mercredi 11 mars 2009
La métempsychose de Roland
La vie est étrange mais que dire de nos vies passées? Ou de la métempsychose? Hein?
Vrai comme la nuit tous les chats sont gris, tout un chacun qui croit en quelque forme de réincarnation s'imagine avoir été Ramsès II ou Cléopâtre dans une autre vie. La vanité de l'humain est telle qu'on ne se l'imagine pas en train de s'accorder le mauvais rôle, même en matière de superstitions.
Roland croyait fermement en la réincarnation. À moins qu'il n'y ait là quelque sourire en coin qui, jusqu'à maintenant, ne peut releverque de la pure spéculation. D'abord, je ne connais pas Roland. Ensuite, je ne l'ai vu qu'une fois, et c'était pas plus tard qu'hier, au Tim Motton's.
Je sirotais mon café à ses côté quand il m'a demandé si je lisais Le Journal de Montrial, déposé en face de moi. Le client avant moi l'avait laissé traîner là.
-Prenez-le. J'le lis pas.
Je lui donne donc Le Journal de Monrial.
-Marci m'sieur. C'est quoi vot' ti-nom vous? Moé c'est Roland!
-Gaétan... Enchanté Roland.
Roland mesurait un mètre soixante-quatre. Il pesait cinquante-deux point cinq kilogrammes. Et à part ça il était vieux, sec et un peu fripé, avec une oreille râpée, un nez camus et une jambe berlinguette. Quand il parlait un de ses oeils clignait tout le temps. Il ne rasait pas ses poils de nez et de longs cheveux poussaient à travers ses sourcils déjà broussailleux. Il avait une barbe de soixante-sept heures. Sa calotte de baseball était sale et on pouvait lire dessus «Abattoir Gélinas Inc.». Le reste de ses vêtements étaient sales mais bien cousus et je n'irais pas jusqu'à vous raconter la couleur de ses shorts parce que, ça, je ne le sais pas.
Ce que je sais c'est que Roland était sûrement un Trifluvien puisqu'il n'y a qu'eux pour vous parler de choses mystérieuses, comme ça, qui que vous soyez. Le petit monde de Trois-Rivières n'arrête jamais de parler et Roland, eh bien, il me parlait sans gêne.
-Moé m'sieur Guétan, moé, me dit-il avec son oeil clignotant, moé j'su's la réincarnation d'un ivrogne qui buvait toutes ses payes dans l'temps des fanfarons d'Égypte! Hé! Hé!
-Ah oui, lui répondis-je, amusé.
-Après ça, dans une autre vie, j'ai vécu dans un dépotoir au temps de l'empire romain, j'étais cul-de-jatte pis j'me nourrissais de déchets.
-Ah bon...
-Pis j'ai aussi été un trou d'cul dans l'temps de Charlemagne. J'ai abandonné mes enfants à la crèche pis j'me pétais des bouteilles su' 'a tête dans 'es cirques pour gagner ma vie.
-Hum...
-J'ai aussi été fraudeur, voleur, valet de cour, indigène, paresseux, fou, n'importe quoi, mais jamais quelqu'un de bien pis d'célèbre. Dans toutes mes vies antérieures, m'sieur Guétan, j'ai toujours été un trou d'cul. Sauf dans celle-citte. Savez-vous c'que j'su's dans celle-citte?
-Non.
-J'su's un clown.
-Un clown?
-Ben oui... Un clown. J'aime ça faire rire 'e'l'monde. Faut ben s'amuser, pas vrai?
-Ouais.
-Bon qu'est-cé qui a encore comme mauvaises nouvelles dans c't'hostie d'Journal de Monrial... Calice! Carbonneau s'en va pis va être remplacé par Bob Gainey! J'ai mon voyage!
Je me permets d'enregistrer ce commentaire tout solitaire, ne serait-ce que pour épater la galerie.
RépondreEffacert'as épouvanté tout le monde avec ton titre, en mettant "psychose", dedans. si tu crois qu'en ces temps de crise, les gens n'ont à faire que ça :
RépondreEffacerhttp://www.ecranlarge.com/movie_video-view-1318-991.php
héhé!
Ça n'a rien à voir mais un vieux Hitchcock ça fait toujours du bien à revoir.
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