lundi 23 février 2009
Viva Las Vegas!
Saint-Polycarpe-de-Mikinak est un petit village québécois de onze cents âmes situé aux abords de la rivière Métabéroutin. Ses affaires reposent essentiellement sur la production de baguettes chinoises. Auparavant, ce petit village concentrait toute son activité humaine autour de la production de patates et de farine de sarrazin.
Avec la mondialisation, plus personne n'avait besoin des patates et du sarrazin des gens de Saint-Polycarpe. Même Joseph Desmarais, maire et propriétaire du casse-croûte Chez Ti-Jos Patates, achetait ses frites congelées au diable vauvert. Elles étaient moins chères que les patates locales, qui nécessitaient un employé pour les peler et les trancher. Avec les frites congelées, Jos sauvait un salaire. Ce qui lui faisait encore plus d'argent pour jouer aux cartes, un de ses passe-temps préférés avec celui de la politique.
Ce qui fait que Jos et ses partenaires de cartes ont demandé une permission spéciale au ministère pour dézoner certaines terres agricoles afin d'y installer une usine entièrement consacrée à la production de baguettes chinoises pour les Chinois et autres acrobates des temps de repas.
Pendant deux ou trois ans, tout alla rondement. Des tas de camion partaient tous les jours de St-Polycarpe pour aller mener leur cargaison de baguettes chinoises un peu partout de par le monde. Les salaires étaient médiocres mais les emplois étaient stables et les ouvriers trouvaient toujours de quoi se payer une bonne poutine Chez Ti-Jos Patates, qui en faisaient des crisses de bonnes, cela dit en passant, le torvisse.
Le secret était dans sa sauce. Secret fort simple: il crissait deux cuillères à soupe de ketchup par deux tasses de sauce brune. Un jeu d'enfant. Et tout le monde s'y faisait prendre et ça disait tous qu'il n'y avait pas de meilleure poutine que celle de Chez Ti-Jos Patates. Et la vie suivait son cours, de l'usine à la maison, avec quelques détours du côté du marché d'alimentation Joseph Desmarais Inc., de la pharmacie Desmarais et fils, de la taverne Chez Dédé Desmarais et de Chez Ti-Jos Patates.
Un beau matin, tout s'est arrêté à St-Polycarpe-de-Mikinak. Les actionnaires de la compagnie Chopstick Inc. décidèrent de déplacer leurs pions ailleurs, en Pologne, où le prix des forêts avait baissé.
Ce qui fait que tout le monde s'est retrouvé sur le chômage. Puis sur l'aide sociale.
C'est là qu'il fallait agir. Et ce n'est pas que Joseph Desmarais manquait de dynamisme mais il n'était pas le bon Dieu non plus. Relancer la baguette chinoise dans le comté, c'était comme faire des tours de magie dans le contexte actuel du marché de la baguette chinoise. Il fallait donc user d'imagination.
Un jour que Jos avait de la misère à digérer, à force de penser à toutes sortes de moyens pour garder sa clientèle en vie, il se décida d'aller marcher du côté du lac Mikinak, à quelques pas du Village. C'était encore sauvage. Deux ou trois chalets, dont celui de Jos.
Il était neuf heures du matin. Le soleil luisait sur les eaux paisibles du lac. Les huards s'envolaient dans de voluptueux battements d'ailes. Joseph était en plein soleil et -zoup!- il eut comme une illumination.
-Un casino! On va bâtir un complexe de jeu avec vue sur le lac Mikinak! Hôtels, auberges, ski alpin, massages, spectacles, magie! Oui! On veut un casino!
Et il revint au village comme s'il était Moïse qui descendait du Sinaï avec les tables de la Loi.
-Ce sera majestueux! Beau! Des touristes du monde entier vont venir icitte rien que pour jouer aux cartes ou ben au vidéo-poker pendant que d'autres se feront masser ou feront du ski alpin!
-Y'a pas d'montagne dans le coin, rétorquèrent les sceptiques de la taverne Chez Dédé Desmarais. C'est faitte su' l'plate St-Polycarpe!
-On va en bâtir une montagne! C'est toutte! Quand on a un rêve et qu'on y croit, tout est possible!
Neuf mois plus tard, la vie reprenait à St-Polycarpe. Tout le monde apporta sa pierre pour bâtir la montagne du maire Desmarais, le futur centre de ski alpin le plus moderne de la région, avec massothérapie et jeux à volonté.
Joseph Desmarais fut réélu maire de la municipalité.
Et, comme de coutume, les sièges du casse-croûte Chez Ti-Jos Patates se remplirent de clients salivant à l'idée de sa régaler d'une bonne poutine à la sauce Ti-Jos, deux cueillérées de ketchup par deux tasses de sauce brune.
Comme quoi des réussites économiques sont toujours possibles, même en temps de crise.
et donc, faudrait aller vers les gens, plutôt. bien capté le message.
RépondreEffacersinon, plamondon est enceinte. il a tellement bu de bière, qu'un fut lui est poussé dans l'estomac. on sait pas par ou on va faire sortir tout ça, mais c'est en réflexion collective. il mangent des cigares en chocolat en attendant de trouver la réponse.
moi, je préfère les carambars. au moins, on a de quoi lire en attendant.