mercredi 7 mai 2008
Le coût de la lecture
La vie est un roman. Je sais, vous allez dire que je copie Kundera. Et si je disais «elle est bonne la soupe» qui je copierais, hein? Franchement, on ne peut plus rien dire de nos jours sans se faire dire que c'est de Nietzsche ou Marcel Gamache, génie méconnu du vaudeville québécois.
Je ne m'étendrai pas plus longtemps sur le sujet. Je sens que je pourrais déraper.
Reprenons tout depuis le début et oublions Kundera, Nietzsche et Marcel Gamache.
***
La vie est un roman.
Je projette depuis longtemps d'écrire un roman qui a déjà un titre: Le coût de la lecture.
Le roman est tout écrit dans ma tête et j'ai même rédigé quelques ébauches.
Mais voilà, je suis trop jeune pour venir à bout de ces milliards de projets qui m'accompagneront jusqu'à ce que l'on prélève mes organes et brûle ma dépouille.
Parmi les romans en chantier, je compte quelques récits autobiographiques sur mes séjours au Yukon et au Labrador. Je les laisse encore mûrir, lentement, histoire d'y revenir un jour.
Comme je suis un peu lassé par les récits autobiographiques, je ne suis pas pressé.
Le plus difficile, en fait, c'est d'inventer une histoire à partir de rien, de créer des personnages puissants qui transcendent notre minable narcissisme.
Le coût de la lecture correspond un peu à ce besoin d'en finir avec le je, trop omniprésent dans la littérature que l'on enseigne dans nos cégeps. Je veux prendre le contrepied. Et je bûche à sortir cette foutue histoire, croyez-moi.
La vie est un roman et ce foutu roman gruge du temps de ma si courte vie, du temps que je consacrerai en moins à peindre ou à faire du fric. Donc, je ne suis pas pressé. Le coût de la lecture sortira quand il devra sortir. Et tout le monde pourra se jeter dessus gratuitement. Donc, cette lecture ne vous coûtera rien.
-Et c'est quoi le sujet? me demandez-vous.
Alors là, je vous jure que c'est complètement cinglé comme histoire.
Cela part d'une anecdote, saisie au hasard d'une discussion d'ivrognes dans un bar de Trois-Rivières.
LE COÛT DE LA LECTURE
Réal, un plombier, avait coutume de troquer des services avec ses amis. L'un d'entre eux, Antoine, avait une fuite d'eau sous l'évier de la cuisine. Il laissa les clés de la maison à Réal pour qu'il puisse aller réparer cela.
Réal et Antoine étaient des hommes moyens de gabarit idoine.
De plus, ils portaient tous les deux des pantalons de marque Big Bill, résistants aux tâches d'huile et très à la mode chez les prolétaires.
Réal, ce matin-là, était penché sous l'évier pour réparer la fuite.
La blonde d'Antoine, appelons-la Mathilda, aimait bien surprendre son homme.
Mathilda ne savait pas que Réal devait passer à la maison pour réparer l'évier.
Tout ce qu'elle voyait, c'était le cul d'Antoine, qui était plutôt celui de Réal.
Donc, Mathilda lui ramassa le paquet d'aplomb. Réal en fût si surpris qu'il se fracassa le crâne sous l'évier et perdit conscience dans une mare de sang.
Mathilda, constatant avec effroi tout ce sang giclant du caillou chauve de Réal, composa immédiatement le 911.
Mathilda et Antoine habitaient au deuxième étage d'un bloc à six logements.
Or, les ambulanciers échappèrent malencontreusement Réal dans l'escalier suite au fou rire qui s'empara d'eux lorsque Mathilda leur raconta qu'elle croyait que Réal était son mari et qu'elle lui avait ramassé le paquet par erreur...
À la fracture du crâne s'ajoutèrent donc de multiples fractures du bassin, des jambes, des bras, alouette.
C'est là que commence vraiment mon roman Le coût de la lecture, à l'hôpital, alors que Réal le plombier n'a plus rien d'autres à faire que de lire.
Et il lira tout, en moins de neuf mois, accouchant d'un magnifique cerveau de super intellectuel défiant tout sur son passage...
Le plombier Réal deviendra un super héros des arts et des lettres. Désormais il délaissera la plomberie pour se consacrer à l'écriture d'un roman qui s'intitulera Le coût de la lecture...
Dois-je poursuivre ma rédaction? Cela reste à voir.
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