-Personne n'y échappe mon gars! Ça va te rattraper un jour ou l'autre. Je t'en passe un papier!
Thomas Lafrenière alias Tomtom lui avait chuinté ça entre ses dentiers trop flottants. Il n'était pas commode, Tomtom. C'était un vieux de la vieille qui sentait un peu le gras de peau et qui malheureusement ramenait tout à la politique.
Et ce jour-là, après la partie de baseball, personne ne voulait l'entendre parler de politique. Surtout pas Boubou.
-Il n'y a pas que la politique dans la vie, Tomtom, lui avait répondu Larry Boudreau alias Boubou, justement, numéro 14 du club de baseball de la Taverne Bullpen où ils étaient d'ailleurs tous rassemblés.
-Ah ouin? Eh pis y'a quoi d'autre, hein? De la poésie? cracha Tomtom. Ça vivrait pas sans subventions pis les subventions c'est politique MON PE-TIT GARS!
Tomtom haussa le ton sur MON PE-TIT GARS pour humilier Boubou, un p'tit bonhomme qui aurait pu jouer un lutin dans Blanche-Neige.
-Voyons don' Tomtom! Tabarnak! répliqua Boubou. Il y a aussi la bière, les femmes, pas vrai les gars? ajouta Boubou en levant sa bouteille pour marquer un toast.
Cependant, personne ne vit Boubou lever sa bouteille. Il était vraiment trop petit parmi sa bande de géants gonflés au poulet de rôtisserie bourré d'hormones de croissance.
Incidemment, ils s'était tous commandé du poulet barbequiou ce soir-là, comme ils le faisaient après chaque partie. Hormis Boubou qui avait préféré se quâller de la poutine.
Quant à Tomtom, il préféra boire plutôt que de manger. Aussi ce ne fut pas long avant qu'il ne tombe saoul mort, comme d'habitude.
-C'est tous des crosseurs! qu'il s'est mis à dire tout en crachant son dentier. Ce qui fait que la suite de son discours devint plutôt inintelligible.
Cela ressemblait à ceci:
-E'j'su's tanné d'payer pou' la mafia calice!!! L'a'gent d'nos taxes pis d'nos impôts s'en va chez l'Yab calice! On vit dans une pwovince co'h'ompue! Nos politiciens sont touttes co'h'ompus! Des pou'h'itu'h'es! La 'h'évolution s'en vient taba'nak! Y'a p'us PA'r'SONNE qui koé en e'ce'système-là! PA'r'SONNE n'va e's'lever pou' le défend'h'e quand i' va s'éc'ouler! Ça va y'êt'h'e bon déba'h'as taba'nak! Mes dents calice? Y'où c'qui est mon dentier calvette? MON DEN't'IER CIBOUÈWE D'HOSTIE!!!
Le dentier de Tomtom avait revolé derrière le comptoir, du côté du bar. Il était tombé en plein dans l'eau de vaisselle. Ce qui fait qu'il était propre.
Jocelyn, qui était barman ce soir-là, lui remit son dentier, comme d'habitude. Et Tomtom le fourra dans sa poche, après l'avoir emballé dans une serviette de table en papier.
Boubou n'était plus là. Ni les autres. Ils étaient partis rejoindre leurs blondes et leurs enfants.
Il ne restait plus que Tomtom et le barman.
-C'est mon lastcall Tomtom. Tu prends-tu un' autre bière pour la route?
-Enwèye don' Jocelyn! Hin autwe pour la Ruth!
Une vieille toune de Pete Seeger jouait en arrière-fond tandis que Jocelyn fermait la porte de la taverne pour compter les recettes de la soirée en toute sécurité.
Tomtom ne parlait plus de politique. Encore quelques gorgées et son taxi l'attendrait dehors, devant la Taverne Bullpen, comme d'habitude.
L'air était chaud et humide mais peut-être pas.
Ce qui était bien certain, c'est que Tomtom était chaud et humide.
-Les taba-nacks! Libawté!!! gueulait-il tout en faisant du shadow boxing contre les forces occultes de la politique...
vendredi 30 septembre 2011
jeudi 29 septembre 2011
La fausse sagesse incarnée de Daphné Malapart
La sagesse n'est pas autre chose que de ne pas devenir fou, stressé, complètement à côté de ses pompes.
Prenons n'importe quel homme de l'ère glaciaire et foutons-le au beau milieu d'une ville, avec le bruit des véhicules, le grondement de l'électricité et le sillement de toutes les sortes d'ondes dans lesquelles on baigne.
Eh bien il ne ferait pas mieux que la plupart d'entre nous, le troglodyte. Il deviendrait fou, stressé et complètement à côté de ses pompes. Comme quoi l'évolution prend du temps.
Quoi qu'il en soit, la sagesse nous incite à vivre autrement, n'est-ce pas?
Et la partie n'est pas facile.
Ne serait-ce que du fait de partager les mêmes ruines et de renifler les mêmes vapeurs méphistophéliques.
Ce n'est pas facile. Vous avez bien raison de le croire vous aussi.
Voilà pourquoi Daphné Malapart était la sagesse incarnée, enfin, presque ça...
Je vais vous revenir là-dessus...
Elle était toute menue, Daphné. Plutôt osseuse qu'adipeuse. Et pas vraiment jolie en fait.
Mais elle était super gentille, ce bout de bonne femme de quarante ans, attentionnée et plein d'enthousiasme pour aider les vieillards aveugles à traverser la rue.
Daphné, c'était de la bonne pâte, oui monsieur, et tout le monde l'aimait.
Tout le monde sauf la bonne femme Bilodeau, sa voisine, une grosse mégère de soixante-trois ans qui se plaignait toujours du fait qu'elle plaçait ses sacs de vidanges tout de travers dans le bac vert. Entre vous et moi, la Bilodeau est une grosse crisse qui crie pour rien. Elle ferait mieux de soigner son amphysème et d'écraser sa cigarette. Sa voix de cendrier d'outre-tombe est bien moins fréquentable que la jolie voix de pipeau de la Malapart.
Pourtant, Daphné n'en faisait pas de cas, jamais.
-Daphné cibouette! lui disait souvent la bonne femme Bilodeau. Place don' tes sacs à vidanges dans le bon sens dans le bac vert! Quand i' sont tout de travers, y'en rentre moins pis on n'est p'us capable de fermer l'couvert calvinousse!
-J'vais y voir, lui répondait gentiment Daphné qui avait les cheveux teints en rouge vif cette semaine-là.
Évidemment, Daphné avait la sagesse de ne pas vraiment se soucier de ce que lui disait la bonne femme Bilodeau.
Elle continuait son chemin en sifflant, toujours au service de celui-ci ou bien de celui-là.
Son chum, c'est drôle à dire, était le fils de la bonne femme Bilodeau.
Eh oui, Daphné était la brue de la bonne femme.
Ce qui fait qu'elle avait crissement raison de la laisser brailler toute seule avec ses calices de sacs de vidanges.
Daphné marchait sur les trottoirs ou bien dans les champs en sifflant des chansons joyeuses.
Elle pouvait respirer le monoxyde de carbone avec une certaine aisance.
Et oublier que tout était laid autour d'elle, la ville, le ciel, les gens.
Parce que les gens ne deviennent pas seulement fous.
Ils deviennent méchants aussi, dans les vapeurs méphistophéliques de l'ère industrielle.
Et ce qui devait advenir arriva.
Daphné péta les plombs. Elle péta sa coche comme on dit par chez-nous.
C'était pas plus tard qu'avant-hier.
La bonne femme Bilodeau se plaignait encore de ses hosties de vidanges.
-Là, là, Daphné, ç'a vraiment p'us d'bon sang! On s'crérait dans un vrai capharna-y-üm! Les sacs à vidanges tout croches, toé chose, tiens, jetés comme si l'on s'calissait d'toutte! Ah! Ça va vite! On n'prend plus l'temps d'faire bien les choses! Zoup! Les vidanges tout croches dans le bac vert! Pour voir si ça a d'l'allure! J'ai jamais vu ça! J'ai mon maudit voyage! Après ça qui c'est qui les replace, les sacs? C'est bibi! La bonne femme bibi, la Bilodeau va s'en occuper encore! Ben, ma p'tite fille, faut que t'apprennes à prendre tes responsabilités!!!
Et vous savez ce qu'elle a fait Daphné? Elle lui a roté dans la face. Elle venait de manger un truc grec avec du yogourt à l'ail et le borborygme n'en fut que plus puissant.
-Bweeee-aaaaaarp! It's for you my dear! qu'elle lui a répondu, Daphné, en lui rotant dans la face.
La bonne femme Bilodeau en a eu le souffle coupé. Comme si c'était l'insulte de sa vie. Dix secondes après elle téléphonait son fils sur son cellulaire pour se plaindre de sa brue, cette truie qui ne sait pas vivre.
***
Épilogue
Ça ne se fait pas ce genre de chose, bien entendu.
Mais Daphné n'est pas faite en bois.
Toutes les pressions de la civilisation ont passé à travers ce rot.
Depuis, plus personne ne croit vraiment qu'elle est la sagesse incarnée.
D'ailleurs il est plus sage de ne pas chercher à l'incarner. Survivre est bien suffisant. La vie n'en demande pas plus.
Ah! J'oubliais de dire que Daphné Malapart n'est plus avec le fils de la bonne femme Bilodeau.
Ils se sont séparés.
Ils vivaient en union libre, comme tout le monde quoi.
Qu'est-ce que ça peut bien foutre dans cette histoire?
Je me le demande.
Mais je l'ai ajouté au cas où ça servirait à quelque chose.
Écrire un conte, ce n'est pas toujours de la tarte.
Prenons n'importe quel homme de l'ère glaciaire et foutons-le au beau milieu d'une ville, avec le bruit des véhicules, le grondement de l'électricité et le sillement de toutes les sortes d'ondes dans lesquelles on baigne.
Eh bien il ne ferait pas mieux que la plupart d'entre nous, le troglodyte. Il deviendrait fou, stressé et complètement à côté de ses pompes. Comme quoi l'évolution prend du temps.
Quoi qu'il en soit, la sagesse nous incite à vivre autrement, n'est-ce pas?
Et la partie n'est pas facile.
Ne serait-ce que du fait de partager les mêmes ruines et de renifler les mêmes vapeurs méphistophéliques.
Ce n'est pas facile. Vous avez bien raison de le croire vous aussi.
Voilà pourquoi Daphné Malapart était la sagesse incarnée, enfin, presque ça...
Je vais vous revenir là-dessus...
Elle était toute menue, Daphné. Plutôt osseuse qu'adipeuse. Et pas vraiment jolie en fait.
Mais elle était super gentille, ce bout de bonne femme de quarante ans, attentionnée et plein d'enthousiasme pour aider les vieillards aveugles à traverser la rue.
Daphné, c'était de la bonne pâte, oui monsieur, et tout le monde l'aimait.
Tout le monde sauf la bonne femme Bilodeau, sa voisine, une grosse mégère de soixante-trois ans qui se plaignait toujours du fait qu'elle plaçait ses sacs de vidanges tout de travers dans le bac vert. Entre vous et moi, la Bilodeau est une grosse crisse qui crie pour rien. Elle ferait mieux de soigner son amphysème et d'écraser sa cigarette. Sa voix de cendrier d'outre-tombe est bien moins fréquentable que la jolie voix de pipeau de la Malapart.
Pourtant, Daphné n'en faisait pas de cas, jamais.
-Daphné cibouette! lui disait souvent la bonne femme Bilodeau. Place don' tes sacs à vidanges dans le bon sens dans le bac vert! Quand i' sont tout de travers, y'en rentre moins pis on n'est p'us capable de fermer l'couvert calvinousse!
-J'vais y voir, lui répondait gentiment Daphné qui avait les cheveux teints en rouge vif cette semaine-là.
Évidemment, Daphné avait la sagesse de ne pas vraiment se soucier de ce que lui disait la bonne femme Bilodeau.
Elle continuait son chemin en sifflant, toujours au service de celui-ci ou bien de celui-là.
Son chum, c'est drôle à dire, était le fils de la bonne femme Bilodeau.
Eh oui, Daphné était la brue de la bonne femme.
Ce qui fait qu'elle avait crissement raison de la laisser brailler toute seule avec ses calices de sacs de vidanges.
Daphné marchait sur les trottoirs ou bien dans les champs en sifflant des chansons joyeuses.
Elle pouvait respirer le monoxyde de carbone avec une certaine aisance.
Et oublier que tout était laid autour d'elle, la ville, le ciel, les gens.
Parce que les gens ne deviennent pas seulement fous.
Ils deviennent méchants aussi, dans les vapeurs méphistophéliques de l'ère industrielle.
Et ce qui devait advenir arriva.
Daphné péta les plombs. Elle péta sa coche comme on dit par chez-nous.
C'était pas plus tard qu'avant-hier.
La bonne femme Bilodeau se plaignait encore de ses hosties de vidanges.
-Là, là, Daphné, ç'a vraiment p'us d'bon sang! On s'crérait dans un vrai capharna-y-üm! Les sacs à vidanges tout croches, toé chose, tiens, jetés comme si l'on s'calissait d'toutte! Ah! Ça va vite! On n'prend plus l'temps d'faire bien les choses! Zoup! Les vidanges tout croches dans le bac vert! Pour voir si ça a d'l'allure! J'ai jamais vu ça! J'ai mon maudit voyage! Après ça qui c'est qui les replace, les sacs? C'est bibi! La bonne femme bibi, la Bilodeau va s'en occuper encore! Ben, ma p'tite fille, faut que t'apprennes à prendre tes responsabilités!!!
Et vous savez ce qu'elle a fait Daphné? Elle lui a roté dans la face. Elle venait de manger un truc grec avec du yogourt à l'ail et le borborygme n'en fut que plus puissant.
-Bweeee-aaaaaarp! It's for you my dear! qu'elle lui a répondu, Daphné, en lui rotant dans la face.
La bonne femme Bilodeau en a eu le souffle coupé. Comme si c'était l'insulte de sa vie. Dix secondes après elle téléphonait son fils sur son cellulaire pour se plaindre de sa brue, cette truie qui ne sait pas vivre.
***
Épilogue
Ça ne se fait pas ce genre de chose, bien entendu.
Mais Daphné n'est pas faite en bois.
Toutes les pressions de la civilisation ont passé à travers ce rot.
Depuis, plus personne ne croit vraiment qu'elle est la sagesse incarnée.
D'ailleurs il est plus sage de ne pas chercher à l'incarner. Survivre est bien suffisant. La vie n'en demande pas plus.
Ah! J'oubliais de dire que Daphné Malapart n'est plus avec le fils de la bonne femme Bilodeau.
Ils se sont séparés.
Ils vivaient en union libre, comme tout le monde quoi.
Qu'est-ce que ça peut bien foutre dans cette histoire?
Je me le demande.
Mais je l'ai ajouté au cas où ça servirait à quelque chose.
Écrire un conte, ce n'est pas toujours de la tarte.
mardi 27 septembre 2011
Un Premier ministre libéral qui s'enfuie du Parlement déguisé en femme
On connait peu notre histoire et c'est dommage puisqu'il y a un tas d'histoires drôles.
Dont celle de l'émeute du 5 avril 1932 devant le Colonial Building de Terre-Neuve, l'équivalent de la Chambre des Communes à cette époque.
C'était en pleine crise économique, comme celle qui s'en vient sur nos rivages en ce moment.
Dix milles Newfies ont marché sur le parlement et y sont entrés de force en faisant péter toutes les barrières.
Le capitalisme a mangé une sacré raclée cette journée-là dans le Dominion of Newfoundland.
Oua! Le Premier ministre libéral de l'époque, Richard Squires, s'est échappé par la porte d'en arrière, sous escorte policière, déguisé en femme...
Ah! Qu'il serait chouette de présenter une vignette Héritage Canada avec le gus déguisé en femme qui tente d'éviter la canaille qui réclame sa destitution. «Un autre beau moment de l'histoire du Canada présenté par Jeanfoutre Inc.»...
Les vaillants Newfies ont d'ailleurs obtenu sa démission. Qu'on le veuille ou pas, l'opinion de la rue ça compte toujours un peu plus qu'un discours froid lu à la radio ou bien à la Chambre de commerce.
C'est pas de ma faute si le capitalisme n'a pas d'avenir.
Dont celle de l'émeute du 5 avril 1932 devant le Colonial Building de Terre-Neuve, l'équivalent de la Chambre des Communes à cette époque.
C'était en pleine crise économique, comme celle qui s'en vient sur nos rivages en ce moment.
Dix milles Newfies ont marché sur le parlement et y sont entrés de force en faisant péter toutes les barrières.
Le capitalisme a mangé une sacré raclée cette journée-là dans le Dominion of Newfoundland.
Oua! Le Premier ministre libéral de l'époque, Richard Squires, s'est échappé par la porte d'en arrière, sous escorte policière, déguisé en femme...
Ah! Qu'il serait chouette de présenter une vignette Héritage Canada avec le gus déguisé en femme qui tente d'éviter la canaille qui réclame sa destitution. «Un autre beau moment de l'histoire du Canada présenté par Jeanfoutre Inc.»...
Les vaillants Newfies ont d'ailleurs obtenu sa démission. Qu'on le veuille ou pas, l'opinion de la rue ça compte toujours un peu plus qu'un discours froid lu à la radio ou bien à la Chambre de commerce.
C'est pas de ma faute si le capitalisme n'a pas d'avenir.
lundi 26 septembre 2011
MA DÉCLARATION DES DROITS HUMAINS SIMPLIFIÉE
J'ai suivi quelques cours à la faculté de droit de l'Université Laval. Cela ne fera pas de moi le constitutionnaliste qu'il faudrait pour expliquer en huit millions de pages quelques expressions simples comme «bonjour comment ça va?» ou bien «aimez-vous les uns les autres».
Aussi, je vais y aller d'une proposition constitutionnelle à la bonne franquette.
DÉCLARATION DES DROITS HUMAINS SIMPLIFIÉE
Tous les êtres humains naissent vrais, libres et égaux.
Quiconque veut chier sur la tête d'un autre doit être exclus de la communauté pour une période proportionnelle à la stupidité de son délit. Idem pour les pollueurs et autres baveux.
Tout être humain peut vivre une vie digne de ce nom du berceau jusqu'au tombeau, même les prisonniers et les baveux.
Il y en aura pour tout le monde de la sauce et des patates.
Ceux qui ne sont pas d'accord peuvent bien aller chier.
Merci bonsoir.
Aussi, je vais y aller d'une proposition constitutionnelle à la bonne franquette.
DÉCLARATION DES DROITS HUMAINS SIMPLIFIÉE
Tous les êtres humains naissent vrais, libres et égaux.
Quiconque veut chier sur la tête d'un autre doit être exclus de la communauté pour une période proportionnelle à la stupidité de son délit. Idem pour les pollueurs et autres baveux.
Tout être humain peut vivre une vie digne de ce nom du berceau jusqu'au tombeau, même les prisonniers et les baveux.
Il y en aura pour tout le monde de la sauce et des patates.
Ceux qui ne sont pas d'accord peuvent bien aller chier.
Merci bonsoir.
samedi 24 septembre 2011
La putasserie ordinaire de l'Art
Je reviens souvent sur cette citation de la grande poétesse américaine Emily Dickinson: «Publier c'est mettre aux enchères l'esprit humain».
Et c'est idoine pour toutes les formes d'art. C'est toujours mettre aux enchères l'esprit humain.
Que valent mes mots, mes sons, mes toiles? Honnêtement, elles me valent des aventures spirituelles à proprement parler extraordinaires. Tout ce qui vient ensuite, démarche artistique, promotion, vente, pour moi c'est de la fiente. Du caca pour nourrir le Système dont je ne suis qu'un quelconque prisonnier en quête d'évasion et de rédemption.
D'aussi loin que je me souvienne, l'art m'est apparu comme un bouclier entre moi et le monde.
Les associations d'artistes et autres groupes me sont insupportables. C'est comme si j'introduisais le Système dans mon art et que je cessais de rêver...
Dès qu'on parle d'argent ou de subventions, on ne voit pas le meilleur de l'homme ressortir.
Tout un chacun y va de sa parade pour recevoir son aumône. Untel vous chie une théorie sur l'art pour justifier sa bouette séchée. Tel autre vous cite des statistiques. Et c'est presqu'un miracle s'il reste encore des artistes au bout de toute cette folle cupidité.
Les associations d'écrivains et d'artistes sont des repaires d'animaux domestiques que ne fréquentent jamais les grands artistes.
Les grands artistes sont généralement d'indécrottables individualistes, sans doute plus près du chamane que du perroquet en termes de configuration d'esprit.
On y trouvera des auteurs de plaquettes et des peintres du dimanche dans ces associations à la noix. Des Bouvard et Pécuchet des temps modernes englués dans leurs vieilles pantoufles théoriques. Une culture générale tissée de lieux communs et de slogans. Ceux qui n'en sortent pas rebutés reçoivent ensuite la manne, quelques rogatons jetés par les bureaucrates dans la cour des chiens.
Les vrais artistes se cachent n'importe où, là où ne s'attend pas les rencontrer.
Le prix de leurs oeuvres, leur démarche artistique, leur cévé et tout le reste, c'est bon pour ceux dont les oeuvres ne veulent rien dire.
L'oeuvre parle d'elle-même quand on est vraiment un artiste.
L'oeuvre se passe d'explications.
Comme elle se passe d'argent, de subventions, de lichages de cul, de tout ce que vous voudrez.
Tout ce qui est en-dehors de l'oeuvre n'est souvent que de la putasserie trop ordinaire.
Et c'est idoine pour toutes les formes d'art. C'est toujours mettre aux enchères l'esprit humain.
Que valent mes mots, mes sons, mes toiles? Honnêtement, elles me valent des aventures spirituelles à proprement parler extraordinaires. Tout ce qui vient ensuite, démarche artistique, promotion, vente, pour moi c'est de la fiente. Du caca pour nourrir le Système dont je ne suis qu'un quelconque prisonnier en quête d'évasion et de rédemption.
D'aussi loin que je me souvienne, l'art m'est apparu comme un bouclier entre moi et le monde.
Les associations d'artistes et autres groupes me sont insupportables. C'est comme si j'introduisais le Système dans mon art et que je cessais de rêver...
Dès qu'on parle d'argent ou de subventions, on ne voit pas le meilleur de l'homme ressortir.
Tout un chacun y va de sa parade pour recevoir son aumône. Untel vous chie une théorie sur l'art pour justifier sa bouette séchée. Tel autre vous cite des statistiques. Et c'est presqu'un miracle s'il reste encore des artistes au bout de toute cette folle cupidité.
Les associations d'écrivains et d'artistes sont des repaires d'animaux domestiques que ne fréquentent jamais les grands artistes.
Les grands artistes sont généralement d'indécrottables individualistes, sans doute plus près du chamane que du perroquet en termes de configuration d'esprit.
On y trouvera des auteurs de plaquettes et des peintres du dimanche dans ces associations à la noix. Des Bouvard et Pécuchet des temps modernes englués dans leurs vieilles pantoufles théoriques. Une culture générale tissée de lieux communs et de slogans. Ceux qui n'en sortent pas rebutés reçoivent ensuite la manne, quelques rogatons jetés par les bureaucrates dans la cour des chiens.
Les vrais artistes se cachent n'importe où, là où ne s'attend pas les rencontrer.
Le prix de leurs oeuvres, leur démarche artistique, leur cévé et tout le reste, c'est bon pour ceux dont les oeuvres ne veulent rien dire.
L'oeuvre parle d'elle-même quand on est vraiment un artiste.
L'oeuvre se passe d'explications.
Comme elle se passe d'argent, de subventions, de lichages de cul, de tout ce que vous voudrez.
Tout ce qui est en-dehors de l'oeuvre n'est souvent que de la putasserie trop ordinaire.
vendredi 23 septembre 2011
Larivée prêche des idées d'extrême-droite
Marc-Aurèle Larivée pue au nez de tous ses voisins. C'est le genre de type qui vous emmerde avec Dieu, le crime d'avortement, les taxes des communistes et le rétablissement de la peine de mort. Ses idées semblent toutes avoir germées d'une certaine frustration sexuelle, voire d'un quelconque spasme mal assumé.
Larivée, c'est un gars pogné dans ses culottes, entre vous et moi. Il a même le look de ses idées fixes: la lippe boudeuse, le regard sévère et un peu nul, les cheveux gras d'où s'échappent des tas de pellicules, le dos voûté, le tronc plus long que les jambes. Bref, il n'attire aucune sympathie dans le quartier, ne serait-ce que pour sa laideur identitaire.
-On n'fait plus de bébés! qu'il dit, le cave, lui qui n'a pas plus d'enfant que de femme. Notre race est menacée d'extinction caltor! Pis qu'est-ce qu'on fait nous autres, hein? On avorte à tour de bras! Enwèye! Au détriment des lois de Dieu!!! Ça prend une patrie pis des enfants pour faire une patrie!
La plupart de ses voisins ne l'écoutent pas vraiment. On le perçoit comme un genre de taré d'un autre temps qui ferait mieux de baiser ou bien de se laver au lieu de s'accrocher à des chimères, dont celles de tous nous plonger dans sa damnation.
Les idées de Larivée n'ont rien pour séduire. Leur émissaire n'est pas tout à fait présentable ni fréquentable, vous l'aurez sans doute compris.
-Le paradis de Larivée? Plutôt être en enfer que de m'faire chier à côté de cet hostie d'tarlais! qu'on se dit à peu près tous, sauf le gros Moreau.
-C'est un pauvre diable ce gars-là... Vous voyez bien qu'il est un peu détraqué, qu'il manque de cul ou bien de j'sais pas trop quoi...
-Qui qui voudrait d'ça? qu'on lui répète tous, à ce gros Moreau. Il ressemble à Séraphin en plus maigre!
-C'est un pauvre gars... Laissez faire ses idées... qu'il nous répond tout le temps, le gros Moreau.
Pour ce qui est de Larivée, ce n'est jamais fini. Au dépanneur, il peut discuter pendant des heures parce qu'il profite de la trop grande mansuétude du gros Moreau.
Moreau qui le laisse même évangéliser dans son dépanneur.
Moreau pense pourtant tout le contraire de Larivée. Mais qui fait vraiment attention à Larivée, avec ses cheveux gras et ses idées fascistes, hein? Personne.
-Le monde s'en va chez le démon! qu'il crie, ce cave de Larivée. Les communistes sont aux portes de la ville! Les bandits courent les rues et on devrait les assire sur la chaise électrique!
-Larivée, cibouère, décroche un peu, que lui répond le gros Moreau de temps en temps. Jésus a prêché la bonté, cibouère, y'a pas prêché d'prendre une hache pis d'la crisser dans 'a tête de son prochain!!!
-Viendront des temps d'infamie qui...
-Ah! Ta yeule Larivée! Bois ton Pepsi pis respire un peu par le nez...
C'est comme ça tous les jours, entre le gros Moreau et Larivée.
Le plus drôle c'est que le gros Moreau est le seul ami connu de Larivée, bien que le mot ami soit un peu fort.
N'empêche que le gros Moreau a pris l'habitude de l'inviter à dîner avec lui, au dépanneur. Il lui paye la pizza et lui offre des tas de cigarettes, parce que Larivée en arrache. Il ne travaille pas et n'a probablement jamais travaillé.
Tout ce qui le tient en vie, Larivée, ce sont ses maudites idées fixes.
Aussi, de temps à autres, à Noël ou bien à Pâques, le gros Moreau lui permet de livrer toute la fiente de ses idées fixes sans le contredire, comme s'il avait conscience qu'on devait lui porter respect de temps en temps, ne serait-ce que pour éviter qu'il ne se pende dans son garde-robe.
Le gros Moreau respecte la vie, voyez-vous. Il respecte les araignées, les chats de gouttière et même les tarlais comme Larivée, ce qui représente le plus gros test de compassion que le destin lui ait mis sous le nez.
Le gros Moreau fait aussi des crédits mensuels de trente piastres par mois à la plupart de ses clients. La plupart paye le premier du mois, la journée du chèque.
Larivée, c'est un gars pogné dans ses culottes, entre vous et moi. Il a même le look de ses idées fixes: la lippe boudeuse, le regard sévère et un peu nul, les cheveux gras d'où s'échappent des tas de pellicules, le dos voûté, le tronc plus long que les jambes. Bref, il n'attire aucune sympathie dans le quartier, ne serait-ce que pour sa laideur identitaire.
-On n'fait plus de bébés! qu'il dit, le cave, lui qui n'a pas plus d'enfant que de femme. Notre race est menacée d'extinction caltor! Pis qu'est-ce qu'on fait nous autres, hein? On avorte à tour de bras! Enwèye! Au détriment des lois de Dieu!!! Ça prend une patrie pis des enfants pour faire une patrie!
La plupart de ses voisins ne l'écoutent pas vraiment. On le perçoit comme un genre de taré d'un autre temps qui ferait mieux de baiser ou bien de se laver au lieu de s'accrocher à des chimères, dont celles de tous nous plonger dans sa damnation.
Les idées de Larivée n'ont rien pour séduire. Leur émissaire n'est pas tout à fait présentable ni fréquentable, vous l'aurez sans doute compris.
-Le paradis de Larivée? Plutôt être en enfer que de m'faire chier à côté de cet hostie d'tarlais! qu'on se dit à peu près tous, sauf le gros Moreau.
-C'est un pauvre diable ce gars-là... Vous voyez bien qu'il est un peu détraqué, qu'il manque de cul ou bien de j'sais pas trop quoi...
-Qui qui voudrait d'ça? qu'on lui répète tous, à ce gros Moreau. Il ressemble à Séraphin en plus maigre!
-C'est un pauvre gars... Laissez faire ses idées... qu'il nous répond tout le temps, le gros Moreau.
Pour ce qui est de Larivée, ce n'est jamais fini. Au dépanneur, il peut discuter pendant des heures parce qu'il profite de la trop grande mansuétude du gros Moreau.
Moreau qui le laisse même évangéliser dans son dépanneur.
Moreau pense pourtant tout le contraire de Larivée. Mais qui fait vraiment attention à Larivée, avec ses cheveux gras et ses idées fascistes, hein? Personne.
-Le monde s'en va chez le démon! qu'il crie, ce cave de Larivée. Les communistes sont aux portes de la ville! Les bandits courent les rues et on devrait les assire sur la chaise électrique!
-Larivée, cibouère, décroche un peu, que lui répond le gros Moreau de temps en temps. Jésus a prêché la bonté, cibouère, y'a pas prêché d'prendre une hache pis d'la crisser dans 'a tête de son prochain!!!
-Viendront des temps d'infamie qui...
-Ah! Ta yeule Larivée! Bois ton Pepsi pis respire un peu par le nez...
C'est comme ça tous les jours, entre le gros Moreau et Larivée.
Le plus drôle c'est que le gros Moreau est le seul ami connu de Larivée, bien que le mot ami soit un peu fort.
N'empêche que le gros Moreau a pris l'habitude de l'inviter à dîner avec lui, au dépanneur. Il lui paye la pizza et lui offre des tas de cigarettes, parce que Larivée en arrache. Il ne travaille pas et n'a probablement jamais travaillé.
Tout ce qui le tient en vie, Larivée, ce sont ses maudites idées fixes.
Aussi, de temps à autres, à Noël ou bien à Pâques, le gros Moreau lui permet de livrer toute la fiente de ses idées fixes sans le contredire, comme s'il avait conscience qu'on devait lui porter respect de temps en temps, ne serait-ce que pour éviter qu'il ne se pende dans son garde-robe.
Le gros Moreau respecte la vie, voyez-vous. Il respecte les araignées, les chats de gouttière et même les tarlais comme Larivée, ce qui représente le plus gros test de compassion que le destin lui ait mis sous le nez.
Le gros Moreau fait aussi des crédits mensuels de trente piastres par mois à la plupart de ses clients. La plupart paye le premier du mois, la journée du chèque.
jeudi 22 septembre 2011
Histoire de chasse
Arnold Lemay était chasseur de père en fils, comme son père, le père de son père et la grand-mère de son arrière-tante.
C'était un petit gros pas trop obèse qui n'en ratait pas une quoiqu'il ratait souvent sa cible ou bien sa proie.
Lemay avait des moustaches tournées et cirées comme il ne s'en fait plus, une coquetterie qui lui donnait un drôle d'air dans les bois, comme s'il s'y était perdu après un gala de la Chambre de commerce.
Lemay était d'ailleurs président de la Chambre de commerce. Il était gérant d'une succursale de souliers bon marché. Il avait toujours de beaux souliers, Lemay. Ça, on ne peut pas dire le contraire.
Mais ses souliers de ville dans le bois, c'était pas fûté pour la chasse. Ils prenaient l'eau, la glaise, la boue. Lemay se disait qu'il en prendrait d'autres à la boutique en les mettant sur le compte des pertes en magasin.
-Quand bien même qu'j'en scrapperais vingt paires, j'en ai cinq milles en inventaire! disait-il en se lissant les moustaches comme un chat qui se raserait le menton.
Pour la chasse, les chats sont bien meilleurs que Lemay. Lemay chassait comme un pied. Ce n'est pas la chasse qui l'intéressait, mais le look de la chasse, la panoplie de chasseur se substituant à l'habit de ville pour mettre en valeur autrement sa moustache cirée.
Ah! Qu'il aimait se vanter de son équipement dispendieux et de tout le reste. C'était toujours «ça, ça coûte tant». On lui disait à Lemay que l'habit ne fait pas le moine. Mais chaque fois qu'on lui disait ça l'épais tentait de dévier la conversation en racontant des jokes de moines, de totons ou de graines. On bayait aux corneilles devant ses jokes de mononcle. Et on fixait sa moustache cirée en se disant qu'elle était affreuse et un peu gluante.
-M'en va's vous montrer c'est quoi un chasseur! qu'il disait encore, vendredi dernier, avant de fermer la boutique. J'ai acheté ceci, cela et blablabla...
Eh bien il n'aura pas montré grand chose. Il est non seulement revenu bredouille, mais il est revenu dans un sac de plastique, avec des étiquettes aux jambes et aux poignets.
Les gars qui étaient avec lui racontèrent aux policiers qu'ils avaient retrouvé Lemay sans vie, à deux pas de sa cache pour la chasse au chevreuil. Un ours, probablement une ourse avec ses petits, s'est senti menacé-e. C'est rare qu'ils attaquent, les ours. Mais la moustache cirée de Lemay ne devait pas revenir à cet ours-là quel que fût son sexe.
Il s'est fait déchiqueté, Lemay, et il est mort au bout de son sang.
Triste histoire d'un chasseur chassé.
Comme celle de l'arroseur arrosé avec plus de couleurs.
Pauvre Lemay, n'est-ce pas?
On l'a enterré avec son fusil, Lemay, une Winchester on ne sait trop de quelle année qui valait cher.
Sur sa pierre tombale, il y a une tête d'orignal en bronze. Et une description inusitée: Ci-gît Arnold Lemay, propriétaire du magasin Good Shoes de Quatre-Ruisseaux et président de la Chambre de Commerce de 2009 à 2011.
Aucune mention de l'ours qui doit encore vagabonder dans les forêts de la Mauricie, à la recherche de baies sauvages, de déchets et de chevreuils morts.
C'était un petit gros pas trop obèse qui n'en ratait pas une quoiqu'il ratait souvent sa cible ou bien sa proie.
Lemay avait des moustaches tournées et cirées comme il ne s'en fait plus, une coquetterie qui lui donnait un drôle d'air dans les bois, comme s'il s'y était perdu après un gala de la Chambre de commerce.
Lemay était d'ailleurs président de la Chambre de commerce. Il était gérant d'une succursale de souliers bon marché. Il avait toujours de beaux souliers, Lemay. Ça, on ne peut pas dire le contraire.
Mais ses souliers de ville dans le bois, c'était pas fûté pour la chasse. Ils prenaient l'eau, la glaise, la boue. Lemay se disait qu'il en prendrait d'autres à la boutique en les mettant sur le compte des pertes en magasin.
-Quand bien même qu'j'en scrapperais vingt paires, j'en ai cinq milles en inventaire! disait-il en se lissant les moustaches comme un chat qui se raserait le menton.
Pour la chasse, les chats sont bien meilleurs que Lemay. Lemay chassait comme un pied. Ce n'est pas la chasse qui l'intéressait, mais le look de la chasse, la panoplie de chasseur se substituant à l'habit de ville pour mettre en valeur autrement sa moustache cirée.
Ah! Qu'il aimait se vanter de son équipement dispendieux et de tout le reste. C'était toujours «ça, ça coûte tant». On lui disait à Lemay que l'habit ne fait pas le moine. Mais chaque fois qu'on lui disait ça l'épais tentait de dévier la conversation en racontant des jokes de moines, de totons ou de graines. On bayait aux corneilles devant ses jokes de mononcle. Et on fixait sa moustache cirée en se disant qu'elle était affreuse et un peu gluante.
-M'en va's vous montrer c'est quoi un chasseur! qu'il disait encore, vendredi dernier, avant de fermer la boutique. J'ai acheté ceci, cela et blablabla...
Eh bien il n'aura pas montré grand chose. Il est non seulement revenu bredouille, mais il est revenu dans un sac de plastique, avec des étiquettes aux jambes et aux poignets.
Les gars qui étaient avec lui racontèrent aux policiers qu'ils avaient retrouvé Lemay sans vie, à deux pas de sa cache pour la chasse au chevreuil. Un ours, probablement une ourse avec ses petits, s'est senti menacé-e. C'est rare qu'ils attaquent, les ours. Mais la moustache cirée de Lemay ne devait pas revenir à cet ours-là quel que fût son sexe.
Il s'est fait déchiqueté, Lemay, et il est mort au bout de son sang.
Triste histoire d'un chasseur chassé.
Comme celle de l'arroseur arrosé avec plus de couleurs.
Pauvre Lemay, n'est-ce pas?
On l'a enterré avec son fusil, Lemay, une Winchester on ne sait trop de quelle année qui valait cher.
Sur sa pierre tombale, il y a une tête d'orignal en bronze. Et une description inusitée: Ci-gît Arnold Lemay, propriétaire du magasin Good Shoes de Quatre-Ruisseaux et président de la Chambre de Commerce de 2009 à 2011.
Aucune mention de l'ours qui doit encore vagabonder dans les forêts de la Mauricie, à la recherche de baies sauvages, de déchets et de chevreuils morts.
mercredi 21 septembre 2011
Ronny avait bien raison de se déguiser en Big Bopper, hein?
Ronny avait hérité de quelques millions à la suite du décès d'une grande-tante éloignée, morte veuve, sans enfants et sans testament. Selon la loi, tout lui revenait même s'il ne l'avait jamais vue et n'avait jamais entendue parler d'elle. Qui était cette Miralda Langevin? Pas moyen de le dire. C'était la tante de sa mère. Et elle en avait beaucoup de collé parce que c'est comme ça quand on vit aux États-Unis. Enfin, pour certains...
Vous allez me dire que tout ça n'est que de l'American Dream bon marché, comme on voit à en vomir de dégoût dans tous les films, chansons et cure-dents de nos voisins du Sud.
Eh bien, oui, c'est un peu ça. Parce que Ronny était raide pauvre avant que de devenir riche. Il vivait sur le piton comme on dit par chez-nous. Sur l'aide sociale. Ou sur le BS si vous préférez.
Ce n'est pas qu'il ne voulait pas travailler, Ronny, mais tout le monde se crissait de lui. Comme au temps de la petite école où il était toujours choisi le dernier quand on formait les équipes de ballon-chasseur.
Ce qui fait que Ronny en arrachait «mal sale» comme il disait.
-J'en arrache mal sale, comme on dit... En plusse, j'ai pas d'job... Ni d'blonde... Rien... Hostie qu'ej'su's tanné!
Évidemment, c'était avant que Ronny n'hérite de sa fortune. Ses propos ont changé depuis qu'il est presque milliardaire.
Ronny avait toujours été mis de côté, ostracisé, rejeté comme une fiente par tout un chacun.
L'argent allait faire le contraire... Tout le monde s'est mis à le reconnaître dans la rue, à le saluer, à le solliciter.
Mais lui s'en crissait. Et d'ailleurs il s'est mis à se déguiser pour que personne ne le reconnaisse. Avec son bel argent il s'est acheté un masque de latex presque parfait du Big Bopper, celui qui chantait Chantilly Lace. Et tout le monde pensait qu'il n'était qu'un gros BS comme tout le monde, méconnaissable, anonyme...
Ronny ne donnait son argent qu'aux pauvres et aux malheureux, en faisant semblant de rien.
Il pouvait glisser jusqu'à dix mille dollars dans les poches des gens, sans se faire voir. Il se plaçait derrière la personne et, zoup, il déposait son enveloppe bourrée de fric.
Puis il laissait la nature suivre son cours.
Les malheureux qui recevaient des gros chèques étaient bien sûr fous de joie.
Certains s'achetaient toutes sortes de cochonneries.
D'autres se sortaient de la marde.
Ce qui compte, c'est que ce bel argent faisait bien des heureux.
Ronny avait bien raison de se déguiser en Big Bopper, hein?
Vous allez me dire que tout ça n'est que de l'American Dream bon marché, comme on voit à en vomir de dégoût dans tous les films, chansons et cure-dents de nos voisins du Sud.
Eh bien, oui, c'est un peu ça. Parce que Ronny était raide pauvre avant que de devenir riche. Il vivait sur le piton comme on dit par chez-nous. Sur l'aide sociale. Ou sur le BS si vous préférez.
Ce n'est pas qu'il ne voulait pas travailler, Ronny, mais tout le monde se crissait de lui. Comme au temps de la petite école où il était toujours choisi le dernier quand on formait les équipes de ballon-chasseur.
Ce qui fait que Ronny en arrachait «mal sale» comme il disait.
-J'en arrache mal sale, comme on dit... En plusse, j'ai pas d'job... Ni d'blonde... Rien... Hostie qu'ej'su's tanné!
Évidemment, c'était avant que Ronny n'hérite de sa fortune. Ses propos ont changé depuis qu'il est presque milliardaire.
Ronny avait toujours été mis de côté, ostracisé, rejeté comme une fiente par tout un chacun.
L'argent allait faire le contraire... Tout le monde s'est mis à le reconnaître dans la rue, à le saluer, à le solliciter.
Mais lui s'en crissait. Et d'ailleurs il s'est mis à se déguiser pour que personne ne le reconnaisse. Avec son bel argent il s'est acheté un masque de latex presque parfait du Big Bopper, celui qui chantait Chantilly Lace. Et tout le monde pensait qu'il n'était qu'un gros BS comme tout le monde, méconnaissable, anonyme...
Ronny ne donnait son argent qu'aux pauvres et aux malheureux, en faisant semblant de rien.
Il pouvait glisser jusqu'à dix mille dollars dans les poches des gens, sans se faire voir. Il se plaçait derrière la personne et, zoup, il déposait son enveloppe bourrée de fric.
Puis il laissait la nature suivre son cours.
Les malheureux qui recevaient des gros chèques étaient bien sûr fous de joie.
Certains s'achetaient toutes sortes de cochonneries.
D'autres se sortaient de la marde.
Ce qui compte, c'est que ce bel argent faisait bien des heureux.
Ronny avait bien raison de se déguiser en Big Bopper, hein?
mardi 20 septembre 2011
Icitte Rex!!!
Zèbre alias Benoît Langevin est un petit bonhomme dans la vingtaine qui a les sourcils en accents circonflexes, comme s'il était toujours préoccupé. C'est sans compter que son visage se fige dans une expression d'envie de chier sous sa calotte de baseball placée de côté comme le faisaient les petits chenapans de la série télé Little Rascals.
Ils avaient cinq ou six ans, les Little Rascals. Zèbre en est presque à cinq fois cet âge. De plus, il a toujours une cigarette qui pend aux commissures de ses lèvres. Et, enfin, Zèbre sacre beaucoup.
Il sacre beaucoup après son chien cela dit, un pitbull, comme de raison, qui semble avoir été dressé pour tuer.
Son chien s'appelle Rex.
-Icitte Rex tabarnak! qu'il gueule tout le temps, Zèbre.
Au lieu de le tenir en laisse, comme la loi l'exige, Zèbre préfère gueuler après son chien. Tout citoyen lui cède le passage dans le parc Émile-Nelligan. Personne n'appelle les flics pour leur dire qu'il y a un pitbull en liberté dans le parc, un parc qui n'est plus fréquentable à force d'y voir des pitbulls courir après les jambes de tout un chacun en toute impunité.
Zèbre s'en calisse. C'est la faute de la société s'il a une gueule de con, les sourcils en accents circonflexes et la calotte de travers.
Ce qui fait qu'il ne ramasse pas plus la marde de son pitbull. Son pitbull chie partout dans le parc et personne ne dit rien, jamais.
-Enwèye icitte Rex mon sacrament! qu'il gueule encore, Zèbre. M'en va's t'en crisser une su' l'museau mon tabarnak! Grrr!!! Saint-Chrême!!! Icitte Rex!!!
C'est vraiment un hostie d'plein d'marde qui fait chier tout le quartier, Zèbre.
Mais hier, il a pogné son deux minutes quand il s'est mis à taguer son nickname sur la maison de Jos Tremblay avec sa bombe de peinture en aérosol. Il n'a même pas eu le temps de se rendre au deuxième E de son nick. Il a seulement pu écrire Zebr...
Tremblay est sorti avec un batte de baseball, comme de raison, pis il a snappé le pitbull de Zèbre, la canne de peinture et presque Zèbre en plein face.
Zèbre s'est enfui avant d'y perdre toutes ses dents.
Et on ne l'a plus revu dans le quartier.
Il est parti faire chier du monde ailleurs, dans un autre quartier.
Comme quoi tous les trous de cul finissent toujours par trouver l'homme qu'il faut pour les remettre à leur fucking place. Du moins à Twois-Wivièwes.
Ils avaient cinq ou six ans, les Little Rascals. Zèbre en est presque à cinq fois cet âge. De plus, il a toujours une cigarette qui pend aux commissures de ses lèvres. Et, enfin, Zèbre sacre beaucoup.
Il sacre beaucoup après son chien cela dit, un pitbull, comme de raison, qui semble avoir été dressé pour tuer.
Son chien s'appelle Rex.
-Icitte Rex tabarnak! qu'il gueule tout le temps, Zèbre.
Au lieu de le tenir en laisse, comme la loi l'exige, Zèbre préfère gueuler après son chien. Tout citoyen lui cède le passage dans le parc Émile-Nelligan. Personne n'appelle les flics pour leur dire qu'il y a un pitbull en liberté dans le parc, un parc qui n'est plus fréquentable à force d'y voir des pitbulls courir après les jambes de tout un chacun en toute impunité.
Zèbre s'en calisse. C'est la faute de la société s'il a une gueule de con, les sourcils en accents circonflexes et la calotte de travers.
Ce qui fait qu'il ne ramasse pas plus la marde de son pitbull. Son pitbull chie partout dans le parc et personne ne dit rien, jamais.
-Enwèye icitte Rex mon sacrament! qu'il gueule encore, Zèbre. M'en va's t'en crisser une su' l'museau mon tabarnak! Grrr!!! Saint-Chrême!!! Icitte Rex!!!
C'est vraiment un hostie d'plein d'marde qui fait chier tout le quartier, Zèbre.
Mais hier, il a pogné son deux minutes quand il s'est mis à taguer son nickname sur la maison de Jos Tremblay avec sa bombe de peinture en aérosol. Il n'a même pas eu le temps de se rendre au deuxième E de son nick. Il a seulement pu écrire Zebr...
Tremblay est sorti avec un batte de baseball, comme de raison, pis il a snappé le pitbull de Zèbre, la canne de peinture et presque Zèbre en plein face.
Zèbre s'est enfui avant d'y perdre toutes ses dents.
Et on ne l'a plus revu dans le quartier.
Il est parti faire chier du monde ailleurs, dans un autre quartier.
Comme quoi tous les trous de cul finissent toujours par trouver l'homme qu'il faut pour les remettre à leur fucking place. Du moins à Twois-Wivièwes.
lundi 19 septembre 2011
Mon coin de paradis
Vous ne saurez pas où se situe mon coin de paradis. Si je vous le disais vous vous y rendriez tous en masse, je vous connais, et je perdrais aussitôt mon coin de paradis... Je suis un peu avare en matière de beauté naturelle, et même un peu agaçant puisque je vais tout de même vous en parler.
Mon coin de paradis c'est une rivière qui serpente un environnement de roc. La rivière dévale vers le grand fleuve Magtogoek et s'engoufre dans le roc en se transformant en chutes, cataractes et rapides spectaculaires. Il n'y pas un film pour vous transmettre ça. Rien. Aussi je n'y vais qu'avec mes mots, insuffisants, toujours un peu de trop.
Mon coin de paradis c'est aussi les sentiers qui suivent de près le mouvement des eaux. Les marques du temps sur les rochers m'incitent au respect. Ce qui me semble vieux est encore bien jeune au regard de l'univers.
Les souches, les baies sauvages et les champignons sont partout.
J'y fais mon cardio. Douze kilomètres dans le bois, à travers de petits sentiers où l'on se sent parfois à l'image des premiers humains qui sillonnèrent ces forêts encore vierges.
Ouais, c'est mon coin de paradis. À moi et à mes amis.
Et je ne vous dirai pas où c'est. J'ai peur que cela ne vienne tout gâcher.
Aussi, je ne vous ferai saliver qu'en pensée.
C'est là où je vais me reposer du monde.
Je ne serai tout de même pas assez con pour vous dévoiler où c'est...
vendredi 16 septembre 2011
Maude Grenon n'est pas Sissi l'Impératrice mais au moins on lui fout la paix
Il n'est pas facile de demeurer calme et sain d'esprit en toutes circonstances. Il se vend des tas de pilules pour résister aux affres de ce que l'on appelle sans rire la civilisation. Des pilules pour rire ou pour dormir. Voire pour oublier.
Il faut être fait fort dans son for intérieur pour ne pas se faire emporter par la vague scélérate.
Maude Grenon était comme ça, stoïcienne comme mille stoïciens, capable de passer au-travers toutes sortes de manifestations d'emportements et de démaîtrise de soi. C'était une petite madame bien portante qui ne parlait pas tout le temps et qui avait un regard intense quand on lui parlait. Ce regard, c'était sa bulle de protection, son bouclier contre tout le stress du monde entier.
Elle était bouchère de profession et travaillait dans un énorme abattoir de la rive Sud du fleuve Magtogoek où l'on produisait essentiellement de la viande chevaline.
Son tablier était toujour beurré de sang, évidemment. Mais elle n'en était pas moins stoïcienne pour autant. Et même qu'elle était plutôt végétarienne. La viande l'écoeurait. Surtout la viande rouge. Ça lui rappelait trop son travail, son tablier toujours beurré de sang.
N'empêche qu'elle résistait en pas pour rire, Maude Grenon.
Il y en avait des déglingués dans son équipe, des Jérémie qui braillaient tout le temps, ah misère ah malheur, comme le hyène du dessin animé de Hanna-Barbera.
Et elle leur tournait seulement le dos aussi vite en y allant d'une formule efficace et laconique.
-Bon ben... faut qu'j'aille chier.
C'était vulgaire, bien sûr, mais c'est que vous n'avez pas travaillé dans un abattoir si vous pensez qu'on y cause comme dans Sissi l'Impératrice. On se parle solidement et d'autant plus pour ne pas se laisser happer par les déceptions des uns et des autres.
Ce n'est pas par manque de compassion que Maude Grenon te les revirait tous l'un après l'autre. Pas du tout. C'était de la bonne pâte, Maude. Mais travailler toute la semaine à l'abattoir, et faire toujours face aux plaintes des uns et des autres, sans que rien ne change jamais, comme si la vie était toujours ensanglantée, eh bien ça ne lui revenait pas. C'était par instinct de survie qu'elle les revirait tous, pour ne pas avoir à consommer des pilules comme des pastilles de Tictac.
-Comme ça, on me crisse la paix... disait-elle pour se justifier.
Mais elle n'avait pas besoin de se justifier. Elle bossait comme cinq braillards. Elle t'en découpait du cheval, avec la grâce et la dextérité d'un regard serein sur une activité a priori absurde. Elle cherchait le coup de couteau parfait, avec l'effort qu'il faut, ni plus ni moins. Elle avait une attitude très zen face à son boulot et, du coup, c'était hallucinant la production qu'elle pouvait faire.
Elle se crissait bien de devenir l'employée du mois ou bien une quelconque stakhanoviste. Maude travaillait vite et bien pour mieux tuer les heures qui la séparaient de son doux foyer où elle retrouvait un sens à sa vie.
Les braillards ne braillaient jamais longtemps devant Maude Grenon et, franchement, il y a sûrement quelque chose à tirer de cette histoire. À moins qu'il n'y ait rien. C'est possible aussi.
Mais ne comptez pas sur moi pour vous raconter des histoires du genre Sissi l'Impératrice. Fuck it.
Il faut être fait fort dans son for intérieur pour ne pas se faire emporter par la vague scélérate.
Maude Grenon était comme ça, stoïcienne comme mille stoïciens, capable de passer au-travers toutes sortes de manifestations d'emportements et de démaîtrise de soi. C'était une petite madame bien portante qui ne parlait pas tout le temps et qui avait un regard intense quand on lui parlait. Ce regard, c'était sa bulle de protection, son bouclier contre tout le stress du monde entier.
Elle était bouchère de profession et travaillait dans un énorme abattoir de la rive Sud du fleuve Magtogoek où l'on produisait essentiellement de la viande chevaline.
Son tablier était toujour beurré de sang, évidemment. Mais elle n'en était pas moins stoïcienne pour autant. Et même qu'elle était plutôt végétarienne. La viande l'écoeurait. Surtout la viande rouge. Ça lui rappelait trop son travail, son tablier toujours beurré de sang.
N'empêche qu'elle résistait en pas pour rire, Maude Grenon.
Il y en avait des déglingués dans son équipe, des Jérémie qui braillaient tout le temps, ah misère ah malheur, comme le hyène du dessin animé de Hanna-Barbera.
Et elle leur tournait seulement le dos aussi vite en y allant d'une formule efficace et laconique.
-Bon ben... faut qu'j'aille chier.
C'était vulgaire, bien sûr, mais c'est que vous n'avez pas travaillé dans un abattoir si vous pensez qu'on y cause comme dans Sissi l'Impératrice. On se parle solidement et d'autant plus pour ne pas se laisser happer par les déceptions des uns et des autres.
Ce n'est pas par manque de compassion que Maude Grenon te les revirait tous l'un après l'autre. Pas du tout. C'était de la bonne pâte, Maude. Mais travailler toute la semaine à l'abattoir, et faire toujours face aux plaintes des uns et des autres, sans que rien ne change jamais, comme si la vie était toujours ensanglantée, eh bien ça ne lui revenait pas. C'était par instinct de survie qu'elle les revirait tous, pour ne pas avoir à consommer des pilules comme des pastilles de Tictac.
-Comme ça, on me crisse la paix... disait-elle pour se justifier.
Mais elle n'avait pas besoin de se justifier. Elle bossait comme cinq braillards. Elle t'en découpait du cheval, avec la grâce et la dextérité d'un regard serein sur une activité a priori absurde. Elle cherchait le coup de couteau parfait, avec l'effort qu'il faut, ni plus ni moins. Elle avait une attitude très zen face à son boulot et, du coup, c'était hallucinant la production qu'elle pouvait faire.
Elle se crissait bien de devenir l'employée du mois ou bien une quelconque stakhanoviste. Maude travaillait vite et bien pour mieux tuer les heures qui la séparaient de son doux foyer où elle retrouvait un sens à sa vie.
Les braillards ne braillaient jamais longtemps devant Maude Grenon et, franchement, il y a sûrement quelque chose à tirer de cette histoire. À moins qu'il n'y ait rien. C'est possible aussi.
Mais ne comptez pas sur moi pour vous raconter des histoires du genre Sissi l'Impératrice. Fuck it.
jeudi 15 septembre 2011
La culture québécoise en l'an 2482 de l'Ancienne manière de compter
Plus personne n'écrit. Plus personne ne lit. Nous sommes en l'an 2482 de l'Ancienne manière de compter mieux connue sous l'acronyme AMC. Qui va me lire? Personne. Je n'écris et ne lis que pour moi-même. Je suis spécialiste en langues anciennes et m'intéresse particulièrement à une obscure culture de la fin du vingtième siècle de l'AMC. Comme bien d'autres par ailleurs. Depuis que l'homme a atteint l'immortalité les temps sont bien plus longs qu'auparavant. Aussi s'intéresse-t-on à toutes sortes de choses pour passer le temps et se donner l'illusion de durer pour quelque chose.
Mes amis se moquent souvent de moi.
-Ah! Ce Sbertwlx! Il est bizarre! Il nous parle toujours de ces langues mortes et autres cultures fondées sur du vent! Les temps ont changé... Quel passéiste!
Eh oui. Je suis bizarre. Et passéiste.
Peut-être trop porté sur les détails, mais je ne trouve rien de mieux pour me désennuyer alors que j'entame ma cinq cent soixante-dixième année. Mon corps a été changé des tas de fois de même que mon cerveau... Je suis encore là! Et toujours aussi jeune, mais beaucoup plus introverti. Je me tiens peinard dans un coin perdu à regarder les étoiles tout en consultant mes archives.
Ils ont beau me trouver bizarre que l'on ne me fera pas décrocher de la culture québécoise, qu'ils rient ou non.
J'aime surtout leurs sacres: calice, tabarnak, cibouère, etc.
C'est chouette, leurs sacres.
Et puis c'est une variété particulière de français qui nécessite le soutien d'archives sonores et visuelles souvent introuvables. Dont le fameux dictionnaire de Léandre Bergeron, dont je tiens l'unique exemplaire existant à ce jour à ce que j'en sache.
Mais calice que je ris parmi eux... Aujourd'hui, il n'y a que la langue Binaire. On l'emploie dans tout en y ajoutant un peu de nos hyperpouvoirs transgéniques qui transcendent dorénavant le langage humain tel qu'on l'a connu en des temps plus primitifs.
Je les vois giguer sur de vieux vidéos et je ris de bon coeur. Les Québécois étaient des gens biens et pleins d'entrain.
Franchement, je me sens bien auprès d'eux. Que vous en riiez ou pas.
Foi de Sbertwlx je suis crissement content d'être le dernier humain de la Voie Lactée à pouvoir vous parler des Québécois. Car ils étaient et seront éternellement des hosties de bons Jack. Créyez-moé. M'en va's honorer leu' mémoire dans toute la galaxie tabarnak!
Mes amis se moquent souvent de moi.
-Ah! Ce Sbertwlx! Il est bizarre! Il nous parle toujours de ces langues mortes et autres cultures fondées sur du vent! Les temps ont changé... Quel passéiste!
Eh oui. Je suis bizarre. Et passéiste.
Peut-être trop porté sur les détails, mais je ne trouve rien de mieux pour me désennuyer alors que j'entame ma cinq cent soixante-dixième année. Mon corps a été changé des tas de fois de même que mon cerveau... Je suis encore là! Et toujours aussi jeune, mais beaucoup plus introverti. Je me tiens peinard dans un coin perdu à regarder les étoiles tout en consultant mes archives.
Ils ont beau me trouver bizarre que l'on ne me fera pas décrocher de la culture québécoise, qu'ils rient ou non.
J'aime surtout leurs sacres: calice, tabarnak, cibouère, etc.
C'est chouette, leurs sacres.
Et puis c'est une variété particulière de français qui nécessite le soutien d'archives sonores et visuelles souvent introuvables. Dont le fameux dictionnaire de Léandre Bergeron, dont je tiens l'unique exemplaire existant à ce jour à ce que j'en sache.
Mais calice que je ris parmi eux... Aujourd'hui, il n'y a que la langue Binaire. On l'emploie dans tout en y ajoutant un peu de nos hyperpouvoirs transgéniques qui transcendent dorénavant le langage humain tel qu'on l'a connu en des temps plus primitifs.
Je les vois giguer sur de vieux vidéos et je ris de bon coeur. Les Québécois étaient des gens biens et pleins d'entrain.
Franchement, je me sens bien auprès d'eux. Que vous en riiez ou pas.
Foi de Sbertwlx je suis crissement content d'être le dernier humain de la Voie Lactée à pouvoir vous parler des Québécois. Car ils étaient et seront éternellement des hosties de bons Jack. Créyez-moé. M'en va's honorer leu' mémoire dans toute la galaxie tabarnak!
mercredi 14 septembre 2011
Way to go Reynald!
Reynald s'est patenté une petite remorque qu'il traîne derrière son vieux vélo de fille qui grince. C'est un vélo de fille puisque son poteau de raccord aux guidons forme un angle de 45 degrés. À 180 degrés, c'est un vélo de gars. Vous aviez tous compris, n'est-ce pas?
Sa petite remorque est affreuse. C'est un assemblage de vieux bouts de tôle bosselée et de bois contreplaqué retenus par des clous plantés tout de travers, des vis à moitié vissées et même de la corde mal attachée.
L'essentiel c'est que cela tient tant bien que mal sur deux vieilles roues de vélo.
Avec son vieux vélo de fille et sa remorque déglinguée, Reynald est en business. Au lieu de recycler des vidanges à pieds avec son sac de hockey, ce qui le faisait passer pour un voleur, il peut enfin avoir l'air d'un monsieur.
Grâce à sa remorque, Reynald, ramasse du métal. Compte tenu du prix du métal, ça lui fait une plus grosse paye qu'à ramasser seulement des bouteilles. Il ramasse des vieux frigos, des vieux poêles, des vieilles laveuses. Tout seul, sans l'aide de personne. Et puis il entasse toute sa marchandise dans sa cour, au grand désespoir de ses voisins qui trouvent que le quartier a de plus en plus l'air d'un dépotoir à ciel ouvert.
Reynald ne se soucie pas trop de ses voisins. Et il continue à faire les vidanges, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année.
Il est toujours aussi pauvre. Mais il s'est fait de bons mollets.
Reynald est un petit bonhomme tout tissé de nerfs gros comme du cordage à bateau.
Il cligne souvent des yeux et ne parle pas beaucoup.
Il allume toujours une cigarette avec son mégot. Ce qui fait qu'il a toujours une cigarette en bouche, hiver comme été, sur son vélo de fille, avec sa vieille remorque toute croche.
Je voudrais bien vous dire qu'il est devenu riche à force d'efforts et blablabla.
En fait Reynald s'est crissé dans la marde. On l'a dénoncé auprès des agents du BS. On, c'est probablement ses voisins.
-I' fait d'l'argent avec ses vieux poêles! Au prix que s'vend l'métal! Pis i' touche du BS le tabarnak! disait souvent madame Casgrain.
Reynald, en passant, est analphabète et un peu retardé en certaines matières comme les mathématiques et les formulaires à remplir.
Il continue de remplir sa cour avec toutes sortes de cochonneries. D'autant plus qu'on retient de l'argent sur son chèque de BS parce qu'on lui suppose des revenus de 20 000$ par année depuis trois ou quatre ans. Donc il doit une jolie somme au BS.
Reynald se promène encore à travers les rues et les ruelles avec son vieux vélo de fille et sa vieille remorque. C'est un peddler, bien sûr, et il ne sait rien faire d'autre. Ses voisins l'envient de mener une vie si agréable, à fouiller dans les vidanges tous les jours.
Et ce n'est pas tout. Demandez un frigidaire à Reynald et si vous êtes pauvre, vrai comme je suis là, eh bien il va vous le donner. C'est pas quarante piastres de moins qui vont le faire crever de faim, Reynald. Mais ça, c'est la partie de l'histoire dont se calissent bien ses voisins et son agent de BS.
Way to go Reynald. Moé j'ai pas de conseils à te donner. Way to go...
Sa petite remorque est affreuse. C'est un assemblage de vieux bouts de tôle bosselée et de bois contreplaqué retenus par des clous plantés tout de travers, des vis à moitié vissées et même de la corde mal attachée.
L'essentiel c'est que cela tient tant bien que mal sur deux vieilles roues de vélo.
Avec son vieux vélo de fille et sa remorque déglinguée, Reynald est en business. Au lieu de recycler des vidanges à pieds avec son sac de hockey, ce qui le faisait passer pour un voleur, il peut enfin avoir l'air d'un monsieur.
Grâce à sa remorque, Reynald, ramasse du métal. Compte tenu du prix du métal, ça lui fait une plus grosse paye qu'à ramasser seulement des bouteilles. Il ramasse des vieux frigos, des vieux poêles, des vieilles laveuses. Tout seul, sans l'aide de personne. Et puis il entasse toute sa marchandise dans sa cour, au grand désespoir de ses voisins qui trouvent que le quartier a de plus en plus l'air d'un dépotoir à ciel ouvert.
Reynald ne se soucie pas trop de ses voisins. Et il continue à faire les vidanges, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année.
Il est toujours aussi pauvre. Mais il s'est fait de bons mollets.
Reynald est un petit bonhomme tout tissé de nerfs gros comme du cordage à bateau.
Il cligne souvent des yeux et ne parle pas beaucoup.
Il allume toujours une cigarette avec son mégot. Ce qui fait qu'il a toujours une cigarette en bouche, hiver comme été, sur son vélo de fille, avec sa vieille remorque toute croche.
Je voudrais bien vous dire qu'il est devenu riche à force d'efforts et blablabla.
En fait Reynald s'est crissé dans la marde. On l'a dénoncé auprès des agents du BS. On, c'est probablement ses voisins.
-I' fait d'l'argent avec ses vieux poêles! Au prix que s'vend l'métal! Pis i' touche du BS le tabarnak! disait souvent madame Casgrain.
Reynald, en passant, est analphabète et un peu retardé en certaines matières comme les mathématiques et les formulaires à remplir.
Il continue de remplir sa cour avec toutes sortes de cochonneries. D'autant plus qu'on retient de l'argent sur son chèque de BS parce qu'on lui suppose des revenus de 20 000$ par année depuis trois ou quatre ans. Donc il doit une jolie somme au BS.
Reynald se promène encore à travers les rues et les ruelles avec son vieux vélo de fille et sa vieille remorque. C'est un peddler, bien sûr, et il ne sait rien faire d'autre. Ses voisins l'envient de mener une vie si agréable, à fouiller dans les vidanges tous les jours.
Et ce n'est pas tout. Demandez un frigidaire à Reynald et si vous êtes pauvre, vrai comme je suis là, eh bien il va vous le donner. C'est pas quarante piastres de moins qui vont le faire crever de faim, Reynald. Mais ça, c'est la partie de l'histoire dont se calissent bien ses voisins et son agent de BS.
Way to go Reynald. Moé j'ai pas de conseils à te donner. Way to go...
mardi 13 septembre 2011
Le lazy-boy de T.D.
Mon père s'endormait toujours dans son gros lazy-boy après avoir lu deux ou trois brins.
Popa était opérateur de chariot roulant dans une fabrique d'aluminium de Cap-de-la-Madeleine. Ses camarades l'appelaient Teddy, comme dans Teddy Bear, mais lui préférait dire que c'était T.D. comme dans Télesphore Damien Bouchard, le célèbre député Rouge de Saint-Hyacinthe, le gars qui se faisait expulser de l'Assemblée Nationale pour avoir traité le Cheuf Duplessis de menteur et de bandit. Un honorable anti-clérical qui défendait la liberté et le vote des femmes en un temps sombre de l'histoire du Québec.
-On a beau travaillé dans une shop qu'i' faut s'renseigner su' notre monde calvaire! qu'il me disait. T. D. Bouchard, ça mon gars c'était un homme!
-Ouin mais Popa... les gars t'appellent-tu Teddy comme dans Teddy Bear?
-Non... Non... C'est comme dans T. D. Bouchard, le député radical Rouge de Saint-Hyacinthe! C'était pas un hostie d'Bleu à marde qui plongeait la province dans 'a noirceur sacrament!
Il y avait toujours une pile de renseignements près du lazy-boy de mon père. Des renseignements qu'il ramenait de la bibliothèque municipale.
Parfois c'était une biographie de T.D. Bouchard. Ou bien une biographie de Louis Riel. Voire de Louis-Joseph Papineau. Cependant il pouvait tout aussi bien lire toute la collection de la revue Historia et là, ma foi, je me faisais un plaisir de les lui piquer, ses Historia et son lazy-boy. Peut-être qu'il maugréait un peu mais, bon, il était bon prince et laissait la jeunesse prendre ses aises, profitant d'une ruse pour me lever le cul du lazy-boy, comme de m'offrir un morceau de fromage ou bien une pelletée de dessert.
Puis Popa reprenait son lazy-boy et ses Historia. Et s'il n'était pas trop absorbé dans sa lecture, il me racontait tout ce qu'il avait retenu de ses lectures, un cours abrégé d'histoire raconté comme s'il s'agissait d'un film de Bud Spencer. Aussi nous avait-il fait retenir de la Bible les passages les plus piquants, comme la fois où Samson crissa une volée aux Philistins à coups de mâchoire d'âne ou bien la fois où David fit tomber Goliath avec son tire-roche.
Bien sûr, il me racontait aussi la fois où Louis Riel avait été pendu. Et il se disait de son bord contre ce chien de MacDonald et ces crosseurs de conservateurs qui l'avaient exécuté.
La sédition était inné chez mon père, peut-être de par son origine métisse. Louis Riel, c'était l'un des nôtres.
J'ai hérité de pas mal des traits de mon père, tant physique que psychique.
Au hasard de mes promenades, des inconnus m'arrêtent parfois pour me dire que je suis sûrement le fils de Teddy, le Teddy qui travaillait à la Reynold's.
Eh bien oui, je suis le fils de T.D.
J'ai tout hérité de lui, tout, même son lazy-boy.
Son lazy-boy dans lequel je m'endors après avoir lu Varlam Chalamov.
Sacré lazy-boy. Il a presque trente ans et il est toujours aussi confortable.
Popa était opérateur de chariot roulant dans une fabrique d'aluminium de Cap-de-la-Madeleine. Ses camarades l'appelaient Teddy, comme dans Teddy Bear, mais lui préférait dire que c'était T.D. comme dans Télesphore Damien Bouchard, le célèbre député Rouge de Saint-Hyacinthe, le gars qui se faisait expulser de l'Assemblée Nationale pour avoir traité le Cheuf Duplessis de menteur et de bandit. Un honorable anti-clérical qui défendait la liberté et le vote des femmes en un temps sombre de l'histoire du Québec.
-On a beau travaillé dans une shop qu'i' faut s'renseigner su' notre monde calvaire! qu'il me disait. T. D. Bouchard, ça mon gars c'était un homme!
-Ouin mais Popa... les gars t'appellent-tu Teddy comme dans Teddy Bear?
-Non... Non... C'est comme dans T. D. Bouchard, le député radical Rouge de Saint-Hyacinthe! C'était pas un hostie d'Bleu à marde qui plongeait la province dans 'a noirceur sacrament!
Il y avait toujours une pile de renseignements près du lazy-boy de mon père. Des renseignements qu'il ramenait de la bibliothèque municipale.
Parfois c'était une biographie de T.D. Bouchard. Ou bien une biographie de Louis Riel. Voire de Louis-Joseph Papineau. Cependant il pouvait tout aussi bien lire toute la collection de la revue Historia et là, ma foi, je me faisais un plaisir de les lui piquer, ses Historia et son lazy-boy. Peut-être qu'il maugréait un peu mais, bon, il était bon prince et laissait la jeunesse prendre ses aises, profitant d'une ruse pour me lever le cul du lazy-boy, comme de m'offrir un morceau de fromage ou bien une pelletée de dessert.
Puis Popa reprenait son lazy-boy et ses Historia. Et s'il n'était pas trop absorbé dans sa lecture, il me racontait tout ce qu'il avait retenu de ses lectures, un cours abrégé d'histoire raconté comme s'il s'agissait d'un film de Bud Spencer. Aussi nous avait-il fait retenir de la Bible les passages les plus piquants, comme la fois où Samson crissa une volée aux Philistins à coups de mâchoire d'âne ou bien la fois où David fit tomber Goliath avec son tire-roche.
Bien sûr, il me racontait aussi la fois où Louis Riel avait été pendu. Et il se disait de son bord contre ce chien de MacDonald et ces crosseurs de conservateurs qui l'avaient exécuté.
La sédition était inné chez mon père, peut-être de par son origine métisse. Louis Riel, c'était l'un des nôtres.
J'ai hérité de pas mal des traits de mon père, tant physique que psychique.
Au hasard de mes promenades, des inconnus m'arrêtent parfois pour me dire que je suis sûrement le fils de Teddy, le Teddy qui travaillait à la Reynold's.
Eh bien oui, je suis le fils de T.D.
J'ai tout hérité de lui, tout, même son lazy-boy.
Son lazy-boy dans lequel je m'endors après avoir lu Varlam Chalamov.
Sacré lazy-boy. Il a presque trente ans et il est toujours aussi confortable.
lundi 12 septembre 2011
Les forêts de mon patelin
Trois-Rivières était plus vert il y a trente ans, même s'il y a plus d'arbres au centre-ville de nos jours qu'il n'y en avait à l'époque. L'eau de la rivière Tapiskwan Sipi est aussi moins dégueulasse depuis qu'on y a cessé le flottage du bois, qui en faisait une rivière polluée au mercure dont l'eau goûtait mauvais. Ce qui ne nous empêchait pas de manger du brochet ou du doré mercuré cuit dans deux pouces de beurre. Miam-miam le bon poisson...
Enfin, je ne m'écarterai pas trop de mon sujet. Trois-Rivières était entourée de forêt bien plus qu'aujourd'hui. La forêt débutait au pont de fer quand j'étais tout petit, le pont de la voie ferrée située au nord du pont Dictateur-Duplessis dont la première version serait tombée dans la rivière en 1951, un complot ourdi par les communistes selon le Cheuf, alors que tout le monde sait bien à Trois-Rivières qu'on délayait le ciment pour pouvoir finir les sous-sols des organisateurs électoraux du Cheuf. Une poche de ciment pour le pont, une pour les fiers-à-bras. Pis de l'acier cheap pour refiler une cote de vendeur à quelques-uns... C'est que Trois-Rivières était aussi une ville pleine de marde il y a soixante ans. Même si c'était un peu plus vert...
Enfin, je digresse encore... C'est une manie de conteur. Je m'y conforme moins qu'on ne le pense. C'est inné.
Je parlais de la forêt il y a trente ans... Eh bien la forêt s'étendait au nord du pont de fer, derrière les Galeries du Cap et le Woolco, avant qu'il ne devienne le Wal-Mart.
Cette forêt c'était notre royaume. Mon père nous y emmenait moi, mes frères et nos camarades pour nous faire voir autre chose que des niaiseries.
On y allait hiver comme été. Tout le temps. Comme si tous nos temps libres y étaient consacrés.
On trippait de marcher dans le bois, de faire des feux sur le bord de la rivière, de pêcher et de manger tout ce qui pousse et verdit. Dont des lièvres que l'on prenait avec des collets.
Le père connaissait tous les points d'eau de source. Et ça nous servait ensuite pour rallonger nos journées loin de la ville. On avait de l'eau, des mûres, des bleuets, des noix, des merises, du brochet mercuré... On pouvait espérer vivre autrement si tout ça devait finir par finir. On s'adaptait sans le savoir à la bienfaitrice absence de civilisation, renouant sans le savoir avec le mode de vie de nos ancêtres anishnabés.
Aujourd'hui, il n'y a plus de forêt derrière le Wal-Mart. Seulement un gros quartier résidentiel qui s'étire jusqu'au Tigre Géant. La forêt commence loin, peut-être à Saint-Louis-de-France ou bien Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Je suis toujours heureux de la retrouver, partout où je suis passé. Des sentiers du Yukon à ceux du Labrador, rien ne me prend autant aux tripes que les forêts de Wabanaki, mon pays. Tout y est chutes d'eau, roc, majesté.
C'est moins dévasté par le tourisme qu'au nord de Québec ou de Montréal. C'est encore fait massif, solide, sans trop de casse-croûtes et vendeurs de breloques.
C'est notre plus belle ressource, notre trésor, notre vrai pays.
Je reviens d'une fin de semaine à me promener dans les forêts de Wabanaki, comme dans le temps. Et je flotte encore. Comme un Indien. Comme un Sauvage du temps où cette terre s'appelait encore l'Île de la Tortue, l'Île Mikinak, comme pour la MRC de Mékinak... oui, oui... la MRC de Tortue... Comme quoi il reste encore un peu de traces de présence autochtone, qu'on le veuille ou non. Oui monsieur. Oui madame.
Enfin, je ne m'écarterai pas trop de mon sujet. Trois-Rivières était entourée de forêt bien plus qu'aujourd'hui. La forêt débutait au pont de fer quand j'étais tout petit, le pont de la voie ferrée située au nord du pont Dictateur-Duplessis dont la première version serait tombée dans la rivière en 1951, un complot ourdi par les communistes selon le Cheuf, alors que tout le monde sait bien à Trois-Rivières qu'on délayait le ciment pour pouvoir finir les sous-sols des organisateurs électoraux du Cheuf. Une poche de ciment pour le pont, une pour les fiers-à-bras. Pis de l'acier cheap pour refiler une cote de vendeur à quelques-uns... C'est que Trois-Rivières était aussi une ville pleine de marde il y a soixante ans. Même si c'était un peu plus vert...
Enfin, je digresse encore... C'est une manie de conteur. Je m'y conforme moins qu'on ne le pense. C'est inné.
Je parlais de la forêt il y a trente ans... Eh bien la forêt s'étendait au nord du pont de fer, derrière les Galeries du Cap et le Woolco, avant qu'il ne devienne le Wal-Mart.
Cette forêt c'était notre royaume. Mon père nous y emmenait moi, mes frères et nos camarades pour nous faire voir autre chose que des niaiseries.
On y allait hiver comme été. Tout le temps. Comme si tous nos temps libres y étaient consacrés.
On trippait de marcher dans le bois, de faire des feux sur le bord de la rivière, de pêcher et de manger tout ce qui pousse et verdit. Dont des lièvres que l'on prenait avec des collets.
Le père connaissait tous les points d'eau de source. Et ça nous servait ensuite pour rallonger nos journées loin de la ville. On avait de l'eau, des mûres, des bleuets, des noix, des merises, du brochet mercuré... On pouvait espérer vivre autrement si tout ça devait finir par finir. On s'adaptait sans le savoir à la bienfaitrice absence de civilisation, renouant sans le savoir avec le mode de vie de nos ancêtres anishnabés.
Aujourd'hui, il n'y a plus de forêt derrière le Wal-Mart. Seulement un gros quartier résidentiel qui s'étire jusqu'au Tigre Géant. La forêt commence loin, peut-être à Saint-Louis-de-France ou bien Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Je suis toujours heureux de la retrouver, partout où je suis passé. Des sentiers du Yukon à ceux du Labrador, rien ne me prend autant aux tripes que les forêts de Wabanaki, mon pays. Tout y est chutes d'eau, roc, majesté.
C'est moins dévasté par le tourisme qu'au nord de Québec ou de Montréal. C'est encore fait massif, solide, sans trop de casse-croûtes et vendeurs de breloques.
C'est notre plus belle ressource, notre trésor, notre vrai pays.
Je reviens d'une fin de semaine à me promener dans les forêts de Wabanaki, comme dans le temps. Et je flotte encore. Comme un Indien. Comme un Sauvage du temps où cette terre s'appelait encore l'Île de la Tortue, l'Île Mikinak, comme pour la MRC de Mékinak... oui, oui... la MRC de Tortue... Comme quoi il reste encore un peu de traces de présence autochtone, qu'on le veuille ou non. Oui monsieur. Oui madame.
dimanche 11 septembre 2011
vendredi 9 septembre 2011
Le jour où il ne restait plus que le centre-ville de Trois-Rivières en termes de peuplement humain
Tout était tombé. Tout. Même l'Internet. Et surtout l'électricité.
C'était l'hiver. Il faisait froid.
-Il fallait bien que ça arrive... L'être humain est vraiment une merde, qu'il disait.
Il s'appelait Pierre. Pierre Forget. C'était un petit moustachu de quarante-et-un ans. Il ne bégayait jamais et portait toujours les mêmes tee-shirts, dont un où s'était écrit «je m'en côlisse».
Cela faisait trois jours que tout était foutu. Pierre en était venu à l'évidence: ils étaient les derniers humains sur terre. Que s'était-il passé? Difficile à dire. Mais tout portait à croire qu'il ne restait plus que ces quelques pâtés de maison du centre-ville de Trois-Rivières dans tout le monde entier.
Le cataclysme était d'origine humaine selon Pierre. Mais il pouvait tout aussi bien y avoir d'autres causes. Pour le moment, le fait était qu'il ne restait plus rien que le centre-ville. Tout avait été rasé sur toute la terre et les communications ne fonctionnaient plus.
Alors les gens se sont mis à se parler.
-Va ben falloir ramasser nos vidanges, mettre de l'ordre au centre-ville, j'sais pas, se disait-on entre voisins.
Bon, la catastrophe pouvait bien être d'origine humaine, parce que Errare humanum est, perseverare diabolicum et toutes ces conneries en latin.
Néanmoins, Pierre voyait bien que la catastrophe avait eu du bon pour le quartier.
Tout le monde s'était mis à se serrer les coudes. Plus personne n'était mis de côté.
Lui-même s'était attendu à un déchaînement des passions, à un retour de la loi de la jungle.
Mais non. C'était comme si le groupe prenait conscience de sa fragilité et voulait survivre pour tout un chacun.
Les gens se sont mis à s'entraider. On a mis la bouffe en commun et les bourgeois n'avaient pas une plus grosse part que les autres. C'était comme si l'on se disait qu'on survivra ensemble ou bien qu'on y passera tous.
Pierre Forget, rien que pour l'entretien de sa moustache, trouva facilement un voisin pour lui passer une lame de rasoir. Il l'échangea contre quatre épingles à linge. Un bon deal. Une politesse nécessaire entre semblables, rien de plus.
Évidemment, les choses n'étaient plus tout aussi faciles.
Mais l'électricité était revenue. Et on pouvait diffuser en boucles tous les enregistrements de la communauté sauvés du Cataclysme.
En moins d'un mois, toute la civilisation avait à peu près été recréée, avec plusieurs vices en moins.
L'électricité et la télé était gratuites évidemment. On allait pas se faire chier avec les conventions d'un Ancien Monde qui avait si lamentablement échoué.
-Y'a eu sept milliards de morts calvaire! Ça se peut-tu qu'nous autres on pourrait faire les choses autrement jéritol?
Cette phrase de madame Lamothe devint célèbre dans tout ce qu'il restait du monde entier, le centre-ville de Trois-Rivières, mais oui, même si c'est dur à croire.
La criminalité était rare. Parce que celui qui se faisait pogner était condamné à l'exil, c'est-à-dire à errer seul de par le vaste monde. On le déposait en hydravion sur une île déserte, quelque part, loin au Nord, pis débrouille-toé mon chum. On reviendra te reprendre si t'es fin. Autrement tu trouveras comment faire pour te nourrir dans le manuel de survie en forêt qu'on t'a remis. Si tu ne sais pas vivre avec tes semblables, apprends à vivre seul le smatte.
Je m'éloigne un peu de mon récit, bien sûr, mais qui vous dit que c'est un récit, hein?
C'est un témoignage, voyons donc.
Écrit en l'an de grâce 32 de la Refondation du Monde.
Les religions sont tolérées, bien sûr, mais on envoie les fanatiques sur les îles désertes, comme pour les autres bandits. Ce qui fait que les attentats sont inexistants. Le monde se parle. Ton dieu est aussi smatte que le mien. C'est le même dieu sous un autre nom. Et toi qui ne crois pas en dieu je t'offre une bière.
Franchement, les gens savent vivre, du moins pour ce qu'il reste des gens.
Une poignée de Trifluviens et Trifluviennes qui collaborent, partagent et apprennent à revivre ensemble.
Fuck! On ne barre même plus nos portes. Comme sur les réserves d'Indiens jadis.
C'est sûr que cet hécatombe sinistre gâche notre bonheur. Sept milliards de morts ce n'est pas de la tarte.
Mais Pierre Forget le moustachu, moi et tous les autres, on se dit qu'on n'y peut rien changer, que c'est comme ça et qu'il faut faire avec.
De toute façon le Grand Cataclysme s'enseigne à l'école. Parce que les écoles existent encore, malheureusement. Que voulez-vous. Faut bien retrouver son petit traintrain quotidien.
Là-dessus, je vous quitte. Il y a Cosmos 1999 à la télé.
C'était l'hiver. Il faisait froid.
-Il fallait bien que ça arrive... L'être humain est vraiment une merde, qu'il disait.
Il s'appelait Pierre. Pierre Forget. C'était un petit moustachu de quarante-et-un ans. Il ne bégayait jamais et portait toujours les mêmes tee-shirts, dont un où s'était écrit «je m'en côlisse».
Cela faisait trois jours que tout était foutu. Pierre en était venu à l'évidence: ils étaient les derniers humains sur terre. Que s'était-il passé? Difficile à dire. Mais tout portait à croire qu'il ne restait plus que ces quelques pâtés de maison du centre-ville de Trois-Rivières dans tout le monde entier.
Le cataclysme était d'origine humaine selon Pierre. Mais il pouvait tout aussi bien y avoir d'autres causes. Pour le moment, le fait était qu'il ne restait plus rien que le centre-ville. Tout avait été rasé sur toute la terre et les communications ne fonctionnaient plus.
Alors les gens se sont mis à se parler.
-Va ben falloir ramasser nos vidanges, mettre de l'ordre au centre-ville, j'sais pas, se disait-on entre voisins.
Bon, la catastrophe pouvait bien être d'origine humaine, parce que Errare humanum est, perseverare diabolicum et toutes ces conneries en latin.
Néanmoins, Pierre voyait bien que la catastrophe avait eu du bon pour le quartier.
Tout le monde s'était mis à se serrer les coudes. Plus personne n'était mis de côté.
Lui-même s'était attendu à un déchaînement des passions, à un retour de la loi de la jungle.
Mais non. C'était comme si le groupe prenait conscience de sa fragilité et voulait survivre pour tout un chacun.
Les gens se sont mis à s'entraider. On a mis la bouffe en commun et les bourgeois n'avaient pas une plus grosse part que les autres. C'était comme si l'on se disait qu'on survivra ensemble ou bien qu'on y passera tous.
Pierre Forget, rien que pour l'entretien de sa moustache, trouva facilement un voisin pour lui passer une lame de rasoir. Il l'échangea contre quatre épingles à linge. Un bon deal. Une politesse nécessaire entre semblables, rien de plus.
Évidemment, les choses n'étaient plus tout aussi faciles.
Mais l'électricité était revenue. Et on pouvait diffuser en boucles tous les enregistrements de la communauté sauvés du Cataclysme.
En moins d'un mois, toute la civilisation avait à peu près été recréée, avec plusieurs vices en moins.
L'électricité et la télé était gratuites évidemment. On allait pas se faire chier avec les conventions d'un Ancien Monde qui avait si lamentablement échoué.
-Y'a eu sept milliards de morts calvaire! Ça se peut-tu qu'nous autres on pourrait faire les choses autrement jéritol?
Cette phrase de madame Lamothe devint célèbre dans tout ce qu'il restait du monde entier, le centre-ville de Trois-Rivières, mais oui, même si c'est dur à croire.
La criminalité était rare. Parce que celui qui se faisait pogner était condamné à l'exil, c'est-à-dire à errer seul de par le vaste monde. On le déposait en hydravion sur une île déserte, quelque part, loin au Nord, pis débrouille-toé mon chum. On reviendra te reprendre si t'es fin. Autrement tu trouveras comment faire pour te nourrir dans le manuel de survie en forêt qu'on t'a remis. Si tu ne sais pas vivre avec tes semblables, apprends à vivre seul le smatte.
Je m'éloigne un peu de mon récit, bien sûr, mais qui vous dit que c'est un récit, hein?
C'est un témoignage, voyons donc.
Écrit en l'an de grâce 32 de la Refondation du Monde.
Les religions sont tolérées, bien sûr, mais on envoie les fanatiques sur les îles désertes, comme pour les autres bandits. Ce qui fait que les attentats sont inexistants. Le monde se parle. Ton dieu est aussi smatte que le mien. C'est le même dieu sous un autre nom. Et toi qui ne crois pas en dieu je t'offre une bière.
Franchement, les gens savent vivre, du moins pour ce qu'il reste des gens.
Une poignée de Trifluviens et Trifluviennes qui collaborent, partagent et apprennent à revivre ensemble.
Fuck! On ne barre même plus nos portes. Comme sur les réserves d'Indiens jadis.
C'est sûr que cet hécatombe sinistre gâche notre bonheur. Sept milliards de morts ce n'est pas de la tarte.
Mais Pierre Forget le moustachu, moi et tous les autres, on se dit qu'on n'y peut rien changer, que c'est comme ça et qu'il faut faire avec.
De toute façon le Grand Cataclysme s'enseigne à l'école. Parce que les écoles existent encore, malheureusement. Que voulez-vous. Faut bien retrouver son petit traintrain quotidien.
Là-dessus, je vous quitte. Il y a Cosmos 1999 à la télé.
jeudi 8 septembre 2011
Attachez vos chiens sacrament et ramassez leur marde!
C'est arrivé mardi matin cette semaine.
Je marchais d'un pas allègre sur la rue Saint-Olivier, à Trois-Rivières. Ni pressé ni lent. Un pas naturellement léger et non moins dynamique. Bref, un pas allègre.
Au croisement de la rue Laurier, je vois un couple de jeunes imbéciles s'engueuler tandis qu'ils libèrent leurs chiens pour qu'ils puissent pisser et déféquer sur le trottoir. J'ai le pressentiment qu'ils ne ramasseront pas le caca de chien. Je n'en continue pas moins ma promenade sans me soucier d'eux.
Tout à coup, un chien bâtard mâtiné de dogue me fonce dessus en jappant. Ses crocs sont bien en évidence et il s'apprête à me mordre pour une raison qui m'échappe. Évidemment, les jeunes cons ne l'ont pas tenu en laisse et je suis à la merci de cette pourriture de chien qui fonce sur moi.
Je ne fais ni une ni deux. Je me retourne d'un coup sec et comme il vient pour me sauter dessus je lui tabarnaque un hostie de bon coup de pied sous le museau.
Poc! Je viens probablement de lui briser la mâchoire. Il fait un tour complet sur lui-même et retombe sur ses pattes. Puis il repart en trombe vers son maître, la queue entre les jambes, en faisant des kèyes, kèyes de chien qui vient d'apprendre à respecter les humains.
-Mon gros câlice touche pas à mon chien! me dit son maître, une crotte de nez avec une calotte de baseball qui se croit tenu de faire le frais parce qu'il est avec sa blonde, qui ne vaut guère mieux que lui par ailleurs.
-Tiens ta charôgne en laisse sacrament! que je lui réponds. Mon prochain coup de pied y'est pour toé mon hostie d'tarlais! R'tourne dans ta niche pis farme ta yeule!
Le maître voit bien que je suis quatre fois plus gros que lui et que j'ai un botté digne d'être retenu par un club de football ou bien de kickboxing. Il rentre dans sa piaule la queue entre les jambes, comme son chien, accompagné de sa folle et de leurs sales cabots hargneux.
Ils n'ont probablement pas ramassé la marde de leurs chiens sur le trottoir. Comme d'habitude. C'est toujours plein de marde devant leur logement qui est d'ailleurs à louer. Qui louerait ça? Ça fait seulement deux mois qu'ils sont là et le logement est déjà tout décrissé...
Je vais encore repasser devant le taudis de ces jeunes cons ce matin, avec les pieds et les poings prêts pour un peu de gymnastique si nécessaire.
Et franchement, je déteste moins les chiens que leurs maîtres qui nuisent à la quiétude et à la sécurité du quartier. J'ai moins de chance de me faire agresser dans la forêt qu'au centre-ville de Trois-Rivières où des chiens et des sales cons t'attendent à chaque détour.
Attachez vos chiens sacrament et ramassez leur marde! Merci.
Je marchais d'un pas allègre sur la rue Saint-Olivier, à Trois-Rivières. Ni pressé ni lent. Un pas naturellement léger et non moins dynamique. Bref, un pas allègre.
Au croisement de la rue Laurier, je vois un couple de jeunes imbéciles s'engueuler tandis qu'ils libèrent leurs chiens pour qu'ils puissent pisser et déféquer sur le trottoir. J'ai le pressentiment qu'ils ne ramasseront pas le caca de chien. Je n'en continue pas moins ma promenade sans me soucier d'eux.
Tout à coup, un chien bâtard mâtiné de dogue me fonce dessus en jappant. Ses crocs sont bien en évidence et il s'apprête à me mordre pour une raison qui m'échappe. Évidemment, les jeunes cons ne l'ont pas tenu en laisse et je suis à la merci de cette pourriture de chien qui fonce sur moi.
Je ne fais ni une ni deux. Je me retourne d'un coup sec et comme il vient pour me sauter dessus je lui tabarnaque un hostie de bon coup de pied sous le museau.
Poc! Je viens probablement de lui briser la mâchoire. Il fait un tour complet sur lui-même et retombe sur ses pattes. Puis il repart en trombe vers son maître, la queue entre les jambes, en faisant des kèyes, kèyes de chien qui vient d'apprendre à respecter les humains.
-Mon gros câlice touche pas à mon chien! me dit son maître, une crotte de nez avec une calotte de baseball qui se croit tenu de faire le frais parce qu'il est avec sa blonde, qui ne vaut guère mieux que lui par ailleurs.
-Tiens ta charôgne en laisse sacrament! que je lui réponds. Mon prochain coup de pied y'est pour toé mon hostie d'tarlais! R'tourne dans ta niche pis farme ta yeule!
Le maître voit bien que je suis quatre fois plus gros que lui et que j'ai un botté digne d'être retenu par un club de football ou bien de kickboxing. Il rentre dans sa piaule la queue entre les jambes, comme son chien, accompagné de sa folle et de leurs sales cabots hargneux.
Ils n'ont probablement pas ramassé la marde de leurs chiens sur le trottoir. Comme d'habitude. C'est toujours plein de marde devant leur logement qui est d'ailleurs à louer. Qui louerait ça? Ça fait seulement deux mois qu'ils sont là et le logement est déjà tout décrissé...
Je vais encore repasser devant le taudis de ces jeunes cons ce matin, avec les pieds et les poings prêts pour un peu de gymnastique si nécessaire.
Et franchement, je déteste moins les chiens que leurs maîtres qui nuisent à la quiétude et à la sécurité du quartier. J'ai moins de chance de me faire agresser dans la forêt qu'au centre-ville de Trois-Rivières où des chiens et des sales cons t'attendent à chaque détour.
Attachez vos chiens sacrament et ramassez leur marde! Merci.
mercredi 7 septembre 2011
À propos des tarlais en politique
Les tarlais c'est comme les dents qui saignent pour le scorbut. La maladie, ce n'est pas les tarlais ou les dents qui saignent, mais le scorbut.
Les tarlais sont une conséquence. La cause est ailleurs.
Prenons pour exemple les tarlais en politique. On en a les dents qui saignent rien que de les voir aller. Mais ils ne sont pas le scorbut.
Il découle que la langue de bois suremployée à gauche a favorisé un temps l'ascension de tarlais de droite qui parlent comme des pieds.
Remarquez que des tarlais, il y en a autant d'un côté que de l'autre. Encore qu'à droite le coeur n'y est pas souvent. Un tarlais qui a du coeur ça réussit encore à m'émouvoir. Ce qui fait que je vote à gauche, pour celui qui semble le moins utiliser la langue de bois et qui ne me vantera pas Cuba comme étant le paradis des prolétaires sur terre. Du caca c'est du caca. Une dictature c'est une dictature, peu importe comment elle est latéralisée. Je veux la liberté et la compassion ou rien. Le socialisme sans la liberté, comme disait Bakounine, c'est la caserne, c'est le camp de travail entouré de barbelés.
Le vrai projet de société n'est pas qu'à l'Assemblée Nationale ou bien à la Chambre des Communes.
Il est dans le coeur de l'homme.
Il est dans l'âme des forêts et des créatures qui les habitent.
Il est dans l'eau, dans les airs, alouette!
En un endroit où l'on peut très bien se passer des tarlais en politique.
Les tarlais sont une conséquence. La cause est ailleurs.
Prenons pour exemple les tarlais en politique. On en a les dents qui saignent rien que de les voir aller. Mais ils ne sont pas le scorbut.
Il découle que la langue de bois suremployée à gauche a favorisé un temps l'ascension de tarlais de droite qui parlent comme des pieds.
Remarquez que des tarlais, il y en a autant d'un côté que de l'autre. Encore qu'à droite le coeur n'y est pas souvent. Un tarlais qui a du coeur ça réussit encore à m'émouvoir. Ce qui fait que je vote à gauche, pour celui qui semble le moins utiliser la langue de bois et qui ne me vantera pas Cuba comme étant le paradis des prolétaires sur terre. Du caca c'est du caca. Une dictature c'est une dictature, peu importe comment elle est latéralisée. Je veux la liberté et la compassion ou rien. Le socialisme sans la liberté, comme disait Bakounine, c'est la caserne, c'est le camp de travail entouré de barbelés.
Le vrai projet de société n'est pas qu'à l'Assemblée Nationale ou bien à la Chambre des Communes.
Il est dans le coeur de l'homme.
Il est dans l'âme des forêts et des créatures qui les habitent.
Il est dans l'eau, dans les airs, alouette!
En un endroit où l'on peut très bien se passer des tarlais en politique.
mardi 6 septembre 2011
Les préjugés contre les pauvres
Les préjugés sont essentiellement fondés sur de la malhonnêteté intellectuelle. Tout prétexte est bon pour haïr autruis. Un seul barbu qui chie sur ton perron et tous les barbus chient sur les perrons. C'est connu. C'est un truc qui marche. Un truc qui permet aux xénophobes et autres faibles d'esprit de faire leur affaire comme si c'était noble et bon, alors que ça pue encore plus que n'importe quel tarlais qui chie sur ton perron.
Les Indiens, par exemple, ont tous des motoneiges payées par le gouvernement. Dans les faits, j'en suis un et je ne vois pas comment je me ferais payer un skidoo par l'État. Le truc est dans la tête des racistes. Ils ont entendu dire que des Indiens sans emploi et sans avenir s'étaient un jour faits payer un skidoo et une paire de bottes sur une réserve, comme d'autres reçoivent des subsides de l'État pour des projets créateurs d'emplois ici et là dans la province. Et ils ont augmenté jusqu'au délire leurs préjugés, leur besoin viscéral de persécuter les Indiens, les Noirs, les BS, les Zarabes, les Juifs...
La meilleure c'est quand ils disent que les BS ont tous des gros chars de l'année... Je ne sais pas où ils sont allés pêchés ça. L'assisté social conventionnel se promène à pieds. Il ne prend pas toujours l'autobus parce qu'il n'a pas d'argent pour s'acheter une passe. On le voit parfois faire les vidanges assis sur un vieux vélo derrière lequel est attachée une remorque d'infortune toute rafistolée. Il lave son linge dans un bain parce que la machine à laver est foutue. Il ne fume plus parce qu'il n'a plus un rond. Il poste cinq cents cévés par année et se fait refuser dans toutes les entrevues parce qu'il est un peu Indien, Noir ou Zarabe. On lui préfère les cons bien peignés bourrés de préjugés sur les pauvres. Ça fait plus winner.
Personne ne voudrait être associé aux perdants de la société.
Alors on s'associe aux riches. On singe leurs préjugés. Pourtant on partage presque le même sort que les pauvres, à deux doigts, endettés jusqu'au cou pour ressembler à un riche.
Oui, bien sûr, j'ai des préjugés à propos des riches...
Et même à propos des pauvres.
Je me sens de leur bord. De leur classe sociale. De leur réalité quotidienne.
Et par conséquent je me révolte.
Et me dis qu'un jour on leur fera ravaler ces paroles à tous ces serpents qui alimentent les génocides un peu partout sur le globe.
Je suis un Indien, pauvre, sale et pouilleux. Je suis un Juif. Je suis un Arabe. Je suis un Noir.
N'importe quoi sauf un crétin qui souffle sur les braises du fascisme.
No paseran!
Les Indiens, par exemple, ont tous des motoneiges payées par le gouvernement. Dans les faits, j'en suis un et je ne vois pas comment je me ferais payer un skidoo par l'État. Le truc est dans la tête des racistes. Ils ont entendu dire que des Indiens sans emploi et sans avenir s'étaient un jour faits payer un skidoo et une paire de bottes sur une réserve, comme d'autres reçoivent des subsides de l'État pour des projets créateurs d'emplois ici et là dans la province. Et ils ont augmenté jusqu'au délire leurs préjugés, leur besoin viscéral de persécuter les Indiens, les Noirs, les BS, les Zarabes, les Juifs...
La meilleure c'est quand ils disent que les BS ont tous des gros chars de l'année... Je ne sais pas où ils sont allés pêchés ça. L'assisté social conventionnel se promène à pieds. Il ne prend pas toujours l'autobus parce qu'il n'a pas d'argent pour s'acheter une passe. On le voit parfois faire les vidanges assis sur un vieux vélo derrière lequel est attachée une remorque d'infortune toute rafistolée. Il lave son linge dans un bain parce que la machine à laver est foutue. Il ne fume plus parce qu'il n'a plus un rond. Il poste cinq cents cévés par année et se fait refuser dans toutes les entrevues parce qu'il est un peu Indien, Noir ou Zarabe. On lui préfère les cons bien peignés bourrés de préjugés sur les pauvres. Ça fait plus winner.
Personne ne voudrait être associé aux perdants de la société.
Alors on s'associe aux riches. On singe leurs préjugés. Pourtant on partage presque le même sort que les pauvres, à deux doigts, endettés jusqu'au cou pour ressembler à un riche.
Oui, bien sûr, j'ai des préjugés à propos des riches...
Et même à propos des pauvres.
Je me sens de leur bord. De leur classe sociale. De leur réalité quotidienne.
Et par conséquent je me révolte.
Et me dis qu'un jour on leur fera ravaler ces paroles à tous ces serpents qui alimentent les génocides un peu partout sur le globe.
Je suis un Indien, pauvre, sale et pouilleux. Je suis un Juif. Je suis un Arabe. Je suis un Noir.
N'importe quoi sauf un crétin qui souffle sur les braises du fascisme.
No paseran!
lundi 5 septembre 2011
Encore à propos de ma démarche artistique...
Ma démarche artistique? Je fais de l'art comme d'autres respirent. Pour en savoir plus, consulter mes oeuvres et ne me demandez pas de vous les expliquer. Si je dois m'expliquer, c'est que cela n'en valait vraiment pas la peine. C'est comme un gag qui tombe à l'eau. Un bide. Une fiente.
Toute explication est superflue. L'explication évacue l'oeuvre bien plus qu'elle ne l'explique. Plus une oeuvre est mauvaise et plus on doit déblatérer.
Une oeuvre qui se passe d'explication se rapproche du génie. S'il y a quelque noblesse dans l'acte de créer, c'est dans la production d'une création qui s'explique d'elle-même, quelque chose comme un chef d'oeuvre ou bien une oeuvre mineure qui tend vers un certain idéal de communication pour le médium mis à l'honneur.
Il est des oeuvres en arts visuels où il serait préférable d'encadrer l'artiste et son discours en oubliant tout le reste.
Dans cette vision de l'Art avec un gros A, l'oeuvre est secondaire, sinon de trop. On doit voir un jardin là où il n'y a qu'une beurrasse. Le premier qui l'a fait avait sans doute du génie. Les mille autres qui l'ont suivi étaient bêtement conformistes. Ce qui nous donne des oeuvres sur-représentées, des oeuvres sans vrai pouvoir évocateur, des oeuvres vides fondées sur la fatuité de vieux discours formels sur l'art à l'ère des blablas techniques et de l'enculage de mouches.
Il ne sert à rien de se battre contre le vide, contre cet aveuglement de l'art que l'on veut nous faire voir pour du génie quitte à nous rentrer ces oeuvres beurrassières de force dans la gorge.
C'est toujours la même vieille histoire des habits neufs de l'empereur qui se poursuit. L'empereur est nu, même s'il croit porter des vêtements conçus de tissus tellement fins que seules les personnes intelligentes peuvent les voir. Ce qui fait que personne n'ose lui dire qu'il est nu, sinon un enfant, un enfant ignorant comme tout, qui demande pourquoi l'empereur est nu... La morale se trouve dans le reste de ce conte de Andersen. Un conte pour enfants disponible en ligne, facilement.
Et pour revenir à ma démarche artistique? Eh bien, honnêtement, je n'en ai pas. Cela m'empêchera de devenir comme ces crosseurs du conte de Andersen qui tissaient des vêtements avec du vent en faisant accroire n'importe quoi à l'empereur, au roi et même à Monsieur Jourdain.
Chacun son truc. L'enculage de mouches ce n'est pas le mien. Suffit de prendre le puck et de scorer des buts.
dimanche 4 septembre 2011
Gaétan, caricaturiste... merci de faire circuler...
J'ai envoyé cette caricature à tous les journaux et magazines du Québec. Merci de partager avec vos contacts. Gaétan Bouchard, alias Gaétan, caricaturiste. Pas de photoshop. Simplement des crayons. Pour plus de renseignements: bouchard.gaetan@gmail.com
Le dernier jour de mes vacances
C'est le dernier jour de mes vacances. Je vous reviens demain frais et dispos pour d'autres aventures. D'ici là, permettez-moi de glander un peu sans me soucier du lendemain. À bientôt.