La Terre de Caïn - ou Cain's Land si vous préférez. C'est ainsi que l'on surnomme le Labrador.
Ce fût le dernier endroit sur la planète à se faire cartographier et je me doute que certaines zones ne soient pas encore tout à fait claires tellement il y a de moustiques et de mouches pour cacher les lacs et la forêt boréale.
Et il y en a comme jamais je n'aurais pu l'imaginer. C'est vraiment le pays de Belzébuth, le dieu des mouches, et de Caïn son serviteur. Des avions doivent déverser des tonnes d'insecticides sur Labrador City pour que le monde puisse y respirer autre chose que des moustiques. En forêt, c'est impensable. Ils entrent par les trous de nez, les tympans, les yeux, le cul. On meurt au bout de son sang en deux heures.
C,est ce qui explique que l'endroit ait été si tardivement cartographié. Il faudra attendre A.P. Low, un gars de Montréal, avant que le Labrador n'apparaisse plus comme une Terra Incognita sur les atlas du monde. Et il aura fallu attendre jusqu'à l'entrée du vingtième siècle. On en savait plus long sur la Lune et l'Afrique que sur le Labrador. C'est tout dire.
C'est dans une brochure gouvernementale que j'appris cette histoire à propos de Leonidas Hubbard, un explorateur américain, qui mourrut de faim et de fatigue au beau milieu du Labrador en tentant de le cartographier. Cela se passait en 1901. Sa veuve, Mina Benson, mena elle-même une expédition l'année suivante afin de poursuivre le travail de son défunt mari avec une équipe mieux préparée et surtout plus compétente. Il y aurait matière pour un film dans cette histoire, vous ne trouvez pas?
Cela dit, je me souviens d'une anecdote mettant en scène un pied-tendre de la région parisienne et un Innu de Schefferville.
Le parisien, un type cool qui posait tout le temps des tas de question, en posa justement une à Florent, le gars de Schefferville qui portait une casquette des Expos de Montréal.
-Toi qui es Indien, dis-moi Florent... Hého! Comment faisaient vos ancêtres pour vivre dans les bois l'été sans mourir dévorés par les moustiques, hého?
-Mes ancêtres y allaient pas dans l'bois l'été... I' restaient su' l'bord d'la plage, su' l'fleuve, pis ils pêchaient...
Je compris alors qu'il n'y avait qu'un pied-tendre ou bien un explorateur américain pour s'aventurer dans les forêts du Labrador, l'été, moment de l'année où c'est invivable, où le Labrador mérite tout à fait son surnom de Terre de Caïn.
vendredi 29 juillet 2011
jeudi 28 juillet 2011
Déjammez-vous le cerveau cibouère de fous!!!
Le fou qui a tué des gens à Oslo en voulait au socialisme, au marxisme, à l'islamisme ainsi qu'au multiculturalisme.
Je sais bien que c'était un fou. Qu'on ne devrait même pas parler de lui. Juste l'oublier une fois pour toutes.
Cependant, quelque chose me chicote.
Marc Lépine en voulait au féminisme. On sait ce qui est arrivé à la Polytechnique. Et on ne peut s'empêcher de penser que la haine dans laquelle Lépine baignait ne trouvait pas en partie sa base dans quelques idées puantes de l'extrême-droite. Comme pour le fou d'Oslo. Un malade mental qui ne pogne qu'un poste, le canal HAINE. Le canal Dieu-des-Mouches. Le canal Windigo. Le canal Dingo.
Je sais bien qu'il y a des fous dans tous les camps. Des gens qui pètent les plombs et vivent dans une autre version de la réalité. Je ne puis me résigner à penser que l'on n'y peut rien. Et je crains que de tels événements surviennent plus souvent dans ce choc des civilisations où l'on oublie que chaque communauté doit gérer ses propres fous et les confiner à l'aboulie pour le plus grand bonheur de tous.
Pour ce qui est de la vie en communauté, je suis à 2000 % du côté du multiculturalisme. Je préfère vivre dans une société ouverte sur le monde plutôt que dans un trou pourri qui sent le renfermé. Comme le chantait Vigneault dans Mon pays, les gens des autres saisons viendront bâtir des maisons à côté des nôtres, tamdedidelam, et c'est très bien ainsi. Musulmans, Juifs ou féministes, je m'en crisse, vous êtes bienvenus chez-nous, dans mon wigwam.
On vit avec des droits, des libertés et, bien sûr, ça écoeure les larves et autres fous craquepotes. Ils se sentent les couilles coupées. Et l'araignée au plafond les coince dans la toile du ressentiment. Ils focussent sur les femmes, Karl Marx ou les islamistes... les sionistes... les fédéralistes... les séparatistes...
Déjammez-vous le cerveau cibouère de fous!!!
Je sais bien que c'était un fou. Qu'on ne devrait même pas parler de lui. Juste l'oublier une fois pour toutes.
Cependant, quelque chose me chicote.
Marc Lépine en voulait au féminisme. On sait ce qui est arrivé à la Polytechnique. Et on ne peut s'empêcher de penser que la haine dans laquelle Lépine baignait ne trouvait pas en partie sa base dans quelques idées puantes de l'extrême-droite. Comme pour le fou d'Oslo. Un malade mental qui ne pogne qu'un poste, le canal HAINE. Le canal Dieu-des-Mouches. Le canal Windigo. Le canal Dingo.
Je sais bien qu'il y a des fous dans tous les camps. Des gens qui pètent les plombs et vivent dans une autre version de la réalité. Je ne puis me résigner à penser que l'on n'y peut rien. Et je crains que de tels événements surviennent plus souvent dans ce choc des civilisations où l'on oublie que chaque communauté doit gérer ses propres fous et les confiner à l'aboulie pour le plus grand bonheur de tous.
Pour ce qui est de la vie en communauté, je suis à 2000 % du côté du multiculturalisme. Je préfère vivre dans une société ouverte sur le monde plutôt que dans un trou pourri qui sent le renfermé. Comme le chantait Vigneault dans Mon pays, les gens des autres saisons viendront bâtir des maisons à côté des nôtres, tamdedidelam, et c'est très bien ainsi. Musulmans, Juifs ou féministes, je m'en crisse, vous êtes bienvenus chez-nous, dans mon wigwam.
On vit avec des droits, des libertés et, bien sûr, ça écoeure les larves et autres fous craquepotes. Ils se sentent les couilles coupées. Et l'araignée au plafond les coince dans la toile du ressentiment. Ils focussent sur les femmes, Karl Marx ou les islamistes... les sionistes... les fédéralistes... les séparatistes...
Déjammez-vous le cerveau cibouère de fous!!!
mercredi 27 juillet 2011
Il faisait chaud sur la rue Cloutier en 1979
Ça se passait à la fin juillet de l'année mil neuf cent soixante-dix-neuf.
Le soleil était de plomb. On aurait pu se faire cuire un oeuf sur le capot d'un char. C'est l'expression consacrée pour dire qu'il faisait chaud en tabarnak.
Tout le monde gueulait sur la rue Cloutier, une rue sans arbres, sinon le lilas de mes parents. Une rue ordinaire du faubourg à m'lasse.
Les lois ne se rendaient pas jusque dans notre quartier mais nous avions l'eau potable et l'électricité.
On entendait les voisins gueuler toute la journée par temps chaud. Et ils pouvaient gueuler sans se faire inquiéter par les beux, ces fucking niaiseux.
-Mon hostie d'chien! T'as encore bu toute la paye mon tabarnak! hurlait Unetelle.
-M'en va's t'la farmer ta yeule ma cibouère! entendait-on rouspéter.
Et c'était ensuite le boucan. Bing. Bang. Crack. Ça criait. Les enfants pleuraient. Les chiens jappaient. Led Zeppelin jouait fort. Et le mal passait d'un côté à l'autre de la rue Cloutier, comme une vague, comme si c'était naturel de vivre ainsi dans un atmosphère glauque de misère, de pauvreté et de promiscuité.
-M'en va's t'arracher 'a face ma christ de vache! couinait encore le porc d'à côté.
-Essèye-toé 'ien qu'une fois mon enfant d'chienne! ressassait sa douce moitié. M'en va's t'ouvrir de bas en haut a'ec el' couteau d'boucherie!
Et bing, bang, crack encore. D'autres voisins s'engueulaient sur leur balcon, sur le trottoir, dans la ruelle, partout.
J'étais assis sur la galerie d'en arrière, près de la tank à huile. J'avais onze ans et vouais un culte à la solitude. Je crevais de chaleur autant que de rage de vivre loin de ce cirque de bêtes féroces.
Je lisais Rubriques à Brac de Gotlib.
Et je me disais qu'un jour je serais Gotlib ou bien Capitaine Flam.
Le soleil était de plomb. On aurait pu se faire cuire un oeuf sur le capot d'un char. C'est l'expression consacrée pour dire qu'il faisait chaud en tabarnak.
Tout le monde gueulait sur la rue Cloutier, une rue sans arbres, sinon le lilas de mes parents. Une rue ordinaire du faubourg à m'lasse.
Les lois ne se rendaient pas jusque dans notre quartier mais nous avions l'eau potable et l'électricité.
On entendait les voisins gueuler toute la journée par temps chaud. Et ils pouvaient gueuler sans se faire inquiéter par les beux, ces fucking niaiseux.
-Mon hostie d'chien! T'as encore bu toute la paye mon tabarnak! hurlait Unetelle.
-M'en va's t'la farmer ta yeule ma cibouère! entendait-on rouspéter.
Et c'était ensuite le boucan. Bing. Bang. Crack. Ça criait. Les enfants pleuraient. Les chiens jappaient. Led Zeppelin jouait fort. Et le mal passait d'un côté à l'autre de la rue Cloutier, comme une vague, comme si c'était naturel de vivre ainsi dans un atmosphère glauque de misère, de pauvreté et de promiscuité.
-M'en va's t'arracher 'a face ma christ de vache! couinait encore le porc d'à côté.
-Essèye-toé 'ien qu'une fois mon enfant d'chienne! ressassait sa douce moitié. M'en va's t'ouvrir de bas en haut a'ec el' couteau d'boucherie!
Et bing, bang, crack encore. D'autres voisins s'engueulaient sur leur balcon, sur le trottoir, dans la ruelle, partout.
J'étais assis sur la galerie d'en arrière, près de la tank à huile. J'avais onze ans et vouais un culte à la solitude. Je crevais de chaleur autant que de rage de vivre loin de ce cirque de bêtes féroces.
Je lisais Rubriques à Brac de Gotlib.
Et je me disais qu'un jour je serais Gotlib ou bien Capitaine Flam.
lundi 25 juillet 2011
Un gars qui le menaçait avec un batte de baseball
On peut résister à la tentation narcissique de parler de soi d'une façon simple et accessible à tous. Il s'agit pour l'auteur de s'oublier un moment, sans pour autant négliger la syntaxe et l'orthographe, ne serait-ce que pour faire semblant d'avoir un talent. Un talent à souffrir des tas de lectures, dont tous les Grevisse, Littré et Petit Robert de ce monde. Ce qui n'est pas une bien grande souffrance. Les cors aux pieds ou bien la syphillis, ça doit faire encore plus mal. Et on n'y voit pas de talent pour autant. Tout ça pour dire que les auteurs, même quand ils écrivent sur les autres, eh bien ils se donnent toujours la partie facile et se prennent volontiers pour des dieux qui font des efforts surhumains à se remonter les lunettes sur le nez.
Aussi, Jean-Louis Pouçette, alias Foggy, passe son temps à ne rien faire et surtout à ne rien écrire.
-Pourquoi c'que j'écrirais? qu'il dit. Mon thérapeute voudrait qu'j'écrive... que ça s'rait bon pour me libérer l'esprit de mes p'tites bébites... Ben bâtard! J'en ai pas de p'tites bébites! Chu ben, j'relaxe calvaire, j'fais pas d'torts à personne tout l'temps... Pis i' faut qu'un smatte se pointe un jour che'-nous pour me menacer avec un batte de baseball, sans que ej'sache pas trop quoi ni comment, ej' l'pogne par la gorge pis la ceinture, pis ej' le garroche au boutte de mes bras parce qu'j'ai peur... Calice! Ça n'fait pas d'moé un fou qui a besoin d'une thérapie! J'me su's défendu saint-chrême d'hostie! Un gars a pas l'droit d'avoir peur pis de s'défendre? Je l'connaissais pas c'gars-là! Pas pantoute! C'était qui c'gars-là? Un frostré qui s'était trompé d'adresse... Pis zoup! Vol plané du troisième parce qu'i' m'a fait peur... Oui! Je l'ai crissé en bas du troisième!!! Qu'est-cé vous auriez faitte hostie? J'AVAIS PEUR!!! PEUR!!! PEUR!!! OUAAAA!
Foggy hurlait. Les préposés vinrent le voir pour le calmer. Et il se calma au bout de quelques calmants. Ça l'avait snappé, cette visite inopportune. Et il était devenu la peur. Hébergé dans une maison pour personnes ayant des troubles mentaux.
Ce qui fait qu'il voulait balancer tout le monde au bout de ses bras, pour un non ou pour un rien.
Et remarquez qu'il n'était pas gros, Foggy Pouçette. C'était un petit maigre, cinq pieds quatre pouces. Cent vingt livres. Mais narfé comme le viârge. Ses nerfs étaient des tresses d'acier. Et la peur lui foutait une adrénaline de fou qui le rendait invincible. Ça prenait huit gros préposés frémés comme des boeufs pour venir à bout de Foggy Pouçette.
Faut pas croire que les petits maigres ne peuvent pas garrocher au bout de leurs bras un gros de deux cent soixante livres, comme le gros Plamme, alias Jos Fesse Barker Plamondon, un polytoxicomane raté qui traîne maintenant en pièces détachées du côté de la taverne et du supermarché, après plusieurs thérapies et quelques emprisonnements. C'était lui, le gros Plamme, l'hostie d'malade qui avait menacé Foggy Pouçette avec un batte de baseball.
Pour ce qui est de Foggy Pouçette, eh bien ça ne s'arrange pas. Il est snappé raide. Il se berce seul dans sa chaise, dehors ou dedans, jamais trop loin de ses calmants.
Et il n'est pas près de s'en sortir. On le nourrit parfois à la cuillère quand il passe dans une phase où il fixe le vide pendant des semaines.
Croyez-moi. Foggy Pouçette n'avait fait que se défendre. Pour en finir comme ça. Si c'est pas triste tout ça...
La morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude. Et pourquoi devrait-il seulement y en avoir une, hein? Faut prendre l'histoire comme elle vient. Et si elle ne vaut rien, eh bien on a qu'à cliquer ailleurs, sur YouTube tiens.
Aussi, Jean-Louis Pouçette, alias Foggy, passe son temps à ne rien faire et surtout à ne rien écrire.
-Pourquoi c'que j'écrirais? qu'il dit. Mon thérapeute voudrait qu'j'écrive... que ça s'rait bon pour me libérer l'esprit de mes p'tites bébites... Ben bâtard! J'en ai pas de p'tites bébites! Chu ben, j'relaxe calvaire, j'fais pas d'torts à personne tout l'temps... Pis i' faut qu'un smatte se pointe un jour che'-nous pour me menacer avec un batte de baseball, sans que ej'sache pas trop quoi ni comment, ej' l'pogne par la gorge pis la ceinture, pis ej' le garroche au boutte de mes bras parce qu'j'ai peur... Calice! Ça n'fait pas d'moé un fou qui a besoin d'une thérapie! J'me su's défendu saint-chrême d'hostie! Un gars a pas l'droit d'avoir peur pis de s'défendre? Je l'connaissais pas c'gars-là! Pas pantoute! C'était qui c'gars-là? Un frostré qui s'était trompé d'adresse... Pis zoup! Vol plané du troisième parce qu'i' m'a fait peur... Oui! Je l'ai crissé en bas du troisième!!! Qu'est-cé vous auriez faitte hostie? J'AVAIS PEUR!!! PEUR!!! PEUR!!! OUAAAA!
Foggy hurlait. Les préposés vinrent le voir pour le calmer. Et il se calma au bout de quelques calmants. Ça l'avait snappé, cette visite inopportune. Et il était devenu la peur. Hébergé dans une maison pour personnes ayant des troubles mentaux.
Ce qui fait qu'il voulait balancer tout le monde au bout de ses bras, pour un non ou pour un rien.
Et remarquez qu'il n'était pas gros, Foggy Pouçette. C'était un petit maigre, cinq pieds quatre pouces. Cent vingt livres. Mais narfé comme le viârge. Ses nerfs étaient des tresses d'acier. Et la peur lui foutait une adrénaline de fou qui le rendait invincible. Ça prenait huit gros préposés frémés comme des boeufs pour venir à bout de Foggy Pouçette.
Faut pas croire que les petits maigres ne peuvent pas garrocher au bout de leurs bras un gros de deux cent soixante livres, comme le gros Plamme, alias Jos Fesse Barker Plamondon, un polytoxicomane raté qui traîne maintenant en pièces détachées du côté de la taverne et du supermarché, après plusieurs thérapies et quelques emprisonnements. C'était lui, le gros Plamme, l'hostie d'malade qui avait menacé Foggy Pouçette avec un batte de baseball.
Pour ce qui est de Foggy Pouçette, eh bien ça ne s'arrange pas. Il est snappé raide. Il se berce seul dans sa chaise, dehors ou dedans, jamais trop loin de ses calmants.
Et il n'est pas près de s'en sortir. On le nourrit parfois à la cuillère quand il passe dans une phase où il fixe le vide pendant des semaines.
Croyez-moi. Foggy Pouçette n'avait fait que se défendre. Pour en finir comme ça. Si c'est pas triste tout ça...
La morale de l'histoire? Il n'y en a pas. Comme d'habitude. Et pourquoi devrait-il seulement y en avoir une, hein? Faut prendre l'histoire comme elle vient. Et si elle ne vaut rien, eh bien on a qu'à cliquer ailleurs, sur YouTube tiens.
samedi 23 juillet 2011
On peut me lire dans La Presse ce matin (page A23)
Mon texte est publié ce matin dans la version papier du quotidien La Presse. C'est à la page A23, dans la section Forum.
Il s'intitule Un miracle quotidien. Exploités et sans ressources, les préposés aux bénéficiaires du privé se font garrocher des cas lourds. On paie presque 20$ l'heure des gardiennes d'enfants en santé. Mais on donne des pinottes aux préposés du réseau des PPP qui lavent des adultes 20 fois plus gros qu'un bambin qui pourraient être nos parents.
Pour ceux et celles qui n'ont pas envie de sortir pour s'acheter La Presse, eh bien vous pouvez toujours le lire ici, sur mon blogue.
Alleluia!
***
PS du 26 juillet: Le texte est aussi sur Cyberpresse...
Il s'intitule Un miracle quotidien. Exploités et sans ressources, les préposés aux bénéficiaires du privé se font garrocher des cas lourds. On paie presque 20$ l'heure des gardiennes d'enfants en santé. Mais on donne des pinottes aux préposés du réseau des PPP qui lavent des adultes 20 fois plus gros qu'un bambin qui pourraient être nos parents.
Pour ceux et celles qui n'ont pas envie de sortir pour s'acheter La Presse, eh bien vous pouvez toujours le lire ici, sur mon blogue.
Alleluia!
***
PS du 26 juillet: Le texte est aussi sur Cyberpresse...
vendredi 22 juillet 2011
Le Petit Tavernier des Trois-Rivières
Il y a eu deux académies de la philosophie à Trois-Rivières dans les années '90. Il y avait le bar Le Touristique, mieux connu sous le surnom Le Trou. Et il y avait le Pub 127.
Ce qui s'est passé là, c'est un peu comme notre printemps de la place Tien An Men. En version bûcheron qui finit ses prestations d'assurance-chômage.
Ce fût une pépinière de talents, tant du point de vue de la musique que de la littérature, voire de la barmanologie.
J'en tiens pour preuve ce blogue de François Duval, Le Petit Tavernier.
L'auteur, qui se fait aussi surnommer Sunny Duval, traite cette semaine d'un drink fameux inventé par mon cher ami et camarade Rob Bob.
Ça donne le ton et la couleur à cette époque de ma vie, ce dont je lui suis particulièrement reconnaissant.
Je vous invite à le lire et même à l'entendre, ce Petit Tavernier. Il a publié des chroniques dans La Presse en 2004 qui ont été éditées en 2010 aux éditions Coups de tête. Le recueil s'intitule En-d'sous.
François Duval, je me souviens de lui comme d'un bon jack qui n'écoeurait personne.
Il devait observer. Puisque ses récits dénotent un bon sens de l'observation.
François Sunny Duval est aussi un musicien talentueux. Il fait de la scène depuis un bon bout de temps. Ça fait de lui un artiste pluridisciplinaire comme je les aime. Un artiste qui n'est pas cloisonné dans une seule sphère de la communication, mais qui cherche à toutes les englober pour livrer son message avec plus de force.
Son dernier hit musical est sur YouTube. Écoutez-moi ça.
Ce qui s'est passé là, c'est un peu comme notre printemps de la place Tien An Men. En version bûcheron qui finit ses prestations d'assurance-chômage.
Ce fût une pépinière de talents, tant du point de vue de la musique que de la littérature, voire de la barmanologie.
J'en tiens pour preuve ce blogue de François Duval, Le Petit Tavernier.
L'auteur, qui se fait aussi surnommer Sunny Duval, traite cette semaine d'un drink fameux inventé par mon cher ami et camarade Rob Bob.
Ça donne le ton et la couleur à cette époque de ma vie, ce dont je lui suis particulièrement reconnaissant.
Je vous invite à le lire et même à l'entendre, ce Petit Tavernier. Il a publié des chroniques dans La Presse en 2004 qui ont été éditées en 2010 aux éditions Coups de tête. Le recueil s'intitule En-d'sous.
François Duval, je me souviens de lui comme d'un bon jack qui n'écoeurait personne.
Il devait observer. Puisque ses récits dénotent un bon sens de l'observation.
François Sunny Duval est aussi un musicien talentueux. Il fait de la scène depuis un bon bout de temps. Ça fait de lui un artiste pluridisciplinaire comme je les aime. Un artiste qui n'est pas cloisonné dans une seule sphère de la communication, mais qui cherche à toutes les englober pour livrer son message avec plus de force.
Son dernier hit musical est sur YouTube. Écoutez-moi ça.
jeudi 21 juillet 2011
De la glace s'il-vous-plaît!
Comme l'on traverse des journées de canicule dans la vallée du grand fleuve Magtogoek, au confluent de la rivière Tapiskwan Sipi, il m'est plus difficile de respirer et par le fait même de réfléchir.
Aussi je vous demande d'être indulgent pour ce billet publié sur mon blogue par souci de faire acte de présence afin de défendre l'honneur de la littérature.
Mon coin de pays me fait penser à une aisselle puante et humide. L'air frais commence à Saint-Jean-Port-Joli, là où l'eau du fleuve devient salée en raison de la pénétration des courants marins de l'Atlantique. Plus haut, de Québec à Montréal, c'est le sauna.
Il fait près de 30 Celsius à 5:21 du matin. Imaginez plus tard dans la journée quand le soleil sera à son zénith... On va se dessécher comme des momies. Le cerveau va bouillir dans la boîte crânienne.
Je suis semblable à un ours polaire et ne me sens pas du tout conçu pour vivre sous le soleil des Tropiques. De la neige plutôt que de la canicule, si je dois choisir le moins pire des deux maux.
J'ai une pensée pour feu mon pauvre père qui a travaillé comme un damné dans une shop d'aluminium. La température pouvait grimper jusqu'à 45 Celsius dans la fonderie où les travailleurs devaient parfois revêtir de pesantes combinaisons d'amiante. Popa grelottait quand il sortait de sa maudite shop, même par temps de canicule. Il est mort d'un cancer colorectal à 62 ans. Comme plusieurs travailleurs de cette maudite shop où trop d'entre eux sont morts jeunes, probablement tués par les vapeurs d'huile, d'alumine et de bauxite.
J'ai aussi une bonne pensée pour ma blonde, qui travaille dans une cuisine dans la vapeur des chaudrons.
Et aussi pour les livreurs, briqueleurs et autres jobbers d'extérieur.
Pour les personnes âgées qui respirent difficilement dans le smog.
Pour les chats de ruelle qui cherchent un point d'eau et un coin d'ombre pour se rafraîchir.
Pour tout le règne vivant en général...
Ah! Rien que d'y penser j'ai trop chaud.
Aussi, ne m'en veuillez pas de vous quitter si abruptement.
Je ne vois pas ce que je pourrais vous raconter de mieux alors que je combats la canicule.
De la glace s'il-vous-plaît!
***
PS: J'ai passé deux jours au Bear Glacier, près de Stewart, un petit village perdu peuplé d'environ vingt-trois habitants. Je trouvais approprié de partager ce lien avec vous pour nous donner un peu de fraîcheur...
Aussi je vous demande d'être indulgent pour ce billet publié sur mon blogue par souci de faire acte de présence afin de défendre l'honneur de la littérature.
Mon coin de pays me fait penser à une aisselle puante et humide. L'air frais commence à Saint-Jean-Port-Joli, là où l'eau du fleuve devient salée en raison de la pénétration des courants marins de l'Atlantique. Plus haut, de Québec à Montréal, c'est le sauna.
Il fait près de 30 Celsius à 5:21 du matin. Imaginez plus tard dans la journée quand le soleil sera à son zénith... On va se dessécher comme des momies. Le cerveau va bouillir dans la boîte crânienne.
Je suis semblable à un ours polaire et ne me sens pas du tout conçu pour vivre sous le soleil des Tropiques. De la neige plutôt que de la canicule, si je dois choisir le moins pire des deux maux.
J'ai une pensée pour feu mon pauvre père qui a travaillé comme un damné dans une shop d'aluminium. La température pouvait grimper jusqu'à 45 Celsius dans la fonderie où les travailleurs devaient parfois revêtir de pesantes combinaisons d'amiante. Popa grelottait quand il sortait de sa maudite shop, même par temps de canicule. Il est mort d'un cancer colorectal à 62 ans. Comme plusieurs travailleurs de cette maudite shop où trop d'entre eux sont morts jeunes, probablement tués par les vapeurs d'huile, d'alumine et de bauxite.
J'ai aussi une bonne pensée pour ma blonde, qui travaille dans une cuisine dans la vapeur des chaudrons.
Et aussi pour les livreurs, briqueleurs et autres jobbers d'extérieur.
Pour les personnes âgées qui respirent difficilement dans le smog.
Pour les chats de ruelle qui cherchent un point d'eau et un coin d'ombre pour se rafraîchir.
Pour tout le règne vivant en général...
Ah! Rien que d'y penser j'ai trop chaud.
Aussi, ne m'en veuillez pas de vous quitter si abruptement.
Je ne vois pas ce que je pourrais vous raconter de mieux alors que je combats la canicule.
De la glace s'il-vous-plaît!
***
PS: J'ai passé deux jours au Bear Glacier, près de Stewart, un petit village perdu peuplé d'environ vingt-trois habitants. Je trouvais approprié de partager ce lien avec vous pour nous donner un peu de fraîcheur...
mercredi 20 juillet 2011
Une solution pour IQT Solutions: le socialisme hostie!
IQT Solutions opérait un centre d'appels à Trois-Rivières. Cent quarante employés y travaillaient. Ils n'y travaillent plus. La bande de baveux d'IQT Solutions est partie avec le cash sans respecter les normes de la vie en communauté. Un petit propriétaire ferait ça dans sa communauté et il se ferait péter les deux jambes assez vite merci. Mais là on a affaire à des goujats d'outre-frontière, des pleins de marde qui viennent siphonner le jus de la région pour s'en aller avec comme des voleurs.
Je me souviens de la dernière fermeture de la shop de coton qui avait succédée à la Wabasso, pour ce qu'il en restait. Je ne me souviens plus du nom de la compagnie, honnêtement. Il devait y avoir le mot textile dedans. Cela dit je me souviens que les employés avaient dû débourser trois milles piastres de leur propre argent pour sauver leur job, comme les pourris qui dirigeaient la shop le leur avaient fait comprendre, en menaçant de fermer la shop autrement. Les employés ont donc négocié des emprunts de trois milles piastres pour sauver leur job. Et ça n'a pas empêché nos joyeux patrons de prendre le large avec l'argent de tout le monde qui s'est ramassé tout nu dans la rue.
Je me souviens d'un jour de pluie. Ils devaient être deux cents personnes à marcher sur la rue Laviolette en scandant «on veut une job!»
C'était triste à fendre l'âme. Triste de voir qu'ils s'étaient faits fourrer d'aplomb.
Comme survient la fermeture sauvage du centre d'appels d'IQT Solutions, je pense à tous ces gars et ces filles-là qui scandaient «on veut une job!» sur la rue Laviolette, sous la pluie battante, un matin où j'étais le seul passant à se faire mouiller la casquette.
Il y a visiblement quelque chose de pourri au royaume de la poutine. Encore que le boss du Royaume de la poutine a peut-être plus de classe envers ses employés que ces outlaws qui se poussent avec le cash aux States ou bien au Mexico.
Pour ce qui est de la shop qui ferme, ça serait pas pire de partir une coop de travail ou bien un soviet, n'importe quoi pourvu que justice soit rendue à ces travailleurs bafoués dans leurs droits et leur dignité.
Plus que jamais je dis à bas le capitalisme. Vive le socialisme. Fuck l'injustice sociale!
Je me souviens de la dernière fermeture de la shop de coton qui avait succédée à la Wabasso, pour ce qu'il en restait. Je ne me souviens plus du nom de la compagnie, honnêtement. Il devait y avoir le mot textile dedans. Cela dit je me souviens que les employés avaient dû débourser trois milles piastres de leur propre argent pour sauver leur job, comme les pourris qui dirigeaient la shop le leur avaient fait comprendre, en menaçant de fermer la shop autrement. Les employés ont donc négocié des emprunts de trois milles piastres pour sauver leur job. Et ça n'a pas empêché nos joyeux patrons de prendre le large avec l'argent de tout le monde qui s'est ramassé tout nu dans la rue.
Je me souviens d'un jour de pluie. Ils devaient être deux cents personnes à marcher sur la rue Laviolette en scandant «on veut une job!»
C'était triste à fendre l'âme. Triste de voir qu'ils s'étaient faits fourrer d'aplomb.
Comme survient la fermeture sauvage du centre d'appels d'IQT Solutions, je pense à tous ces gars et ces filles-là qui scandaient «on veut une job!» sur la rue Laviolette, sous la pluie battante, un matin où j'étais le seul passant à se faire mouiller la casquette.
Il y a visiblement quelque chose de pourri au royaume de la poutine. Encore que le boss du Royaume de la poutine a peut-être plus de classe envers ses employés que ces outlaws qui se poussent avec le cash aux States ou bien au Mexico.
Pour ce qui est de la shop qui ferme, ça serait pas pire de partir une coop de travail ou bien un soviet, n'importe quoi pourvu que justice soit rendue à ces travailleurs bafoués dans leurs droits et leur dignité.
Plus que jamais je dis à bas le capitalisme. Vive le socialisme. Fuck l'injustice sociale!
mardi 19 juillet 2011
Une journée à l'Expo
Je ne me souviens plus de l'effet que pouvait produire sur moi l'Expo, avec ses manèges, ses jeux d'arcade, ses barbapapas, ses animaux de la ferme et ses peddlers. Il devait tout de même y avoir un assez puissant effet pour que je me risque à entrer sur le terrain sans payer.
C'était par un matin d'été de 1981. J'étais avec trois autres amis, appelons-les Ti-Mik, Ti-Bief et Ti-Kas. Quant à mon surnom, c'était Gros-Boutch.
J'avais treize ans, un âge où Gros-Boutch jouait parfois de malchance.
Il avait plu. Il faisait chaud. Nous étions cassés et nous n'avions rien à faire.
Pourquoi ne pas rentrer gratisse à l'Expo pour profiter des manèges et des jeux d'arcade, hein?
C'est fou ce qu'une partie de jeu vidéo peut durer longtemps avec une pièce de vingt-cinq cents retenue par un fil de pêche. On glisse lentement la pièce dans le trou jusqu'au déclencheur à crédits. On peut monter jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf crédits. Des heures de plaisir presque gratuit puisqu'il faut tout de même y perdre une pièce, un bout de ruban gommé et un fil de pêche.
Quoi qu'il en soit, on se décide à rentrer sur le terrain sans payer. On s'y prend par le boulevard des forges où il semble y avoir moins d'agents de sécurité et de bergers allemands.
La mission consiste ici à sauter par-dessus une clôture constituée de pîques de fer plutôt pointues. Pour Ti-Bief, Ti-Kas et Ti-Mik, c'est du gâteau. Mais pour votre humble serviteur, Gros-Boutch, c'est pas de la tarte.
Comme il a plu, les piquets sont glissants. Je m'y prends et m'y reprends. Tombe et recommence. Puis j'entends japper les chiens. Mes trois amis gueulent après moi.
-Come on Gros-Boutch! On va se faire pogner par les chiens!
Gros-Boutch finit par sauter, après avoir glissé et reglissé plusieurs fois.
Et je cours. Le plus vite que je peux. Avec la peur des bergers allemands à mes trousses.
Puis on débouche sur le terrain de l'Expo, gratisse. On reprend notre souffle. On rit.
-Qu'est-cé qu't'as sur la bedaine Gros-Boutch? me demande Ti-Kas.
Ce que j'ai? Deux ronds de sang sur mon tee-shirt blanc. Je me suis rentré les pîques dans la bedaine dans mes nombreuses tentatives de sauter par-dessus la clôture du boulevard des Forges.
Ça fait mal quand je ris. Mais je ris quand même. Nous sommes entrés gratisse. Nous avons déjoué le système ainsi que les bergers allemands.
Et je fais le tour de mes manèges préférés avec mon tee-shirt et ses deux grosses taches de sang coagulé.
J'ai probablement rincé mon tee-shirt à l'eau. Ou peut-être pas.
Nous nous sommes tapés plusieurs fois quatre-vingt-dix-neuf crédits dans les jeux d'arcade. C'est magique ce qu'on peut faire avec une pièce de vingt-cinq cents et du fil de pêche, vous l'avez déjà compris.
On a poursuivi notre journée dans les étables, à flatter le museau des vaches et des cochons qui participent aussi à l'exposition agricole. Puis au cirque, à regarder un vieil éléphant faire le pitre pour un tarlais qui jappe après lui comme un berger allemand.
Nous nous étions bien amusés. Mais nous avions chaud. On passa sous la clôture de la piscine de l'Expo pour aller se baigner gratisse. Notre short fit office de maillot de bain. Ti-Bief déchira son pantalon pour que ça ressemble à des shorts.
Ah! C'était l'été 1981. Un été de plaisir et de gratuité.
C'était par un matin d'été de 1981. J'étais avec trois autres amis, appelons-les Ti-Mik, Ti-Bief et Ti-Kas. Quant à mon surnom, c'était Gros-Boutch.
J'avais treize ans, un âge où Gros-Boutch jouait parfois de malchance.
Il avait plu. Il faisait chaud. Nous étions cassés et nous n'avions rien à faire.
Pourquoi ne pas rentrer gratisse à l'Expo pour profiter des manèges et des jeux d'arcade, hein?
C'est fou ce qu'une partie de jeu vidéo peut durer longtemps avec une pièce de vingt-cinq cents retenue par un fil de pêche. On glisse lentement la pièce dans le trou jusqu'au déclencheur à crédits. On peut monter jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf crédits. Des heures de plaisir presque gratuit puisqu'il faut tout de même y perdre une pièce, un bout de ruban gommé et un fil de pêche.
Quoi qu'il en soit, on se décide à rentrer sur le terrain sans payer. On s'y prend par le boulevard des forges où il semble y avoir moins d'agents de sécurité et de bergers allemands.
La mission consiste ici à sauter par-dessus une clôture constituée de pîques de fer plutôt pointues. Pour Ti-Bief, Ti-Kas et Ti-Mik, c'est du gâteau. Mais pour votre humble serviteur, Gros-Boutch, c'est pas de la tarte.
Comme il a plu, les piquets sont glissants. Je m'y prends et m'y reprends. Tombe et recommence. Puis j'entends japper les chiens. Mes trois amis gueulent après moi.
-Come on Gros-Boutch! On va se faire pogner par les chiens!
Gros-Boutch finit par sauter, après avoir glissé et reglissé plusieurs fois.
Et je cours. Le plus vite que je peux. Avec la peur des bergers allemands à mes trousses.
Puis on débouche sur le terrain de l'Expo, gratisse. On reprend notre souffle. On rit.
-Qu'est-cé qu't'as sur la bedaine Gros-Boutch? me demande Ti-Kas.
Ce que j'ai? Deux ronds de sang sur mon tee-shirt blanc. Je me suis rentré les pîques dans la bedaine dans mes nombreuses tentatives de sauter par-dessus la clôture du boulevard des Forges.
Ça fait mal quand je ris. Mais je ris quand même. Nous sommes entrés gratisse. Nous avons déjoué le système ainsi que les bergers allemands.
Et je fais le tour de mes manèges préférés avec mon tee-shirt et ses deux grosses taches de sang coagulé.
J'ai probablement rincé mon tee-shirt à l'eau. Ou peut-être pas.
Nous nous sommes tapés plusieurs fois quatre-vingt-dix-neuf crédits dans les jeux d'arcade. C'est magique ce qu'on peut faire avec une pièce de vingt-cinq cents et du fil de pêche, vous l'avez déjà compris.
On a poursuivi notre journée dans les étables, à flatter le museau des vaches et des cochons qui participent aussi à l'exposition agricole. Puis au cirque, à regarder un vieil éléphant faire le pitre pour un tarlais qui jappe après lui comme un berger allemand.
Nous nous étions bien amusés. Mais nous avions chaud. On passa sous la clôture de la piscine de l'Expo pour aller se baigner gratisse. Notre short fit office de maillot de bain. Ti-Bief déchira son pantalon pour que ça ressemble à des shorts.
Ah! C'était l'été 1981. Un été de plaisir et de gratuité.
lundi 18 juillet 2011
Le beau langage est toujours vivant
Bob a un patois pas possible. C'est le beau langage de mon coin de pays, que les intellectuels dénigrent parce qu'ils voudraient humilier ses locuteurs, leur faire prendre conscience de la bassesse de leur condition en ridiculisant leur diction. Quant à moi, je préfère de loin ce patois puisqu'il me semble nettement plus rabelaisien et par cela même plus près de la source vive de la langue françoise, c'est-à-dire une langue mâtinée de latin rudimentaire et de joual allemand.
Entendez-le parler... Bob passe à la caisse, au supermarché, et je suis justement derrière lui avec mon enregistreuse numérique habilement dissimulée.
Voici la retranscription fidèle:
-Ah ben jéritol de viarge édentée! qu'il dit, Bob. J'su's pas la banque à Jos Violon moé-là pis du liminent Ménard j'en chie pas... Ça fait que, j'va's dire comme on dit, ça va faire là! C't'assez. Wo les moteurs. Vient un temps où c'qu'on s'écoeure de s'faire plemer comme des poulets su' une broche caltor de bonyeu de st-sicroche de bonyenne... Me semble que c'est clair qu'un gars s'peut p'us un m'ment donné. I' peut pas donner plus que c'qui pèse sainte-bénite-des-toasts-brûlées!
-Vous v'nez d'où? lui demande la caissière du supermarché, une grande maigre plus du tout jeune qui fait du strabisme divergent, comme Jean-Paul Sartre.
-Moé? lui répond Bob. J'viens d'Sainte-Clothilde-de-Horton pis mes ancêtres étaient pauvres comme d'la gale sacrament!
-Bon... Que voulez-vous... I' faut c'qu'i' faut... Voici votre facture.
-Hein?!? Vingt-huit piastres et trois cennes? Pour trois ou quatre p'tites z'affaires? J'ai mon verrat d'voyage! On s'fait étrangler comme une grenouille dans un champs de mines! Mozaille de sainte-pudique à marde!
Ah! Bob. Ta langue françoise nous fait rêver. Entretiens-la comme elle est dans ta bouche, sale, crottée et surtout vivante. Lâche pas la patate mon Bob!
Entendez-le parler... Bob passe à la caisse, au supermarché, et je suis justement derrière lui avec mon enregistreuse numérique habilement dissimulée.
Voici la retranscription fidèle:
-Ah ben jéritol de viarge édentée! qu'il dit, Bob. J'su's pas la banque à Jos Violon moé-là pis du liminent Ménard j'en chie pas... Ça fait que, j'va's dire comme on dit, ça va faire là! C't'assez. Wo les moteurs. Vient un temps où c'qu'on s'écoeure de s'faire plemer comme des poulets su' une broche caltor de bonyeu de st-sicroche de bonyenne... Me semble que c'est clair qu'un gars s'peut p'us un m'ment donné. I' peut pas donner plus que c'qui pèse sainte-bénite-des-toasts-brûlées!
-Vous v'nez d'où? lui demande la caissière du supermarché, une grande maigre plus du tout jeune qui fait du strabisme divergent, comme Jean-Paul Sartre.
-Moé? lui répond Bob. J'viens d'Sainte-Clothilde-de-Horton pis mes ancêtres étaient pauvres comme d'la gale sacrament!
-Bon... Que voulez-vous... I' faut c'qu'i' faut... Voici votre facture.
-Hein?!? Vingt-huit piastres et trois cennes? Pour trois ou quatre p'tites z'affaires? J'ai mon verrat d'voyage! On s'fait étrangler comme une grenouille dans un champs de mines! Mozaille de sainte-pudique à marde!
Ah! Bob. Ta langue françoise nous fait rêver. Entretiens-la comme elle est dans ta bouche, sale, crottée et surtout vivante. Lâche pas la patate mon Bob!
samedi 16 juillet 2011
PPP et travailleurs de la santé au salaire minimum
J'ai été préposé aux bénéficiaires pendant quatre ans du temps de mes études. J'ai travaillé sur tous les quarts de travail et tous les départements, de la gériatrie aux soins intensifs. J'ai travaillé dans l'état d'esprit que j'offrais aux patients le service que j'aurais voulu que reçoivent mon père et ma mère s'ils avaient été dans la même situation.
C'était il y a vingt ans. Ce que je sais des problèmes de santé d'aujourd'hui est encore teinté de ma vision des problèmes d'hier. Ce que je croyais une crise des soins de santé n'était encore qu'une crisette. La vraie crise, c'est maintenant.
Les médias nous rapportent ces derniers temps des récits d'horreur quant aux traitements subis par plusieurs patients dans notre système de santé.
Il ne faudrait pas croire que tous les préposés aux bénéficiaires s'acquittent mal de leurs fonctions. Au contraire, il faudrait s'étonner qu'ils s'en acquittent bien dans cette situation de crise sans précédent.
De nos jours, les patients sont littéralement garrochés dans des centres de santé qui ne sont pas équipés pour recevoir ce que l'on appelle des «cas lourds» dans le jargon des professionnels de la santé.
On s'offre une santé à rabais en créant des Partenariats public-privé (PPP) où tout l'odieux de la situation repose ensuite sur les épaules des propriétaires des résidences ainsi que des employés souvent payés au salaire minimum pour pratiquement effectuer le double de la tâche de travail d'un employé du secteur public.
Le gouvernement largue tous les problèmes du secteur public en bas de la chaîne alimentaire...
Untel devrait porter des contentions et être surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Telle autre est atteinte d'une maladie infectieuse grave qui nécessiterait son isolement. Les fonctionnaires syndiqués du secteur public les envoient sciemment vers des ressources qui ne sont pas adaptées à la situation. Ils désengorgent le système de santé public en demandant à des travailleurs payés au salaire minimum et non-syndiqués de faire face à des situations à la limite du chaos, sans aide, sans ressources, sans rien d'autre qu'un torchon en main.
Il est évident que ces petits travailleurs se sentent doublement, voire triplement exploités. Ce sont majoritairement des femmes, qui plus est. Et ça n'indigne pas grand monde.
On paie presque 20$ l'heure des gardiennes d'enfants en santé. On donne des pinottes aux préposés du réseau des PPP qui devront laver des adultes vingt fois plus gros qu'un bambin qui pourraient être nos parents.
Les préposés sous-payés du secteur privé bénéficient de très peu de protection en tant que travailleurs et sont à la merci d'une job où ils peuvent autant se péter le dos que l'esprit. Ils sont à bout de nerfs et de ressources trois fois plus que dans le secteur public. Chaque journée de travail qu'ils effectuent est pour moi un miracle.
Pour ajouter à l'odieux de tout cela, il arrive que ces mêmes travailleurs assument eux-mêmes, par pur humanisme, d'habiller un patient délaissé par sa famille qui gère son argent et prépare l'héritage. Il est fréquent de voir les parents d'un patient se plaindre des services qu'il reçoit alors qu'ils tiennent eux-mêmes les cordons de la bourse et refusent de payer pour quoi que ce soit. On aimerait que nos gouvernements fassent preuve d'autant mansuétude que ces petits travailleurs pauvres qui ont la main sur le coeur et qui ne recevront jamais de médailles pour leur bontés clandestines.
Les préposés aux bénéficiaires et même les propriétaires des établissements privés ne méritent pas de se faire lancer des pierres compte tenu qu'ils travaillent dans un contexte de crise. Il faudrait plutôt remettre en question les règles auxquelles sont soumis les travailleurs de la santé et des services sociaux dans l'évaluation et l'attribution des soins aux patients.
L'argent, on fait ce que l'on veut avec. On en trouve pour graisser les amis des politiciens quand on monte des projets farfelus. On en trouve pour toutes sortes de niaiseries si vous voulez mon avis. C'est donc dire qu'il y en a à quelque part pour offrir des soins de santé de qualité et des conditions de travail raisonnables.
C'est une question de choix de société rendu à ce niveau-là.
Dites-moi ce que vous voulez et je vous dirai qui vous êtes...
C'était il y a vingt ans. Ce que je sais des problèmes de santé d'aujourd'hui est encore teinté de ma vision des problèmes d'hier. Ce que je croyais une crise des soins de santé n'était encore qu'une crisette. La vraie crise, c'est maintenant.
Les médias nous rapportent ces derniers temps des récits d'horreur quant aux traitements subis par plusieurs patients dans notre système de santé.
Il ne faudrait pas croire que tous les préposés aux bénéficiaires s'acquittent mal de leurs fonctions. Au contraire, il faudrait s'étonner qu'ils s'en acquittent bien dans cette situation de crise sans précédent.
De nos jours, les patients sont littéralement garrochés dans des centres de santé qui ne sont pas équipés pour recevoir ce que l'on appelle des «cas lourds» dans le jargon des professionnels de la santé.
On s'offre une santé à rabais en créant des Partenariats public-privé (PPP) où tout l'odieux de la situation repose ensuite sur les épaules des propriétaires des résidences ainsi que des employés souvent payés au salaire minimum pour pratiquement effectuer le double de la tâche de travail d'un employé du secteur public.
Le gouvernement largue tous les problèmes du secteur public en bas de la chaîne alimentaire...
Untel devrait porter des contentions et être surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Telle autre est atteinte d'une maladie infectieuse grave qui nécessiterait son isolement. Les fonctionnaires syndiqués du secteur public les envoient sciemment vers des ressources qui ne sont pas adaptées à la situation. Ils désengorgent le système de santé public en demandant à des travailleurs payés au salaire minimum et non-syndiqués de faire face à des situations à la limite du chaos, sans aide, sans ressources, sans rien d'autre qu'un torchon en main.
Il est évident que ces petits travailleurs se sentent doublement, voire triplement exploités. Ce sont majoritairement des femmes, qui plus est. Et ça n'indigne pas grand monde.
On paie presque 20$ l'heure des gardiennes d'enfants en santé. On donne des pinottes aux préposés du réseau des PPP qui devront laver des adultes vingt fois plus gros qu'un bambin qui pourraient être nos parents.
Les préposés sous-payés du secteur privé bénéficient de très peu de protection en tant que travailleurs et sont à la merci d'une job où ils peuvent autant se péter le dos que l'esprit. Ils sont à bout de nerfs et de ressources trois fois plus que dans le secteur public. Chaque journée de travail qu'ils effectuent est pour moi un miracle.
Pour ajouter à l'odieux de tout cela, il arrive que ces mêmes travailleurs assument eux-mêmes, par pur humanisme, d'habiller un patient délaissé par sa famille qui gère son argent et prépare l'héritage. Il est fréquent de voir les parents d'un patient se plaindre des services qu'il reçoit alors qu'ils tiennent eux-mêmes les cordons de la bourse et refusent de payer pour quoi que ce soit. On aimerait que nos gouvernements fassent preuve d'autant mansuétude que ces petits travailleurs pauvres qui ont la main sur le coeur et qui ne recevront jamais de médailles pour leur bontés clandestines.
Les préposés aux bénéficiaires et même les propriétaires des établissements privés ne méritent pas de se faire lancer des pierres compte tenu qu'ils travaillent dans un contexte de crise. Il faudrait plutôt remettre en question les règles auxquelles sont soumis les travailleurs de la santé et des services sociaux dans l'évaluation et l'attribution des soins aux patients.
L'argent, on fait ce que l'on veut avec. On en trouve pour graisser les amis des politiciens quand on monte des projets farfelus. On en trouve pour toutes sortes de niaiseries si vous voulez mon avis. C'est donc dire qu'il y en a à quelque part pour offrir des soins de santé de qualité et des conditions de travail raisonnables.
C'est une question de choix de société rendu à ce niveau-là.
Dites-moi ce que vous voulez et je vous dirai qui vous êtes...
vendredi 15 juillet 2011
L'histoire de Maude et d'une bande de snappés
Vladimir alias Vlad avait fait du temps, comme on dit dans le jargon de mon entourage pour signifier qu'il avait séjourné en prison.
C'était un petit bonhomme tout tissé de nerfs qui vivait de mille petits boulots tous plus misérables les uns que les autres et qui accommodait son ordinaire de menus larcins.
Vlad avait fait du temps pour avoir mis le feu à son bloc sur un badtrip de ouesse, surnom de la phencyclidine, aussi connue sous le nom de PCP. C'est utilisé par les vétérinaires pour l'anesthésie des chevaux. L'effet que provoque cette poudre chez les humains est dévastateur. On a déjà vu à l'urgence des types qui se croyaient invincibles parce qu'ils ne ressentaient plus de douleur sur la ouesse. Ils se sont donnés des coups de poing sur la gueule pour prouver leur nouvelle théorie. Et ils ont atterri à l'urgence, la gueule en sang, avec des tas de dents en moins. Ce qui ne les empêchât pas de rire aux éclats, bien que leur sourire fût moins éclatant.
Donc, Vlad avait fait du temps parce qu'il avait foutu le feu à son bloc.
-J'délirais calice... J'étais pas là... Snappé ben raide... qu'il tenta sans succès d'expliquer au juge.
Derrière les barreaux, Vlad prit le parti de se cultiver l'esprit en lisant essentiellement les évangiles et était ressorti de prison avec une infinie bonté, comme s'il s'était senti tellement trou du cul qu'il ne souhaitait plus que de réparer ses erreurs.
Il s'était pris un petit loyer dans un secteur de la ville où l'on retrouve essentiellement des réprouvés sociaux, dont son voisin Luc Croisetière, alias Crapaud, un sans-dessein violent et plutôt batteur de femme qui vivait avec sa femme et la petite fille qu'elle avait eue d'un ami de Vlad qui ne voulait pas payer pour la mère et pour la fille.
-Dis-leur que tu sais pas où c'est que j'su's, ok Vlad? qu'il lui avait dit en prison, ce gars qui s'appelait Roger je ne sais plus trop qui.
La blonde de Crapaud, Linda, était sur les pilules. Elle ne faisait jamais rien à manger et ne bouffait que des pilules. Crapaud se faisait venir du poulet de la rôtisserie quand il revenait de la shop et Linda grapillait dans ses restants pour se nourrir. La fille de Linda, Maude, pouvait bien crever. On lui refilait un déjeuner gratuit à l'école - quand même... Et le soir, eh bien c'est Vlad qui la nourrissait.
Eh oui, Maude, la fille de Roger et Linda, passait toutes ses soirées chez Vlad depuis deux ou trois mois et ne rentrait plus coucher. Crapaud et Linda ne s'en rendaient presque pas compte. Maintenant que Vlad donnait plus à Jésus qu'au PCP. C'était plus rassurant sans doute.
Maude devait avoir douze ou treize ans. Elle n'était plus capable de voir sa propre mère se faire traiter comme de la marde par Crapaud. Aussi, elle ne se gênait pas pour lui voler des cigarettes et du pot.
Maude était alors une grande fille mince habillée en punk par pauvreté plus que par choix. Sa mère lui trouvait des jeans dans les bacs de recyclage de l'Armée du Salut. Et ce sont ces jeans qu'elle devait porter jusqu'à ce que la fourche déchire. Aussi Maude s'amusait à les déchirer, à les recoudre, à les décorer comme s'il s'agissait d'une courtepointe.
Vlad avait perdu sa fille, Martine, qu'il avait eue avec Siffleuse Marcotte, une édentée qui consommait des speeds pour se remettre en train. Martine s'était suicidée dans sa famille d'accueil. Cela faisait deux ans déjà. Elle avait l'âge de Maude quand on l'avait retrouvé la gorge tranchée dans la salle de bain.
Vlad n'avait connu sa fille qu'à travers les grilles de ses prisons, puisque vous vous doutez bien qu'il n'y est pas allé qu'une fois. Et il s'en voulait de sa mort. Comme il s'en voulait du bloc qu'il avait incendié pour rien, risquant la vie de voisins doux et aimables qui ne lui avaient rien fait de mal.
Aussi Maude était atterrie dans sa vie comme un signe du Ciel.
Maude qui venait se réfugier chez Vlad pour souper avec lui, jouer au Nintendo et dormir sur le divan-lit.
Vlad l'appelait toujours Boss.
-Tiens! Un bon grand verre de jus d'orange Boss! C'est bon pour les vitamines, Boss! qu'il lui disait.
Maude buvait son grand verre de jus d'orange puis mangeait ensuite un bon pâté chinois ou bien les spaghettis que Vlad lui avait cuisinés. Elle avait droit ensuite à une belle soirée de Nintendo à jouer à toutes sortes de jeux loufoques sous l'oeil bienveillant et attendri de Vlad.
-J'su's ben icitte, qu'elle disait. D'l'autre bord c'est rien qu'd'la christ de marde... Crapaud c't'une charogne pis ma mère est folle raide... Marci d'm'accueillir Vlad!
Le premier à s'indigner de cette cohabitation fût Roger, l'ami de Vlad et père de Maude.
-J'aime pas ça qu'A' soèye chez-vous Vlad calice! Après ça Linda va savoir où j'su's pis A' va me d'mander pension pour elle pis pour Maude! Ça va m'coûter une hostie d'beurrée!
Évidemment, Roger était un trou du cul. Ce qui permit à Vlad de se foutre un peu de son avis. Aussi, Maude continua de vivre chez-lui. Après tout, ne prenait-elle pas du mieux? Elle avait même engraissé. Son teint était passé du vert au rose. Même que Vlad lui avait acheté du linge, des trucs de toilette, des quossins chez Dollaramax, etc.
-Tiens boss! J't'ai acheté du bain moussant, du chocolat, de la liqueur, des chips...
-T'es ben fin Vlad... M'en va's tirer une poffe sur la galerie... qu'elle lui répondait, la gamine.
Il n'y avait pas d'amour plus platonique, je vous jure. Vlad traitait Maude comme si c'était sa propre fille, Martine. Et il se surprenait parfois à l'appeler Martine, ce qui fait qu'il avait résolu de toujours l'appeler Boss pour ne plus trébucher sur les M.
Linda était snappée d'aplomb, comme d'habitude. Crapaud avait menacé de la jeter en bas du deuxième. Il l'avait même saisie par les jambes pour la suspendre dans le vide par-dessus la rampe de leur vieux bloc moisi. La police passait justement dans le coin et répondit à une plainte des voisins. De sorte que Crapaud, Linda et Maude furent bientôt surveillés par une travailleuse sociale, Hervée Dandurand, qui aimait bien faire du ski alpin et jouer au casino.
Maude a été tout de suite placée en famille d'accueil puisque le couple maudit s'était retrouvé en prison sous plusieurs charges criminelles, dont inceste et whatever.
Vlad devint l'homme le plus triste de la terre tout le temps où Maude ne put lui donner signe de vie.
Deux ans, trois ans, dix ans passèrent.
Et elle revint, pas plus tard qu'hier, Maude. Belle, avec une bonne job, et fière d'elle-même. Elle avait plein de petits cadeaux pour Vlad qui, vrai comme je suis là, pleura comme une Madeleine en les recevant, comme si la vie lui rappelait qu'il n'avait pas été qu'un trou du cul en ce monde.
-Merci Boss! qu'il lui a dit... T'aurais pas dû Boss! Un ordinateur! Un écran plat! Une ixeboxe trois cent soixante! Wow! C'est ben qu'trop pour moé Boss!
-C'est pas assez Vlad... Tu l'sais pas mais tu m'as sauvé la vie mon tabarnak!
Et elle repartit le soir même, après un souper au resto avec Vlad. Ils discutèrent du bon vieux temps et promirent de se revoir pour fumer une poffe ou whatever.
Si Vlad a l'air aussi exalté aujourd'hui, c'est parce que la vie lui a permis de réaliser de très grandes choses, bien plus grandes que tous ces ponts, viaducs et temples que les hommes peuvent bâtir.
Il en oublie presque ses crimes et ses sottises passés.
Et il siffle à tous vents que la vie est belle et qu'on est donc bien sur cette terre...
C'était un petit bonhomme tout tissé de nerfs qui vivait de mille petits boulots tous plus misérables les uns que les autres et qui accommodait son ordinaire de menus larcins.
Vlad avait fait du temps pour avoir mis le feu à son bloc sur un badtrip de ouesse, surnom de la phencyclidine, aussi connue sous le nom de PCP. C'est utilisé par les vétérinaires pour l'anesthésie des chevaux. L'effet que provoque cette poudre chez les humains est dévastateur. On a déjà vu à l'urgence des types qui se croyaient invincibles parce qu'ils ne ressentaient plus de douleur sur la ouesse. Ils se sont donnés des coups de poing sur la gueule pour prouver leur nouvelle théorie. Et ils ont atterri à l'urgence, la gueule en sang, avec des tas de dents en moins. Ce qui ne les empêchât pas de rire aux éclats, bien que leur sourire fût moins éclatant.
Donc, Vlad avait fait du temps parce qu'il avait foutu le feu à son bloc.
-J'délirais calice... J'étais pas là... Snappé ben raide... qu'il tenta sans succès d'expliquer au juge.
Derrière les barreaux, Vlad prit le parti de se cultiver l'esprit en lisant essentiellement les évangiles et était ressorti de prison avec une infinie bonté, comme s'il s'était senti tellement trou du cul qu'il ne souhaitait plus que de réparer ses erreurs.
Il s'était pris un petit loyer dans un secteur de la ville où l'on retrouve essentiellement des réprouvés sociaux, dont son voisin Luc Croisetière, alias Crapaud, un sans-dessein violent et plutôt batteur de femme qui vivait avec sa femme et la petite fille qu'elle avait eue d'un ami de Vlad qui ne voulait pas payer pour la mère et pour la fille.
-Dis-leur que tu sais pas où c'est que j'su's, ok Vlad? qu'il lui avait dit en prison, ce gars qui s'appelait Roger je ne sais plus trop qui.
La blonde de Crapaud, Linda, était sur les pilules. Elle ne faisait jamais rien à manger et ne bouffait que des pilules. Crapaud se faisait venir du poulet de la rôtisserie quand il revenait de la shop et Linda grapillait dans ses restants pour se nourrir. La fille de Linda, Maude, pouvait bien crever. On lui refilait un déjeuner gratuit à l'école - quand même... Et le soir, eh bien c'est Vlad qui la nourrissait.
Eh oui, Maude, la fille de Roger et Linda, passait toutes ses soirées chez Vlad depuis deux ou trois mois et ne rentrait plus coucher. Crapaud et Linda ne s'en rendaient presque pas compte. Maintenant que Vlad donnait plus à Jésus qu'au PCP. C'était plus rassurant sans doute.
Maude devait avoir douze ou treize ans. Elle n'était plus capable de voir sa propre mère se faire traiter comme de la marde par Crapaud. Aussi, elle ne se gênait pas pour lui voler des cigarettes et du pot.
Maude était alors une grande fille mince habillée en punk par pauvreté plus que par choix. Sa mère lui trouvait des jeans dans les bacs de recyclage de l'Armée du Salut. Et ce sont ces jeans qu'elle devait porter jusqu'à ce que la fourche déchire. Aussi Maude s'amusait à les déchirer, à les recoudre, à les décorer comme s'il s'agissait d'une courtepointe.
Vlad avait perdu sa fille, Martine, qu'il avait eue avec Siffleuse Marcotte, une édentée qui consommait des speeds pour se remettre en train. Martine s'était suicidée dans sa famille d'accueil. Cela faisait deux ans déjà. Elle avait l'âge de Maude quand on l'avait retrouvé la gorge tranchée dans la salle de bain.
Vlad n'avait connu sa fille qu'à travers les grilles de ses prisons, puisque vous vous doutez bien qu'il n'y est pas allé qu'une fois. Et il s'en voulait de sa mort. Comme il s'en voulait du bloc qu'il avait incendié pour rien, risquant la vie de voisins doux et aimables qui ne lui avaient rien fait de mal.
Aussi Maude était atterrie dans sa vie comme un signe du Ciel.
Maude qui venait se réfugier chez Vlad pour souper avec lui, jouer au Nintendo et dormir sur le divan-lit.
Vlad l'appelait toujours Boss.
-Tiens! Un bon grand verre de jus d'orange Boss! C'est bon pour les vitamines, Boss! qu'il lui disait.
Maude buvait son grand verre de jus d'orange puis mangeait ensuite un bon pâté chinois ou bien les spaghettis que Vlad lui avait cuisinés. Elle avait droit ensuite à une belle soirée de Nintendo à jouer à toutes sortes de jeux loufoques sous l'oeil bienveillant et attendri de Vlad.
-J'su's ben icitte, qu'elle disait. D'l'autre bord c'est rien qu'd'la christ de marde... Crapaud c't'une charogne pis ma mère est folle raide... Marci d'm'accueillir Vlad!
Le premier à s'indigner de cette cohabitation fût Roger, l'ami de Vlad et père de Maude.
-J'aime pas ça qu'A' soèye chez-vous Vlad calice! Après ça Linda va savoir où j'su's pis A' va me d'mander pension pour elle pis pour Maude! Ça va m'coûter une hostie d'beurrée!
Évidemment, Roger était un trou du cul. Ce qui permit à Vlad de se foutre un peu de son avis. Aussi, Maude continua de vivre chez-lui. Après tout, ne prenait-elle pas du mieux? Elle avait même engraissé. Son teint était passé du vert au rose. Même que Vlad lui avait acheté du linge, des trucs de toilette, des quossins chez Dollaramax, etc.
-Tiens boss! J't'ai acheté du bain moussant, du chocolat, de la liqueur, des chips...
-T'es ben fin Vlad... M'en va's tirer une poffe sur la galerie... qu'elle lui répondait, la gamine.
Il n'y avait pas d'amour plus platonique, je vous jure. Vlad traitait Maude comme si c'était sa propre fille, Martine. Et il se surprenait parfois à l'appeler Martine, ce qui fait qu'il avait résolu de toujours l'appeler Boss pour ne plus trébucher sur les M.
Linda était snappée d'aplomb, comme d'habitude. Crapaud avait menacé de la jeter en bas du deuxième. Il l'avait même saisie par les jambes pour la suspendre dans le vide par-dessus la rampe de leur vieux bloc moisi. La police passait justement dans le coin et répondit à une plainte des voisins. De sorte que Crapaud, Linda et Maude furent bientôt surveillés par une travailleuse sociale, Hervée Dandurand, qui aimait bien faire du ski alpin et jouer au casino.
Maude a été tout de suite placée en famille d'accueil puisque le couple maudit s'était retrouvé en prison sous plusieurs charges criminelles, dont inceste et whatever.
Vlad devint l'homme le plus triste de la terre tout le temps où Maude ne put lui donner signe de vie.
Deux ans, trois ans, dix ans passèrent.
Et elle revint, pas plus tard qu'hier, Maude. Belle, avec une bonne job, et fière d'elle-même. Elle avait plein de petits cadeaux pour Vlad qui, vrai comme je suis là, pleura comme une Madeleine en les recevant, comme si la vie lui rappelait qu'il n'avait pas été qu'un trou du cul en ce monde.
-Merci Boss! qu'il lui a dit... T'aurais pas dû Boss! Un ordinateur! Un écran plat! Une ixeboxe trois cent soixante! Wow! C'est ben qu'trop pour moé Boss!
-C'est pas assez Vlad... Tu l'sais pas mais tu m'as sauvé la vie mon tabarnak!
Et elle repartit le soir même, après un souper au resto avec Vlad. Ils discutèrent du bon vieux temps et promirent de se revoir pour fumer une poffe ou whatever.
Si Vlad a l'air aussi exalté aujourd'hui, c'est parce que la vie lui a permis de réaliser de très grandes choses, bien plus grandes que tous ces ponts, viaducs et temples que les hommes peuvent bâtir.
Il en oublie presque ses crimes et ses sottises passés.
Et il siffle à tous vents que la vie est belle et qu'on est donc bien sur cette terre...
jeudi 14 juillet 2011
La Marseillaise
C'est aujourd'hui la Fête nationale française. On croit, à tort, que le 14 juillet a été retenu pour commémorer la prise de la Bastille. Eh bien non! La Fête fait plutôt référence au 14 juillet 1790, à la Fête de la fédération sur les Champs de Mars, soulignant l'unification de la France et aussi la monarchie constitutionnelle...
On doit La Marseillaise à un officier français, Claude Joseph Rouget de Lisle, qui fût incarcéré sous la Première République pour s'être opposé à l'exécution du roi Louis XVI. Sa carrière de poète et d'auteur dramatique fût désastreuse. L'histoire n'a retenu de lui que La Marseillaise, chant révolutionnaire par excellence, traduit en des tas de langues, chanté autant par des prisonniers dans les camps de concentration nazis que sur la place Tien An Men par des étudiants contestant la dictature des bureaucrates chinois.
On ne se rappelle plus de sa chanson Vive le Roi! écrite quelques années plus tard...
Bref, le chant révolutionnaire le plus célèbre du monde a été écrit par un modéré qui était en faveur de la monarchie constitutionnelle...
Serge Gainsbourg a produit une version reggae de La Marseillaise qui souleva la colère des ultranationalistes français à l'époque. C'est cette version que je veux partager avec vous en ce jour bénit des Français. La Marseillaise des métèques, qui rappelle que la France n'est pas constituée que de cocoricos. La Marseillaise de Gainsbourg, qui fait plus honneur à notre Vieille France que tous ces cochons qui veulent sortir du pays les immigrés, voire les chanteurs et chanteuses québécois.
Bonne fête à tous les Français de corps et de coeur.
***
On doit La Marseillaise à un officier français, Claude Joseph Rouget de Lisle, qui fût incarcéré sous la Première République pour s'être opposé à l'exécution du roi Louis XVI. Sa carrière de poète et d'auteur dramatique fût désastreuse. L'histoire n'a retenu de lui que La Marseillaise, chant révolutionnaire par excellence, traduit en des tas de langues, chanté autant par des prisonniers dans les camps de concentration nazis que sur la place Tien An Men par des étudiants contestant la dictature des bureaucrates chinois.
On ne se rappelle plus de sa chanson Vive le Roi! écrite quelques années plus tard...
Bref, le chant révolutionnaire le plus célèbre du monde a été écrit par un modéré qui était en faveur de la monarchie constitutionnelle...
Serge Gainsbourg a produit une version reggae de La Marseillaise qui souleva la colère des ultranationalistes français à l'époque. C'est cette version que je veux partager avec vous en ce jour bénit des Français. La Marseillaise des métèques, qui rappelle que la France n'est pas constituée que de cocoricos. La Marseillaise de Gainsbourg, qui fait plus honneur à notre Vieille France que tous ces cochons qui veulent sortir du pays les immigrés, voire les chanteurs et chanteuses québécois.
Bonne fête à tous les Français de corps et de coeur.
***
Version officielle de La Marseillaise ici.
mercredi 13 juillet 2011
Ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre
Je ne suis pas un sage mais je m'efforce de vivre avec sagesse. Mon truc est simple: ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre.
Je cultive la faculté de mettre ma switch à off au moment voulu. Quand je sais que je fais affaire à des propos incongrus, je tire la plogue et m'évade dans un coin de mon esprit d'où je puis contempler le monde avec cet indéfinissable sourire en coin qui nimbe d'ironie ma présence en ce point de l'univers.
Prenons un cas pratique. Un imbécile vous approche et dit toutes sortes de conneries qui ne tiennent pas debout. Vous pourriez le contredire mais vous savez en votre âme et conscience que c'est comme si vous essayiez de convertir une barbote au monde du football canadien. Alors vous vous réfugiez en un petit coin d'esprit où vous oubliez un temps cette intrusion dans votre vie.
-Blablablablabla...
Elle peut parler autant qu'elle veut, la barbote, vous n'entendez plus rien. Vous êtes aux anges, à vous remémorer des poèmes de Pouchkine ou bien vos folles nuits d'amour, selon votre taux d'hormones.
Ça ressemble à faire le vide mais ce n'est pas vraiment ça. C'est comme capter un autre poste avec sons et images internes. Ce qu'on est bien! Oua!
-Blablablablabla...
Ah! Les magnifiques paysages du Yukon défilent dans ma tête... Et puis je vois le Journal d'un écrivain de Dostoïevski... Tiens, un oiseau sur un arbre... Elle est retrouvée! Quoi? -L'Éternité. Hop! Je mangerais bien des sushis. Miam-miam.
-Blablablablabla...
Vraiment, ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre.
Et qu'est-ce qu'on dit pour cette sagesse gratuite?
Bah! Rien du tout. Je sais bien que vous prenez tout pour acquis. Ingrats que vous êtes. Nourris tous les jours d'une sagesse facile et pas chère. Je suis vraiment trop bon. Ou trop con. Blablabla.
Je cultive la faculté de mettre ma switch à off au moment voulu. Quand je sais que je fais affaire à des propos incongrus, je tire la plogue et m'évade dans un coin de mon esprit d'où je puis contempler le monde avec cet indéfinissable sourire en coin qui nimbe d'ironie ma présence en ce point de l'univers.
Prenons un cas pratique. Un imbécile vous approche et dit toutes sortes de conneries qui ne tiennent pas debout. Vous pourriez le contredire mais vous savez en votre âme et conscience que c'est comme si vous essayiez de convertir une barbote au monde du football canadien. Alors vous vous réfugiez en un petit coin d'esprit où vous oubliez un temps cette intrusion dans votre vie.
-Blablablablabla...
Elle peut parler autant qu'elle veut, la barbote, vous n'entendez plus rien. Vous êtes aux anges, à vous remémorer des poèmes de Pouchkine ou bien vos folles nuits d'amour, selon votre taux d'hormones.
Ça ressemble à faire le vide mais ce n'est pas vraiment ça. C'est comme capter un autre poste avec sons et images internes. Ce qu'on est bien! Oua!
-Blablablablabla...
Ah! Les magnifiques paysages du Yukon défilent dans ma tête... Et puis je vois le Journal d'un écrivain de Dostoïevski... Tiens, un oiseau sur un arbre... Elle est retrouvée! Quoi? -L'Éternité. Hop! Je mangerais bien des sushis. Miam-miam.
-Blablablablabla...
Vraiment, ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre.
Et qu'est-ce qu'on dit pour cette sagesse gratuite?
Bah! Rien du tout. Je sais bien que vous prenez tout pour acquis. Ingrats que vous êtes. Nourris tous les jours d'une sagesse facile et pas chère. Je suis vraiment trop bon. Ou trop con. Blablabla.
mardi 12 juillet 2011
Encore Épictète...
Épictète était boîteux parce que son maître, un ami de l'empereur Néron, lui avait pété la jambe.
Sa philosophie convient tout à fait aux vies d'esclaves que l'on mène en ceci qu'elle donne des moyens immédiats de résister au mal.
Cette philosophie s'appelle le stoïcisme pour les férus d'appellations contrôlées. Pour les autres, elle s'appelle tout bonnement l'amour de la sagesse.
On peut être boîteux, servir un maître indigne et occuper une position merdique tout en entretenant la force et la liberté.
-Cette situation ne dépend pas de moi, se disait Épictète, et je dois néanmoins l'affronter. Aussi bien qu'elle se vive avec le moins de dégâts possibles pour mon esprit, refuge suprême de ma force face à mon maître et à ses fucking caprices de cave!!!
Presque deux milles ans sont passés depuis qu'Épictète a confié ses entretiens à ses élèves. Il nous reste son fameux manuel, source de sagesse souvent citée par ceux qui ont fait de la prison. Je pense, entre autres, à Dostoïevski et Soljenitsyne qui dévoraient son manuel pour oublier le dortoir puant de leur prison. Demeurer stoïque dans l'adversité, c'est tout le courage que la vie demande. Ce qui ne dépend pas de nous ne doit pas nous intéresser plus qu'il ne le faut. Ça ne veut pas dire abdiquer, mais retenir ses forces pour les utiliser au bon moment.
C'était une petite leçon de philosophie pour un mardi matin bien ordinaire et bien chaud du mois de juillet.
Sa philosophie convient tout à fait aux vies d'esclaves que l'on mène en ceci qu'elle donne des moyens immédiats de résister au mal.
Cette philosophie s'appelle le stoïcisme pour les férus d'appellations contrôlées. Pour les autres, elle s'appelle tout bonnement l'amour de la sagesse.
On peut être boîteux, servir un maître indigne et occuper une position merdique tout en entretenant la force et la liberté.
-Cette situation ne dépend pas de moi, se disait Épictète, et je dois néanmoins l'affronter. Aussi bien qu'elle se vive avec le moins de dégâts possibles pour mon esprit, refuge suprême de ma force face à mon maître et à ses fucking caprices de cave!!!
Presque deux milles ans sont passés depuis qu'Épictète a confié ses entretiens à ses élèves. Il nous reste son fameux manuel, source de sagesse souvent citée par ceux qui ont fait de la prison. Je pense, entre autres, à Dostoïevski et Soljenitsyne qui dévoraient son manuel pour oublier le dortoir puant de leur prison. Demeurer stoïque dans l'adversité, c'est tout le courage que la vie demande. Ce qui ne dépend pas de nous ne doit pas nous intéresser plus qu'il ne le faut. Ça ne veut pas dire abdiquer, mais retenir ses forces pour les utiliser au bon moment.
C'était une petite leçon de philosophie pour un mardi matin bien ordinaire et bien chaud du mois de juillet.
lundi 11 juillet 2011
Une petite digression sur les états de grâce
Il est des choses qui se racontent mal. Raconter, c'est participer pleinement au monde des choses. Les idées, les émotions et tout ce qui tourne dans la boîte à poux c'est d'un tout autre domaine que celui de la parole, voire de l'écriture ou bien de la chanson. C'est du domaine de l'invisible.
L'invisible ça ne se raconte pas parce que c'est justement indicible.
On peut bien effleurer le sujet, poser en émotif, entrer en transe: rien n'y fait. Ce qui ne se raconte pas ne changera pas d'état quoi que l'on fasse.
Alors aussi bien s'abandonner totalement à l'état de grâce.
Regarder les nuages se métamorphoser en dessins fantasmagoriques.
Contempler l'eau en recevant les cuicuis des oiseaux.
Analyser le vol d'un moustique.
Écouter le son que fait l'univers en tournant autour du Big Bang.
Ces activités n'ont rien de olé-olé. Elles sont pourtant au coeur même de nos vies puisqu'elles sont les clés de toutes nos énigmes.
Je puis me tromper. N'ai-je pas dit que cela ne se racontait pas?
Aussi, je vais regagner mes chers rêves, chers lecteurs et lectrices, pour recharger mes piles.
Merci de m'avoir permis cette petite digression sur les états de grâce.
L'invisible ça ne se raconte pas parce que c'est justement indicible.
On peut bien effleurer le sujet, poser en émotif, entrer en transe: rien n'y fait. Ce qui ne se raconte pas ne changera pas d'état quoi que l'on fasse.
Alors aussi bien s'abandonner totalement à l'état de grâce.
Regarder les nuages se métamorphoser en dessins fantasmagoriques.
Contempler l'eau en recevant les cuicuis des oiseaux.
Analyser le vol d'un moustique.
Écouter le son que fait l'univers en tournant autour du Big Bang.
Ces activités n'ont rien de olé-olé. Elles sont pourtant au coeur même de nos vies puisqu'elles sont les clés de toutes nos énigmes.
Je puis me tromper. N'ai-je pas dit que cela ne se racontait pas?
Aussi, je vais regagner mes chers rêves, chers lecteurs et lectrices, pour recharger mes piles.
Merci de m'avoir permis cette petite digression sur les états de grâce.
dimanche 10 juillet 2011
mercredi 6 juillet 2011
Un conte inédit
Il est toujours possible de livrer un conte en moins de deux. Mais cela finit par épuiser. Ce matin, j'aurais bien voulu vous raconter l'histoire de trois flics qui se sont faits foutre dehors de la police parce qu'ils buvaient comme des trous et ne respectaient pas leur quota de tickets à distribuer. Cependant je ne me sens pas la force mentale de leur donner des noms, de bâtir des dialogues, puis de décrire des situations parsemées de sacres et de blasphèmes antédiluviens.
Ce qui fait que je n'irai pas plus loin pour aujourd'hui.
Vivons. Vivez. Vis.
Ce qui fait que je n'irai pas plus loin pour aujourd'hui.
Vivons. Vivez. Vis.
mardi 5 juillet 2011
Jos Peddler
Jos Peddler ne s'appelle pas Jos ni Peddler mais tout le monde l'appelle Jos Peddler, si bien qu'on ne sait plus son nom: Alcide Gervais.
Jos Peddler est un petit bonhomme tout en nerfs qui vit de ce que le monde jette. Analphabète, il ne vit que pour le travail physique et se fait un honneur de déplacer à lui seul un frigo grâce à sa technique personnelle de transfert de poids. Pour les escaliers, Jos Peddler se place sous l'appareil électroménager et le laisse glisser sur les marches, beding bedang jusqu'en bas, avec la cigarette au bec, oui monsieur.
Tout glisse des escaliers jusqu'à sa petite remorque qu'il a fabriquée lui-même et installée après son vélo CCM usagé. Sa remorque peut contenir au moins deux électroménagers. Il attache des sacs après ses poignées de bicycle.
Il en travaille une christ de shot, Jos Peddler, mais il préfère ça à se tourner les pouces chez-lui.
-La tévé? C'est plate. La radio? C'est plate. Les journaux? J'sais pas lire... Fait que j'aime autant travailler pis faire d'l'argent... Un jour j'serai riche pis j'va's m'acheter un poste de tévé, une station d'radio pis un journal tabarnak! I' vont voir que Jos Peddler c'est pas un trou d'cul! Je m'pogne pas l'beigne moé calice!
C'est ce qu'en pense Jos Peddler. Et il a du nerf, le petit bonhomme. Trois quatre frigos par jour, tout seul, avec sa technique du transfert de poids... Le plus narfé des petits bonshommes de la paroisse Sainte-Cécile, y'a pas de doute là-dessus, calice que non...
Jos Peddler est un petit bonhomme tout en nerfs qui vit de ce que le monde jette. Analphabète, il ne vit que pour le travail physique et se fait un honneur de déplacer à lui seul un frigo grâce à sa technique personnelle de transfert de poids. Pour les escaliers, Jos Peddler se place sous l'appareil électroménager et le laisse glisser sur les marches, beding bedang jusqu'en bas, avec la cigarette au bec, oui monsieur.
Tout glisse des escaliers jusqu'à sa petite remorque qu'il a fabriquée lui-même et installée après son vélo CCM usagé. Sa remorque peut contenir au moins deux électroménagers. Il attache des sacs après ses poignées de bicycle.
Il en travaille une christ de shot, Jos Peddler, mais il préfère ça à se tourner les pouces chez-lui.
-La tévé? C'est plate. La radio? C'est plate. Les journaux? J'sais pas lire... Fait que j'aime autant travailler pis faire d'l'argent... Un jour j'serai riche pis j'va's m'acheter un poste de tévé, une station d'radio pis un journal tabarnak! I' vont voir que Jos Peddler c'est pas un trou d'cul! Je m'pogne pas l'beigne moé calice!
C'est ce qu'en pense Jos Peddler. Et il a du nerf, le petit bonhomme. Trois quatre frigos par jour, tout seul, avec sa technique du transfert de poids... Le plus narfé des petits bonshommes de la paroisse Sainte-Cécile, y'a pas de doute là-dessus, calice que non...
vendredi 1 juillet 2011
Quebec Moving Day
Nous avons coutume au Québec de déménager le 1er juillet, jour de la Fête du Canada. C'est un phénomène sans doute unique au monde où la fête d'un État corresponde au premier jour des baux annuels. Ce qui fait que la Fête du Canada a toujours été aussi excitante que la Sainte-Catherine, pour ceux et celles qui s'en souviennent, fête de la tire éponyme et des vieilles filles.
Plus personne ne sait ce que c'est, la Sainte-Catherine. Les traditions se perdent pour être remplacées par d'autres rituels tout aussi humains, sinon grotesques. On a remplacé la tire par le speed dans certains milieux. Tout dépend du point de vue. On fête pour un oui, pour un non et même pour un rien.
Quoi qu'il en soit, le 1er juillet, on déménage. On sue. On souffre. On pue.
Dans les petites rues de la ville, on voit des tas de camions qui se faufilent parmi des tas d'appareils électroménagers, de boîtes et autres matelas bourrés de punaises.
D'autres chanteraient leur pays avec fierté, mais pas les Québécois. Franchement, ils s'en calissent presqu'autant qu'ils se calissent de la reine, de Bill et de sa blonde. Le Canada, c'est comme une administration, rien de plus. On ne ressent rien d'émotif pour cet État. On le reconnaît par pur pragmatisme peut-être, beaucoup plus que par lâcheté comme le supputent les indépendantistes purs et durs.
En fait, les Québécois sont des anarchistes. Ils se crissent des indépendantistes autant que des fédéralistes. Ils veulent juste déménager en paix. Se faire une petite vie. Vivre le plus loin possible des administrations lourdes et sclérosantes, comme leurs ancêtres les Magouas ou bien les courreurs des bois le faisaient jadis.
Les pensées de la Haute? Ils s'en tabarnaquent. Ils les subissent, au jour le jour, en soupirant un peu. Et ils regardent vers la forêt, toujours prêts à s'y enfoncer, pour vivre libres comme de vrais humains. Qui sont les Québécois? Des Sauvages. Et je dis ça sans arrière-pensée, avec tendresse même.
Ce ne sont que des métaphores. Ce n'est pas de la grande sociologie. Mais c'est là, que je vous dis. Je n'ai pas la berlue. Je nous connais, allez!
Nous sommes trop libres pour avoir besoin de libérateurs.
Fête du Canada ou Fête de la tire Sainte-Catherine, on déménage.
On se libère du passé.
On regarde devant plutôt que derrière.
Canada Day or not, bonne journée.
Plus personne ne sait ce que c'est, la Sainte-Catherine. Les traditions se perdent pour être remplacées par d'autres rituels tout aussi humains, sinon grotesques. On a remplacé la tire par le speed dans certains milieux. Tout dépend du point de vue. On fête pour un oui, pour un non et même pour un rien.
Quoi qu'il en soit, le 1er juillet, on déménage. On sue. On souffre. On pue.
Dans les petites rues de la ville, on voit des tas de camions qui se faufilent parmi des tas d'appareils électroménagers, de boîtes et autres matelas bourrés de punaises.
D'autres chanteraient leur pays avec fierté, mais pas les Québécois. Franchement, ils s'en calissent presqu'autant qu'ils se calissent de la reine, de Bill et de sa blonde. Le Canada, c'est comme une administration, rien de plus. On ne ressent rien d'émotif pour cet État. On le reconnaît par pur pragmatisme peut-être, beaucoup plus que par lâcheté comme le supputent les indépendantistes purs et durs.
En fait, les Québécois sont des anarchistes. Ils se crissent des indépendantistes autant que des fédéralistes. Ils veulent juste déménager en paix. Se faire une petite vie. Vivre le plus loin possible des administrations lourdes et sclérosantes, comme leurs ancêtres les Magouas ou bien les courreurs des bois le faisaient jadis.
Les pensées de la Haute? Ils s'en tabarnaquent. Ils les subissent, au jour le jour, en soupirant un peu. Et ils regardent vers la forêt, toujours prêts à s'y enfoncer, pour vivre libres comme de vrais humains. Qui sont les Québécois? Des Sauvages. Et je dis ça sans arrière-pensée, avec tendresse même.
Ce ne sont que des métaphores. Ce n'est pas de la grande sociologie. Mais c'est là, que je vous dis. Je n'ai pas la berlue. Je nous connais, allez!
Nous sommes trop libres pour avoir besoin de libérateurs.
Fête du Canada ou Fête de la tire Sainte-Catherine, on déménage.
On se libère du passé.
On regarde devant plutôt que derrière.
Canada Day or not, bonne journée.