mardi 23 décembre 2008
TRAÎNE SAUVAGE ET CRAZY CARPET
On s'en allait sur la rue Laviolette avec nos Crazy Carpet bleus et notre superbe traîne sauvage toute déglinguée. Elle glissait encore, c'était ça le principal, même s'il lui manquait quelques bouts de planches et une chaîne de métal sur l'un des deux côtés pour retenir la courbe avant de celle-ci. Ce qui fait qu'elle faisait dur, notre traîne sauvage.
J'étais avec mon frère benjamin Ti-Mik, presque mon jumeau puisque seulement quelques mois nous séparent. Le Bief y était aussi. Et Ti-Kas. Et le Verbe.
On se donnait des surnoms pas d'allure.
On m'appellait Gate ou Gros Butch ou Bebutch ou je ne sais plus trop.
En tout cas, on se reconnaissait dans ce monde fait à notre mesure. Nos surnoms nous convenaient tout à fait. Même que certains d'entre nous se les faisaient imprimer en grosses lettres de vinyles sur leurs pantalons de coton ouaté, dans une petite boutique du centre-ville où l'on pouvait aussi se faire imprimer des tee-shirts extravagants: des têtes de mort en feu ou des dragons karatéesques. Ça voulait dire: attention, je m'appelle le Bief ou Ti-Cromo... Ça marquait le territoire.
Nous allions glisser à l'hôpital Sainte-Marie-des-Twois-Wivièwes, sur le deuxième coteau laissé là après le retrait de l'ancienne mer de Champlain, il y a quelques milliers d'années. Une belle pente s'offrait à nous pour pratiquer la glissade à la manière de Evil Knievel, le célèbre cascadeur, notre idole.
Ça faisait dix jours qu'il neigeait presque tout le temps et la côte devait bien être recouverte de quatre à cinq pieds de neige bien aplatie par les glisseurs en Crazy Carpet. Nous pourrions profiter du polissage de la piste par les glisseurs précédents. Ce qui serait bien plus amusant. Et bien plus dangereux aussi. Evil Knievel serait fier de nous.
Comme nous débutions dans l'adolescence, nous faisions tout pour rendre la glissade plus risquée. Nous glissions debout dans la traîne sauvage ou notre Crazy Carpet jusqu'à ce que l'un d'entre nous se mette à saigner après avoir revolé dans le décor. Alors nous revenions vers notre quartier pauvre, toute la bande, en lançant des boules de neige sur les maisons bourgeoises du premier coteau.
-Hostie d'riches! Oua! qu'on se disait en leur lançant des mottes.
Nous glissions ensuite deux ou trois fois sur le premier coteau, sur le boulevard St-Louis jusqu'à ce qu'un autre blessé s'ajoute.
De retour au foyer, la mère nous bourrait avec de la tarte au sucre et du steak de cheval pour que l'on reprenne des forces. Nos Crazy Carpets et notre traîne sauvage étaient remisés dans la shed.
-Une partie de Mille-bornes les gars? proposa mon père.
Pas de refus. On a sorti le jeu, brassé et distribué les cartes.
Et on a joué au Mille-bornes, même si nous n'avions pas de char, en buvant de grandes gorgées de Kik Cola et de Radnor Spécial.
AHHHH y'a trop de mots qui me font tripper dans c'billet-là, Gaétan!
RépondreEffacerMerci :D
Ménage-moé, Gaétan. :)
RépondreEffacerLa côte de la croix de la Paix, en face de l'hôpital Ste-Marie, ouf... Tu parles d'une époque! Une époque où le monde s'amusait encore sur place, sans 4 par 4, sans skis alpin, sans équipements chromés... Juste des caoutchoucs, des bas de laine pis une traîne sauvage. Gériboire!
As-tu fait la côte de l'hôpital Cooke? Maintenant c'est des résidences d'étudiants de l'UQTR.
Pis la Radnor pour me rachever... Au fraise, tiens! "Brasser" dans la municipalité de St-Maurice, rien de moins.
J'pensais que tout le monde avait oublié ça... ;)
Les mots qui me font le plus tripper dans ce billet, Sandra, c'est Crazy Carpet. J'sais pas pourquoi.It's just crazy, y'know...
RépondreEffacerInukshuk, ménage-moé toé 'ssi parce que je vais finir par avoir l'impression que j'te connais depuis toujours. Tu ne t'appellerais pas Herménégilde-Henri Chiasson-Vaillancourt-Courtois par hasard?
J'ai glissé sur toutes les côtes de Twois-Wivièwes. En arrière du centre d'achats Les Rivières, au pit de sable, c'était aussi pas mal cool. Mais surtout plus loin. Ce qui fait qu'on allait plus souvent à la côte de l'hôpital Ste-Marie, d'autant plus que l'urgence était plus proche en cas de blessures graves.
Et que dire du nectar Radnor, hein? Du nectar, hostie, comme en buvaient Homère, Pindare et Sapho. Oua!