mercredi 30 juillet 2008
JACQUE, ROGER & LEURS ILLUMINATIONS
Jacques et Roger étaient les meilleurs amis du monde du temps de leurs années de bohême.
Ils s'amusaient à tester les limites de l'ivresse sous toutes ses formes parce qu'ils ne voyaient pas comment le talent pouvait venir autrement leur chatouiller les méninges. Ils se défonçaient matins et soirs tout en tentant d'imiter leurs idoles, Jim Morrison et Patof le clown.
Évidemment, avec le temps nos deux bonshommes espacèrent leurs défonces de quelques heures puis de quelques jours de sobriété.
Ils se perdirent de vue pendant quinze ans.
Au bout de quinze ans, quand ils se revirent, Jacques et Roger avaient bien changé.
Jacques était devenu sobre et vendeur d'assurances. Il avait abandonné la caricature et la bande dessinée. Il ne pratiquait plus aucun art.
Quant à Roger, il était encore alcoolique, mais il ne dérangeait personne avec ça, il trinquait après ses quarante heures de travail à la fabrique de tuyaux et il rentrait toujours seul, à la maison, pour sculpter des objets en pierre de savon, entretenant le rêve qu'il serait un jour reconnu en tant que sculpteur inuit post-moderne.
Jacques avait suivi une thérapie de désintox qui lui avait sauvé la vie. Depuis ce jour, il parlait avec Dieu.
Roger, qui ne parlait plus à personne, croyait tout d'abord que Jacques voulait faire une farce quand il se mit à lui parler de Dieu, de la Lumière et de la Foi.
-J'ai trop bu hier pour me mettre à croire à ces sornettes, Jacques. Dis-moi pas que tu crois à ça? Es-tu encore le Jacques qui chantait Dieu est mort en calant une bouteille de Jack Daniel's d'un trait, hein?
-Je ne bois plus Roger. Tu le sais bien. Toi-même, tu devrais suivre mes conseils et faire attention. Tu bois trop Roger. Je dois t'emmener vers la Lumière!
Il y avait en Jacques une forme de lassitude qui glissa vers la soumission à tout ce qu'il dénonçait comme étant de la bêtise du temps où il se faisait des parachutes, un gramme de PCP dans de la bière.
Roger, qui voulait pourtant cesser de boire, se demandait pourquoi Jacques était plus gelé sobre qu'il ne l'était du temps où il se gelait.
Il n'en dit pas plus, pour ne pas froisser son ami qui avait mal vieilli.
Roger était demeuré un adolescent, un peu con, du genre à se pisser dessus quand il était saoul, mais en matière d'interprétation des faits, il dépassait mille fois Jacques et sa Foi débile.
-Un jour tu comprendras, répliqua Jacques. Tu atteindras la Lumière!
-La Lumière! Tabarnak! C'est plutôt toé qui devrait flasher tes lumières mon Jack! Hostie, Jack, t'as l'air lobotomisé! Qu'est-cé qui t'es arrivé Jack?
-Cesse de me vomir dessus Roger tu es saoul! Tu devrais vraiment songer à arrêter de boire! Viens plutôt vers la Lumière!
***
Roger se réveilla de ce cauchemar formé des résidus de sa dernière rencontre avec son vieil ami Jacques. Il filait un mauvais coton. Il avait trop bu la veille. Cette conversation n'avait jamais eu lieu. Et c'était mieux ainsi. Roger et Jacques ne s'étaient rien dit de trop déplacé. Juste un petit énervement de part et d'autre.
-Je devrais vraiment arrêter de boire. Peut-être que mes sculptures en pierre de savon se vendraient...
Jacques lui en avait achetée une la veille, en lui conseillant de sculpter des anges, des chérubins, des pèlerins, des moines, des contemplatifs...
Et Roger, complètement ingrat, se remis néanmoins à sculpter des filles avec des gros seins...
Il n'avait même pas acheté des assurances chez Jacques. Parce qu'il n'était pas en foin, entres autres.
Sacré Roger! Il est encore loin de la Lumière...
Peut-être qu'il trouvera la Foi.
La Foi qui écrase tout homme et toute femme sous une montagne de mensonges.
Salut Gaétan !
RépondreEffacerTu devrais écrire un livre, je l'achèterais sans hésiter, peu importe le prix.
Concernant les savoureux personnages trifluviens; te souviens-tu du sosie de Sylvester Stallone qui faisait tourner les têtes en ville ?
Demande à tes potes, ils confirmeront.
Salut bien !
Benito