi, je bosse en sacrament pour arriver à ces quelques choses que je donne ou vends ça et là pour me faire accroire que je me taille une place dans l'épopée des arts et des lettres.
«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent», raconte l'Ecclésiaste.
Ce n'est pas fou. Pourtant, l'artiste carbure trop souvent à la gloire, au «prrrré-cieux», par tous les moyens.
Que le Grand Esprit que je ne connais pas personnellement me préserve de la gloire.
Et qu'il m'apporte mon pain quotidien.
Des gens aimables qui m'achètent des toiles ou bien des mots parce que je ne les emmerde pas tout le temps avec mon je. Mes bons produits du terroir urbain suivent leur chemin et meublent ma vie d'un peu de féérie.
Il y a du bon et du beau monde aussi.
Et vous n'êtes même pas obligés de m'acheter quelque chose pour qu'en quelque part je nous aime.
Il m'arrive de penser que l'être humain est une merde, la plus vile de toutes les créatures vivantes, la pire série d'ADN de l'univers. Hitler et compagnie, sérieusement, ça porte à vomir l'être humain.
Il m'arrive aussi de peindre tous les êtres humains souriants, aimables, loufoques...
Je nous vois tous nobles et bons, la main sur le coeur, prêts à soutenir son prochain dans l'épreuve.
Et je ne sais pas pourquoi je fais ça.
Je suis peut-être stupide.
Pourtant, je m'assume bien ainsi.
Nous sommes du bon monde, simplement du bon monde...
vendredi 28 octobre 2011
La nature a horreur du vide
La nature a horreur du vide.
Cela ne vient pas de moi.
Mais c'est de la musique pour mes oreilles.
Quand j'entends des niaiseries, je me dis qu'elles ne comptent pas.
Le vide ne se compte pas.
Bref, la nature a horreur du vide.
Cela ne vient pas de moi.
Mais c'est de la musique pour mes oreilles.
Quand j'entends des niaiseries, je me dis qu'elles ne comptent pas.
Le vide ne se compte pas.
Bref, la nature a horreur du vide.
jeudi 27 octobre 2011
Un cadavre sur une civière dans le corridor menant à la morgue de l'hôpital
La mort fait partie d'un hôpital. C'est l'ultime arrêt avant le cimetière. Et elle advient de jour comme de nuit, la Chamarde, la Grande Faucheuse, la Maudite...
Sauf que cette fois-là, ça se passait de nuit, dans cet hôpital.
Il faisait noir, comme de raison, mais pas tant que ça tout compte fait puisque les étages du sous-sol sont toujours bien éclairés à l'hôpital. Surtout l'étage SS2 qui mène à la morgue. C'est plein de fluorescents, comme dans un salon de coiffure.
Il était deux heures du matin. Bertrand alias Ti-Bert lisait L'histoire de la révolution russe de Léon Trotsky lorsque l'infirmier de service, Napoléon, un Haïtien, vint le voir pour lui demander de descendre à la morgue un cadavre déjà monté sur sa civière et recouvert d'un drap.
Ti-Bert s'en alla d'un pas assez énergique vers la chambre 456.
Il s'empara de la civière et conduisit le corps du trépassé à travers les dédales du centre hospitalier. On aurait pu s'y perdre toute une journée. Pourtant Ti-Bert retrouvait facilement son chemin. Chaque porte, chaque tuile et chaque recoin lui étaient familiers.
Ça roule dans les corridors. Puis hop! L'ascenseur. Ti-Bert y pousse la civière puis compose l'étage SS2.
Dans l'ascenseur, tout est un peu lugubre. Ti-Bert médite un tant soit peu sur le sens de la vie. Et il parle au défunt, comme il parle d'ailleurs à ses plantes.
-Pauvre toé! Réal Robichaud... Soixante-dix ans... C'est pas drôle de mourir de même... En tous 'es cas... J'espère que t'es ben où c'que t'es Réal... Cibouère... Turlututu chapeau pointu... T'as connu cette chanson-là de Léo Ferré, Réééééal, hein? Est bonne... Est drôle... Ouep...
Il arrive à l'étage SS2. Il tourne sa civière vers la gauche. Puis... Eh bien il entend comme un souffle...
-Ho.... Ho-o...
Éberlué, Ti-Bert se demande d'abord s'il ne fait pas une hallucination auditive.
Puis ça continue.
-Ho... Ho-o...
Ti-Bert stoppe la civière, s'éponge le front, puis il lève le drap. Ti-Bert est saisi de frayeur.
-Hostie d'niaiseux à Ti-Bert! Ha! Ha! fait le défunt avec une lampe de poche sous le menton et agitant une langue qui tient plus de serpent que de l'appendice buccal. Happy Halloween christ de cave! Oua!
C'était ce satané Mercier, toujours en train de faire des coups pendables. Il avait dû s'arranger avec Napoléon. Il s'était glissé sur la civière et avait pris une lampe de poche avant que de se dissimuler sous le drap.
Si ça se savait, ces hosties-là auraient un grief... Un grief de l'Halloween...
Mais Ti-Bert n'est pas un mouchard.
Ce qui fait qu'on s'amuse bien avec lui. Il est toujours disponible pour une bonne farce. On a beau travaillé à l'hôpital, dans l'antichambre de la mort, qu'on peut se détendre un peu. Les gens trop sérieux ne travaillent pas souvent dans les hôpitaux par ailleurs. On envoie pas toujours les soldats au front comme on veut. On prend ce qui reste, Ti-Bert, Mercier, Napoléon... La crème de la nation pour conduire des cadavres à la morgue de l'hôpital. Oui monsieur. Oui madame.
Sauf que cette fois-là, ça se passait de nuit, dans cet hôpital.
Il faisait noir, comme de raison, mais pas tant que ça tout compte fait puisque les étages du sous-sol sont toujours bien éclairés à l'hôpital. Surtout l'étage SS2 qui mène à la morgue. C'est plein de fluorescents, comme dans un salon de coiffure.
Il était deux heures du matin. Bertrand alias Ti-Bert lisait L'histoire de la révolution russe de Léon Trotsky lorsque l'infirmier de service, Napoléon, un Haïtien, vint le voir pour lui demander de descendre à la morgue un cadavre déjà monté sur sa civière et recouvert d'un drap.
Ti-Bert s'en alla d'un pas assez énergique vers la chambre 456.
Il s'empara de la civière et conduisit le corps du trépassé à travers les dédales du centre hospitalier. On aurait pu s'y perdre toute une journée. Pourtant Ti-Bert retrouvait facilement son chemin. Chaque porte, chaque tuile et chaque recoin lui étaient familiers.
Ça roule dans les corridors. Puis hop! L'ascenseur. Ti-Bert y pousse la civière puis compose l'étage SS2.
Dans l'ascenseur, tout est un peu lugubre. Ti-Bert médite un tant soit peu sur le sens de la vie. Et il parle au défunt, comme il parle d'ailleurs à ses plantes.
-Pauvre toé! Réal Robichaud... Soixante-dix ans... C'est pas drôle de mourir de même... En tous 'es cas... J'espère que t'es ben où c'que t'es Réal... Cibouère... Turlututu chapeau pointu... T'as connu cette chanson-là de Léo Ferré, Réééééal, hein? Est bonne... Est drôle... Ouep...
Il arrive à l'étage SS2. Il tourne sa civière vers la gauche. Puis... Eh bien il entend comme un souffle...
-Ho.... Ho-o...
Éberlué, Ti-Bert se demande d'abord s'il ne fait pas une hallucination auditive.
Puis ça continue.
-Ho... Ho-o...
Ti-Bert stoppe la civière, s'éponge le front, puis il lève le drap. Ti-Bert est saisi de frayeur.
-Hostie d'niaiseux à Ti-Bert! Ha! Ha! fait le défunt avec une lampe de poche sous le menton et agitant une langue qui tient plus de serpent que de l'appendice buccal. Happy Halloween christ de cave! Oua!
C'était ce satané Mercier, toujours en train de faire des coups pendables. Il avait dû s'arranger avec Napoléon. Il s'était glissé sur la civière et avait pris une lampe de poche avant que de se dissimuler sous le drap.
Si ça se savait, ces hosties-là auraient un grief... Un grief de l'Halloween...
Mais Ti-Bert n'est pas un mouchard.
Ce qui fait qu'on s'amuse bien avec lui. Il est toujours disponible pour une bonne farce. On a beau travaillé à l'hôpital, dans l'antichambre de la mort, qu'on peut se détendre un peu. Les gens trop sérieux ne travaillent pas souvent dans les hôpitaux par ailleurs. On envoie pas toujours les soldats au front comme on veut. On prend ce qui reste, Ti-Bert, Mercier, Napoléon... La crème de la nation pour conduire des cadavres à la morgue de l'hôpital. Oui monsieur. Oui madame.
mercredi 26 octobre 2011
Déguisement de l'Halloween
Cela se passait à Québec en 1988.
On s'en va au bar Le Toxique dans le Vieux Québec pour une fiesta quelconque.
C'est l'Halloween. Tout le monde est déguisé sur la rue Saint-Jean.
On arrive au bar et j'apprends qu'il y a un hostie de cover charge.
Je ne suis pas fointé. Je suis préposé de nuit au Centre hospitalier de l'Université Laval. Je suis à l'âge où je bois toutes mes payes.
Aussi je me rends compte avec ravissement que c'est gratuit pour ceux qui portent un déguisement. Je m'en crée un tout de go. Je fouille dans mes poches. Je trouve un gros crayon feutre. J'enlève du ruban gommé sur une affiche collée au mur. Puis je fixe le crayon feutre sur mon crâne nu avec le bout de ruban gommé.
Je me présente à l'entrée.
Le doorman me regarde, l'air perplexe.
-En quoi tu t'es déguisé? qu'il me demande.
-Je suis déguisé en artiste maudit, que je lui réponds.
Il accepte ma réponse avec un sourire un peu niais et me laisse entrer gratuitement en faisant des signes à l'un de ses amis, puis à un autre.
Mon déguisement fait sensation. Il n'a rien d'extravagant. Mais dans ce bar qui en a vu d'autres, plus on a l'air de se crisser de toutte plus on monte dans l'intérêt général.
À force d'épater si naïvement la galerie pour ne pas payer de cover charge, je gagne un prix pour le déguisement le plus insolite.
J'hérite d'un tas de consommations.
Puis le reste, bof! C'était la bohême quoi.
On s'en va au bar Le Toxique dans le Vieux Québec pour une fiesta quelconque.
C'est l'Halloween. Tout le monde est déguisé sur la rue Saint-Jean.
On arrive au bar et j'apprends qu'il y a un hostie de cover charge.
Je ne suis pas fointé. Je suis préposé de nuit au Centre hospitalier de l'Université Laval. Je suis à l'âge où je bois toutes mes payes.
Aussi je me rends compte avec ravissement que c'est gratuit pour ceux qui portent un déguisement. Je m'en crée un tout de go. Je fouille dans mes poches. Je trouve un gros crayon feutre. J'enlève du ruban gommé sur une affiche collée au mur. Puis je fixe le crayon feutre sur mon crâne nu avec le bout de ruban gommé.
Je me présente à l'entrée.
Le doorman me regarde, l'air perplexe.
-En quoi tu t'es déguisé? qu'il me demande.
-Je suis déguisé en artiste maudit, que je lui réponds.
Il accepte ma réponse avec un sourire un peu niais et me laisse entrer gratuitement en faisant des signes à l'un de ses amis, puis à un autre.
Mon déguisement fait sensation. Il n'a rien d'extravagant. Mais dans ce bar qui en a vu d'autres, plus on a l'air de se crisser de toutte plus on monte dans l'intérêt général.
À force d'épater si naïvement la galerie pour ne pas payer de cover charge, je gagne un prix pour le déguisement le plus insolite.
J'hérite d'un tas de consommations.
Puis le reste, bof! C'était la bohême quoi.
mardi 25 octobre 2011
Feu mon père et son rapport au temps
Mon père se couchait tôt s'il travaillait de jour à la Reynold's, une shop d'aluminium où il était opérateur de chariot roulant.
Et il aimait non seulement se coucher tôt mais aussi se coucher auprès de sa douce. À neuf heures le soir, il lui fallait être au lit. Il se lèverait à cinq heures le lendemain matin pour se préparer mentalement à une autre journée de shop. Une autre journée dans ce sauna d'où s'échappaient des vapeurs d'huile, de bauxite et d'aluminine. Alors vous comprenez qu'à neuf heures, il avait son quota. C'était merci bonsoir je vais me coucher.
Si la visite collait trop longtemps ces jours-là, le père crinquait son cadran devant eux.
Ça mettait ma mère sans connaissance.
-Mautadine! Faire ça devant la visite! Tu m'fais honte!
-Viens t'coucher ma fiancée... Y'est neuf heures... Sont touttes partis... Héhéhé! lui répondait-il avec un petit sourire en coin imprimé sur son visage aux traits faussement durs.
Bien sûr, elle finissait par aller se coucher avec en le traitant de fatigant, mais bon, il réussissait tout de même son coup tout compte fait.
Et il dormait auprès de sa douce jusqu'au petit matin.
Debout très tôt il avait aussi cette faculté d'être étonnamment de bonne humeur le matin. Il se faisait des toasts tout en chantant avec sa grosse voix d'ours.
-Il faut savoir savoir garder, garder toujours sa bonne humeur! qu'il nous chantait si souvent...
Et puis il enfilait L'orange, Comme un million de gens, Mon pays bleu...
Vers six heures, il passait à J'entends frapper.
C'était l'heure de nous lever. Le père voulait voir ses flos grandir avant de partir à 'a shop.
-Six heures et une! qu'il disait. Six heures et une! qu'il répétait.
On le laissait aller. Mais il n'était pas arrêtable.
Sa voix se faisait plus forte. Six heures et deux! SIX HEURES ET TROIS! SIX HEURES ET QUATRE!!!
On finissait par se lever en beau tabarnak mais ça ne lui enlevait pas pour autant son sourire. Il était fier de ses enfants. Ils étaient enfin debout, gros, grands et en santé. Il ne serait plus tout seul à manger ses toasts...
Il pourrait nous chanter une autre chanson pour nous taquiner...
-Le p'tit sous-marin jaune! Le p'tit sous-marin jaune! Huhuhu!
Et il aimait non seulement se coucher tôt mais aussi se coucher auprès de sa douce. À neuf heures le soir, il lui fallait être au lit. Il se lèverait à cinq heures le lendemain matin pour se préparer mentalement à une autre journée de shop. Une autre journée dans ce sauna d'où s'échappaient des vapeurs d'huile, de bauxite et d'aluminine. Alors vous comprenez qu'à neuf heures, il avait son quota. C'était merci bonsoir je vais me coucher.
Si la visite collait trop longtemps ces jours-là, le père crinquait son cadran devant eux.
Ça mettait ma mère sans connaissance.
-Mautadine! Faire ça devant la visite! Tu m'fais honte!
-Viens t'coucher ma fiancée... Y'est neuf heures... Sont touttes partis... Héhéhé! lui répondait-il avec un petit sourire en coin imprimé sur son visage aux traits faussement durs.
Bien sûr, elle finissait par aller se coucher avec en le traitant de fatigant, mais bon, il réussissait tout de même son coup tout compte fait.
Et il dormait auprès de sa douce jusqu'au petit matin.
Debout très tôt il avait aussi cette faculté d'être étonnamment de bonne humeur le matin. Il se faisait des toasts tout en chantant avec sa grosse voix d'ours.
-Il faut savoir savoir garder, garder toujours sa bonne humeur! qu'il nous chantait si souvent...
Et puis il enfilait L'orange, Comme un million de gens, Mon pays bleu...
Vers six heures, il passait à J'entends frapper.
C'était l'heure de nous lever. Le père voulait voir ses flos grandir avant de partir à 'a shop.
-Six heures et une! qu'il disait. Six heures et une! qu'il répétait.
On le laissait aller. Mais il n'était pas arrêtable.
Sa voix se faisait plus forte. Six heures et deux! SIX HEURES ET TROIS! SIX HEURES ET QUATRE!!!
On finissait par se lever en beau tabarnak mais ça ne lui enlevait pas pour autant son sourire. Il était fier de ses enfants. Ils étaient enfin debout, gros, grands et en santé. Il ne serait plus tout seul à manger ses toasts...
Il pourrait nous chanter une autre chanson pour nous taquiner...
-Le p'tit sous-marin jaune! Le p'tit sous-marin jaune! Huhuhu!
lundi 24 octobre 2011
Comme un grizzli dans une boutique de verroterie
Le zoo de St-Zéphirin regroupait tout un tas d'animaux plus morts que vivants qui mangeaient à peu près toujours la même moulée. Gaspard, le lion, était famélique. Il avait attrapé un cancer. On le gardait parce que ça coûte cher, un lion. Et il avait beau manquer du poil à sa crinière qu'il faisait encore l'affaire pour les enfants. Le zoo de St-Zéphirin ce n'était pas le safari. Personne n'en demandait tant.
Ce qui fait que le babouin, le castor et le rat des champs ne se portaient guère mieux. Ils étaient tous sur le bord d'être relevés de leurs fonctions.
En fait seul Vladimir le grizzli était vraiment superbe dans ce zoo. Il était gros, solide, massif, imposant. Quand il se tenait sur deux pattes, tout le monde reculait de cent mètres, même s'il était dans une fosse. On se reculait instinctivement, par pressentiment d'un grand danger.
C'est vrai que Vladimir n'était là que depuis deux jours. Il avait conservé sa rage de vivre si je puis m'exprimer ainsi. Il se sentait bel et bien emprisonné. De plus, les saumons qu'on lui lançait à heures fixes n'étaient pas très frais.
-De la marde! qu'il s'est dit le lendemain matin. Ce soir je m'enfuie!
Le soir-même Vladimir le grizzli poussa une pierre près de l'endroit le moins profond de la fosse, se donna un grand élan puis franchit son chemin vers la liberté d'un saut massivement superbe.
Vladimir était libre! Il était minuit et aucun humain n'était dans les parages.
Alors Vladimir courut et courut encore de toutes ses pattes velues.
Oumf! Oumf! Oua!
Il était heureux bien que perdu. St-Zéphirin-de-Longval cela ne lui disait rien. Une petite paroisse athée qui se faisait passer pour une zone catholique romaine. Petite paroisse essentiellement constituée de médisance, de flashing et de cruauté envers les animaux.
Vladimir était bien mal tombé! Pourtant, il fallait bien manger. Et s'amuser un peu.
Comme il traversait la rue Principale du village, Vladimir fût attiré par une boutique remplie de bibelots et de verreries étincelantes.
-Oooh! s'est longuement ému le lourdaud en contemplant le merveilleux éclat du verre et autres surbrillance de pacotille de la boutique Chez Rita.
Vladimir, un peu esthète sur les bords, n'allait pas en rester là.
Il défonça la porte d'un coup de patte, rentra dans la boutique et beding, bedang, son gros cul péta tout sur son passage. Il se retourna et zoup! Trois lampes volèrent en éclats. Il revint sur ses pas. Bing! Une bouteille de parfum se fracassa sur le linoléum. Ensuite, ce fût pire encore que toutes les onomatopées qu'il me serait possible d'inventer. Bing! Crac! Boum! Ce que vous voudrez. C'était plus tonitruant qu'un orchestre brésilien en plein carnaval. Un vrai tohu-bohu qui rameuta tout le quartier, puis les pompiers, la police, le maire et les agents de la faune. Les seuls qui furent oubliés sont bien sûr les incompétents du zoo de St-Zéphirin.
Vladimir le grizzli fût évidemment ramené dans sa fosse, où il tua un innocent du nom de Louis Lemire-Cadorette, jobber du zoo, qui voulut lui frotter le museau d'un peu trop près pour faire le frais. Vladimir lui plongea toutes ses griffes dans le bide et lui dévora le gras mou.
Évidemment, on tua Vladimir le grizzli aussitôt. On ne les laisse pas tranquille les pauvres bêtes dans ce patelin hostile et retardé culturellement parlant.
Rita ne fût pas dédommagée par ses assurances pour les dommages commis par Vladimir dans sa boutique puisqu'elle n'avait rien pour la protéger. Elle avait toujours vécu et vivait encore sans filet.
Quoi qu'il en soit, sa marchandise ne valait rien.
C'était du stock que son mari allait chercher dans les poubelles, un peu partout dans les grandes villes. C'est fou comme le monde jette leurs choux gras, n'est-ce pas? La petite Rita et son gros Gérard avait compris ça. Comme ils avaient compris qu'ils pourraient faire beaucoup d'argent avec les images captées par leur caméra de surveillance qui bientôt firent le tour du monde.
Ainsi, Vladimir le grizzli devint célèbre.
Et ce sont les crosseurs de la boutique Chez Rita qui firent fortune.
Vous devriez voir leur boutique maintenant. On se croirait en Égypte en version plus cheap. C'est plein de pharaons de plastique et d'encens pas cher.
Ce qui fait que le babouin, le castor et le rat des champs ne se portaient guère mieux. Ils étaient tous sur le bord d'être relevés de leurs fonctions.
En fait seul Vladimir le grizzli était vraiment superbe dans ce zoo. Il était gros, solide, massif, imposant. Quand il se tenait sur deux pattes, tout le monde reculait de cent mètres, même s'il était dans une fosse. On se reculait instinctivement, par pressentiment d'un grand danger.
C'est vrai que Vladimir n'était là que depuis deux jours. Il avait conservé sa rage de vivre si je puis m'exprimer ainsi. Il se sentait bel et bien emprisonné. De plus, les saumons qu'on lui lançait à heures fixes n'étaient pas très frais.
-De la marde! qu'il s'est dit le lendemain matin. Ce soir je m'enfuie!
Le soir-même Vladimir le grizzli poussa une pierre près de l'endroit le moins profond de la fosse, se donna un grand élan puis franchit son chemin vers la liberté d'un saut massivement superbe.
Vladimir était libre! Il était minuit et aucun humain n'était dans les parages.
Alors Vladimir courut et courut encore de toutes ses pattes velues.
Oumf! Oumf! Oua!
Il était heureux bien que perdu. St-Zéphirin-de-Longval cela ne lui disait rien. Une petite paroisse athée qui se faisait passer pour une zone catholique romaine. Petite paroisse essentiellement constituée de médisance, de flashing et de cruauté envers les animaux.
Vladimir était bien mal tombé! Pourtant, il fallait bien manger. Et s'amuser un peu.
Comme il traversait la rue Principale du village, Vladimir fût attiré par une boutique remplie de bibelots et de verreries étincelantes.
-Oooh! s'est longuement ému le lourdaud en contemplant le merveilleux éclat du verre et autres surbrillance de pacotille de la boutique Chez Rita.
Vladimir, un peu esthète sur les bords, n'allait pas en rester là.
Il défonça la porte d'un coup de patte, rentra dans la boutique et beding, bedang, son gros cul péta tout sur son passage. Il se retourna et zoup! Trois lampes volèrent en éclats. Il revint sur ses pas. Bing! Une bouteille de parfum se fracassa sur le linoléum. Ensuite, ce fût pire encore que toutes les onomatopées qu'il me serait possible d'inventer. Bing! Crac! Boum! Ce que vous voudrez. C'était plus tonitruant qu'un orchestre brésilien en plein carnaval. Un vrai tohu-bohu qui rameuta tout le quartier, puis les pompiers, la police, le maire et les agents de la faune. Les seuls qui furent oubliés sont bien sûr les incompétents du zoo de St-Zéphirin.
Vladimir le grizzli fût évidemment ramené dans sa fosse, où il tua un innocent du nom de Louis Lemire-Cadorette, jobber du zoo, qui voulut lui frotter le museau d'un peu trop près pour faire le frais. Vladimir lui plongea toutes ses griffes dans le bide et lui dévora le gras mou.
Évidemment, on tua Vladimir le grizzli aussitôt. On ne les laisse pas tranquille les pauvres bêtes dans ce patelin hostile et retardé culturellement parlant.
Rita ne fût pas dédommagée par ses assurances pour les dommages commis par Vladimir dans sa boutique puisqu'elle n'avait rien pour la protéger. Elle avait toujours vécu et vivait encore sans filet.
Quoi qu'il en soit, sa marchandise ne valait rien.
C'était du stock que son mari allait chercher dans les poubelles, un peu partout dans les grandes villes. C'est fou comme le monde jette leurs choux gras, n'est-ce pas? La petite Rita et son gros Gérard avait compris ça. Comme ils avaient compris qu'ils pourraient faire beaucoup d'argent avec les images captées par leur caméra de surveillance qui bientôt firent le tour du monde.
Ainsi, Vladimir le grizzli devint célèbre.
Et ce sont les crosseurs de la boutique Chez Rita qui firent fortune.
Vous devriez voir leur boutique maintenant. On se croirait en Égypte en version plus cheap. C'est plein de pharaons de plastique et d'encens pas cher.