mercredi 8 avril 2009
Fuck les phoques! Sauvons l'inuktitut!
Il ne me venait pas à l'esprit, avant un voyage du côté du Labrador, qu'il y avait au Canada des gens qui ne parlaient ni l'anglais ni le français, les deux langues officielles du pays.
Les Indiens que j'avais croisés jusqu'à ce jour - Hurons, Iroquois, Algonquins, Abénakis et Métis de la vallée du fleuve Magtogoek, ou bien Cris des Plaines, Haidas et Tinglits de la côte Ouest - parlaient tous couramment l'une des deux langues européennes.
Les langues aborigènes sont presque disparues. Plus personne ne parle vraiment la langue des Hurons, des Neutres et autres Agniers de la confédération. Il ne reste que des lexiques concoctés par des curés, une chanson à la vierge Marie et quelques comptines.
Par contre, l'algonquin/anishnabé, le cri, l'innu et l'inuktitut sont encore parlés à tous les jours. Et on semble se préoccuper beaucoup plus du sort des bébés phoques que des locuteurs de ces langues menacées d'extinction.
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J'étais dans le train panoramique de la Quebec North Shore Line qui montait vers Schefferville.
Il y avait une bande de cinq à six Innus qui sirotaient leur petite bière cachée dans un sac de papier brun. Je les salue d'abord en français: ils ne comprennent pas. Puis en anglais: même chose. Ils se regardent, me regardent, et baragouinent entre eux. Finalement, un gus vient me dire en anglais que ses potes innus ne parlent pas un traître mot de français ou d'anglais. Le choc. Je ne croyais pas que c'était encore possible. Ça manquait à ma culture, déjà vidée de presque tout son contenu aborigène.
Tout ça pour dire que les Québécois, si soucieux de préserver leur langue française, devraient soutenir les Inuits, les Cris, les Innus et tous les autres qui souhaitent transmettre leur culture dans la langue qui leur est propre depuis la nuit des temps.
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Allez lire cette lettre d'opinion de Derek Rasmussen dans Le Devoir. Une lettre dont tout le monde semble s'être foutu, comme d'habitude.
Environ 8000 Inuits recoivent 48,50$ par tête de pipe pour l'éducation dans leur langue alors que 45 francophones reçoivent 3500$ chaque, là-bas, au Nord.
Ça fait dur. Le Canada fait toutes sortes de démonstrations pour revendiquer sa souveraineté dans l'océan Arctique mais ne se préoccupe pas un instant de sauvegarder l'inuktitut, sans laquelle la culture inuite ne serait que du folklore.
Bien sûr, l'enseignement de l'anglais n'est pas à dédaigner, tant pour un Inuit que pour un Québécois francophone. Les Chinois apprennent l'anglais. Les Italiens aussi. C'est juste normal. Mais on enseigne aussi le mandarin aux Chinois et l'italien aux Italiens.
Fuck les phoques! Sauvons l'inuktitut.
Ça fait dur, ça c'est sûr...heille! ça rime en crime...bon okay j'arrête.
RépondreEffacerMais il faut pas oublier qu'on parle toujours d'occupation de l'Île de la Tortue, et que ce Canada (ou Québec ou whatever) est en fait une "corporatocratie". Ça fait que les gens , quels qu'ils soient, ils passent en dernier, "si" ils passent.
Un p'tit bonjour du Sud de la France! Ici pas de phoques ni d'Inuits, mais des émerveillés de de la diversité des cultures. Donc... vive les langues, mortes ou vivantes, et fuck le rouleau compresseur des cultures dominantes réductrices!
RépondreEffacerKue Geatan,
RépondreEffacerJe suis heureux que tu sois deja venu a Scheffer.
Je suis un mustugusho (homme blanc en naskapi) avec 3 enfants qui parlent 4 langues: innu,naskapi,francais et anglais.
On fait tout ma conjointe et moi pour preserver les langues autochtones. Mon beau-pere Naskapi de 85 ans est un modele pour nous tous,surtout pour nos enfants. Longue vie aux langues "encore" existentes.
Kwey Misko!
RépondreEffacerTout pouvoir est une illusion qui s'éteint quand plus personne n'y croit.
Kwey Schefferville,
RépondreEffacerMerci pour ton beau témoignage.
Salut à toi, Marius du Sud de la France.
RépondreEffacerKwai Gaétan!
RépondreEffacerC'est pas surprenant que les gouvernementeurs ne fassent pas grand chose (lire rien) pour préserver les langues. Quand on se rappel qu'il n'y a pas si longtemps ils ont «travailler fort» les enfants autochtones dans leur pensionat pour leur arracher jusqu'au dernier gramme d'identité. Pour «tuer l'indien et sauver l'homme» comme ils disaient.
Je crois pas que la mentalité de c'est scies-vilisationistes autoinvestis de la «destinée manifeste» ait bien changée depuis lors.