samedi 5 juillet 2008
Triathlon matinal au pays des canards à col vert
J'ai déjà dit ou écrit que je ne lis jamais Foglia au complet lorsqu'il traite de vélo. Je comprends que cela puisse être une passion pour lui, mais c'est l'angle sous lequel je ne le trouve pas passionnant.
Bien sûr, Foglia est passionné du vélo. Bien sûr, c'est écolo, le vélo, et tout le saint-frusquin. Mais écrire sur le vélo? Pire encore: lire sur le vélo? Mon esprit se ferme au vélo, que voulez-vous. Je le considère pour ce qu'il est: un moyen pour voyager à peu de frais tout en perdant du bide. Pour le reste, le Tour de France ou le tour de taille de Rita, je fais des bulles en fixant le vide. Cela ne m'intéresse pas, le vélo. Qu'on se le tienne pour dit.
Pourtant, cela fait trois jours que j'ai mon vélo, un Peugeot de troisième main, et voilà que je ne fais que parler de vélo... Quel abruti je fais. Je ne suis même pas capable de m'en tenir à mon dégoût primaire pour le vélo. Et voilà que je prends le goût d'écrire sur mon vélo, comme un con.
Je vais vous épargner les compétitions.
Je me contenterai de vous raconter l'essentiel: le vélo m'a rajeuni de dix ans!
Je suis en compétition avec moi-même.
Je n'ai pas encore atteint la forme que j'avais auparavant. Je faisais Trois-Rivières-Québec aller-retour à dix-huit ans. Je montais même à vélo au Parc national de la Mauricie. Il y en a de la côte avant d'arriver au Parc... Je partais vers cinq heures le matin et j'arrivais vers onze heures. J'allais me baigner un peu dans le lac Wapizagonke et je revenais vers Trois-Rivières autour de seize heures, fatigué, mais en pleine forme. Quand je faisais des longueurs dans l'énorme piscine à ciel ouvert du terrain de l'Expo, à Trois-Rivières, eh bien je rentrais dans l'eau à treize heures et j'en sortais à seize heures. J'étais excessif, que voulez-vous! Et je voulais avoir des gros crisses de bras, ce qui a parfaitement réussi.
Ce matin, avec mon vélo, je me suis permis de l'excès, comme si je n'avais pas quarante ans. Je me suis tapé une bonne randonnée du côté de l'Île St-Quentin.
Je suis parti vers six heures trente. L'Île est calme à cette heure-là. Le reste de la journée j'aime mieux me trouver ailleurs. C'est la cohue sur les plages et les sentiers. Sans compter qu'il y a toujours des zouaves pour nous faire partager leur musique de crétins. Ils vont dans la nature pour y recréer les conditions de leur sous-sol. Et moi, vivre dans un sous-sol l'été, pas question. «Ferme ta musique, abruti, et retourne dans ton sous-sol!»
Je sais, ce n'est pas poli de dire ça. C'est pourquoi je l'écris. Je me dis que c'est moins pire. Et puis ça va permettre à un tas de parasites du ouèbe de venir m'insulter dans ma boîte de commentaires, ce qui est tout de même du feedback.
Évidemment, je ne publie plus ces conneries. Partez-vous un blogue pour m'envoyer chier, trouvez-vous une vie, je sais pas. Mais ne comptez pas sur moi pour publier tous ces textes où je suis traité de nul, d'anti-américain, de pro-américain, de gauchiste, de droitiste, de libertarien, de capitaliste, de communiste, de végétarien, de carnivore, de fédéraliste dur, de souverainiste mou, de mangeur de saucisses, de millionnaire... Je me contente de ramasser le vomi sans vous le montrer. Je supprime toutes ces bêtises pour des raisons d'hygiène. Je ne laisse pas traîner de bouteilles vides dans mon appartement après un party. Que voulez-vous, je suis propre. Bref, je ne publie pas les sales et les crottés.
Donc, pour reprendre le fil, je suis allé à l'Île de très bonne heure. Ce matin, c'était pour inaugurer mon triathlon. J'ai pédalé, marché et même nagé. J'ai plongé dans la rivière Métabéroutin, savourant quelques brasses vigoureuses au soleil qui plombait sur les eaux du fleuve Magtogoek.
Puis je me suis promené du côté de la petite passerelle d'interprétation qui entoure l'Île. La passerelle de bois serpente un marécage puant favorable à la prolifération des insectes aussi bien qu'à celle du canard à col vert.
J'en ai vu au moins une soixantaine, dont cinq à six familles, des canes qui s'ébrouaient dans l'eau parmi leurs nombreux gros canetons qui sont sur le point de devenir des canards adultes.
Le soleil perçait entre les arbres, créant des effets de clair-obscur d'une beauté sublime.
Un écureuil s'est approché vers moi, la barbe pleine de mousse et de pollen. Il avait l'air si stupide que j'ai éclaté de rire. Je crois que l'écureuil s'est mis à rire aussi, par politesse, au cas où je lui tendrais des noix. Or, mes noix sont conservées bien au sec et je ne voulais pas qu'il les croque. Donc, je l'ai salué, comme si j'étais St-François-d'Assise ou bien un Anishnabe animiste du bon vieux temps où l'on croyait que la vie était dans tout, et pas seulement dans le dernier tube diffusé sur You Tube ou Musique Plus.
La vie est dans l'arbre, l'écureuil, le canard à col vert et moi-même qui pédale, marche et nage en vue de remporter mon triathlon...
Il paraît que seuls les fous parlent aux arbres, aux plantes et aux animaux.
Je dis «il paraît» parce que je crois le contraire.
Seuls les fous ne parlent pas aux arbres, aux plantes et aux animaux.
Seuls les fous se parlent à eux-mêmes, comme si les arbres, les plantes et les animaux n'existaient pas.
Mes affirmations sont lancées à la légère.
N'en faites pas un point de doctrine.
Je serais bien trop malheureux d'avoir des disciples qui me suivent à la lettre.
Mon fils - de 8 ans - vient tout juste d'apprendre que les noix ne poussent pas seulement dans les arbres...Il m'a encore pogné en train de rire...
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