dimanche 21 décembre 2008
SIMPLEMENT MA PATINOIRE, MON ART & MA SPIRITUALITÉ
J'ai terminé ma patinoire hier après-midi. La photo ci-dessus est un peu floue et ne rend pas bien les couleurs. Le temps est nuageux dehors et il n'y a qu'à l'extérieur que je réussis à prendre des photos de mes toiles à peu près acceptables. Si je les prenais à l'intérieur ce serait trop sombre ou bien vous verriez le flash.
Je me suis inspiré en partie de la patinoire du Parc des Pins, à Trois-Rivières, en y ajoutant quelques fantaisies, dont des sapins au lieu des pins. J'ai intitulé cette toile En famille à la patinoire du quartier. Je l'ai accrochée dans le salon avec d'autres tableaux que j'ai exécutés sur le thème de l'hiver. Avec les cadeaux sous l'arbre en fibres optiques, c'est féérique et reposant comme je le souhaitais. J'aurais pu faire un type avec une hache dans la tête mais je ne trouve pas de plaisir à exploiter des thèmes glauques en peinture. D'autres feront mieux que moi. Et ils souffriront. Car l'artiste devient toujours ce qu'il fait. Prenons moi pour exemple si vous le voulez bien: je peins du bonheur et je suis heureux.
L'ART ET LA SPIRITUALITÉ
J'entretiens avec l'art les mêmes rapports que j'entretiens avec la spiritualité.
Pour moi, la spiritualité ne réside pas dans les institutions. Une église n'est pas un temple, mais un commerce. C'est trop platement terrestre. Il y a bien sûr de la beauté dans un temple. Mais il y a surtout du commerce et l'esprit, ça ne se vend pas. Et Dieu ou Kidjé Manitou, s'Il existe, n'est pas à vendre.
La Nature est un temple. L'esprit humain aussi.
Je suis donc un athée à temps partiel. Je crois en quelque chose que je ne saurais nommer et qui ne se manifeste que furtivement, comme un lynx, le temps d'envisager l'hypothèse que ce n'était qu'un rêve. Il est possible que tout cela, en effet, ne soit qu'un rêve. Non seulement le lynx qui passa devant nos yeux l'espace d'un instant, mais aussi la forêt, nos yeux, nous-mêmes.
Je n'en demeure pas moins animiste à temps partiel. Il m'arrive de penser que les arbres et les roches peuvent parler. Généralement, on conduit vers l'asile ceux qui pensent ainsi. Ce qui fait que je me tais à ce sujet. Je n'en parle qu'à ceux qui n'ont pas de préjugés envers la spiritualité des habitants de l'Île de la Tortue. Pour nous, les arbres pleurent, rient, vivent et meurent. Vous expliquer ça est inutile. Il ne suffit que de regarder les arbres sans penser à son rendez-vous chez le dentiste. Si ça ne fonctionne pas avec vous, allez vous enfermer chez-vous et regardez la télé.
LES INDIENS NE SIGNAIENT PAS LEURS TOTEMS
Les aborigènes ne signaient pas leurs totems. L'art était partie prenante de leurs vies. Tout un chacun y était artiste, à sa façon, et il n'y avait pas d'institution pour décerner des titres et des médailles en chocolat aux plus étonnants d'entre eux.
J'imagine qu'un sourire et une bonne claque dans le dos devaient suffire.
Suis-je en train de réanimer le mythe du Bon Sauvage? Pas du tout, puisque ce n'est pas un mythe. Regardez les Inuits. On dirait que tout un chacun sculpte de la pierre à savon ou joue de la guitare là-bas. C'est vrai que leurs hivers sont longs.
Les nôtres aussi, à moindre échelle. Ce qui fait que l'art est partie prenante de nos vies, comme l'air plus ou moins pur que nous respirons, l'art de tout un chacun, la prière de tous autant que nous sommes, et les arbres qui nous sourient, tiens, pour compléter le tableau symboliste de mon état d'esprit...
Je m'en veux parfois de signer mes textes et mes tableaux. Si je n'étais pas contaminé par mon atavisme trop civilisé, tout serait anonyme. Signer ses oeuvres, c'est comme pisser pour marquer son territoire alors que l'infini est bien plus vaste que ce misérable rond de pisse qui se prend pour un océan.
ALLER À LA MESSE? PUBLIER?
De même que je me tiens loin des temples, j'ai peine à me rapprocher des maisons d'édition et autres institutions artistiques. Je sais, en mon for intérieur, que je produis de la prose publiable. J'écris clairement. Mon propos est imagé. Je maîtrise plutôt bien les standards de l'écriture. Bon, c'est sûr, je vais finir par être publié.
Et cela ne m'emballe pas nécessairement. C'est comme si l'on m'obligeait à aller à la messe. Je ne crois pas qu'il y ait de la spiritualité dans la boutique de Dieu. Et je pense la même chose du marché du livre. Il y a plus de vie dans les arbres que dans les livres qu'on fait parfois avec.
«Publier c'est mettre aux enchères l'esprit humain.» Emily Dickinson n'a jamais si bien dit.
Et puis l'Internet, c'est gratuit, convivial, accessible, instantané, comme si nous étions une bande d'Indiens autour du feu... On a beau être aborigène qu'on peut aussi être pragmatique.
Prenons encore une fois les Inuits. Les premiers aviateurs ont tout de suite été fascinés par la puissance de leur raisonnement. Ils achetaient un avion après en avoir entendu parler, en se cotisant toute la bande, et sans avoir lu quoi que ce soit à ce sujet devenaient par enchantement de fameux aviateurs et mécaniciens, comme s'ils avaient toujours vécu dans la technologie. L'aéronautique? L'Internet? Pfff... Facile! Les deux doigts dans l'nez...
Heureusement que pour pallier à toutes ses questions sur la littérature, de tous les arts le moins vrai, je bénéficie de l'immense privilège de pouvoir transcender les mots par le pouvoir de la peinture et de la musique.
Quand les mots deviennent vains, parce que l'infini ne se traduit pas en mots, il me reste à peindre un oiseau ou bien à jouer deux-tziganes-sans-répit-grattent-leurs-guitares de Charles Aznavour et je suis ailleurs, avec les esprits, avec l'art et le rêve.
Un arbre en fibres optiques? T'es techno en titi Gaétan.
RépondreEffacerJoyeuses Fêtes, là :D
Gaetan, c'est mon cadeau du temps des fêtes de découvrir ton blog!!! :-D J'adore tes personnages qui mordent la vie à pleine dents et tes scènes de rues animée, ton humour.
RépondreEffacerMécréante à temps plein, de lire "je peins du bonheur et je suis heureux", cela m'aurait suffit à revenir ici, même si je n'avais pas eu ce coup de coeur pour tes personnages :-)) Ma pratique de la peinture est plus que débutante (un an, trois mois seulement en quotidien et pour les portraits) mais je constate à quel point c'est une activité qui nous transforme (dans mon cas, me simplifie).
Super cette patinoire avec ces joueurs heureux et déjantés :-))
Bon temps des Fêtes, je reviendrai fouiller tes archives sous peu :-))
On gagne vraiment à te côtoyer - ne serait-ce que via tes écrits...et tes tableaux...et ta musique...ouain!, finalement, j'ai l'impression de te connaître quand-même un peu - cher Makwa Gee.
RépondreEffacerJe l'ai lu à ma blonde (elle n'aime ni lire ni écrire). Elle trouve ça très beau, et te dit qu'elle est entièrement en accord avec toi.
K'namiolji nidôba
(à la revoyure...)
-Misko
C'est grâce a femme libre si je suis venue jusqu'ici et je suis ravie. J'aime beaucoup vos aquarelles et les textes. Je reviendrai.
RépondreEffacerJ'adore Charles Aznavour ... et complétement la derniére phrase de ton texte du jour !
RépondreEffacerQuand les mots deviennent vains , il y a la musique et la peinture !
Amitiés à vous deux ,
helena
Les arbres...Dieu s'il existe...
RépondreEffacerMakwa Grizzli Gaétan.
"La litté, de tous les arts le moins vrai."
Vraiment?
Permets-moi d'en douter,
mais pas de ton authenticité
qu'il fait toujours bon lire.
Amitiés,
Yvan.
Merci Gaétan pour ce superbe texte... T'as pas idée du bonheur que ça m'apporte... Je ne sais pas trop mais ça me réconcilie avec moi même... Tu es tellement vrai, toi-même sans hésiter une fraction de seconde, jamais...
RépondreEffacerQuel beau cadeau tu nous fais !
Passez un merveilleux Noël LBN, toi et vos proches.
Ma mère m'a rabattu les oreilles avec son : "on est ce que l'on pense". Ça me tannait. Je savais pas encore combien elle avait raison, comme je ne savais non plus que je rencontrerais plein de personnes partageant cette conviction. Elle était en avance de son temps (elle aurait 96 ans si elle vivait encore !), normalement, c'est à l'église qu'elle aurait dû apprendre ses "convictions" par coeur mais sans le coeur. Mais voilà, c'était une délinquante et je l'en remercie aujourd'hui !
RépondreEffacerTa peinture sur glace déborde de vie, de bon air et de bonheur.
Superbe texte, magnifique toile ...
RépondreEffacerJe t'aime mon tendre amours !
Vous êtes tous ben fins. J'vais tous et toutes vous dessiner en train de manger une poutine de Noël.
RépondreEffacerMon tendre am-ours tu voulais dire, ma blonde?
RépondreEffacerMoé 'ssi j't'aime my sweet honey bee!
Oui oui mon tendre am-ours!
RépondreEffacerBonne idée pour la grande toile. Une table remplie de bonheur, de paix, de joie et de ces tapocheux d'clavier!
Au menu, poutine aux atocas !
Un petit mot pour te saluer, Gaétan.
RépondreEffacerLe parc des Pins, seigneur! J'ai patiné sur sa patinoire quelques fois. Un été, sur le même terrain, j'avais maladroitement appris à y jouer à la crosse.
Et les grands pins encore debout, sculptés par le vent.
Anciennement le parc Jean Béliveau. Il était venu à la fête quand on l'a nommé en son honneur. Je pense même qu'il était monté à l'étage de l'appartement où lui et sa famille avaient habité, en face du parc.
J'attendais pour un autographe, mais il y avait tellement d'admirateurs que je me suis tanné d'attendre.
Et le parc a retrouvé son nom entretemps.
Pas loin, il y avait le marché Ste-Foix ou une boucherie. Quelque chose comme ça. Je connaissais kekun qui y habitait du temps de l'école secondaire.
Souvenirs, souvenirs...
@+
(belles peintures naïves comme je les aime...) ;)
de penser que l'univers s'arrête à l'homme est une irésie... c'est évident qu'il y a une énergie plus forte encore mais va-t-on savoir c'est quoi...
RépondreEffacerL'homme cherche depuis toujours !
J'ai adoré la patinoire. Me donne une idée pour Nowell...