Curzio Malaparte est un écrivain proto-fasciste, vaguement futuriste, qui se fit arrêter par les sbires de Mussolini pour avoir publié «Techniques du coup d'État», un livre dans lequel il analysait la prise du pouvoir par les bolchéviks ainsi que par Mussolini. Mussolini n'aimait pas qu'il livre au peuple de telles techniques. C'est mauvais pour les affaires.
Malaparte disait substantiellement qu'il fallait s'emparer des moyens de communication, téléphone et télégraphe à l'époque, pour pouvoir tout de suite envoyer au peuple le message que le pouvoir est tombé et qu'il est maintenant entre les mains de Lénine ou Mussolini.
Vous comprendrez que ce modèle me répugne. Mais il convient tout de même de méditer un peu là-dessus. Puisque ça pouvait parfois se passer ainsi.
Qui contrôle le message dirige la fourmilière, en revenait à dire Malaparte.
De nos jours, tout change extrêmement vite avec l'Internet et les outils informatiques. Les kleptocrates ne contrôlent plus vraiment le message et ils deviennent extrêmement fragiles aux mouvements de masse qui les poussent au départ, à la honte et à l'exil, sinon à la comparution devant un tribunal qui les punira pour les crimes commis envers leur propre peuple.
Les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte sont des mouvements spontanés, sans chef, avec des tas de personnes anonymes qui décident tout simplement de marcher et de dire non à la dictature et à la corruption. Ils se parlent sur Facebook et les autres réseaux sociaux puis ils se rejoignent dans la rue. Les médias traditionnels peuvent être bouclés, les médias de l'avenir sont dans la rue, et ni les bolchéviks, ni les fascistes ne peuvent les contrôler. C'est comme l'aspiration légitime d'un peuple à la liberté, à la droiture d'âme de leurs représentants et au respect des droits de la personne.
Ils marchent parmi les chars d'assaut et s'envoient des images qui font le tour de la planète en moins d'un clic.
Le pouvoir ferme l'Internet. Les cracks rétablissent le son et les images. Et c'est la honte pour les potentats et leurs acolytes. C'est la fin des haricots. Ils ne peuvent tout de même plus leur envoyer l'armée puisqu'elle est déjà là et qu'elle fraternise avec les manifestants qui en font tout de suite des héros internationaux avec leurs cellulaires. C'est la révolution. L'armée, la police et la foule ne font qu'un contre le tyran.
Qui peut arrêter une telle vague? Qui peut arrêter un peuple qui se tient debout?
Personne. Pas même le maire de votre paroisse.
La révolution de jasmin se poursuit en Afrique du Nord et ailleurs.
C'est le temps des fleurs et on ignore la peur...
lundi 31 janvier 2011
dimanche 30 janvier 2011
Caltor de caltor!
Deux vieilles dames dans le circuit numéro 2 qui relie le Sanctuaire Notre-Dame-du-Cap au centre d'achats Les Rizières. Elles sont toutes deux menues. Les cheveux bleus. Les yeux encore grands ouverts sur le monde. Avec ce zeste d'achèvement dans l'âme et cette fatigue dans la voix. Un foulard autour du cou. Une grosse tuque sur la tête. Des lunettes à doubles foyers.
-Est bonne ma soupe aux navets, 'est ben bonne... En seulement que j'la sale pas trop par rapport que j't'ai une écoeurantite au foie...
-Une écoeurantite?
-Oui, oui, jéritol, une écoeurantite aiguë. C'est l'médecin qui m'a dit ça.
-Ok.
-I' parle juste d'la maudite politique à tévé pis i' nous mette p'us des beaux programmes.
-C'est vrai ça.
-Me dis qu'i' reste des belles z'affaires à faire quand même pis j'viens m'charcher des navets au Tsuper Tcé pour m'changer les idées.
-En tous 'es cas, quand i' fait frette, i' fait pas chaud.
-Non, non, non. On a la margoulette à terre. La fale au vent. Le vent qui écorne les boeufs! Pis l'boeuf haché qui baisse pas au Tsuper Tcé... Toutte coûte cher jéribouère! Maudit gouvernement plein d'marde!
-E'l'médecin m'a dit que toutte était ben beau. I' m'a prascrit des pelules. J'su's allé 'es charcher à 'a pharmacie tantôt... Y'avait du monde! Bonté divine qu'y'avait du monde! I' pourrait mettre plus de caissières? Ça irait plus vite!
-C'est l'chèque des pensions d'vieillesse aujourd'hui... Y'arrête pas d'm'achaler pour que j'èye une maudite carte de guichette! J'en veux pas de d'ça moé! Y'ont des caissières encore au centre-ville? Ben qu'i' nous servent si i' veulent garder leu' d'job Sainte-Bénite-de-Sorel!
-As-tu r'garder La Poule hier?
-J'écoute p'us La Poule. J'aime mieux le hockey. Y'a rien pour m'enlever mon hockey pis ma p'tite bière quand y'a pas de beaux programmes à 'a tévé.
-Y'en a p'us d'beaux programmes à 'a tévé! C'est rien qu'des impolis pis des d'jokes de cul! Du paf paf. Des fusils. Pis d'la violence... Après ça on s'sent p'us en sécurité toute seule dans 'es rues.
-Caltor de caltor!
La bus numéro 2 roule. Elle est pratiquement vide. On entend une toune stressante à la radio. Le chauffeur a crissé ça sur la station de musique qui diffuse des airs de missiles sifflants. Ziiiiiiiiiuuuuuuuuu. Zaaaaoum! Tzi! Tzi! Tzi! Pas de respect pour la conversation de nos deux vieilles dames.
-La musique est forte, caltor de caltor!
-Est bonne ma soupe aux navets, 'est ben bonne... En seulement que j'la sale pas trop par rapport que j't'ai une écoeurantite au foie...
-Une écoeurantite?
-Oui, oui, jéritol, une écoeurantite aiguë. C'est l'médecin qui m'a dit ça.
-Ok.
-I' parle juste d'la maudite politique à tévé pis i' nous mette p'us des beaux programmes.
-C'est vrai ça.
-Me dis qu'i' reste des belles z'affaires à faire quand même pis j'viens m'charcher des navets au Tsuper Tcé pour m'changer les idées.
-En tous 'es cas, quand i' fait frette, i' fait pas chaud.
-Non, non, non. On a la margoulette à terre. La fale au vent. Le vent qui écorne les boeufs! Pis l'boeuf haché qui baisse pas au Tsuper Tcé... Toutte coûte cher jéribouère! Maudit gouvernement plein d'marde!
-E'l'médecin m'a dit que toutte était ben beau. I' m'a prascrit des pelules. J'su's allé 'es charcher à 'a pharmacie tantôt... Y'avait du monde! Bonté divine qu'y'avait du monde! I' pourrait mettre plus de caissières? Ça irait plus vite!
-C'est l'chèque des pensions d'vieillesse aujourd'hui... Y'arrête pas d'm'achaler pour que j'èye une maudite carte de guichette! J'en veux pas de d'ça moé! Y'ont des caissières encore au centre-ville? Ben qu'i' nous servent si i' veulent garder leu' d'job Sainte-Bénite-de-Sorel!
-As-tu r'garder La Poule hier?
-J'écoute p'us La Poule. J'aime mieux le hockey. Y'a rien pour m'enlever mon hockey pis ma p'tite bière quand y'a pas de beaux programmes à 'a tévé.
-Y'en a p'us d'beaux programmes à 'a tévé! C'est rien qu'des impolis pis des d'jokes de cul! Du paf paf. Des fusils. Pis d'la violence... Après ça on s'sent p'us en sécurité toute seule dans 'es rues.
-Caltor de caltor!
La bus numéro 2 roule. Elle est pratiquement vide. On entend une toune stressante à la radio. Le chauffeur a crissé ça sur la station de musique qui diffuse des airs de missiles sifflants. Ziiiiiiiiiuuuuuuuuu. Zaaaaoum! Tzi! Tzi! Tzi! Pas de respect pour la conversation de nos deux vieilles dames.
-La musique est forte, caltor de caltor!
samedi 29 janvier 2011
La démocratie est en marche à Trois-Rivières?
Le maire de Trois-Rivières me fait penser à un acteur de film muet. Chaque fois qu'il vient pour agir ou pour parler, il reçoit un piano à queue sur la tête. Tout le monde rit plus ou moins jaune parce qu'on finit par se lasser de ces comédies rudimentaires. Elles se répètent ad nauseam depuis trop longtemps. Elles font honte à la démocratie et aux Trifluviens.
La comédie est finie.
Comme le disent les Tunisiens et les Égyptiens: «Dégage!»
En passant, ils utilisent beaucoup les médias sociaux pour faire de la démocratie, là-bas. Ce n'est pas inutile d'avoir son compte Google, Facebook, Tweeter, Hotmail, YouTube, etc. Les médias traditionnels vont chercher leurs infos... sur l'Internet! Et que cherchent-ils? Des images d'internautes, des rumeurs qui grondent, n'importe quoi. Comme une grosse pancarte où ce serait écrit: «Dégage!»...
Nous sommes à mille contre un au jeu des médias sociaux. Nous pouvons gagner. Nous pouvons vaincre la peur. À quand la prochaine marche dans les rues pour demander la destitution du maire de Trois-Rivières et de son conseil de pantins? Qui part l'annonce sur Facebook? Qui emmène son cellulaire et prend des vidéos?
La comédie est finie.
Comme le disent les Tunisiens et les Égyptiens: «Dégage!»
En passant, ils utilisent beaucoup les médias sociaux pour faire de la démocratie, là-bas. Ce n'est pas inutile d'avoir son compte Google, Facebook, Tweeter, Hotmail, YouTube, etc. Les médias traditionnels vont chercher leurs infos... sur l'Internet! Et que cherchent-ils? Des images d'internautes, des rumeurs qui grondent, n'importe quoi. Comme une grosse pancarte où ce serait écrit: «Dégage!»...
Nous sommes à mille contre un au jeu des médias sociaux. Nous pouvons gagner. Nous pouvons vaincre la peur. À quand la prochaine marche dans les rues pour demander la destitution du maire de Trois-Rivières et de son conseil de pantins? Qui part l'annonce sur Facebook? Qui emmène son cellulaire et prend des vidéos?
vendredi 28 janvier 2011
Après la Tunisie, l'Égypte, après l'Égypte, Mascouche, Laval, Trois-Rivières...
En Égypte, comme en Tunisie, ils sont prêts à descendre dans les rues pour lutter contre la corruption.
Ils sont prêts à affronter non seulement des gaz lacrymogènes, mais aussi des mitrailleuses.
-Ils ne peuvent pas nous tuer: nous sommes déjà morts! disent certains manifestants, à mains nues, portant des pancartes sur lesquelles on lit souvent ce simple mot qui en dit long: «Dégage!»
Les contempteurs de la liberté jugeront qu'il n'est pas nécessaire d'en faire autant contre la dictature...
Évidemment, ce sont ceux qui n'ont rien qui sont toujours au premier rang, traités comme des chiens, là où l'on reçoit des coups de bâtons.
Je salue leur courage et leur refus d'obéir aux petits dictateurs.
Il leur en coûte plus qu'il ne m'en coûte d'aller me pointer à l'Hôtel de ville de Trois-Rivières, par exemple, pour réclamer la destitution du maire. Je ne suis qu'un manifestant de ligue très mineure comparativement à l'abnégation que les Tunisiens et les Égyptiens témoignent dans la rue.
Je fais le pari que le pouvoir du peuple n'est pas une illusion.
C'est un mouvement de l'histoire qui est irréversible.
Tremblez tyrans, votre règne s'achève.
Le vingt-et-unième siècle sera démocratique ou bien il ne sera pas.
Ce qui vaut pour la Tunisie et l'Égypte vaut aussi pour Mascouche, Laval, Trois-Rivières, alouette!
De la démocratie, il n'en faut pas moins: il en faut plus!
La démocratie ce n'est pas un chèque en blanc ni une parodie de justice.
Autocrates du monde, partez.
Honte à tous les tyrans, despotes et autres crosseurs de la terre.
Power to the people!
Ils sont prêts à affronter non seulement des gaz lacrymogènes, mais aussi des mitrailleuses.
-Ils ne peuvent pas nous tuer: nous sommes déjà morts! disent certains manifestants, à mains nues, portant des pancartes sur lesquelles on lit souvent ce simple mot qui en dit long: «Dégage!»
Les contempteurs de la liberté jugeront qu'il n'est pas nécessaire d'en faire autant contre la dictature...
Évidemment, ce sont ceux qui n'ont rien qui sont toujours au premier rang, traités comme des chiens, là où l'on reçoit des coups de bâtons.
Je salue leur courage et leur refus d'obéir aux petits dictateurs.
Il leur en coûte plus qu'il ne m'en coûte d'aller me pointer à l'Hôtel de ville de Trois-Rivières, par exemple, pour réclamer la destitution du maire. Je ne suis qu'un manifestant de ligue très mineure comparativement à l'abnégation que les Tunisiens et les Égyptiens témoignent dans la rue.
Je fais le pari que le pouvoir du peuple n'est pas une illusion.
C'est un mouvement de l'histoire qui est irréversible.
Tremblez tyrans, votre règne s'achève.
Le vingt-et-unième siècle sera démocratique ou bien il ne sera pas.
Ce qui vaut pour la Tunisie et l'Égypte vaut aussi pour Mascouche, Laval, Trois-Rivières, alouette!
De la démocratie, il n'en faut pas moins: il en faut plus!
La démocratie ce n'est pas un chèque en blanc ni une parodie de justice.
Autocrates du monde, partez.
Honte à tous les tyrans, despotes et autres crosseurs de la terre.
Power to the people!
jeudi 27 janvier 2011
Au bout du monde
On dira ce qu'on voudra, tout ce que l'on dit sur le talent et les compétences relève de la supercherie. Dans notre monde trop réel, tout n'est que singeries et apparances. Il faut faire semblant de. Porter la calotte et l'uniforme appropriés. Rire quand tout le monde rit. Et se taire si quelqu'un pleure.
On voudrait bien que tout ne soit que grandeur et excellence. En fait, tout est petit, mesquin et ridicule. Tout repose sur des conventions qui ne sont suivies par personne. On s'invente des règles pour les autres et on vit pour soi-même. On donne des médailles aux lâches. On offre la prison aux braves. On récompense les paresseux. On punit les travaillants.
Éloi Duranleau avait décroché complètement de ces «on» qui n'incluaient jamais la personne qui parlait. Il avait trouvé des tas d'exception à toutes les règles et se disait sagement que les exceptions détruisaient les règles. Il ne voyait autour de lui que des automates et des automatismes. Peu de sincérité. Du mensonge à tour de bras. Et de l'hypocrisie accotée dans le plafond. Sans compter que l'air était devenu irrespirable et que les piétons se faisaient happer aux coins des rues par des tarlais qui n'auraient jamais dû obtenir un permis de conduire.
Ce qui fait qu'il était parti, fort loin, au bout de la route. Et le bout de la route, en l'occurrence, c'était Glouscapville. Après Glouscapville c'était la toundra. Et après la toundra, l'océan glacé.
Duranleau s'était donc installé aux limites de la toundra, à une heure de marche de son travail, comme s'il était la créature de Frankenstein.
Et quel était son travail? Lui-même ne savait quoi dire à ce sujet.
Il vivait de ceci ou cela, sans trop se casser la tête, comme un habitant du Nord. Under the table, si vous voyez ce que je veux dire. Et il était enfin heureux, libre et loin de tous les cancans urbains.
-Je r'tournerais plus vivre dans la grande ville! qu'il disait souvent. Y'a juste de la folie dans le Sud! Sont tous en train de péter une coche!
Avait-il tort ou raison? Je ne saurais le dire. Mais le fait demeure qu'il avait ressuscité à Glouscapville. Il s'était même fait une blonde, une famille et tout le reste.
Le soir, tout ce beau monde contemplait le lac glacé, les épinettes, les aurores boréales et les étoiles.
-Tabarnak que j'perdais mon temps à Montréal! disait souvent Duranleau en se félicitant de la chance qu'il avait de s'être installé au bout du monde.
On voudrait bien que tout ne soit que grandeur et excellence. En fait, tout est petit, mesquin et ridicule. Tout repose sur des conventions qui ne sont suivies par personne. On s'invente des règles pour les autres et on vit pour soi-même. On donne des médailles aux lâches. On offre la prison aux braves. On récompense les paresseux. On punit les travaillants.
Éloi Duranleau avait décroché complètement de ces «on» qui n'incluaient jamais la personne qui parlait. Il avait trouvé des tas d'exception à toutes les règles et se disait sagement que les exceptions détruisaient les règles. Il ne voyait autour de lui que des automates et des automatismes. Peu de sincérité. Du mensonge à tour de bras. Et de l'hypocrisie accotée dans le plafond. Sans compter que l'air était devenu irrespirable et que les piétons se faisaient happer aux coins des rues par des tarlais qui n'auraient jamais dû obtenir un permis de conduire.
Ce qui fait qu'il était parti, fort loin, au bout de la route. Et le bout de la route, en l'occurrence, c'était Glouscapville. Après Glouscapville c'était la toundra. Et après la toundra, l'océan glacé.
Duranleau s'était donc installé aux limites de la toundra, à une heure de marche de son travail, comme s'il était la créature de Frankenstein.
Et quel était son travail? Lui-même ne savait quoi dire à ce sujet.
Il vivait de ceci ou cela, sans trop se casser la tête, comme un habitant du Nord. Under the table, si vous voyez ce que je veux dire. Et il était enfin heureux, libre et loin de tous les cancans urbains.
-Je r'tournerais plus vivre dans la grande ville! qu'il disait souvent. Y'a juste de la folie dans le Sud! Sont tous en train de péter une coche!
Avait-il tort ou raison? Je ne saurais le dire. Mais le fait demeure qu'il avait ressuscité à Glouscapville. Il s'était même fait une blonde, une famille et tout le reste.
Le soir, tout ce beau monde contemplait le lac glacé, les épinettes, les aurores boréales et les étoiles.
-Tabarnak que j'perdais mon temps à Montréal! disait souvent Duranleau en se félicitant de la chance qu'il avait de s'être installé au bout du monde.
mercredi 26 janvier 2011
La tentation d'écrire au je et autres conneries du jour
Je m'en veux toujours un peu d'être si faible face à la tentation d'écrire au je. Parler de moi me semble toujours superflu. Ce n'est pas du moi qui doit émaner de moi, mais quelque chose de nouveau, quelque chose qui transcende ma simple condition d'organisme vivant.
L'art me rapproche de l'infini mais pas question que je vous dise ça sérieusement. Pouet! Cibouère que non.
Je fais de l'art pour nous divertir entre singes que nous sommes. Comme si l'on tuait le temps, ensemble, au coin du feu.
Évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde. C'est leur affaire. Qu'ils se fassent un feu ailleurs. Il y a de la place en masse. Et puis je peux même me passer de feu, justement parce que j'ai des passions: l'amour, la musique, la peinture, le dessin, la gigue et la bouffe.
En attendant, je vous promets de la nouveauté sur ce blogue. Simplement du nouveau et encore du nouveau. Plus de musique. Plus de peinture. Plus de petits dessins débiles et textes d'une grande beauté.
Et retenez cela: personne n'a besoin de vous dire retenez cela.
Merci beaucoup et à bientôt chers zamis et zamises.
mardi 25 janvier 2011
Soulèvement populaire dans la municipalité de Macoucouche
Son vrai nom est sans importance. À peu près tout les habitants de la ville l'appelaient le maire Lacrotte. Et à peu près tout le monde souhaitait qu'il dégage.
-Le maire Lacrotte c'est un hostie d'crosseur! Un magouilleur! Un fraudeur! Un plein d'marde!
Et ils étaient des tas lors des séances publiques du conseil municipal à demander qu'il soit destitué.
Le dossier était crissement épais. Les preuves plus qu'évidentes même pour le plus ivrogne des avocats. Cependant, ça s'était toujours fait ainsi dans le comté: une marionnette portée au pouvoir par une poignée de contracteurs. Rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, ça faisait dégueuler le monde plus que d'habitude de savoir que le maire Lacrotte se bourrait les poches avec le cash des contribuables comme s'ils étaient inféodés à ce tabarnak de plein d'marde.
Lacrotte les défiait. Il ne voulait pas partir, malgré la pression populaire.
Heureusement qu'un jour les policiers en eurent plein l'cul d'assister au spectacle de la tyrannie.
Ce jour-là, c'était hier.
Les policiers ont prêté main-forte aux citoyens qui ont décidé de sortir physiquement le maire de l'endroit et de prononcer formellement sa destitution. Tous les citoyens de la ville de Macoucouche, même les policiers, ont intimé à Lacrotte l'ordre de quitter la salle du conseil. Comme il résistait, ils lui ont passé les menottes sous les applaudissements de la foule rassemblée autour de l'Hôtel de ville. Une crisse de foule mon homme... Oua, au moins cinq milles personnes. Sur une ville de cinq mille huit cent trois personnes, c'est un bon score.
Aussi, le système a décidé de traduire Lacrotte devant les tribunaux pour sauver la face et étouffer l'exemple d'un authentique soulèvement populaire, inévitable suite à l'incurie de nos institutions à protéger le peuple des crosseurs et des pleins d'marde comme l'ex-maire Lacrotte.
Entre vous et moi, c'était pas le pire de la bande. Et c'est dommage que Lacrotte paie pour tous les autres, pour que notre saint gouvernement de conseillers en marketing sauve la face dans ces histoires de révolution qui circulent sur le ouèbe.
-Le maire Lacrotte c'est un hostie d'crosseur! Un magouilleur! Un fraudeur! Un plein d'marde!
Et ils étaient des tas lors des séances publiques du conseil municipal à demander qu'il soit destitué.
Le dossier était crissement épais. Les preuves plus qu'évidentes même pour le plus ivrogne des avocats. Cependant, ça s'était toujours fait ainsi dans le comté: une marionnette portée au pouvoir par une poignée de contracteurs. Rien de nouveau sous le soleil. Pourtant, ça faisait dégueuler le monde plus que d'habitude de savoir que le maire Lacrotte se bourrait les poches avec le cash des contribuables comme s'ils étaient inféodés à ce tabarnak de plein d'marde.
Lacrotte les défiait. Il ne voulait pas partir, malgré la pression populaire.
Heureusement qu'un jour les policiers en eurent plein l'cul d'assister au spectacle de la tyrannie.
Ce jour-là, c'était hier.
Les policiers ont prêté main-forte aux citoyens qui ont décidé de sortir physiquement le maire de l'endroit et de prononcer formellement sa destitution. Tous les citoyens de la ville de Macoucouche, même les policiers, ont intimé à Lacrotte l'ordre de quitter la salle du conseil. Comme il résistait, ils lui ont passé les menottes sous les applaudissements de la foule rassemblée autour de l'Hôtel de ville. Une crisse de foule mon homme... Oua, au moins cinq milles personnes. Sur une ville de cinq mille huit cent trois personnes, c'est un bon score.
Aussi, le système a décidé de traduire Lacrotte devant les tribunaux pour sauver la face et étouffer l'exemple d'un authentique soulèvement populaire, inévitable suite à l'incurie de nos institutions à protéger le peuple des crosseurs et des pleins d'marde comme l'ex-maire Lacrotte.
Entre vous et moi, c'était pas le pire de la bande. Et c'est dommage que Lacrotte paie pour tous les autres, pour que notre saint gouvernement de conseillers en marketing sauve la face dans ces histoires de révolution qui circulent sur le ouèbe.
lundi 24 janvier 2011
L'hiver c'est pas fait pour les lopettes
À entendre les bulletins de nouvelles, ce matin, j'en conclus que nous sommes devenus des lopettes.
Ou bien qu'on embauche seulement des lopettes dans les médias.
Un petit froid de -28 Celsius qui va muter en -7 au cours de la journée. On en a vu d'autres. Et des pires.
Et à les entendre tous, c'est la fin du monde. Il faudrait attacher notre tuque avec de la broche et se faire trois ou quatre tours de dock tape autour de la tête pour maintenir notre foulard bien en place.
Bref, ils se prennent tous pour ma mère, ce matin, et je ne leur ai rien demandé.
-Mets ton foulard! Attache bien ta tuque! Réduis ta consommation en électricité!
Je veux bien, mais quel stress pour pas grand chose.
Pour -44 Celsius, un -44 réel sans facteur de refroidissement éolien, je trouverais plus approprié de lancer quelques signaux d'alarme. En bas de -44 Celsius, un Québécois et une Québécoise doivent prouver qu'ils sont faits forts. Autrement, ça ne vaut pas la peine de vivre ici. Perte de temps totale.
Idem pour les tempêtes de neige. Ne pas paniquer avec deux pieds de neige, c'est-à-dire soixante centimètres pour les nouveaux venus. Deux pieds de neige, bon, c'est beaucoup. Dix centimètres, c'est à peine de quoi faire sa demie heure d'exercice quotidien. Un temps de lopette.
Aimer le froid et la neige, au Québec, c'est indispensable pour y apprécier la vie.
C'est notre saison la plus longue, qui commence en octobre et se termine en avril.
C'est notre raison d'être.
C'est l'hiver, un point c'est tout.
Et si votre char ne démarre pas, eh bien marchez. Attachez votre tuque avec de la broche. Enfilez des bottes un peu moins belles et un peu plus chaudes. Faites-vous deux ou trois tours de dock tape autour du foulard. Etc.
Ou bien qu'on embauche seulement des lopettes dans les médias.
Un petit froid de -28 Celsius qui va muter en -7 au cours de la journée. On en a vu d'autres. Et des pires.
Et à les entendre tous, c'est la fin du monde. Il faudrait attacher notre tuque avec de la broche et se faire trois ou quatre tours de dock tape autour de la tête pour maintenir notre foulard bien en place.
Bref, ils se prennent tous pour ma mère, ce matin, et je ne leur ai rien demandé.
-Mets ton foulard! Attache bien ta tuque! Réduis ta consommation en électricité!
Je veux bien, mais quel stress pour pas grand chose.
Pour -44 Celsius, un -44 réel sans facteur de refroidissement éolien, je trouverais plus approprié de lancer quelques signaux d'alarme. En bas de -44 Celsius, un Québécois et une Québécoise doivent prouver qu'ils sont faits forts. Autrement, ça ne vaut pas la peine de vivre ici. Perte de temps totale.
Idem pour les tempêtes de neige. Ne pas paniquer avec deux pieds de neige, c'est-à-dire soixante centimètres pour les nouveaux venus. Deux pieds de neige, bon, c'est beaucoup. Dix centimètres, c'est à peine de quoi faire sa demie heure d'exercice quotidien. Un temps de lopette.
Aimer le froid et la neige, au Québec, c'est indispensable pour y apprécier la vie.
C'est notre saison la plus longue, qui commence en octobre et se termine en avril.
C'est notre raison d'être.
C'est l'hiver, un point c'est tout.
Et si votre char ne démarre pas, eh bien marchez. Attachez votre tuque avec de la broche. Enfilez des bottes un peu moins belles et un peu plus chaudes. Faites-vous deux ou trois tours de dock tape autour du foulard. Etc.
dimanche 23 janvier 2011
Cul-de-Basse-Fosse n'est pas un vrai drummeur
Luc alias Cul-de-basse-fosse n'était pas vraiment un virtuose de la batterie aux yeux de tous ceux qui pratiquaient le drum pour de l'argent.
-I' joue jusse du snair calice! Même pas de cymbales! Rien qu'du crisse de snair! Y'a rien là saint-chrême!
Voilà ce qu'on entendait à peu près unanimement dans la confrérie des tapeurs de tambours et de cloches à vache.
Cul-de-basse-fosse y figurait comme l'idiot du village, celui qui ne sait pas vraiment jouer, et qui fait juste semblant. Et puis l'on riait aussi du fait qu'il buvait de la mauvaise bière, de la bière de dépanneur, la marque la moins chère avec le pourcentage d'alcool le plus élevé.
Remarquez que Cul-de-Basse-Fosse n'en avait besoin que d'une seule de format 1,5 litres. Ce qu'il fallait pour être au diapason des trois autres membres de leur orchestre: Flamingo le guitariste, Turlututu le bassiste et un gros tabarnak qui chantait ses poèmes à la va-comme-j'te-pousse, en français, probablement pour les subventions.
-Vous vivriez pas de d'ça dans 'es bars caltor! qu'on disait chez les drummeurs, en prèsence de Cul-de-Basse-Fosse, comme si l'on cherchait à l'humilier.
Cul-de-Basse-Fosse riait dans sa grosse barbe.
On l'appelait Cul-de-Basse-Fosse pour une raison trop ancienne. Ce surnom datait du temps de sa jeunesse, sur le rang de la Basse-Fosse, à Saint-Félicien-des-Éboulements, au pays du Wendigo, le Mauvais Esprit qui souffle entre les fines branches des épinettes quand l'hiver se fait trop long. Ce qui fait que tout le monde pète sa coche et finit par devenir musicien malgré lui, même Cul-de-Basse-Fosse avec son snair.
Il pouvait bien rire dans sa grosse barbe rousse, Cul-de-Basse-Fosse, puisque son groupe, Les mangeux d'soupe, vivait plutôt bien sans recevoir aucune calice de subvention sale.
Ils jouaient pour le plaisir. Ce plaisir était communicatif et, surtout, cela mettait en évidence le jeu de la section des cordes.
Et même des cordes vocales puisque le gros tabarnak chantait mieux quand il n'y avait pas une grosse batterie pour lui donner l'envie de beugler avec un arrière-fond sonore de poulie qui grince.
Ça faisait des Mangeux d'soupe un band qui vivait bien. On y entendait les instruments de musique. C'était pas un show de drum, avec tout le respect qu'on puisse leur porter suite à cette tirade.
Quoi qu'il en soit, j'étais là lorsque Cul-de-Basse-Fosse leur cloua le bec. Ça s'est passé pas plus tard que la semaine passée, au Zigoto, un bar réputé pour ses langues de porc dans le vinaigre et ses oeufs à la coque. Un endroit inédit pour une rencontre entre drummeurs. C'est vrai que les studios des musiciens sont à deux pas du Zigoto. Donc, faut pas trop s'étonner qu'on les trouve tous là, les drummeurs, ces mêmes drummeurs qui se moquent tout le temps de Cul-de-Basse-Fosse et de son snair.
-Écoutez-moé bien, qu'il leur a dit, Cul-de-Basse-Fosse. Vous pensez que j'suis pas un vrai drummeur juste parce que e'j'joue du snair? Ok... E'joue du snair. Rien qu'ça. Mais m'en va's vous en conter une mes tabarnaks! Ça s'passe dans le temps où Genesis faisait des auditions pour un nouveau drummeur... Peter Gabriel, Mike Rutherford pis Tony Banks ont vu défiler tout plein de drummeurs qui leur faisaient des hosties d'solo de drum d'enfer. Ratatata clink pouet! Toute la journée, rien qu'des hosties d'solo! Pis là y'arrive un gars qui s'met à leur jouer quelque chose le plus lentement qu'il pouvait. C'était Phil Collins. Pis y'est devenu le drummeur de Genesis! Pourquoi? Parce que Genesis voulait faire d'la musique, pas rien qu'du bruit! Si vous saviez les boys comme les guitaristes sont contents d'jouer avec moé! J'massacre pas leurs tounes, moé, saint-cibouère! Bon ben, let's drink to that! Das broviè! Salud! Tchin! Tchin!
-I' joue jusse du snair calice! Même pas de cymbales! Rien qu'du crisse de snair! Y'a rien là saint-chrême!
Voilà ce qu'on entendait à peu près unanimement dans la confrérie des tapeurs de tambours et de cloches à vache.
Cul-de-basse-fosse y figurait comme l'idiot du village, celui qui ne sait pas vraiment jouer, et qui fait juste semblant. Et puis l'on riait aussi du fait qu'il buvait de la mauvaise bière, de la bière de dépanneur, la marque la moins chère avec le pourcentage d'alcool le plus élevé.
Remarquez que Cul-de-Basse-Fosse n'en avait besoin que d'une seule de format 1,5 litres. Ce qu'il fallait pour être au diapason des trois autres membres de leur orchestre: Flamingo le guitariste, Turlututu le bassiste et un gros tabarnak qui chantait ses poèmes à la va-comme-j'te-pousse, en français, probablement pour les subventions.
-Vous vivriez pas de d'ça dans 'es bars caltor! qu'on disait chez les drummeurs, en prèsence de Cul-de-Basse-Fosse, comme si l'on cherchait à l'humilier.
Cul-de-Basse-Fosse riait dans sa grosse barbe.
On l'appelait Cul-de-Basse-Fosse pour une raison trop ancienne. Ce surnom datait du temps de sa jeunesse, sur le rang de la Basse-Fosse, à Saint-Félicien-des-Éboulements, au pays du Wendigo, le Mauvais Esprit qui souffle entre les fines branches des épinettes quand l'hiver se fait trop long. Ce qui fait que tout le monde pète sa coche et finit par devenir musicien malgré lui, même Cul-de-Basse-Fosse avec son snair.
Il pouvait bien rire dans sa grosse barbe rousse, Cul-de-Basse-Fosse, puisque son groupe, Les mangeux d'soupe, vivait plutôt bien sans recevoir aucune calice de subvention sale.
Ils jouaient pour le plaisir. Ce plaisir était communicatif et, surtout, cela mettait en évidence le jeu de la section des cordes.
Et même des cordes vocales puisque le gros tabarnak chantait mieux quand il n'y avait pas une grosse batterie pour lui donner l'envie de beugler avec un arrière-fond sonore de poulie qui grince.
Ça faisait des Mangeux d'soupe un band qui vivait bien. On y entendait les instruments de musique. C'était pas un show de drum, avec tout le respect qu'on puisse leur porter suite à cette tirade.
Quoi qu'il en soit, j'étais là lorsque Cul-de-Basse-Fosse leur cloua le bec. Ça s'est passé pas plus tard que la semaine passée, au Zigoto, un bar réputé pour ses langues de porc dans le vinaigre et ses oeufs à la coque. Un endroit inédit pour une rencontre entre drummeurs. C'est vrai que les studios des musiciens sont à deux pas du Zigoto. Donc, faut pas trop s'étonner qu'on les trouve tous là, les drummeurs, ces mêmes drummeurs qui se moquent tout le temps de Cul-de-Basse-Fosse et de son snair.
-Écoutez-moé bien, qu'il leur a dit, Cul-de-Basse-Fosse. Vous pensez que j'suis pas un vrai drummeur juste parce que e'j'joue du snair? Ok... E'joue du snair. Rien qu'ça. Mais m'en va's vous en conter une mes tabarnaks! Ça s'passe dans le temps où Genesis faisait des auditions pour un nouveau drummeur... Peter Gabriel, Mike Rutherford pis Tony Banks ont vu défiler tout plein de drummeurs qui leur faisaient des hosties d'solo de drum d'enfer. Ratatata clink pouet! Toute la journée, rien qu'des hosties d'solo! Pis là y'arrive un gars qui s'met à leur jouer quelque chose le plus lentement qu'il pouvait. C'était Phil Collins. Pis y'est devenu le drummeur de Genesis! Pourquoi? Parce que Genesis voulait faire d'la musique, pas rien qu'du bruit! Si vous saviez les boys comme les guitaristes sont contents d'jouer avec moé! J'massacre pas leurs tounes, moé, saint-cibouère! Bon ben, let's drink to that! Das broviè! Salud! Tchin! Tchin!
samedi 22 janvier 2011
Pendant la pause
Leurs vêtements sont détrempés par l'effort physique. Ils ont déplacés des tas de pneus pendant les quatre dernières heures et c'est maintenant le moment de la pause.
-On en a travaillé une crisse de shot! déclare tout de go Dufresne, un trentenaire qui vit seul dans un vieux logement humide propice à la culture des champignons. Dufresne a un gros nez et ne se rase pas souvent.
-Ouais! répond Courchesne, un gars de la même catégorie d'âge qui vit avec sa blonde dans un bloc appartement qui sent la pisse de chat. Courchesne a un gros nez mais n'a plus de sourcils puisqu'ils ont grillés suite à un feu de patates frites survenu dans sa tendre enfance.
Devant eux, la bouffe. Deux pommes et un bâtonnet de fromage pour Dufresne. Une salade de lentilles pour Courchesne.
L'un croque, l'autre mâche, et à travers tout ça ils trouvent le temps de bavarder.
-Vaclav Havel... La Charte 77... souffle Dufresne entre deux croquées de pomme. La révolution de velours a été rendue possible par les actions d'une minorité... Comme la révolution à Cuba, dans un tout autre d'idées... Cela prouve néanmoins le rôle des minorités agissantes...
-Je ne sais pas pourquoi tu me reviens tout le temps avec la politique! coupe Courchesne. Je suis partisan des droits de la personne et j'aime la tarte aux pommes, ok. Mais l'essentiel se passe ailleurs. La politique est un reflet de la culture. Si la culture change les moeurs, les moeurs changent la politique et...
-Ah! Pis laissons faire la politique Courchesne! retorque Dufresne. Je suis en train de lire Les contes du Lundi de Alphonse Daudet. C'est une écriture très fine, sobre et relativement enjouée. Je suis plongé aussi dans une relecture de l'oeuvre d'un fou qui s'appelait Charles Berbiguier de Terre-Neuve de l'Île-du-Thym... Un livre intitulé Les farfadets où il raconte ses déboires avec... les farfadets! Du délire... Mais plutôt bien écrit... Une curiosité littéraire quoi...
-Moi je lis les Relations des Jésuites sur la Nouvelle-France. Une source de renseignements sur les autochtones à travers le prisme déformé du jésuite. Tout ce qu'ils reprochent aux Indiens sont leurs qualités: leur indépendance, leur indocilité, leur négation de l'autorité. Fascinant.
-Bon ben je crois bien que c'est le temps de retourner à nos pneus, Courchesne...
-Ouin... C'est pas long vingt minutes...
-Au fait, Courchesne, savais-tu que Vaclav Havel roulait des tonneaux dans un entrepôt?
-Oui.
-Et il est devenu président de la Tchécoslovaquie... Il a dit que la Tchécoslovaquie était tellement corrompue qu'il n'y a qu'en prison qu'on trouvera des justes. «Un jour c'est un ancien prisonnier qui sera président» qu'il a écrit dans l'une de ses pièces... Et paf! La Révolution de velours! Vaclav Havel est en prison une fois de plus pour une histoire de pétition... Et le peuple le désigne comme président de la république alors qu'il est derrière les barreaux!
-Ouais. En attendant, allons rouler nos pneus camarade.
-On en a travaillé une crisse de shot! déclare tout de go Dufresne, un trentenaire qui vit seul dans un vieux logement humide propice à la culture des champignons. Dufresne a un gros nez et ne se rase pas souvent.
-Ouais! répond Courchesne, un gars de la même catégorie d'âge qui vit avec sa blonde dans un bloc appartement qui sent la pisse de chat. Courchesne a un gros nez mais n'a plus de sourcils puisqu'ils ont grillés suite à un feu de patates frites survenu dans sa tendre enfance.
Devant eux, la bouffe. Deux pommes et un bâtonnet de fromage pour Dufresne. Une salade de lentilles pour Courchesne.
L'un croque, l'autre mâche, et à travers tout ça ils trouvent le temps de bavarder.
-Vaclav Havel... La Charte 77... souffle Dufresne entre deux croquées de pomme. La révolution de velours a été rendue possible par les actions d'une minorité... Comme la révolution à Cuba, dans un tout autre d'idées... Cela prouve néanmoins le rôle des minorités agissantes...
-Je ne sais pas pourquoi tu me reviens tout le temps avec la politique! coupe Courchesne. Je suis partisan des droits de la personne et j'aime la tarte aux pommes, ok. Mais l'essentiel se passe ailleurs. La politique est un reflet de la culture. Si la culture change les moeurs, les moeurs changent la politique et...
-Ah! Pis laissons faire la politique Courchesne! retorque Dufresne. Je suis en train de lire Les contes du Lundi de Alphonse Daudet. C'est une écriture très fine, sobre et relativement enjouée. Je suis plongé aussi dans une relecture de l'oeuvre d'un fou qui s'appelait Charles Berbiguier de Terre-Neuve de l'Île-du-Thym... Un livre intitulé Les farfadets où il raconte ses déboires avec... les farfadets! Du délire... Mais plutôt bien écrit... Une curiosité littéraire quoi...
-Moi je lis les Relations des Jésuites sur la Nouvelle-France. Une source de renseignements sur les autochtones à travers le prisme déformé du jésuite. Tout ce qu'ils reprochent aux Indiens sont leurs qualités: leur indépendance, leur indocilité, leur négation de l'autorité. Fascinant.
-Bon ben je crois bien que c'est le temps de retourner à nos pneus, Courchesne...
-Ouin... C'est pas long vingt minutes...
-Au fait, Courchesne, savais-tu que Vaclav Havel roulait des tonneaux dans un entrepôt?
-Oui.
-Et il est devenu président de la Tchécoslovaquie... Il a dit que la Tchécoslovaquie était tellement corrompue qu'il n'y a qu'en prison qu'on trouvera des justes. «Un jour c'est un ancien prisonnier qui sera président» qu'il a écrit dans l'une de ses pièces... Et paf! La Révolution de velours! Vaclav Havel est en prison une fois de plus pour une histoire de pétition... Et le peuple le désigne comme président de la république alors qu'il est derrière les barreaux!
-Ouais. En attendant, allons rouler nos pneus camarade.
vendredi 21 janvier 2011
Irenée Pépin: fier Trifluvien
J'ai eu bien des professeurs dans ma vie mais bien peu m'ont enseigné autant que Monsieur Pépin.
Le Nouvelliste a publié le texte que j'ai écrit aux mânes de ce grand homme. C'est ici.
Le Nouvelliste a publié le texte que j'ai écrit aux mânes de ce grand homme. C'est ici.
jeudi 20 janvier 2011
Lis tes ratures
Christian, mon frère aîné, m'a récemment demandé de colliger mes textes qui traitent de littérature. J'en ai écrit un peu plus que quelques-uns, par plaisir plutôt que par devoir. Ce n'est pas une mauvaise idée, mais je devrai travailler pour la concrétiser, ce qui soustraira des heures de lecture de mon agenda.
Évidemment, avant même que de regrouper ces textes, je me suis mis à méditer sur la place que la littérature occupe dans ma vie.
J'en ai parlé abondamment avec mon ami Rob Bob cette semaine. Et curieusement, nous arrivions souvent aux mêmes conclusions sur tel ou tel auteur. J'en ai conclu que nous n'aimions que la littérature intéressante. Tout ce qui n'est que jeux de mots et théories floues nous indiffère. Tout ce qui porte du sens et nous émerveille mérite des éloges. On préfère les sages chinois aux philosophes grecs ou allemands. On se sent des affinités avec les bons raconteurs d'histoire plutôt qu'avec les intellectuels qui ne savent pas bien rapporter leur truc. Toutes les recherches formelles en littérature nous endorment.
Je reviendrai un jour ou l'autre sur cette belle conversation littéraire avec Rob Bob. Conversation qui m'a conforté dans mes positions vis à vis tel ou tel écrivain.
***
Pour résumer, sans trop m'expliquer.
J'aime Alphonse Daudet, François Rabelais et Jonathan Swift parce qu'ils contribuèrent très tôt à mon éveil face à la littérature. J'ai lu Tartarin de Tarascon, Gargantua et Les voyages de Gulliver dans des fiches de lecture, à l'école primaire St-Jean-de-Bosco. J'y suis revenu plus tard, pour lire l'oeuvre entière. Et je n'ai pas été déçu. J'y reviens encore de temps à autre, et j'y reviendrai probablement toute ma vie. Ces trois auteurs constituent la pierre d'assise de mon goût pour les lettres.
Je n'aime pas Kant, Hegel, Novalis et à peu près tous les auteurs allemands. Trop lourd. Trop emberlificoté.
J'aime un peu Nietzsche mais ça passe de plus en plus serré.
Bon, j'en aurais encore long à dire, mais il faut bien que je me garde du contenu pour un prochain billet.
Donc, contentons-nous de ce survol léger pour cette fois.
J'approfondirai bientôt le sujet, avec des citations s'il le faut.
L'important, pour moi, c'est de retenir que la littérature m'a sauvé de l'ennui, de l'injustice, de la pauvreté, du désespoir, de toutes formes de manifestations négatives dans ma vie. Et elle me sauvera toujours de tout ce qui me dégoûte.
C'est ça qui est ça...
Évidemment, avant même que de regrouper ces textes, je me suis mis à méditer sur la place que la littérature occupe dans ma vie.
J'en ai parlé abondamment avec mon ami Rob Bob cette semaine. Et curieusement, nous arrivions souvent aux mêmes conclusions sur tel ou tel auteur. J'en ai conclu que nous n'aimions que la littérature intéressante. Tout ce qui n'est que jeux de mots et théories floues nous indiffère. Tout ce qui porte du sens et nous émerveille mérite des éloges. On préfère les sages chinois aux philosophes grecs ou allemands. On se sent des affinités avec les bons raconteurs d'histoire plutôt qu'avec les intellectuels qui ne savent pas bien rapporter leur truc. Toutes les recherches formelles en littérature nous endorment.
Je reviendrai un jour ou l'autre sur cette belle conversation littéraire avec Rob Bob. Conversation qui m'a conforté dans mes positions vis à vis tel ou tel écrivain.
***
Pour résumer, sans trop m'expliquer.
J'aime Alphonse Daudet, François Rabelais et Jonathan Swift parce qu'ils contribuèrent très tôt à mon éveil face à la littérature. J'ai lu Tartarin de Tarascon, Gargantua et Les voyages de Gulliver dans des fiches de lecture, à l'école primaire St-Jean-de-Bosco. J'y suis revenu plus tard, pour lire l'oeuvre entière. Et je n'ai pas été déçu. J'y reviens encore de temps à autre, et j'y reviendrai probablement toute ma vie. Ces trois auteurs constituent la pierre d'assise de mon goût pour les lettres.
Je n'aime pas Kant, Hegel, Novalis et à peu près tous les auteurs allemands. Trop lourd. Trop emberlificoté.
J'aime un peu Nietzsche mais ça passe de plus en plus serré.
Bon, j'en aurais encore long à dire, mais il faut bien que je me garde du contenu pour un prochain billet.
Donc, contentons-nous de ce survol léger pour cette fois.
J'approfondirai bientôt le sujet, avec des citations s'il le faut.
L'important, pour moi, c'est de retenir que la littérature m'a sauvé de l'ennui, de l'injustice, de la pauvreté, du désespoir, de toutes formes de manifestations négatives dans ma vie. Et elle me sauvera toujours de tout ce qui me dégoûte.
C'est ça qui est ça...
mercredi 19 janvier 2011
Seulement un petit capital d'indignation
-Il faut entretenir son indignation sans la flamber tout d'un coup. On ne possède dans la vie qu'un petit capital d'indignation...
La voix de Djo ne se faisait pratiquement pas entendre. C'est à peine s'il sussurait le tabarnak. Ce qui fait qu'on se foutait bien de ce qu'il disait, puisque la plupart des gens sont sourds à force de se crisser de la musique à plein volume dans les oreilles.
-Un petit capital d'indignation... Ne serait-ce qu'au plan des ressources humaines, ajouta Bill, le seul qui l'écoutait.
Bill était assis droit devant Djo. Il n'avait aucun mérite à saisir ce que l'autre pouvait lui dire.
-Si nous n'avons pas beaucoup d'indignation au plan personnel, rajouta Bill, je soupçonne que nous avons encore moins d'indignés... Tu vois Djo? Moins de ressources humaines...
-Ouais, lui répondit Djo en fixant un point quelconque à l'horizon, peut-être la poubelle verte qui se trouvait à la hauteur de son regard.
À moins qu'il ne fixait les pancartes sur la table. Des pancartes où c'était écrit «Démocratie», «Dégage Untel!», «Crissez-vous-lé dans l'cul vot' gaz de schiste!», «Etc.». On voyait aussi des petits bonshommes avec des groz nez. Et des caricatures de politiciens locaux avec des excréments sur la tête.
-J'pense qu'on devrait laisser faire pour la pancarte d'Untel avec d'la marde su' 'a tête... soupira Djo.
-C'est p't'être exagéré tu penses? rétorqua Bill.
-Non. C'est juste que ça fait malpropre, ajouta Djo. En passant, on peut laisser faire aussi pour le portevoix. On a juste besoin d'être là, deux, trois ou dix. Pas besoin de crier comme des écorchés vifs. On s'en tabarnak. On a seulement un petit capital d'indignation dans la vie... Faut pas le flamber tout d'un coup...
-Ouais... reprit Bill. On va finir par l'avouère notre révolution de velours!
-Plus personne ne croit à ce système de marde. Même les politiciens font semblant d'y croire. Leurs enfants les écoutent en bayant aux corneilles...
-Ouais... Qu'est-ce que tu dirais si on la gardait la pancarte d'Untel avec un tas d'marde su' 'a tête?
-Come on! Devenons adultes!
-Pourquoi faire? Pour faire comme eux autres sacrament?
-Redessine-lé avec des fleurs qui poussent sur le tas d'marde, au moins, pour montrer qu'il est pour le développement durable...
-Ouin...
-Combien tu penses qu'on sera à la manif?
-Je l'sais pas. On va diffuser ça sur YouTube, Facebook et Tweeter, comme les Tunisiens. Oui m'sieur! Oui madame! Power to the people! Et un p'tit peu d'indignation s'i'-vous-plaît!
-Cool!
La voix de Djo ne se faisait pratiquement pas entendre. C'est à peine s'il sussurait le tabarnak. Ce qui fait qu'on se foutait bien de ce qu'il disait, puisque la plupart des gens sont sourds à force de se crisser de la musique à plein volume dans les oreilles.
-Un petit capital d'indignation... Ne serait-ce qu'au plan des ressources humaines, ajouta Bill, le seul qui l'écoutait.
Bill était assis droit devant Djo. Il n'avait aucun mérite à saisir ce que l'autre pouvait lui dire.
-Si nous n'avons pas beaucoup d'indignation au plan personnel, rajouta Bill, je soupçonne que nous avons encore moins d'indignés... Tu vois Djo? Moins de ressources humaines...
-Ouais, lui répondit Djo en fixant un point quelconque à l'horizon, peut-être la poubelle verte qui se trouvait à la hauteur de son regard.
À moins qu'il ne fixait les pancartes sur la table. Des pancartes où c'était écrit «Démocratie», «Dégage Untel!», «Crissez-vous-lé dans l'cul vot' gaz de schiste!», «Etc.». On voyait aussi des petits bonshommes avec des groz nez. Et des caricatures de politiciens locaux avec des excréments sur la tête.
-J'pense qu'on devrait laisser faire pour la pancarte d'Untel avec d'la marde su' 'a tête... soupira Djo.
-C'est p't'être exagéré tu penses? rétorqua Bill.
-Non. C'est juste que ça fait malpropre, ajouta Djo. En passant, on peut laisser faire aussi pour le portevoix. On a juste besoin d'être là, deux, trois ou dix. Pas besoin de crier comme des écorchés vifs. On s'en tabarnak. On a seulement un petit capital d'indignation dans la vie... Faut pas le flamber tout d'un coup...
-Ouais... reprit Bill. On va finir par l'avouère notre révolution de velours!
-Plus personne ne croit à ce système de marde. Même les politiciens font semblant d'y croire. Leurs enfants les écoutent en bayant aux corneilles...
-Ouais... Qu'est-ce que tu dirais si on la gardait la pancarte d'Untel avec un tas d'marde su' 'a tête?
-Come on! Devenons adultes!
-Pourquoi faire? Pour faire comme eux autres sacrament?
-Redessine-lé avec des fleurs qui poussent sur le tas d'marde, au moins, pour montrer qu'il est pour le développement durable...
-Ouin...
-Combien tu penses qu'on sera à la manif?
-Je l'sais pas. On va diffuser ça sur YouTube, Facebook et Tweeter, comme les Tunisiens. Oui m'sieur! Oui madame! Power to the people! Et un p'tit peu d'indignation s'i'-vous-plaît!
-Cool!
lundi 17 janvier 2011
Hadji Mourat, une nouvelle de Léon Tolstoï
Je rédige en ce moment un texte à propos de Léon Tolstoï pour mes portes du journal de rue La Galère. Il en vaut le coup. Évidemment, je n'en ferai pas une icône. Je veux le présenter en huit cents mots comme un écrivain pleinement engagé dans sa communauté. Ce ne sera pas de la tarte. Mais bon, avec un zeste de talent, aussi minime soit-il, on finit par apprendre à se débrouiller.
Foin de mes niaiseries, je viens tout juste de terminer la lecture de Hadji Mourad. C'est traduit par J. Wladimir Bienstock. Publié chez Nelson, à Paris, en 1912.
C'est une longue nouvelle qui fit scandale à l'époque. Les conservateurs lui ont reproché son manque de patriotisme. Comme ils lui ont reproché à peu près tout le reste dans son attitude à l'égard des institutions: l'Église, l'État, l'Éducation, Tolstoï méprisait ces trois É.
Dans Hadji Mourat, une oeuvre de vieillesse, la plume de Tolstoï est légère et le style épuré . Il y raconte un chapitre d'une guerre en Tchétchénie. Hadji Mourat (ou Mourad...) fait défection des Tchétchènes menés par le grand chef de guerre Chamil qui mène une sorte de guerre sainte contre les Russes. On sent le respect de l'auteur pour l'autre, un musulman en l'occurrence, qui n'apparaît pas sous des traits démonisés, mais dans toute son humanité.
C'est une oeuvre majeure de Tolstoï. Facilement accessible. Moins de deux cents pages. Come on.
Foin de mes niaiseries, je viens tout juste de terminer la lecture de Hadji Mourad. C'est traduit par J. Wladimir Bienstock. Publié chez Nelson, à Paris, en 1912.
C'est une longue nouvelle qui fit scandale à l'époque. Les conservateurs lui ont reproché son manque de patriotisme. Comme ils lui ont reproché à peu près tout le reste dans son attitude à l'égard des institutions: l'Église, l'État, l'Éducation, Tolstoï méprisait ces trois É.
Dans Hadji Mourat, une oeuvre de vieillesse, la plume de Tolstoï est légère et le style épuré . Il y raconte un chapitre d'une guerre en Tchétchénie. Hadji Mourat (ou Mourad...) fait défection des Tchétchènes menés par le grand chef de guerre Chamil qui mène une sorte de guerre sainte contre les Russes. On sent le respect de l'auteur pour l'autre, un musulman en l'occurrence, qui n'apparaît pas sous des traits démonisés, mais dans toute son humanité.
C'est une oeuvre majeure de Tolstoï. Facilement accessible. Moins de deux cents pages. Come on.
dimanche 16 janvier 2011
À la mémoire de M. Irenée Pépin, vétéran trifluvien de la Seconde guerre mondiale
Monsieur Irenée Pépin est mort de vieillesse mardi le 11 janvier 2011. Il avait quatre-vingt-dix ans.C'était un ami de la famille. Un homme respecté de tout un chacun. Un bon monsieur qui savait se faire apprécier de son entourage par son caractère enjoué et sa générosité plus que proverbiale.
Ce n'est pas anodin, dans son cas, que de dire qu'il est mort de vieillesse. Monsieur Pépin, comme on l'appelait avec respect, a risqué sa vie plus souvent qu'à son tour.
Il s'était engagé volontairement, aux débuts de la Seconde guerre mondiale, au centre de recrutement de Trois-Rivières. Sur un coup de tête à ce qu'il m'a déjà raconté. Et puis il s'est retrouvé de l'autre côté de l'Atlantique, dans la zone de conflits.
Monsieur Pépin a fait le débarquement de Dieppe, en 1942, où plus de 20 000 de nos soldats sont morts. Peu de soldats en sont revenus vivants. Et peu d'entre eux auront fait autant de campagnes par la suite: l'Italie, le débarquement de Normandie, puis la poursuite jusqu'en Allemagne. N'oublions jamais que ce sont aussi des gars de chez-nous, comme Monsieur Pépin, qui ont contribué à débarrasser le monde de Mussolini et Hitler.
Monsieur Pépin est revenu du front sain et sauf. Puis il a fondé une famille avec son épouse Madeleine, qui lui donna des jumelles, Gaétane et Diane. Il a travaillé la majeure partie de sa vie sur les trains, pour le Canadien Pacifique.
C'était un homme bon et pas raciste pour deux sous, qui accueillait tout le monde avec un sourire bon enfant. Russe, Chinois, Vietnamien ou Cambodgien, tout le monde devenait ami avec Monsieur Pépin qui leur parlait français, anglais, allemand ou par signes s'il le fallait. C'était beau à voir. Un exemple d'ouverture sur les autres, de paix et d'humour.
Monsieur Pépin n'a jamais été très fort pour les médailles. Pour lui, les vrais braves étaient restés sur le champs de bataille. Les autres avaient été chanceux de s'en tirer.
Il faisait partie de ces autres. Et il célébrait la vie.
C'était le meilleur ami de feu mon père.
C'est un grand Trifluvien qui nous a quitté.
Son souvenir me servira toujours d'exemple de bonne humeur et d'ouverture sur les autres.
Mes sincères condoléances à son épouse, ses deux filles, ses petits-enfants, sa soeur et tous ses proches.
Au revoir Monsieur Pépin.
Ce n'est pas anodin, dans son cas, que de dire qu'il est mort de vieillesse. Monsieur Pépin, comme on l'appelait avec respect, a risqué sa vie plus souvent qu'à son tour.
Il s'était engagé volontairement, aux débuts de la Seconde guerre mondiale, au centre de recrutement de Trois-Rivières. Sur un coup de tête à ce qu'il m'a déjà raconté. Et puis il s'est retrouvé de l'autre côté de l'Atlantique, dans la zone de conflits.
Monsieur Pépin a fait le débarquement de Dieppe, en 1942, où plus de 20 000 de nos soldats sont morts. Peu de soldats en sont revenus vivants. Et peu d'entre eux auront fait autant de campagnes par la suite: l'Italie, le débarquement de Normandie, puis la poursuite jusqu'en Allemagne. N'oublions jamais que ce sont aussi des gars de chez-nous, comme Monsieur Pépin, qui ont contribué à débarrasser le monde de Mussolini et Hitler.
Monsieur Pépin est revenu du front sain et sauf. Puis il a fondé une famille avec son épouse Madeleine, qui lui donna des jumelles, Gaétane et Diane. Il a travaillé la majeure partie de sa vie sur les trains, pour le Canadien Pacifique.
C'était un homme bon et pas raciste pour deux sous, qui accueillait tout le monde avec un sourire bon enfant. Russe, Chinois, Vietnamien ou Cambodgien, tout le monde devenait ami avec Monsieur Pépin qui leur parlait français, anglais, allemand ou par signes s'il le fallait. C'était beau à voir. Un exemple d'ouverture sur les autres, de paix et d'humour.
Monsieur Pépin n'a jamais été très fort pour les médailles. Pour lui, les vrais braves étaient restés sur le champs de bataille. Les autres avaient été chanceux de s'en tirer.
Il faisait partie de ces autres. Et il célébrait la vie.
C'était le meilleur ami de feu mon père.
C'est un grand Trifluvien qui nous a quitté.
Son souvenir me servira toujours d'exemple de bonne humeur et d'ouverture sur les autres.
Mes sincères condoléances à son épouse, ses deux filles, ses petits-enfants, sa soeur et tous ses proches.
Au revoir Monsieur Pépin.
samedi 15 janvier 2011
Dégage!
La rue a eu raison de l'ex-président de la Tunisie Machin Ben Ali. Il s'est enfui en Arabie Saoudite. Le peuple a pris la rue et a scandé «Dégage Ben Ali». Et il a dégagé.
Du coup, on entrevoit que la liberté est possible. Que ces magouilleurs ne peuvent pas faire tout ce qu'ils veulent. Que le pouvoir trouve sa légitimité dans la rue, en dernier recours, et qu'il n'y a pas assez de policiers ou de soldatesque pour contrôler un peuple qui revendique sa liberté et le respect de son milieu de vie.
Dégage... Pas plus compliqué que ça!
Merci aux Tunisiens pour cette belle leçon de démocratie active. Je leur souhaite le plein respect de leurs droits et un milieu de vie à la mesure de leurs espoirs. Je leur souhaite du pain et des roses.
Puis, à leur exemple, je regarde la rue avec un souffle nouveau dans le coeur. Je sais qu'il nous faudra la prendre nous aussi, un jour ou l'autre, pour que ça change vraiment.
En attendant, je m'échauffe la voix dans mon atelier.
Je me prépare à y aller de quelques «dégage!» pour cette économie contrôlée par quelques-uns, pour les profits records des banques, alors que les profits se privatisent et que les dépenses nous reviennent, sous formes d'impôts et de taxes qui font presque du serf un homme moins pris par les couilles que le citoyen de nos jours. Ou bien de la citoyenne, évidemment.
On y va de projets sans consulter. On se permet n'importe quoi au mépris des consultations populaires. On gouverne comme si l'on prenait pour modèle la famille Ben Ali, en Tunisie. Et on est prêt à nous faire boire n'importe quoi, à nous empoisonner s'il le faut, à nous traiter comme l'on traite n'importe quel animal de boucherie, avec un peu de moulée et un espace toujours plus restreint.
Des pyramides de gypse! Des jeux de Bozopoly! Du gaz de schiste au non-respect des traités internationaux... Un bel amalgame pour me pratiquer à crier «dégage!»
Dégage Stephen Harper! Dégage Jean Charest! Dégage Yves Lévesque!
Les Tunisiens font la révolution sur YouTube et Twitter. Ils s'en torchent des médias traditionnels.
Vive la Tunisie libre!
Du coup, on entrevoit que la liberté est possible. Que ces magouilleurs ne peuvent pas faire tout ce qu'ils veulent. Que le pouvoir trouve sa légitimité dans la rue, en dernier recours, et qu'il n'y a pas assez de policiers ou de soldatesque pour contrôler un peuple qui revendique sa liberté et le respect de son milieu de vie.
Dégage... Pas plus compliqué que ça!
Merci aux Tunisiens pour cette belle leçon de démocratie active. Je leur souhaite le plein respect de leurs droits et un milieu de vie à la mesure de leurs espoirs. Je leur souhaite du pain et des roses.
Puis, à leur exemple, je regarde la rue avec un souffle nouveau dans le coeur. Je sais qu'il nous faudra la prendre nous aussi, un jour ou l'autre, pour que ça change vraiment.
En attendant, je m'échauffe la voix dans mon atelier.
Je me prépare à y aller de quelques «dégage!» pour cette économie contrôlée par quelques-uns, pour les profits records des banques, alors que les profits se privatisent et que les dépenses nous reviennent, sous formes d'impôts et de taxes qui font presque du serf un homme moins pris par les couilles que le citoyen de nos jours. Ou bien de la citoyenne, évidemment.
On y va de projets sans consulter. On se permet n'importe quoi au mépris des consultations populaires. On gouverne comme si l'on prenait pour modèle la famille Ben Ali, en Tunisie. Et on est prêt à nous faire boire n'importe quoi, à nous empoisonner s'il le faut, à nous traiter comme l'on traite n'importe quel animal de boucherie, avec un peu de moulée et un espace toujours plus restreint.
Des pyramides de gypse! Des jeux de Bozopoly! Du gaz de schiste au non-respect des traités internationaux... Un bel amalgame pour me pratiquer à crier «dégage!»
Dégage Stephen Harper! Dégage Jean Charest! Dégage Yves Lévesque!
Les Tunisiens font la révolution sur YouTube et Twitter. Ils s'en torchent des médias traditionnels.
Vive la Tunisie libre!
vendredi 14 janvier 2011
Enlevé par les ovnis au Temple du Spaghetti / Première série d'articles de Alexandre Legrand, journaliste de l'inconnu
Il n'est jamais évident de démêler la fiction de la réalité. Imaginez ce qu'il en est de la science-fiction à présent. Un noeud inextricable au carré. Un noeud gordien que je tranche sans sourciller, comme Alexandre le Grand.
Et ça tombe bien puisque je m'appelle Alexandre Legrand, journaliste à la pige, épicurien à ses heures et redresseur de tord-boyaux. Je vends mes articles à des publications minables, quelque part parmi des annonces de boeuf haché, de papier-cul et autres nécessités de la vie.
Dans ma carrière de journaliste, il m'arrive d'avoir droit à un rabais de 50% sur un repas au Temple du Spaghetti. Ce petit privilège force mon entourage à prétendre que mon métier n'en est pas vraiment un. Aussi, je m'efforce de chercher des sujets singuliers pour m'adresser au pluriel. Et ces sujets, franchement, ils courent les rues. Il ne suffit que de marcher et en moins de temps qu'il ne le faut pour dire hop, voilà que je trouve mon sujet, mon maigre salaire et un rabais de 50% au Temple du Spaghetti.
Oh! Je sais bien que vous ne vous attendez pas à ce que je ne parle que de moi, Alexandre Legrand, journaliste au dernier échelon de la chaîne alimentaire qui rêvait d'être Shakespeare ou rien. Mais enfin, je vis, bois sur le bras d'amis généreux et ne fréquente personne, sinon les protagonistes de mes articles rédigés à la hâte sur mon portable pour que je revienne à ma chère poésie et mes chants de cigale.
Il m'arrive cependant de tomber sur des thèmes plus envoûtants que d'autres. Dont Perry Bibeau.
Je commence ma série de reportages des gens envoûtants et extraordinaires par Perry Bibeau. C'est un petit bonhomme de cinquante-huit ans complètement chauve qui s'est fait enlever par les extraterrestres.
Perry est concierge au Temple du Spaghetti. Il n'est pas vraiment sorteux et profite d'un accès à volonté sur la bière en fût. Ce qui transcende de loin mon ridicule rabais de 50% sur mon repas qui n'inclut pas la bière et l'alcool, ni les boissons gazeuses, le thé ou le café. Franchement, Perry est perçu comme un roi parmi la faune hétéroclite du Temple du Spaghetti.
Perry Bibeau ne parle jamais. Il est fermé comme une huître. Il se contente de laver les planchers et de boire sa bière tranquille dans son coin, sans déranger ni le propriétaire ni personne. C'est comme s'il n'existait pas. Et franchement on sent que ça fait l'affaire de Perry Bibeau. Ça se voit dans ses yeux qu'il garde en lui un lourd secret.
Ce qui fait que je me suis dit spontanément que je pourrais torcher un article à son sujet, histoire de vendre mes huit cents mots quotidiens.
Je vais le voir. Il est accoudé sur sa moppe et il boit sa bière.
-Salut, que je lui dis, tout le monde a un secret dans 'a vie man! Toé, c'est quoi ton secret Perry?
-Moé? qu'il me répond. Calvâsse! J'me suis déjà faitte enlever par les extraterrestres.
Remarquez qu'il me dit ça sans cligner des yeux. Ce qui, selon mes hautes études en journalisme à la polyvalente, me porte à croire qu'il dit vrai. Si l'on ne peut plus croire la parole d'un homme à première vue, sachons ne le reprocher qu'à notre époque. Mes valeurs m'interdisent de ne pas croire à la parole de quelqu'un, surtout si c'est la première fois que je lui cause. La parole d'un homme, c'est sacré non? Donc, je me suis placé dans l'hypothèse de le croire et j'ai diligemment poursuivi mon entrevue.
-Perry, quand est-ce que tu t'es faitte enlever par les extraterrestres, hein, baptince? Raconte-moé ça mon vieux.
-C'était en 1993. Icitte, en arrière dans 'a ruelle. J'allais porter mes poubelles comme d'habitude. C'était en janvier. Comme en ce temps-citte. I' d'vait être deux heures du matin. Un flash mon homme... Un flash...
-Un flash? que je m'ébaubis.
-Oui. Un flash. Pis zipzapzoup! J'su's enlevé par une lumière! Pis là j'su's dans un vaisseau spatial tabarnak! Pis là j'capote en hostie! Oua! Des p'tits bonhommes verts qui font des expériences avec moé! Oua! J'ai des sondes partout! Tabarnak de calvaire! J'me débats comme le crisse. Pis enwèye su' un bord pis enwèye su' l'autre! J'arrive à m'délivrer! J'leu' calice des claques su' 'a yeule toé mon homme! Tiens mes tabarnaks! que j'leu' dis en leu' caliçant des claques su' 'a yeule pis des coups d'pieds dans 'es gosses! Sauf que, pas créyable! Y'ont pas d'gosses! Rien qu'des gros yeux! Pis quatre doigts pas de pouce! Ah ben mes étols de viârge! que j'me choque encore. Là j'leu' botte le cul pis i' r'volent dans 'es panneaux d'un hostie d'métal qu'on r'trouve pas su' 'a terre! «Ah ben tabarnak! » que j'me dis. «Perry s'laissera pas crever d'même par des hosties d'extraterrestres!» Pis là, ben... J'prends l'contrôle d'leu' vaisseau! Zipzapzoup! J'avais déjà chauffé l'hydravion d'mon beau-frère aviateur en 67, une fois qu'i' était ben saoul. Ça fait que j'avais d'l'expérience. Zipzap. D'autres ovnis m'suivaient pis y'essayaient de m'détruire. Ça fait qu'j'ai faitte un loop pis j'leu' ai tabarnaké un rayon d'la mort! Bang! Tabarnak!
-Pis comment ça s'est fini Perry?
-J'ai atterri dans la cour de mon beau-frère. I' tient une cour à scrap. On a r'vendu le métal pour un bon montant. Anyway, le vaisseau startait pas. D'la crisse de marde. Moé pis mon beau-frère on a pogné les narfes pis on l'a toutte décalissé à coups d'masse. Moé, des affaires qui marchent pas, qui viennent ou non d'l'espace, m'en calice! M'en va's les détruire à coups d'masse si ça marche pas! J'laisse pas traîner d'gogosses dans ma vie!
-Et puis?
-Rien. J'me su's p'us jamais r'faitte enlever par les extraterrestres! Les hosties savent trop ben à qui y'ont affaire les tabarnaks!
Ayant dit cela, Perry ingurgita d'un trait un bon dix onces de bière pas très mousseuse. Il reprit sa moppe et moppa sans dire un mot.
Mon prochain article portera sur un autre personnage du Temple du Spaghetti, peut-être sur Rollande Gervais, extraterrestre qui provient de la planète Râoulabraoule, située quelque part dans la constellation des Doigts de pieds.
Je suis ouvert à écrire quelque chose de mieux. Pour quelque chose de mieux qu'un rabais de 50% au Temple du Spaghetti. Mettons pour un vrai job, pour que je devienne un journaliste de l'inconnu à peu près digne de ce nom. Et respecté ne serait-ce que de sa famille.
Pour le reste, permettez-moi de vous dire «attention! ils sont parmi nous!»
Et ça tombe bien puisque je m'appelle Alexandre Legrand, journaliste à la pige, épicurien à ses heures et redresseur de tord-boyaux. Je vends mes articles à des publications minables, quelque part parmi des annonces de boeuf haché, de papier-cul et autres nécessités de la vie.
Dans ma carrière de journaliste, il m'arrive d'avoir droit à un rabais de 50% sur un repas au Temple du Spaghetti. Ce petit privilège force mon entourage à prétendre que mon métier n'en est pas vraiment un. Aussi, je m'efforce de chercher des sujets singuliers pour m'adresser au pluriel. Et ces sujets, franchement, ils courent les rues. Il ne suffit que de marcher et en moins de temps qu'il ne le faut pour dire hop, voilà que je trouve mon sujet, mon maigre salaire et un rabais de 50% au Temple du Spaghetti.
Oh! Je sais bien que vous ne vous attendez pas à ce que je ne parle que de moi, Alexandre Legrand, journaliste au dernier échelon de la chaîne alimentaire qui rêvait d'être Shakespeare ou rien. Mais enfin, je vis, bois sur le bras d'amis généreux et ne fréquente personne, sinon les protagonistes de mes articles rédigés à la hâte sur mon portable pour que je revienne à ma chère poésie et mes chants de cigale.
Il m'arrive cependant de tomber sur des thèmes plus envoûtants que d'autres. Dont Perry Bibeau.
Je commence ma série de reportages des gens envoûtants et extraordinaires par Perry Bibeau. C'est un petit bonhomme de cinquante-huit ans complètement chauve qui s'est fait enlever par les extraterrestres.
Perry est concierge au Temple du Spaghetti. Il n'est pas vraiment sorteux et profite d'un accès à volonté sur la bière en fût. Ce qui transcende de loin mon ridicule rabais de 50% sur mon repas qui n'inclut pas la bière et l'alcool, ni les boissons gazeuses, le thé ou le café. Franchement, Perry est perçu comme un roi parmi la faune hétéroclite du Temple du Spaghetti.
Perry Bibeau ne parle jamais. Il est fermé comme une huître. Il se contente de laver les planchers et de boire sa bière tranquille dans son coin, sans déranger ni le propriétaire ni personne. C'est comme s'il n'existait pas. Et franchement on sent que ça fait l'affaire de Perry Bibeau. Ça se voit dans ses yeux qu'il garde en lui un lourd secret.
Ce qui fait que je me suis dit spontanément que je pourrais torcher un article à son sujet, histoire de vendre mes huit cents mots quotidiens.
Je vais le voir. Il est accoudé sur sa moppe et il boit sa bière.
-Salut, que je lui dis, tout le monde a un secret dans 'a vie man! Toé, c'est quoi ton secret Perry?
-Moé? qu'il me répond. Calvâsse! J'me suis déjà faitte enlever par les extraterrestres.
Remarquez qu'il me dit ça sans cligner des yeux. Ce qui, selon mes hautes études en journalisme à la polyvalente, me porte à croire qu'il dit vrai. Si l'on ne peut plus croire la parole d'un homme à première vue, sachons ne le reprocher qu'à notre époque. Mes valeurs m'interdisent de ne pas croire à la parole de quelqu'un, surtout si c'est la première fois que je lui cause. La parole d'un homme, c'est sacré non? Donc, je me suis placé dans l'hypothèse de le croire et j'ai diligemment poursuivi mon entrevue.
-Perry, quand est-ce que tu t'es faitte enlever par les extraterrestres, hein, baptince? Raconte-moé ça mon vieux.
-C'était en 1993. Icitte, en arrière dans 'a ruelle. J'allais porter mes poubelles comme d'habitude. C'était en janvier. Comme en ce temps-citte. I' d'vait être deux heures du matin. Un flash mon homme... Un flash...
-Un flash? que je m'ébaubis.
-Oui. Un flash. Pis zipzapzoup! J'su's enlevé par une lumière! Pis là j'su's dans un vaisseau spatial tabarnak! Pis là j'capote en hostie! Oua! Des p'tits bonhommes verts qui font des expériences avec moé! Oua! J'ai des sondes partout! Tabarnak de calvaire! J'me débats comme le crisse. Pis enwèye su' un bord pis enwèye su' l'autre! J'arrive à m'délivrer! J'leu' calice des claques su' 'a yeule toé mon homme! Tiens mes tabarnaks! que j'leu' dis en leu' caliçant des claques su' 'a yeule pis des coups d'pieds dans 'es gosses! Sauf que, pas créyable! Y'ont pas d'gosses! Rien qu'des gros yeux! Pis quatre doigts pas de pouce! Ah ben mes étols de viârge! que j'me choque encore. Là j'leu' botte le cul pis i' r'volent dans 'es panneaux d'un hostie d'métal qu'on r'trouve pas su' 'a terre! «Ah ben tabarnak! » que j'me dis. «Perry s'laissera pas crever d'même par des hosties d'extraterrestres!» Pis là, ben... J'prends l'contrôle d'leu' vaisseau! Zipzapzoup! J'avais déjà chauffé l'hydravion d'mon beau-frère aviateur en 67, une fois qu'i' était ben saoul. Ça fait que j'avais d'l'expérience. Zipzap. D'autres ovnis m'suivaient pis y'essayaient de m'détruire. Ça fait qu'j'ai faitte un loop pis j'leu' ai tabarnaké un rayon d'la mort! Bang! Tabarnak!
-Pis comment ça s'est fini Perry?
-J'ai atterri dans la cour de mon beau-frère. I' tient une cour à scrap. On a r'vendu le métal pour un bon montant. Anyway, le vaisseau startait pas. D'la crisse de marde. Moé pis mon beau-frère on a pogné les narfes pis on l'a toutte décalissé à coups d'masse. Moé, des affaires qui marchent pas, qui viennent ou non d'l'espace, m'en calice! M'en va's les détruire à coups d'masse si ça marche pas! J'laisse pas traîner d'gogosses dans ma vie!
-Et puis?
-Rien. J'me su's p'us jamais r'faitte enlever par les extraterrestres! Les hosties savent trop ben à qui y'ont affaire les tabarnaks!
Ayant dit cela, Perry ingurgita d'un trait un bon dix onces de bière pas très mousseuse. Il reprit sa moppe et moppa sans dire un mot.
Mon prochain article portera sur un autre personnage du Temple du Spaghetti, peut-être sur Rollande Gervais, extraterrestre qui provient de la planète Râoulabraoule, située quelque part dans la constellation des Doigts de pieds.
Je suis ouvert à écrire quelque chose de mieux. Pour quelque chose de mieux qu'un rabais de 50% au Temple du Spaghetti. Mettons pour un vrai job, pour que je devienne un journaliste de l'inconnu à peu près digne de ce nom. Et respecté ne serait-ce que de sa famille.
Pour le reste, permettez-moi de vous dire «attention! ils sont parmi nous!»
jeudi 13 janvier 2011
La couardise peut aussi être de gauche
C'était un homme de gauche. Il avait le coeur à gauche. Il lisait des écrits de gauche. Il pensait à gauche. Mais pas moyen de lui faire lever son gros cul pour manifester contre les injustices réelles qui se produisaient tous les jours autour de lui. Il se fermait les yeux et l'esprit à toutes ces injustices qu'il aurait pu combattre sans prendre un billet d'avion.
En réalité, c'était un couard qui se donnait du faux courage. Il était un peu comme le fonctionnaire dans une bédé de Quino qui va se cacher dans les chiottes pour dérouler un poster de Che Guevara qui lui servait de masque devant le miroir.
Il s'appelait Xavier Grondin. C'était un mollasson dans la quarantaine avec déjà des cheveux poivre et sel. Il portait de grosses lunettes de corne, comme Jean-Paul Sartre, et il passait tout son temps à lire les journaux étrangers pour s'engager dans des luttes imaginaires qui ne lui coûtaient que le prix de ces publications. Il ne donnait jamais un sou pour quoi que ce soit, sinon pour du chocolat aux amandes parce que c'est bon.
Sa ville était un sale trou pourri dirigée par une bande de fumiers incultes qui sortaient leurs rots chaque fois qu'ils entendaient les mots culture ou pauvreté. Ces fumiers étaient ni plus ni moins ses patrons puisqu'il était fonctionnaire pour la ville. Ce qui fait qu'il était à droite quand il parlait avec eux et à gauche dans les toilettes, quand il déroulait son poster-masque de Che Guevara devant le miroir.
Entre vous et moi, je n'en ai rien à foutre du Che, de la gauche ou de la droite, des journaux étrangers et des causes qui sont tellement éloignées de nous qu'elles ne nécessitent aucune forme de courage.
Je voudrais seulement que tous les Xavier Grondin du monde habitent pleinement leurs couilles.
Et qu'ils portent des pancartes quand on s'attaque au peuple réel, celui que l'on côtoie tous les jours, qui subit les foudres de vulgaires petits despotes de village qui seraient prêts à leur faire boire du gaz ou bien de la marde pour générer des enveloppes brunes remplies de beaux dollars.
Je me fous que Xavier Grondin soit à gauche, qu'il pense à gauche et lise des auteurs de gauche. Je le voudrais dans la rue, sans discours inutile, prêt à défendre la veuve, le veuf et les orphelins, à brandir une pancarte, à réclamer l'avénement d'une démocratie active plutôt que passive.
Mais faut pas rêver. Xavier va continuer de rêver. Et ce sont des lascars téméraires qui vont encore monter au front, comme d'habitude, pour que les Xavier Grondin du monde en retire tout le profit un jour ou l'autre, en prétendant qu'ils ont toujours été à gauche, de gauche et pour la gauche.
Gauche mon cul! Ces gus sont des lâches, des ladres, des paresseux et des couilles molles.
Autant regarder des bédés de Quino, tiens.
En réalité, c'était un couard qui se donnait du faux courage. Il était un peu comme le fonctionnaire dans une bédé de Quino qui va se cacher dans les chiottes pour dérouler un poster de Che Guevara qui lui servait de masque devant le miroir.
Il s'appelait Xavier Grondin. C'était un mollasson dans la quarantaine avec déjà des cheveux poivre et sel. Il portait de grosses lunettes de corne, comme Jean-Paul Sartre, et il passait tout son temps à lire les journaux étrangers pour s'engager dans des luttes imaginaires qui ne lui coûtaient que le prix de ces publications. Il ne donnait jamais un sou pour quoi que ce soit, sinon pour du chocolat aux amandes parce que c'est bon.
Sa ville était un sale trou pourri dirigée par une bande de fumiers incultes qui sortaient leurs rots chaque fois qu'ils entendaient les mots culture ou pauvreté. Ces fumiers étaient ni plus ni moins ses patrons puisqu'il était fonctionnaire pour la ville. Ce qui fait qu'il était à droite quand il parlait avec eux et à gauche dans les toilettes, quand il déroulait son poster-masque de Che Guevara devant le miroir.
Entre vous et moi, je n'en ai rien à foutre du Che, de la gauche ou de la droite, des journaux étrangers et des causes qui sont tellement éloignées de nous qu'elles ne nécessitent aucune forme de courage.
Je voudrais seulement que tous les Xavier Grondin du monde habitent pleinement leurs couilles.
Et qu'ils portent des pancartes quand on s'attaque au peuple réel, celui que l'on côtoie tous les jours, qui subit les foudres de vulgaires petits despotes de village qui seraient prêts à leur faire boire du gaz ou bien de la marde pour générer des enveloppes brunes remplies de beaux dollars.
Je me fous que Xavier Grondin soit à gauche, qu'il pense à gauche et lise des auteurs de gauche. Je le voudrais dans la rue, sans discours inutile, prêt à défendre la veuve, le veuf et les orphelins, à brandir une pancarte, à réclamer l'avénement d'une démocratie active plutôt que passive.
Mais faut pas rêver. Xavier va continuer de rêver. Et ce sont des lascars téméraires qui vont encore monter au front, comme d'habitude, pour que les Xavier Grondin du monde en retire tout le profit un jour ou l'autre, en prétendant qu'ils ont toujours été à gauche, de gauche et pour la gauche.
Gauche mon cul! Ces gus sont des lâches, des ladres, des paresseux et des couilles molles.
Autant regarder des bédés de Quino, tiens.
mercredi 12 janvier 2011
Poupette
Il est frisé comme un mouton. Il regarde toujours ses souliers. Ne dis jamais bonjour. C'est comme s'il vous craignait, vous et le monde.
Il est recourbé et plus grand de pattes que de corps. Il a le regard d'un écureuil. Quarante ou cinquante ans.
Son petit chien est frisé. Il a une boucle dans ses cheveux. C'est donc une chienne.
-R'viens icitte Poupette! qu'il dit quand elle vient pour vous renifler les tibias, à votre passage.
Et il la ramène d'un coup de collier en faisant semblant de ne pas vous voir, n'acceptant même pas votre bonjour, comme si le monde ne savait plus vivre!
Il est recourbé et plus grand de pattes que de corps. Il a le regard d'un écureuil. Quarante ou cinquante ans.
Son petit chien est frisé. Il a une boucle dans ses cheveux. C'est donc une chienne.
-R'viens icitte Poupette! qu'il dit quand elle vient pour vous renifler les tibias, à votre passage.
Et il la ramène d'un coup de collier en faisant semblant de ne pas vous voir, n'acceptant même pas votre bonjour, comme si le monde ne savait plus vivre!
mardi 11 janvier 2011
Ti-Cok et les valeurs démocratiques de notre belle société
Georges Brunelle pouvait sembler malcommode à première vue. Il en avait contre le ciel et la terre, aux dires de témoins dont la crédibilité ne valait rien. L'idée que l'on se faisait de Georges Brunelle, à première ouïe, c'était qu'il gueulait pour oui, pour non et pour rien.
-I' parle des z'affaires qu'on comprend même pas! disait Germaine Sansfaçons, une mégère de soixante-quinze ans qui médisait de tout un chacun. I' dit qu'la terre tourne autour du soleil! Pour vouère si ça nous intéresse ça! Ma grand-mère disait que l'monde allait s'détruire en allant dans l'ciel! Check aujourd'hui les avions pis toutte! E'l'monde va en Floride pis t'es jamais sûr de r'venir!
Bon, en fait personne ne connaît vraiment Georges Brunelle. Mais tout le monde s'entend pour dire que Germaine Sansfaçons est une pie qu'il vaut mieux éviter. Sans quoi tout le quartier saura qui vous êtes, surtout sur votre plus mauvais jour. Elle détecte ça, vos mauvais jours. Parce que tout le monde est idiot, sauf elle. Ce qui est vraiment le comble de l'idiotie. Elle en fixe la limite. Nous lui devons tous au moins ça dans le quartier.
Germaine travaille à chaque élection, évidemment. Pour les rouges ou les bleus.
-Moé, en autant qu'i' paye le Ti-Cok! qu'elle avoue candidement.
Le Ti-Cok, c'est le nom de la rôtisserie qui sert à prix modique du poulet, des frites, un contenant de sauce, un contenant de salade de chou et une moitié de pain hamburger grillé.
Si Ti-Cok n'existait pas, plus personne ne s'intéresserait à la politique. La démocratie moderne est fondée sur Ti-Cok. Oui monsieur. Oui madame.
Si vous n'êtes pas d'accord avec cette assertion, vous n'avez qu'à m'envoyer un chèque au montant de 5000$ pour que je sois d'accord avec vous. Voici mon courriel pour plus de détails à ce sujet: bouchard.gaetan@gmail.com
Je me garde le droit de vous ignorer à jamais si d'aventure vous vous risquiez à m'insulter. Je respecte l'ignorance en l'ignorant. Je regarde droit devant moi et au-dedans de moi dans la vie. Merci beaucoup.
-I' parle des z'affaires qu'on comprend même pas! disait Germaine Sansfaçons, une mégère de soixante-quinze ans qui médisait de tout un chacun. I' dit qu'la terre tourne autour du soleil! Pour vouère si ça nous intéresse ça! Ma grand-mère disait que l'monde allait s'détruire en allant dans l'ciel! Check aujourd'hui les avions pis toutte! E'l'monde va en Floride pis t'es jamais sûr de r'venir!
Bon, en fait personne ne connaît vraiment Georges Brunelle. Mais tout le monde s'entend pour dire que Germaine Sansfaçons est une pie qu'il vaut mieux éviter. Sans quoi tout le quartier saura qui vous êtes, surtout sur votre plus mauvais jour. Elle détecte ça, vos mauvais jours. Parce que tout le monde est idiot, sauf elle. Ce qui est vraiment le comble de l'idiotie. Elle en fixe la limite. Nous lui devons tous au moins ça dans le quartier.
Germaine travaille à chaque élection, évidemment. Pour les rouges ou les bleus.
-Moé, en autant qu'i' paye le Ti-Cok! qu'elle avoue candidement.
Le Ti-Cok, c'est le nom de la rôtisserie qui sert à prix modique du poulet, des frites, un contenant de sauce, un contenant de salade de chou et une moitié de pain hamburger grillé.
Si Ti-Cok n'existait pas, plus personne ne s'intéresserait à la politique. La démocratie moderne est fondée sur Ti-Cok. Oui monsieur. Oui madame.
Si vous n'êtes pas d'accord avec cette assertion, vous n'avez qu'à m'envoyer un chèque au montant de 5000$ pour que je sois d'accord avec vous. Voici mon courriel pour plus de détails à ce sujet: bouchard.gaetan@gmail.com
Je me garde le droit de vous ignorer à jamais si d'aventure vous vous risquiez à m'insulter. Je respecte l'ignorance en l'ignorant. Je regarde droit devant moi et au-dedans de moi dans la vie. Merci beaucoup.
dimanche 9 janvier 2011
J'emmerde le Dieu des Américains
Votre Dieu d'amour qui vous fait porter un fusil et tuer vos frères et soeurs: je l'emmerde.
Votre Dieu qui pardonne à ceux et celles qui se montrent impardonnables et intolérants pour Lui: je l'emmerde.
Votre Dieu qui vous fait lancer la première pierre sur la prostituée ou bien sur la gratuité des soins de santé: je l'emmerde.
Votre Dieu laid, suintant le gras, l'oppression et la tristesse de vivre: je l'emmerde.
Votre Dieu qui punit, qui tranche et qui raccourcit d'une tête tout ce qui pense: je l'emmerde.
Votre Dieu qui demande des pasteurs, des prêtres, des fous hallucinés, de l'or, de l'argent ou du pétrole: je l'emmerde.
Votre Dieu qui rote, qui pète et qui chie: je l'emmerde.
Votre Dieu qui milite pour la peine de mort et la peine de vie: je l'emmerde!
Votre Dieu n'est pas un vrai dieu. Parce que votre Dieu est trop américain.
Il n'est que trop limité, trop à votre image. Trop vrai pour que j'y crois.
La foi n'est rien sans la charité. Même Paul de Tarse serait d'accord avec moi.
Moins de discours et plus de bonnes oeuvres.
Moins de théorie et plus de pratique.
Moins de tarlais qui gueulent leur foi sale et nauséabonde, la cravate au cou et le portefeuille débordant.
Moins de tatas qui se croient investis d'un savoir suprême après avoir lu trois ou quatre fables mal rédigées dans un vieux manuel de dressage humain.
Plus de gens bons et anonymes qui font tout simplement ce qu'ils ont à faire pour que Dieu soit vraiment à l'image de nos rêves plutôt qu'à celle de nos cauchemars.
Plus de charité et moins de foi.
Votre Dieu qui ne parle qu'à travers la bouche des écrivains ou des prophètes, que ce soit vous ou moi: je l'emmerde aussi!
Votre Dieu qui pardonne à ceux et celles qui se montrent impardonnables et intolérants pour Lui: je l'emmerde.
Votre Dieu qui vous fait lancer la première pierre sur la prostituée ou bien sur la gratuité des soins de santé: je l'emmerde.
Votre Dieu laid, suintant le gras, l'oppression et la tristesse de vivre: je l'emmerde.
Votre Dieu qui punit, qui tranche et qui raccourcit d'une tête tout ce qui pense: je l'emmerde.
Votre Dieu qui demande des pasteurs, des prêtres, des fous hallucinés, de l'or, de l'argent ou du pétrole: je l'emmerde.
Votre Dieu qui rote, qui pète et qui chie: je l'emmerde.
Votre Dieu qui milite pour la peine de mort et la peine de vie: je l'emmerde!
Votre Dieu n'est pas un vrai dieu. Parce que votre Dieu est trop américain.
Il n'est que trop limité, trop à votre image. Trop vrai pour que j'y crois.
La foi n'est rien sans la charité. Même Paul de Tarse serait d'accord avec moi.
Moins de discours et plus de bonnes oeuvres.
Moins de théorie et plus de pratique.
Moins de tarlais qui gueulent leur foi sale et nauséabonde, la cravate au cou et le portefeuille débordant.
Moins de tatas qui se croient investis d'un savoir suprême après avoir lu trois ou quatre fables mal rédigées dans un vieux manuel de dressage humain.
Plus de gens bons et anonymes qui font tout simplement ce qu'ils ont à faire pour que Dieu soit vraiment à l'image de nos rêves plutôt qu'à celle de nos cauchemars.
Plus de charité et moins de foi.
Votre Dieu qui ne parle qu'à travers la bouche des écrivains ou des prophètes, que ce soit vous ou moi: je l'emmerde aussi!
vendredi 7 janvier 2011
Ba moin en tibo
Tout était danses et chansons pour Napoléon D'Aquin, un préposé aux bénéficiaires d'origine haïtienne qui ne s'en faisait pas avec la vie. Il riait tout le temps aux éclats. Et, comme de raison, il avait toutes ses dents, blanche comme de la craie. Aussi, tout le monde le trouvait sympathique, hormis quelques crétins. Comme c'était un géant de six pieds quatre pouces, deux cent cinquante livres, eh bien les crétins le laissaient tranquille. Ce qui fait qu'il pouvait danser et chanter tout à son aise.
À tous les jours, il arrivait à l'ouvrage avec son répertoire de chansons créoles et québécoises. Il aimait surtout La Bolduc. Il était accroché sur La bastringue.
-C'est entraînant! qu'il disait, en dansant comme un gars des Antilles. «La bastrrr-ingue! La bastrrr-ingue! Ha! Ha! Ha!»
L'an passé, beaucoup de ses proches sont morts pendant le tremblement de terre en Haïti. Sur le coup, il a chanté et dansé, surtout lors de collectes de fonds pour les victimes du tremblement de terre. Puis il a perdu ses chants, son goût pour la danse. Il est devenu l'ombre de lui-même.
Jusqu'au jour où, par hasard, il apprit que Miranda était encore vivante.
Miranda qui était, comme personne ne le savait encore, l'amour de sa vie.
Miranda lui téléphone donc de l'aéroport. Elle souhaite le rencontrer. Le petit coeur de Napoléon bat plus que très fort et en moins de temps qu'il ne le faut pour se raser, le voilà qui file sur l'autoroute pour aller rejoindre sa bienaimée.
C'est bien elle, Miranda, devant l'Aéroport Pierre-Eliot-Trudeau. Elle porte une tuque, puisque c'est l'hiver. Et elle sourit.
-Napoléon! qu'elle crie en le voyant.
-Miranda! qu'il crie aussi.
Ils tombent dans les bras l'un de l'autre. Des becs sur la bouche. Des étreintes compliquées. Et ce sont les retrouvailles après trois ans d'absence.
-Pourquoi ne m'as-tu jamais appelé? lui demande Napoléon.
-Je n'avais pas ton numéro de téléphone! qu'elle lui dit.
-Tu aurais pu le demander à Plufaude! qu'il lui répond.
-C'est qui Plufaude?
Ils abandonnent cette discussion. Sourient. Et s'embrassent encore.
Napoléon invite Miranda au restaurant. Puis ils s'en vont vers la demeure de Napoléon, un petit bungalow situé à Joliette, près de l'hôpital où il travaille.
Ils font l'amour, évidemment.
Puis Napoléon retrouve le coeur à la danse et aux chants.
-Il ne faut pas désespérer! qu'il se dit en lui-même, avec sa Miranda blottie au creux de ses bras. C'est dans l'allégresse que tout se rebâtit!
Ça ne voulait pas dire grand' chose en soi, mais c'était mieux que rien.
La nuit passa. Napoléon vint au travail le coeur léger et l'âme sereine. Il chanta. ll dansa.
-Pou' moé t'es en amou'! lui dit Guy Gosselin, son collègue préposé, pour le taquiner un brin.
-Ha! Ha! se contenta de répondre Napoléon. Ça ne peut pas toujours aller mal dans la vie!
À tous les jours, il arrivait à l'ouvrage avec son répertoire de chansons créoles et québécoises. Il aimait surtout La Bolduc. Il était accroché sur La bastringue.
-C'est entraînant! qu'il disait, en dansant comme un gars des Antilles. «La bastrrr-ingue! La bastrrr-ingue! Ha! Ha! Ha!»
L'an passé, beaucoup de ses proches sont morts pendant le tremblement de terre en Haïti. Sur le coup, il a chanté et dansé, surtout lors de collectes de fonds pour les victimes du tremblement de terre. Puis il a perdu ses chants, son goût pour la danse. Il est devenu l'ombre de lui-même.
Jusqu'au jour où, par hasard, il apprit que Miranda était encore vivante.
Miranda qui était, comme personne ne le savait encore, l'amour de sa vie.
Miranda lui téléphone donc de l'aéroport. Elle souhaite le rencontrer. Le petit coeur de Napoléon bat plus que très fort et en moins de temps qu'il ne le faut pour se raser, le voilà qui file sur l'autoroute pour aller rejoindre sa bienaimée.
C'est bien elle, Miranda, devant l'Aéroport Pierre-Eliot-Trudeau. Elle porte une tuque, puisque c'est l'hiver. Et elle sourit.
-Napoléon! qu'elle crie en le voyant.
-Miranda! qu'il crie aussi.
Ils tombent dans les bras l'un de l'autre. Des becs sur la bouche. Des étreintes compliquées. Et ce sont les retrouvailles après trois ans d'absence.
-Pourquoi ne m'as-tu jamais appelé? lui demande Napoléon.
-Je n'avais pas ton numéro de téléphone! qu'elle lui dit.
-Tu aurais pu le demander à Plufaude! qu'il lui répond.
-C'est qui Plufaude?
Ils abandonnent cette discussion. Sourient. Et s'embrassent encore.
Napoléon invite Miranda au restaurant. Puis ils s'en vont vers la demeure de Napoléon, un petit bungalow situé à Joliette, près de l'hôpital où il travaille.
Ils font l'amour, évidemment.
Puis Napoléon retrouve le coeur à la danse et aux chants.
-Il ne faut pas désespérer! qu'il se dit en lui-même, avec sa Miranda blottie au creux de ses bras. C'est dans l'allégresse que tout se rebâtit!
Ça ne voulait pas dire grand' chose en soi, mais c'était mieux que rien.
La nuit passa. Napoléon vint au travail le coeur léger et l'âme sereine. Il chanta. ll dansa.
-Pou' moé t'es en amou'! lui dit Guy Gosselin, son collègue préposé, pour le taquiner un brin.
-Ha! Ha! se contenta de répondre Napoléon. Ça ne peut pas toujours aller mal dans la vie!
mercredi 5 janvier 2011
Fragment retrouvé d'un dialogue philosophique (rédigé autour de l'an 250)
(...)
CRAETINUS - Eh quoi, mon ami! La vie ne vaut-elle pas mieux qu'un plat de fèves?
MORONUS - Certes Cretinus, mais qu'en est-il de l'insolubilité de l'âme?
CRAETINUS - Je n'en sais rien ma foi.
MORONUS - Moi non plus.
CRAETINUS - Mange tout de même tes fèves tandis qu'elles sont chaudes. Ça se digère mieux, Moronus.
MORONUS - Carpe diem! Miam! Miam!
(...)
***
Note: Ce fragment a été retrouvé dans une vieille cruche, à Trois-Rivières. Un père franciscain a rapporté ça d'Italie. Le temps a détruit la majeure partie de cet ouvrage qui devait représenter l'équivalent de 500 000 mots. L'auteur pourrait être Posidonius de Naples et serait en quelque sorte le premier fragment trouvé à ce jour de ce qui a pu constituer son oeuvre. Posidonius s'est rendu célèbre, entre autres, pour sa sauce au poisson. Vendue partout dans l'Univers, c'est-à-dire dans l'Empire romain, on s'en servait pour ajouter de la saveur à tous les plats. Il était petit et chauve selon Ridiculus de Lutèce, un auteur dont une seule phrase nous soit parvenue: «Posidonius de Naples, auteur du célèbre dialogue de Moronus et Craetinus, était petit et chauve.»
Le fragment est entreposé au Centre des études latines et médiévales de Saint-Pain-Bénit-Nord, un village du Québec très attrayant. Le Centre est situé à deux pas du Garage Jos moteurs & tracteurs inc. Le Centre ne dispose malheureusement plus de téléphone et d'électricité. Vous pouvez rejoindre Raymond Belladone, le responsable du Centre, en envoyant une note au Garage Jos moteurs & tracteurs inc.
CRAETINUS - Eh quoi, mon ami! La vie ne vaut-elle pas mieux qu'un plat de fèves?
MORONUS - Certes Cretinus, mais qu'en est-il de l'insolubilité de l'âme?
CRAETINUS - Je n'en sais rien ma foi.
MORONUS - Moi non plus.
CRAETINUS - Mange tout de même tes fèves tandis qu'elles sont chaudes. Ça se digère mieux, Moronus.
MORONUS - Carpe diem! Miam! Miam!
(...)
***
Note: Ce fragment a été retrouvé dans une vieille cruche, à Trois-Rivières. Un père franciscain a rapporté ça d'Italie. Le temps a détruit la majeure partie de cet ouvrage qui devait représenter l'équivalent de 500 000 mots. L'auteur pourrait être Posidonius de Naples et serait en quelque sorte le premier fragment trouvé à ce jour de ce qui a pu constituer son oeuvre. Posidonius s'est rendu célèbre, entre autres, pour sa sauce au poisson. Vendue partout dans l'Univers, c'est-à-dire dans l'Empire romain, on s'en servait pour ajouter de la saveur à tous les plats. Il était petit et chauve selon Ridiculus de Lutèce, un auteur dont une seule phrase nous soit parvenue: «Posidonius de Naples, auteur du célèbre dialogue de Moronus et Craetinus, était petit et chauve.»
Le fragment est entreposé au Centre des études latines et médiévales de Saint-Pain-Bénit-Nord, un village du Québec très attrayant. Le Centre est situé à deux pas du Garage Jos moteurs & tracteurs inc. Le Centre ne dispose malheureusement plus de téléphone et d'électricité. Vous pouvez rejoindre Raymond Belladone, le responsable du Centre, en envoyant une note au Garage Jos moteurs & tracteurs inc.
mardi 4 janvier 2011
L'art de bien se présenter
Nous vivons à une époque où les confidences n'existent plus. Tout est livré au grand jour. Les inhibitions n'existent pratiquement plus. Tout est exhibitions, spectacles, foires d'empoigne. C'est à qui livrera ses secrets en un temps record. Juste ce qu'il faut pour une prestation unique et inlassablement répétée auprès du malheureux ou de la malheureuse qui ne l'a pas encore subie.
Prenons Lucienne. Appelons-la Lucienne pour ne pas lui faire sentir qu'on parle enfin d'elle.
Pour vous la représenter physiquement, même si son physique n'est pas au coeur de mon propos, je vous dirais que c'est une fille assez jolie quand elle se tait. Dès qu'elle parle, tout se gâche. On n'en revient tout simplement pas d'assister à un tel déferlement de broutilles autobiographiques. Cela dit, elle ne parlerait pas qu'elle ressemblerait plutôt à la version cheap d'une poudrée d'Hollywood. Même la version la mieux cotée m'indiffère. Le fait qu'elle soit une version cheap lui donnerait plutôt un point de plus sur la version la mieux cotée. Enfin! Chacun ses goûts. Chaque torchon trouve sa guénille.
Mais de quoi parlait-on déjà? Ah oui! De Lucienne et de cette maudite manie qu'elle a de tout dire sur elle-même au premier inconnu qu'elle rencontre.
Voilà ce que ça donne. Ha-hum... Permettez que je m'éclaircisse un peu la voix... Ha-hum... C'est qu'elle parle sur le ton d'une poulie qui grince. À débit très rapide... Va falloir que j'me serre les testicules pour l'imiter... Ha-hum!!!
-Salut! J'm'appelle Lucienne. Mon chum s'appelle Henri pis y'aime ça qu'on fasse l'amour quand je r'viens d'la job... J'travaille à La maison du ski alpin, sur la rue Coubertin. J'vends des skis alpins. J'reste au 89-A d'la rue des Corneilles, juste en haut du Dépanneur Plamondon. Quand j'fais l'amour j'aime ça l'avoir dans tous 'es trous... Écoute, écoute... Mon voisin s'plaint que e'j'jouis trop fort! Arf! Arf! Mon chum a un drôle de pénis. On dirait qu'i' est double. Y'a comme un pli su' 'a queue, juste su' l'boutte du gland, pis on dirait qu'i' a deux queues... R'garde! C'est pratique deux queues... Écoute, écoute... Pis à part de ça mes parents sont des chiens sales pa'ce qu'i' veulent pas m'prêter mille piasses pour que j'm'achète un char... L'été passé, moé pis mon ancien chum Roland Canard on a fourré dans l'char quasiment tous 'es jours. Arf! Arf! Quand j'suce j'avale pas tout l'temps pa'ce que quand mon chum y'a la grippe j'veux pas l'attraper! Arf! Arf! Moé, écoute, écoute, moé j'aimerais ça être Paris Hilton pis avouère plein d'argent. E'j'fourrerais tous 'es jours avec mon chum dans des chars sports ou ben don' dans des beaux yachts a'ec mon ti bikini. Arf! Arf! Mais là, mon chum ça i' tente p'us de fourrer pa'ce qui a attrapé des pierres su' 'es reins pis y'est p'us capable de pisser ou ben don' de v'nir. Ça i' fait trop mal au boutte d'la queue... Pis v'là-t'y pas que moé j'me mets à faire des champignons dans l'vagin... R'garde, aime autant te l'dire qu'ça sent fort des champignons entre les cuisses! Ça fait que j'me su's acheté d'l'onguent à 'a pharmacie. Odeur de cerises... R'garde, mon cul odeur de cerises! Ça sent e'l'champignon pareil! Pis comme j'arrive à 'a pharmacie, j'me sens comme des gaz... J'me dis ça doit être un ti pet, que'que chose... Pis force, force... Oumf! Ç'tait d'la sauce calice!!! Fa' que envouèye à 'a maison... R'garde! J't'ai graissé mes bobs d'aplomb... A fallu qu'j'enlève mes bobs pis qu'j'en remette d'autres... Fa' que j'me mets un g-string, tant qu'à faire, pis mon chum rentre dans chambre pendant que j'me mets mon g-string. «Calice qu'i' dit! Fa' pas par exprès pour qu'j'aille encore plus mal à 'a queue!» Pis comme i' dit ça, comme défaite, v'là qu'i voué mes bobs toutes graissées à terre... Ayoye! Y'en débande une crisse de shot... Arf! Arf! «As-tu chié dans tes culottes calice?», qu'i' me d'mande. «R'garde! C't'affaire!» que j'lui réponds. «Tu doé ben vouère que c'est d'la marde!» Pis qu'est-ce qu'i' répond? «J'ai pas besoin de l'vouère pour e'l'sentir câlice!» Arf! Arf!
***
Bon. C'était Lucienne. Lucienne qui est sur Facebook. Tapez Lucienne St-Gelaise. Il n'y en a qu'une seule. Elle a 5678 amis. À peu près tous des cornichons et des andouilles qui racontent leur vie dans tout ce qu'elle a de plus rudimentaire, avec le talent en moins. Seraient-ils artistes, poètes ou musiciens que peut-être trouveraient-ils le moyen de magnifier leur je au point d'en faire quelque chose d'à peu près universel. Mais non, ils sont universellement nuls à chier. Et ils ne parlent que de leurs déjections.
Ce n'est pas que je sois vraiment un puritain. Autrement je n'écrirais pas ainsi.
Néanmoins, il me semble que je fais bien de vivre à une distance raisonnable de la goujaterie.
Je me félicite d'accorder le moins d'attention possible à Lucienne St-Gelaise.
Ce texte-ci sera suffisant.
Hop! On passe à un autre sujet. Demain, je vous reviens avec la vie fascinante des abeilles ou bien sur la découverte d'une étoile supernova par une fillette du Nouveau-Brunswick âgée de 10 ans.
N'importe quoi, sauf parler du vide et de ses riens qui vous racontent toute leur vie poche en dix minutes.
Prenons Lucienne. Appelons-la Lucienne pour ne pas lui faire sentir qu'on parle enfin d'elle.
Pour vous la représenter physiquement, même si son physique n'est pas au coeur de mon propos, je vous dirais que c'est une fille assez jolie quand elle se tait. Dès qu'elle parle, tout se gâche. On n'en revient tout simplement pas d'assister à un tel déferlement de broutilles autobiographiques. Cela dit, elle ne parlerait pas qu'elle ressemblerait plutôt à la version cheap d'une poudrée d'Hollywood. Même la version la mieux cotée m'indiffère. Le fait qu'elle soit une version cheap lui donnerait plutôt un point de plus sur la version la mieux cotée. Enfin! Chacun ses goûts. Chaque torchon trouve sa guénille.
Mais de quoi parlait-on déjà? Ah oui! De Lucienne et de cette maudite manie qu'elle a de tout dire sur elle-même au premier inconnu qu'elle rencontre.
Voilà ce que ça donne. Ha-hum... Permettez que je m'éclaircisse un peu la voix... Ha-hum... C'est qu'elle parle sur le ton d'une poulie qui grince. À débit très rapide... Va falloir que j'me serre les testicules pour l'imiter... Ha-hum!!!
-Salut! J'm'appelle Lucienne. Mon chum s'appelle Henri pis y'aime ça qu'on fasse l'amour quand je r'viens d'la job... J'travaille à La maison du ski alpin, sur la rue Coubertin. J'vends des skis alpins. J'reste au 89-A d'la rue des Corneilles, juste en haut du Dépanneur Plamondon. Quand j'fais l'amour j'aime ça l'avoir dans tous 'es trous... Écoute, écoute... Mon voisin s'plaint que e'j'jouis trop fort! Arf! Arf! Mon chum a un drôle de pénis. On dirait qu'i' est double. Y'a comme un pli su' 'a queue, juste su' l'boutte du gland, pis on dirait qu'i' a deux queues... R'garde! C'est pratique deux queues... Écoute, écoute... Pis à part de ça mes parents sont des chiens sales pa'ce qu'i' veulent pas m'prêter mille piasses pour que j'm'achète un char... L'été passé, moé pis mon ancien chum Roland Canard on a fourré dans l'char quasiment tous 'es jours. Arf! Arf! Quand j'suce j'avale pas tout l'temps pa'ce que quand mon chum y'a la grippe j'veux pas l'attraper! Arf! Arf! Moé, écoute, écoute, moé j'aimerais ça être Paris Hilton pis avouère plein d'argent. E'j'fourrerais tous 'es jours avec mon chum dans des chars sports ou ben don' dans des beaux yachts a'ec mon ti bikini. Arf! Arf! Mais là, mon chum ça i' tente p'us de fourrer pa'ce qui a attrapé des pierres su' 'es reins pis y'est p'us capable de pisser ou ben don' de v'nir. Ça i' fait trop mal au boutte d'la queue... Pis v'là-t'y pas que moé j'me mets à faire des champignons dans l'vagin... R'garde, aime autant te l'dire qu'ça sent fort des champignons entre les cuisses! Ça fait que j'me su's acheté d'l'onguent à 'a pharmacie. Odeur de cerises... R'garde, mon cul odeur de cerises! Ça sent e'l'champignon pareil! Pis comme j'arrive à 'a pharmacie, j'me sens comme des gaz... J'me dis ça doit être un ti pet, que'que chose... Pis force, force... Oumf! Ç'tait d'la sauce calice!!! Fa' que envouèye à 'a maison... R'garde! J't'ai graissé mes bobs d'aplomb... A fallu qu'j'enlève mes bobs pis qu'j'en remette d'autres... Fa' que j'me mets un g-string, tant qu'à faire, pis mon chum rentre dans chambre pendant que j'me mets mon g-string. «Calice qu'i' dit! Fa' pas par exprès pour qu'j'aille encore plus mal à 'a queue!» Pis comme i' dit ça, comme défaite, v'là qu'i voué mes bobs toutes graissées à terre... Ayoye! Y'en débande une crisse de shot... Arf! Arf! «As-tu chié dans tes culottes calice?», qu'i' me d'mande. «R'garde! C't'affaire!» que j'lui réponds. «Tu doé ben vouère que c'est d'la marde!» Pis qu'est-ce qu'i' répond? «J'ai pas besoin de l'vouère pour e'l'sentir câlice!» Arf! Arf!
***
Bon. C'était Lucienne. Lucienne qui est sur Facebook. Tapez Lucienne St-Gelaise. Il n'y en a qu'une seule. Elle a 5678 amis. À peu près tous des cornichons et des andouilles qui racontent leur vie dans tout ce qu'elle a de plus rudimentaire, avec le talent en moins. Seraient-ils artistes, poètes ou musiciens que peut-être trouveraient-ils le moyen de magnifier leur je au point d'en faire quelque chose d'à peu près universel. Mais non, ils sont universellement nuls à chier. Et ils ne parlent que de leurs déjections.
Ce n'est pas que je sois vraiment un puritain. Autrement je n'écrirais pas ainsi.
Néanmoins, il me semble que je fais bien de vivre à une distance raisonnable de la goujaterie.
Je me félicite d'accorder le moins d'attention possible à Lucienne St-Gelaise.
Ce texte-ci sera suffisant.
Hop! On passe à un autre sujet. Demain, je vous reviens avec la vie fascinante des abeilles ou bien sur la découverte d'une étoile supernova par une fillette du Nouveau-Brunswick âgée de 10 ans.
N'importe quoi, sauf parler du vide et de ses riens qui vous racontent toute leur vie poche en dix minutes.
dimanche 2 janvier 2011
Bilan & perspectives / Hic et nunc
J'ai su résister tout au long de l'année 2010 à la tentation d'écrire à la première personne du singulier. N'y voyez pas l'idée de partir une école ou bien une secte. Je me mettrais à dos la partie la plus hypersensible de l'intelligentsia littéraire. J'ai résisté au je pour des raisons purement ludiques. Parce que je croyais que c'était emmerdant pour moi et pour le lecteur de constamment parler de moi.
Évidemment, j'ai commis quelques fabuleux accrocs à cette démarche. Je me suis même laissé prendre au piège de faire les actualités pour empêcher quelques despotes de garde paroissiale d'en faire baver aux miens autant qu'à moi et mes biens. Je suis monté au front avec des caricatures, des textes dans les journaux et même avec un porte-voix en main devant l'Hôtel de Ville de Trois-Rivières.
J'ai crié le mot «démocratie» une bon millier de fois cette année. Et, pour dire vrai, j'entends bien continuer à crier ce mot encore plus souvent en 2011. La souveraineté, ça s'exerce tous les jours. Cela devient une réalité quand on pense par soi-même. Et penser par soi-même, pour paraphraser le philosophe Alain, c'est dire non. L'unanimité est impossible mais le consensus est au coeur de l'art de gouverner, ne serait-ce que chez mes ancêtres sauvages, pas assez civilisés pour jouer aux frappe-à-bord avec les intérêts de leur communauté.
Donc, j'ai écrit des tas de fables, contes, paraboles et fariboles en 2010. Après les Contes de Noël pas racontables, j'envisage de publier un recueil de nouvelles assez volumineux intitulé Le gorille & autres nouvelles pas racontables. Je prépare aussi un recueil de nouvelles autobiographiques, pour bien démontrer que je n'en suis pas à une contradiction près. Et puis je me lancerai peut-être sur un recueil de textes philosophiques et, mieux encore, un recueil de critiques littéraires. Vous verrez tout ça en 2011. Sur papier ou bien en format PDF pour votre iPad. Je ne bretterai pas longtemps avec le monde de l'édition, promis juré, comme toujours. J'emmerderai Gallimard une fois de plus s'il le faut. Je veux publier dans La Pléïade ou rien.
Bon, pour ce qui est de la musique et de la peinture, ça se passe de mots. Deux expositions cette année, une dans ma cour et une autre au Terrasse Café Bistro, ici-même à Trois-Rivières. C'est bien suffisant. Je peinds mieux qu'en 2009. Je peindrai mieux encore en 2011. Le feu sacré des arts bouille toujours dans mes veines. Rien ne se perd et tout se crée en se récréant. Quand le plaisir n'y sera plus, je deviendrai mort et silencieux.
L'amour est au rendez-vous dans ma vie. La santé aussi. Je me sens riche et privilégié auprès de ma blonde. Gâté pourri par la vie alors que tant de gens souffrent, seuls tout seul ou bien seuls en couple. Je n'ai pas de réponses aux souffrances de tout un chacun, sinon cette chance de ne pas les ressentir dans ma vie de tous les jours.
J'aime presque tout le monde malgré tout. Rien n'est jamais tout noir et tout blanc. On a chacun nos parts d'ombres et de lumières. Cela dit, je ne perds pas mon temps avec ceux qui se complaisent des ombres et salivent de faire souffrir autruis. Je tiens près de moi ceux qui sont sensibles aux arts, à la musique et à la poésie. Tout le reste n'est pas suffisant. Et me fait royalement bayer aux corneilles.
Je serai encore plus Sauvage en 2011. Plus je vieillis plus je me sens un être humain dont les racines sont profondément enfouies dans le roc de l'Île de la Tortue. Les drapeaux m'indiffèrent. Les frontières me font peur. Je souhaite vivre dans un monde ouvert, comme une plaine sans soldats, avec des tas de bisons et d'êtres humains doux et pacifiques qui circulent et broutent librement. Dans mon monde, qui existe vraiment, on a pris la décision de vivre libres hic et nunc, ici et maintenant.
***
Imagine there's no country... C'est pas si difficile...
Évidemment, j'ai commis quelques fabuleux accrocs à cette démarche. Je me suis même laissé prendre au piège de faire les actualités pour empêcher quelques despotes de garde paroissiale d'en faire baver aux miens autant qu'à moi et mes biens. Je suis monté au front avec des caricatures, des textes dans les journaux et même avec un porte-voix en main devant l'Hôtel de Ville de Trois-Rivières.
J'ai crié le mot «démocratie» une bon millier de fois cette année. Et, pour dire vrai, j'entends bien continuer à crier ce mot encore plus souvent en 2011. La souveraineté, ça s'exerce tous les jours. Cela devient une réalité quand on pense par soi-même. Et penser par soi-même, pour paraphraser le philosophe Alain, c'est dire non. L'unanimité est impossible mais le consensus est au coeur de l'art de gouverner, ne serait-ce que chez mes ancêtres sauvages, pas assez civilisés pour jouer aux frappe-à-bord avec les intérêts de leur communauté.
Donc, j'ai écrit des tas de fables, contes, paraboles et fariboles en 2010. Après les Contes de Noël pas racontables, j'envisage de publier un recueil de nouvelles assez volumineux intitulé Le gorille & autres nouvelles pas racontables. Je prépare aussi un recueil de nouvelles autobiographiques, pour bien démontrer que je n'en suis pas à une contradiction près. Et puis je me lancerai peut-être sur un recueil de textes philosophiques et, mieux encore, un recueil de critiques littéraires. Vous verrez tout ça en 2011. Sur papier ou bien en format PDF pour votre iPad. Je ne bretterai pas longtemps avec le monde de l'édition, promis juré, comme toujours. J'emmerderai Gallimard une fois de plus s'il le faut. Je veux publier dans La Pléïade ou rien.
Bon, pour ce qui est de la musique et de la peinture, ça se passe de mots. Deux expositions cette année, une dans ma cour et une autre au Terrasse Café Bistro, ici-même à Trois-Rivières. C'est bien suffisant. Je peinds mieux qu'en 2009. Je peindrai mieux encore en 2011. Le feu sacré des arts bouille toujours dans mes veines. Rien ne se perd et tout se crée en se récréant. Quand le plaisir n'y sera plus, je deviendrai mort et silencieux.
L'amour est au rendez-vous dans ma vie. La santé aussi. Je me sens riche et privilégié auprès de ma blonde. Gâté pourri par la vie alors que tant de gens souffrent, seuls tout seul ou bien seuls en couple. Je n'ai pas de réponses aux souffrances de tout un chacun, sinon cette chance de ne pas les ressentir dans ma vie de tous les jours.
J'aime presque tout le monde malgré tout. Rien n'est jamais tout noir et tout blanc. On a chacun nos parts d'ombres et de lumières. Cela dit, je ne perds pas mon temps avec ceux qui se complaisent des ombres et salivent de faire souffrir autruis. Je tiens près de moi ceux qui sont sensibles aux arts, à la musique et à la poésie. Tout le reste n'est pas suffisant. Et me fait royalement bayer aux corneilles.
Je serai encore plus Sauvage en 2011. Plus je vieillis plus je me sens un être humain dont les racines sont profondément enfouies dans le roc de l'Île de la Tortue. Les drapeaux m'indiffèrent. Les frontières me font peur. Je souhaite vivre dans un monde ouvert, comme une plaine sans soldats, avec des tas de bisons et d'êtres humains doux et pacifiques qui circulent et broutent librement. Dans mon monde, qui existe vraiment, on a pris la décision de vivre libres hic et nunc, ici et maintenant.
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Imagine there's no country... C'est pas si difficile...
samedi 1 janvier 2011
Bonne année! Paix et amour sacrament!
Moi et mon amour étions à Québec pour célébrer le jour un de l'année 2011.
Bonne année! Paix et amour sacrament!